Intérêt des biocéramiques en endodontie.

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Intérêt des biocéramiques en endodontie.
conférence en direct
Intérêt des biocéramiques en endodontie.
UNE QUESTION B23
Intérêt des biocéramiques en endodontie.
– Mercredi 23 novembre – 11h
– Responsable scientifique : Stéphane SIMON
« PU-PH (université Paris Diderot (Paris 7) –
Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière. »
– Intervenant : Josette Camilleri
Les biocéramiques constituent une sous famille de biomatériaux à base de céramique qui
sont considérées comme biocompatibles.
« Céramique » est un terme très vaste qui englobe (1) les matériaux inorganiques, (2) les solides non métalliques mais pouvant contenir des
métaux, (3) les matériaux à base d’atomes non
métalliques ou metalloïdes formant des liaisons
covalentes ou ioniques. Le Mineral Trioxide Aggregate, distribué dans ses premières versions
sous le nom de Pro-Root MTA® (DentsplySirona)
depuis presque vingt ans fait partie de cette famille qui s’est récemment élargie dans le domaine
de l’endodontie.
Les « Bioaggregate » constituent une nouvelle
génération de matériaux à base de silicates tricalciques, qui peut être assimilé à la famille des biocéramiques ; ils sont libres de toute trace d’aluminium ou de métaux lourds tels que l’oxyde de
bismuth qui était utilisé dans les matériaux précédents pour améliorer leur radio-opacité.
Ces matériaux présentent des capacités d’adhésion aux structures dentaires particulièrement
intéressantes (Villat et al., 2010). La qualité de
cette adhésion semble également s’améliorer avec
le temps, grâce aux échanges ioniques initiés par
la libération progressive d’ions OH- et Ca+ du matériau en présence d’humidité et la dentine. Si les
travaux de recherche et d’évaluation comportemental de ces matériaux en situation proche de la
clinique font l’objet de nombreuses publications,
c’est l’apparition d’un matériau à base de Silicate
tricalcique, (la Biodentine® (Septodont, Saint
Maur des Fossés, France)) qui a considérablement
accéléré l’intérêt de la communauté odontologique pour ces biocéramiques.
Au-delà de l’étanchéité obtenu avec ces produits, leur biocompatibilité et leurs propriétés biologiques voire bioactives, ne font qu’améliorer l’intérêt de leur utilisation. Initialement développé
comme matériau d’obturation coronaire en prévision d’une solution substitutive à l’utilisation de
l’amalgame et des composites et pallier ainsi aux
problèmes de toxicité (Koubi et al., 2013), le comportement de ces matériaux au contact des tissus
vivants ou de cellules a permis de repousser les
indications à l’utilisation en tant que matériau de
coiffage pulpaire, de traitement des perforations
d’adhésion radiculaires, d’obturation par tech-
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nique d’apexification ou encore d’obturation a retro en chirurgie endodontique. L’association de
l’étanchéité obtenue entre le matériau et la dentine
d’une part, et l’excellente biocompatibilité voire
bio-activité de ces produits sur les cellules
pulpaires ou desmodontales lorsqu’ils sont en
contact direct d’autre part, font des biocéramiques
la famille de matériaux de choix pour le traitement
de ces situations cliniques compliquées et délicates à gérer.
L’Endosequence® est un ciment diphasique fabriqué par la société Brasseler (Savanah, GA, USA)
et distribué en France sous le nom de FKG TotalFill® (Actéon, Merignac, France) (Figs. 1 et 2) ; il fait
partie de cette famille de Biocéramiques. Proposé
sous deux formes galéniques de viscosité différente, ce matériau est proposé depuis quelques
années pour le traitement des perforations radiculaires ou pour l’obturation a retro dans sa version
Putty, et pour l’obturation canalaire dans sa forme
plus fluide. Le produit est présenté sous une forme
pré-mélangée et fait sa prise au contact de l’humidité environementale. La version « putty » contient
de l’oxyde de Zirconium et de l’oxyde de tantale
afin d’améliorer sa radio-opacité ; la version « ciment d’obturation », quant à elle reste composée
des deux phases du ciment et contient de l’oxyde
de zirconium uniquement. Les résultats obtenus in
vitro ou in vivo confirment l’intérêt de cette famille de biomatériaux pour une utilisation en endodontie assez variée. Le matériau destiné à l’obturation canalaire est proposé en tant que ciment
de scellement destiné à être utilisé avec des cônes
de gutta percha recouverts d’un coating assurant
la liaison et l’étanchéité à long terme entre la gutta
percha et la biocéramique.
Ces produits nécessitent un milieu humide
pour faire leur prise et espérer une amélioration
de la qualité du joint d’adhésion avec le temps ;
leur utilisation en milieu déshydraté est donc
contre-indiquée. Ainsi toutes les techniques d’obturation nécessitant un chauffage de la gutta-percha (compaction verticale à chaud, thermo-compactage) ne peuvent associer ce type de ciment ;
sans dénaturer le matériau, c’est la qualité de l’adhésion qui est compromise.
contraintes techniques liées à l’obturation des canaux, notamment en terme de viscosité, fluidité et
radio-opacité.
L’adhésion à la dentine est identique à celle
obtenue avec la Biodentine®. La pénétration du
matériau dans les tubuli-dentinaires a récemment
été confirmée à l’aide d’une technique de fluorescence (Viapiana et al., 2016).
L’adjonction de Providone (Polyvinylprolidone) au sein du biomatériau permet également
une véritable adhésion à la gutta percha. Ainsi
quelque soit le cône de gutta percha utilisé, l’étanchéité est assurée aux deux interfaces (Bioroot®/
Dentine et Bioroot®/Gutta percha) (Fig. 3).
Le développement de ces matériaux permet
de revisiter les concepts de l’obturation en endodontie. Depuis toujours, l’obturation d’un canal
est obtenue par compaction de gutta percha, réchauffée (Thermocomapction, compaction verticale de gutta chaude ou encore systèmes à tuteurs) ou à froid (condensation latérale à froid). La
gutta percha n’a aucune aptitude d’adhérence à la
dentine ; ni mécaniquement, ni chimiquement.
L’étanchéité de l’obturation est donc assurée par
l’association d’un ciment de scellement qui fait le
joint entre les deux structures et comble les espaces vides. Cependant, ces ciments de scellement se détériorent avec le temps, contrairement
aux biocéramiques qui, elles, ont tendance à « se
bonifier ». Ainsi, quelle que soit la technique utilisée avec les ciments Oxyde de zinc-eugenol, ou
résines époxy, l’obturation doit contenir un maximum de gutta-percha et un minimum de ciment.
C’est cette nécessité de quantité minimale de ciment au sein de l’obturation qui fait de la technique monocône (un seul cône noyé dans du ciment) une solution inappropriée. La présence
d’un volume important de ciment de scellement
au sein de l’obturation finale pose problème, celui-ci étant amené à se désintégrer avec le temps
(notamment en milieu humide) et à être contaminé par des bactéries. Rappelons alors que ces
ciments de scellement ont pour objectif de sceller
le matériau d’obturation et n’ont aucune aptitude
à être utilisé comme moyen d’obturation.
en œuvre. Le matériau, fluide et adhérent se présente exactement comme un ciment de scellement et présente les mêmes facilités d’utilisation
et de mise en place.
L’utilisation d’un cône de gutta pour compléter
l’obturation est nécessaire mais ce cône est utilisé
pour deux raisons :
1 – Il permet de faciliter la mise en place du matériau au sein du canal, de le pousser en direction apicale et dans les déhiscences latérales
(isthmes, etc.)
2 – Il permet de redescendre dans le canal en cas
de nécessité de mise en place d’un tenon ou
d’une éventuelle réintervention.
Le BioRootRCS®
Un nouveau concept
de l’obturation en endodontie
La société Septodont a récemment fait
évoluer son offre de biomatériaux de la famille
des biocéramiques en commercialisant le BioRootRCS® destiné à l’obturation canalaire.
De composition très similaire à celle de la
Biodentine®, ce matériau a été adapté aux
L’apparition des ciments de la famille des biocéramiques, matériaux stables dans le temps et
non solubles, et qui ont une véritable aptitude
d’adhésion aux parois dentinaires d’une part et à
la gutta percha d’autre part, permet de revoir les
concepts de l’obturation et les principes de mise
Etant donnée la dureté du matériau, il est impossible de l’éliminer comme cela est possible
avec un ciment type eugénate. C’est la raison pour
laquelle la présence d’un cône de gutta au coeur
de l’obturation demeure indispensable. Une fois
un passage créé au sein du canal, celui-ci est
élargi et permet d’éliminer le matériau sur les parois.
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La biocompatibilité de ce matériau et son comportement in vitro au contact de cellules ligamentaires (Camps, Jeanneau, & Laurent, 2015) assure
une très bonne tolérance en cas d’éventuels dépassements de matériaux dans la zone périapicale ; les ciments à base d’oxyde de zinc-eugenol
ou de résine époxy, ne présentent pas la même
tolérance au contact de ces tissus, bien qu’aucune
implication clinique n’ait pu être clairement mise
en évidence dans la littérature.
Peut on placer un tenon dans la
séance du traitement ?
La durée de manipulation du matériau est de
10 minutes après le mélange. Sa prise nécessite
quant à elle une vingtaine de minutes supplémentaires. Cependant, ces matériaux de la famille des
bétons nécessitent plus de temps que cela pour
que la réticulation chimique soit complète. Pour
cette raison, et sans investigation complémentaire
sur le sujet, il n’est pas recommandé pour le moment d’envisager la désobturation partielle du canal dans la même séance que le traitement endodontique. Néanmoins, une reconstitution coronaire sans ancrage radiculaire est tout à fait envisageable.
Comment procéder
en cas de retraitement ?
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Fig. 1 : Présentation en seringue du matériau TotalFill (FKG, Suisse) utilisé en tant que ciment de scellement pour l’obturation endodontique. Fig. 2 : Présentation en pot de la version putty du matériau TotalFill® (FKG, Suisse) destiné au traitement
des perforations, en obturation a retro ou le traitement d’apexification. Fig. 3 : Vue au microscope électronique à balayage des interfaces entre gutta percha/Bioroot RCS, et BioRootRCS/dentine. (source interne Septodont) Fig. 4 : Radiographie
préopératoire d’une molaire mandibulaire nécessitant un traitement endodontique après éxérèse chirurgicale d’une lésion osseuse d’origine non endodontique. Fig. 5 : Essayage des cônes de gutta dans les canaux après mise en forme et irrigation
finale. Fig. 6 : Radiographie « cône en place » confirmant la bonne adaptation des cônes de gutta dans les canaux préparés et désinfectés. Fig. 7 : Séchage des canaux avec des pointes de papier stériles. Fig. 8 : Préparation du matériau sur une
plaque de verre en respectant le ratio poudre/liquide préconisé par le fabricant, e enduction du cône avant insertion dans le canal.
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Que se passe-t-il
en cas de dépassement ?
ADF Paris 2016 · 23 novembre
conférence en direct
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verticale et latérale nécessaires pour emmener le
matériau dans les moindres recoins.
La partie du cône émergent dans la cavité d’accès est sectionnée à l’entrée du canal avec un élément chauffant, et le bouchon coronaire est mise
en place avec un fouloir (Figs. 10 et 11).
L’obturation ainsi réalisée permet d’obtenir un
remplissage du canal avec le matériau de la famille des biocéramiques, contenant en son sein
un cône de gutta qui, encore une fois, n’est pas
utilisé dans un but d’obturation, mais en tant que
tuteur et élément de passage pour une éventuelle
réintervention (Figs. 11 et 12). Bien que techniquement cette procédure ressemble beaucoup à une
technique dite du monocône, elle n’est en rien ressemblante sur le concept.
Une étude clinique a récemment été menée
dans notre unité hospitalière (essai clinique NCT
01728532). Cette étude qui s’est déroulée sur trois
années a permis de montrer qu’il n’y avait pas de
différence en terme de pronostic entre les dents
traitées et obturées avec la technique de Schilder
et celles traitées avec la procédure décrite. Ces
données amenées à être publiées très prochainement nous permettent de justifier l’intérêt de cette
technique d’obturation, revisitée.
La simplification des procédures d’obturation
devrait permettre une amélioration de la qualité
des traitements endodontiques réalisés au quotidien. La simplification des procédures de mise en
forme (techniques mono-instrumentales) a eu un
impact, à son niveau, sur la qualité des traitements. L’obturation n’est plus en reste et l’utilisation à grande échelle permettra de confirmer, ou
non, ce qui semble évident sur le papier mais qui
à ce stade reste au stade de l’hypothèse.
Conflit d’intérêt :
L’auteur déclare n’avoir aucun conflit d’intérêt et ne
percevoir aucune rémunération concernant ce matériau.
Références :
– Camps, J., Jeanneau, C., & Laurent, P. (2015).
Bioactivity of a Calcium Silicate – based Endodontic Cement ( BioRoot RCS ): Interactions with
Human Periodontal Ligament Cells In Vitro. Journal of Endodontics, 41(9), 5–9.
– Koubi, G., Colon, P., Franquin, J.-C., Hartmann, A.,
Richard, G., Faure, M.-O., & Lambert, G. (2013).
Clinical evaluation of the performance and safety
of a new dentine substitute, Biodentine, in the
restoration of posterior teeth - a prospective
study. Clinical Oral Investigations, 17(1), 243–9.
– Viapiana, R., Moinzadeh, A. T., Camilleri, L., Wesselink, P. R., Tanomaru Filho, M., & Camilleri, J.
(2016). Porosity and sealing ability of root fillings
with gutta-percha and BioRoot RCS or AH Plus
sealers. Evaluation by three ex vivo methods. International Endodontic Journal, 49(8), 774–82.
– Villat, C., Tran, X.-V., Tran, V. X., Pradelle-Plasse,
N., Ponthiaux, P., Wenger, F., … Colon, P. (2010).
Impedance methodology: A new way to characterize the setting reaction of dental cements. Dental Materials : Official Publication of the Academy of Dental Materials, 26(12), 1127–32.
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Fig. 9 : Mise en place du cône de gutta enduit de matériau. Il est inséré lentement en effectuant un léger mouvement de pompage vertical de faible amplitude afin
d’amener le matériau le plus apicalement possible. Fig.
10 : Section de la partie émergente du cône à l’entrée du
canal avec une source de chaleur. Fig. 11 : Fin de l’obturation des quatre canaux. Fig. 12 : Radiographie
post opératoire. Fig. 13 : Radiographie post opératoire
défilée permettant de distinguer les deux canaux mésiaux obturés.
A ce jour, la possibilité de retrouver la perméabilité canalaire au-delà de l’obturation n’a pas été
démontrée, et des investigations en cours permettront de l’affirmer ou l’infirmer.
Protocole opératoire :
Le canal étant mis en forme et désinfecté, un
cône de gutta percha est adapté à la longueur de
travail, exactement comme pour les autres techniques d’obturation (Figs. 4, 5). Une radiographie
per-opératoire est conseillée afin de confirmer
leur bonne adaptation (Fig. 6).
Le canal est séché, conventionnellement, avec
des pointes de papier (Fig. 7). Le matériau est mélangé sur une plaque de verre, en respectant les
ratios conseillés par le fabricant. La consistance
fluide permet d’enduire le cône de gutta (Fig. 8)
qui est alors inséré lentement au sein du canal,
tout en effectuant u mouvement vertical de faible
amplitude afin de « beurrer » les parois (Fig. 9). La
préparation conique et l’utilisation d’un cône de
conicité augmentée permet de créer la pression
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