Voir article paru dans Motoverte

Transcription

Voir article paru dans Motoverte
Sur le Dakar, chacun des participants à son histoire. Celle de Bruno Da Costa, 38ème du général et
sixième Français au terme de la dixième étape, est celle d’un miraculé. En 2012 lors de son second Dakar,
il avait percuté une vache à 150 km/h et était resté plusieurs jours entre la vie et la mort. Deux ans plus
tard, il est de retour sur cette épreuve.
Une drogue. Pour beaucoup de motards qui y ont un jour gouté, le Dakar devient vite une drogue dont on ne peut
s’en passer. Pour Bruno, y revenir a été d’autant plus difficile que ses proches ont vécu des heures très difficiles
suite à son crash, mais il ne pouvait rester sur cet accident et a donc repiqué cette année. Ce matin, il attaquait la
11ème étape trente huitième au scratch.
Un passé de crossman régional
La moto, Bruno y est venu par le motocross, au niveau régional même s’il a fait quelques rares incursions en
championnat de France. « Je suis originaire de Bourges, et à la base je suis un crossman. Je dirais d’ailleurs que
c’est la meilleure école pour faire du rallye car quand au dernier moment tu vois une saignée, il faut réagir comme
tu le fais en cross, instantanément. J’ai commencé à l’âge de 13 ans et j’ai fait un peu de tout, du cross, du
Supercross, de l’endurance principalement en Ufolep et puis en 2006, par hasard, avec un copain, j’ai découvert
le rallye et j’y ai pris gout. Quand on y goute on devient addict, car le rallye c’est vraiment super. On est entre
passionnés, le jour on voit des paysages magnifiques et le soir quand on arrive au bivouac, il y a une ambiance
qu’on ne retrouve nulle part ailleurs » confie-t-il à Antofagasta, terme de la 10ème des treize étapes du rallye.
Le Dakar, un cas à part
Avant de venir au Dakar qu’il a découvert en 2011, Bruno a fait ses classes au Maroc, une épreuve qui lui tient à
cœur. « J’ai commencé par le Maroc en 2006, ça n’a duré que deux jours car je n’étais pas préparé mais je suis
revenu sur cette course chaque année, et j’ai fait aussi le Tunisie-Libye en 2009. J’ai découvert le Dakar en 2011,
ca s’est plutôt bien passé pour moi puisque j’ai terminé 29ème. En 2012 malheureusement, j’ai eu un grave
accident dès le second jour. J’ai percuté une vache à 150 km/h mais bon, six mois après cet accident je
remontais sur une moto et j’ai retrouvé toutes mes sensations. Et comme je n’ai aucun souvenir de cet accident,
ca se passe très bien aujourd’hui. Dans les rallyes, il y a le Dakar et les autres rallyes. Comme l’a dit Etienne
Lavigne lors du briefing du premier jour, le Dakar c’est LA course la plus dure. J’ai fait plein de courses dans ma
vie mais jamais je n’en ai connu une aussi difficile que le Dakar. Cette année, il est très dur, il faut aller puiser
dans ses réserves, être patient et avaler les kilomètres les uns après les autres sans penser aux kilomètres qui
restent. C’est comme çà qu’on y arrive. Quand c’est dur et que j’en chie, je me dis que je ne suis pas le seul et
que mes collègues doivent en baver autant que moi. Ca ne me dérange pas d’en baver, on le sait en envoyant
son engagement que ca va être dur » confesse-t-il sans amertume.
Voir Valparaiso
A trois jours de l’arrivée, Bruno à le même objectif que la majorité des ‘survivants’ à savoir franchir la ligne
d’arrivée. Vingt deuxième de cette dixième étape, il poursuit sa remontée au classement général après une
première semaine difficile. « La première étape marathon a bien failli m’être fatale, j’ai loupé une passe et je suis
descendu dans une vallée d’ou je n’ai pu me sortir, c’était une montée impossible. Je suis donc passé par un rio
ou je me suis fait très très peur, et j’ai pensé abandonner au moins dix fois. Par chance je suis tombé sur la moto
de Faria qui avait abandonné, j’ai pu lui emprunter un peu d’essence pour finir l’étape et j’ai persévéré ; je suis
arrivé au bout avec trois ‘way point’ manqués mais l’important c’était de pouvoir continuer. Aujourd’hui l’objectif
est bien sûr d’arriver, les deux heures de pénalité pour les points de passage manqués m’ont repoussé au
classement général ; mercredi matin j’étais 44ème, ce soir je suis 38ème et si je finis entre 30 et 35 je serais
content ! Mais le Dakar n’est pas fini tant qu’on n’a pas franchi le drapeau à damiers, il faut que la mécanique
mais aussi le bonhomme tienne jusqu’au bout ! » poursuit-il.
Un privé privilégié
Gérant d’une société de bâtiment dans le civil, Bruno dispute ce Dakar dans de bonnes conditions grâce à son
fidèle sponsor, la compagnie du lit. Un partenaire rencontré dans le cadre d’un rallye, et avec qui le courant est
rapidement passé. « J’ai la chance d’avoir un bon partenaire qui me suit depuis trois ans, sans quoi ce serait
impossible pour moi de faire le Dakar qui coute quand même très cher. Je suis un pilote privé, mais intégré à la
structure HFP de Frank Helbert ; on est des clients qui bénéficient des dernières évolutions moto, et qui ont des
mécaniciens dédiés le soir à l’étape. Lors de mon premier Dakar j’avais une petite assistance, je dis d’ailleurs
chapeau aux pilotes qui font la course avec leur malle moto, et qui se débrouillent tous seuls pendant le rallye »
poursuit-il avant de revenir sur le passage en Bolivie. « On a vécu une superbe expérience en Bolivie, le long du
salar c’était magnifique, on vit des moments uniques sur le Dakar. Tous les jours on avale plein d’images ! Ce
Dakar est ma soupape de décompression, j’aime mon boulot mais il me faut çà. On va dire que ce sont des
vacances de passionné, puisque ma famille n’est pas là avec moi. L’avenir ? Mon partenaire est prêt à repartir
l’an prochain, mais c’est plus difficile vis à vis de ma famille et de mon entourage car mon accident de 2012 leur a
fait très peur. On va déjà finir celui là, et on avisera pour 2015 ! »
Propos recueillis mercredi soir au bivouac d'Antofagasta par Pascal Haudiquert