Chapitre 6: Les mécanismes du marché
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Chapitre 6: Les mécanismes du marché
Chapitre 6 : Les mécanismes du marché Utilisation des documents de sensibilisation (pp. 156-157) • Les trois documents proposés page 156 forment système, les deux photos illustrant le propos du très libéral L.V. Mises. Ils ont pour but de rappeler aux élèves que, dans les économies de marché, les phénomènes d’offre-demande, ne concernent pas seulement les bourses de matières premières ou de titres : les rémunérations en dépendent aussi dans une large mesure (on pourra y revenir avec l’exemple d’Adam Smith), et le prix du travail se forme comme celui des autres marchandises, ouvrant la porte à de très fortes inégalités, d’où la nécessité de correctifs, comme on pourra le voir dans les chapitres suivants. On a choisi comme vedette Didier Drogba (le foot est un marché, on utilise souvent le terme de mercato), mais les élèves pourront rechercher d’autres exemples parmi les acteurs, les chanteurs, les mannequins et, bien entendu, les PDG qui en apparence ramèneront plus directement à la matière économique. Les faibles revenus sont illustrés par l’image du balayeur. La question est celle posée par Mises « Qu’est-ce qui fait le prix ? ». Du côté de l’offre, il s’agit ici d’un buteur, type de footballeur dont les spécialistes disent qu’il est aussi rare que le diamant (vieil exemple canonique en économie), d’où son prix (un entraîneur estimait que s’il marquait une vingtaine de buts, il aurait justifié son prix). Mais il ne faut pas oublier le côté de la demande, les grandes équipes attirent les spectateurs, les sponsors publicitaires et les télévisions (les grandes équipes font l’audimat) : ce sont donc bien les consommateurs qui font en définitive le prix. Le balayeur, malheureusement pour lui, ne bénéficie pas de cette rareté relative d’où une situation moins confortable (on pourra demander aux élèves combien ils sont prêts à payer un balayeur ou une femme de ménage pour leur domicile). • La BD a pour but d’attirer l’attention sur le rapport prix de marché – offre, demande – coût de production, l’entreprise qui a des coûts élevés éprouvant d’importantes difficultés, qu’elle peut parfois contourner par des stratégies de différenciation, à l’exemple du dernier heureux producteur. Réponses aux questions I. Le marché : lieu de confrontation de l’offre et de la demande (pp. 158-163) Document 1 1 On peut observer de 1880 aux années 1960-1970 une stabilité assez remarquable du prix du pétrole, surtout en dollar constant, y compris pour la période de reconstruction. On observe une forte poussée du prix au moment des deux chocs pétroliers (1973-1979) qui marquent une rupture très nette dans l’évolution des cours. Jusque-là, les découvertes nouvelles avaient accompagné la progression de la demande et les pays producteurs n’avaient pas pu mettre en place une organisation aussi puissante que l’Opep pour défendre leurs intérêts face aux compagnies pétrolières déjà organisées en cartel. Les dissensions au sein de l’Opep, le recours aux énergies de substitution et les politiques d’économie d’énergie ont favorisé une retombée des prix aussi brutale que les hausses précédentes, semblant ouvrir une nouvelle période de stabilité au niveau de 30 $ le baril. Cependant, le retour de la croissance à la fin des années 1990 a provoqué l’apparition de nouvelles tensions sur le marché et, à l’été 2004, on a retrouvé les chiffres record de 1979 ouvrant peut-être une période de pétrole beaucoup plus cher avec la perspective d’un épuisement des réserves à l’horizon d’une quarantaine d’années. 2 La période de l’été 2004 a marqué le retour à des niveaux de prix comparables à ceux du choc de la fin des années 1970. Cependant, il s’agit d’une montée moins brutale dans la mesure où elle ne résulte pas d’une décision stratégique du cartel mais d’une accumulation de tensions que les opérateurs des marchés ont intégré dans leurs calculs. 66 Document 2 3 La croissance économique peut se définir comme l’augmentation continue, sur longue période, de la production d’une nation ou d’un groupe de nations, la production étant généralement mesurée à l’aide d’un indicateur global comme les agrégats de la comptabilité nationale (PIB ou le PNB). 4 La production met en œuvre de nombreuses machines qui mobilisent une énergie considérable. Toute augmentation de la production entraîne donc une augmentation de la consommation d’énergie et de sa source principale, le pétrole 5 La demande a progressé plus vite que prévu en raison de la croissance soutenue de l’économie chinoise, qui pèse considérablement en raison de la masse qu’elle représente, et de l’économie américaine. Du côté de l’offre, la marge de progression est très limitée. D’une part, les investissements ont été trop limités dans la période antérieure, ce qui réduit les possibilités d’augmentation de la production et du raffinage. D’autre part, les difficultés géopolitiques font douter de la capacité de certaines zones à fournir toutes les quantités que l’on pourrait en attendre en l’absence de conflit. 6 Une fusion d’entreprises consiste à rassembler au sein d’une même entreprise les actifs de deux ou plusieurs entreprises. Les compagnies pétrolières sont parmi les plus grandes entreprises du monde : Exxon, BP, R.D. Shell, Texaco, Total Fina Elf Le terme de mégafusion fait référence à la très grande taille de ces compagnies. © Magnard – 2005 Chapitre 6 : Les mécanismes du marché 7 8 On peut citer les investissements de prospection pour trouver de nouveaux gisements, la construction ou l’extension de raffineries ou le développement des moyens de transport (navires, oléoducs) ; ces investissements permettraient d’augmenter l’offre. Les activités pétrolières sont très vulnérables, à l’image des oléoducs et des puits (coupures, incendies). Leur bon fonctionnement suppose donc une assez grande stabilité politique. Or une partie essentielle de l’exploitation pétrolière se trouve concentrée dans une zone géographique politiquement instable, car épicentre de plusieurs conflits majeurs (Palestine, Irak, Pakistan-Inde). Les opérateurs sont donc très attentifs à l’évolution de ces conflits, et la moindre aggravation déclenche des mouvements spéculatifs d’assez grande ampleur, de même en sens inverse, que toute perspective de paix. Document 3 9 Le marché des petites voitures urbaines ou des grosses cylindrées sportives, le marché des garçons de café dans une ville 10 Mont-de-Marsan et Saint-Brieuc constituent des marchés différents en raison de leur distance géographique qui fait qu’aucun café de Mont-de-Marsan ne constitue un concurrent pour un café de Saint-Brieuc car aucun consommateur de Saint-Brieuc n’ira se servir dans un café de Mont-de-Marsan. Une différence de prix entre les deux villes ne déclenchera donc aucun transfert de consommateurs. 11 Quel que soit le cours du dollar l’été prochain, vous débourserez 1100 ¤ pour obtenir vos 1 000 $. L’intérêt d’une telle opération est de vous permettre de connaître à l’avance le coût de votre voyage, indépendamment des variations de cours. 12 Les marchés à terme offrent la possibilité de décider immédiatement des conditions d’achat ou de vente du pétrole, le pétrole n’étant disponible et la transaction n’ayant effectivement lieu qu’à une date future bien précise. 13 Les marchés à terme sont des marchés où l’on peut pratiquer des échanges qui sont exécutés ultérieurement aux conditions fixées au moment de la passation du contrat. 14 On peut dire qu’il existe une infinité de marchés dans la mesure où il y a une offre et une demande spécifique pour chaque variété de bien (par exemple blé dur, blé tendre, etc.) ou de service. Comme il existe une infinité de variétés de biens et de services, on peut considérer qu’il y a une infinité de marché. Document 4 15 On peut citer le café et le thé, le vin et la bière… le fromage ou le dessert, le nylon ou le coton, l’électricité ou le fuel pour le chauffage domestique, etc. Lorsque le prix d’un bien monte, le consommateur peut estimer qu’il devient trop cher pour lui (soit parce qu’il n’a plus les moyens, soit parce qu’il considère que l’écart avec le substitut ne se justifie pas par rapport à ses préférences) et reporter ses achats sur un produit moins cher. Par exemple, si le prix de la 1re classe augmente de 20 %, on peut se résigner à voyager en seconde. 16 Ces reports ne sont pas toujours possibles. Les produits n’ont pas nécessairement des substituts assez proches, ou les substituts n’existent pas. Par exemple, le TGV ne constitue un substitut à l’avion que pour certaines destinations. Par ailleurs, les consommateurs ne peuvent pas toujours réduire leur consommation : le représentant de commerce ne peut se passer de son automobile. Exercice, p. 160 • Étudier une courbe de demande 1 Pour 5 ¤, la consommation est estimée à 90, pour 30 ¤, à 40. Ce résultat est conforme aux éléments fournis dans le document 4. À 90 ¤, les consommateurs peuvent se procurer avec leur revenu une quantité moins forte de crème glacée et, dans ces conditions, certains d’entre eux reporteront leurs achats sur d’autres produits 2 Ce raisonnement s’applique, bien entendu, au pétrole ; si le prix continue de s’élever, d’une part la consommation de charbon et de nucléaire va se développer, comme cela a déjà été le cas au cours des années 1970, et, d’autre part, cela va relancer les économies d’énergie. Document 5 17 On peut citer les sorbets comme substituts très proches, ou les milk-shakes, ainsi que la multitude de produits lactés ou non proposés par les firmes de l’industrie agro-alimentaire. Ces produits sont très souvent présentés dans des conditionnements, comme les cornets ou des coupes, et conservés dans des chaînes de froid, qui constituent des produits complémentaires. Si le prix des produits complémentaires s’accroît, cela revient à alourdir les coûts d’usage de la crème glacée, et donc à réduire sa consommation. La diminution du prix des produits substituables produit des effets identiques. Inversement, l’augmentation du prix des produits substituables ou la diminution du prix des produits complémentaires tend à augmenter la consommation de crème glacée. 18 Si le revenu des ménages s’accroît, ils pourront se procurer, à prix inchangé, une plus grande quantité de bien. Graphiquement, pour un même niveau de prix, on aura donc une quantité demandée plus importante, ce qui se traduit par un point plus à droite sur le graphique. La courbe de demande se déplacera donc vers la droite. 19 Si le revenu des ménages diminue, ils pourront se procurer, à prix inchangé, une quantité moins importante de bien. Graphiquement, pour un même niveau de prix, on aura donc une quantité demandée plus faible, ce qui se traduit par un point plus à gauche sur le graphique. La courbe de demande se déplacera donc vers la gauche. Document 6 20 Les entreprises offrant un produit sur le marché cherchent à le vendre et à en obtenir un bénéfice. Il faut donc que le prix soit supérieur au coût de production. 21 Les coûts de production représentent les sommes que © Magnard – 2005 67 doivent débourser les producteurs pour se procurer les facteurs de production nécessaires pour produire (main-d’œuvre, machines, matières premières). Les entreprises cherchent à les réduire pour accroître leur bénéfice (à prix inchangé), ou baisser leur prix pour gagner des parts de marché ou faire face à la concurrence. 23 Le commissaire-priseur s’arrête de crier un prix plus haut ou plus bas lorsque l’offre est égale à la demande. Application Déséquilibres Mécanisme d’ajustement L’offre augmente Demande > Offre 2 3 D=O Prix augmente La demande diminue Exercice, p. 161 • Étudier une courbe d’offre 1 Prix Quantité 5 10 15 20 25 30 35 Équilibre L’offre diminue 10 20 30 40 50 60 70 Demande < Offre D=O Prix diminue La demande augmente La courbe d’offre est croissante avec le niveau de prix. En effet, au prix le plus bas, 5 ¤ ici, seules les entreprises qui ont un coût inférieur, c'est-à-dire ici les plus performantes, peuvent offrir. À 10 ¤, des entreprises qui ont des coûts plus élevés peuvent à leur tour offrir leur produit sur le marché et viennent s’ajouter aux précédentes : l’offre augmente donc avec le prix. On retrouve le même phénomène avec le pétrole. L’offre est une fonction croissante du prix. Quand le prix d’une marchandise augmente (toutes choses égales par ailleurs), les producteurs tendent à offrir une quantité plus importante. De même quand le prix baisse (toutes choses égales par ailleurs), la quantité offerte baisse Exercice, p. 162 • L’ajustement offre-demande 1 Le prix d’équilibre est de 25 ¤, point de rencontre de l’offre et de la demande. 2 À ce prix, on écoulera 50 kilos de crème glacée. Document 7 22 Dans la mesure où il existe un nombre très élevé de produits et de caractéristiques des produits, et qu’il y a autant de marché correspondant, il existe un nombre quasiment infini de marchés. La notion d’équilibre général fait alors référence à l’existence d’une situation où tous ces marchés sont simultanément à l’équilibre. Il existe donc à un moment donné un ensemble de prix qui assurent l’équilibre sur tous les marchés. Pour reprendre l’exemple de la bourse qui comporte autant de marchés que de titres côtés, à la clôture, les cours qui sont publiés sont les prix qui assurent l’équilibre sur ces différents marchés. Document 8 24 La rareté relative du pétrole s’est accrue au cours de la période : d’un côté, la demande a augmenté fortement, du fait de la croissance forte des pays d’Asie et des Etats-Unis, et, d’autre part, l’offre, freinée par la faiblesse des investissements, n’a pas pu suivre. Un excès de demande est donc apparu sur les marchés, qui explique la montée du prix selon le modèle du schéma précédent. 25 L’information transmise par le système de prix est essentielle pour l’économie car elle constitue une des bases du calcul économique des agents : on choisit, par exemple, son mode de chauffage en partie sur la base des prix du fuel ou de l’électricité. La hausse du prix du pétrole informe les agents qu’il devient plus rare et qu’il faut donc l’économiser. Elle rend par ailleurs rentables des ressources alternatives, comme le solaire par exemple. Document 9 26 Ces mouvements de prix signalent que les consommateurs désirent acheter moins de chaussures (leur prix baisse) et plus de gants (leur prix s’élève), donc qu’il faut produire plus de gants et moins de chaussures. 27 Ces mouvements de prix affectent les bénéfices et la rémunération des producteurs. Si le prix des chaussures baisse, les producteurs qui ont les coûts les plus élevés vont se retirer du marché, ce qui entraîne une baisse de la production qui « libère » des travailleurs pour d’autres activités devenues plus rentables puisque leur prix s’élève (ici les gants). Les variations de prix contraignent donc les producteurs à quitter des activités devenues moins rentables pour s’orienter vers les activités plus rémunératrices. Faites le point • informe : voir réponse à la question 25 ; • rationne : la hausse du prix du pétrole réduit la demande ; • incite : elle entraîne une modification des comportements : voir réponse à la question 25. II. Les diverses formes de marché (pp. 164-167) Document 10 28 Si le nombre d’entreprises est très élevé, l’importance relative de chacune se trouve réduite, ce qui diminue leur capacité d’influencer le marché. 29 On peut citer toutes les activités soumises à un 68 nombre limité de licences d’exploitation : chauffeur de taxi, pharmacie, débit de boisson, bureau de tabac… 30 Si les produits sont strictement homogènes, tout écart de prix entre deux points de vente entraînerait © Magnard – 2005 Chapitre 6 : Les mécanismes du marché des déplacements massifs d’acheteurs qui rendraient impossible le maintien d’un prix plus élevé sur l’un des points de vente. 31 La pratique de prix élevés permet de réaliser des profits plus importants qui vont attirer des concurrents. S’il y a liberté d’entrée sur un marché, ceci va provoquer une baisse des prix, soit de manière purement mécanique, puisque l’augmentation de l’offre, conséquence des entrées, pousse les prix à la baisse ; soit par le jeu de la concurrence, les entrants pratiquant des prix plus bas pour prendre la place des entreprises en place. 32 L’exemple pris par A. Smith suppose, d’une part, la mobilité des travailleurs qui vont passer de la fabrication des chaussures à celles des gants et, d’autre part, la libre entrée des nouveaux producteurs sur le marché des gants. Il s’agit donc bien de deux conditions indispensables au fonctionnement du mécanisme des prix. Document 11 33 La productivité mesure la quantité de produit obtenue par unité de facteur de production. Par exemple, la productivité horaire indique la production obtenue pour une heure de travail. Les gains de productivité représentent l’augmentation de production résultant des améliorations apportées au processus de production, ils permettent d’abaisser les coûts de production. La concurrence pousse à dépasser les autres entreprises. Pour cela, il faut parvenir à produire moins cher (gains de productivité), mieux (la qualité) ou des produits nouveaux. Ceci résulte la plupart du temps de la mise en œuvre d’innovations, qui portent soit sur la fabrication (innovation de processus), soit sur les produits (innovation de produit). 34 Les entreprises les moins performantes sont celles qui présentent les coûts les plus élevés, ce qui signifie que, pour une même quantité produite, elles utilisent une quantité de facteurs plus importante ; elles consomment par exemple plus d’énergie que d’autres. On peut donc considérer que consommant plus de facteurs que d’autres, ce supplément de facteur qui leur est nécessaire représente en fait un gaspillage de ressources. Document 12 35 Ce tableau présente une vision de la concurrence qui repose sur le nombre de participants au marché : plus ce nombre est élevé, plus la concurrence est forte, le pouvoir de marché des acteurs dépendant de leur nombre. 36 Les situations de monopole ou de monopsone sont très rares car il s’agit d’une configuration de marché condamnée par les lois. Il existe cependant quelques monopoles légaux, comme c’était le cas d’EDF qui était en monopole pour la fourniture d’électricité et en situation de monopsone vis-à-vis des producteurs indépendants. Aujourd’hui, les grandes centrales d’achat de firmes comme Carrefour ou Walmart aux USA se trouvent selon les domaines en situation d’oligopsone (agro- alimentaire) ou d’oligopole bilatéral (pneumatique, essence) La situation d’oligopole est très fréquente : électronique (Intel, AMD ; Sony Samsung, Toshiba etc.), acier, ciment… Document 13 37 La liberté d’entrée permet d’accroître le nombre de producteurs, donc la production (la courbe d’offre se déplace vers la droite) ; cette augmentation de l’offre, toutes choses égales par ailleurs, entraîne une baisse du prix 38 La baisse du prix des chaussures et la hausse du prix des gants signalent aux producteurs que les désirs de consommateurs se sont modifiés : il faut produire moins de chaussures et plus de gants, ce qui nécessite le transfért des ressources productives de la chaussure à la ganterie. La hausse du prix des gants conduit les entreprises à embaucher des gantiers ou à augmenter leur salaire. La baisse du prix des chaussures contraint les entreprises à licencier des cordonniers ou à réduire leur salaire (prix du facteur travail), ce qui pousse ces salariés à rechercher des activités plus rémunératrices (ici la ganterie qui précisément embauche). Le facteur travail est donc bien attiré dans certains emplois (les gants) et écarté d’autres emplois (les chaussures). 39 Dans le cadre de la CPP, les entreprises sont d’une taille trop faible par rapport à l’ensemble du marché pour pouvoir l’influencer. Par exemple, un petit producteur de pommes de terre peut augmenter sa production de 20 %, les quelques quintaux de plus représentent un pourcentage trop faible de la production totale pour faire varier le prix du marché. L’équilibre du marché est donc indépendant des décisions des différents acteurs considérés isolément. 40 Il y a efficience lorsque les ressources sont utilisées de la manière la plus efficace possible, c'est-à-dire sont produites en utilisant la quantité la plus faible possible de facteurs de production. En CPP, les agents ne pouvant agir sur le prix, ne peuvent améliorer leur situation qu’en abaissant leurs coûts, ce qui les incite aux gains de productivité. Document 14 41 Pour Hayek, l’information étant radicalement imparfaite, le modèle de CPP est un état abstrait impossible à atteindre qui ne présente donc que peu d’intérêt ; il tire de cet état de fait la conclusion que la situation d’information imparfaite nécessite précisément des échanges et une circulation de l’information permettant aux agents d’adapter leurs comportements aux données recueillies. C’est précisément selon lui au cours de leur participation au marché que les agents vont produire et échanger de l’information nouvelle. Pour lui, c’est donc au niveau de la diffusion de l’information que le marché se révèle inégalable et irremplaçable. 42 Le calcul économique néoclassique permet d’atteindre une situation optimale sous une hypothèse d’information parfaite, si celle-ci se révèle impossible, © Magnard – 2005 69 il est impossible de parvenir à cet optimum. 43 C’est sur le marché que les agents révèlent leurs préférences et donc produisent de l’information (lorsque l’on « fait les magasins », on révèle au vendeur ce qui nous plaît, quel prix nous sommes prêts à payer, nous découvrons ce que veulent les autres, s’il y a beaucoup ou peu d’acheteurs, les conditions que le vendeur est disposé à nous accorder…). Cette interaction acheteur-vendeur peut même produire éventuellement une information qui n’existait pas auparavant. C’est pourquoi l’on peut dire que le marché est un processus de découverte. Document 15 44 La SNCF correspond exactement à la définition du monopole d’E. Malinvaud puisqu’elle est seule à fournir du transport ferré en face d’un très grand nombre d’acheteurs. 45 La demande présente les mêmes caractéristiques dans les deux cas puisqu’il existe un très grand nombre d’acheteurs. La différence se situe seulement au niveau de l’offre. 46 Non, car cela risquerait de réduire tellement la demande que l’opération se révèlerait non rentable : d’une part, un certain nombre de personnes renonceraient à voyager et, d’autre part, la demande pourrait se reporter sur des produits de substition, comme l’avion ou l’autocar. Exercice, p. 166 • Calculer le prix de monopole 1 10 à 10 ¤ et 60 à 5 ¤ 2 Produire 10 « big foot » lui coûte 40 ¤, la vente lui rapportera 100 ¤ : son bénéfice sera donc de 60 ¤. Produire 60 « big foot » lui coûte 165 ¤, la vente lui rapportera 300 ¤ : son bénéfice sera donc de 135 ¤ 3 Quantité Bénéfice Prix Recette Coût total 10 9 8 7 6 5 4 3 10 20 30 40 50 60 70 80 100 180 240 280 300 300 280 240 40 70 90 105 135 165 210 270 60 110 150 175 165 135 70 – 30 Le bénéfice maximum est obtenu pour un prix de vente de 7 ¤ qui permet un bénéfice de 175 ¤. Document 16 47 Ce marché se différencie du marché de CPP du côté de l’offre où l’on ne trouve plus qu’un petit nombre d’entreprises, comme on le voit sur le graphique. 48 Ce marché correspond à la définition de l’oligopole puisqu’il ne comporte plus qu’un nombre limité de producteurs, chacun occupant des parts de marché significatives. 49 À partir du moment où chaque entreprise détient une part importante du marché, une modification de son comportement d’offre a un impact suffisant pour modifier l’équilibre du marché et affecte donc la situation de toutes les autres. Par exemple, si Microsoft modifie le prix de sa console de jeux, Sony et Nintendo seront obligés d’en tenir compte et d’ajuster leur comportement. 70 Document 17 50 Les lessives sont des produits différenciés dans la mesure où des investissements publicitaires massifs s’efforcent de conférer à chaque marque une image spécifique. 51 Le nombre de producteurs et d’acheteurs est le même qu’en CCP (atomicité) mais cette fois, c’est l’hypothèse d’homogénéité qui n’est plus respectée. L’élément de monopole tient au fait que les consommateurs préfèreront, pour diverses raisons, une marque même si elle est éventuellement plus chère (Mercedes, Sony, Intel, etc.) parce qu’ils considèrent que le produit de cette marque présente des caractéristiques absentes dans les autres produits. L’entreprise est donc seule à fournir ce type de produit et se trouve ainsi en situation de monopole en ce qui concerne ces éléments, que le consommateur juge important pour lui. Évidemment cette marge de manœuvre du producteur vis-à-vis de sa clientèle a des limites, car les produits des concurrents sont des substituts proches, et, passé un seuil de différence de prix, la demande va basculer vers les autres marques. 52 L’entreprise qui a su différencier ses produits dispose d’une clientèle attachée à leurs caractéristiques réelles ou supposées. Cette clientèle acceptera de payer un prix plus élevé pour ces caractéristiques qu’elle ne retrouve pas dans d’autres produits. 53 L’élasticité prix de la demande mesure la sensibilité de la demande aux variations relatives de prix. Si deux produits sont considérés comme strictement équivalents, toute augmentation du prix de l’un, le prix de l’autre restant fixe, se traduit par une forte diminution de la demande de ce produit. L’élasticité prix est donc dans ce cas très élevée. Plus les produits seront considérés comme différents par les consommateurs, plus faible sera la variation de demande consécutive à la hausse du prix. La valeur de l’élasticité en sera d’autant plus faible. Publicité pour Paic : les éléments de différenciation sont notamment le parfum (citron vert) et l’innovation (plus besoin d’essuyer). Document 18 54 Deux entreprises assurant l’essentiel de l’offre, il s’agit d’un oligopole, d’autant que les produits offerts apparaissent comme très proches puisque le prix semble être le facteur concurrentiel principal. On est donc assez proche de l’homogénéité. 55 Le prix apparaît comme l’argument de vente essentiel puisque les produits sont très proches. 56 La recherche est la solution la plus coûteuse pour les entreprises, mais comme elle détermine les possibilités d’abaissement des coûts, aucune entreprise ne peut courir le risque de se voir distancer par l’autre en arrêtant ou en ralentissant son effort de recherche. Elles sont donc contraintes par le risque concurrentiel de poursuivre leur effort. Elles pourraient bien entendu s’entendre pour limiter cet effort, mais il y a toujours dans ces cas-là le risque que le concurrent triche. © Magnard – 2005 Chapitre 6 : Les mécanismes du marché Faites le point • Le marché de la presse sportive comporte quelques titres appartenant à de grands groupes pour la plupart. Il fonctionne donc comme un oligopole avec différenciation par des politiques de titre qui jouent un rôle analogue aux marques pour les lessives ou les confitures. • Le marché du vêtement se rapproche assez de la concurrence monopolistique telle que décrite par Chamberlin, puisque l’on trouve un assez grand nombre de PME offrant des produits différenciés. III. Stratégies d’entreprise en concurrence imparfaite (pp. 168-173) Document 19 57 La différenciation introduit des éléments de concurrence hors prix (qualité, esthétique, etc.) qui poussent le consommateur à accepter de payer plus cher un produit, ceci bien entendu dans certaines limites. 58 Un investissement de capacité accroît la capacité de production, donc l’offre. En suivant un concurrent, on prend le risque d’introduire un excédent d’offre sur le marché qui aboutira à une baisse des prix. 59 Erratum : Attention : dans la question 59, il faut inverser l’ordre des questions (elles portent sur l’innovation). Les processus d’innovation ressortent de ce que Schumpeter qualifiait de « destruction créatrice ». Ces stratégies peuvent aboutir à une baisse substantielle des prix qui se révèle très déstabilisante pour les entreprises du secteur, notamment dans le cas des innovations de processus (c’est pourquoi parfois les entreprises s’entendent pour différer leur mise en œuvre). L’innovation ne donne qu’un avantage temporaire car l’entreprise innovatrice va être copiée et les concurrents vont développer à leur tour d’autres innovations en réponse. 60 La mise au point d’une innovation nécessite des investissements importants en RD. Le dépôt d’un brevet évite à l’entreprise d’être copiée rapidement et donc spoliée de son effort d’investissement. Il constitue donc un encouragement à l’effort de recherche en garantissant à l’entreprise des revenus pour son effort. Une entreprise n’a pas toujours intérêt à mettre en œuvre immédiatement une innovation. Celle-ci va dévaloriser la gamme de produits existants, alors que les consommateurs les apprécient encore, ou rendre obsolète une chaîne de fabrication récente. Elle va donc attendre en se protégeant avec un brevet dormant, c'est-à-dire qu’elle n’utilise pas. Celui-ci protège les investissements effectués mais sert aussi de menace pour les concurrents qui seraient tentés de se lancer dans une innovation, puisqu’ils sont sûrs que la réaction est prête ce qui rendra peu rentable l’offensive. Document 20 61 En externe, la nouvelle compagnie va jouer sur sa taille pour obtenir des tarifs plus avantageux de ses fournisseurs. En interne, l’harmonisation des systèmes informatiques va permettre de rationaliser la gestion. Par ailleurs l’extension des destinations desservies et l’abaissement des coûts devraient permettre d’attirer plus de clients. 62 La compagnie va accroître son pouvoir de marché visà-vis de l’ensemble de ses fournisseurs mais aussi des agences de voyage en offrant une meilleure visibilité. Document 21 63 Bic acquiert Stypen pour compléter sa gamme de produits et pénétrer un marché parallèle au sien. 64 Les entreprises acquises par Bic interviennent dans le domaine de la papeterie. 65 Stypen fournit un produit substituable au stylo à bille. Il est donc concurrent à ce titre , mais il se commercialise via le même réseau de distribution, d’où la complémentarité. Bic accroît donc sa présence sur le marché du stylo en élargissant sa gamme et en absorbant un concurrent indirect. Document 22 66 Le marché du CD-Rom se trouve en excès d’offre du fait de la « profusion » des entreprises qui sont entrées sur ce marché et notamment d’entreprises ayant des coûts de production très bas, d’où la baisse des prix. 67 Le retrait de Pionneer contribue à réduire l’offre, donc l’excès d’offre, et freine ainsi la baisse des prix. 68 Sur le marché des DVD, la concurrence repose sur des éléments hors prix, notamment la technologie (vitesse et capacité des disques). C’est un marché en expansion, plutôt en excès de demande, où les entreprises obtiennent donc des prix plus rémunérateurs. 69 Dans ce type de marché, la seule stratégie qui semble gagnante est celle de la RD pour acquérir un avantage concurrentiel reposant sur l’avance technologique. Il s’agit cependant d’une course sans fin puisque chaque concurrent pratique la même stratégie (par exemple, la vitesse des lecteurs et des graveurs de DVD s’accroît tous les six mois et même parfois moins). L’avantage acquis n’est donc que temporaire. Document 23 70 Grâce à son avance technologique, Michelin obtient des profits plus importants puisqu’il peut pratiquer des prix plus élevés, sources de marges plus importantes, et assure ses ventes futures en fidélisant sa clientèle. La firme doit innover en permanence pour maintenir son avance car ses concurrents s’efforcent de rattraper leur retard ou de contre-attaquer avec d’autres innovations. 71 Les stratégies d’innovation sont soumises à l’incertitude. Un nouveau produit comme le PAX modifie les habitudes des consommateurs ou, comme ici, des constructeurs qui intègrent le produit (problème des trains des véhicules). Il peut donc être rejeté ou connaître un succès très limité, les avantages ne compensant pas le surcoût aux yeux des consommateurs. Or, dans les stratégies d’innovation, les investissements en RD constituent une part essentielle du coût, il faut donc impérativement que les ventes suivent pour éviter des pertes importantes. © Magnard – 2005 71 Document 24 Rayon de jus de fruit : Les jus de fruits sont des produits relativement proches quant à leur fabrication ; la prolifération des marques (et de packaging) vise à convaincre le consommateur qu’il existe des différences de qualité et de caractéristiques selon les produits. 72 Les entreprises du secteur réalisaient des profits très importants, ce qui constitue traditionnellement une puissante incitation à rentrer pour les autres entreprises. C’est pourquoi l’absence d’entrée sur une assez longue période apparaît comme particulièrement anormale. 73 Une marque différente laisse toujours supposer des caractéristiques différentes au consommateur. Il s’agit donc d’une bonne technique pour différencier des produits vraisemblablement assez proches sur le plan des caractéristiques physiques, et l’on joue ici sur la psychologie des consommateurs. 74 Au départ, la part de marché de l’entrant est plus faible que celles des firmes en place ; celles-ci produisent en plus grande quantité et bénéficient donc de coûts unitaires plus faibles, il est donc très difficile à l’entrant de les concurrencer sur les prix, ce qui rend souvent très périlleuse l’implantation sur un marché où des firmes sont bien en place. La prolifération des marques a pour objectif de couvrir l’ensemble des besoins des consommateurs. Il n’existe donc plus de domaines significatifs non couverts par l’offre des firmes en place. Il ne reste pour le nouveau producteur que des domaines largement occupés ou de faible importance, ce qui n’autorise que des productions en petites quantités, assez loin de la taille optimale, donc à des coûts plus élevés. 75 Voir mots clés page 179. Document 25 76 A. Smith montre dans son exemple que par les mouvements de prix, le jeu du marché conduit à des déplacements de travailleurs qui constituent une nouvelle allocation des ressources productives. Ceci représente une allocation efficiente puisqu’elle aboutit à une production conforme à l’évolution des désirs des consommateurs. 77 La concurrence contraint les producteurs à offrir au prix le plus bas possible, donc à produire au coût le plus faible, ce qui signifie qu’il faut utiliser la plus faible quantité de ressources possibles puisque ces ressources sont payées par l’entreprise et constituent le coût de production. 78 La conception de la concurrence présentée dans le document est proche de la CPP dans la mesure où l’atomicité reste une référence implicite, puisque la concentration, en réduisant le nombre d’entreprises, accroît leur pouvoir de marché. On s’en éloigne cependant, car on prend en considération le fait que cette concentration ouvre d’un autre côté des possibilités d’innovation et d’économie d’échelle qui pourront permettre d’augmenter l’efficacité économique, et donc de réduire les coûts et les prix. Les autorités mettent en balance ces facteurs positifs avec le fait 72 que l’on s’éloigne de l’atomicité. L’atomicité n’est donc plus le seul facteur pris en compte pour apprécier le degré de concurrence. 79 La concentration en augmentant le pouvoir de marché des entreprises leur permettra d’augmenter leur prix, ce qui est défavorable aux consommateurs, mais les entreprises de plus grande taille ont des coûts unitaires plus faibles et des moyens d’innover plus importants, ce qui est bénéfique aux consommateurs. Document 26 80 Dans le cas d’Air France-KLM, les économies d’achat sont citées au premier plan avec les économies d’échelle (rationalisation de la distribution et des activités marketing). Dans le cas de Bic et Stypen, on retrouve la rationalisation des activités marketing et, vraisemblablement, les économies d’achat, car les différents types de stylo utilisent des fournitures communes. Document 27 81 Les échanges mettent en relation des agents appartenant à des banques différentes. Il est indispensable que les cartes bancaires des différents établissements puissent être utilisées partout (interopérablilité), ce qui suppose le partage de nombreux codes informatiques et des normes communes. Il fallait donc une organisation commune, d’où la constitution du GIE. 82 La nouvelle tarification introduit des droits d’adhésion nettement plus élevés pour les nouveaux entrants qui semblent dissuasifs. Il s’agirait donc d’une barrière à l’entrée déguisée sous un ajustement tarifaire. 83 La libre entrée semble donc menacée par une pratique qui apparaît discriminatoire envers les nouvelles entreprises. 84 Les nouveaux tarifs se justifient selon le GIE par le fait que les nouveaux entrants bénéficient des efforts d’investissement consentis par les premiers membres du GIE et par le fait que, de taille plus réduite, ils apportent peu de clients nouveaux et ne contribuent que faiblement à l’expansion du groupe. 85 La difficulté provient du fait qu’il s’agit d’apprécier dans quelle mesure les hausses appliquées aux nouveaux se justifient, puisqu’il est indéniable qu’en entrant ils bénéficient des investissements et des risques assumés par les premiers adhérents. Ceci suppose que les autorités de contrôle disposent d’une information sur les coûts exacts supportés par les entreprises, information qui est d’un accès évidemment difficile, les entreprises en place du fait de leur expérience disposant d’un avantage informationnel souvent décisif. Document 28 86 Les documents comptables disponibles ne fournissent qu’un ordre de grandeur mais qui reste éclairant. Les chiffres pour 2003 sont en millions d’¤ et en %. Les chiffres sont en général très faibles par rapport aux CAHT, plus significatifs parfois par rapport au résultat net, mais il s’agit de filiales françaises et non de la firme dans son ensemble. ➜ © Magnard – 2005 Chapitre 6 : Les mécanismes du marché France Telecom Total Fina Elf Sandoz (France) Esso saf Pétrole Shell BP France Air liquide Carrefour France Sanction CAHT En % 40 12 7,8 5 5 5 4,38 2,1 46 121 104 652 89 7 468 6 956 5 840 8 394 70 486 0,08 0,01 8,76 0,07 0,07 0,08 0,05 0,003 Résultat net 3 728 7 025 – 33 13 81 726 1 629 En % 1,07 0,2 38,5 6,1 0,6 0,1 87 Les pratiques les plus fréquentes portent sur les prix et laissent soupçonner des ententes sur les prix ; pour ces grandes firmes, les guerres de prix sont particulièrement redoutées car financièrement très coûteuses. 88 Dans le cas de Sony Bertelsmann, les autorités redoutaient que les quatre entreprises géantes ne disposent d’un poids tel qu’elles écrasent la concurrence, aucun petit producteur ne pouvant leur tenir tête. Les autorités de la concurrence ont fini par accepter cette concentration dans la mesure où elles ne pouvaient pas rejeter ce qui apparaissait comme une stratégie de survie dans un marché très déprimé ; elles ont donc donné la priorité au rétablissement de la santé des entreprises sur les principes. Document 29 89 Deux armes principales sur le marché du transport : le prix du billet et la fréquence des rotations qui permettent de rafler la clientèle et créent une surcapacité meurtrière pour les petites compagnies qui ne peuvent faire face. 90 État initial Guerre des prix Retour Nouvel entrant Prix assez élevé Prix plus bas état initial Entreprise Retrait Retour en place entrant au nombre baisse de rotations les prix et prix initial Augmentation de la rotation 91 Dans cette bataille, le consommateur a bénéficié durant une période assez courte de tarifs bas et d’une rotation importante des vols. À plus long terme, il a sans doute perdu les baisses de prix durables qu’aurait entraînée une concurrence plus importante, puisque cette issue aura sans doute découragé pour longtemps toute tentative d’entrée. Faites le point Entreprises Compagnies téléphoniques Grandes surfaces Constructeurs automobiles Notions correspondantes Exemples • Stratégies de prix • Stratégies d’innovation • Concurrence sur le prix des abonnements • Concurrence sur la technologie du haut débit • Stratégies de prix essentiellement • Stratégies de différenciation • Elles « écrasent » les prix • Cartes de fidélité, de paiement, services après-vente • Stratégies de différenciation • Stratégie de réduction des coûts • Esthétique, solidité, faible consommation • Stratégie centrale chez Toyota ; la Logan de Renault Travaux dirigés : Les stratégies en concurrence imparfaite (pp. 174-175) entreprises à se réorganiser et éventuellement à modifier leur porte-feuille d’activités. Sur le plan de l’organisation, elles s’efforcent de modifier les méthodes, de supprimer tous les postes inutiles et certaines taches seront externalisées ou inversement reprises en main par l’entreprise. Il y a aussi des réallocations de ressources : elles vont par exemple se retirer de certaines activités jugées trop peu rentables en vendant une partie de leurs filiales (Thomson vend son activité électronique grand public, Vivendi se retire de l’édition) pour mieux développer les activités qu’elles conservent ou s’implanter dans d’autres. Le principal objectif de ces politiques est le plus souvent de réduire les coûts et d’augmenter l’efficacité en se concentrant sur un nombre de tâches plus réduit. Calculer/lire un graphique 1 2 Le marché du disque est en concurrence imparfaite en raison du faible nombre d’entreprises qui dominent ce marché, ce qui rompt avec le principe d’atomicité. De plus les produits sont relativement différenciés. Le marché du disque a connu une régression accélérée au cours de la période : les ventes mondiales qui s’étaient réduites de 4,9 % en 2000 ont baissé de 7,6 % en 2003 soit une amplification de la baisse de (7,6-4,9)/4,9 = 55,1 % Décrire 3 4 5 La fusion de Sony-BMG a pour objectif de permettre des économies d’échelle, en rationalisant la production, la gestion et le marketing, ainsi qu’une surface financière pour mieux faire face aux difficultés du marché et aux restructurations. Les autorités européennes redoutaient la disparition de la concurrence sur un marché où ne subsisteraient plus que quelques firmes puissantes. Les politiques de restructuration consistent pour les Expliquer 6 Les autorités de la concurrence se trouvent devant un marché en crise prolongée où la plupart des acteurs principaux enregistrent des pertes. La réponse des © Magnard – 2005 73 7 8 entreprises peut s’analyser plus comme un sauvequi-peut que comme une tentative de blocage de la concurrence. La priorité est alors d’assurer la bonne santé financière des entreprises. Cet objectif prend alors le pas sur le respect strict des standards de la concurrence et les projets de fusion sont évalués avec plus d’indulgence. On peut parler d’une crise du disque en premier lieu car le marché connaît une baisse prolongée et accélérée des ventes. Ensuite, tout aussi grave, le fait que l’offre des entreprises semble en retard par rapport à l’évolution du marché et des consommateurs, notamment sur le plan des méthodes de vente (retard dans le commerce électronique). Enfin, des acteurs importants ont sans doute conduit des stratégies associant produits de haute technologie et produits culturels dont la pertinence reste à démontrer (Sony) On pensait dans les années 1990 que le développement des produits électroniques grand public (téléviseur, lecteur de CD-rom, magnétoscope) allait accroître la demande de film et de musique et que, symétriquement, la demande de ces produits serait renforcée par l’existence d’un catalogue de produits nécessitant leur utilisation. Auparavant déjà le VHS s’était imposé car on trouvait sous ce format le cata- Vers la question de synthèse Introduction Avec la mondialisation, une nouvelle vague de concentration peut être observée – Air France-KLM pour l’aéronautique, mais aussi dans la pharmacie, l’aluminium (rachat de Pechiney), l’automobile (Renault-Nissan) –, et d’autres se préparent (automobile avec Fiat). Ces opérations présentent donc des avantages indéniables aux yeux des stratèges d’entreprise, mais il ne faut pas oublier que les échecs sont possibles (exemple de Vivendi-Universal). Pour apprécier les avantages et les risques, il faut se placer du côté des entreprises, mais aussi des consommateurs, comme le font les autorités de la concurrence (document 25). Il s’agit alors de s’interroger sur les chances d’un accroissement des performances profitable à tous (1re partie) sans oublier d’analyser les causes possibles d’échec (2e partie). 1. Accroître les performances économiques 1.1. Baisser les coûts Réaliser des économies d’échelle, bénéficier des pouvoirs de marché des gros clients. logue de films le plus important. La stratégie a consisté alors à acquérir des studios de cinéma ou de musique pour fournir aux clients le catalogue de films et de disques et pour profiter de l’expansion de la demande pour ces produits. 9 D’une part, les stratégies actuelles sont plutôt recentrées sur l’activité principale (l’électronique par exemple pour Sony) ; d’autre part, avec Internet, très puissant moyen de diffusion de l’image et du son, les canaux et les méthodes de distribution du son (le disque) et des images (photos, vidéo) doivent être profondément modifiés dans le sens amorcé par Apple. 10 La stratégie la mieux adaptée apparaît une fois encore l’innovation car, face à l’évolution de la demande, le développement du marché traditionnel du disque et du film paraît peu probable. 11 Les producteurs indépendants redoutent la main mise de nouvelles majors sur le marché du disque, d’autant que derrière BMG, on retrouve le groupe RTL qui dispose de moyens de promotion considérables avec les radios et la télévision. Il s’agit bien d’un très vaste regroupement qui dépasse donc largement le marché de la musique. Rationalisation et réorganisation de la production, de la commercialisation des biens et services. Bénéficier des synergies entre les activités rassemblées. 1.2. Favoriser l’innovation La recherche implique des coûts fixes très importants (dix ans pour la mise au point de l’Airbus A 380) et présente des risques que seules les grandes entreprises peuvent assumer. 1.3. Permettre au consommateur de trouver des produits nouveaux et de bénéficier de prix plus bas ; ce troisième objectif découle des deux premiers et constitue l’argument décisif pour les autorisations en matière de concentration. 2. Des désillusions parfois cuisantes 2.1. Les baisses de coût se font attendre Les réorganisations se révèlent très complexes, les synergies et les économies d’échelle ont été surestimées. 2.2. La répression de la pression concurrentielle affaiblit la motivation à innover. 2.3. L’accroissement du pouvoir de marché permet d’augmenter les prix et les marges. Testez vos connaissances Vrai ou faux 1. V ; 2. F ; 3. F ; 4. V ; 5. F Phrases à trous L'économie comprend un très grand nombre de marchés, autant que de catégories de produits. Ils sont plus ou moins éloignés des conditions de la concurrence pure et parfaite. Le système de prix oriente les choix des consommateurs et des producteurs. Une hausse de prix indique qu'il faut augmenter l'offre et réduire la demande. Souvent les consommateurs se trou-vent en présence d'un petit nombre d'entreprises, ce qui constitue un oligopole. Les entreprises cherchent à différencier leurs produits par le progrès technique et la publicité pour disposer d'un certain pouvoir de monopole. 74 © Magnard – 2005 Chapitre 6 : Les mécanismes du marché Cherchez l'intrus Des produits différenciés Cherchez l'intrus, trouvez les absents Intrus : productivité Absent : libre entrée, transparence Exercice d’application + 1 concurrence 3 atomistique – – 4 oligopolistique 5 monopolistique 2 concentration + © Magnard – 2005 75 Chapitre 7 : Marché et société Utilisation des documents de sensibilisation (pp. 180-181) • La photo de la manifestation contre l’OMC permet de poser la question de la prise de décisions économiques et politiques. Face aux instances supranationales souvent accusées de diffuser un ordre libéral, les citoyens peuvent-ils intervenir dans les choix de régulation politique ? On peut présenter la société civile internationale comme un contrepoids ayant un rôle d’information et d’orientation du marché. On peut ainsi poser la question de savoir si le marché est un ordre naturel ou une construction sociale. • La publicité pour le commerce équitable permet de mettre en lumière la compatibilité entre le marché et la société. Cet exemple peut être relié à ceux de la finance solidaire ou du tourisme équitable pour illustrer l’équilibre entre développement du marché, ouverture des pays et respect des équilibres sociaux et environnementaux. On peut alors se demander si le marché détruit forcément les rapports sociaux. • La BD illustre les nuisances (ou externalités négatives) causées par un fonctionnement non régulé du marché : non-prise en compte des activités polluantes, dans la mesure où la protection de l’environnement représenterait un coût pour l’entreprise. Réponses aux questions I. L’institutionnalisation du marché (pp. 182-189) Document 1 1 Dans la théorie néoclassique, c’est le marché qui construit la société car c’est lui qui permet la rencontre d’individus cherchant à satisfaire leurs besoins dans un environnement aux ressources forcément limitées. De la recherche d’intérêt naissent les rapports sociaux. Le marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande (de biens et services, de capitaux, de travail). 2 Les ressources ne sont pas disponibles en quantité illimitée. La rareté explique ainsi que les ressources doivent être partagées. De plus, les individus se caractérisent par des préférences et des ressources différentes. Les hommes ont donc naturellement recours à l’échange afin de satisfaire au mieux leurs besoins. L’échange donne à chacun un degré supérieur de satisfaction. 3 Le marché va socialiser les individus dans la mesure où c’est la négociation qui permet la fixation du prix d’échange. L’échange marchand fait naître des règles et des codes par lesquels les offreurs et les demandeurs vont aboutir à un accord. Le marché suppose des normes et des comportements (par exemple, le respect de la parole) afin que l’échange puisse s’opérer. Document 2 4 La théorie néoclassique stipule que c’est en cherchant son seul intérêt particulier que l’individu va faire naître l’intérêt général. La satisfaction égoïste de chacun entraîne une situation optimale pour l’ensemble des candidats à l’échange, guidés par la « main invisible » d’Adam Smith. 5 Le marché est censé être un mécanisme autorégulateur, c’est-à-dire que le libre jeu de la loi de l’offre et de la demande assure une situation d’équilibre. Aucun déséquilibre durable n’est concevable dans la théorie néoclassique. L’intervention de l’État est alors inutile et inefficace sachant que l’action publique brouille les règles du marché et nuit à la satisfaction optimale de chacun. L’action de l’État se résume alors aux 76 6 fonctions régaliennes (sécurité, infrastructures…) ; il n’intervient pas en matière économique et sociale. Selon la loi de l’offre et de la demande, une surproduction entraîne une baisse des prix, donc une hausse de la demande et le retour à l’équilibre. Ce mécanisme vaut sur l’ensemble des marchés (biens et services, travail, capitaux), évacuant tout risque de déséquilibre durable. La flexibilité des prix permet des ajustements sur le court terme. Document 3 7 Deux pays commerçant entre eux ont intérêt à entretenir des relations pacifiques afin de conserver les profits qu’ils retirent de l’échange. La thèse du « doux commerce » (Montesquieu) montre ainsi que le commerce pacifie les relations politiques entre les États qui tirent avantage de l’échange marchand. L’intérêt économique suppose un climat de confiance et une stabilité dans les relations politiques. 8 Le libéralisme pacifie les relations politiques afin de profiter des échanges économiques. Il implique donc des libertés dont l’essor renforce la démocratie. La démocratie suppose l’égalité des droits et la justice qui vont encadrer et favoriser les échanges au sein d’un pays et entre les pays. Par exemple, le libéralisme et la mondialisation des échanges permettent de véhiculer et de faire appliquer certaines valeurs : pratique généralisée d’élections, mise en place de l’égalité hommes-femmes, interdiction du travail des enfants… Cette diffusion des droits fondamentaux va favoriser la libre-entreprise et la concurrence, donc le libéralisme. L’échange suppose l’égalité et la liberté, desquelles vont naître l’initiative privée et les échanges. Document 4 9 La kula n’est pas une forme d’échange marchand : la valeur des biens échangés est relative, et présente avant tout une dimension symbolique ; de plus, le but de la kula n’est pas lucratif car elle remplit des fonctions sociales. © Magnard – 2005 Chapitre 7 : Marché et société 10 La kula est un système de dons et de contre-dons cérémoniels qui vise à affirmer la puissance et la domination d’un groupe sur l’autre. Les dons symbolisent le prestige social de l’offreur qui lance un défi à celui qui les reçoit. 11 Certaines sociétés ne connaissent pas de logique marchande. Par exemple, certaines micro-sociétés africaines (cf. doc. 28 : la culture du don en Afrique) font passer la relation sociale avant le bien ou le service échangés. La richesse du lien social et la solidarité supplantent la recherche du profit. D’autres exemples de systèmes de dons rituels peuvent être cités : le potlatch ou le gimwalli. Document 5 12 La concurrence a un rôle de régulation sociale car elle permet de dépasser les rapports de pouvoir ou les conflits relatifs à l’usage et à la propriété privée des biens. La concurrence doit en principe assurer l’atomicité du marché, à savoir un nombre important d’offreurs et de demandeurs devant se respecter et négocier un prix d’échange. Le marché centralise donc et socialise les candidats à l’échange. 13 Le bon fonctionnement du marché suppose des conditions individuelles et institutionnelles : les individus doivent respecter les droits de chacun et appliquer les règles de justice ; l’État, quant à lui, doit surveiller, réguler et sanctionner les comportements d’échange. Il est garant du primat du droit sur la loi du plus fort. Document 6 14 Le libéralisme commercial correspond à l’ouverture extérieure et à la suppression de toute entrave aux échanges favorisant le commerce entre pays. Cette forme de libéralisme est ancienne. Le libéralisme économique, lui, est fondé sur la notion de droits économiques : droit à disposer librement de sa force de travail et des produits de son travail, liberté de contracter, d’échanger, d’entreprendre. Ceci justifie l’économie de marché mais n’exclut a priori ni l’intervention de l’État ni d’autres formes d’organisations (coopératives, associations…). 15 Ces deux formes de libéralisme ne se sont pas développées en même temps et n’ont pas connu de continuité dans leur application. Le libéralisme commercial reste une pratique très ponctuelle et le libéralisme économique stricto sensu a rarement été appliqué. 16 Le libéralisme n’est pas un état naturel de l’économie : ce n’est pas un mode de fonctionnement spontané de l’économie mais le résultat d’un projet politique et d’une structure institutionnelle permettant son fonctionnement. Les individus doivent faire l’objet d’une socialisation aux règles du libéralisme afin que celui-ci puisse se développer. 17 On ne peut pas opposer marché et État car c’est la puissance publique qui définit, encadre et régule la place du marché dans l’économie et la société. Le marché n’est pas un ordre spontané mais un choix politique. 18 Si le libéralisme suppose l’économie de marché, il n’exclut pas pour autant l’intervention publique. Les échanges marchands restent sous le contrôle et l’orientation des pouvoirs publics. Ainsi, dans les pays développés, l’État prend en charge les défaillances du marché (service public) alors que le commerce entre pays du Nord et pays du Sud n’est pas entièrement libéralisé (contingentements, barrières tarifaires…). Document 7 19 La libéralisation d’un marché consiste à ouvrir ce marché à la libre concurrence nationale et internationale. Les anciennes situations de concurrence imparfaite doivent alors tenir compte de nouveaux entrants sur le marché, ce qui modifie fortement les conditions de l’offre. L’initiative privée peut aussi supplanter l’initiative publique. 20 En Europe, la libéralisation a eu des conséquences négatives, par le biais des privatisations. Des activités autrefois assurées par l’État ont fait l’objet d’un mauvais fonctionnement une fois passées sous l’initiative privée. De nombreux problèmes ont surgi : problèmes de santé publique, suppression de certaines activités non rentables, baisse de la qualité des services aux usagers… (une bonne illustration des effets pervers de la privatisation du rail en GrandeBretagne : le film de Ken Loach, The Navigators). 21 Service public : activité économique d’intérêt général qui s’exerce sous l’égide des pouvoirs publics et qui vise à satisfaire une utilité sociale plus qu’une rentabilité économique. Document 8 22 Les « intermittents du spectacle » sont les travailleurs du spectacle vivant et enregistré, généralement engagés pour des missions de courte durée. Leur statut présente une particularité par rapport au régime général d’assurance-chômage : ils bénéficient de dix mois d’indemnisations pour 507 heures de travail minimum au cours des dix derniers mois, soit moins d’un tiers-temps. On pourra comparer avec le régime général : Durée d’activité salariée* Durée maximale d’indemnisation • 6 mois d’activité au cours des 22 derniers mois • 14 mois d’activité au cours des 24 derniers mois 7 mois 23 mois * Dans une ou plusieurs entreprises ayant contribué à l’assurance-chômage. 23 Ce statut a conduit à des abus de la part des employeurs qui engagent des intermittents de façon déclarée pour une courte période, puis multiplient les CDD, ou ne déclarent pas toutes les heures de travail afin que les intermittents soient rémunérés par l’assurance-chômage. 24 Le nombre d’intermittents du spectacle a augmenté de 153,7 % de 1991 à 2003. 25. L’enchaînement des CDD est réglementé par le droit du travail : un employeur ne peut pas reconduire le CDD d’un même salarié plus de deux fois. Cette protection vise à inciter l’employeur à embaucher le travailleur en CDI afin de limiter la précarité. De plus, la réglemen- © Magnard – 2005 77 tation cherche à restreindre les abus d’alternance de périodes courtes d’activité et de périodes de chômage. Document 9 26 Le marché du disque enregistre une baisse des ventes à cause des téléchargements gratuits illicites qu’offre Internet. 27 Lutter contre le téléchargement illicite implique plusieurs actions : information des internautes sur les risques du téléchargement (sanctions juridiques et frein à la création musicale), répression des infractions et développement des sites légaux de téléchargement (objet de la campagne de la SACEM). 28 Internet offre divers types de services illégaux : activités liées à la prostitution, vente « libre » de certaines substances interdites (produits toxiques, composés chimiques, drogues…), trafics d’organes ou d’enfants, vente de certains détecteurs de radars interdits… Document 10 29 Le droit d’opposition correspond à un droit de parole alternative au sein des unités dirigeantes des entreprises et notamment des firmes multinationales. En effet, les cadres sont souvent des maîtres d’œuvre, mais peuvent rarement émettre leur avis quant à la faisabilité ou la portée des actions à entreprendre. Tout cadre pourrait ainsi poser des questions essentielles, en matière de gestion financière, de santé publique, de droit du travail, d’éthique… 30 Ce droit est indispensable afin de protéger le citoyen ou le consommateur face aux intérêts des grands groupes, et afin de protéger le cadre contre les abus de pouvoir ou les malversations. Le cadre devrait ainsi pouvoir aller jusqu’au refus d’appliquer une décision contraire à l’intérêt général. Document 11 31 Le délit de faciès correspond à une discrimination à l’embauche en fonction de traits physiques ou d’une appartenance ethnique. Il est sanctionné par la loi qui doit assurer l’égalité de tous devant l’emploi, audelà des différences d’ethnie, de religion, de philosophie, de sexe ou d’orientation sexuelle… 32 L’enquête-testing sur les CV montre la gradation dans la discrimination à l’embauche : handicap, origine ethnique, âge et sexe peuvent jouer en défaveur du demandeur d’emploi. Les chiffres prouvent que la discrimination est réelle, d’où l’importance de l’intervention du législateur et de la responsabilité sociale des entreprises. 33 Les discriminations sur le marché du travail sont nombreuses. On peut citer celles qui sont liées à l’homophobie, à l’apparence physique (petite taille, forte corpulence, maladie dermique apparente…) ou encore à l’encontre des femmes (risque d’absence pour grossesse, enfants malades…). Document 12 34 La concurrence désigne la structure de marché dans laquelle vendeurs et acheteurs sont suffisamment nombreux pour qu’aucun ne puisse exercer une influence sur le prix ; seuls les mécanismes du mar- 78 ché déterminent le prix d’équilibre qui s’impose à tous. Une fusion est une opération financière au cours de laquelle deux sociétés A et B se réunissent : soit elles disparaissent pour créer une nouvelle société, soit l’une des deux absorbe l’autre. Une OPA (offre publique d’achat) est l’opération engagée par une société qui cherche à prendre une participation financière importante ou le contrôle d’une autre société, et qui fait une proposition conditionnelle d’achat d’actions de la société convoitée. Dans une OPE (offre publique d’échange), il est proposé aux actionnaires d’autres titres en règlement (actions ou obligations). 35 Pour une société, acquérir ses concurrentes est une forme de concentration horizontale. Cette stratégie d’intégration permet de maîtriser davantage, voire de contrôler entièrement en cas de monopole, le marché en question. De cette situation peuvent déboucher des stratégies de prix, d’innovation… (voir chapitre 6). 36 La justice américaine n’a pas autorisé la fusion sur le marché des logiciels d’entreprises au motif qu’elle porterait atteinte à la concurrence et nuirait ainsi au consommateur devant supporter des hausses de prix. Aux États-Unis comme dans l’Union européenne, la politique et le droit visent, en effet, à promouvoir la concurrence. Document 13 37 Le titre emploi-entreprise permet aux entreprises de disposer gratuitement des services de gestion de paye de l’Urssaf. 38 L’Ifec a saisi le Conseil de la concurrence au motif qu’il s’agirait ici d’une pratique anti-concurrentielle qui pénaliserait les experts-comptables en les privant d’un marché rémunérateur. 39 De façon générale, un État peut préserver la concurrence en réglementant les monopoles, les oligopoles, la vente à perte, les fusions, les OPA… Document 14 40 Le consommateur est dans une situation d’infériorité car il manque d’informations concernant les produits et qu’il ne dispose pas de marge de négociation. 41 L’information sur les produits est indispensable à la protection du consommateur, car la défense de ses intérêts passe par la connaissance du produit. Par exemple, dans le cas des problèmes de santé publique, le consommateur doit être informé de la composition des produits alimentaires ou des conditions d’élevage, de culture ou de transformation industrielle (cas de l’encéphalopathie spongiforme bovine, problème de la dioxine, OGM, aliments ionisés, etc.). Document 15 42 Le droit considère comme force majeure toute situation imprévisible et irrésistible, c’est-à-dire toute situation sur laquelle l’homme n’a aucun moyen d’action et qu’il est obligé de subir. 43 Un consommateur peut être indemnisé en cas de retard d’avion, sauf cas de force majeure. La loi rend les voyagistes responsables de tout autre retard. © Magnard – 2005 Chapitre 7 : Marché et société 44 En cas de grève, il y aura indemnisation du voyageur si la grève était prévisible et que des solutions de substitution auraient pu être mises en place (acheminement par d’autres voies). Document 16 45 Un OGM (organisme génétiquement modifié) est une matière vivante dont on a artificiellement transformé le génome, c’est-à-dire les caractéristiques naturelles fondamentales. Cette manipulation vise à donner aux produits certaines caractéristiques : résistance à la chaleur ou au gel, plus grande résistance au transport, ou aux prédateurs (chenilles, etc.), croissance accélérée, arôme plus fort… De nombreux citoyens manifestent contre les OGM car les conséquences à long terme sur la santé humaine ne sont pas encore connues. Dans l’incertitude, le principe de précaution semble prévaloir. De plus, les OGM posent d’autres problèmes comme la contamination d’autres cultures par le vent ou les insectes. 46 Les OGM représentent un enjeu économique majeur dans la mesure où les manipulations génétiques visent à produire des organismes dont la constitution permet de tirer un profit maximum. Le but est de pallier les problèmes propres aux cultures traditionnelles (intempéries, invasion d’insectes, gel…) par des organismes résistants permettant de stabiliser les bénéfices. De plus, les quelques firmes pionnières en matière de biotechnologies (exemple : Monsanto) disposent d’une avance technologique considérable laissant supposer des pressions fortes sur l’industrie agroalimentaire. La plainte déposée par les États-Unis devant l’OMC contre la législation européenne en matière d’OGM témoigne aussi de l’enjeu économique qu’ils représentent. 47 La législation européenne oblige le producteur d’OGM à indiquer sur le produit que ce dernier est issu d’une production génétiquement modifiée. Hormis la condition d’information du consommateur, le producteur reste libre dans sa production. 48 D’autres produits alimentaires suscitent des controverses de la part des consommateurs : le chocolat contenant des matières grasses végétales, les biscuits contenant de la gélatine animale, les produits irradiés (ou ionisés)… Faites le point Conseil de la concurrence Tribunal de commerce Prud’hommes Fonction Respect de la concurrence Protection du consommateur Protection des salariés Compétences • Vente volontaire à perte • OPA hostile conduisant à un monopole • Vice caché sur une automobile • Refus du vendeur d’accorder au client un délai de rétractation • Licenciement d’une femme enceinte • Non-paiement des heures supplémentaires d’un salarié II. Rapports marchands et ordre social (pp. 190-197) Document 17 49 Le passage d’une agriculture vivrière à une agriculture productiviste, visant à satisfaire le marché intérieur ou extérieur, entraîne une spécialisation des exploitants, et donc une dépendance de ces derniers vis-àvis du cours des matières premières. Or, l’instabilité des cours va plonger dans la misère des populations qui, jusque-là, parvenaient à assurer leur subsistance alimentaire. 50 Au niveau social, l’industrialisation induite par le marché entraîne la dissolution des liens communautaires, liée à l’exode rural. Au niveau culturel, on peut observer une disparition des pratiques traditionnelles au profit d’une large diffusion des modes de vie des pays développés. On assiste ainsi à une occidentalisation de la culture pouvant aller, dans certains cas, jusqu’à une déculturation. Document 18 51 L’OMC est chargée d’organiser la négociation d’accords commerciaux internationaux et de veiller à leur application, notamment par une procédure de règlement supranational des différends commerciaux. Le FMI est une institution qui a aujourd’hui principalement pour rôle de fournir des crédits aux pays qui connaissent des déficits extérieurs et qui, en contrepartie, prescrit des politiques économiques. Les politiques d’ajustement structurel menées par le FMI consistent à assainir la situation financière des pays en réduisant le déficit commercial ainsi que le déficit budgétaire et l’insolvabilité. Ces politiques accordent une grande place au marché, elles sont fondées sur des principes libéraux. 52 Ce document montre que l’aide des pays développés, sous couvert des institutions internationales, tend à dégrader encore davantage la situation des pays du tiers monde en difficulté financière. Les aides entretiennent des relations de dépendance économique qui nuisent au bon développement des pays. 53 L’ouverture de l’économie des pays en développement au marché international pose plusieurs problèmes : dualisme social avec extension de la pauvreté, désarticulation économique avec maintien d’une économie de subsistance et apparition d’un pôle financier tourné vers l’extérieur, aggravation du chômage, endettement, dépendance du pays par rapport aux cours des matières premières et aux pays partenaires, forte réactivité à l’instabilité des marchés financiers… Document 19 54 Les grandes marques de sport assurent leur production en Asie afin de bénéficier d’un coût du travail particulièrement bas et de rentabiliser au mieux l’utilisation du facteur travail en profitant de l’absence ou de l’insuffisance de droits du travail. © Magnard – 2005 79 55 Mettre de « l’éthique sur l’étiquette » revient à sensibiliser le consommateur aux conditions de production de la plupart des biens en vente dans les pays développés. Il s’agit de mener des campagnes de sensibilisation afin de mettre en avant les conditions de travail inhumaines des salariés des grands groupes qui utilisent leur pouvoir pour exploiter des populations en situation de grande précarité. Le commerce équitable vise ainsi à assurer une rémunération juste aux producteurs locaux afin que puissent être financées les structures sociales, médicales et institutionnelles nécessaires au développement du pays. 56 Être une « entreprise sans usines » permet de compresser les coûts de production et de gagner ainsi en rentabilité et en compétitivité. En effet, l’absence de coûts fixes que permet l’externalisation autorise, par exemple, l’entreprise Nike à localiser ses unités de production là où les coûts du travail sont les plus faibles. 57 Dans les pays riches, les délocalisations entraînent suppressions d’emplois et obligation de reconversion professionnelle. Dans les pays en développement, les délocalisations impliquent des conditions de travail précaires pour les populations locales et une dépendance de l’économie locale vis-à-vis des firmes multinationales. Document 20 58 La culture désigne les manières de faire, de sentir, de penser propres à une collectivité humaine. La socialisation désigne l’ensemble des mécanismes par lesquels les individus font l’apprentissage des rapports sociaux entre les hommes et assimilent les normes, les valeurs et les croyances d’une société ou d’une collectivité (voir chapitre 3). 59 La mondialisation peut affecter la culture des sociétés traditionnelles par deux biais : la diffusion de biens et services correspondant au mode de vie des pays développés ; la diffusion du modèle d’organisation et des valeurs propres à l’économie de marché. 60 La mondialisation peut entraîner des phénomènes d’acculturation dans différents domaines : gastronomie, musique, vêtements, cinéma… Document 21 61 Dans une économie de réseaux, on trouve des fournisseurs et des usagers qui achètent un droit d’utilisation temporaire et non des biens pour eux-mêmes. Une économie de réseaux est une économie de services en temps réel. 62 Internet va modifier les relations commerciales en rendant accessible en continu tout service : téléchargement, vente à distance, gestion directe du patrimoine, enchères… 63 Dans une économie de réseaux, la culture peut être supplantée par l’industrie culturelle, c’est-à-dire par des produits dérivés diffusés selon une logique purement marchande. De plus, Internet peut tuer l’offre culturelle : en effet, dans le cas du téléchargement gratuit ou illicite, par exemple, la création musicale pourrait désormais s’avérer insuffisamment rentable et décliner. 80 Document 22 64 Le rapport de l’homme à la mort n’est pas rationnel dans la mesure où il peut s’exposer directement et en toute conscience à la mort (prise de drogues, tabagisme…) alors qu’il exigera d’autrui ou de l’État qu’il minimise les situations à risques, fussent-elles hautement improbables. 65 Le principe de précaution peut s’appliquer en matière de traçabilité alimentaire, d’effets indésirables d’un médicament, d’un vice d’automobile… 66 La méthode d’évaluation du capital humain consiste à déterminer la valeur d’une vie humaine à hauteur de sa contribution au PIB, c’est-à-dire les richesses créées. 67 Cette méthode d’évaluation pose des problèmes moraux car elle revient à classer le préjudice moral et affectif subi par le décès d’un proche sur la base de considérations purement monétaires. C’est ainsi réduire la valeur d’un individu à sa capacité à créer des richesses, et nier les liens sociaux, la richesse affective, la solidarité familiale ou les qualités humaines. Repère : la catastrophe de Bhopal a causé 20 000 morts et 120 000 blessés. Document 23 68 La prostitution est l’acte par lequel une personne se livre à des rapports sexuels contre de l’argent. Le proxénétisme désigne l’activité consistant à tirer profit de la prostitution d’autrui. 69 On distingue trois attitudes en matière de prostitution : la prohibition totale (ex. : Suède), l’abolition progressive sans pénalisation systématique (ex. : France) ou la légalisation assortie d’une réglementation précise (ex. : Pays-Bas). 70 Pour les Pays-Bas, la légalisation de la prostitution se justifie d’abord par le parti pris selon lequel la prostitution est un phénomène universel et ancien contre lequel aucun gouvernement ne peut aller. Ainsi, mieux vaut l’encadrer afin que les acteurs de cette « industrie du sexe » soient protégés. On peut ainsi espérer de meilleures conditions d’hygiène, une meilleure couverture sociale (les prostitué(e) s sont des travailleurs payant des impôts et des cotisations sociales), un déclin de la délinquance sexuelle, l’élimination de la prostitution subie et de l’exploitation sexuelle… 71 La création d’un marché de la prostitution pose cependant des problèmes éthiques. Il faut, en effet, s’assurer que la prostitution est bien une activité choisie et non un moyen de survie par défaut pour des personnes en difficulté. La légalisation de la prostitution ne signifie donc pas pour autant la fin de toute exploitation ou de toute forme d’esclavage. La prestation sexuelle viole le droit individuel de chacun à disposer de son corps (quand la prostitution est subie). Il faut alors se demander si tout peut être vendu et acheté. La marchandisation du corps humain est-elle compatible avec le respect de notre intégrité physique et morale ? © Magnard – 2005 Chapitre 7 : Marché et société Document 24 72 La logique de marché vise à maximiser les profits et à étendre sans cesse le marché. Cette logique lucrative nécessite ainsi une course sans fin à la technologie et à la diffusion du capital sous toutes ses formes. Le marché génère alors ses propres contradictions : produire toujours plus accroît la pollution ce qui induit la mise en place de nouvelles normes, lesquelles vont imposer des contraintes à la fonction de production. De plus, le marché ne tient pas compte des externalités négatives, à savoir les conséquences négatives involontaires de la production. La protection de l’environnement, notamment des ressources non renouvelables, relève alors de la puissance publique. 73 Le protocole de Kyoto introduit une innovation majeure en matière de lutte contre l’effet de serre. Il crée un « marché de la pollution », c’est-à-dire un système de permis d’émission de gaz à effet de serre. Chaque entreprise des pays développés se verra attribuer un quota d’émission de dioxyde de carbone. Si elle n’atteint pas ce quota, elle peut revendre à une autre entreprise ses droits d’émission excédentaires. À l’échelle internationale, les pays peu pollueurs peuvent également céder leurs droits d’émission. 74 Le développement durable (ou soutenable) est un nouveau mode de développement officiellement proposé par la CNUCED et la Banque mondiale qui veulent concilier l’amélioration du bien-être des générations présentes et futures avec la sauvegarde de l’environnement et la préservation des ressources non renouvelables. Pour limiter la pollution, plusieurs solutions peuvent être envisagées : réglementation des activités polluantes (fixation de normes), taxation des activités polluantes sous forme d’écotaxes prélevées par l’État ou d’autres collectivités publiques, instauration de droits à polluer négociables, interdiction de certaines activités ou de certains matériaux (ex. : amiante). Document 25 75 La logique du marché est anonyme, immédiate et lucrative. A priori, elle ne va donc pas de pair avec la logique du don qui fait appel à une dimension sociale et morale. 76 Les cadeaux relèvent a priori d’une logique désintéressée. Or, ils présentent un « rendement économique », c’est-à-dire qu’un salarié sera d’autant plus productif qu’il ressent le respect, l’écoute et la bienveillance de son employeur. La motivation au travail et la productivité ne sont donc pas qu’économiques, mais dépendent également de facteurs psycho-sociologiques. 77 Autres exemples illustrant l’importance du don dans l’efficacité marchande : bons ou cartes de fidélité, ventes privées exclusives ou cadeaux personnalisés… Document 26 78 La culture désigne, au sens sociologique, les manières de faire, de sentir, de penser propres à une collectivité humaine. 79 La diffusion massive de biens issus des sociétés développées n’entraîne pas pour autant une déculturation de la population indienne dont les valeurs et le mode de vie restent entiers. La consommation est perçue comme un moyen qui reste compatible avec le « psyché indien » qui ne se réduit pas à la seule sphère marchande. 80 La tradition indienne (« Vishnou ») semble plus forte que les firmes multinationales (« MacDo ») : les produits culturels américains doivent s’adapter à la demande locale, fortement empreinte de traditions et de valeurs spécifiques. C’est donc la société qui fixe des limites au marché, et non le marché qui transforme la société. 81 Le Japon est un autre pays dont la culture est relativement imperméable aux cultures étrangères. Les influences extérieures restent faibles dans la mesure où le socle culturel nippon promeut des valeurs particulières : droit d’aînesse, respect inconditionnel de la hiérarchie, fidélité et implication, ascétisme dans les mœurs… Ainsi, la sensibilité nippone ne se reconnaît pas dans le consumérisme occidental. L’Afrique reste également largement fermée à l’« invasion culturelle ». 82 Le terme « glocalisation » est un néologisme correspondant à la contraction de « global » et de « local ». Il faut entendre par glocalisation le mouvement par lequel les produits mondiaux doivent s’adapter aux modes de vie locaux afin de satisfaire la demande (la photographie du Mac Donald de Ryad montre que l’enseigne se plie aux particularités saoudiennes en organisant singles section et family section). La mondialisation n’entraîne pas forcément la diffusion généralisée des mêmes biens, mais une adaptation ou une réinterprétation de produits culturels. Star TV, chaîne globale s’il en est, propose ainsi des programmes en langues régionales. La culture glisse alors du global vers le local. Document 27 83 Le commerce équitable consiste à acheter des produits primaires ou des articles issus de l’artisanat local à un prix juste et stable, c’est-à-dire assurant aux producteurs les moyens de vivre décemment et de développer leur environnement économique et social (éducation, santé, infrastructures…). 84 Le commerce équitable affiche une nette progression mais reste très limité. La sensibilisation du consommateur s’opère peu à peu. Par exemple, les enseignes Max Havelaar et Artisans du Monde ont enregistré un chiffre d’affaires de 45 millions d’euros en 2003, soit 0,005 % de la consommation totale ! 85 De façon plus large, le commerce équitable vise à promouvoir le respect des peuples et des différences, l’élimination de la dépendance économique des PED vis-à-vis des pays riches, un partage équitable des ressources et une diminution de la pauvreté. Le commerce équitable est un des ressorts d’une mondialisation sociale et régulée qui profite à tous. Le slogan du document p. 180 « Autres échanges, autre monde » montre aussi que les ambitions du commerce équitable ne sont pas exclusivement commerciales. © Magnard – 2005 81 Document 28 86 En Afrique, la structure sociale est dense et complexe. La polygamie, la forte natalité, la famille élargie, les différentes ethnies et l’importance de la sociabilité assurent un tissu social particulièrement riche où les relations sont nombreuses et fréquentes. 87 La population africaine produit et consomme, mais c’est dans le cadre de la sociabilité, voire de la solidarité, que se construisent les relations économiques. L’activité économique n’est pas une fin en soi ; elle se réduit à un moyen d’existence ou de subsistance qu’enrichissent les liens sociaux. L’emploi, la production et la consommation sont ainsi dépendants des réseaux de sociabilité, des solidarités villageoises ou encore des relations familiales. 88 On peut parler d’une véritable culture du don en Afrique dans la mesure où les populations connaissent un niveau de vie relativement faible, mais réussissent à vivre grâce à une logique de partage et d’aide désintéressée. La moindre ressource, alimentaire notamment, fait l’objet d’un partage équitable ou d’un don aux personnes les plus nécessiteuses. 89 Dans ce cadre social, la pauvreté est alors très différente de celle que peuvent connaître les pays riches. Alors que la définition de la pauvreté dans les pays du Nord est purement monétaire, la pauvreté se définit, en Afrique, non comme le manque ou l’insuffisance de biens définissant un niveau de vie moyen, mais comme l’absence de soutien social. La force du tissu social permet ainsi de dépasser la pauvreté absolue par le biais de la culture du partage et du don. Sera alors pauvre celui qui n’a pas accès aux « richesses sociales ». Document 29 90 L’économie durable est un système visant la satisfaction des besoins dans le respect des grands équilibres : égalité sociale, préservation de l’environnement, renforcement de l’appareil productif, choix rationnels d’aménagement du territoire… La finance solidaire regroupe les acteurs financiers offrant aux particuliers ou aux entreprises des placements per- mettant de financer des actions sociales et/ou humanitaires tout en bénéficiant des services classiques des établissements bancaires. 91 Une banque produit des services financiers marchands : gestion de comptes, délivrance de cartes de crédit, de chéquiers, opérations de virement, de prélèvement automatique, conseils de gestion de patrimoine… Une banque est une société à but lucratif. La finance solidaire propose des produits financiers citoyens permettant de bénéficier des mêmes services financiers tout en participant au financement d’actions sociales et humanitaires. Ainsi le Livret Agir du Groupe coopératif permet-il, par exemple, de percevoir une rémunération à taux fixe tout en reversant la moitié des intérêts annuels à diverses associations. 92 James Tobin proposait de taxer toutes les transactions financières, quel que soit leur montant, à un taux faible (0,01 %), afin de diminuer la spéculation et la volatilité des cours, et afin de reverser les recettes de cette taxe à l’aide internationale au développement. Cette taxe n’a jamais été appliquée. Document 30 93 Les organisations non gouvernementales sont des organisations à but humanitaire, indépendantes des gouvernements, mais qui jouent un rôle non négligeable dans l’aide internationale. Elles se financent principalement grâce aux dons des particuliers ou des personnes morales. 94 L’organisation Plan propose le parrainage d’enfants confrontés au paludisme dans plusieurs pays africains notamment. Les dons des adhérents sont utilisés pour le dépistage, la sensibilisation, le traitement et la prévention du paludisme. Chaque parrain entretient une correspondance personnelle avec l’enfant parrainé et peut même lui rendre visite. Le parrainage s’inscrit sur le long terme et ne correspond pas à un simple don d’argent. 95 Autres exemples d’ONG : Croix-Rouge, Médecins sans frontières, Médecins du Monde, Frères des Hommes… Faites le point Par marchandisation, il faut entendre l’extension de la logique marchande à la sphère sociale et culturelle. Nos sociétés connaissent en effet une extension des activités à but lucratif. Ce phénomène peut entraîner des conséquences négatives en matière culturelle ainsi qu’au niveau éthique. Néanmoins, la logique du don n’a pas disparu. Elle est la base des relations économiques et sociales dans certains pays (ex. : Afrique), assurant ainsi la permanence des cultures locales et une forte solidarité. De même, des initiatives citoyennes mobilisent les pays riches : action des ONG, sensibilisation au commerce équitable, mouvement des altermondialistes… Ces actions visent à réguler la mondialisation afin qu’elle profite à tous et respecte les grands équilibres de notre société. 82 © Magnard – 2005 Chapitre 7 : Marché et société Travaux dirigés : Marché et institutions (pp. 198-199) Définir 1 2 3 4 Un marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande, lieu où s’établit le prix d’échange. Exemples : marché des biens et services, marché des capitaux, marché du travail… Au sens juridique et politique, une institution désigne un ensemble de règles (constitution, lois, coutumes…) organisant la société ou certaines de ses instances (institutions religieuses, économiques, familiales…). Au sens sociologique, une institution représente une forme établie et durable de pratiques et de normes sociales : mariage, famille, école, religion… Une firme multinationale est une firme présente dans plusieurs pays ou détenant au moins 10 % du capital d’une société étrangère. L’éthique désigne l’ensemble des règles morales de conduite. Interpréter 5 6 7 Sur les 100 premières multinationales en termes de capitalisation boursière, 57 sont américaines, en mai 2003. L’économie américaine se caractérise par une politique délibérément libérale : l’interventionnisme de l’État est strictement limité et l’initiative privée est encouragée. Or, 57 des 100 premières multinationales et 62 des 100 plus grandes marques mondiales sont américaines en 2003. La régulation marchande apparaît ainsi efficace en matière de production et de compétitivité. Cette mobilisation de Greenpeace est une manifestation contre le clonage. Les masques font référence au premier animal cloné, la brebis Dolly. Cette action vise à sensibiliser le citoyen aux risques des manipulations du génome humain. Analyser 8 Le marché s’autorégule grâce au mécanisme de flexibilité des prix. Si les prix sont flexibles, l’offre et la demande s’ajusteront à court terme sur l’ensemble des marchés. Aucun déséquilibre durable n’est possible dans la théorie néoclassique. 9 La diffusion de produits occidentaux par l’ouverture des marchés n’entraîne pas forcément une homogénéisation de la culture et des modes de vie. Par exemple, les valeurs japonaises s’incarnent mal dans des productions occidentales. L’imaginaire, le tissu idéologique, les croyances et les mœurs d’une culture peuvent ainsi rester imperméables à tout apport extérieur. La consommation d’un individu n’affecte ainsi en rien son identité culturelle. 10 Une société se caractérise par des relations de sociabilité et de solidarité qui en dessinent la structure. Un marché est un lieu anonyme de maximisation des profits. Le marché ne laisse pas alors place, a priori, à des calculs autres que rationnels. La concurrence peut ainsi entraîner le délitement du lien social et le déclin des engagements citoyens. Plusieurs exemples peuvent illustrer les dérives du marché en matière de citoyenneté : discriminations à l’embauche, exploitation des travailleurs des pays accueillant les délocalisations, pollution… 11 Afin d’orienter la régulation marchande, l’État doit tenir deux grands rôles : un rôle défensif pour protéger les industries naissantes et assurer l’intérêt général, et un rôle offensif pour stimuler la croissance par des investissements et des choix rationnels de production. 12 Si le clonage thérapeutique est autorisé, le clonage reproductif reste, lui, interdit. Le port des masques symbolise alors les risques du clonage reproductif de l’espèce humaine qui, outre les problèmes médicaux, pose la question de l’individualité et de la liberté de chacun. La technique du clonage pose déjà des problèmes dans certains pays. Des sociétés du secteur des biotechnologies promettent ainsi à des personnes en détresse, suite au décès d’un de leurs proches, de faire revivre ce dernier par la voie du clonage. Les enjeux financiers sont conséquents et posent la question du prix de la vie. Vers la question de synthèse • Organisez vos idées Niveau économique Niveau social Efficacité du marché Nécessité des institutions • Autorégulation par la flexibilité des prix et l’ajustement de l’offre et de la demande • Les intérêts particuliers concourent à l’intérêt général • Socialisation par le marché • Interdépendance dans la satisfaction des besoins • Liberté et égalité des individus face au marché • Concurrence imparfaite • Abus de pouvoir • Non-respect des normes • Intérêt général non atteint • Accroissement des inégalités et des discriminations • Durcissement de la compétition sociale • Montée de la pauvreté et de l’exclusion • Concurrence des États • Conflits d’intérêt • Inégalités de développement entre États • Dérives éthiques du marché • Destruction de la culture au profit d’un « consumérisme culturel » • Occidentalisation des modes de vie, voire déculturation Niveau politique • Pacification des relations politiques • Démocratie favorisée par le libéralisme Niveau culturel • Enrichissement culturel par la diffusion des modes de vie et les phénomènes d’acculturation © Magnard – 2005 83 • Rédigez Si la théorie néoclassique accorde au marché une capacité d’autorégulation, se pose la question du rôle des institutions. La régulation marchande peut être efficace. Le marché est le lieu de rencontre de l’offre et de la demande sur lequel s’établissent les prix. Pour les libéraux, la loi de l’offre et de la demande explique un équilibre durable sur l’ensemble des marchés, l’ajustement découlant de la flexibilité des prix. Les intérêts particuliers concourent à l’intérêt général. Le marché permet ainsi une socialisation des candidats à l’échange devant respecter des normes et des règles sociales. Le marché rend les individus interdépendants dans la satisfaction de leurs besoins, ce qui entraîne solidarité et ordre social. De plus, le marché étant un système d’échanges neutre, anonyme et immédiat, il assure l’égalité et la liberté de chacun face à l’échange. Au niveau politique, les intérêts marchands expliquent des relations pacifiques et stables entre les États. Le libéralisme permet de consolider la démocratie qui, à son tour, va stimuler les initiatives privées et les échanges marchands. Enfin, la logique marchande et l’ouverture libérale des économies supposent une diffusion des modes de vie, un enrichissement des cultures locales par apport d’éléments extérieurs, voire des phénomènes d’acculturation. Le marché présente cependant des limites, nécessitant l’intervention des institutions. Au niveau économique, les situations de concurrence imparfaite et les abus de pouvoir supposent un encadrement et un contrôle du marché, afin de protéger les intérêts des travailleurs et des consommateurs. Le non-respect de certaines normes ou l’absence de prise en compte de l’intérêt général dans le calcul marchand appellent également l’intervention d’institutions. En outre, l’extension de la logique marchande entraîne un accroissement des inégalités et des discriminations ainsi qu’un durcissement de la compétition sociale. La diffusion du libéralisme s’accompagne ainsi de la montée de la pauvreté et de l’exclusion dans des pays dits « riches » et dans les pays en développement. De même, les États sont mis en concurrence et font l’objet de conflits d’intérêt. On observe alors de fortes disparités de développement entre États. Qui plus est, l’extension des relations à caractère marchand fait craindre une « marchandisation » de la société, posant directement des problèmes éthiques. Enfin, le marché présente des effets pervers en matière culturelle. La culture se voit supplantée par une forme de « consumérisme culturel » à la base d’une occidentalisation des modes de vie et de phénomènes de déculturation. Il apparaît ainsi que la régulation marchande peut s’avérer efficace, à la condition qu’elle fasse l’objet d’un encadrement et d’une orientation par les institutions veillant au respect de l’équilibre économique, social, politique et culturel. Testez vos connaissances (p. 201) Vrai ou faux 2 1. F ; 2. F ; 3. V. ; 4. V. ; 5. F ; 6. F ; 7. F Phrases à trous Le Conseil de la concurrence veille à la multiplicité des producteurs sur le marché afin d’éviter les abus de position dominante qui peuvent pénaliser le consommateur par une hausse des prix. Les Prud’hommes règlent les conflits individuels opposant les salariés à leurs employeurs. Les tribunaux de commerce assurent la protection de l’acheteur face au vendeur. Toutes ces institutions sont nécessaires au bon fonctionnement du marché. En effet, le marché ne parvient pas à s’autoréguler, d’où l’importance de défendre les intérêts du consommateur et du salarié. Définition au choix Réponse 3 Exercice d’application 1 84 La loi NRE adoptée en 2001 oblige les entreprises à publier, chaque année, un certain nombre de données sur l’impact social et environnemental de leur activité. 3 4 La responsabilité sociale des entreprises les oblige à tenir compte des paramètres sociaux, environnementaux ou éthiques relatifs à leur activité économique. Il s’agit de dépasser la vision purement monétaire de la production pour tenter de concilier la création de richesses avec les grands équilibres et l’idée de bien-être. Plusieurs marques utilisent la publicité pour promouvoir leur responsabilité sociale : Benetton, Adidas, Méo… Les entreprises peuvent améliorer leur résultat social et environnemental dans les pays en développement de plusieurs manières : création ou consolidation de syndicats de salariés, amélioration des conditions de travail (temps de travail, rémunération, conditions sanitaires…), participation des salariés aux décisions des entreprises, transparence dans la gestion financière, développement et utilisation des énergies renouvelables, participation au développement de l’économie locale, charte en matière de pollution, respect des spécificités socioculturelles des populations locales… © Magnard – 2005 Chapitre 8 : Les fondements et les moyens deChapitre l'action des 7 : Marché pouvoirs et publics société Chapitre 8 : Les fondements et les moyens de l’action des pouvoirs publics Utilisation des documents de sensibilisation (pp. 204-205) • Le choix des iconographies est motivé par la volonté de mettre en relation les moyens des pouvoirs publics (l'impôt) et l'utilisation de l'impôt par l'État (le financement des grands travaux). Il permet aussi d'illustrer la fonction de régulation de manière implicite. Par l'intermédiaire de l'impôt, l'État finance des grands travaux qui permettent de relancer l'économie. • La citation extraite de l'ouvrage de Robert Castel montre le rôle de la fonction de redistribution : pallier les défaillances du marché et assurer contre les risques sociaux… • À ce propos, la BD illustre la problématique suivante : L'État doit-il se limiter aux fonctions régaliennes, l'assistance des personnes ne pouvant pas assumer leur indépendance financière relèverait alors de l'aide privée (recours à la charité ?) ? L'État providence doit-il prendre en charge les différents risques sociaux (chômage, maladie, famille et retraite) en les finançant de manière collective avec, pour corollaire, l'aggravation des déficits publics ? Réponses aux questions I. La fonction d’allocation (pp. 206-213) Document 1 1 Selon Adam Smith, chacun doit se comporter de manière égoïste. Animés par leur intérêt particulier, les individus contribuent inconsciemment à l'intérêt général, comme si une main invisible coordonnait les intérêts particuliers afin de les faire converger vers l'intérêt général. 2 L'État doit intervenir dans l'économie dès lors que la main invisible échoue à réaliser l'équilibre collectif. 3 Les secteurs de l'économie concernés sont les infrastructures (les routes, les canaux, les ponts, les ports) et l'école. 4 En France, l'école relève toujours de l'État. Quant aux infrastructures, l'État n'a plus le monopole de leur gestion. Le viaduc de Millau est une construction financée par des capitaux privés (cf. Doc 21 p55). Les sociétés de péage ont été privatisées. En revanche, certaines infrastructures (réseaux ferrés, réseaux électriques…) restent sous la tutelle de l'État. Document 2 5 La concurrence est pure et parfaite si elle répond aux cinq critères suivants : l'homogénéité des produits, l'atomicité, la libre entrée sur le marché, une information parfaite et la mobilité des facteurs de production. 6 Une situation est optimale au sens de Pareto quand il n'est pas possible d'améliorer le bien-être de quelqu'un sans modifier celui des autres. C'est la meilleure situation économique possible. 7 À l'équilibre sur le marché, l'offre est égale à la demande. Les acheteurs et les vendeurs sont satisfaits : il n'y a ni pénurie, ni surproduction. L'allocation est optimale car il n'y a pas de gaspillage des ressources. 8 Dans la situation où l'on peut améliorer la situation des uns sans détériorer celles des autres, on n'est pas encore à l'optimum. La combinaison choisie est sous-optimale. Soit deux agents économiques ; si l'un peut encore augmenter sa production sans léser l'autre, on se trouve dans une situation sousoptimale. Document 3 9 Cette activité n'est pas optimale au sens de Pareto car l'augmentation de la production est source de pollution et détériore l'environnement et par conséquent le bien-être de ceux qui subissent la pollution. 10 La pollution n'est pas échangeable sur le marché si on ne définit pas des droits de propriété sur la pollution. Elle n'a donc pas de prix. 11 Non, car l'entreprise est animée par la recherche du profit : si polluer ne lui coûte rien, elle n'est aucunement incitée à réduire sa pollution. Document 4 12 Les rendements d'échelle mettent en relation la variation des facteurs de production (cause) et ses effets sur la production (conséquence). Si le doublement de la quantité de facteurs de production se traduit par : • un doublement de la production, alors les rendements d'échelle sont constants ; • la division de la production par deux, alors les rendements d'échelles sont décroissants. • un triplement de la production, alors ils sont croissants. 13 Pour les néoclassiques, le marché est défaillant en cas de monopole naturel et d'externalités. 14 Le marché reste le mode de coordination le plus efficace. L'État n'intervient qu'en dernier ressort, quand le marché est défaillant. Document 5 15 Les usagers sont les utilisateurs des services publics non marchands. Cette notion est différente de la notion de client qui exprime une relation marchande. © Magnard – 2005 85 16 Un bien non rival est un bien consommé par une collectivité sans que la consommation des uns n'altère la consommation des autres. L'éclairage public est un bien non rival. Sa consommation est collective. Lorsqu'un passant jouit d'un éclairage public, le passant suivant profite du même éclairage. La consommation de l'un n'altère pas la consommation de l'autre. Un bien non exclusif est un bien dont on ne peut exclure les usagers qui en refusent l'accès. La défense est un bien non exclusif. On ne peut exonérer d'impôts les pacifistes qui refusent de financer la défense nationale. 17 Type de bien Bien rival ou non rival ? Bien exclusif ou non exclusif ? Accès payant ou libre ? Financement privé ou public pur ? Bien mixte ou public ? La projection d'un film L’éclairage public Non rival Non rival Exclusif Non exclusif Payant Libre Privé Public pur Mixte Public 18 Les biens publics purs sont rivaux et non exclusifs. L'usage de ce bien est collectif et accessible à tous. Il est difficile de fixer un prix pour chaque usager. Par conséquent, le marché ne peut allouer efficacement ce type de biens. 19 Pour financer un bien collectif en l'absence de prix, le financement collectif par l'impôt s'avère plus adapté. Document 6 20 Il est difficile de fixer un prix pour chaque passant. D'une part, cela serait coûteux. Il faudrait trouver un système de paiement (une caisse sous chaque réverbère !). Il serait difficile de fixer un prix, d'interdire l'accès du bien à ceux qui ne sont pas solvables… Il s'agit de montrer aux élèves le problème que pose la fixation du prix d'un bien collectif. 21 Un entrepreneur privé ne peut pas produire de l'éclairage public dans la mesure où il est difficile de fixer un prix. De plus cette production n'est pas rentable. 22 Amener les élèves à montrer qu'il est difficile de faire payer chaque consommateur individuellement. Le financement collectif par l'impôt résout donc ce problème. Document 7 23 Voir définition. 24 L'activité de production de l'entreprise en polluant produit des dommages sur lesquels il n'existe aucun droit de propriété. Par conséquent, il n'est pas possible de les échanger sur un marché, donc ils n'ont pas de prix (le prix étant le résultat de la confrontation de l'offre et de la demande). L'entreprise peut continuer de polluer sans en assumer les coûts (effet externe négatif ). Les fruits de la recherche de l'entreprise produisent des avantages sur lesquels il n'existe aucun droit de propriété. Par conséquent, il n'est pas possible de les échanger sur un marché, ils n'ont pas de prix. 86 L'entreprise n'est pas incitée à poursuivre les efforts dans la recherche car les autres entreprises jouissent de ces efforts sans lui verser de compensation financière. 25 L'État peut intervenir pour pallier les défaillances du système de prix. Il peut rendre coûteux la pollution afin d'inciter les entreprises à moins polluer, dans l'intérêt général. Il peut investir dans la recherche. L'État œuvre pour l'intérêt général : l'investissement dans la recherche publique engendre des effets externes positifs qui profitent à l'ensemble de la collectivité. 26 Amener les élèves à se poser la question : comment l'État peut-il rendre coûteux pour les entreprises la pollution (les amener aux taxes) ? Montrer aux élèves les limites du financement privé de la recherche (intérêt privé) et les effets externes positif de la recherche publique (intérêt général). Document 8 27 Plus le niveau de la production augmente, plus le coût par unité produite baisse. Une entreprise, en assurant seule la production, peut répartir les coûts plus efficacement par rapport à la situation où elle partagerait le marché avec des entreprises concurrentes. 28 Augmentation de la production → baisse des coûts moyens → une seule entreprise est plus efficace que plusieurs en cas de rendements d'échelle croissant → monopole naturel. 29 Aujourd'hui le transport aérien n'est plus en situation de monopole naturel mais de concurrence. Plusieurs compagnies concurrentes peuvent proposer le même trajet. Le TGV : les coûts moyens de construction du chemin de fer décroissent avec l'augmentation du trafic. Le réseau de chemin de fer est un monopole naturel car en confiant la gestion des réseaux ferrés à une seule entreprise, on peut répartir les coûts fixes sur un plus grand nombre d'usagers (rendements d'échelle croissants). Document 9 30 La présence de plusieurs réseaux concurrents ne permettrait pas de réaliser des rendements d'échelles croissants. En effet, quand des investissements lourds doivent être réalisés, ceux-ci ne pourraient pas être amortis par un niveau élevé de production car les entreprises devraient se répartir le marché. Même quand les investissement lourds ne sont pas nécessaires (la poste), cela éviterait de multiplier les infrastructures. La production serait donc plus efficace économiquement. 31 Les acteurs publics, en instaurant un monopole, permettraient la réalisation de rendements d'échelles croissants. 32 En ce qui concerne la justice et la police, l'intervention de l'État trouve son fondement dans la question de la neutralité. Un juge privé serait partial, son jugement pourrait être influencé si le service rendu était marchand. C'est pourquoi les juges sont des fonctionnaires d'État. Document 10 33 Le bénéfice est égal au chiffre d'affaires auquel on soustrait les coûts de production. Les impôts sont © Magnard – 2005 Chapitre 8 : Les fondements et les moyens deChapitre l'action des 7 : Marché pouvoirs et publics société 34 35 36 37 nécessaire pour construire un réseau ne peut être amorti qu'à condition qu'une seule entreprise l'exploite. La présence d'un second réseau serait antiéconomique car elle ne permettrait pas de réaliser des rendements d'échelle croissants. 43 La libéralisation du marché de l'électricité a pour conséquence l'utilisation du réseau d'EDF par ses concurrents. 44 La privatisation d'EDF prévue pour 2006 ne remettra pas en cause le monopole public de l'infrastructure pour des raisons économiques (économies d'échelles) et pour des raisons stratégiques (l'alimentation en électricité est vitale pour l'économie). inclus dans les coûts de production. Par conséquent, plus les impôts sont importants, plus les bénéfices diminuent (rappeler que le bénéfice est un résidu). Une taxe sur la pollution aurait un effet négatif sur les bénéfices. La taxe est proportionnelle au niveau de pollution. Une norme fixe le niveau de pollution à ne pas dépasser. En rendant coûteux pour les entreprises les effets de la pollution, l'État contraint les entreprises à les intégrer dans leurs coûts. C'est l'internalisation des effets externes. L'État, en introduisant des taxes, permet d'allouer plus efficacement les ressources que le marché en présence d'effets externes. Le marché ne parvient pas à fixer un prix à la pollution et par conséquent rien n'incite le pollueur à la maîtriser. L'État dispose d'instruments (les taxes et les normes) qui permettent de réguler la pollution. (cf. ci-dessus). Le tri sélectif : le changement de comportement passe par des campagnes d'information, en montrant le coût du traitement des déchets non triés, qui peut se répercuter sur les taxes sur les ordures ménagères. Document 14 45 La symbiose industrielle consiste à mettre en relation les différentes activités industrielles afin que rien ne se perde et que tout se transforme. Le surplus des uns devient de l'énergie pour les autres. Cela permet de réduire les effets externes. Cette mise en relation peut se faire spontanément par le marché ou par l'intermédiaire de l'État quand le marché s'avère défaillant. La raffinerie de Statoil fournit à la centrale électrique d'Asnaes de l'eau de refroidissement et un surplus de gaz. En échange, la centrale vend de la vapeur à la raffinerie. La raffinerie offre du souffre à un fabricant d'acide sulfurique et de l'eau chaude pour des serres. La centrale électrique vend de la vapeur et de la chaleur à l'usine pharmaceutique de Novo Nordisk ainsi que de l'eau chaude à la ville de Kalundborg. 46 Certes, cette symbiose est née de l'échange spontané. La coordination par le marché a permis d'allouer de manière rentable les ressources. Cependant, l'intervention des pouvoirs publics est nécessaire pour dépasser les limites rencontrées par le marché et favoriser le développement de cette symbiose. 47 L'État intervient financièrement en offrant des subventions directes ou indirectes. Les pouvoirs publics peuvent aussi développer les infrastructures et mettre en relation les différents acteurs impliqués dans la symbiose. Ainsi, l'État par son intervention permet de réduire les coûts de transaction. 48 Les entreprises sont animées par une recherche de la rentabilité à court terme. L'intérêt individuel prime sur l'intérêt collectif. L'intervention de l'État trouve son fondement dans les projets dont la rentabilité est à long terme et qui génèrent des bénéfices pour l'ensemble de la collectivité. Document 11 38 L'introduction de taxes permet d'allouer plus efficacement les ressources car elles permettent la réduction des effets externes négatifs. En effet, dans les deux cas l'introduction de taxes se traduit par une réduction de la pollution. Document 12 39 Les services publics en réseau nécessitent un investissement important pour la construction du réseau (électrique, ferré ou téléphonique…). L'infrastructure de ces services possède donc les caractéristiques d'un monopole naturel puisque les rendements d'échelle sont croissants. 40 La privatisation de ce type de services est rendue possible par la séparation de l'infrastructure des services offerts à partir de cette infrastructure. En effet, la gestion de l'infrastructure serait peu rentable pour une entreprise privée. 41 Ces services peuvent être mis en concurrence à condition que l'État prenne en charge la gestion de l'infrastructure. La concurrence s'effectue alors sur le plan de l'utilisation des services (collectivisation des pertes, privatisation des profits). Document 13 42 Le réseau à haute tension de l'électricité est considéré comme un monopole naturel car l'investissement Faites le point Cas où le marché est défaillant Explications (A, B, C) Modes d’intervention de l’État (1 ou 2) Les externalités C 1 Les biens publics B 2 Le monopole naturel A 2 © Magnard – 2005 87 II. La fonction de redistribution (pp. 214-221) Document 15 49 Un risque social est un événement qui compromet la capacité des individus à assurer eux-mêmes leur indépendance sociale. Le chômage est un risque social dans la mesure où la perte de l'emploi, et par conséquent de la rémunération, ne permet plus à l'individu d'être autonome financièrement, de subvenir à ses besoins. 50 L'individu se trouve en situation d'insécurité dès lors qu'il n'est pas assuré contre ces risques sociaux. Le chômeur se trouve en insécurité dans une société sans assurance-chômage. Il peut prendre une assurance privée qui serait très coûteuse. 58 Le système bismarckien assure le travailleur. Par conséquent, le SDF ne serait pas couvert par ce système. 59 Le système béveridgien prévoit un mode de financement par l'impôt. Ainsi, sont protégés ceux qui ne contribuent pas au financement de la protection sociale. Document 15 60 La Sécurité sociale comprend trois branches famille, assurance-maladie et assurance-vieillesse. 61 Les assurances sociales comprennent la Sécurité sociale et l'assurance-chômage. Elles sont financées par les cotisations sociales. 62 En bénéficient ceux qui contribuent, selon une logique d'assurance, et ceux qui ne contribuent pas, selon une logique d'assistance. 63 L'assurance-chômage repose sur un principe d'assurance (les personnes privées d'emploi ayant cotisé perçoivent des allocations chômage) et sur un principe d'assistance (les personnes en fin de droits perçoivent sans contrepartie l'allocation de sujétion spéciale). Document 16 51 Le risque social à la différence des autres risques doit être défini préalablement. En effet, le politique doit définir ce qu'est un risque social afin de déterminer ce qui doit relever de la protection sociale. La perte d'emploi, la maladie et la vieillesse sont considérées comme des risques sociaux. L'assurance contre ces risques sera par conséquent collective tandis que la perte d'un logement ne sera pas définie comme un risque social et par conséquent ne fera pas l'objet d'une assurance sociale. 52 Dans cette loi, l'ouvrier qui a un accident du travail perçoit une indemnité. Incapable d'assurer son autonomie financière, il est assuré. La société reconnaît que le fait de travailler engendre un risque d'accident du travail. 53 Le bénéficiaire de la protection sociale est le travailleur. La perte du travail met le salarié en situation de dépendance, il n'est plus en mesure d'assurer son autonomie financière. Montrer aux élèves le lien entre salariat et protection sociale. Document 20 64 Un minimum social est la valeur minimale de certaines prestations sociales qui sont attribuées aux couches sociales les plus défavorisées : revenu minimum d'insertion (RMI), Allocation de solidarité spécifique (ASS), Minimum vieillesse… 65 Ils sont financés pour la plupart par les impôts. 66 Ils relèvent dans ce cas d'une logique d'assistance. Document 21 67 Dans une logique d'assistance, le citoyen est protégé contre les risques sociaux sans contrepartie. Dans une logique d'assurance, le travailleur est protégé contre les risques sociaux en contrepartie d'une contribution. 68 Dans une logique bismarckienne, le travailleur bénéficie d'une assurance. Ses droits proviennent du fait qu'il paie des cotisations sociales prélevées sur son salaire. 69 Dans une logique béveridigienne, tous les citoyens bénéficient d'une assistance. La protection contre les risques sociaux est assise sur un principe d'universalité. 70 La protection sociale en France est un système hybride car les deux logiques (assurance et assistance) cohabitent. Document 17 54 L'ouvrier contribue au financement de la protection sociale en payant des cotisations sociales qui sont prélevées sur son salaire. 55 L'ouvrier et le SDF bénéficient de la protection sociale. 56 L'ouvrier reçoit des prestations sociales en contrepartie de ses cotisations (assurance-chômage, allocations familiales). Le SDF perçoit des aides sociales, dans le cadre de l'assistance (RMI). Document 18 57 Dans le système béveridgien, l'ouvrier et le SDF seraient tous deux protégés. En effet, ce système a pour vocation de protéger l'ensemble des citoyens. Faites le point Logique d’assistance RMI X Allocation chômage X Minimum vieillesse X Couverture maladie universelle X Pension de retraite 88 Logique d’assurance X © Magnard – 2005 Chapitre 8 : Les fondements et les moyens deChapitre l'action des 7 : Marché pouvoirs et publics société Document 22 71 Égalité des droits : les individus sont égaux en droits (Égalité de traitement devant la justice, du droit de propriété, de liberté de penser). Les privilèges liés à la naissance sont abolis. Égalité des chances : les conditions de départ faites aux individus dans leur vie sociale doivent être égales. Les individus ont tous la possibilité d'accéder aux positions sociales les plus élevées. Égalité socio-économique : concerne l'égalité d'accès à la santé, aux études, devant la mort… 72 Il s'agit ici de l'égalité des droits et des chances. Document 23 73 L'action des pouvoirs publics agit en amont pour favoriser au départ l'égalité des chances afin de donner à chacun la possibilité d'accéder aux positions sociales les plus élevées (création des zones d'éducation prioritaire, par exemple) et en aval, pour réduire les inégalités socio-économiques à l'arrivée. En effet, l'égalité des chances n'empêche pas les inégalités socio-économiques mais les légitime. En effet, chacun selon son mérite parvient à des positions inégales sur l'échelle sociale. L'État par des politiques de redistribution (impôt progressif, service public) va tenter de réduire ces inégalités. Ainsi, l'égalité, principe républicain fondamental, prend corps dans la réalité socio-économique. 74 Alors que le montant de l'impôt sur le revenu est calculé en tenant compte des ressources (impôt progressif ), la TVA est la même pour tous. 75 L'impôt sur le revenu est plus juste car il est progressif, il dépend des ressources. 76 Les biens et services collectifs sont financés par la collectivité. Ils sont accessibles à tous gratuitement (éducation). Le développement de ces services permet de réduire les inégalités car ils sont accessibles à tous les individus solvables et non solvables. Exercice, p. 218 1. La taxation progressive croît avec le niveau du revenu. En effet, partant du principe que les tranches supérieures du revenu sont affectées aux dépenses superflues, le taux de prélèvement croît avec la ressource taxée. 2. Pour 600 euros, le montant de l'impôt est nul puisque le taux de prélèvement est de 0 % entre 0 et 1 000. Pour 1200 euros, le montant d'imposition est de 20 euros (0 x 1 000 +200 x 0,1). Pour 3000 euros, le montant d'imposition est de 250 euros (0x1000+1 000 x 0,1+1 000 x 0,15). Document 24 77 Voir repère. 78 Pour mesurer l'effet de l'impôt sur la réduction des inégalités, il ne faut pas raisonner sur le montant de l'impôt mais sur la redistribution de celui-ci (la structure). 79 L'impôt sur le revenu en France est progressif, il permet la redistribution et donc la réduction des inégalités. Mais la part de cet impôt dans l'ensemble des impôts est la plus faible, et limite donc son rôle dans la réduction des inégalités. Document 25 80 Les 10 % de personnes ayant les revenus les plus faibles perçoivent 2 % des revenus déclarés et 3 % des revenus disponibles après redistribution. Les 10 % des personnes ayant les revenus les plus élevés perçoivent 28 % des revenus déclarés et 24 % des revenus après impôts. 81 Le cinquième décile représente la médiane. 82 La redistribution ne permet pas vraiment de réduire les inégalités, car la différence entre le pourcentage des revenus déclarés et des revenus disponibles après redistribution est faible pour les 5 premiers déciles comme pour les suivants. Document 26 83 Voir lexique. 84 Le principe de liberté pose la question de l'égalité des droits et de l'égalité politique (droit de vote, liberté d'opinion…). Le principe de différence admet que les inégalités sont justes si elles profitent aux plus défavorisés, ou si elles sont le produit de l'égalité des chances. 85 Il faut tenir compte des inégalités de départ pour doter les individus si l'on veut respecter le principe de l'égalité des chances. Les individus qui ont des handicaps de départ liés à des caractéristiques physiques ou à leur origine sociale doivent être mieux dotés que les autres afin de disposer des mêmes chances d'accéder aux positions sociales les plus élevées. L'équité qui revient à donner plus à ceux qui ont moins permet à chacun de bénéficier des mêmes conditions de départ. En ce sens, l'équité n'est pas incompatible avec l'égalité. 86 Si les conditions de l'égalité des chances sont respectées, les inégalités sont liées au mérite de chacun. Dès lors, elles sont légitimes, donc justes. Document 27 87 La politique de discrimination positive consiste à donner des droits supplémentaires à des populations qui ont été victimes plus que d'autres de discriminations, afin de favoriser l'égalité des chances au départ. Par exemple, fixer des quotas pour recruter des gardiens de la paix d'origine immigrée relève de la discrimination positive. 88 Cette politique peut contredire pour certains le principe de l'égalité républicaine dans le sens où des dérogations sont accordées à certains groupes. Cela déroge au principe de l'égalité des individus. Document 28 89 C'est une mesure de discrimination positive puisque certains élèves, du fait de leur origine sociale et scolaire (élève de lycées en zone d'éducation prioritaire), bénéficient de conditions particulières de recrutement (un entretien de quarante minute sur la base d'un dossier de presse à la place d'un concours). 90 • Les partisans. Le recrutement à l'IEP bénéficie prioritairement aux enfants de cadres. Permettre l'accès des enfants venant de lycée en ZEP, par une procédure dérogatoire, est certes inégal mais juste. En effet, © Magnard – 2005 89 cette procédure permet de compenser les inégales dotations de départ de ces élèves, sur le plan du capital culturel notamment. • Les détracteurs. Ce mode de recrutement déroge à la règle de l'égalité républicaine sur lequel se fonde le concours d'entrée. C'est donc inégal et injuste. 91 Cette mesure peut engendrer une stigmatisation de ces étudiants qui, n'ayant pas été recruté selon les mêmes procédures que les autres, pourraient être considérés comme des étudiants illégitimes. Faites le point La production de biens et de services permet la répartition de revenus primaires (ou revenus d'activité) : les revenus du travail (salaires), du capital (loyers, intérêts, dividendes…) et mixtes (revenu des entreprises individuelles…). Ces revenus primaires sont soumis aux cotisations sociales et à l'impôt, c'est-à-dire à des prélèvements obligatoires qui alimentent le budget de l'État et des assurances sociales. Les agents économiques perçoivent des revenus sociaux (allocations chômage, retraites…). Ils disposent alors d'un revenu disponible brut. III. La fonction de régulation (pp. 222-227) Document 29 92 Le montant des dépenses publiques est de 806 milliards d'euros (261+417+128). 93 La répartition des dépenses publiques est la suivante : • Part des dépenses de l'État dans les dépenses publiques=261/806 (32%) ; • Part des dépenses de protection sociale dans les dépenses publiques=417/806 (51,7%) ; • Part des dépenses des collectivités locales dans les dépenses publiques=128/806 (16%). La part la plus importante des dépenses publiques est consacrée à la protection sociale. 94 Les fonctions régaliennes de l'État sont la défense, l'intérieur (sécurité intérieure et liberté locale) et la justice. Elles représentent 22,5 % des dépenses de l'État… Elles ne représentent qu'une part peu importante du budget par rapport aux dépenses liées à la sphère sociale. 95 Les dépenses d'emploi sont prises en charge par l'État (travail, santé et solidarité), la protection sociale et les collectivités locales (action économique). 96 Les dépenses d'éducation sont prises en charge par l'État (ministère de l'Éducation nationale) et les collectivités locales (les communes financent les écoles, les départements les collèges et les régions les lycées). 97 Les dépenses publiques affectées par l'augmentation du chômage sont principalement les dépenses de chômage dans le poste emploi (%) et les dépenses de l'État liées à la solidarité (Chômage de longue durée…). 98 La décentralisation transfère des dépenses assurées par l'État central aux collectivités locales. Par conséquent, cela risquerait d'augmenter leurs dépenses et de se traduire par une augmentation des impôts locaux. Document 30 99 Les prélèvements obligatoires sont les impôts et les cotisations sociales. 100 La redevance télé et l'assurance automobile ne sont pas des prélèvements obligatoires, car elles ne sont pas payées à des APU. 101 Les cotisations sociales sont versées à des APU, plus précisément aux organismes de Sécurité sociale. De 90 plus, tout salarié se voit prélever de manière obligatoire des cotisations sociales ; la contrepartie n'est pas immédiate car les biens portants paient des cotisations pour les malades, les actifs pour les retraités… Document 31 102 Sur 100 euros de PIB, 43,8 sont des prélèvements obligatoires. 103 Entre 1981 et 1999, le taux de prélèvement obligatoire augmente de 4,7 points (45,8 -41,8), pour décroître ensuite entre 1999 et 2003 de deux points (45,8 43,8) 104 Les prélèvements de la Sécurité sociale en pourcentage du PIB progressent régulièrement entre 1986 et 2002, passant de 19 % à 21,5 % du PIB. Les prélèvements de l'État en pourcentage du PIB diminuent de 3 points entre 1986 et 1994, passant de 19 % à 16 % du PIB. Ils progressent de 1994 à 2000 pour atteindre 18 % du PIB. À partir de 1999, les prélèvements de l'État diminuent pour atteindre 16 % du PIB en 2002. Sur l'ensemble de la période, les prélèvements de l'État diminuent. Document 32 105 La part des cotisations sociales dans les prélèvements obligatoires est la plus importante. Montant en milliards d'euros Part dans l'ensemble des PO État 237,6 40,3 % Impôts locaux 46,5 7,9 305 51,8 589,1 100 Sécurité sociale Total des PO Document 33 106 Le coût du travail comprend le salaire net, les cotisations sociales à la charge du salarié et les cotisations sociales à la charge de l'employeur. La protection sociale étant financée par les cotisations sociales, le coût du travail dépend donc en partie du poids du financement de la protection sociale. 107 La CSG n'est pas seulement prélevée sur les revenus du travail, elle s'étend aussi aux revenus du patrimoine. Par conséquent, la CSG permet d'alléger le coût du travail puisqu'elle fait supporter le financement de la protection sociale à d'autres revenus. De © Magnard – 2005 Chapitre 8 : Les fondements et les moyens deChapitre l'action des 7 : Marché pouvoirs et publics société plus, elle est plus équitable car elle affecte toutes les sources de revenus. Avant la CSG, le financement de la protection sociale reposait sur le salariat. 108 La CSG est un impôt qui n'est pas affecté au budget de l'État mais à la Sécurité sociale. La CSG montre que le système de protection sociale français tend vers une plus grande fiscalisation (financement par l'impôt des risques sociaux, cf. modèle béveridgien). C'est un système hybride qui repose à la fois sur un financement par les cotisations sociales et par l'impôt. Document 34 109 L'entreprise détermine le niveau de la production exante en fonction de la demande de biens de consommation et de production qu'elle anticipe. C'est la demande effective. 110 Le niveau de l'emploi dépend ici de la demande effective. L'entreprise anticipe donc un niveau de la demande et fixe le niveau de production correspondant. Elle fixe ensuite le niveau de l'emploi nécessaire pour réaliser ce niveau de production. 111 Le niveau de la demande anticipée nécessite un niveau de l'emploi qui n'est pas forcément égal à celui de la population active. Une partie de la population active sera occupée pour répondre à la demande effective, l'autre partie restera au chômage. 112 L'État intervient pour agir sur la demande. En effet, en redistribuant des revenus, il permet d'augmenter la consommation. Ainsi, ce surcroît de demande permet aux entrepreneurs d'embaucher la partie de la population active inoccupée pour répondre aux nouveaux débouchés. Document 35 113 Au-delà du seuil de solvabilité, l'État n'est plus en mesure de rembourser ses dettes et entre en crise financière. Or, nos pays sont éloignés du seuil au-delà duquel ils ne sont plus en mesure de rembourser (à la différence des pays pauvres). 114 Une politique contra-cyclique est une politique qui a pour objectif de lisser le cycle économique. En période de récession, de ralentissement de l'activité économique, le gouvernement met en place une politique de relance de la demande pour stimuler la production et l'emploi. En période d'expansion, la politique contracyclique consiste au contraire à maîtriser l'activité économique. 115 Une politique keynésienne est une politique contracyclique dans le sens où, en période de ralentissement économique marquée par du chômage, le gouvernement va relancer la demande et la production par une politique expansive de redistribution des revenus. Document 36 116 Le chômage des années 1930 est dû aux conséquences de la crise de 1929. 117 Le gouvernement initie des programmes de grands travaux (reboisement, constructions de barrages, construction de routes…). Ces politiques sont novatrices dans le sens où l'État prend des mesures volontaristes. 118 L'objectif poursuivi est la réduction du chômage. L'État embauche des salariés. Les revenus distribués dans l'économie vont se traduire par une augmentation de la demande de biens de consommation. Les grands travaux stimulent aussi la demande de biens de production. L'augmentation de la demande de biens de consommation et d'investissement stimule la production et donc le niveau de l'emploi. Cela se traduit par une diminution du chômage de 7,2 millions en 1937. La BNF : un grand chantier comme celui de la BNF peut avoir des effets directs sur l'emploi. La construction de la bibliothèque est à l'origine de la création d'emplois dans le bâtiment et les travaux publics par exemple. Elle génère aussi des effets externes positifs. Les usagers de la bibliothèque iront se restaurer aux alentours de la bibliothèque. La demande supplémentaire dans le secteur de la restauration débouchera sur la création d'emplois, indirectement liés à la construction de la BNF. Document 37 119 Les ménages à bas revenus vont utiliser cette prime pour la consommation : achat d'équipements scolaires, de vêtements… 120 Cette prime agit sur un moteur important de la croissance : la consommation. Document 38 121 L'État central et les collectivités territoriales peuvent mener des politiques de grands travaux, créer des emplois de fonctionnaires et/ou revaloriser les traitements de ces derniers. 122 La protection sociale, par le versement d'indemnités maladie, d'allocations chômage, de pensions de retraite, distribue des revenus qui participent au soutien de la demande. Document 39 123 La propension moyenne à consommer est le rapport entre la consommation du ménage et son revenu. La propension marginale à consommer est le rapport entre l'augmentation de la consommation et l'augmentation du revenu. C'est la part du revenu supplémentaire (quand celui-ci augmente) qui est consacrée à la consommation. 124 La loi psychologique fondamentale nous enseigne que les plus hauts revenus consacrent une part plus importante à l'épargne par rapport aux bas revenus qui consomment une grande partie de leur revenu. 125 Pour Keynes, le moteur de la croissance est la consommation. Par conséquent, une politique de redistribution des hauts revenus – qui ont une plus forte propension à épargner – vers les plus bas revenus – qui ont une forte propension à consommer – stimule la consommation. Ainsi, en privilégiant les bas revenus, la politique de relance sera plus efficace. Document 40 126 Le revenu disponible est la somme des revenus primaires et de transferts auxquels on soustrait les prélèvements obligatoires. La distribution de prestations sociales augmente le revenu disponible. Celui-ci est consommé ou épargné. Les entreprises anticipent une © Magnard – 2005 91 forte que le revenu est faible ; pour les hauts revenus, tout accroissement du revenu est affecté (ici à 80 %) à l'augmentation de l'épargne. • La loi psychologique de Keynes est donc bien vérifiée. augmentation de la demande, augmentent le niveau de la production et donc embauchent pour répondre à ces nouveaux débouchés. Cela a pour conséquence une baisse du chômage. Exercice p 227 • La part de la consommation dans le revenu représente la propension moyenne à consommer, la part de l'épargne la propension moyenne à épargner (lignes 1 et 2 du tableau). • Les propensions marginales représentent l'accroissement de la consommation et de l'épargne induit par une augmentation du revenu. On observe que la propension marginale à consommer est d'autant plus Ménage A Ménage B T1 T2 T1 T2 PMC 95,5 % 95 % 71,1 % 66 % PME 4,5 5 28,9 34 PmC - 90,9 % - 20 % PmE - 9,1 - 80 Faites le point Augmentation du revenu disponible → augmentation de la consommation ou des investissements publics → augmentation de la demande intérieure → baisse du chômage conjoncturel. Travaux dirigés. Vers le bac : Du « service public à la française » au « service universel » (pp.228-229) ces services étaient jusqu'ici du ressort de la puissance publique. Définir 1 2 3 4 5 92 Un bien public ou bien collectif est un bien non rival (les quantités consommées par les uns n'altèrent en rien les quantités disponibles pour les autres) et non exclusif (on ne peut pas exclure de la consommation ceux qui ne veulent pas payer, du fait du caractère indivisible du bien). La défense nationale et l'éclairage public sont des biens collectifs. Une activité productive crée une externalité négative quand elle produit des dommages sur autrui sans dédommagement (la pollution) et une externalité positive quand elle produit des avantages sans compensation financière (une innovation en l'absence de brevets). Un monopole naturel est une situation de monopole qui s'explique par la présence de rendements croissants ; une grande entreprise peut produire plus efficacement que plusieurs petites entreprises. Souvent, la puissance publique est propriétaire de ces monopoles naturels (SNCF, EDF). Les activités de service public sont des services collectifs réglementés par l'État. Ces services peuvent néanmoins être assurés aussi bien par l'État (les services de l'État civil), ou des entreprises privées (transport scolaire). Les services collectifs peuvent être gratuits (éducation) ou payants (eau). Le service public universel est un service minimal permettant l'égal accès de tous à certaines prestations essentielles à un prix abordable. La notion de coût est introduite dans la notion de service universel, ce qui ouvre la voie à la mise en concurrence des services publics. Le service public en réseau concerne les services qui nécessitent une infrastructure en réseau (réseau ferré, réseau téléphonique, réseau électrique…). Ces services ont les caractéristiques technologiques du monopole naturel. C'est pourquoi Interpréter 6 7 8 Le transport du courrier est un service public à la française car il en possède les principales caractéristiques. Le réseau de la poste permet de transporter le courrier en tout point sur le territoire. Le prix du timbre est le même partout en France (principe d'égal accès). La poste délivre le courrier rapidement et sans retard (principe de continuité). Néanmoins la poste privilégie aujourd'hui le transport du courrier aux entreprises, ce qui retarde l'acheminement du courrier aux particuliers. La création d'une filiale indépendante (EDF transport) chargée du transport de l'électricité fait craindre aux salariés d'EDF le démantèlement de l'entreprise. En effet, les concurrents pourront utiliser le réseau. De plus, l'entreprise perd une de ses activités les plus lucratives. C'est pourquoi les salariés manifestent leur attachement au service public. L'éducation produit des externalités positives sur l'économie car une main-d'œuvre instruite est polyvalente et productive. Les entreprises bénéficient donc grâce à l'éducation d'une main-d'œuvre qualifiée et plus performante. L'éducation permet donc d'améliorer les conditions de la croissance économique (introduire sans la nommer la notion de croissance endogène). Analyser 9 Les biens publics doivent être disponibles partout et en permanence. Selon une logique marchande, le prix du bien dépend des conditions de transport du bien. Par exemple, le prix du timbre serait élevé pour le transport du courrier vers des endroits reculés et faible dans les grandes villes. Ce raisonnement serait © Magnard – 2005 Chapitre 8 : Les fondements et les moyens deChapitre l'action des 7 : Marché pouvoirs et publics société 10 11 12 13 aussi valable pour le transport de l'électricité. Les biens publics, comme l'éducation, créent des externalités positives qui profitent à l'ensemble de l'économie. Selon une logique marchande, seuls auraient accès à l'éducation les agents solvables, limitant ainsi les effets sur l'économie. C'est pourquoi la production de biens publics selon une logique marchande peut s'avérer inadaptée. Le caractère de service public relève de critères qui ne dépendent pas seulement de critères économiques (voir monopole naturel). La finalité des services publics est la cohésion sociale. Tous les membres de la société doivent, qu'ils soient solvables ou non, pouvoir accéder à des prestations essentielles (éducation, transport du courrier, télécommunication, électricité, l'information…). C'est donc le politique qui choisit le modèle de société et qui décide de ce qui doit relever ou non du service public. Les services publics ne relèvent pas seulement de l'État. En effet, ils peuvent être assurés par des entreprises privées (distribution de l'eau, télévision). L'État confie à ces entreprises la tâche d'assurer des missions de services publics. Le service public universel, en introduisant la notion de prix abordable, laisse une plus grande place à la concurrence et donc au désengagement de l'État. Le service public à la française, en privilégiant l'égal accès et la continuité à des critères de rentabilité, laisse par conséquent plus de place à l'intervention de l'État. La privatisation de France Télécom ouvre à la concurrence les missions de service universel (tarifs sociaux, annuaires, pages jaunes). Ces services sont confiés à des entreprises privées qui vont fournir ces services selon une logique marchande. Vers la question de synthèse Organisez vos idées 1 • Les fondements économiques L'État est plus efficace que le marché dans le cas d'un monopole naturel du fait des rendements croissants. Par ailleurs l'intervention de l'État dans les services publics génère des externalités positives pour l'ensemble de l'économie. De plus, pour les biens collectifs, la logique marchande s'avère moins appropriée. • Les fondements sociaux L'État intervient dans la gestion des services publics pour assurer la cohésion sociale. • Les fondements politiques Le politique choisit un modèle social en fonction duquel il circonscrit le rôle de l'État dans la gestion des services public. Le concept de service public universel met en avant la notion de « prix abordable ». Il laisse par conséquent plus de place à la concurrence pour fournir les services publics. Cela explique la privatisation des entreprises publiques (France Télécom, EDF pour 2006…). L'État n'a plus le monopole de la décision de ce qui doit relever du service public. Les considérations sociales (la cohésion sociale) passent au second plan. Cela limite donc l'intervention de l'État. Rédigez 1 La gestion de l'État est plus efficace que celle des entreprises privées en cas de monopole naturel. En effet, les caractéristiques technologiques des services en réseau engendrent des rendements d'échelle croissants. Le coût de l'infrastructure ne peut être amorti que si une seule entreprise dessert le marché. C'est pourquoi l'État a détenu le monopole des services publics en réseau. La caractéristique des biens collectifs (non rival et non exclusif ) nécessite un financement collectif par l'impôt. La gestion de l'État s'impose ici. De plus, la gestion des services publics par l'État génère des externalités favorables pour l'ensemble de l'économie. L'investissement de l'État dans l'éducation, les infrastructures… améliore la productivité des entreprises (main-d'œuvre plus qualifiée, qualité du transport des marchandises…). La gestion par l'État des services publics permet d'assurer la cohésion sociale. En effet, l'accès à tous à l'éducation permet de faciliter l'intégration sociale De plus, l'égal accès au service public sur tout le territoire, au même coût, en continu permet de réduire les inégalités sociales. L'État définit quels sont les services publics qui doivent être gérés par lui. C'est une décision politique. Si les critères de cohésion sociale et d'égalité prévalent sur les critères de rentabilité, alors le rôle de l'État dans la gestion du service public est important. 2 Le concept de service public universel met en avant de la notion de « prix abordable ». L'introduction de la concurrence se traduit par un désengagement de l'État dans la gestion des services publics. En effet, les services publics en réseau ont été privatisés. L'infrastructure reste du ressort de l'État alors que les services sont en concurrence (France Télécom, EDF…) La notion de cohésion sociale est reléguée au second plan au bénéfice de la notion de service minimal. Quel échelon politique (national ou européen ?) va décider des domaines qui relèvent de la gestion par l'État des services publics ? Les objectifs de l'Union européenne seront déterminants à cet égard. 2 Testez vos connaissances (p. 231) Vrai ou faux ? 1 F ; 2. V ; 3. V ; 4. V ; 5. V ; 6. V ; 7. F. Définition au choix Réponse 3 © Magnard – 2005 93 Exercice d'application : Où vont les prélèvements obligatoires ? 1 En milliards d'euros Sécurité sociale 328.3 49 % Collectivités locales 75.6 11.3 % État et administration centrale 256.6 38.5 % 7.6 1.14 % 665.1 100 % Union européenne Total 2 3 4 Sur 100 euros de PO, 49 vont aux caisses de la Sécurité sociale. Un impôt est prélevé par l'État et une cotisation sociale par les administrations de Sécurité sociale. Prélèvements obligatoires 94 En pourcentage APU TVA État central Cotisations sociales Sécurité sociale Taxe d'habitation Collectivités locales Impôt sur le revenu État central CSG Sécurité sociale © Magnard – 2005 Chapitre 9 : L’action des Chapitre pouvoirs7publics : Marché enetquestion société Chapitre 9 : L'action des pouvoirs publics en question Utilisation des documents de sensibilisation (pp. 234-255) • La une de Libération vise à montrer que la réforme de la Sécurité sociale, et notamment ici celle de l'assurancemaladie, repose sur une prise en charge de plus en plus individuelle des risques sociaux, les patients étant de plus en plus sollicités. • L’anniversaire des Restos du cœur (association dont le financement repose sur les dons) illustre aussi une prise en charge individuelle de la pauvreté. En somme, l'État providence reposant sur un financement collectif des risques sociaux est remis en question. • Dans la BD, la contrainte budgétaire est illustrée par l'ancien ministre des finances : l'État doit gérer son budget comme un bon père de famille. L’ancien Premier ministre rappelle que la politique monétaire relève de la BCE qui est indépendante. Comment alors réduire les inégalités sous la contrainte budgétaire : ne faut-il pas augmenter les impôts ? La contrainte extérieure ne limite-t-elle pas les politiques de relance de la consommation ? • La citation extraite d'un ouvrage de J.-P. Fitoussi énonce le paradoxe auquel se trouvent confrontés les gouvernements : le creusement des inégalités rend nécessaire une intervention croissante de l'État, mais celle-ci est remise en cause par la mondialisation libérale. Réponses aux questions I. L’action des pouvoirs publics est sous contrainte (pp. 236-245) Document 1 1 Les APU sont composées de l'État central, des collectivités territoriales (régions, départements, communes) et des organismes de Sécurité sociale. 2 Les recettes de l'État sont les impôts, directs et indirects. Les dépenses de l'État sont consacrées au paiement des fonctionnaires et au fonctionnement des différents ministères. 3 Les recettes des APU sont les impôts, les impôts locaux et les cotisations sociales. 4 Le déficit budgétaire est le déficit (recettes dépenses) de l'État ; le déficit public est le déficit des APU. 5 La dette publique est l'ensemble des emprunts effectués par l'État pour financer le déficit public. 6 La charge de la dette représente seulement les intérêts de la dette. Elle figure dans le budget de l'État dans les dépenses. La dette représente les emprunts. Elle ne figure pas dans le budget de l'État. 7 La soutenabilité de la dette, c'est la capacité des États à couvrir la dette grâce à des surplus budgétaires. La dette est soutenable si le remboursement de celle-ci permet d'éviter une crise financière. Document 2 8 Ce chiffre est le solde des recettes et des dépenses de l'État (287 881–242 951). 9 Il représente le déficit budgétaire. 10 On comptabilise la charge de la dette, c'est-à-dire les intérêts de la dette, comme une charge, c'est-à-dire comme une dépense. 11 Plus la charge de la dette augmente, plus les dépenses augmentent, plus le déficit budgétaire se creuse. Document 3 12 « Prix courants en milliards d'euros » signifie que les chiffres sont exprimés en euros courants, c'est-à-dire qu'ils ne prennent pas en compte l'inflation (non déflatés). 13 Les APU ont une capacité de financement quand leurs recettes sont supérieures à leurs dépenses, et un besoin de financement quand leurs dépenses sont supérieures à leurs recettes. 14 Le chiffre en bleu est le solde des recettes et des dépenses des APU. En 2003, les APU ont un besoin de financement de 64,6 milliards d'euros. Document 4 15 Lorsque le déficit budgétaire augmente, l'État emprunte pour rembourser le déficit (la dette publique augmente). Le niveau des intérêts, c'est-à-dire la charge de la dette, augmente. Or, la charge de la dette est comptabilisée dans les dépenses publiques. L'augmentation de la charge de la dette tend donc à creuser le déficit budgétaire. 16 La croissance économique (qui se mesure par le taux de variation du PIB) se traduit par une augmentation des revenus distribués et donc par une augmentation de l'assiette fiscale, et par conséquent des recettes fiscales. 17 Lorsque le taux d'intérêt augmente, le montant des intérêts que l'État doit rembourser à ses créanciers augmente également. La charge de la dette augmente par conséquent. 18 Le déficit devient explosif si la variation des recettes fiscales est inférieure à la variation des intérêts. En effet, dans ce cas de figure, la croissance ne permet pas de générer les surplus fiscaux qui permettraient de rembourser les intérêts de la dette. Document 5 19 La croissance économique augmente les recettes de l'État et donc diminue le déficit budgétaire (cf. question 16). © Magnard – 2005 95 20 En 1993, le déficit budgétaire atteint 6 % du PIB. Le ralentissement de la croissance a pour corollaire une baisse des recettes. Les dépenses augmentent. Ces deux facteurs expliquent le déficit en 1993. En 2002, la politique budgétaire est expansionniste. En période de ralentissement économique, l'augmentation des dépenses et la baisse des prélèvements obligatoires expliquent l'aggravation des déficits publics. 21 Les pays souhaitant adopter la monnaie unique devaient atteindre les critères de convergence définis par le traité de Maastricht, soit un déficit budgétaire n'excédant pas 3 % du PIB. La perspective de l'adhésion à l'euro a contraint les pays à mettre en place des politiques budgétaires restrictives. Document 6 22 En 2002, le déficit public représente 3 % du PIB. 23 Les dépenses publiques représentent 7 % du PIB. 24 On observe une corrélation entre les dépenses publiques et le déficit public depuis 1980 : les dépenses publiques varient dans le même sens que le déficit public. Quand les dépenses publiques augmentent, le déficit public se creuse et réciproquement. 25 De 1980 à 1984, les dépenses publiques et le déficit public augmentent. À partir de 1984 (et de 1986 pour le déficit public) jusqu'en 1992, les dépenses publiques et le déficit public diminuent. De 1992 à 1994, les deux indicateurs augmentent conjointement, puis diminuent jusqu'en 2002. 26 On observe que le déficit public et les dépenses publiques augmentent en période de récession (19921994) et diminuent en période d'expansion (19952000). La baisse des déficits à partir de 1992 s'explique aussi par la volonté d'atteindre les critères de convergence. Document 7 27 Le taux de prélèvements obligatoires est le rapport des prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales) sur le PIB. 28 En 2003, les recettes augmentent seulement de 2,3 % alors que les dépenses augmentent de 4 %. Les recettes de l'État ne progressent pas à la différence des impôts locaux et des cotisations sociales. Les dépenses liées à la maladie et au chômage augmentent ainsi que les dépenses publiques. 29 L'augmentation du déficit budgétaire participe à l'aggravation de la dette publique qui passe de 58,8 % du PIB en 2002 à 63,7 % en 2003. Document 8 30 La Sécurité sociale est financée par les cotisations sociales et la CSG. 31 Lorsque la croissance est riche en emploi, alors le nombre de chômeurs diminue, la masse salariale (le produit des salaires et de la population active occupée) augmente. Le montant des cotisations sociales prélevées sur la masse salariale augmente et par conséquent les recettes de la Sécurité sociale également ; ces recettes sont corrélées au niveau de l'emploi. 96 32 Entre 1999 et 2001, la croissance du PIB riche en emploi produit des effets positifs sur les recettes de la Sécurité sociale, dont le régime est, sur cette période, excédentaire. Mais le ralentissement de la croissance se traduit par un ralentissement des recettes alors que les dépenses augmentent. Le régime est alors déficitaire. 33 Le déficit de la branche maladie représente 10 % du déficit de toutes les branches en 2004. Document 9 34 Le solde de la Sécurité sociale est déficitaire et se détériore entre 1990 et 1995. Il passe de -1,4 milliards à -10,3 milliards. À partir de 1995, il s'améliore pour devenir positif (+1,1 milliard d'euros en 2002). À partir de 2002 jusqu'à 2004, on assiste à nouveau à une détérioration du solde qui devient à nouveau négatif de 14 milliards d'euros en 2004. 35 Globalement, le solde du régime de la Sécurité sociale s'améliore en période d'expansion (1993-2001) et se détériore en période de récession (2001-2004). Document 10 36 La politique de relance par le déficit budgétaire se traduit par une augmentation des revenus distribués (augmentation des prestations sociales, du SMIC, du nombre de fonctionnaires) et par conséquent de la consommation. La relance de la demande permet l'augmentation des débouchés anticipés par les entrepreneurs : le niveau de la production et de l'emploi augmente. 37 Selon les économistes libéraux, la relance budgétaire est inefficace car les agents anticipent une augmentation future des impôts pour financer le déficit budgétaire. Par conséquent, l'augmentation des revenus distribués sera épargnée pour payer les impôts futurs. La politique de relance ne produit donc aucun effet sur la consommation. La politique de relance de la demande est neutralisée du fait des anticipations rationnelles des agents économiques. Document 11 38 L'État pouvait, avant l'indépendance de la Banque centrale, se financer auprès de celle-ci. À présent, l'État peut émettre des obligations sur le marché des capitaux à long terme et des bons du trésor sur le marché des capitaux à court terme. 39 L'État en finançant son déficit budgétaire sur le marché financier augmente la demande de capitaux par rapport à l'offre. Dès lors, le taux d'intérêt, rémunération du capital, issu de cette confrontation de l'offre et de la demande, augmente. Cela a pour conséquence de renchérir le coût du financement des entreprises privées qui ont un besoin de financement. Ce phénomène est qualifié d'effet d'éviction. Document 12 40 Les recettes fiscales mesurent le montant des impôts collectés par l'État. Le taux d'imposition est la part du revenu qui est prélevée. 41 Si le taux d'imposition est de 100 % alors la totalité des revenus est prélevée sous forme d'impôt. Voyant la totalité de leur revenu « confisquée », les individus © Magnard – 2005 Chapitre 9 : L’action des Chapitre pouvoirs7publics : Marché enetquestion société renoncent à travailler et les recettes fiscales sont alors nulles. 42 Au point X et au point Y, les recettes fiscales sont les mêmes (point A). Cependant le point X est préférable au point Y car le taux de prélèvement plus faible permet à la fois de stimuler l'activité économique et d'obtenir un niveau de recettes fiscales égal en X à celui obtenu en Y. Document 13 43 Le taux d'ouverture se calcule en faisant le rapport suivant : (exportation + importation/ 2) / PIB En 1978, le taux d'ouverture de l'économie française est de 14,5 % et de 27 % en 2004. On peut en déduire que l'économie française connaît une plus grande ouverture aux échanges internationaux depuis 25 ans. 44 Les pays de l'Union européenne sont les principaux partenaires commerciaux de la France : en 2003, 62 % des exportations de la France se font vers les pays de l'Union. 45 Une politique de relance de la consommation risque dans une économie ouverte de stimuler les importations et d'aggraver le déficit de la balance commerciale (cf. document 14). La dégradation des économies partenaires commerciales de la France risque aussi de pénaliser les exportations de la France. 46 Les entreprises françaises ont gagné en compétitivité. Par conséquent, elles profitent de l'ouverture pour exporter leurs produits. Ainsi, les entreprises françaises exportent autant voire plus qu'elles importent. C'est pourquoi le solde commercial (exportationimportation) depuis 1992 est devenu positif. Document 14 47 La politique de relance de 1981 a eu pour conséquence une augmentation des importations et une aggravation du solde de la balance commerciale, qui est passé de 25,8 milliards de francs en 1981 à 79,3 milliards en 1982. 48 En économie ouverte, le surcroît de revenus distribué par une politique de relance budgétaire est largement consommé sous forme d'importations, avec pour conséquence immédiate une dégradation du solde de la balance commerciale. Document 15 49 25 pays composent l'Union européenne (FranceBelgique-Luxembourg-Allemagne-Autriche-HongriePologne-Slovaquie-Estonie-Lituanie-Lettonie-République tchèque-Suède-Finlande-Grèce-Irlande-Royaume-UniPortugal-Espagne-Pays-Bas-Malte-Chypre-DanemarkItalie-Slovénie). 50 Portugal-Espagne-Italie-Autriche-LuxembourgAllemagne-Finlande-Belgique-Grèce-FrancePays-Bas-Irlande. Document 16 51 Deux critères de convergence imposent une discipline budgétaire. Le déficit public doit être inférieur à 3 % du PIB et la dette publique ne doit pas excéder 60 % du PIB. 52 La Banque centrale, indépendante de l'État, n'a plus le droit de financer le déficit budgétaire des États. 53 Les États de l'Union européenne ne sont pas solidaires entre eux. Si un des États n'est plus en mesure de rembourser sa dette, alors les autres pays de l'Union ne sont pas tenus de lui venir en aide. Document 17 54 « L'abandon de la souveraineté monétaire » fait référence à l'indépendance de la Banque centrale européenne. 55 Les politiques budgétaires sont décidées au niveau national, il n'y a pas de ce point de vue d'abandon de la souveraineté budgétaire. Néanmoins, les gouvernements sont soumis à une discipline commune en ce qui concerne la politique budgétaire (traité de Maastricht). Dans les périodes de croissance, le surplus de recettes fiscales doit être affecté à l'équilibre budgétaire, pour combler le déficit accumulé en période de récession. 56 Le PSC renforce le traité de Maastricht dans la mesure où il prévoit des sanctions dans le cas où les critères de discipline budgétaire ne sont pas atteints. Document 18 57 L'objectif de la BCE est la stabilité des prix. Les gouvernements nationaux ne disposent pas de la souveraineté monétaire car celle-ci relève du pouvoir de la BCE, qui est indépendante. 58 Les gouvernements nationaux de la zone euro disposent de la souveraineté budgétaire. Néanmoins, les marges de manœuvre de la politique budgétaire s'inscrivent dans le cadre défini par le PSC (cf. ci-dessus). Document 19 59 Le budget européen ne permet pas de relancer la demande. Il ne joue aucun rôle de stabilisation conjoncturelle, autrement dit il ne constitue pas un instrument de la politique économique. Seuls les budgets nationaux peuvent être utilisés pour mener une politique de relance dans le cadre du PSC. 60 Le ralentissement de la croissance a grevé les recettes fiscales et donc aggravé les déficits budgétaires des pays de l'Union. 61 En 2003, le tiers des pays adhérent au PSC dépasse le plafond des 3 % du PIB pour le déficit budgétaire. Document 20 62 Le PSC ne permet pas de mener une politique contracyclique, c'est-à-dire une politique de relance en cas de récession puisque les pays doivent s'en tenir aux critères de discipline établis par le Pacte (l'objectif des 3 % du PIB pour le déficit budgétaire doit être atteint à terme). 63 En période de récession, les politiques budgétaires doivent être restrictives, elles sont procycliques, c'est-à-dire qu'elles agissent dans le même sens que le cycle économique. Document 21 64 Une politique budgétaire expansive dans un pays permet, par la distribution de revenus supplémentaires, de stimuler la demande adressée aux autres pays européens (nous avons vu que 60 % des échanges sont réalisés au sein de l'Union européenne). Cela stimule leur croissance via la consommation et par © Magnard – 2005 97 conséquent accroît les recettes fiscales de ces pays et réduit leur déficit budgétaire. 65 La monnaie unique permet de s'affranchir de la contrainte extérieure car en stimulant les échanges intra-européens, elle permet de créer un cercle vertueux. La demande des uns stimule la consommation des autres et vice versa. De plus, cela n'a pas d'impact sur le taux de change qui est unique. La monnaie unique permet de mener des politiques de relance à condition qu'elles soient coordonnées. 66 J.-P. Fitoussi soulève le paradoxe intrinsèque du PSC. Il est censé protégé des conséquences de la dérive budgétaire d'un pays sur les autres (voir effet d'éviction), alors qu'une politique budgétaire expansive coordonnée menée dans l'ensemble des pays européens pourrait profiter à tous, y compris sur le plan budgétaire. Le PSC prive l'Europe de cette possibilité. Document 22 67 Ralentissement de la croissance ➙ baisse des recettes fiscales et augmentation des dépenses sociale ➙ aggravation du déficit budgétaire. Politique budgétaire stricte ➙ baisse des revenus distribués ➙ baisse de la consommation ➙ baisse de la croissance. 68 Pour l'Allemagne, une amélioration de la croissance se traduit par une dégradation du déficit budgétaire, alors que pour la France une amélioration de la croissance se traduit par une amélioration du déficit budgétaire. En effet, un ralentissement de la croissance amenuise les recettes fiscales et produit un impact négatif sur le déficit budgétaire. Un déficit budgétaire peut aussi relancer l'économie et améliorer la croissance. 69 Une politique budgétaire commune paraît inappropriée dans la mesure où les conditions initiales de chaque pays sont différentes. Un pays qui connaît seul un choc de demande peut souhaiter utiliser la politique budgétaire alors que le PSC le contraint à mener une politique procyclique. Document 23 70 La politique actuelle en matière d'impôt n'est pas d'inspiration keynésienne. En instaurant une baisse d'impôt proportionnel au revenu, le gouvernement favorise les revenus les plus élevés. Or, selon la loi psychologique fondamentale, une politique de baisse d'impôt doit favoriser les revenus les plus faibles, ceux qui ont la plus forte propension à consommer. 71 La baisse des impôts risque d'aggraver le déficit budgétaire, en diminuant les recettes. Si les dépenses ne sont pas maîtrisées, la baisse d'impôt risque d'empêcher le gouvernement d'atteindre les critères du PCS. Faites le point 1 : D ; 2 : B ; 3 : C ; 4 : A. II. L'État se désengage et renouvelle ses modes d'action (pp. 246-251) Document 24 72 La thèse de l'inefficacité de l'État providence repose sur l'idée suivante : malgré des dépenses importantes, les résultats ne sont pas probants : le taux de pauvreté augmente, l'accès au soin et l'espérance de vie sont inégaux selon les régions, les catégories sociales… 73 Le système de protection sociale verserait des prestations sociales (RMI, allocation chômage) dont le montant serait supérieur au revenu du travail. Par conséquent, les individus préféreraient être assistés plutôt que de travailler. Document 25 74 Le minimum vieillesse, l'allocation parent isolé sont des minima sociaux. 75 Le Revenu minimum d'insertion (voir lexique). Le Salaire minimum interprofessionnel de croissance est le salaire minimum légal. Aucun salarié en France ne peut être rémunéré en deçà du SMIC. 76 L'augmentation des minima sociaux aurait un effet désincitatif sur l'emploi car ces revenus d'assistance risqueraient d'être plus importants que les revenus du travail surtout si les emplois occupés sont des emplois à temps partiel (cf. question du sous-emploi). Cela désinciterait au travail. 77 Une trappe d'inactivité est une zone de revenus où il est plus avantageux de percevoir des allocations que 98 de travailler. En effet, la différence entre les revenus du travail et les revenus de l'assistance est beaucoup trop faible pour favoriser le travail. Document 26 78 63 % des RMIstes occupent un emploi ou en recherchent un. 79 37 % des RMIstes ne recherchent pas d'emploi. 80 Environ 45 % de ceux qui ne recherchent pas d'emploi ont des problèmes de santé, 25 % sont indisponibles pour des raisons familiales, 20 % sont découragés, 10 % évoquent des raisons financières ou autres. 81 On ne peut pas dire que le RMI incite à la paresse car la majorité des RMIstes occupent ou souhaitent occuper un emploi. Les autres ne sont pas en mesure de le faire. Quant à la trappe d'inactivité, elle concerne moins de 10 % des RMIstes. Document 27 Les questions sur ce document doivent permettre de faire surgir le débat, présenté par P. Rosanvallon dans le document 28. 82 Un fumeur a plus de risque qu'un non-fumeur de développer un cancer du poumon. Les cotisations sociales ne prennent pas en compte le risque. C'est pourquoi le fumeur et le non-fumeur cotisent tous les deux proportionnellement à leur salaire et non au risque encouru. © Magnard – 2005 Chapitre 9 : L’action des Chapitre pouvoirs7publics : Marché enetquestion société 83 Si chaque personne cotisait en fonction du risque qu'elle encourt, alors les personnes qui souffrent de pathologies graves, de maladies génétiques ou qui prennent des risques importants, devraient contribuer davantage au régime de Sécurité sociale. Cela remet en question le principe de solidarité. On ne fait pas comme si les risques étaient les mêmes pour tous (levée du voile d'ignorance) 84 Ouvrir le débat : • Faire jouer le principe de solidarité et faire comme si tous les individus étaient égaux devant les risques (voile d'ignorance). • Considérer que chacun individuellement prend en charge ses risques (déchirure du voile d'ignorance). Document 28 85 « Le voile d'ignorance » consiste à considérer (« faire comme si ») que tous les individus sont égaux devant le risque social (maladie, vieillesse…). 86 Les individus, avec les progrès de la connaissance scientifique, économique… sont davantage conscients du risque qu'ils encourent et donc ne sont pas prêts à payer plus pour ceux qui subissent plus de risques (de tomber malade, d'être au chômage…). 87 Le voile d'ignorance se déchire : on ne fait plus comme si tous les individus étaient égaux devant les risques sociaux. Par conséquent, les catégories qui encourent moins de risques refusent de cotiser pour ceux qui encourent plus de risques. Cela rend l'État providence basé sur la solidarité moins légitime. Document 29 88 La CMU est la couverture maladie universelle. Elle permet l'accès à la protection sociale à toutes les personnes ayant une résidence stable en France, n'ayant pas accès à une protection sociale par le système d'assurance, et ayant des revenus inférieurs à 534 euros pour une personne seule. 89 La CMU engendre un coût supplémentaire car elle permet de rembourser les dépenses complémentaires (mutuelles), celles qui ne relèvent pas de la Sécurité sociale, et à ce titre, elle engage des dépenses de soins qui n'auraient pas été engagées sans la CMU. 90 La CMU engage des dépenses supplémentaires de soin (« chocs de demande »), ce qui engendre une augmentation des dépenses maladie. Cela pose donc un problème d'efficacité. Et un problème de légitimité dans la mesure où une partie de la population, celle qui ne cotise pas, génère des dépenses de santé importantes. 91 Le choix d'un modèle de protection sociale est un choix de société. Une société accepte-t-elle d'engager des dépenses de protection sociale afin que tous les individus soient protégés contre les risques sociaux ? Accepte-t-elle de conserver le voile d'ignorance et de préserver un modèle solidaire ou souhaite-t-elle déchirer le voile d'ignorance et offrir une protection seulement à ceux qui en ont les moyens. Document 30 92 Les libéraux justifiaient l'intervention de l'État par les défaillances du marché (cf. chapitre 8). Dans les années 1980, le marché se présente comme l'antidote aux défaillances de l'État. La crise financière de l'État providence légitime l'inefficacité de la politique budgétaire. La relance par le déficit budgétaire est abandonnée au profit d'un désengagement de l'État de l'économie qui privatise et déréglemente pour restaurer la concurrence. L'objectif est de libérer les forces du marché pour que celui-ci puisse à nouveau allouer les ressources. 93 • La déréglementation du marché du travail (flexibilité), du marché du capital et des biens rend au marché la fonction d'allocation. • Les prestations sociales distribuées créent des trappes d'inactivité (cf. question 77) qui désincitent au travail. Le désengagement de l'État se traduit par une fonction de redistribution limitée. • La crise financière légitime l'inefficacité des politiques budgétaires. Les politiques de relance sont abandonnées au profit de la « neutralité » des politiques économiques. L'objectif de la politique monétaire est la maîtrise de l'inflation. Les politiques budgétaires deviennent restrictives (baisse des dépenses et réduction des impôts pour stimuler l'offre). Document 31 94 Le transport du courrier revient à la poste qui est une entreprise publique et les télécommunications reviennent à France Télécom qui est une entreprise privée. 95 Renault était une entreprise publique du secteur concurrentiel. Malgré son statut, Renault était en concurrence avec les autres constructeurs automobiles parmi lesquels Peugeot. 96 La privatisation de France Télécom est plus problématique que celle de Renault car France Télécom assure un service public. Le besoin de communiquer est essentiel. France Télécom jouissait d'un monopole qui lui permettait de rendre ce service dans des conditions favorables. Du fait de la concurrence, Renault fonctionnait déjà comme une entreprise privée. Document 32 97 La première grande période de privatisation s'ouvre en 1986 avec le retour de la droite au pouvoir (à la suite des élections législatives, François Mitterrand nomme Jacques Chirac Premier ministre). Entre 1988 et 1993, François Mitterrand réélu, opte pour le ni-ni (ni nationalisation, ni privatisation). Les privatisations reprennent après cette période aussi bien sous les gouvernements de droite que de gauche. Document 33 98 La réglementation, en entravant la concurrence, limite la baisse des prix. La réglementation serait de ce point de vue défavorable aux consommateurs. 99 La réglementation sur le marché du travail empêcherait le retour à l'équilibre. En période de chômage, le prix du travail (le salaire) serait trop élevé par rapport au salaire d'équilibre. L'offre des employeurs serait insuffisante pour satisfaire la demande d'emploi des salariés. La réglementation empêche d'atteindre le salaire d'équilibre qui permet l'adéquation de l'offre et de la demande. 100 La privatisation des services publics permettrait d'ouvrir ces derniers à la concurrence, et donc de réduire les prix. © Magnard – 2005 99 Document 34 101 La déréglementation du secteur des télécommunications s'est traduite certes par une baisse des prix, mais celle-ci est en trompe-l'œil dans la mesure où le prix des abonnements a augmenté. Au total, les consommateurs n'ont pas bénéficié de la déréglementation. Document 35 102 Le problème posé par les externalités est l'absence de prix. Faute de droits de propriété, ces externalités ne pouvaient être échangeables sur un marché. Coase propose de définir des droits de propriété sur ces effets externes afin que ceux-ci puissent être échangés sur un marché. Ainsi, des droits de propriété sur la pollution permettant à ceux qui polluent d'acheter des droits à polluer à ceux qui en possèdent. L'effet externe négatif, la pollution, devient coûteux. Mais la transaction se fait directement sur le marché (cf. question 108). 103 L'État a pour seul rôle de garantir les droits de propriétés des agents. Il veille à ce que l'échange se fasse dans le respect du droit. Document 36 104 Le problème que posent les externalités à la régulation par le marché est l'absence de droits de propriété, d'échange et donc de prix. 105 Le montant des titres de propriété correspond à l'objectif de pollution fixé par l'État. 106 L'État définit l'objectif de pollution et veille au bon fonctionnement du marché. 107 Les titres de propriété que possède l'entreprise correspondent à des droits à polluer. 108 Lorsque l'entreprise possède plus de droits à polluer que nécessaire, elle peut les vendre à des entreprises qui ont besoin de polluer, et veulent donc acheter des droits à polluer. Lorsqu'elle a besoin de davantage de droits à polluer, l'entreprise peut acheter des droits à polluer à une autre entreprise qui souhaite en vendre. 109 Quand les riverains achètent des droits à polluer, la quantité de droits à polluer émises sur le marché diminue et donc la possibilité de polluer est moindre. 110 L'entreprise doit intégrer dans son calcul économique le prix du titre de propriété, c'est-à-dire du droit à polluer qu'elle achète. Cela est efficace pour réduire la pollution car ce système rend la pollution coûteuse et incite donc l'entreprise, qui minimise ses coûts pour maximiser ses profits, à réduire sa pollution. Document 37 111 La conséquence du désengagement de l'État (privatisation, déréglementation, décentralisation…) est la multiplication des partenariats entre le privé et le public dans l'environnement par exemple. 112 Dans les forums de discussions interviennent des entreprises, des collectivités locales et des usagers. 113 La décentralisation a pour conséquence la coopération entre les pouvoirs centraux, locaux et les entreprises privées. Les partenariats se multiplient. Document 38 114 La gestion des ressources en eau est confiée aux agences de l'eau. Ces agences sont chargées du financement. Elles définissent les modalités de financement des travaux pour l'amélioration de la qualité ou de la quantité des ressources en eau. 115 Les agences de l'eau sont un exemple du partenariat entre le public et le privé. L'agence de l'eau peut aider un industriel (sphère privée) à financer un projet de dépollution par un prêt financé lui-même par les redevances collectées (sphère publique). Faites le point 1 : C ; 2 : A ; 3 : B. Travaux dirigés. Vers le bac : La réforme du système de retraite (pp.252-253) Définir 1 2 3 4 100 Le taux d'activité des 50 ans et plus est le rapport des personnes actives de 50-65 ans sur les personnes de 50-65 ans. Le système de retraite par répartition est financé collectivement par les cotisations sociales prélevées sur les salariés qui financent les retraites des inactifs. Le système de retraite par capitalisation repose sur l'épargne individuelle. Le salarié accumule des actifs qu'il perçoit sous la forme d'une rente pendant sa retraite. La sécurité sociale est divisée en trois branches : famille, assurance-maladie et assurance-vieillesse. Lorsque les recettes de la branche maladie, accidents du travail, vieillesse et famille sont inférieures aux dépenses alors la Sécurité sociale est en déficit. Les politiques de la demande sont des politiques keynésiennes qui préconisent un partage de la valeur 5 ajoutée favorable aux salariés et qui visent donc à stimuler la consommation. Une politique de l'offre cherche à créer des conditions favorables aux entreprises (partage de la valeur ajoutée en faveur des profits, déréglementation, baisse des cotisations sociales…) pour stimuler l'investissement. La contrainte budgétaire concerne le problème de financement du déficit budgétaire des APU parmi lesquels figurent le régime de Sécurité sociale en général et celui des retraites en particulier. Interpréter 6 7 Le financement des retraites augmente le coût du travail car il s'assoit sur les cotisations sociales à la charge des employeurs et des salariés qui, avec le salaire net, constituent le coût du travail. L'allongement de la durée de cotisation pour financer les retraites suppose que les actifs quittent plus tard © Magnard – 2005 Chapitre 9 : L’action des Chapitre pouvoirs7publics : Marché enetquestion société 8 le marché du travail. Cela entraîne une augmentation du taux d'activité des cinquante ans et plus. La réforme des retraites a pour objectif de rendre viable le financement des retraites, de trouver une solution au problème de financement des retraites dans les années à venir. financier rend la rémunération aléatoire (cf. affaire Enron). 13 Dans une logique keynésienne, la retraite par capitalisation produirait un effet négatif sur la consommation car elle incite les actifs qui veulent se constituer une retraite à consacrer une partie de leur revenu à l'épargne au détriment de la consommation. Analyser Le vieillissement de la population va se traduire par une augmentation du nombre de retraités par rapport aux actifs. En effet, le nombre de retraités pour 100 actifs devrait passer de 52 en 1997 à 84 en 2040. Par conséquent, chaque actif devra financer un nombre de retraités plus important. Le vieillissement de la population, toute chose égale par ailleurs, devrait poser un problème de financement. 10 La politique de l'offre a pour objectif de favoriser les conditions de la production. Elle vise à accroître les bénéfices pour favoriser l'investissement. Pour que le partage de la valeur ajoutée soit favorable aux entreprises, il faut baisser la part des salaires et des cotisations sociales qui finance la retraite par répartition. En finançant la retraite par capitalisation, on allège le poids des charges sociales pour les entreprises et on favorise par la même les bénéfices et donc l'investissement. 11 L'allongement de la durée de cotisation bute sur le faible taux d'activité des plus de 50 ans en France. En mars 2002, sur 100 hommes de plus de 50 ans, seuls 37 étaient actifs et sur 100 femmes de 50 et plus, seules 25 étaient actives. 12 Les travailleurs ne doivent pas considérer les cotisations sociales comme un prélèvement mais comme un salaire différé. Les cotisations leur donnent le droit de recevoir une retraite dès qu'ils deviennent inactifs. Les actifs défendent le système par répartition parce qu'ils ont l'assurance de percevoir une retraite. Le système par capitalisation permet l'accès à la retraite pour ceux qui ont une capacité d'épargne. De plus le mode de placement de l'épargne sur le marché 9 Vers la question de synthèse 1. Argument théorique. Les politiques de relance sont inefficaces. Il faut réformer le système de retraite (de protection sociale en général) qui repose sur les cotisations salariales pour améliorer les conditions de l'offre. • Argument financier. La sécurité sociale rencontre des problèmes de financement (contrainte budgétaire). Cela rendrait impératif la réforme des retraites. • Argument démographique. Le vieillissement de la population rend le poids du financement des retraites trop lourd pour les actifs. 2. • L'allongement de la durée de cotisation bute sur le faible taux d'activité des 50 ans et plus. • La retraite par capitalisation crée des inégalités entre les agents qui ont une capacité d'épargne (les revenus les plus élevés) et les autres. C'est un placement aléatoire (marché financier) pour assurer un risque social (paradoxe). Elle incite à l'épargne au détriment de la consommation. Synthèse I. Les arguments favorables à la réforme des retraites A. L'argument démographique et financier : le rapport actifs/inactifs diminue et engendre un déficit de la branche vieillesse. B. L'argument théorique : favoriser les conditions de l'offre en allégeant les charges sociales. II. Les problèmes posés par la mise en œuvre de la réforme A. L'allongement de la durée de cotisation ne peut pas s'accommoder d'un faible taux d'activité des plus de 50 ans. B. La retraite par capitalisation est inégale, risquée et pénalise la consommation. Testez vos connaissances (p. 255) Vrai ou faux ? 1. F. ; 2. V. ; 3. V. ; 4. F. ; 5. F. ; 6. F. ; 7. V. ; 8. V. ; 9. F. ; 10. V. Définition au choix L'ensemble des emprunts contractés par l'État. Exercice d'application A3 B1 C2 © Magnard – 2005 101