Les héritages républicains sous le Consulat et l`Empire

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Les héritages républicains sous le Consulat et l`Empire
346 | Octobre/Décembre 2006 : Les héritages républicains sous le Consulat et l'Empire
Articles
Les héritages républicains sous le Consulat
et l’Empire
Jacques-Olivier Boudon et Philippe Bourdin
p. 3-15
Les commémorations d’un Bicentenaire, les débats redondants sur les sources et les limites de
la Cinquième République, seraient des motivations bien insuffisantes pour s’interroger sur ce
qui demeure des héritages de la Première République et de ses serviteurs sous le Consulat et
l’Empire1. Les contemporains eux-mêmes ne manquaient pas d’aborder cette question, sur
laquelle s’est appesantie depuis longtemps une historiographie qui permet aujourd’hui de
l’approfondir et de la renouveler. Cette historiographie a été longtemps marquée par la
formule lapidaire qui résume la notice « Bonaparte » dans le Grand Larousse : « Général
républicain né à Ajaccio le 15 août 1769, mort à Saint-Cloud le 18 brumaire an VIII ». En
réalité le texte, fort long, de l’article consacré à Bonaparte conduisait ce dernier jusqu’à
l’Empire. C’est surtout avec la notice « Napoléon », écrite il est vrai à la différence de la
première, après la chute du Second Empire, que le républicain Pierre Larousse pouvait
concentrer ses foudres sur l’empereur2. Ainsi se dégage une chronologie qui, contrairement à
ce que laisserait penser l’abrégé de la notice de Larousse, établit une coupure en 1804 plus
qu’au 18 Brumaire. Certains historiens de la Révolution ne s’y sont pas trompés qui
d’Alphonse Aulard à Michel Biard et Pascal Dupuy, en passant par Albert Soboul ou Jean
Tulard, ont traité dans un même élan l’histoire politique des années qui chevauchent le
tournant du siècle3. Brumaire ne marque en effet pas une rupture aussi radicale qu’a voulu le
laisser penser une historiographie qui relit le coup d’État de l’an VIII à l’aune de celui du 2
décembre4. Les partisans de Bonaparte avaient également intérêt à mettre l’accent sur les
changements intervenus à la suite des journées de brumaire, ce qui les a conduit à noircir le
tableau d’une France directoriale qui aurait été en pleine crise. Les recherches les plus
récentes ont fait fi de cette légende, tout en montrant, notamment au plan local, les formes de
continuité d’un régime à l’autre5. À l’inverse, il a pu également être montré combien, dans
son souci de retour à l’ordre, politique, social et financier, le Consulat reprenait en fait une
idéologie qui imprégnait déjà largement le Directoire, faisant de ce régime une République du
centre, sinon de l’extrême-centre, conduite par des républicains modérés6. De quelle
République parle-t-on en effet quand on s’interroge sur les héritages républicains sous le
Consulat et l’Empire : de la République de 1792 ? De celle de l’an II ? Ou de la République
directoriale ? Voire de la République consulaire, car Bonaparte ne renie pas la République en
l’an VIII, et la plupart des « brumairiens » se proclament républicains tout en manifestant leur
rejet de tout retour à la Terreur.
L’interrogation sur la nature du régime napoléonien est d’autant plus contemporaine des
événements que les formes politiques et institutionnelles du Consulat puis de l’Empire
posaient celle de leur légitimité. Les débats du Tribunat, entre le 28 avril et le 3 mai 1804, qui
aboutissent à l’adoption de la motion Curée proposant au Sénat l’établissement de l’empire,
en disent long, comme l’a démontré Jean-Luc Chappey, sur la continuité affichée du nouveau
régime avec la Révolution : le recours à la sanction populaire, le rôle joué par les contrepouvoirs, les limites du pouvoir exécutif sont particulièrement soulignés, comme le désir de
stabiliser la République et de la protéger de ses ennemis, les vertus morales et civiques du
nouveau chef héroïsé de la nation devant préserver de toute dérive despotique7. Le Sénat qui
se fait tirer l’oreille pour adopter le principe d’hérédité l’assortit du reste d’une revendication
que soient respectées la liberté et l’égalité.
Mais encore faut-il s’entendre sur le sens des mots. « Le gouvernement de la République est
confié à un Empereur qui prend le titre d’Empereur des Français ». C’est en ces termes en
apparence ambigus figurant en tête de la constitution de l’an XII qu’est fondé l’Empire.
L’usage que font du mot « République » sénateurs et tribuns en 1804 mérite naturellement
d’être interrogé. Nourris de culture classique, ils ne pensent pas nécessairement la République
comme un régime politique. Le terme désigne incontestablement pour eux la « chose
publique », pour utiliser une traduction mot à mot du latin, comme le fait par exemple le
tribun Gillet qui précise : « Ce n’est pas à des hommes familiers avec l’étude de toutes les
idées politiques, que ces deux mots république et dynastie paraîtront inalliables »8. Mais si le
terme de République n’avait que ce sens vague, pourquoi alors le faire disparaître des
monnaies sur lesquelles il figurait encore en 1808 après avoir supprimé dès 1804 les fêtes du
1er vendémiaire et du 14 juillet ? C’est bien le signe que l’on a cherché à se débarrasser de la
République, parce qu’elle rappelait trop les fantômes de la Révolution. L’amalgame se fait
alors entre République et Terreur. Mais cette disparition ne s’est pas faite en un jour. Un
premier assaut est donné contre le principe républicain au lendemain du coup d’État de
Brumaire, quand sont pourchassés les députés et chefs jacobins, un deuxième en 1802 au
moment de l’épuration des Assemblées dont sont exclus les adversaires d’un régime
autoritaire, c’est-à-dire les députés et tribuns libéraux nommés à la fin de 1799, un troisième
en 1804 avec la proclamation de l’Empire. Mais ce n’est véritablement qu’après 1810 que les
références à la République sont totalement abandonnées.
Bonaparte a donc agi avec prudence. Il se refuse à une rupture radicale. Il n’aura de cesse par
exemple de dénoncer les comparaisons avec ceux que la vulgate - qu’il contestait - tenait pour
des fossoyeurs de république, César et Cromwell9. Jusqu’aux stylets des députés du Conseil
des Cinq-Cents, auxquels il prétendra avoir échappé grâce à la protection de ses grenadiers,
manière de construire l’image inverse de celle d’un tribun expirant sous les coups de
Brutus10. Une image à laquelle son entourage demeurera toujours sensible : ainsi Bourrienne,
après le complot avorté des anarchistes italiens Arena et Cerrachi (10 octobre 1800), dira
d’eux qu’« ils avaient eu dessein de rendre la ressemblance de Bonaparte avec César
tellement complète qu’il n’y manquât pas même un Brutus »11. Mais Bonaparte lui-même,
ainsi que nous le rappelle Annie Jourdan, pliant l’histoire à ses préoccupations du moment,
n’avoue-t-il pas encore en 1802 combien il aurait désiré réécrire l’histoire de César,
démontrant que Brutus n’était point un héros mais un aristocrate, que César n’aspirait pas à la
dictature mais au rétablissement de l’ordre civil par la réunion de tous les partis, motif de son
assassinat12 ? De même, la mise en cause de l’homme au poignard permet à Bonaparte en
l’an VIII de retourner l’argument des députés qui souhaitaient le déclarer hors-la-loi en
dénonçant l’utilisation d’une arme blanche dans une enceinte parlementaire contre le général
chargé de protéger la représentation nationale.
Après l’échec des efforts de paix du premier consul, la reconquête de l’Italie au printemps
1800 provoque pourtant chez lui davantage de digressions sur sa vision de la république ou
sur la place éminente de la religion que des développements sur un passé glorieux, même si
les hourras des champs de bataille, tels du moins que les rapportent des Bulletins de l’Armée
de réserve entièrement dévoués à la gloire du général en chef, associaient « Vive la
République ! » à « Vive le Premier Consul ! ». On pourrait gloser à l’infini sur le sens de
l’étiquette consulaire, sur les prérogatives et manifestations civiles, religieuses, festives, qui
rappellent l’ancienne monarchie13, sur le népotisme familial de Bonaparte enfin. Quelles que
soient les suggestions d’une partie de son entourage, Bonaparte réagit violemment à la
proposition de restauration monarchique inspirée en novembre 1800 par Lucien. Elle s’est
notamment traduite par la diffusion d’un factum vraisemblablement écrit par Fontanes,
Parallèle entre César, Cromwell, Monk et Bonaparte, plaidant pour un pouvoir héréditaire :
Lucien doit abandonner le Ministère de l’Intérieur et s’exiler à l’ambassade de France à
Madrid. Un mois plus tard, devant l’un de ses confidents préférés, le conseiller d’État
Roederer, Bonaparte avoue néanmoins avoir inspiré le texte « pour répondre aux calomnies
anglaises » mais il n’a accepté ni la promotion de l’hérédité ni les mises en cause de Sieyès
qu’il contient. Et le 12 pluviôse an IX (1er février 1801), mécontent des vifs débats du
Tribunat sur la nécessité de la répression antijacobine, il s’emporte : « C’est une vermine que
j’ai sur mes habits. Il ne faut pas croire que je me laisserai faire comme louis XVI. Je suis
soldat, fils de la Révolution et je ne souffrirai pas qu’on m’insulte comme un roi ! »14. Pas
plus qu’il ne supporte de renouer avec les places royales, refusant que les Lyonnais
débaptisent de son vivant la place Bellecour pour la transformer en place Bonaparte15.
Antoine Casanova insiste sur la résurgence dans les paroles de l’empereur, exilé à SainteHélène, « de thèmes et de valeurs héroïco-civiques républicains », qui n’ont cessé de l’habiter
– jusqu’à revisiter bien plus positivement que nombre de ses contemporains la mémoire de
Robespierre et du gouvernement de salut public, comme il l’avait déjà fait en 1797, lors d’un
dîner à Ancône16. Sur la fin de sa vie, Napoléon met d’ailleurs au compte des circonstances
la naissance de l’Empire, la défense de la Révolution, de la Nation et de la République passant
par le mixte d’une aventure constitutionnelle transitoire, comme l’avait été le gouvernement
révolutionnaire, et d’une dictature à la romaine, échue à celui qui représentait alors l’exécutif.
Ainsi l’exprime-t-il en 1818 dans une lettre au chirurgien irlandais O’Méara, qui l’a
accompagné sur le Bellérophon jusqu’à Sainte-Hélène et a défendu la cause du prisonnier
devant les autorités anglaises avant d’être obligé pour ces faits de regagner Londres :
« Pendant que j’étais à la tête des affaires, je puis dire que la France se trouvait dans le même
état que Rome lorsqu’on déclarait qu’il fallait un dictateur pour sauver la République. Votre
or formait contre son existence des coalitions successives dans toutes les nations puissantes
d’Europe […]. Jamais je n’ai fait de conquête que pour ma propre défense. L’Europe n’a
cessé de combattre la France et ses principes. Il nous fallut abattre sous peine d’être abattus
[…]. Le gouvernement d’un pays à peine sorti d’une révolution, qui est menacé par les
ennemis du dehors et troublé par les traîtres à l’intérieur doit nécessairement être dur. Dans
des temps plus calmes, ma dictature aurait cessé et j’aurai commencé mon règne
constitutionnel. Même dans l’état où étaient les choses, avec une coalition toujours formée
contre moi, qu’elle fut secrète ou publique, il y avait plus d’égalité en France que dans aucun
autre pays d’Europe »17.
Sans doute le consul a-t-il bénéficié de l’image noire du Directoire, que véhiculaient
notamment au tournant du siècle nombre de satiristes pour certains liés depuis longtemps aux
anti-Lumières. Ils s’efforçaient désormais de clore en tous points la parenthèse d’une décennie
révolutionnaire qu’ils exécraient, construisant le mythe d’un général présenté comme le
« sauveur », porteur de paix et rétif aux « excès »18. Exaltant les victoires militaires de
Bonaparte, au nombre desquelles il comptait généreusement la « pacification » de l’Égypte,
son rôle politique depuis sa rentrée en France, ses succès en Vendée, Despaze en appelait
ainsi au ralliement au premier consul, homme du juste milieu, « qui a gagné, par sa
modération, tous les mécontens raisonnables »19. Fonvielle faisait de Bonaparte son héros,
voyant dans le 18 Brumaire la réplique attendue au 18 Fructidor et dans le nouveau chef de la
France l’homme « du repos, de l’industrie et de la paix ». Il l’espérait définitivement éloigné
des néo-jacobins : « Une tête comme la sienne n’est point faite pour se méprendre aux cris des
factions, et pour préférer les flétrissans éloges d’un parti détesté à l’estime des honnêtes gens,
seuls fidèles gardiens des réputations durables »20. Dusausoir se montrait plus prudent dans la
révérence au premier consul : « Ce ne sont pas quelques flagorneries de plus qui ajouteront à
la gloire du grand homme ; une union franche de tous les Français, l’anéantissement des
factions, une paix solide et glorieuse, fruit de ses nombreux exploits à la tête de nos armées,
effet de ses travaux infatigables dans la magistrature suprême ; voilà ce qui peut contribuer à
son bonheur, voilà sa plus douce récompense »21. Les réserves de Desprez-Valmont étaient
d’une tout autre nature. Bien sûr, le Directoire ne lui avait pas semblé donner l’image de la
république idéale : l’indécence des profiteurs de guerre, les « perfides mandataires » oublieux
des malheureux, les hommes de loi plus favorables aux demandeurs qu’aux défendeurs, les
Incroyables insultant à « la modeste beauté tranquille », etc., tout cela lui avait laissé un goût
amer. Il croyait pourtant encore aux apports du siècle écoulé et de la Révolution vécue en l’an
II. Justice, humanité, paix, bonheur lui semblaient des valeurs fixées pour les décennies à
venir, tout comme lui paraissent éternels les devoirs de la nature : aimer son prochain, « lui
donner des loix, sans jamais l’asservir ». Il continuait de plaider pour la libération des peuples
opprimés, pour « assurer aux humains leurs titres légitimes », se félicitait d’être débarrassé de
« cet effrayant mélange des prêtres et des rois, du trône et des autels ». Les coups de force
politiques le rendaient dans l’immédiat pour le moins suspicieux à l’égard de Bonaparte :
« Vous que le peuple appelle à maintenir ses droits,
Ambitieux, chargés du pouvoir de vos frères,
Qui vous faites un jeu d’aggraver leurs misères,
Qui remplaçant les loix, par votre volonté,
Ne mettez point de borne à votre autorité,
Croyez-vous admirer ce siècle de lumière ?
Non, non, vous rentrerez aussi dans la poussière
[…] Dans la foule des rois vous serez confondus,
Et de vos noms flétris, l’exécrable mémoire,
Des crimes des tirans ira grossir l’histoire »22.
Au-delà de la guerre des images, il faut une nouvelle fois, sans prétendre à l’exhaustivité,
sonder la réalité qui transparaît d’enquêtes diverses, de thèses en cours. Cette réalité est de fait
pleine de reniements de la décennie écoulée, de retours en arrière mais aussi d’emprunts
assumés. Josiane Bourguet-Rouveyre pour l’Italie, Alain Czouz-Tornare pour la Suisse, ont,
parmi d’autres, pointé les inflexions de la politique étrangère consulaire puis impériale23.
Natalie Petiteau a analysé ailleurs les héritages et les ruptures de la politique sociale de
l’Empire24. Sur le plan religieux, l’étude prosopographique des élites qui forment les cadres
de l’Église concordataire forgée par Bonaparte montre combien fut franche la rupture avec la
Constitution civile du clergé, malgré le souci du premier consul de pratiquer un amalgame
entre hommes de l’Ancien Régime et de la Révolution25. Le politique a été revisité, par les
travaux de Bernard Gainot sur le renouveau jacobin de 1799, ceux de Pierre Serna sur La
République des girouettes26, par la journée d’étude organisée en 2005 par la Société des
études robespierristes entre autres sur le groupe de Coppet, par le grand colloque de
l’Université de Milan, en novembre 2004, « De Brumaire aux Cent-Jours ». La liste est
longue des travaux qui se succèdent à un rythme régulier. Remettent-ils en question
l’assertion de Jean-Paul Bertaud, dans son Bonaparte prend le pouvoir : « Légataire de la
Révolution, fondateur de la France contemporaine, Bonaparte fut aussi un César qui désapprit
ou voulut interdire à nos pères – à nous-mêmes – les voies astreignantes, émancipatrices
d’une liberté que, malaisément en période de crise, tâtonnante, maladroite, ici ouverte et là
refermée, la République directoriale cherchait quand elle fut abattue »27 ?
La plupart des intervenants dont les contributions suivent insistent sur des permanences
politiques et symboliques qui, sensibles sous le Consulat, s’atténuent ou disparaissent sous
l’Empire. Bien sûr, Josiane Bourguet-Rouveyre reconnaît l’incapacité du régime napoléonien
à conjuguer les formes de la représentation nationale, le système électoral et l’exercice des
libertés politiques. Mais elle démontre aussi qu’il n’invente rien en matière d’élections et de
plébiscites, considérant par exemple que ces derniers ne sont que la déclinaison, pleine de
succès en 1802 et 1804, des référendums proposés pour les constitutions en 1793 et 1795 pour
légitimer les modulations de la République. La nouveauté semble bien davantage résider dans
les manipulations des résultats au plus haut niveau de l’État. Pour le reste, le suffrage demeure
censitaire, quand bien même les listes des actifs sont élaborées à partir de 1806 par les souspréfets, les assemblées électives et non délibératives, leur déroulement amélioré par l’usage
des urnes dès 1802 et le règlement de 1806, la participation plus élevée qu’au cours de la
décennie antérieure dans les collèges d’arrondissement et de département, ces derniers
continuant à envoyer adresses et députations au pouvoir central.
Recomptés à sa manière par Lucien Bonaparte, les suffrages de la Grande Armée ne peuvent
rendre compte de la diversité des opinions qui parcourent ce creuset très politisé, amalgame
de générations de plus en plus international au fur et à mesure des guerres impériales, comme
y insiste Walter Bruyère-Ostells. Certes, le Premier Consul se débarrasse des généraux les
plus républicains soit en les envoyant à Saint-Domingue soit en leur confiant de lointains
postes d’ambassadeurs (Lannes, Brune, Macdonald), soit en se les attachant par des honneurs,
avant de profiter du complot Cadoudal pour les écarter. Mais les soldats qui avaient dix ans en
1789 continuent d’être fidèles à l’héritage révolutionnaire, à l’image du soldat
Chevalier nostalgique d’une République anticléricale, annonciatrice à ses yeux, de temps
nouveaux : « Le premier janvier 1806, nous reçûmes l’ordre à notre grand regret, de quitter
notre Calendrier républicain, après quatorze ans, nous nous y étions familiarisés, il fallut
reprendre le Grégorien, la fête des saints et toute la prétentaine. Nous étions, ou nous croyions
être en République, mais elle n’existait déjà plus, que pour mémoire »28. Des figures de
proue comme Augereau, Lannes ou Bernadotte demeurent influentes, fidèles à la Révolution
(au moins à certaines de ses étapes), protectrices d’officiers supérieurs et subalternes dont
beaucoup s’étaient montrés hostiles au Concordat ou à la politique coloniale. Ces derniers ne
participent pas tous à ce que retient l’historiographie classique : le complot Malet, celui des
libelles dans l’Armée de l’Ouest, la mutinerie du premier régiment d’artillerie à Turin. Ils ne
se retrouvent pas dans des formes précises de sociabilité. Ainsi, restent sourdes les
récriminations d’Attelis à Naples ou de Grabinski en Pologne – les Polonais finissent même
par croire, en 1814-1815, que seul Napoléon pourra les aider à édifier une entité nationale.
D’autant que la propagande impériale étouffe ces minorités et joue sur la sympathie
« napoléoniste » éprouvée par ceux qui suivent depuis longtemps les pas du Petit Caporal.
Comme le prouve Bernard Gainot avec le cas du général Argoud, elle peut s’appuyer aussi sur
les préfets et la police, qui, détruisant ce qui reste du conservatoire des valeurs égalitaires de
l’an II, façonnent la figure du militaire opposant, usant des incertitudes de sa vie publique
surveillée pour imaginer d’improbables machinations, jouant des frasques (communes à bien
de ses camarades) de sa vie privée pour construire la figure rejetée du soudard polygame,
endetté, négligé, ivrogne, violent, à rebours de l’officier policé par le monde des notables,
respectable et respecté, que veut le régime.
Mais si la figure du vieux républicain traverse tout le XIXe siècle, on a peine à croire qu’elle
ait totalement disparu dans les années du Consulat et de l’Empire. Même si le régime redoute
d’abord les menées royalistes, ses mouches parsèment leurs rapports d’un vocabulaire
antirépublicain, évolutif selon les périodes, à la relecture duquel nous invite Natalie Petiteau.
Si, après l’attentat de la rue Saint-Nicaise, la police arrête les coupables de simples « injures
et menaces contre le gouvernement », les républicains, à partir de 1802, sont souvent désignés
comme étant les « mécontents », à un degré moindre les « malveillants », leurs protestations
ainsi circonscrites à des oppositions individuelles ; en 1803, ils deviennent les « exclusifs »,
épiés dans les cafés parisiens, tel le Procope ; à partir de 1804, ils sont le plus souvent
dénommés « anarchistes », un mot déjà sur-employé durant le Directoire. Au-delà des
individus repérés, parmi lesquels plusieurs anciens administrateurs de l’an II ou leurs enfants,
des officiers réformés, les assidus aux réunions du tribun Bailleul ou de Daunou, Chénier,
Constant, Beerembroeck, rue du Bac (hostiles en 1802 à la renaissance d’une cour), la parole
protestataire, minoritaire, s’insinue dans les théâtres, se propage par la diffusion de libelles.
Elle se construit sur l’inquiétude du sort réservé aux républicains, la peur du retour des
Bourbons, les incertitudes de la guerre, l’augmentation des désertions, la fermentation de
l’Ouest français, les difficultés économiques et sociales, notamment en province. Faute de
chefs éminents, cette opposition ne prend pas corps, malgré une manifestation d’anciens
vainqueurs de la Bastille faubourg Saint-Antoine, en 180429, une tentative de soulèvement
dans le Jura en 1805. Chanteurs nostalgiques et auteurs de placards sont alors
systématiquement pourchassés.
Le lien, que la Révolution a puissamment développé, entre politique et culture, est de fait
méthodiquement dénoué ou au contraire complètement renouvelé par le pouvoir consulaire
puis impérial. Les débuts du Consulat ont pourtant mobilisé les artistes républicains,
notamment réunis dans le Portique du même nom, qu’a redécouvert Jean-Luc Chappey30.
Parmi les cent trente-sept promoteurs de cette initiative qui relève du combat des « néojacobins » de 1799, et qui est relayée par la Décade philosophique, figurent d’anciens
membres du Club du Manège, des philanthropes, de très nombreux créateurs plus ou moins
installés – des « sans-culottes littéraires » selon le mot du publiciste Colnet du Ravel – :
Valentin Hauÿ, Marie-Joseph Lequinio, Parny, Cubières-Palmezeaux, Pons de Verdun ou le
très prolixe Pierre-Antoine Augustin Piis, fondateur du Vaudeville et désormais commissaire
du pouvoir exécutif. Il s’agit de mobiliser toutes les formes d’art au service de la République,
de définir le « statut utile » de l’artiste dans le corps social, de promouvoir le sentiment
collectif d’un public citoyen. Le théâtre est perçu comme le lieu par excellence pour solliciter
les imaginations et les sens – qui à l’aube du romantisme, ne sont plus négligés par les
éducateurs –, pour substituer à une morale religieuse une éthique laïque promue elle aussi par
la voix et par le geste. Or, des ruptures et transformations dans la destination des lieux et des
salles, dans le choix du répertoire, seront à l’œuvre durant tout le Consulat et l’Empire. À
l’Opéra, objet de toutes les attentions de David Chaillou, les livrets et les textes font ainsi la
part belle aux créations contemporaines, soit la moitié des œuvres ; pour le reste, 30 % datent
de l’Ancien Régime, 12 % de la Révolution, 7 % du Consulat31. Les conclusions diffèrent si
l’on considère l’Opéra-Comique impérial, objet d’enquête pour Patrick Taïeb32 : sur les 50
opéras-comiques les plus représentés entre 1801 à 1814, seront joués 19 opéras dont la
première a été donnée pendant la Révolution, sur lesquels on peut considérer que 8 portent
réellement les valeurs de la décennie, les autres relevant du divertissement ; 13 datent de
l’Ancien Régime et, par conséquent, 18 seulement sont contemporains. Si l’enquête demeure
encore très embryonnaire pour les scènes provinciales, les travaux de Cyril Triolaire sur le
onzième arrondissement théâtral (composé des départements de l’Ardèche, de l’Aveyron, du
Cantal, de la Haute-Loire, de la Lozère et du Puy-de-Dôme) permettent de constater
l’abondance des pièces créées au XVIIIe siècle (plus de 70 %, dont un tiers datent de la
Révolution) au détriment des nouveautés du Consulat et de l’Empire (moins de 21 % des
affiches) – le XVIIe siècle fournissant presque 9 % du répertoire33.
Pour le Portique républicain, il s’agit aussi de redynamiser le calendrier des fêtes et le culte
décadaire – au besoin en s’inspirant des outils de l’Église et sans oublier les héros du jour :
Desaix comme les autres soldats morts pour la cause. Bernard Gainot a eu l’occasion
d’analyser combien Bonaparte a usé lui-même des cérémoniaux pour construire sa popularité
et sa postérité, alors que l’opinion publique pouvait communier avec d’autres généraux
vainqueurs, surtout lorsqu’ils ont, comme Joubert et Desaix, trouvé une mort glorieuse. Le
temps uniforme du rituel et le discours d’autocélébration permettent de valoriser ou d’occulter
tel aspect du contexte du décès. « La leçon que doivent en retenir les auditeurs, c’est que, si la
mort égalise, la mémoire hiérarchise, et que toutes les destinées ne se valent pas » : ces
dernières sont notamment mesurées à l’aune des références à Bonaparte, « médiateur vivant
entre la communauté nationale et l’immortalité »34. Il est aussi celui qui, dans le domaine des
arts, comme le rappelle Annie Jourdan dans Napoléon, héros, imperator et mécène, réduit la
« Révolution en peau de chagrin », laissant par exemple l’allégorie, « si prisée durant les
années révolutionnaires pour figurer les principes de la Constitution », au décor des palais35.
Étudiant, dans les pages à venir, la périodicité et le contenu de 955 fêtes dans un vaste Massif
Central, entre 1800 et 1815, Cyril Triolaire mesure les succédanés provinciaux de ces
principes généraux. Les cérémonies organisées à l’occasion des succès militaires et des traités
de paix connaissent les plus grands succès – signe, peut-être, des attentes de populations
épuisées par un interminable conflit européen -, au contraire des fêtes républicaines des 14
juillet et 1er vendémiaire, qui s’effondrent dès le Consulat, en même temps que le culte
décadaire, et réapparaîtront symboliquement lors du Vol de l’Aigle, au printemps 1815. Mais
l’anniversaire du Premier Consul, le 15 août, est loin d’être uniment fêté, avant que la SaintNapoléon ne soit confondue, à partir de 1806, avec la dévotion mariale, comme l’on mariera
avec celui de la victoire d’Austerlitz l’anniversaire du Sacre – qui s’est voulu une nouvelle
Fédération autour d’un « Empereur républicain », sans beaucoup de répliques provinciales
cependant, contrairement à celles qu’inspirera le Couronnement de l’an XIII. Si la
réintroduction de la messe et des Te Deum dans les cérémoniaux est précoce, toutes fêtes
confondues, au détriment des chants de la décennie écoulée, le Consulat préserve encore des
éléments du dispositif révolutionnaire : succession des discours, distribution des prix (à
laquelle se réduit souvent la manifestation du 1er vendémiaire), banquets fraternels (sous
l’Empire demeureront des réunions réservées aux notables et aux soldats), utilisation des
haltes au temple décadaire et sur la place publique au nom évocateur des grands principes de
la Révolution (liberté, concorde, fraternité, égalité) avant d’être éventuellement rebaptisée
après 1804, plantation d’arbres de la liberté, lâcher d’aérostat dans les villes les plus riches.
Les décors et les écriteaux républicains, encore visibles dans 40 % des fêtes consulaires, ne le
sont plus que dans 19 % des cérémonies impériales : l’autel de la patrie disparaît dès 1804 ;
les statues de la Liberté, de la Paix, de la Victoire, sont supplantées par les colonnes, les
obélisques, les arcs de triomphe, le buste de Napoléon ; les Aigles et le drapeau impérial
remplacent de même les drapeaux et rubans tricolores ; les inscriptions en latin sont ça et là
préférées à la langue vernaculaire.
Ce contrôle symbolique, qui remet en cause partie importante de la pédagogie révolutionnaire,
prenant acte de l’échec de cette dernière et des nécessités concordataires, doit être perçu plus
globalement à l’aune de la mainmise tentée sur la production intellectuelle et scientifique. Le
fait est d’autant plus important que le Directoire avait mis à contribution l’ensemble de la
communauté savante pour contenir la Raison dans de « justes bornes » républicaines, celles
des sciences morales et politiques grâce auxquelles on pourrait donner un terme à la
Révolution et que servaient avec application les Idéologues. Or, si ces derniers paraissent au
faîte de leur puissance au lendemain immédiat du 18 Brumaire, l’étude de Jean-Luc Chappey
montre comment l’État favorise bientôt une nouvelle configuration des savoirs, encourage au
détriment de leur universalité la professionnalisation de leurs porteurs et la spécialisation des
œuvres, ne mésestime pas le sentiment porté par les poètes et exalté par la réaction catholique,
autour de Ballanche et de Chateaubriand. Profitant des réformes institutionnelles, les
professeurs des grandes institutions parisiennes deviennent les défenseurs individuels et
exclusifs, dès 1802, de normes et de territoires fermement bornés par les Rapports sur les
progrès des sciences de 1808, Bonaparte en personne apportant la consécration à tel ou tel
(Volta, en 1808). En lieu et place des visées encyclopédiques et de la collégialité précédente,
ils se consument dans une sociabilité mondaine qui fait d’eux des notables et exclut le public
des instances de validation. Les sciences ne participent plus de la régénération ; elles
deviennent des outils de contrôle et de domination au service d’une administration – le
prouvent les essais de catégorisation des individus, et donc du corps social, qui réhabilitent le
grand renfermement. Si, à partir de 1804, les Idéologues se murent dans le silence, la défense
d’une science générale de l’homme habite toujours les textes ou les travaux de Rigomer
Bazin, des héritiers de Buffon (Sonnini de Manoncourt, Moreau de la Sarthe), qui
s’appliquent à des rééditions, des nébuleuses autour de Parmentier, Chaptal, Lacepède,
Dupont de Nemours, plaidant pour l’unité des sciences. Si hétérogènes soient-elles, ces
résistances obligent le pouvoir à être sans arrêt sur le qui-vive, tranchant des débats
théoriques entre le transformisme de Lamarck et le catastrophisme de Cuvier, au bénéfice de
celui-ci, essayant de contrôler l’imprimerie et la librairie parisiennes, où ses opposants ont des
relais grâce auxquels ils sollicitent l’opinion (Journal de Physique, Bibliothèque physicoéconomique et, toujours et encore, Décade philosophique).
Sans doute nous objectera-t-on que des minorités hétérogènes, diffuses, désorganisées, en
politique, dans l’armée, dans le monde scientifique et littéraire, même additionnées, même
grossies par les sources policières, ne constituent pas une opposition réelle au pouvoir
consulaire et impérial. Au moins rendent-elles plus complexe la période considérée, évitant de
parier sur l’unanimité autour d’un homme et soulignant le poids des héritages, républicains
comme monarchiques – qui seraient un sujet à eux seuls – et leur rôle prolongé dans les
débats sur la nature, la forme et les projets d’un gouvernement à la recherche permanente
d’une légitimité.
Notes
1Les textes qui suivent sont issus des communications faites lors de la journée d’étude Les
héritages républicains sous le Consulat et l’Empire, organisée le 26 novembre 2005 par la
Société des études robespierristes et l’Institut Napoléon, qui a bénéficié du concours du
Centre de recherche en histoire du XIXe siècle.
2Pierre LAROUSSE, Bonaparte, Paris, Mémoire du Livre, 2002 (préface de Laurent JOFFRIN) et
Napoléon, ibid., 2002 (préface de Maurice AGULHON).
3Alphonse AULARD, Histoire politique de la Révolution française. Origines et développement
de la démocratie et de la République (1789-1804), Paris, Armand Colin, 1901 ; Michel BIARD
et Pascal DUPUY, La Révolution française. Dynamiques, influences, débats 1787-1804, Paris,
Armand Colin, 2004.
4Voir Jacques-Olivier BOUDON, « Le 18 Brumaire dans l’histoire », dans Jacques-Olivier
BOUDON (dir.), Brumaire. La prise de pouvoir de Bonaparte, Paris, SPM, collection de
l’Institut Napoléon, 2002, p. 161-173.
5Jean-Pierre JESSENNE (dir.), Du Directoire au Consulat, tome 3 : Brumaire dans l’histoire du
lien politique et de l’État-Nation, Lille/Rouen, CRENHO/GRHIS, 2001.
6Pierre SERNA, La République des girouettes. 1789-1815 et au-delà une anomalie politique :
la France de l’extrême-centre, Paris, Champ Vallon, 2005.
7Jean-Luc CHAPPEY, « La notion d’Empire et la question de la légitimité politique », dans La
notion d’« empire » au siècle des Lumières, travaux du groupe des dix-huitiémistes de
l’Université Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand II), Siècles, revue du Centre d’Histoire
« Espaces et cultures », premier semestre 2004, p. 111-127.
8Voir La proclamation de l’Empire. Recueil des pièces et actes relatifs à l’établissement du
gouvernement héréditaire, imprimé par ordre du Sénat conservateur, introduction de Thierry
LENTZ, Paris, Nouveau Monde Éditions/Fondation Napoléon, 2001.
9Philippe BOURDIN, « Rêves d’Empire chez Bonaparte. Construction intellectuelle d’un
modèle politique », dans La notion d’« empire » au siècle des Lumières, travaux du groupe
des dix-huitiémistes de l’Université Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand II), Siècles, revue du
Centre d’Histoire « Espaces et cultures », premier semestre 2004, p. 129-148.
10Écrits personnels de Napoléon Bonaparte, choisis et présentés par Jean Tulard, volume 1,
Paris, 1969, p. 469. Proclamation du 19 brumaire an VIII (10 novembre 1799), 11 heures du
soir. Voir Alphonse AULARD, « Bonaparte et les poignards des Cinq-Cents », La Révolution
française, t. 27, 1894, p. 113-127.
11Jean MASSIN (dir.), Napoléon Bonaparte, l’œuvre et l’histoire. Tome IV : Napoléon vu par
ses collaborateurs, textes réunis par Louis GRONDIN, Claude MAIRE-VIGUEUR et Jacques
REVEL, volume 1, Paris, 1971, p. 389 : extrait des Mémoires de BOURRIENNE.
12Annie JOURDAN, Napoléon, héros, imperator et mécène, Paris, Aubier, 1998, p. 33.
13Jacques-Olivier BOUDON, Histoire du Consulat et de l’Empire, Paris, 2000, p. 135 et suiv.
14Jean MASSIN (dir.), Napoléon Bonaparte, l’œuvre et l’histoire. Tome V : Cadres et repères
pour l’histoire, « Éphémérides », Paris, 1971, p. 151.
15Ibidem, p. 162.
16Antoine CASANOVA, Napoléon et la pensée de son temps. Une histoire intellectuelle
singulière, Paris, La Boutique de l’Histoire, 2000, p. 158 et sq, 240 et sq.
17Cité par Antoine CASANOVA, op. cit., p. 223.
18Philippe BOURDIN, « Entre deux siècles, l’impossible bilan : la Révolution au crible de la
satire littéraire », dans M. BIARD (dir.), Terminée, la Révolution… (Actes du IVe colloque
européen de Calais, 25-26-27 février 2001), Bulletin des Amis du Vieux Calais, n° hors-série,
mars 2002, p. 25-42.
19BNF, Ye 10329, Les Quatre satires.
20BNF, Ye 22581, Les Mœurs d’hier.
21BNF, Ye 20937, Réponse à la satire intitulée : la fin du dix-huitième siècle.
22BNF, Ye 20180, Epître au XIXe siècle.
23Josiane BOURGUET-ROUVEYRE, Les Piémontais face à l’annexion française (1798-1814),
thèse Paris I-Sorbonne, 1993 ; Alain-Jacques CZOUZ-TORNARE (dir.), Quand Napoléon recréa
la Suisse, Paris, Société des études robespierristes, 2005.
24Natalie PETITEAU, « La Contre-Révolution endiguée ? Projets et réalisations sociales
impériales », dans Jean-Clément MARTIN (dir.), La Contre-Révolution en Europe, XVIIIe-XIXe
siècles. Réalités politiques et sociales, résonances culturelles et idéologiques, Rennes, PUR,
2001, p. 183-192 ; Napoléon, de la mythologie à l’histoire, Paris, Points-Seuil, 2004, p. 361 et
suiv.
25Jacques-Olivier BOUDON, Les élites religieuses de Napoléon. Dictionnaire des évêques et
vicaires généraux sous le Premier Empire, Paris, Nouveau Monde Éditions / Fondation
Napoléon, 2002, 313 p. ; et Napoléon et les cultes. Les religions en Europe à l’aube du XIXe
siècle, Paris, Fayard, 2002.
26Bernard GAINOT, 1799, un nouveau jacobinisme ?, Paris, Éditions du CTHS, 2001 ; Pierre
SERNA, La République des girouettes, op. cit.
27Jean-Paul BERTAUD, Bonaparte prend le pouvoir, Bruxelles, Éditions Complexe, 1987, p.
185.
28Souvenirs des guerres napoléoniennes, publiés d’après le manuscrit original par Jean
MISTLER et Hélène MICHAUD, Paris, Hachette, 1970, p. 62.
29Raymonde MONNIER, Le faubourg Saint-Antoine (1789-1815), Paris, Société des études
Robespierristes, 1981.
30Jean-Luc CHAPPEY, « Le Portique républicain et les enjeux de la mobilisation des arts
autour de brumaire an VIII », dans Philippe BOURDIN et Gérard LOUBINOUX (dir.), Les arts de
la scène et la Révolution française, Presses universitaires Blaise Pascal, 2004, p. 487-508.
31David CHAILLOU, Napoléon et l’Opéra. La politique sur la scène (1810-1815), Paris,
Fayard, 2004 ; Françoise DARTOIS, « Les spectacles dansés pendant la Révolution et
l’Empire », dans Les arts de la scène et la Révolution française, op. cit., p. 439-483.
32Patrick TAÏEB, « La réunion des Théâtres Favart et Feydeau en 1801 et l’opéra-comique
révolutionnaire », dans Les arts de la scène et la Révolution française, op. cit., p. 339-366.
33Cyril TRIOLAIRE, « Contrôle social et arts du spectacle en province pendant le Consulat et
l’Empire », Annales historiques de la Révolution française, n° 333, juillet-septembre 2003, p.
45-66 ; « Le théâtre dans le Puy-de-Dôme sous le Consulat et l’Empire », dans Les arts de la
scène et la Révolution française, op. cit., p. 205-234 ; « Cadres et conditions matérielles de
production des spectacles provinciaux pendant le Consulat et l’Empire », dans Philippe
BOURDIN et Gérard LOUBINOUX (dir.), La scène bâtarde entre Lumières et romantisme,
Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2004, p. 285-304.
34Bernard GAINOT, « Le dernier voyage : rites ambulatoires et rites conjuratoires dans les
cérémonies funéraires en l’honneur des généraux révolutionnaires », dans Philippe BOURDIN,
Jean-Claude CARON, Mathias BERNARD (dir.), La Voix et le Geste. Une approche culturelle
de la violence socio-politique, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2005,
p. 97-114.
35Annie JOURDAN, op. cit., p. 217 et suiv.