la croissance urbaine en france (drom com exclus)
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la croissance urbaine en france (drom com exclus)
Géographie : Composition : France, croissance urbaine Corrigé de géographie LA CROISSANCE URBAINE EN FRANCE (DROM COM EXCLUS) Introduction : La France possède un taux d’urbanisation de 78% et ses espaces urbains couvrent près de 30% de son territoire, pourtant l’urbanisation fut tardive. En effet, il fallut attendre les années 1930 pour que le pays comporte plus de citadins que de ruraux. Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que l’urbanisation va progresser, avec la modernisation des campagnes, tandis qu’à partir des années 1960, les politiques d’aménagement du territoire vont en modifier les formes et les facteurs. Ces transformations sont à l’origine des évolutions de la définition de la ville. La notion de ville en géographie porte sur le caractère d’un territoire, caractère marqué par un paysage spécifique (forte densité du bâti, élévation des constructions, voieries asphaltées, faible présence d’espaces à dominante végétale) et par une société particulière (mode de vie urbain fondé sur des activités industrielles et tertiaires, des liens familiaux et sociaux plus distendus). D’autres notions définissent la ville d’un point de vue morphologique, l’agglomération (la ville et ses banlieues en continuité urbaine), ou d’un point de vue statistique, l’aire urbaine (définition de l’INSEE de 1996, qui couvre tout l’espace sous influence d’une ville centre, influence qui se mesure par le nombre de navetteurs). La croissance urbaine porte ainsi à la fois sur l’augmentation statistique du nombre de citadins, augmentation plus ou moins forte selon les régions et selon les villes, et à la fois sur l’extension spatiale de la ville (l’étalement urbain). Le phénomène apparait alors à une double échelle : interurbaine et intraurbaine. On peut s’interroger sur les dynamiques et les processus qui ont entraîné le développement des espaces urbains français métropolitains au cours des dernières décennies, ainsi que sur les rythmes spatiaux de ces recompositions. L’analyse peut être conduite aux deux échelles auxquelles les processus et dynamiques sont les plus visibles. En effet, la croissance urbaine représente aujourd’hui encore un fait national mais qui connaît de constantes mutations, tandis que cette croissance étale la ville dans l’espace avec des modalités et des formes particulières selon les territoires urbains euxmêmes. AFADEC — Alexandra Monot — Droits de reproduction réservés 1 Géographie : Composition : France, croissance urbaine 1ère partie : la croissance urbaine, un fait national en mutation A) La croissance est sélective La croissance urbaine se concentre depuis les années 1970 dans les mêmes régions et sur les mêmes villes. 1) Le Bassin parisien ♦ Une région parisienne paradoxale : un solde migratoire neutre (grand nombre d’arrivées mais aussi grand nombre de départs), un solde naturel important du fait de la jeunesse de la population (nombreux jeunes actifs) ♦ Des espaces aux croissances urbaines contrastées : Paris intra muros regagne des habitants depuis 1999, ainsi que les faubourgs, la banlieue continue de croître en seconde couronne mais à un rythme plus ralenti, alors que la première couronne stagne, enfin, les villes situées à moins d’une heure de Paris en train (ligne ferroviaire classique ou à grande vitesse) augmentent plus rapidement (Vendôme, Péronne, Rouen, Reims par exemple). 2) L’Arc des technopôles, de Lyon à Rennes Rééquilibrage de l’armature urbaine au profit des principales villes du Sud et de l’Ouest (Lyon, Grenoble, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Poitiers, Nantes, Rennes) dans le cadre des politiques d’aménagement du territoire et dans le cadre du développement économique de ces régions par les nouvelles technologies. 3) Un déclin des villes des régions urbaines et industrielles du Nord et de l’Est de la France Les villes des bassins miniers du Nord et de la Lorraine sont en stagnation ou en décroissance par solde migratoire négatif C’est également le cas des villes du nord de la Diagonale du vide au niveau des Ardennes par perte d’attractivité pour les activités et donc pour les hommes. 4) Une croissance au profit des plus grandes villes et de leur périphérie ♦ Ce sont les grandes villes métropolitaines (de plus de 300 000 habitants) qui croissent le plus vite, par les pôles d’emplois qu’elles représentent et les dynamiques économiques et démographiques qui y ont cours. ♦ Les banlieues et espaces périurbains de ces grandes villes se développent fortement absorbant en grande partie l’arrivée des nouvelles populations et des nouvelles activités (exemple : Illkirch-Graffenstaden au sud de Strasbourg). -‐ AFADEC — Alexandra Monot — Droits de reproduction réservés 2 Géographie : Composition : France, croissance urbaine B) La croissance urbaine hiérarchise les villes La croissance sélective a pour conséquence de renforcer la hiérarchie urbaine que l’on peut mesurer par deux indicateurs différents : 1) À travers la loi rang-taille de Zipf : L’application de la loi rang-taille à la France met en valeur une hiérarchie urbaine fondée sur : ♦ la macrocéphalie et la primatie de Paris, ♦ un groupe de villes millionnaires (Lyon, Marseille, Lille), ♦ un ensemble de capitales régionales. Ces trois ensembles sont en croissance grâce aux activités et aux bassins d’emplois qu’ils portent. 2) Par les fonctions urbaines (cf. travaux de Damette et Scheibling) ♦ Les villes en croissance sont majoritairement multifonctionnelles avec une forte représentation des fonctions abstraites ou supérieures (gestion, administration, conception –recherche, commerce, services aux particuliers et aux entreprises). Elles possèdent alors des sociétés diversifiées à fortes inégalités socio-spatiales. ♦ Les villes à spécialisation fonctionnelle connaissent des destins variés : les villes industrielles sont en déclin, tandis que les villes de la haute technologie, du tourisme ou administratives sont dans l’ensemble en essor. Le dynamisme dépend en grande partie de celui de l’activité prépondérante. 3) Et selon un principe de croissance cumulative On constate que les plus grandes villes de France, à la croissance continue, sont à la tête de l’armature urbaine, nationale ou régionale, depuis longtemps. Exemple : Lyon, plus grande ville à l’époque gallo-romaine, étant alors capitale des Gaules, est aujourd’hui la seconde plus grande ville de France, elle l’était déjà en 1800. C) La croissance est stimulée par un faisceau de facteurs. Cette croissance urbaine à l’échelle du territoire métropolitain s’explique par une multitude de facteurs qui tiennent principalement à : 1) La métropolisation Le processus de concentration des hommes, des activités et des pouvoirs dans les plus grandes villes est à mettre en lien avec la polarisation des réseaux et des dynamiques dans le cadre de l’Union européenne et de la mondialisation. 2) Les modifications du système productif (Scheibling) ♦ Tertiarisation de l’économie : le secteur tertiaire est de nature urbaine. ♦ Le développement des réseaux de transports et des plateformes multimodales profitent aux villes qui polarisent les flux (exemple : Roissypôle et l’important développement urbain des communes périurbaines voisines par construction de lotissements ou de zones d’activités). AFADEC — Alexandra Monot — Droits de reproduction réservés 3 Géographie : Composition : France, croissance urbaine 3) Le développement de nouvelles aménités Les modifications du système productif provoquent un affranchissement des localisations des activités par rapport aux gisements de matières premières ou d’énergies et par rapport à la proximité des marchés. Les entreprises et leurs employés ont davantage le choix de leur implantation (qui est désormais plus dicté par des contraintes d’accessibilité et de desserte par les réseaux). Un nouvel attrait pour un cadre de vie jugé plus agréable se développe au profit des villes littorales méditerranéennes ou atlantiques et au profit des villes des Alpes du Nord. Exemple : Annecy en Haute Savoie. 4) Le rôle des politiques de l’Etat ♦ La politique des métropoles d’équilibre (1963) : 8 métropoles définies, équipements de ces villes (universités, hôpitaux, zones d’activités) ♦ La déconcentration industrielle qui a profité aux métropoles d’équilibre et aux villes situées à 200 km de Paris (exemple : Bourges) Transition : L’augmentation du nombre de citadins en France et leur concentration de plus en plus forte dans les métropoles a pour conséquence l’étalement spatial des villes dans l’espace par auréoles successives, de plus en plus éloignées du centre ville. Cependant, dans le même temps, les espaces urbains anciens connaissent d’importantes transformations. 2ème partie : la croissance urbaine étale le fait urbain dans l’espace A) Les transformations du centre et du péricentre des villes. 1) Le centre de la ville : un espace délaissé redevenu attractif : ♦ Les plans de rénovation urbaine des années 1960-1970 ont modifié les paysages urbains et ont conduit à une densification du tissu urbain par la construction de tours au centre (exemple : Paris : quai de Javel, place d’Italie, Montparnasse). ♦ Les campagnes de réhabilitation urbaine des années 1980-1990 ont conduit au développement de l’idée de patrimoine urbain ♦ L’amélioration des dessertes par transports en commun depuis les années 1990 (développement des tramways et des métros dans les grandes et moyennes villes). L’ensemble de ces transformations ont rendu les centres villes plus attractifs auprès des étudiants, des jeunes couples actifs sans enfant et des personnes âgées. Le profil social des habitants évolue également vers une plus grande gentrification des centres. 2) Les transformations du péricentre : ♦ Développement de centres d’affaires sur le modèle anglo-saxon (exemple : le quartier de la Part-Dieu à Lyon). ♦ Installation de sièges sociaux du fait d’une plus grande disponibilité d’espaces à meilleurs coûts et à proximité du centre. ♦ Installation de centres commerciaux près des nœuds de transports. AFADEC — Alexandra Monot — Droits de reproduction réservés 4 Géographie : Composition : France, croissance urbaine ♦ Lancement de vastes programmes immobiliers résidentiels luxueux, souvent à l’emplacement de friches industrielles. B) Des banlieues en diversification. Les centres et les péricentres urbains ont ainsi tendance au renouveau par l’arrivée d’activités centrales et de populations plus aisées. Les banlieues quant à elles voient leur hétérogénéité s’amplifier alors qu’elles font face localement à une crise sociale doublée d’une crise économique. 1) Des points communs entre les banlieues… ♦ Un éloignement graduel au centre ♦ Une fonction avant tout résidentielles : les « banlieues dortoirs » ♦ Des structures d’âge des populations qui mettent en avant les couples avec enfants. 2) … mais un ensemble très hétérogène… ♦ Au niveau social : tous les types de couches sociales sont représentés, mais selon un principe de ségrégation spatiale qui s’explique en partie par l’accessibilité ou le type de construction. ♦ Au niveau des paysages : distinction entre trois grands types de paysages urbains, issus de générations différentes de construction : les anciens noyaux villageois, les zones pavillonnaires qui débutent dès la fin du XIXème siècle et les grands ensembles des années 1955 à 1975, construits dans les espaces interstitiels. ♦ Au niveau économique : fort zonage de l’espace entre les zones résidentielles et les zones d’activités (centres commerciaux, zones industrielles, cités administratives). 3) … qui est devenu en partie répulsif. ♦ Difficultés sociales et délinquance dans les « zones sensibles », malgré la succession de mesures mises en place dans le cadre des politiques de la ville depuis 1981. ♦ Difficultés d’accès au centre pour les nombreux navetteurs : saturation-congestion des axes, perte de temps, stress. C) Le rêve de la campagne : périurbanisation et rurbanisation. L’augmentation des niveaux de vie au cours des Trente Glorieuses et l’équipement des agglomérations en infrastructures de transports (routiers ou en commun) par l’Etat Providence a entraîné une exurbanisation au-delà des banlieues en développement depuis le milieu du XIXème siècle. Ce nouvel espace urbain, appelé périurbain quand il est en continuité urbaine ou rurbain quand il est en discontinuité, concentre la croissance urbaine depuis les années 1980. 1) De nouveaux modes d’habiter : ♦ Un cadre de vie à proximité d’une certaine nature : lotissements en frange urbaine, des portes sur les champs et les forêts périurbaines. ♦ L’affirmation d’un rêve d’habitat : la maison individuelle avec jardin. Un rêve à replacer dans le cadre d’un positionnement social pendant les Trente Glorieuses (cf. AFADEC — Alexandra Monot — Droits de reproduction réservés 5 Géographie : Composition : France, croissance urbaine ♦ ♦ les films de Tati) et depuis les années 1970 dans le contexte d’une redécouverte de la nature avec l’essor de la pensée environnementale. Mais ce nouveau mode de vie a pour corollaires une forte consommation d’espaces au détriment des terres agricoles ou forestières, une civilisation de l’automobile (la voiture est indispensable pour réaliser les mobilités de la vie quotidienne) et une modification des sociétés rurales par l’arrivée des « néo-ruraux » (modernisation accélérée des campagnes, expansion du mode de vie urbain, résistances locales à cette modernité). Tous les espaces ne sont pas aussi attractifs : ce sont souvent les mieux connectés qui attirent le plus (importance des réseaux de transports et de plus en plus des réseaux immatériels comme Internet). 2) Des activités extraurbanisées : Ces espaces ont connu des installations d’activités économiques, notamment dans le cadre des villes nouvelles qui ont parfois été implantées en limite de certaines agglomérations (exemple : Villeneuve d’Ascq à Lille). Trois grands types de zones économiques sont en essor dans ces espaces : ♦ Les technopôles : exemple du technopôle de Sophia Antipolis, situé entre Cannes, Antibes et Nice. ♦ Les plateformes multimodales : exemple de Delta 3 à Dourges sur un axe Lens-Lille ♦ Les zones d’activités qui regroupent quelques établissements industriels mais surtout des complexes commerciaux liés à des chaînes nationales de magasins, et depuis les années 1990 des complexes cinématographiques (les multiplex). Conclusion : En définitive, la croissance urbaine entamée avec l’industrialisation de la France, mais qui a connu un bond en avant après la seconde guerre mondiale, se poursuit en Métropole mais à un rythme plus ralenti. En effet, aujourd’hui cette croissance se concentre sur les métropoles et sur certaines villes de régions attractives (littorales principalement) du fait d’une croissance principalement liée au solde migratoire et de moins en moins au solde naturel. Le contexte des modifications structurelles de l’économie française (tertiarisation, insertions dans l’Union européenne et dans la mondialisation), de l’essor des réseaux de communications et de leurs nœuds, accentue encore le phénomène. Devenues plus attractives, les grandes villes françaises consomment de plus en plus d’espaces s’étalant alors au détriment des terres environnantes. Elles deviennent multipolaires et engendrent ségrégation socio-spatiale et parfois ghettoïsation des populations. 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