Ethique, technologies de l`information et culture
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Ethique, technologies de l`information et culture
Centre d’études en droit et gestion (CEDAG EA 1516) RBS Research Group: Managing in a Pluricultural World (MPW) 4ème Journée de recherche IT & Culture, vendredi 06 juin 2014 Université Paris Descartes Ethique, technologies de l’information et culture Appel à communications Comment appréhender les dimensions éthiques liées au développement et aux usages des technologies et systèmes d’information (TI/SI) ? Praticiens et chercheurs s’accordent à dire que cette question est primordiale (Chatterjee, Sarker et Fuller, 2009 ; Mingers et Walsham, 2010) et qu’elle requiert une réflexion théorique approfondie, ainsi que des outils et moyens d’action concrets. Cette journée de recherche vise à explorer les implications éthiques des interactions des individus et organisations avec les TI/SI ; et le rôle que la culture, dimension indissociable de ces différentes formes d’interactions, est amenée à jouer. De multiples points de vue et domaines de recherche peuvent être sollicités, notamment la philosophie, la psychosociologie, le droit et les sciences de gestion. A la suite de Bynym (2011), nous définissons l’éthique des TI/SI comme la branche de l’éthique appliquée qui analyse les répercussions des TI/SI sur les règles de vie et de conduite en société. Ce domaine d’étude recouvre ce que l’on appelle l’infoéthique, l’éthique télématique ou l’éthique informationnelle et implique aussi bien le fonctionnement des organisations, que la vie privée des individus et groupes. Norbert Wiener est reconnu comme l’initiateur de cette discipline dans les années 1940. En marge de ses travaux sur la cybernétique, cet auteur considère que les « grands principes de justice » sur lesquels toute société doit s’appuyer : la liberté, l’égalité, la bienveillance et le principe d’atteinte minimale à la liberté, doivent servir de cadre d’analyse aux problématiques relatives à l’éthique informationnelle (Wiener, 1950). Maner (1980 ; 1996) pose les bases de cette discipline et considère que les traditions éthiques de la philosophie morale telles que l’utilitarisme de Bentham et Mills ou le déontologisme kantien doivent servir de base à l’analyse des problématiques actuelles ou émergentes engendrées par la technologie informatique. Une avancée significative dans ce domaine a été réalisée avec les travaux de Moor et son article “What Is Computer Ethics?” (1985) 1 dans lequel il pose la technologie informatique comme un objet malléable ayant un potentiel de transformation et donc des répercussions éthiques quasi-illimitées sur les individus et les sociétés. “Computers are logically malleable in that they can be shaped and modeled to do any activity that can be characterized in terms of inputs, outputs and connecting logical operations [. . .] Because logic applies everywhere, the potential applications of computer technology appear limitless” (Moor, 1985, p.266). A la même époque, Mason (1986) a identifié quatre problématiques centrales au cœur des usages, à savoir la protection de la vie privée, l’intégrité, la propriété et l’accessibilité. Depuis, de nouvelles problématiques émergent, telles que la protection des données personnelles (Sviokla et Gentile, 1990), l’usage impropre du matériel informatique (Dorf, 1999, Desai, Mayur et Von der Embse, 2008) ou la criminalité informatique (Baltzan et Phillips, 2008). Gotterbarn (1991) situe l’éthique TI/SI non pas dans l’usage mais davantage comme une branche de l’éthique professionnelle (déontologie professionnelle) relative aux bonnes pratiques et aux codes de conduite destinés aux professionnels de l’informatique. La dimension culturelle dans ce débat est apparue comme inhérente au phénomène de globalisation de l’activité économique au sens large, et également en lien avec certaines spécificités et certains usages des TI/SI dont la portée est globale, c’est le cas d’Internet et de nombre de technologies web2.0 (Capurro, 2008), qui soulèvent des questionnements sur le pluralisme versus le globalisme éthique. Ess (2006, 2008) affirme à ce propos l’existence d’une culture éthique globale basée sur la convergence de valeurs fondamentales, même si des particularités et divergences d’interprétation liées aux spécificités culturelles locales demeurent inéluctables. Ce pluralisme éthique concerne généralement les concepts et problématiques éthiques qui ne sont pas appréhendés de la même manière, c’est par exemple le cas de la notion de vie privée qui ne recouvre pas la même acception selon les traditions occidentales ou orientales (Ess, 2006). Ce pluralisme éthique lié aux différences de cultures nationales a été notamment investigué par Davison et al. (2009) qui ont testé la validité du modèle de développement moral de Kohlberg (1969, 1981) dans un contexte culturel non occidental auprès de professionnels en TI/SI en Chine et au Japon. La culture au niveau organisationnel a également suscité un intérêt accru auprès de chercheurs comme Banerjee, Cronan et Jones (1998) qui ont démontré l’importance de la culture éthique organisationnelle dans la construction de l’éthique informationnelle : “The most important variable in explaining ethical behaviour intention was the organization-scenario variable (…). In addition, an individual's personal normative beliefs and organizational ethical climate were statistically significant variables. Moral judgment and attitude were not statistically significant” (Banerjee, et al. 1998, p. 46). Reindenbach et Robin (1991) rappellent que le développement moral de l’organisation est déterminé par la culture organisationnelle. Les décisions de changement ou d’implantation des TI/SI mettent en jeu les valeurs fondamentales et la culture de l’entreprise. Ces décisions peuvent promouvoir ou porter atteinte aux valeurs revendiquées par l’organisation : “The moral development of a corporation is determined by the organization's culture and, in reciprocal fashion, helps define that culture. In essence, it is the organization's culture that undergoes moral development”(Reindenbach et Robin 1991). Tous ces développements soulèvent de multiples questionnements : Quels sont les courants philosophiques qui fondent la théorie et la pratique éthiques liées aux TI/SI ? Quelle est la portée effective des approches classiques de l’éthique, à savoir le déontologisme, le conséquentialisme et l’éthique de la vertu (Mingers et Walsham, 2010), dans l’appréhension des problématiques éthiques actuelles, quel est l’apport des approches plus récentes affiliées à la pensée pragmatique (Dewey, 1948 ; James, 2007) ou à la philosophie informationnelle (Floridi, 2002, 2008) ? Quel est le rôle de la culture (nationale/organisationnelle/sectorielle…), dans le positionnement éthique individuel et/ou organisationnel vis- à- vis des TI /SI ? Est-ce que ce positionnement relève d’une forme de culture numérique émergente (Walsh, Kefi et Basekerville, 2010) ? Quel est le lien entre le positionnement éthique et les valeurs individuelles et/ou organisationnelles ? 2 Dans une conception psychosociologique de l’éthique TI/SI (Kefi et Sarr, 2012), quel est le lien entre le positionnement éthique TI/SI et le stade de développement moral des individus et/ou des organisations interagissant avec ces outils ? Cette journée de recherche sera donc mobilisée pour mener une réflexion approfondie et également pour apporter des réponses concrètes ayant des portées managériales à ces questions et notamment pour rajouter une dimension éthique à la nécessité de promouvoir des usages efficients des outils technologiques aussi bien dans les sphères publiques que privées. Nous proposons ci-dessous une liste non exhaustive de thèmes de recherche pouvant être débattus : Applications de la théorie éthique classique Apports des approches récentes de la philosophie éthique Ethique TI/SI et droit numérique Usages et usages controversés des TI/SI et impacts de la culture (nationale, organisationnelle, régionale…) Ethique TI/SI et culture numérique TI/SI et mutations sociétales Frontières vie publique/vie privée et pratiques organisationnelles Ethique TI/SI et gouvernance des organisations Ethique et e-commerce Ethique et usages des réseaux sociaux numériques Comité d’organisation Hajer Kefi, Maître de Conférences HDR, Université Paris Descartes Isabelle Walsh, Professeur associée, Rouen Business School Aline Boissinot, Maître de Conférences, Université Paris Descartes Sarah Benmoyal, Maître de Conférences, Université Paris Descartes Myriam Manzano, Maître de Conférences, Université Paris Descartes Pierre-Michel Simonin, Enseignant-chercheur, Université Paris Descartes Alya Mlaiki, ATER, Maître de Conférences, ESDES Lyon Lamine Sarr, Doctorant, Université de Paris Descartes Comité scientifique Anol Bhattacherjee, Professeur, University of South Florida Marc Bidan, Professeur, Université de Nantes Martine Brasseur, Professeur, Université Paris Descartes Marc Favier, Professeur, Université de Grenoble Michel Kalika, Professeur, Université Paris Dauphine Hajer Kefi, Maître de Conférences HDR, Université de Paris Descartes Indira Guzman, Professeur Associée, Trident University International Trevor Moores, Professeur, ESSEC Business School Isabelle Walsh, Professeur Associée, Rouen Business School Soumissions 3 Les contributions sont ouvertes aux chercheurs appartenant aux disciplines des sciences de gestion (systèmes d’information, marketing, stratégie, contrôle de gestion, RH, etc.), ainsi qu’à d’autres domaines scientifiques (informatique, sociologie, économie, droit, science politique, etc.). Toutes les propositions de communication devront être originales et ne pas avoir été proposées à d’autres colloques ou revues. Elles seront révisées en aveugle par au moins deux membres du comité de lecture. Trois types de propositions sont considérés: Les articles de recherche qui ont pour objet de proposer une contribution significative. Les recherches en cours présentant un propos d’étape d’une recherche non encore achevée, originale et prometteuse. Les études de cas issus d’une recherche originale et accompagnés de notes pédagogiques à l’intention des enseignants. Les propositions peuvent être soumises en français ou en anglais et doivent être envoyées par email à : [email protected] Le comité scientifique sélectionnera les meilleurs articles qui seront proposés à la publication dans un ouvrage collectif aux éditions CAMBRIDGE SCHOLARS PUBLISHING, http://www.c-s-p.org/. (Après traduction en anglais pour les articles ayant été proposés initialement en français) Dates à retenir : - Envoi des intentions de communication : 10 janvier 2014 - Dépôt des communications : 07 février 2014 - Retour des évaluations du comité scientifique : 15 mars 2014 - Retour des papiers finalisés : 15 avril 2014 - Journée de recherche à l’Université de Paris Descartes : 06 juin 2014 Instructions aux auteurs Les textes seront envoyés en format .doc et ne devront pas excéder 8000 mots approximativement. Le texte sera écrit en Times New Roman (12 points), avec interligne simple et sera justifié (aligné à gauche et à droite). Les auteurs sont priés d’insérer les tableaux et figures dans le texte aux bons endroits. Les pages seront numérotées. La première page comprendra uniquement : - Le titre de l’article (Times 18 gras) ; - Le(s) nom(s) de(s) auteur(s), leur affiliation (Times 14 gras) et adresses e-mail; - Un résumé de l’article d’environ 500 mots (Times 12, justifié) ; - 5 mots clefs maximum La deuxième page ne doit contenir que le titre de l’article et le résumé ; elle ne doit pas mentionner le(s) nom(s) auteur(s). A la suite de l’article, on fera successivement apparaître : 4 - Les références bibliographiques, classées par ordre alphabétique des auteurs - Les éventuelles annexes désignées par des lettres. Références bibliographiques Baltzan, P., and Phillips, A. (2008). Business driven information systems. New York: McGraw-Hill Irwin. Banerjee, D., Cronan, T. P. & Jones, T. W. (1998). Modeling IT Ethics: A Study in Situational Ethics. MIS Quarterly, 31-60. Capurro, R.( 2008). “Intercultural Information Ethics,” in The Handbook of Information and Computer Ethics, K. Himma and H. Tavani (eds.), Hoboken, NJ: Wiley, pp. 639-665. Chatterjee, S., Sarker, S., and Fuller, M. (2009). "Ethical Information Systems Development: A Baumanian Postmodernist Perspective," Journal of the Association for Information Systems 10(11), 787-815. Davison, R.M.; Martinsons, M. G,; Ou, C.X.J.; Murata, K.; Drummond, D.; Li, Y. ; and Lo, H.W.H. (2009) The Ethics of IT Professionals in Japan and China, Journal of the Association for Information Systems, Vol. 10: Iss. 11, pp. 834-859. Desai, Mayur, Von der Embse et Ofori-Brobbey(2008), “Information technology and electronic information : an ethical dilemma”, SAM Advanced Management Journal. Dewey J., (1948/2003) Reconstruction en Philosophie, Trad. Di Mascio, P., Editions Farrago/ Léo Scheer / Université de Pau. Dorf. R.C. {1999). Technology management handbook, Boca Raton, Florida: CRC Press Ess, C. (2006). “Ethical Pluralism and Global Information Ethics,” Ethics and Information Technology (8), pp. 215-226. Ess, C. 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