Diffusable-Sandrine et Roselyne_1
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Université Lumière Lyon 2 Institut des Sciences et des Pratiques d’Éducation et de Formation Campus FORSE Année universitaire 2012-2013 Master 1 en Sciences de l’éducation Anglais "Motivation extrinsèque, motivation intrinsèque : de la pédagogie à l'andragogie" NOM Prénom mail N° étudiant(e) BASSINET Sandrine [email protected] 5110790 DURAND COIGNÉ Roselyne [email protected] 5090674 Mots clés : formation des adultes, motivation, andragogie, adulte apprenant, enseignement à distance, responsabilité, autonomie, motivation intrinsèque, motivation extrinsèque, affect, intérêt Présentation : Le présent document rend compte de la lecture de quatre textes contemporains qui abordent, chacun à sa manière, les concepts d’andragogie et de motivation. La motivation est un concept multidimensionnel, les articles dont il est rendu compte ici traitent plus précisément de la motivation dans le champ de la formation des adultes. L’auteur du premier article présenté dresse un inventaire non exhaustif de plusieurs théories associées à l’andragogie. Au travers de concepts apparentés, tels que l’adulte, l’apprentissage, les motivations et les obstacles, il entend de montrer aux formateurs l’utilité de maîtriser ces concepts pour mieux adapter les méthodes d’enseignement aux apprenants. Le texte objet de la deuxième fiche de lecture, tente, sous l'angle des méthodes d'enseignement destinées aux adultes, de distinguer pédagogie et andragogie. Il traite d'abord des principes de l’andragogie : ses caractéristiques et ses facteurs de réussite pour enfin aborder ses champs d’application possibles, avec notamment l’enseignement à distance et les questions que cette approche suscite. Le troisième article dont il est rendu compte, aborde quant à lui la distinction entre pédagogie et andragogie sous l'aspect motivationnel. Il évoque les disciplines associées au concept de motivation ainsi que la distinction entre motivations extrinsèques et intrinsèques de l’adulte apprenant avant d'aborder la question de la responsabilité de cette motivation. L’auteur présente enfin plusieurs raisons au statuquo en pédagogie et met en avant la notion d’autonomie comme solution envisageable. Pour terminer, l'article objet de la dernière fiche de lecture porte sur une étude qui met en relation le style de motivation (intrinsèque ou extrinsèque) avec des facteurs tels que l’âge, l’intérêt et l’affect positif de l’apprenant. Cette étude se base sur la comparaison entre des étudiants en formation initiale et des étudiants en reprise d'études après une ou des expérience(s) professionnelle(s), elle permet de pointer les particularités de la formation des adultes. 1 Fiche de lecture 1 “Understanding the Adult Learners’Motivation and Barriers to Learning” Auteurs: CHAO Jr. Roger (Danish School of Education, Arhus University, Denmark) Revue : Actes d’ouverture de la conférence 2009 du réseau ESREA (Société Européenne de Recherche en Education des Adultes) sur le développement professionnel des éducateurs d’adultes et des formateurs, Université de Macédoine, Thessalonique, Grèce, 6-8 novembre 2009. Disponible en ligne : http://www.academia.edu/1267765/Understanding_the_Adult_Learners_Motivation_and_Bar riers_to_Learning [consulté le 01/10/2012] Année : 2009 Nombre de pages : 10 Thème : Motivations et obstacles à l’apprentissage des adultes Concepts présentés dans la fiche : formation tout au long de la vie, adulte, apprentissage, motivation, obstacle, autonomie Mots-clés : formation des adultes, motivation, obstacles, développement, environnement Référence : Fiche de lecture rédigée par : Roselyne DURAND COIGNÉ Résumé: Comprendre la motivation et les obstacles à l'apprentissage des adultes, dans un monde où la formation tout au long de la vie est devenue incontournable, est un préalable pour tout formateur d'adultes. Aussi, dans l'objectif de proposer des outils aux acteurs de la formation d'adultes, est-il proposé de faire un tour d'horizon des différentes théories à même d'éclairer les concepts d'adulte, d'apprentissage et bien sûr de motivation et d'obstacles. De Knowles à 2 Maslow, en passant par Illeris et Alderfer, l'auteur balaie les différents concepts pour en proposer une vision plus précise et surtout qui puisse être utile aux formateurs. Compte-rendu de lecture Du fait de l’évolution démographique de nos sociétés, la formation tout au long de la vie est devenue une question incontournable, et pas seulement dans le champ de l’éducation. C’est à partir de ce constat, et dans l’objectif d’apporter des outils aux formateurs d’adultes, que l’auteur de cet article tente de faire le tour des concepts permettant de comprendre les motivations et les obstacles à l’apprentissage des adultes. Trois grands axes articulent ce texte : une définition du concept d’adulte et plus particulièrement de l’adulte apprenant ; une présentation de différentes théories de l’apprentissage des adultes et enfin une réflexion autour de quelques théories de la motivation et des résistances à l’apprentissage. Qu’est-ce qu’un adulte ? Si, à l’instar de certaines organisations internationales, on peut se référer au critère de l'âge, on se rend rapidement compte, qu’en matière de formation en tout cas, c’est loin d’être suffisant. Afin d’approfondir la question, l'auteur se réfère à Malcolm Knowles (1973, 1980,1984), un des pères fondateurs de l'éducation des adultes qui identifie cinq caractéristiques de l'apprenant adulte : - le besoin de savoir - la conception de soi : avec la maturité, l'adulte se conçoit comme un être autodirigé - le rôle primordial de son expérience : l'adulte accumule un réservoir d'expérience qui sera utilisée pour l'apprentissage - sa volonté d'apprendre : de plus en plus orientée vers les tâches développementales liées à ses rôles sociaux - du fait de l'évolution de sa relation au temps, il vise une utilisation immédiate de la connaissance et est plus orientée vers le problème que vers l'apprentissage en luimême. La réflexion de Knowles est cependant particulièrement axée sur le rôle de l'expérience dans l'apprentissage des adultes. L’adulte se définirait en fonction de sa capacité à utiliser son expérience et celle-ci serait constitutive de son identité. Le rôle social serait également une part importante de l’identité de l’adulte. Les adultes sont donc des êtres complexes qui peuvent être définis dans une dimension individuelle, sociale mais dont il faut prendre en compte aussi l'environnement sociétal. Au cœur de ce triangle se jouent des interactions qui constituent l'identité de la personne. En outre, les adultes, selon McClusky (cité par Merriam 3 et al 2007, P. 94), cité par Chao Jr. Roger, sont dans un processus de croissance, de changement et d'intégration, qui connaît plusieurs stades. Enfin, Chao Jr. Roger cite les apports de Karen Thoms (2001) sur les caractéristiques des apprenants adultes. Les travaux de cette dernière sont davantage axés sur la dimension sociale de l'adulte: un adulte a un rôle social, un système de valeurs et sa propre perception de la valeur de l'apprentissage. L'apprenant adulte est donc un être complexe aux multiples facettes, professionnelles mais aussi familiales, sociales, culturelles… dont il faudra essayer de tenir compte en formation. C'est sur les travaux de Knud Illeris (2007) que l'auteur s'appuie pour tenter de définir les processus d'apprentissage des adultes. Selon Illeris, le processus d'apprentissage est un processus de changement qui met en œuvre des processus cognitifs conscients et inconscients. Il affirme que tout apprentissage comporte trois dimensions : une dimension cognitive (connaissance, savoir-faire …), une dimension émotive (sentiments, motivation …) et une dimension sociale (communication, coopération…). Ces trois dimensions sont elles-mêmes intégrées dans un contexte sociétal et interagissent entre elles ainsi qu'avec l'environnement. L'auteur met cependant en perspective les travaux d'Illeris avec ceux de Mc Clusky sur la théorie des marges. Le concept de marges introduit par Mc Clusky consiste en une forme d'équilibre entre différentes forces : pour apprendre, une certaine quantité d'énergie est disponible en amont, ce que certains appelleront prérequis et ce que Mc Clusky nomme la charge ("load") et une certaine quantité d'énergie est nécessaire : la puissance ("power"). Selon Mc Clusky, l'apprentissage ne peut avoir lieu que s'il y a un relatif équilibre entre ces deux pôles. Concernant le concept de motivation, l'auteur se réfère principalement à Maslow (1943) et à sa pyramide des besoins, ainsi qu'à Alderfer (1972) et sa théorie ERG. Ainsi, selon Maslow, les besoins des adultes s'échelonnent sur cinq niveaux (pyramide de Maslow) : les besoins primaires physiologiques, les besoins de sécurité, les besoins d'appartenance et affectifs, l'estime et enfin l'accomplissement personnel. Alderfer reprend la notion de besoins de l'adulte mais les regroupe en trois catégories : l'Existence (besoins physiologiques), la Reconnaissance (estime et relationnel) et le Développement personnel. A partir de ces deux théories, l'auteur développe une première approche de la motivation et des obstacles à l'apprentissage en formation des adultes. Si l'on suit la théorie de Maslow, la motivation naît d'un besoin à satisfaire et quand le premier besoin est satisfait, on peut passer au suivant. Même si Maslow admet lui-même que l'on peut passer au niveau supérieur sans avoir obligatoirement satisfait, totalement, les besoins du niveau inférieur, Alderfer, lui, affirme que les besoins peuvent être simultanés. De ces deux théories il ressort cependant que la 4 motivation peut être due à des facteurs externes (quand il s'agit de satisfaire des besoins primaires) ou internes (lorsqu'il s'agit d'épanouissement personnel). Mais il ne faut pas perdre du vue que l'adulte apprenant, si l'on suit Illeris (2007), est un être social et que tout processus d'apprentissage est un processus interne d'acquisition de connaissances qui met en jeu à la fois les fonctions cognitives et les fonctions affectives. Les interactions entre l'apprenant et son environnement sont par ailleurs permanentes. L'apport de Karen Thoms (2001) est ici intéressant pour l'auteur puisqu'elle repart de l'idée que la motivation dépend de l'expérience, des aptitudes et des attitudes de l'adulte ainsi que de la valeur qu'il donne à l'apprentissage et donc de son système de valeurs.Karen Thoms s'attache davantage aux interactions entre l'apprenant et son environnement social. Elle base notamment une part de la motivation sur le statut social de l'adulte dont elle distingue trois modalités principales: l'adulte est soit un travailleur, chômeur ou retraité. De là, les motivations ne seront bien sûr pas les mêmes suivant la catégorie à laquelle il appartient. Elle distingue motivation extrinsèque et intrinsèque (motif économique ou personnel et social) et pose six facteurs de participation à la formation d'adultes : les relations sociales, les attentes extérieures, l'implication sociale, l'avancement professionnel, l'évasion ou encore le seul intérêt cognitif. Une fois définie la motivation et ses facteurs, reste les obstacles qui, de la même manière que la motivation, sont en interaction avec les trois dimensions de l'apprentissage : cognitifs, affectifs et socio-environnementaux. L'auteur insiste sur un point notable : les facteurs environnementaux et affectifs sont des composantes communes à tous les types d'obstacle, sans ignorer la dimension cognitive, ce sont des dimensions dont on ne peut pas ne pas tenir compte. Ramenés à la théorie des marges de Mc Clusky (Merriam 2007), motivation et obstacles peuvent être considérés comme des forces opposées : la motivation donne l'énergie et l'obstacle la canalise. Pour persévérer il faut que l'adulte apprenant conserve une marge de réserve. Knowles (1973, 1980, 1984) considérait que la motivation des adultes était plus interne qu'externe, il ne faut pas oublier cependant que la motivation intrinsèque est formée par des forces à la fois externes et internes. Par conséquent il est très compliqué de distinguer motivation extrinsèque et intrinsèque. La décision de s'engager dans une formation est souvent due au départ à un besoin, mais le besoin évolue et donc aussi les motivations et les obstacles. Si différents types d'obstacles peuvent toucher les apprenants à différents moments et relever de différentes dimensions, il apparaît cependant que, comme pour la motivation, les dimensions affectives et environnementales jouent un rôle de premier plan. Toutefois, les obstacles peuvent aussi être perçus comme des étapes dans un processus dynamique. 5 L'apprenant adulte et l'apprentissage sont donc des concepts complexes et les notions de motivation et d'obstacles sont multidimensionnelles. Les formateurs d'adultes doivent avoir à l'esprit cette complexité pour tenter de mieux comprendre les adultes auxquels ils s'adressent. Bibliographie Alderfer, C.P. (1972). Existence, Relatedness and Growth ; Human Needs in Organizational Settings. New York : Free Press. Illeris, K. (2003). Learning Changes Through Life. Lifelong Learning in Europe. Illeris, K. (2007). How We Learn: Learning and non-learning in school and beyond. New York: Routledge. Knowles, M. S. (1973). The adult learner: A neglected species. Houston: Gulf. Knowles, M. S. (1980). The modern practice of adult education: From pedagogy to andragogy (2nd Edition). New York : Cambridge Books. Knowles, M. S. (1984). The adult learner: A neglected species (3rd Edition). Houston: Gulf. Maslow, A.H. (1943). A Theory of Human Motivation. Psychological Review, 50, 370396. Merriam, S. B. Caffarella, R. S. & Baumgartner, L. M. (2007). Learning in Adulthood: A Comprehensive Guide (3rd Edition). San Francisco: Jossey-Bass. Merriam, S. & Caffarella, R.(1991). Learning in Adulthood. San Francisco: JosseyBass. Thoms, K. J. (2001). They’re Not Just Big Kids: Motivitating Adult Learners. Annual MidSouth Instructional Technology Conference. Murfreesboro, TN. 6 Fiche de lecture 2 “Practical Applications of Andragogy” Auteurs: Henschke, J.A. (Associate Professor Adult Education and Continuing Education Specialist, University of Missouri, USA) Revue : Extrait de "A Global Perspective on Andragogy: AnUpdate." In Proceedings of the Commission on International Adult Education [CIAE] Pre-Conference, American Association for Adult and Continuing Education [AAACE] Conference, Boucouvalas. Disponible en ligne : http://www.umsl.edu/~henschkej/articles/added-02-10/11.pdf [consulté le 02/10/2012] Année : 2008 Nombre de pages : 12 Thème : Les caractéristiques de l’andragogie et ses champs d’application Concepts présentés dans la fiche : caractéristiques de l’andragogie Mots-clés : andragogie, adulte apprenant, enseignement à distance Référence : Fiche de lecture rédigée par : Sandrine BASSINET Résumé : L’auteur rappelle les principes de l’andragogie, au travers de multiples références d’ouvrages (principalement entre les années 1980 et 2005). Il aborde ensuite les systèmes éducatifs à destination d’adultes apprenants, pour en présenter des caractéristiques telles que l’autogestion ou encore l’apprentissage centré sur l’apprenant. De ces éléments, il met en avant les facteurs de réussite de l’andragogie, notamment dans les méthodes utilisées. Il est ensuite question du public concerné par l’andragogie. A partir d’une approche généraliste, l’auteur définit des particularités des apprenants adultes. Après le public, l’auteur traite des intérêts de l’andragogie au delà du volet de la formation, d’un point de vue général, puis 7 présente les domaines d’application potentiels de celle-ci, avec plus spécifiquement le domaine de l’enseignement à distance. Ensuite, une mise en relation est réalisée entre l’andragogie et le milieu de l’entreprise, à la fois du point de vue des employés et du point de vue des chefs d’entreprise. L’auteur termine son propos par une articulation entre l’enseignement à distance et l’andragogie et les questions que cela mérite. 8 Compte-rendu de lecture Dans cet extrait d’une pré-conférence sur l’actualisation des perspectives globales de l’andragogie, l’auteur commence son propos par un rappel à Lindeman (1926) qui a posé la discussion comme base de l’andragogie. Il effectue ensuite un retour historique sur les principes de l’andragogie dans les trente dernières années. Il présente la charte pour l’andragogie développée par Mezirow (1981, p.3-24), composée de douze concepts de base. Une présentation de dix de ceux axés sur l’auto-orientation dans l’apprentissage est reprise de Suanmali (1981) : diminuer la dépendance des apprenants, les aider à utiliser les ressources d'apprentissage, les accompagner à définir leurs besoins d’apprentissage, les aider à assumer la responsabilité de l'apprentissage, organiser un apprentissage pertinent, favoriser la prise de décision et de choix de l'apprenant en tant que personne, l’encourager dans son jugement et son intégration, faciliter l’énoncé et la résolution des problèmes, créer un climat propice à l'apprentissage, et mettre l'accent sur des méthodes expérientielles. Un rappel des principes préconisés par Dewar en 1999 est ensuite réalisé. Il s’agit du maintien et de la croissance du sentiment d’estime de soi et du plaisir comme motivations, de la participation des apprenants pour la combinaison des nouvelles et précédentes connaissances. A cela s’ajoutent l’approche par l’expérimentation et par des styles d’apprentissage multiples et enfin l’évaluation par l’apprenant lui-même de ses compétences et insuffisances. Puis l’auteur aborde certaines caractéristiques des systèmes éducatifs à destination d’adultes retenues par Simonson et al. (2003). Le principe est de favoriser le respect, la dignité et le soutien des apprenants, de partir de leurs besoins et de leurs intérêts, d’encourager la participation active et de réaliser une présentation des objectifs, ressources d’apprentissages ainsi que des échéanciers aux apprenants. Dans la même idée, Johnson (2000) a estimé que l'andragogie est intégrée dans une méthode pour engager les apprenants dans la découverte de sens pour eux dans leur vie personnelle et professionnelle. L’orientation vers l’apprenant est présentée au travers de deux auteurs. Tout d’abord, Fidishun (pas de date donnée) pour qui la conception doit être interactive, centrée sur l’apprenant et faciliter l'auto-orientation des apprenants, les éducateurs devant devenir des facilitateurs de l'apprentissage. Ensuite, les propos de Conner (1997-2003) sont repris : celui-ci affirme que l’andragogie s’axe sur l’apprenant, ce qui implique une évolution du centrage sur l’enseignant vers un centrage sur l’apprenant. De plus, il est rappelé que Akande et Jegede (2004) identifient l’andragogie comme démocratique par la considération de l’apprenant comme participant actif au sein du processus d’apprentissage. L’auteur souligne également que l’andragogie doit devenir une manière d’être ou un état d’esprit de l’enseignant Henschke (1998b). 9 Par la suite, la présentation s’axe sur le volet des facteurs de réussite de l’andragogie. Ainsi, Billington (2000) a étudié 9 facteurs clefs qui favorisent la la croissance des adultes dans la formation : un environnement de classe respectueux; la reconnaissance de leurs capacités et de leurs « réalisations de vie », la liberté intellectuelle, l'auto-apprentissage, l'expérimentation et l’encouragement de la créativité ; le traitement équitable des apprenants en tant qu'intelligence adulte ; la classe est un défi intellectuel; la promotion des interaction avec l'instructeur et entre étudiants; rétroaction régulière de l'instructeur. En complément, Wie (2003) a relevé les principes de l’andragogie qui garantissent la réussite et la qualité de l’apprentissage à destination des adultes. Tout d’abord, l'apprenant détermine le but et il a une expérience pratique, la motivation de l'apprentissage est claire et forte, le programme de formation est flexible. De plus, des méthodes pédagogiques actives sont utilisées et l’environnement éducatif est sûr et convivial. Enfin, l'information est testée pour l'applicabilité au moment présent, les apprenants pensent de façon critique, et choisissent le type d'évaluation à utiliser. Un autre volet de l’article traite du public concerné par le terme d’andragogie. Une approche générale est exposée. Ainsi, Moore (pas de date donnée) définie l’andragogie comme l’éducation à tout apprenant adulte ciblé. En complément, Schneider (2003) émet la proposition que l’andragogie correspond aux apprenants non traditionnels (c’est à dire hors de la formation continue), et que la pédagogie est plus adaptée aux étudiants traditionnels. Ainsi, plusieurs auteurs considèrent l’andragogie comme inévitable dans l’apprentissage des adultes. Cependant, Bellaire (2005) préconise une combinaison entre pédagogie et andragogie pour favoriser l’adulte à devenir un apprenant actif qui se dirige lui-même. En complément, l’auteur cite le point de vue de Lieb (1991) : les adultes apprenants sont autonomes et autogérés et axés sur les objectifs, la pertinence et la pratique dans l’apprentissage. Ce public utilise ses expériences antérieures dans ses productions académiques réalisées, comme le met en avant Cassity (2005). Sa place est spécifique, comme le considère Livingstone (2001) pour qui l’Andragogie de Knowles est une théorie qui met l'accent sur la pratique de la participation active des apprenants adultes dans la poursuite de connaissances ou de changement culturel. En parallèle des publics associés à l’andragogie, les intérêts de celle-ci dans une dimension sociale et sociétale sont abordés. Tout d’abord, il est rappelé que Knowles (1972) et Ingalls (1976) avancent l’intérêt de l’andragogie d’offrir un potentiel pour améliorer les relations entre les personnes et l’efficacité de travail. Ensuite, Pastrana (pas de date) indique que l’andragogie représente un ensemble de solutions pour favoriser l’évolution des sociétés par l’éducation, la formation et le conseil, dans un bénéfice à la fois pour la société et pour les 10 individus. Sous un autre aspect, Gross (2006) a mis en avant une étude qui montre que les étudiants qui s’orientent vers l’andragogie le font dans un intérêt à dimension sociale (c’est à dire avec la volonté de former des personnes en besoin). En guise de conclusion sur ces éléments, l’auteur expose son point de vue sur l’intérêt d’une collaboration entre les DRH, les professionnels de l’éducation des adultes et les gestionnaires d’entreprise. Il défend donc que le terme d’andragogie n’est pas qu’une tendance, et que son application est envisageable dans de nombreuses organisations et institutions, dans une finalité de bénéfice collectif et individuel. Pour illustrer cet élément, plusieurs champs d’application possibles de l’andragogie sont cités. Pour exemple, Brockett (pas de date précisée) identifie une large application des principes de l’andragogie dans de multiples secteurs, dont le monde industriel. De plus, Isenberg (2005, 2007) a développé et testé un programme Internet 'Entraîneur virtuelle de la santé' qui combine les principes andragogiques avec la technologie Internet, qui est utilisé dans les domaines militaires et dans le traitement des questions de santé. Il est également possible de citer Nevins (pas de date donnée) qui indique que l’approche de la prise de décision adoptée par certains chefs d’entreprise est celle de l’approche andragogique de l’apprentissage. En complément, dans le cadre de recherches, Bragar & Johnson (1993) ont identifié 5 principes à l’apprentissage des adultes dans l’environnement de l’entreprise. Ils sont les suivants : l'apprentissage est une transformation qui se déroule au fil du temps, il suit un cycle continu de l'action et de la réflexion, il est plus efficace quand il aborde des questions pertinentes à l'apprenant et lorsque les personnes apprennent avec les autres, et il se fait mieux dans un environnement favorable et motivant. Après cet échantillon des domaines d’application possible de l’andragogie, l’auteur rappelle la place considérable de celle-ci dans les domaines de la formation des adultes, notamment dans l’enseignement à distance. Il invite ainsi à un questionnement sur l’andragogie dans l’enseignement à distance de Bullen (1995). En effet, Burge (1998) dit que l’andragogie en enseignement à distance amène le concept de qualité. L’andragogie fournit un contexte, un cadre et un processus pour l’enseignement à distance Rossman (2000). Néanmoins, Osborn (1999) souligne qu’une partie des apprenants en enseignement à distance a besoin qu’on lui montre comment prendre la responsabilité de son propre apprentissage et devenir son propre metteur en scène, ce qui rappelle la notion d’apprenant actif développé dans l’andragogie. De plus, Gibbons et Wentworth (2001) se questionnent sur l’apprentissage en ligne. Ils déclarent que le dialogue est le cœur méthodologique du paradigme de l'apprentissage en ligne, que l’apprentissage nécessite un discours et un dialogue. L’enseignant devient, alors dans ce processus d’apprentissage en ligne, instructeur, facilitateur et personne-ressource. Pour conclure, l’auteur rejoint Raslavicus (2003?) qui prévoit que, 11 dans un futur proche, chacun devra démontrer ce qu’il a appris, en termes de compétences,. La notion de compétence et donc de processus est ainsi introduite, ce qui fait écho à la place de l’apprenant dans le concept de l’andragogie. Bibliographie Billington, D. D. (2000), Seven characteristics of highly effective adult learning programs. New Horizons for Learning. Seattle: New Horizons, http://www.newhorizons.org. Bellaire, B. (2005). Closing the gap between pedagogy and content in the statistics classroom. M. Ad. Ed. Dissertation, St. Francis Xavier University, Canada. Retrieved June 23, 2008, from Dissertations & Theses: A&I database. (Publication No. AAT MR09940). Bragar, J., & Johnson, K. (1993). Adult learning: New research on continuous learning in the business environment, Atlanta, OA: American Society for Training and Development Annual Conference. Brockett, R. O. (no date given), Humanism as an instructional paradigm, Website: http://www-distance.syr.edwromiral&html (Listed also to appear as a chapter in C. Dill & A. Roomiszowski (Eds.). Instructional development: State of the art paradigms in the field. Volume 3, Englewood Cliffs, NJ: Educational Technology Publications. Retrieved from the Internet, July 17,2003. Bullen, M. (1995). 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Improving adult learning, Hogskolen i Nesna: Socrates Education and Culture. 13 Fiche de lecture 3 “Andragogy and pedagogy as foundational theory for student motivation in higher education” Auteurs: Stephen Pew (Associate Professor of Healthcare Leadership Park University) Revue : InSight, Volume 2, (p.14-26). Disponible à http://insightjournal.net/Volume2/Andragogy%20and%20Pedagogy%20as%20Foundational %20Theory%20for%20Student%20Motivation%20in%20Higher%20Education.pdf [consulté le 04/11/2012] Année : 2007 Nombre de pages : 9 Thème : la motivation en andragogie Concepts présentés dans la fiche : les motivations intrinsèques et extrinsèques Mots-clés : motivations, responsabilité, autonomie Référence : Fiche de lecture rédigée par : Sandrine BASSINET Résumé : Après avoir recensé les disciplines qui touchent au concept de motivation, les motivations extrinsèque et intrinsèque spécifiquement tournés vers l’adulte en formation sont exposées. Par la suite, la question de la responsabilité de cette motivation est abordée avec ses nuances entre la pédagogie et l’andragogie. Cette approche est complexe et impliquerait un réel changement dans la manière d’accompagner les apprenants pour faciliter cette motivation intrinsèque. Plusieurs hypothèses sont présentées pour expliciter le non-changement dans ce domaine : l’immobilisme impliqué par le poids des traditions, le maintien de la codépendance entre enseignant et élève, l’engagement lié à la réussite. Une alternative proposée par l’auteur réside dans l’explicitation du positionnement de l’enseignant, pour laisser à 14 l’élève l’autonomie du choix en fonction de ses propres besoins motivationnels, tout en préservant et favorisant la source de la motivation que représente l’autonomie. 15 Compte-rendu de lecture L’intention de l’article est de favoriser une réflexion sur la pédagogie et l’andragogie dans leurs relations avec la motivation des apprenants, sans fournir pour autant des réponses ou des solutions mais plutôt des précisions sur les dimensions des problèmes rencontrés. Tout d’abord, la motivation peut être soit intrinsèque soit extrinsèque (McDevitt, 2006, p.1). Pour commencer, il s’agit de présenter les multiples disciplines philosophiques et pratiques concernées par l’étude de la motivation. Ainsi, le point de vue cognitif met l’accent sur des motivations intrinsèques tandis que les théories comportementales traitent de processus associés à des formes extrinsèques de motivation. De plus, les méthodes, dynamiques et philosophies d’enseignement ainsi que les relations et attentes respectives entre les acteurs nécessitent d’être réajustées avec l’arrivée d’étudiants « non-traditionnels » dans l’enseignement supérieur. Ensuite, les motivations extrinsèques et intrinsèques sont distinctes dans les efforts qu’elles demandent ainsi que dans la façon dont l’information est traitée. Ainsi, la motivation intrinsèque représente la motivation naturelle à apprendre et fait référence à l’intérêt et au plaisir. Il est intéressant de noter que celle-ci entraine une plus grande réussite. Le principal avantage de celle-ci réside dans sa disponibilité immédiate et sa portabilité (son indépendance aux sources externes) associées à un sentiment personnel d’accomplissement. De plus, elle est indépendante de coopération externe. Cependant, ce type de motivation demande plus d’efforts et traite l’information en profondeur, associée à un souhait de compréhension en profondeur. L’auteur rappelle que l’adulte d’âge mûr devient plus indépendant et entièrement autodirigé, et est donc plus apte à développer sa motivation intrinsèque. La question du but de la motivation extrinsèque est alors soulevée. En parallèle, la motivation externe est devenue une marchandise, avec ses vendeurs (pour la motivation externe) et ses sources évidentes et accessibles, mais souvent imposées. L’éducation est elle devenue un investissement, positionnant alors les étudiants comme consommateurs externes. La motivation extrinsèque est à mettre en relation avec l’obtention d’une récompense, qui entraîne un retour au comportement initial à l’issue de cette récompense. La question-clé est « qui est la source de la motivation ? », associée à la philosophie de chacune des approches andragogique et pédagogiques. En andragogie, la finalité est de faciliter l’acquisition et la réflexion critique sur le contenu proposé, et l’application dans la vie réelle des paramètres pratiques, en se basant sur l’art et la science d’aider les adultes à apprendre. Un des principes de base de l’andragogie est que l’apprentissage est suivi pour sa valeur intrinsèque. De plus, lorsque la relation adulte-adulte est favorisée, le modèle 16 professoral est basé sur l’andragogie et donc le développement de l’enseignement ainsi que sur la participation volontaire et la satisfaction personnelle. L’adulte est le premier responsable de sa propre motivation, l’environnement extérieur n’étant qu’un élément facilitateur mais non originel de cette motivation. Dans une autre perspective, le modèle pédagogique affecte à l’enseignant la responsabilité de la prise de décisions ainsi que des choix du mode et du temps d’apprentissages, avec l’accent sur la transmission. En outre, ce modèle est centré sur l’encouragement et la motivation. L’objectif est alors d’apprendre, la satisfaction n’étant pas le principal déterminant. L’auteur relate les cinq affirmations du modèle de l’andragogie de Conner (1997-2004, p.12) : laisser les apprenants définir pourquoi quelque chose est important à apprendre, leur montrer comment se diriger à travers l'information, prendre en compte leur expérience, accepter que les personnes n'apprennent pas jusqu'à ce qu'ils soient prêts et motivés à apprendre et enfin aider les apprenants à surmonter, les comportements et les croyances, les inhibitions sur l'apprentissage " Une éventuelle solution pour la construction de milieux scolaires favorisant les deux types de motivations est présentée. Ainsi, la proposition est que ceux qui enseignent comprennent que les apprenants adultes sont les premiers responsables de leur motivation, les enseignants étant en appui et en conseil pour les motivations extrinsèques. Ainsi, le modèle professoral se baserait sur l’encouragement et la motivation de l’apprenant. Le principe est d’accompagner les élèves à profiter de leurs ressources internes en terme de motivation, et de favoriser la pensée critique et la résolution de problèmes. L’identification de ce qui motive l’autre est complexe. Il s’agit d’accepter que l’autre a des facteurs propres de motivation interne indisponibles pour l’enseignant, et que leurs motivations respectives peuvent être différentes. De ce fait, les adultes ne devraient plus être dans une relation de dépendance avec le maître, mais changer l’environnement de l’enseignement supérieur n’est pas chose aisée. Or, cette analyse est rarement présentée dans la formation des enseignants. L’auteur précise que le modèle pédagogique n’est pas exclu, mais il questionne l’absence de changement. Plusieurs raisons sont retenues. La première est qu’il pourrait s’agir d’un inconditionnel statuquo, par opposition au changement et à sa gestion délicate. La raison suivante est basée sur le principe qu’être responsable de la motivation des élèves entraîne une co-dépendance (Williams, 2006, p.1), dans la mesure où « l’autre me rend nécessaire car je suis dépendant de l’aide que je lui apporte », qui pourrait être transformée en co-dépendance éducative (au travers du plaisir de transmettre, dans une perspective d’enseigner et d’apprendre au travers de la dynamique de son savoir-faire). Enfin, la dernière raison repose sur un pacte mutuel de faibles attentes (Benton, 2006, p.4). A l’opposé du développement de l’autodétermination repris dans l’ouvrage de Reeve, Deci & Ryan (2004, p.31-60), et de 17 l’autosuffisance, le principal responsable de la motivation est l’enseignant, et il est également le principal engagé dans la réussite (à un examen, à être aimé …). Pour conclure, l’intérêt de la motivation des étudiants est de soutenir l’engagement et la performance, elle doit donc être ancrée et développée de manière intrinsèque. La variété des élèves entraîne des demandes concurrentes envers l’enseignant : pour certains en tant que source de motivation extrinsèque (avec un rôle de motivateur) et pour d’autres en tant que source d’éducation (par la présence de motivation intrinsèque). Ces différences de positionnement de l’enseignant ont des conséquences sur le temps que celui-ci consacre à éduquer ou, par opposition, à motiver. Il est envisageable de présenter aux élèves les bases (pédagogiques ou andragogiques) retenues par l’enseignant, dans un souci de traiter les adultes comme des adultes, pour qu’ils se comportent et agissent comme tels, ces élèves restant libres de leurs choix selon leurs besoins motivationnels. En définitive, la source la plus durable de la motivation est probablement l’autonomie. Amoindrir les dépendances et favoriser la prise en compte des différentes structures de motivation devient une partie intégrante de « l’enseigner », il n’est ainsi plus question de contenu. Il s’agit de développer la motivation intrinsèque, d’amoindrir les relations de dépendance et de s’adapter aux structures personnelles de motivation des étudiants. Une des perspectives soulignées est de traiter les adultes comme des adultes responsables, pour qu’ils agissent ainsi (Draper, 2006). L’auteur souhaite en conclusion amener le lecteur à réfléchir sur ses positionnement et représentations de la façon d’enseigner ou de motiver, pour en faire une problématique individuelle à exploiter. Bibliographie Benton, T.H. (2006). A tough love manifesto for professors [Electronic version]. Chronicle of Higher Education Connor, M.L. Andragogy and pedagogy. Retrieved March 1, 2007, from http://agelesslearner.com/intros/and ragogy.html Draper, S.W. (2006). The hawthorne, pygmalion, placebo and other effects of expectation. Retrieved February 11, 2007, from http://www.psy.gla.ac.uk/~steve/ha wth.html McDevitt, T.M, & Ormrod, J.E. (2006). Child development, educating and working with children and adolescents (2nd ed.). Boston: Prentice Hall. Reeve, J., Deci, E. L., & Ryan, R. M. (2004). Self-determination theory: A dialectical framework for understanding socio-cultural influences on student motivation. In S. Van Etten & M. Pressley (Eds.), Big Theories Revisited (pp. 31-60). Greenwich, CT: Information Age Press Williams, G. (2006). Codependency test and definition. Retrieved March 15, 2007, from http://www.way2hope.org/codepend ency-test-definition.htm 18 Fiche 4 “Motivation, Interest, and positive affect in traditional and nontraditional undergraduate students” Auteurs: Dorothéa Bye, Dolores Pushkar, Michael Conway Revue : Extrait de Adult Education Quarterly February 2007 vol. 57 n° 2 141 – 158 Année : 2007 Nombre de pages : 18 Thème : Relations entre motivation, intérêt et affect Concepts présentés dans la fiche : Motivation, affect, intérêt Mots-clés : motivation intrinsèque, motivation extrinsèque, affect, intérêt Référence : Fiche de lecture rédigée par : Roselyne DURAND COIGNÉ Résumé: La globalisation de la connaissance a conduit à une "dé-traditionalisation" de la société. En parallèle, la formation tout au long de la vie permet aux personnes de conjuguer travail et études suivant différents modes. En conséquence, le paysage étudiant change avec des jeunes étudiants qui retardent leur entrée dans la vie adulte et d' "anciens" étudiants qui reviennent à l'université après avoir vécu une ou plusieurs expériences professionnelles. Bien que les performances globales des universités n'aient pas été bouleversées, il y a cependant fort à parier que ces différences de parcours se reflètent dans le style et le degré de motivation que développent les étudiants. Cette étude a l'ambition de montrer que l'âge, l'intérêt et l'affect positif sont des facteurs déterminants d'un style de motivation intrinsèque ou extrinsèque. Et inversement, le style de motivation impacterait le développement de l'intérêt et / ou d'un affect positif. 19 Compte-rendu de lecture L'article, écrit par des chercheurs de l'Université Concordia à Montréal au Québec, présente une étude qui a été conduite auprès d'étudiants à la fois "traditionnels", c’est-à-dire qui n'ont pas connu de rupture dans leurs études, et "non traditionnels", c’est-à-dire qui ont repris leurs études après les avoir interrompues, souvent pour travailler. L'objectif de l'étude est de comparer les niveaux de motivation dans chacun de ces groupes et d’essayer de déterminer dans quelle mesure l’âge, l’intérêt et l’affect déterminent ou non ces niveaux de motivation. Les auteurs de l'étude distinguent les "jeunes" étudiants (traditionnels) et les "anciens" (non traditionnels) soit ceux âgés de 18 à 21 ans et ceux de âgés de 21 ans et plus, considérés comme des adultes. Les auteurs constatent qu’étudiants traditionnels et étudiants non traditionnels n'ont pas la même approche des apprentissages. Les premiers, jamais (ou peu) sortis du système éducatif ont une approche plutôt académique des apprentissages et visent souvent un diplôme alors que les seconds, souvent dotés d'une ou plusieurs expériences professionnelles, ont une approche plus ancrée dans le réel, plus pragmatique : ils recherchent une application immédiate dans leur vie des apprentissages reçus. Faisant preuve d'un plus grand sens de l'adaptation à la vie universitaire et à ses contraintes, ils font également preuve d'une plus grande maturité cognitive et n'abordent pas, qualitativement, les apprentissages de la même façon que les plus jeunes. Ils connaissent mieux aussi les facteurs susceptibles d'influencer leurs expériences d'apprentissage. En somme, ils se connaissent mieux, ils ont une plus grande conscience de leur identité. Alors que les étudiants plus jeunes visent davantage des objectifs extrinsèques (un diplôme, un métier …), les étudiants plus âgés sont autant, voire plus, attachés à leurs propres progrès, à leur propre évolution. Ils sont donc animés par une motivation intrinsèque. Pintrich, Smith, Garcia, & Mac Keachie, (1991), cités par les auteurs, définissent la motivation intrinsèque, en opposition à la motivation extrinsèque, en termes de participation aux tâches académiques ; être motivé intrinsèquement signifie participer à la tâche pour ellemême et non dans l’attente d’une récompense (le diplôme pour reprendre l'exemple donné précédemment. Ainsi les étudiants non traditionnels feraient preuve d'une plus grande motivation intrinsèque que les étudiants traditionnels. Cela ne signifie cependant pas que les étudiants plus âgés ne font pas preuve d'un certain niveau de motivation extrinsèque. D'autant que, comme le soulignent Higgins & Trope (1990), cité par les auteurs, certains événements (délais, évaluation…) peuvent transformer un objectif intrinsèque en un objectif extrinsèque. 20 Ce qui tendrait à montrer que la persistance dans les études et la réussite pourraient dépendre d'un équilibre entre motivation extrinsèque et motivation intrinsèque. Vallerand et Bissonnette (1992), cités par les auteurs de l’étude, estiment quant à eux que la motivation intrinsèque est prédictive de persistance. A la base de la motivation se trouve un sentiment de base : l'intérêt. Ainsi le degré de motivation et la persistance dans une tâche particulière tiennent à l'intérêt que l'on y porte et en conséquence au plaisir que l'on y trouve (Sansone et Smith (2000) cités par les auteurs). Pour déclencher et surtout maintenir une forte motivation intrinsèque à apprendre, les niveaux d'intérêt doivent être élevés (Hidi, 2000, cité par les auteurs). Alexander et al. (1997) que citent les auteurs, décrivent l'intérêt individuel comme l'énergie sous jacente à la motivation intrinsèque. La synergie des deux crée et maintient un engagement croissant à la fois par rapport au contenu et par rapport à l'affect. A l'inverse l'intérêt situationnel (état psychologique peu stable déclenché en général par les caractéristiques externes d’une situation) correspond à la motivation extrinsèque et à des stimuli externes : si les stimuli disparaissent alors l'intérêt et la motivation ont toutes les chances de disparaître aussi. Intérêt individuel et motivation intrinsèque sont donc considérés comme relativement stables et durables, orientés vers l'activité pour elle-même alors que l'intérêt situationnel et la motivation extrinsèque sont considérés comme éphémères, seulement au service d'objectifs. Ainsi, les étudiants les plus jeunes, en ce qu'ils sont encore en quête de leur identité, seraient plus enclins à expérimenter des intérêts situationnels et feraient état de hauts niveaux de motivation extrinsèques pour apprendre alors que les étudiants plus âgés, ayant établi un intérêt individuel durable du fait de leur expérience, témoigneraient de hauts niveaux de motivation intrinsèque pour apprendre. Par ailleurs Renninger (2000), cité par les auteurs, explique que l'intérêt individuel est d'autant plus fort qu'il n'est pas caractéristique d'une population. Autrement dit, l’intérêt individuel n’est pas forcément là où on l’attendrait le plus (chez les étudiants traditionnels par exemple, censés poursuivre leurs études par goût), il en va ainsi des étudiants non traditionnels qui reprennent leurs études après une ou plusieurs expériences professionnelles. Age et intérêt seraient donc fortement prédicteurs d'une motivation intrinsèque pour apprendre. A cela les auteurs ajoutent la notion d'affect positif qui caractériserait la motivation intrinsèque. Citant Csilksentmihalyi (1997), les auteurs expliquent qu'une personne motivée intrinsèquement entretient une sorte de cercle vertueux en accomplissant les tâches pour elles-mêmes, en étant capable de soutenir son intérêt sans avoir besoin de grands appuis. Elle se trouve ainsi prise dans des réactions en boucle entre apprentissage, intérêt et plaisir. Cet auteur distingue également les projets qui relèvent d'un libre choix et ceux qui sont imposés de l'extérieur, les premiers se trouvent donc être motivés 21 intrinsèquement alors que les seconds relèvent davantage de la motivation extrinsèque. Les auteurs font ainsi l'hypothèse d'une synergie entre la motivation et l'affect chez les étudiants plus âgés et qui ont un niveau élevé de motivation intrinsèque pour apprendre. En définitive, ce sont donc bien trois hypothèses que formulent les auteurs de l'étude. La première c'est que les étudiants non traditionnels feraient preuve d'un plus haut niveau de motivation intrinsèque que les étudiants traditionnels. La deuxième hypothèse suppose que l'âge et l'intérêt déterminent la motivation intrinsèque. Enfin, la troisième pose que la relation entre motivation et affect est plus forte chez les étudiants non traditionnels. Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont constitué un échantillon représentatif (en termes d'âge, de cursus, de genre …) d'étudiants recrutés sur le campus de l'université d'une ville de taille moyenne à qui ils proposent une batterie de questionnaires. En lien avec la première hypothèse, l’analyse fait ressortir que les étudiants plus âgés font état d'un niveau moyen de motivation intrinsèque supérieur à celui des étudiants traditionnels. De même, l'association entre affect positif et motivation intrinsèque est plus faible pour les étudiants traditionnels que pour les étudiants non traditionnels. L’âge est donc un facteur de motivation intrinsèque mais l’intérêt ressort comme plus déterminant encore. C’est également l’intérêt qui prime dans le déclenchement d’un affect positif, la motivation intrinsèque arrivant juste derrière. Quant à l’âge il n’apparaît pas déterminant pour prédire un affect positif. Conformément à la deuxième hypothèse, il apparaît bien qu'intérêt et âge sont fortement prédictifs d'une motivation intrinsèque pour apprendre. Et, comme attendu, intérêt et motivation intrinsèque prédisent un affect positif. Enfin, concernant la troisième hypothèse, chez les étudiants plus âgés, l'affect est une fonction de la motivation intrinsèque en ce sens qu'ils ont plus besoin que les étudiants traditionnels de trouver du plaisir dans le processus d'apprentissage pour persister. L'étude montre donc bien qu'il y a interaction entre âge et motivation intrinsèque pour produire un affect positif. Toutefois les auteurs notent que les étudiants ne diffèrent pas entre eux sur les niveaux de motivation extrinsèque, démontrant ainsi que les deux orientations coexistent. De plus la motivation intrinsèque n’entraîne pas nécessairement un affect positif et des objectifs extrinsèques ajoutés à des objectifs intrinsèques peuvent interférer avec les performances des étudiants. Il y a donc un équilibre à trouver entre les deux styles de motivation pour garantir persistance et performance. Enfin les auteurs notent également que l’affect positif est relativement éphémère notamment face aux délais ou évaluations, il n'est donc pas suffisant pour garantir la persistance dans les études, il faut également soit une forte autorégulation, soit un haut niveau de motivation intrinsèque. 22 L’étude montre donc qu’une relation particulière entre la motivation et les niveaux d’affect positif pour les étudiants non traditionnels existe. Les auteurs suggèrent de tenir compte de cet aspect dans l'approche pédagogique des apprentissages des étudiants non traditionnels. Cette étude permet également de démontrer que l’intérêt est le facteur le plus pertinent pour déterminer le niveau de motivation intrinsèque et l’affect positif. Les résultats de l’étude mettent également l’accent sur deux points. Tout d’abord, les étudiants non traditionnels font état d’une plus grande motivation intrinsèque que les étudiants traditionnels. Ensuite, cette motivation intrinsèque est relative non seulement à l'âge (ou plutôt à l'expérience acquise) mais surtout au fait que la reprise d'études par les étudiants plus âgés résulte d'un libre choix et donc d'un intérêt réel pour les apprentissages eux-mêmes, cet intérêt entraînant, au cours de la réalisation des apprentissages, des affects positifs encourageant la persistance. Ces résultats portent enfin à penser que l'étude plus approfondie de ce que les auteurs appellent le triangle cognition-motivation-affect pourrait être particulièrement enrichissante pour une meilleure connaissance du champ de la formation tout au long de la vie. Bibliographie Alexander, P.A., Murphy, P.K., Woods, B.S., Duhon, K.E., &Parker, D. (1997). College instruction and concomitant changes in students'knowledge, interest, and strategyuse: A study of domain learning. Contemporary Educationnal Psychology, 22,125-146. Csikszentmihalyi, M. (1997). Finding flow: The psychology of engagement with everyday life. New York: Basic Books. Hidi, S. (2000). An interest researcher's perspective: The effects of extrinsic and intrinsic factors on motivation. In C.Sansone & J.M. Harackiewiscz (Eds.), Intrinsic and extrinsic motivation: The search for optimal motivation and performance (pp. 373-404). San Diego, CA: Academic Press. Higgins, E.T., & Trope, Y. (1990). Activity engagement theory: Implications of multiple identifiable input for intrinsic motivation. In E.T. Higgins & R.M. Sorrentino (Eds.), Handbook of motivation and cognition: Foundations of social behavior, Vol.2 (pp. 229-264). New York : Guilford. Pintrich, P.R., Smith, D.A., Garcia, T., & McKeachie, W.J.(1991). A manual for the use of the Motivated Strategies for Learning Questionnaire (MSLQ). Ann Arbor: University of Michigan, National Center for Research to Improve Postsecondary Teaching and Learning. Renninger, K.A. (2000). Individual interest and its implications for understanding intrinsic motivation. In C. Sansone & J.M. Harackiewicz (Eds.), Intrinsic and extrinsic motivation: The search for optimal motivation and performance (pp. 373-404). San Diego, CA: Academic Press. 23 Sansone, C., & Smith, J.L. (2000). Interest and self-regulation: The relation between having to and wanting to. In C. Sansone & J. M. Harackiewicz (Eds.), Intrinsic and extrinsic motivation: The search for optimal motivation and performance (pp. 341-372). San Diego, CA: Academic Press. Vallerand, R.J., & Bissonnette, R. (1992). Intrinsic, extrinsic and amotivational styles as predictors of behavior: A prospective study. Journal of Personality, 60(3), 599-620. 24