la france d`aujourd`hui est-elle reellement victime d`un

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la france d`aujourd`hui est-elle reellement victime d`un
LA FRANCE D’AUJOURD'HUI EST-ELLE
REELLEMENT VICTIME D'UN
DESENCHANTEMENT RELIGIEUX ?
O
n constate aujourd’hui
une augmentation du
nombre de conversions à
l’Islam. Le phénomène concerne
environ cent mille personnes en
France. Il se retrouve surtout
chez les jeunes de 18 à 25 ans. A
l’inverse,
la
pratique
du
catholicisme se fait de plus en
plus rare chez les français. Mais
quelle est réellement la mesure
de ce phénomène assez propre à
la France ? A quoi est-il dû d’un
point de vue historique ? Le
désenchantement est-il plutôt le
fait du détachement croissant
des Français par rapport au
religieux, ou au contraire le fait
du développement d’autres
religions ?
Quelles proportions prend
ce phénomène ?
e paysage religieux français
est des plus variés. C’est en
effet le pays européen qui
compte le plus grand nombre de
Musulmans, de Juifs, et de
Bouddhistes. Par ailleurs la
France est aussi le pays le plus
déchristianisé mais malgré une
baisse assez importante de la
pratique,
le
catholicisme
demeure la religion majoritaire.
La pratique reste tout de même
importante chez les personnes
de plus de 50 ans puisque 66%
d’entre elles se déclarent
chrétiens contre 33% des 18-24
ans. En revanche selon Y.
LAMBERT 1/5 des catholiques,
L
soit 11% de la population totale
entre dans la case du « noyau
catholique fondamental » : à
savoir ceux qui vont à la messe
au moins une fois par an, qui
croient en dieu, en une vie après
la mort et aux péchés. On peut
en conclure qu’il y a peu de réels
catholiques pratiquants. Malgré
le désenchantement religieux
que subit la France, il n’en va pas
de même pour les fêtes
religieuses telles que Noël qui a
une origine religieuse mais qui
est aujourd’hui largement liée à
la société de consommation. La
France catholique est composée
dans sa majeure partie de
personnes de plus de 50 ans
(document 1), on peut donc
prédire une baisse significative
de la pratique du christianisme
dans les prochaines décennies
due au renouvellement des
générations. Par ailleurs, alors
que 62% de l’ensemble des
français se sont définis comme
catholique
cela
concernait
seulement 40% des 18-24 ans.
Document 1
Le développement d’autres
spiritualités
P
ar contre c’est cette même
classe d’âge qui se déclare
« athée » (45% contre 33%
des Français), ou sans religion (36%
contre 26% de l’ensemble des
Français).
Les
18-24
ans
représentent à travers leur
diversité religieuse les grandes
évolutions que connaît la France
en matière de religion, à savoir :
la désaffiliation religieuse (la
perte progressive de liens avec la
religion),
l’identification
à
l’athéisme, et la recherche de
spiritualités alternatives. Pour ce
dernier point on peut distinguer
trois
cas.
Premièrement
l’identification
à
d’autres
religions (document 2) telles que
l’islam (32% des 18-24 ans et 21%
des Français), le bouddhisme (26%
des 18-24 ans et 21% des
Français). Deuxièmement le
développement des croyances
parallèles c'est-à-dire l’astrologie,
la transmission de pensées, les
tables
Document 2-L'évolution des pratiques religieuses en France entre 1985 et 1995
tournantes, …
Elles se
développent d’après G.Michelat
dans
des
situations
contradictoires,
avec
par
exemple une croyance religieuse
mais une faible intégration au
sein de cette communauté
religieuse.
Une religion « à la carte »
T
roisièmement les Français
réadaptent des religions
connues pour créer une
nouvelle
religion
plus
personnelle appropriée aux
attentes qu'ont les individus de la
religion. Danièle Hervieu-Léger
parle de « croyants baladeurs ».
On peut dire que les croyances
religieuses
s'individualisent.
Selon Grace DAVIE, on entre
« dans le monde des options des
modes
de
vie
et
des
préférences.»
L’Histoire : une des causes
de la baisse de la pratique
du christianisme
C
e
désenchantement
auquel la France doit faire
face
depuis
plusieurs
dizaines d’années trouve source
durant la deuxième moitié du
XVIIIème siècle avec les écrits
des Lumières qui dénoncent
l’hypocrisie religieuse. Comme
dans l’Ingénu de Voltaire où les
religieux sont ridiculisés, où
l’absurdité du christianisme est
dévoilée. De manière générale,
les philosophes des Lumières
exaltent la « raison », au
détriment
des
croyances
religieuses. Ce « rationalisme »,
né en grande partie en France,
imprègne encore fortement les
esprits. Il ne faut d’ailleurs pas
oublier que le XVIIIème siècle a
connu les pires horreurs avec les
massacres de la St Barthélémy en
1572 durant lequel furent
massacré ceux qui ne voulaient
pas adhérer à la religion
officielle : le christianisme. Bien
après arriva l’année 1905 et avec
elle la loi de séparation de
l'Église et de l'État. L’école devint
alors laïque, les écoles privées
eurent le statut d’associations.
Depuis cette date, la religion ne
fut
plus
enseignée
obligatoirement dans les écoles,
mais de manière facultative
pendant le week-end avec le
catéchisme. On peut donc
considérer qu’à partir de cette
date les valeurs religieuses furent
de moins en moins transmises au
nom d’une société laïque. Le
nombre d’enfants allant au
catéchisme a d’ailleurs lui aussi
diminué : moins de la moitié de
la classe d’âge de 1993-1994 est
catéchisée. L’intérêt pour le
christianisme diminue du fait de
l’Histoire et des Hommes qui se
sont battus afin que chacun soit
libre de choisir sa religion. A la
suite de la séparation de l'Église
et de l'État, les valeurs religieuses
ont cessé d’être transmises à
l’école publique. On a pu ensuite
observer un affaiblissement de
l’identification
et
de
la
participation au christianisme. En
parallèle, la religion est peu à
peu sortie de la socialisation.
E
n fin de compte le
désenchantement religieux
affecte une classe d'âge
jeune sans de réelles distinctions
de sexes ou de milieux. Il est le
résultat de valeurs propres à la
France héritées des Lumières. La
religion est placée au second
plan dans les esprits derrière la
raison. Le vide laissé par cette
désaffiliation au christianisme fût
rapidement comblé par le
développement de croyances
plus
individualistes
et
l'attachement à de nouvelles
religions. Nous pouvons en
conclure
que
le
désenchantement religieux en
France
concerne
particulièrement le christianisme
et a permis un développement
« pluri-religieux ».
Si
ces
nouvelles religions telle que
l'Islam ou encore les évangélistes
protestants prospèrent en France
aujourd'hui, peut-être est-ce dû
à leur tendance au prosélytisme :
ils vont au contact des
populations les plus délaissées et
proposent des actions concrètes
pour la résolution des problèmes
personnels, voire de l'exorcisme.
D'où la tendance croissante à
l'adoption de ces religions au
détriment d'un christianisme
trop abstrait.
Arthur FORGERIT
Sarah LOURDEZ

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