Le cheveu naturel

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Le cheveu naturel
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Économie / Consommation
LES ABYMES
Le cheveu naturel : quand se coiffer devient une
lutte identitaire
France-Antilles Guadeloupe
22.07.2009
Juliette Smeralda, sociologue, Sonny et Cathy, de Chivé natirel, et Marion Vilier, de Créole attitude.
L'amphithéâtre de l'espace régional du Raizet a fait salle comble, vendredi, à l'occasion de la conférence-débat
intitulée « Cheveu naturel, histoire d'une aliénation » , organisée à l'initiative de l'association Créole attitude.
Principalement féminin, le public venu écouter les développements de la sociologue martiniquaise Juliette
Smeralda (1), semblait déjà acquis à la cause du cheveu crépu. En effet, c'est un cheveu naturel décliné sous
toutes ses formes que l'on croisait à travers les allées : locks, afro, tresses, chignon ou tout simplement libre.
Durant près de trois heures, Juliette Smeralda a présenté l'évolution du cheveu naturel crépu, des contrées
africaines avant la traite négrière à nos jours. Sous un angle historique, culturel, sociétal et anthropologique, elle
n'a pas manqué d'expliquer les rapports complexes du Noir à son cheveu. Objet de mille soins et indicateur de
symboliques (âge, clan, statut social) sur les terres africaines, le soin du cheveu occupait une place importante.
D'ailleurs, la séance de coiffure était longue et accompagnée de pratiques culturelles de transmission. Cette
approche n'a pas survécu aux plantations et le cheveu noir a alors entamé son cheminement vers une certaine
dépréciation. Comme l'a expliqué la sociologue, il constituait avec la peau noire, les traits du visage et la forme
du crâne, de véritables stigmates raciaux, indices de « barbarie » aux yeux des esclavagistes et des
contemporains de l'époque. Ainsi, peu à peu, au fil des siècles, un processus insidieux s'est mis en place et a
conduit à une dépréciation du cheveu crépu, au ressentiment à l'égard de cette « tignasse indomptable » , pour
arriver au déni.
Un retour au cheveu naturel
A travers des exemples et des courts documentaires, qui parfois prêtaient à rire, Juliette Smeralda a voulu
montrer à l'auditoire le rapport ambivalent et ambigu du Noir à son cheveu naturel. Ainsi, si le défrisage a connu
ses heures de gloire et a permis, au choix, de faciliter le coiffage ou de gommer des différences - qui
constituaient des entraves à une intégration dans une société faite pour et par les Caucasiens -, force est de
constater que depuis quelques années, on assiste en Guadeloupe, à ce que Juliette Smeralda qualifie de «
mouvement de revalorisation identitaire » . Il s'agit maintenant de passer d'une posture militante à un état de
fait. Sonny Christophe, à l'initiative du salon de coiffure « Chivé natirel » au début des années 2000, est venue
témoigner du long combat qu'elle a mené en ce sens. Elle dit accompagner les personnes qui ont décidé d'aimer
et d'assumer leurs cheveux naturels.
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Force est de constater malgré tout que, si un mouvement est très nettement perceptible au sein de la société
civile, les intervenants et certains auditeurs n'ont pas manqué de souligner un mouvement institutionnel inverse,
puisque dans de nombreuses écoles, les enfants coiffés de locks, tresses et maintenant afro « trop longs » ne
seraient pas acceptés. Voilà qui semble être devenu un nouveau cheval de bataille de certains défenseurs du
cheveu naturel...
L'auditoire était principalement composé de femmes.
(1) Juliette Smeralda est l'auteur, entre autres, de Du cheveu défrisé au cheveu crépu, de la
désidentification à la revendication et de Peau noire, cheveu crépu, histoire d'une aliénation.
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