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Jusqu’où tu es chez toi…
Un titre.
Une question ? Une réflexion ? Un ordre ?
Jusqu’où tu es chez toi…
Un point de départ.
évoquer les frontières, le territoire, les déplacements
de populations, les limites physiques et humaines de la
mondialisation, la violence de son développement…
S’interroger sur l’appartenance à une ville et ses mutations, sa mémoire, notre
territoire…
Examiner nos appartenances à des groupes, des communautés, des genres,
sonder notre intimité…
Jusqu’où tu es chez toi…
Un prétexte à paroles.
Migrations, sans-abrisme, espace public (mobilier anti-SDF,
armes auditives, vidéosurveillance…), frontières, déchéance de nationalité, occupations,
identifications, appropriations, résistances, occupant, occupé, intimité, genre, handicap,
numérique…
Jusqu’où tu es chez toi…
Une convergence.
Questionner individuellement et collectivement le vivre
ensemble, le faire ensemble…
Trouver des réponses.
Le festival Avatarium laisse toujours une place prépondérante à la réflexion, à la transmission d'informations et à la construction
d'autres possibles. Un outil comme ce journal est pour nous un moyen essentiel pour donner un écho au travail que nous avons
mené cette année sur le thème de cette édition «Jusqu'où tu es chez toi ?». Mais c'est surtout une médiation choisie et non
formatée pour donner notamment la parole aux invité-e-s de cette édition. De la chercheuse Juliette Volcler, qui travaille sur
l'urbanisme sonore et les tentatives de domestication sonore, à Gabrielle Gerll et Zig Blanquer qui abordent la question de la place
des personnes handicapées dans une ville, un quotidien et des sexualités souvent vues par le regard de valides, nous espérons que
ces écrits et ces rencontres vous inviteront à vous déterritorialiser. Pour un aperçu de leur travail, le stylo est également donné
à l'association Culture ailleurs qui nous accompagne sur le festival et dont les créations sont basées sur la mixité des cultures
et le métissage d’art contemporain et d’art traditionnel. D'autres contributeurs contributrices ont également leur place dans ce
journal, celles et ceux qui ont bien voulu s'exprimer sur la thématique, à leur manière, à travers un texte, un schéma, un dessin.
Merci à toutes et à tous !
JUSQU'Où TU ES CHEZ TOI
Culture Ailleurs
Depuis 2012 Culture Ailleurs s'est associée pour le projet «jusqu'où tu es
chez toi» avec l'association «sur les pas des Huguenots» sur leur itinéraire
culturel européen* (sentier de randonnée) long de 1 800 km représentant
360 km pour la partie française traversant la Drôme, la Savoie et la Haute
Savoie et traçant 1 440 km de chemin en Suisse, Italie et Allemagne.«Jusqu'où
tu es chez toi» est un ensemble d'actions, de performances, d'expositions,
d'émissions de radio, de projets d'écriture, d'édition. Cet ensemble riche
de propositions interpelle l'art et la société, l'environnement et le temps.
«Jusqu'où tu es chez toi» est un travail collectif mêlant les arts visuels et
sonores et le patrimoine naturel. Le projet interroge la notion du chez soi,
de soi, de l'autre, de la frontière géographique et intime. Culture Ailleurs
agit artistiquement sur cet itinéraire culturel européen et ouvre des perspectives inattendues sur les paysages rhônalpins et le dialogue qui s'y noue
entre l'art et la société, entre l'intérieur et l'extérieur, entre le sédentaire
et le nomade, entre espaces naturels et urbains.
Grâce à un jeu de déambulation, de collectes d'impressions sonores et graphiques, de dispositifs artistiques et innovants, le projet «jusqu'où tu es
chez toi» évolue par des actions artistiques. Il propose une représentation
physique et poétique du territoire qui met en lumière sa singularité : zones
intermédiaires, zones désaffectées, zones d'habitations, zones d'activités,
zones naturelles, zones industrielles ou commerciales deviennent un nouvel
espace de contemplation esthétique.
Culture AIlleurs s’associe aux dynamiques des territoires traversés pour
créer une émulation à travers différents axes de création. Rencontres, témoignages sonores, visite de l'œuvre, marches collectives, repas sont autant
de média qui viennent ponctuer les étapes dans les territoires le long de ce
sentier de randonnée. L'ensemble est mené par des artistes graphistes, musiciens et des collaborateurs occasionnels tels que des écrivains, journalistes
et des sociologues…
Jusqu'où tu es chez toi c'est aussi une cuve à mazout posée sur un char à
foin. C'est une installation tout terrain qui peut être exposée partout : fo-
rêts, champs, places de village, galeries, musées. C'est une œuvre mobile qui
est faite pour être déplacée, dans laquelle on peut s'allonger, voir, écouter.
Les visiteurs sont invités à y entrer par une porte découpée dans la tôle. Cet
espace devient un antre, une cachette, un refuge, un utérus, un lit, un tombeau tout en restant une cuve à mazout dans laquelle le visiteur est amené
à vivre l'espace avec son corps et ses sens. Un instrument optique tel un
périscope via une caméra obscura donne à voir à l'extérieur en 360°. L'émetteur radio, quant à lui, propage la pièce sonore sur les ondes. Celle-ci est
composée d'interviews collectées lors de rencontres avec des historiens, des
exilés, des clandestins, des sans-papiers, avec comme thématique «jusqu'où
tu es chez toi», chaque voix portant un récit avec une poétique particulière.
L'ensemble de l'œuvre est vouée à voyager jusque dans le Hesse en Allemagne,
suivant les étapes elle est tirée par des chevaux, tracteurs, voitures et
donne lieu à des campements sous forme de résidences artistiques. Elle est
née d'une réflexion autour de l'exil des Huguenots, car la région est traversée par ce sentier tout comme l'Italie, la Suisse et l'Allemagne. En 2012 l'œuvre
a traversé le Trièves (Isère), en 2013 le Grésivaudan (Isère) et en 2014 elle est
passée par l'Isère, la Savoie et la Haute Savoie.
«Présenter une nouvelle étape de notre projet Jusqu'où tu es chez toi au
Musée de la mine nous emmène vers des questionnements sur la perte de repères, sur la désorientation, là où on ne voit pas le bout du tunnel, moment
d'errance et de divagation où on est perdu, où les issues sont bouchées,
ces endroits où l'on se retrouve prisonnier, coincé, que ce soit au fond d'un
trou ou devant une frontière…
Nous proposons de se rencontrer autour d’une installation sonore et visuelle, un moment à vivre, une expérience sensorielle.»
CABANE(S)
S’il est un abri où la personnalité, la poésie, l’intime et
le soi s’expriment, c’est bien la cabane.
Saint-Étienne est entourée de cabanes : celles des
jardins ouvriers, véritable patrimoine dit «immatériel»,
reflètent un pan de l’histoire sociale de l’ancienne
citée industrielle.
Chacun possède sa cabane et même si les jardins se
renouvellent chaque saison, avec les générations,
la cabane dite provisoire subsiste. Alors pourquoi
immatériel puisque la trace est là ?! Seraient-elles les
oubliées de ces jardins ?
les jardins ouvriers partagés familiaux *
Les premiers jardins ouvriers apparaissent à la fin du XIXème pour répondre à une
urgence sociale et améliorer le sort des plus mal lotis : les ouvriers de la sidérurgie
ou du textile.
La prise de conscience de la condition ouvrière, on la doit, à l’époque, à un prêtre,
le père Volpette. En 1895, il prend connaissance d’une initiative menée par une femme
à Sedan, Mme Félicité Hervieu qui, afin d’aider les familles en difficulté et constatant
que l’aumône n’améliore pas les conditions de vie, avait loué un champ divisé en
parcelles afin que les familles cultivent et résistent à la précarité par l’auto-approvisionnement. Pour le père Volpette «la terre est le moyen, la famille, le but»
«une assistance par le travail de la terre, au lieu d’humilier le pauvre, le relève
à ses propres yeux». En 1907, le congrès régional des jardins ouvriers se tient à
Saint-Étienne car, dans la cité, l’œuvre des jardins est au cœur d’un véritable programme social et sanitaire (lutte contre l’alcoolisme et la tuberculose) et connaît
une croissance rapide. À cette époque, l’association des jardins compte 700 jardins,
en 1912 : 850 et à la mort du père Volpette en 1922 : 1500. En 1942, c’est 6000 jardins
sur 130 terrains… Après la guerre, leur nombre décroît considérablement face à la
pression immobilière. En 1994 on compte 1800 jardins répartis en 41 sections sur 45
ha et en 2005, 1650 jardiniers cultivent 40 ha de terrain. La direction de l’association des jardins ne devient laïque qu’en 1998. En 2003, le Sénat adopte une loi visant
à accompagner le renouveau des jardins dits «collectifs» : protection juridique,
intégration des jardins d’insertion au même régime que les jardins familiaux et
partagés… Le terme ouvrier est exclu de la dénomination de ces espaces partagés…
Une histoire qui s’efface ?
Actuellement la ville tente de restructurer les jardins : les parcelles sont redessinées, on élimine ou on remplace les cabanes faîtes de matériaux de récupération
par des abris plus conventionnels, on supprime les clôtures entre les jardins et
l’eau est distribuée dans chaque parcelle.
On reconnaît l’intérêt social et sanitaire du jardin, mais culturellement qu’en est-il ?
Le jardin rassemble la culture terrestre des origines, la culture culturelle du savoir-vivre ensemble et la culture technique et savante de la connaissance. Pourquoi
lui ôter son totem singulier : la cabane ?
La question de ce patrimoine historique bâti, même fragile se pose : est-ce qu’on le
conserve ? Comment le renouvelle-t-on ?
Le plaisir cabane
Aussi authentique qu’archaïque, rudimentaire ou élaborée, chaque cabane transporte
une force fragile : celle de celui qui l’a édifiée. La cabane est la singularité de son
âme, car le jardinier qui va cultiver sa terre met en œuvre son savoir-faire pour
construire son abri vital et intime, une partie de sa vie. Il s’installe dans le présent.
L’utilitaire se confond souvent à l’imaginaire, la poésie au pratique… Un doux mélange de nécessité, de savoir-faire, de désir, d’urgence et de temporalité…
La construction d’une cabane nous ramène à des instincts anciens. Le jardinier
constructeur ancre dans ses murs une intimité. Il agit hors des gabarits habituels
qui cherchent plutôt à unifier, uniformiser, lisser. Il échappe aux pressions qui
tendent à nous mettre dans des boites sans fenêtres négligeant profondément nos
nécessités instinctives et premières.
Dans le cas des jardins partagés, la cabane peut devenir un refuge hors normes,
offrant un espace rassurant et protecteur. Elle s’adapte à l’environnement et nous
y adapte du même coup. Elle est à la fois une réponse aux besoins individuels et
groupant, elle contribue à sécuriser et socialiser.
La démarche
On ne peut pas à l’heure actuelle ignorer que ces cabanes sont l’habitat principal
pour les favelas, les bidonvilles et la jungle de Calais. Mais elles sont aussi dans le
design de l’éco-construction, les vacances dans les arbres, etc.
Avec les cabanes préfabriquées disparaît l’idée que celles-ci doivent être construites
avec les mains et l’imagination, et que c’est la présence de cette humanité qui fait
la valeur de la cabane et non un schéma esthétique convenu.
Et toi, elle est comment ta cabane ?
Corine Pain propose donc de construire sur le site du musée de la mine une cabane
inspirée des jardins ouvriers : faite à base de matériaux de récupération dans une
certaine urgence, car le processus commence dès la collecte de matériaux et va
jusqu’aux modalités d’utilisation de cette cabane. Elle souhaite faire vivre ce patrimoine, fruit des mains du jardinier et de son modeste génie pour cultiver cette
partie de l’histoire… qui continue.
Festivaliers, curieux, visiteurs du Musée : La cabane et son habitante seront là pour
vous accueillir pendant la durée du festival. Chacun pourra y aller de sa réflexion,
de son souvenir, de son mot, sa phrase, son histoire, son dessin autour de son
ressenti du «pouvoir de la cabane» de celle d’hier, d’aujourd’hui, et de demain.
Nous avons tous à dire.
Je me fais ma cabane. Je construis de mes mains un tout petit tout avec des bouts
de rien. C’est tout ce qui m’appartient, c’est là que je suis bien.
Je cultive mon histoire ouvrière et terrestre. Je jardine mes rêves et nos souvenirs
Autour de ma cabane, j’invite chacun à me confier son point de vue ou son histoire.
«Je sais déjà, par expérience, que les bois nourrissent les poètes, et que les cabanes
de berger abritent les philosophes.» (Don Quichotte - Miguel Cervantès)
* source Musée des Civilisations Europe Méditerranée «Album Moulin : l’œuvre des jardins ouvriers» 1907
offert par le père Volpette à Monseigneur Déchelette et au Cardinal Coullié en remerciement de leur
présidence du congrès régional des jardins ouvriers de Saint-Étienne.
Corine Pain
D’une tentative
de domestication sonore
Juliette Volcler
Sommes-nous contrôlés pour que nous ne soyons pas
chez nous comme nous l’entendons ? Dans un article de
la chercheuse indépendante Juliette Volcler “Le son
comme arme” dans un numéro d’Article XI de janvier 2011,
nous entendions parler des “Mosquitos”, ces émetteurs
de hautes fréquences produisant un son insupportable
pour éloigner une population donnée d’un endroit donné
et n’incommodant que les oreilles de moins de 25 ans.
Lorsque certaines municipalités s’emparent des ces
armes sonores, il devient alors facile de contrôler
quelles populations désirables peuvent fréquenter
l’espace public. Il nous paraissait évident d’inviter
Juliette Volcler sur le festival, et nous sommes très
heureux de l’accueillir samedi 21 mai à 15H30 au Musée
de la Mine pour une conférence intitulée “L’espace
public sonore en
questions”. Voici en
introduction de la
conférence un article
de la chercheuse
initialement paru dans
Le Sarkophage n°28
(février 2012)
À compter du milieu des années
2000, les dispositifs sonores
coercitifs se multiplient sur
les champs de bataille ou dans
les rues des villes. Ils viennent
compléter l’arsenal dit «non
létal» qui, sous des airs inoffensifs, étend le champ de la
répression.
Et ils assimilent les acteurs de
la vie sociale et politique à du
bétail pensant.
Si l’on en croit les témoignages
sur le mouvement Occupy aux États-Unis, deux armes «non létales» symbolisent la fébrilité du pouvoir face à ce désordre trop bruyant : les sprays au
poivre et les LRAD, des «dispositifs acoustiques de longue portée» (Long range
acoustic devices). Les premiers font pleurer, gênent la respiration et irritent
la peau, tandis que les seconds, des haut-parleurs capables de diffuser de
manière directionnelle une alarme à très forte amplitude, obligent toute
personne se trouvant dans la zone de diffusion à se couvrir les oreilles et
à fuir - une réaction fort naturelle, puisque les risques de surdité temporaire ou permanente ont été attestés pour toute exposition dans les cent
premiers mètres1. Une autre caractéristique que les LRAD partagent avec
les sprays au poivre et bon nombre d’armes «non létales», est d’avoir de
fortes affinités avec des produits développés pour contrôler les animaux,
ce qui est loin d’être anodin dans la conception du maintien de l’ordre et de
l’espace public aujourd’hui. Les sprays ont ainsi l’admirable qualité, selon
leurs fabricants, d’être efficaces aussi bien sur «les suspects (…) ivres, drogués ou psychotiques» que sur «les animaux vicieux 2». Les LRAD, quant à eux,
ont d’abord équipé la Marine états-unienne, désireuse de pouvoir tenir les
pirates à distance de ses navires, avant d’être déployés par la police contre
des manifestants, mais aussi par des aéroports, des champs d’éoliennes ou
de grandes propriétés agricoles, pour faire fuir les oiseaux.
Tom Brown, le PDG de LRAD Corp, s’en frotte les mains dans un communiqué récent : «La protection de la faune et des installations sensibles (…) représente
un très fort potentiel pour la croissance des ventes de LRAD3». Cet usage-là
du son n’est pas nouveau (les «canons effaroucheurs» sont employés depuis
le XXe siècle pour diffuser des sons explosifs, des cris de prédateurs ou
d’oiseaux blessés), mais il permet aujourd’hui de camoufler le business de la
répression derrière des professions de foi sur le «développement durable».
Le renversement logique va jusqu’à faire de ces instruments de contrôle les
garants de la liberté qu’ils s’attachent à réduire. Une société brésilienne
qui exposait ses «grenades lumineuses et sonores» au salon de l’armement Milipol en octobre
dernier, indique ainsi sur
ses dépliants publicitaires :
«Condor adopte comme
politique permanente la
protection de la nature,
destinant près de 70% de (la)
surface totale (de son usine)
à la préservation de la forêt (primaire), des sources
hydriques, de la flore et de
la faune, transformant l’environnement de l’usine en île
écologique, en parfaite harmonie avec le concept ‘’Non
Létal’’ de respect (de) la vie
et (de) la citoyenneté.4»
La plupart des dispositifs
sonores que l’on voit se
multiplier dans le maintien
de l’ordre et dans l’espace
public ont été inspirés par
une gestion sanitaire du vivant. L’entreprise israélienne PDT Agro a par
exemple inventé, à partir de son «générateur de tonnerre» anti-oiseaux,
un «canon à ondes de choc» anti-humains : le dispositif est similaire (un
tube envoie des détonations par saccades), mais la société de recherche et
développement militaire Armytec s’est chargée de le rendre efficace contre
«les émeutiers et les intrus potentiels5». Quant aux «générateurs d’ultrasons6» contre les insectes, les rongeurs et les chiens, ils ont fait imaginer
au britannique Howard Stappleton un «répulsif jeunes» baptisé Mosquito
(«moustique»). Le boîtier, en libre vente, est installé sur la façade de commerces ou d’immeubles pour faire déguerpir les jeunes ou les sans-abris :
en mode très aigu, seuls les moins de 25 ans entendent son insupportable
bourdonnement (l’oreille humaine perd rapidement l’audition des sons les
plus hauts), mais le Mosquito peut aussi envoyer un son communément
audible, afin d’empêcher toute présence dans une zone à certaines heures.
Une société du Missouri, spécialisée dans les aires de jeux pour enfants, en a
directement équipé ses toboggans et balançoires : MiracleTechTM Security, la
branche sécurité de Miracle Recreation, a mis au point un «parc avec système
de sécurité intégré» pour décourager les 13-25 ans de s’y trouver bien7.
Des «répulsifs jeunes» camouflés dans des aires de jeux ? Des «mitraillettes auditives8» qui servent aussi à «préserver la faune» ? Des «canons
anti-émeutiers» qui protégeaient jusque-là les semences ? Les technologies
sonores éclairent particulièrement bien la mise en place d’une écologie de
la répression, qui permet de masquer l’armement et de désocialiser l’espace
public, tout en peaufinant une image verte. L’arme, d’abord, n’en serait plus
vraiment une : elle «préserve» et «protège». En réalité, elle ne perd rien de sa
capacité à blesser voire à tuer : comme le synthétise parfaitement la société
française Alsetex, fabricante de grenades lacrymogènes ou assourdissantes
employées par la police et par l’armée, l’objectif est d’avoir «une grande
capacité d’intervention avec une apparence non agressive médiatiquement9».
Il s’agit, plus précisément, de présenter une illusion d’innocuité, tout en
étendant la géographie de la répression. La désocialisation de l’espace public
se manifeste, elle, par la désignation arbitraire de «parasites» et par la
tentative d’empêcher toute présence non-contrôlée : les dispositifs sonores
nettoient la ville de ce qui serait susceptible d’y faire désordre, tenant le
peuple à distance, aseptisant l’espace commun, et prévenant ainsi toute
expression politique. La manière d’habiter un lieu, d’y circuler, d’y vivre, est
gérée comme un problème d’ordre sanitaire - et la question sociale, traitée
comme de la contention animale.
En réponse à cette animalisation du corps social, d’autres manières de
reprendre voix dans l’action politique s’inventent aujourd’hui. Comme la
ville de New York interdisait aux occupants de Zuccotti Park de diffuser du
son amplifié (musique ou prises de parole), ceux-ci ont imaginé, pour ne
pas laisser Occupy Wall Street être mis en sourdine, de nouvelles formes
d’occupation de l’espace sonore. Ne pouvant pas rivaliser avec les hautes
technologies acoustiques employées par les forces de l’ordre, ils ont usé de
très basses technologies, tout aussi efficaces, comme le microphone humain.
Ce dernier permet de porter très loin la voix d’un orateur : celle ou celui
qui veut prendre la parole crie «Test de micro !» («Mic check!»), et les autres,
en lui faisant écho, annoncent qu’ils sont prêts à relayer son message. Les
phrases s’égrènent alors, répétées par un premier cercle d’auditeurs, puis
un cercle plus large, jusqu’à se diffuser à la foule toute entière. La technique a également été employée pour saisir la parole lors d’interventions
publiques d’Obama ou d’autres personnalités - et ni l’estrade ni la sono
hi-tech ne permettent à l’orateur officiel de reprendre son discours avant
que les «testeurs de micro» aient fini leur improvisation collective10. On nous
prend pour du bétail ? Test de micro !
Juliette Volcler est chercheuse indépendante, autrice de l’essai Le Son comme
arme, les usages policiers et militaires du son (La Découverte, 2011.
1 Jürgen Altmann, «Millimetre waves, lasers, acoustics for non-lethal weapons ? Physics
analyses and interferences», DSF-Forschung, 2008.
2 Présentation du «Nuage au poivre défensif/tactique Swat» sur le site de la société sud-africaine SWAT, www.swat.co.za (vu le 7 déc. 2011).
3 LRAD Corp, «LRAD Corporation Announces Follow-On LRAD Order for Bird Preservation at
International Mining Site», communiqué de presse du 17 novembre 2011.
4 Plaquette de présentation de la société brésilienne Condor en octobre 2011, après correction des fautes de français.
5 Barbara Opall-Rome, «A cannon “stun gun”», Defense News, 11 janvier 2010.
6 Un ultrason est un son trop aigu pour être entendu par l’oreille humaine.
7 Présentation du SonicScreen sur le site de Miracle Recreation, www.miracle-recreation.
com, vu le 07/06/2011.
8 La chroniqueuse Catherine Porter à propos du LRAD, «A loud and clear lesson in police
power», The Star, 4 février 2011.
9 Présentation du lanceur Cougar dans le catalogue «Maintien de l’ordre, gamme 40 mm» de
la SAE Alsetex en octobre 2011.
10 Voir notamment Nathan Jurgenson, «Occupy Audio: The Soundscape of the Protests», The
Atlantic, 28 novembre 2011.
Jusqu’où est-on chez soi quand on est
malade ou handicapé-e
DOCUMENTAIRE de Gabrielle Gerll, à partir d’un texte de
Zig Blanquer : “Vos désirs sont des échos ou des égos ?”
projection le jeudi 19 mai à 20H30 au Meliès St-François
en présence de la réalisatrice et de l’auteur du texte
Ce film explore les possibilités de rencontres entre corps handicapés et
valides, en particulier intimes et sexuelles. Il est l’occasion de décliner la
question posée cette année pour le festival. Jusqu’où est-on chez soi quand
on est malade ou handicapé-e, jusqu’où la médicalisation s’ingère-t-elle
dans la vie, le quotidien, l’intimité, la sexualité ? Jusqu’où est-on chez soi
lorsque l’on vit en institution ? Jusqu’où est-on chez soi dans un environnement matériellement ou socialement inaccessible ? Il devrait remettre en
cause quelques routines et certitudes valides.
Pour commencer la réflexion, une petite parenthèse de valide à valide :
Savez-vous signer (parler la langue des signes), êtes-vous prêt-e à faciliter
votre communication avec une personne autiste ou présentant tout autre
handicap psychique ou mental ? Croisez-vous chaque jour des personnes se
déplaçant en fauteuil dans votre quotidien ? Votre mode de vie permet-il
cette mixité handi-e-s/valides ? Autrement dit, vos divers lieux de vie sontils accessibles ? Combien de marches à franchir pour atteindre vos locaux
associatifs, la bibliothèque du coin, vos lieux de réunions militantes ou de
travail, votre groupe de théâtre, votre chorale, votre atelier d’écriture,
votre librairie, votre bar, votre ciné, votre club, votre sauna, votre squat,
le cabinet médical ou le centre de santé de votre quartier, votre centre social, votre amicale laïque, votre appart’, votre maison, votre coiffeur-euse,
votre boulangerie… ?
Une, deux, trois ? Une rampe ? Un ascenseur ? Ou rien ? Qu’à cela ne tienne !
Tout comme apprendre la langue des signes, construire une rampe d’accès
DIY, c’est possible et souvent suffisant pour ne plus laisser dehors les
personnes qui se déplacent difficilement ou en fauteuil. Voici reproduits
ici quelques conseils repris d’une brochure réalisée par un handi et une
charpentière anonymes.
pOURQUOI JE NE SOUHAITE PAS
QUE VOUS ME PORTIEZ AVEC MON FAUTEUIL
POUR ENTRER DANS VOTRE BOUTIQUE
(mais plutôt que vous accessibilisiez la boutique)
Parce que, pour vous, être porté est un fait exceptionnel.
Pour moi c’est un fait quotidien obligatoire : être porté pour aller aux WC, à
la douche, au fauteuil, sur un sofa, au lit, pour s’asseoir sur une plage, etc.
Que je suis porté tous les jours, plusieurs fois par jour, et ceci toute ma vie.
Que je n’ai pas le choix d’être porté pour aller pisser, c’est un fait, mais
que je me retrouve à devoir être encore porté juste pour entrer dans votre
lieu, ça me paraît franchement évitable.
Parce que pour vous me porter c’est avant tout porter mon fauteuil.
Pour moi porter le fauteuil c’est me toucher physiquement, le fauteuil étant
une partie de mon corps. Que du fait de ma dépendance motrice je suis
continuellement touché par d’innombrables personnes pour chaque geste
essentiel quotidien.
Je ne vous connais pas mis à part depuis quelques dizaines de secondes, et
je n’ai peut-être pas envie qu’un-e énième inconnu-e me touche.
Parce que vous n’allez pas savoir comment porter le fauteuil, qu’au mieux
vous allez me demander comment procéder en étant attentif-ve à mes
indications, qu’au pire (le plus habituel) vous allez attraper par mégarde ce
fauteuil sans réaliser que :
1) vous manipulez 20 000€ d’un équipement technique fragile et vital,
2) vous pouvez-vous faire sérieusement mal,
3) vous pouvez me déséquilibrer jusqu’à ce que je chute.
Parce que vous pensez ainsi créer une solution accessible.
Pour moi vous ne faites que repousser une situation d’inaccessibilité.
Qu’accessible = être autonome = pouvoir accéder seul-e à votre lieu, sans
devoir continuellement nécessiter de l’aide. Vous m’aideriez complètement si
vous réalisiez que je ne souhaite pas forcément être aidé-e, que je peux notamment avoir envie d’entrer tranquillement, discrètement dans votre boutique.
Parce que vous repoussez peut-être la faute sur la mairie qui tarde à vous
donner un accord de mise en accessibilité, ou/et sur l’urbanisme de la rue
qui n’est pas en votre faveur, etc.
Un peu d’autonomie et de responsabilisation, ça vous dit ? Il existe des gérant-e-s d’autres boutiques qui n’ont attendu après personne : en construisant facilement par eux-mêmes leur rampe en bois amovible, qu’ils/elles
installent en quelques secondes le matin et enlèvent de même le soir.
Parce qu’en ne faisant rien et en attendant des improbabilités vous me
considérez comme un-e client-e de seconde catégorie.
Parce que vous vous dites que «de toute façon il n’y a jamais de client-e-s
en fauteuil qui se présentent» à votre boutique.
Vous êtes-vous demandé un peu plus honnêtement pourquoi ?
Parce que vous estimez que c’est un acte beau et solidaire de me permettre
d’entrer en me portant.
Sauf que ce n’est pas vous qui attendez dehors devant une boutique (que
plusieurs employé-e-s soient disponibles à venir porter) lorsqu’il pleut,
qu’il y a un vent glacial, que c’est la canicule ; et à voir passer de nombreux
autres client-e-s valides entrer à l’abri. Lorsque vous-même voulez entrer
dans une boutique, attendez-vous dehors à chaque fois 1 à 5 minutes ?
Parce que vous me dites que vous êtes désolé-e et que vous allez régler la
situation prochainement.
C’est quand «prochainement»?
Si je reviens dans 2 semaines, me parlerez-vous encore depuis le trottoir
de «prochainement» ?
Parce que si je refuse que vous me portiez, et que donc je ne peux pas entrer
dans votre boutique, vous allez probablement me répondre vexé ou choqué,
en tout cas un peu culpabilisant : «eh bien alors c’est votre choix !»
Ce n’est pas mon choix. C’est un non-choix que vous créez et faites perdurer
en tant que responsable du lieu. Mon choix serait de vouloir autant que de
pouvoir entrer comme quiconque de façon autonome ; sauf que je détiens le
«vouloir», vous détenez le «pouvoir».
Et vous savez quoi ? Je suis loin d’être la seule personne en fauteuil à ne pas,
à ne plus vouloir être portée. Pour toutes ces mêmes raisons.
Que comptez-vous faire ?
Zig Blanquer
concerts
vendredi
20 mai
COPCAKE
Fastcore • Sainté
UKANDANZ
EthioGroove • France-Ethiopie
UKANDANZ… un style unique, une rencontre singulière entre un quartet électrique français et Asnake
Guebreyes, chanteur charismatique de la scène
d’Addis Abeba. Leur musique s’inspire de chansons
traditionnelles et populaires éthiopiennes animées
par une énergie très rock. Sans concession. Guitare, saxophone, basse, batterie et voix forment
un ensemble ravageur empruntant des chemins qui
ébouriffent nos repères.
… Alors le public, transcendé, danse et frissonne.
CRESS
Anarcho punk • UK
Carte blanche «La France Pue«
Les stéphanois de COPCAKE, membres actifs du collectif «La France Pue» ont déjà sévi au sein d’Atomic
Tango, Pervers & Truands, Death Reign ou Dose Létale… Ça va vite…
CRESS, groupe anarcho-punk du nord de l’Angleterre, s’est formé en 1994 avec Pete (guitare/
chant), Joe (sampler/chant), Dave (basse) et Chris
(films/projections).
«On utilise une boîte à rythme (Hal 2000) plutôt
qu’un vrai batteur. Nous sommes maintenant dans
notre 22ème année, nous produisant toujours
un peu partout en Europe, aux USA, au Canada…
Nos textes traitent de sujets comme le fait d’être
sans-abri («Safe»), la désinformation politique, les
mensonges et la propagande («progress») ou encore la peur de devenir vieux et d’être considéré
comme inutile («Fears»). Notre premier LP est sorti
en 1995 («Monuments») et notre dernière production («S21/Warmachine») sera un EP en soutien pour
lever des fonds pour Hunt Sabs UK (saboteurs de
chasse) en Mai 2016. Nous sommes un groupe anti-raciste, anti-fasciste et anti-sexiste qui voudrait vivre dans un monde libre sans frontières,
sans oppression et sans haine.»
DEADWOOD
Noise blues • Bruxelles
DEADWOOD feat Cherry DoubleWood : un type à la
guitare tombante et à l’allure de hobo. Ça sent le
courant d’air métallique et la trachéite façon Tom
Waits. Des histoires grésillées, consumées à l’eau
de feu, du rock vers le blues en passant par les
marécages bayou sur loop hypnotique. Du blues
vers l’électro avec un beat lancinant.
Et Violette… Shirley Bassey punk qui module sa voix,
la pousse et l’expulse jusqu’au dernier souffle. Son
charisme de poupée désarticulée se fond à merveille dans celui plus azimuté de son acolyte, tout
à sa transe mystique.
Ils embarquent le public dans un rafiot improbable
sur une mer mauvaise, nous servent un concert
aussi foutraque que démoniaque, aussi bluesy que
noisy, aussi torché qu’inspiré.
concerts
samedi
21 mai
DE KIFT
Fanfare punk • Hollande
LA GALE
Rap punk • Lausanne
La Gale, de son vrai nom Karine Guignard, est une
rappeuse libano-suisse, résidant à Lausanne. A son
actif, deux albums : «La Gale» (2012), et «Salem City
Rockers» (2015). Elle a aussi joué dans deux films :
«De l’encre», de Hamé et Ekoué, deux membres du
groupe La Rumeur, et «Opération Libertad», de
Nicolas Wadimoff.
MIDNIGHT RAVERS
Mali-Tronica Expérience • Mali-France
Un projet à la saveur particulière, une histoire qui
traverse le temps.
Issu de la très prolifique punk d’Amsterdam aux
cotés d’autres grandes bandes comme The Ex, De
Kift est une fanfare poético-punk d’Amsterdam
dont la carrière a débuté il y a 27 ans. Elle s’est
fait connaître en France à partir des années 2000.
Ce cabaret rock cuivré a partagé la scène avec des
artistes comme Arthur H., les Têtes Raides, Calexico, The Ex, les 17 Hippies, Monofocus…
Après avoir fêté en 2013 leurs 25 années d’existence, De Kift se languissait de venir retrouver son
public français. Les revoilà avec leur cabaret punk
cuivré et Brechtien teinté de mélancolie pour la
tournée «Wee Mij» («Pauvre de moi»). Le groupe y
interprètera ses titres les plus mélancoliques, dans
une atmosphère intime et propice au déferlement
d’émotions fortes.
Leur musique est un grand moment de live, de ceux
qui vous donnent envie de rire autant que de danser, de pleurer autant que batailler !
“De Kift est né dans la fanfare, a été baptisé dans
le punk et est devenu grand dans l’amour pour la
musique et la poésie. C’est une musique allègre,
mais pleine de nostalgie, une musique capable de
vous donner les larmes aux yeux.” (Bert Wagendorp, journaliste du journal néerlandais De Volkskrant)
Midnight Ravers, de retour avec un deuxième album, annonce la couleur et affirme une double
identité (Mali - France). Une rencontre vécue, nécessaire, qui libère la mondialisation de ses carcans économiques pour l’ancrer dans la réalité,
celle de l’humain et de l’échange.
L’autre nécessité est artistique. Éprouver l’altérité
pour se débarrasser de l’entre-soi, s’échapper de
son milieu social et culturel, créer une instabilité
propice à la recherche et à la création.
C’est cette démarche sincère d’ouverture à l’autre
qui a fait (re)naître Midnight Ravers comme un
nouveau combo éléctro-mandingue, trois maliens
et trois français investis dans un projet complet
et protéiforme : musique, dessin et vidéo. Une
sensibilité qui transpire par tous les pores de la
musique créée, émotionnellement intense.
Ici, les envolées du monstre sacré de la kora Madou «Sidiki» Diabaté et la finesse des ambiances
électroniques servent les mélopées belles et tristes
de l’incroyable chanteuse Fatim Kouyaté. Là, MC Waraba et Méléké Tchatcho - les MC’s les plus en vue
de Bamako - donnent aux productions de Dom Peter (High Tone) des allures de transe festive, si loin
des canons actuels du rap US et de ses déclinaisons
trap au kilomètre.
Pas de «coloration world» ou de «samples ethniques» plaqués ici, mais un vrai groupe métisse
avec la musique comme dialogue.
JK FLESH
Heavy Brutal Electronica • Birmingham
JK FLESH est un projet solo de Justin K. Broadrick
AKA GODFLESH, JESU, FINAL, PALE SKETCHER, et auparavant
membre de TECHNO ANIMAL et NAPALM DEATH.
JK FLESH est le résultat de l’analyse des différents
courants de la culture «electronic dance» (Techno,
Jungle, Grime, Electronica…) passés à la moulinette
industrielle et mis en forme à la façon des pionniers de la noise et de la musique industrielle. Ce
projet est un hommage à l’héritage que ceux-ci
ont laissé.
JK FLESH est un pseudonyme que Justin K Broadrick
utilisait pour ses travaux avec Kevin Martin (THE BUG
/ KING MIDAS SOUND, etc) et pour TECHNO ANIMAL (abréviation de Technological Animal), un projet encore
une fois influencé par la musique industrielle qui
sévissait dans les années 90 et 2000 aux frontières
du Hip Hop et de l’Electronica, et pour le projet
phare de techno industrielle THE SIDEWINDER.
Le premier album «Postman» est sorti en 2012. Puis
la seconde réalisation, split EP avec PRURIENT, en
2013. Le EP “Nothing Is Free”, vient de paraître sur le
label de Justin AVALANCHE RECORDINGS, autoproduction
en format digital seulement. Suivra un remix de
SURGEON en Avril 2016 et un 2x12” LP sur Electric
Deluxe rds, début Mai. Beaucoup d’autres sorties
sont à venir…
pERFOrMANCES ATELIERS
vendredi
samedi
& samedi
après-midi
dés 14h
LUSH EFON
couple ? Et si nos enfants étaient gardés par le voisin
pendant qu’on jardine dans le potager collectif ? Et
si on pouvait rester chez soi quand on en a envie,
et aller discuter dans la cour quand on a rechargé
les batteries de la philantropie ? Vivre ensemble, en
famille ou avec des inconnus, en campagne ou au
coeur de la ville, en cabane ou en appart ? Autant
de questions que nous explorerons ensemble lors
de l’atelier.
Atelier pour les enfants de + de 8 ans avec leurs
parents ! Sur inscription (places limitées) : envoyer
un email à [email protected]»
& JEAN BENDER
Lush Efon et Jean Bender se rencontrent pour la
première fois dans cette installation mêlant vidéo
projection et diffusion sonore. Leur travail, basé
sur la captation d’instants, traités ou maltraités
par des procédés multiformes, a pour but de signaler dans cette composition anamorphique immersive, l’erreur et l’entropie qui nous entourent.
METALKING
impro-jecteur
Tandis que le premier improvise une musique brutale et bruyante, le second torture son projecteur,
faisant subir à ses bobines toutes les impulsions
que les sonorités lui inspirent. À la projection,
des saynètes en noir et blanc se succèdent. Mais
la linéarité et la narration ne sont pas de mise :
surimpressions, images qui bavent, déformées par
des protections non homothétiques, jeux de textures à travers des images macros, des pellicules
détériorées ou qui brûlent.
CULTURE AILLEURS
Installation-performance
Présenter une nouvelle étape de notre projet
«Jusqu’où tu es chez toi» au Musée de la mine nous
emmène vers des questionnements sur la perte de
repères, sur la désorientation, là où on ne voit
pas le bout du tunnel, moment d’errance et de
divagation où on est perdu, où les issues sont
bouchées, ces endroits où l’on se retrouve prisonniers, coincés, que se soit au fond d’un trou ou
devant une frontière…
Installation de Sébastien Perroud, Julien Lobbedez
et Anne-Julie Rollet
CABANE(S)
Installation
On nous parle d’habitat et de chez-soi. Exprimons-nous ! S’il est un abri où la personnalité et
la poésie (l’intime, le soi) s’expriment, c’est bien la
cabane. Saint-Étienne est entouré de cabanes : celles
des jardins ouvriers, véritable patrimoine dit «immatériel» reflètant un pan de l’histoire sociale de
l’ancienne cité industrielle. Chacun possède sa cabane
et même si les jardins se renouvellent chaque saison, avec les générations, la cabane dite provisoire
subsiste. Alors pourquoi immatériel puisque la trace
est là ? ! Seraient-elles les oubliées de ces jardins ?
LES ARTS DU FOREZ :
L’abécédaire chrono
Quatre heures et demie chrono pour créer un livre
objet unique. 26 personnes pour modeler un abécédaire improbable, créer notre langage commun,
notre alphabet réinventé. Des fourmis pataugeant
au cœur du charbon mais qui profiteront de ce
temps de rencontre.
Des pages griffonnées à plusieurs mains, qui
passent et repassent en s’appropriant plusieurs
techniques via les ateliers proposés : dessin, écriture, broderie sur papier, sténopés, reliure… Et
des surprises en cours ; ou alors rien de tout ça
et complètement autre chose, qui sait ?
Inscription : [email protected]]
Enfants de moins de 12 ans obligatoirement accompagnés.
Atelier Enfants /
Parents - Petite RecuP’
Et si on vivait ensemble, moi je proposerais quoi ? Imaginons une grande coloc’ ! Vivre ensemble, avec nos rêves
et nos idéaux singuliers, comment ça marcherait ?
Au menu de cet atelier : des discussions, des
échanges, des questions, et au final chacun apporte sa pierre à l’édifice, ou plutôt sa feuille à la
coloc’ ! Un petit texte, des illustrations créées en
matériaux de récup’, qui empilées les unes sur les
autres, créeront la coloc de nos rêves !
«La petite récup’ c’est l’histoire d’une reconversion
qui n’en a pas fini de se reconvertir ! Directrice d’Office de Tourisme pendant 13 ans, j’ai tout lâché il
y a 3 ans, pour me lancer dans la merveeeiiiileuse
aventure de l’entrepreneuriat ! Je crée une auto entreprise, au départ pour faire ce que je sais faire :
donner une seconde vie aux meubles et aux objets,
et faire de la com’. Et puis très vite, je m’ennuie
dans ma grange, et je décide de me lancer dans des
ateliers créatifs pour tout public : dans les écoles
(beurk, pas pour moi…), les centres de loisirs, les
festivals (yeah, j’adôre ça !), mais aussi les maisons de retraite (l’éclate totale !). La récup’ n’est
qu’un prétexte pour rencontrer le genre humain !
Le champ des possibles est illimité ! Une seule frontière : le plaisir et le temps. Du temps pour rêver,
lire, rencontrer, échanger. Sortir de chez soi. Par
le portail qui n’est jamais fermé. Aller voir le vieux
voisin, discuter de l’ancien temps, et de celui qui
arrive. Aller voir l’ami un peu plus loin, qui cultive
son jardin… Du temps pour se poser des questions :
Et si on vivait ensemble ? Et si on ne vivait plus en
LE PLACARD
Le premier Placard a été initié en 1998 par le
musicien Erik Minkkinen (Sister Iodine, Discom…).
C’est un festival nomade de concerts à écouter
au casque, jouant sur la concentration, l’intimité, la déformation du temps et la téléportation.
L’événement a lieu toute l’année dans de multitudes
endroits émetteurs et récepteurs ; lieux physiques
distants (galeries, magasins de disques, appartements, voitures, cabines téléphoniques, péniche…)
liés par un flux audio et vidéo qui les uns après les
autres, émettent ou reçoivent.
Le Placard sur Avatarium différe dans le sens où il n’y
a pas possibilité de recevoir un stream audio ou en
envoyer un. Tous les concerts seront donc à écouter
et vivre uniquement sur place, dans le chevalement
de l’ancien Puits de mine du site Couriot. Toutes les
performances seront enregistrées en vue d’un archivage et une diffusion sur nos radios amies telles
que radiocapsule.com ou encore p-node.org.
Le placard, ou écoute au casque, est un concert
continu (ici, il commencera le 21 Mai à 14h, pour
finir à 18h10), où musiciens et public peuvent partager autrement le jeu, et l’écoute… 10 créneaux de
25 min durant lesquels, si vous voulez profiter de
la musique proposée, seul le casque vous reliera à
sa source. Pas d’amplification, juste une salle bien
aménagée et confortable, des casques…
Pour s’inscrire, il faut aller là : http://www.leplacard. org/2016/-Avat…
Vous vous créez un identifiant, et choisissez le
créneau libre qu’il vous plaît. Vous pouvez jouer
plusieurs fois, avec plusieurs formations…
Et non, ce n’est pas réservé qu’aux instruments
électroniques. Un instrument à vent, repris dans
un micro, retravaillé (ou pas), ne s’écoutera pas
de la même manière.
Si vous avez des questions, merci de les poser à
erreur. [email protected].
Enfin, sachez que le Placard est avant tout une expérience propice à la découverte et à l’échange.
C’est pourquoi aucune entrée n’est demandée au
public tout comme les artistes viennent jouer gratuitement.
SPOKEN WORDS
À 15h
Mettre du mot sur de la musique... Mettre des mots,
non pas en, mais à nouveau, sur de la musique...
Sans forcément retourner à l’ère du ménestrel, ou
à l’air du griot, c’est de William Burroughs, ou encore de Gil Scott-Heron, mais aussi de Saul Williams
et tant d’autres, mais encore de nous-mêmes, que
nous arrivent ces mots, que nous arrivent ces musiques... Poésie ? Moderne ? Urbaine ? Oui, il y a de
ça, définitivement... Mais pas que !
Depuis une dizaine d’années, le collectif Univers
Soul, à la suite du «Slam donc, qu’on teste», propose chaque premier Mercredi du mois, dans différents lieux de la ville de Saint-Etienne (pour cette
saison, c’est à l’Excuze Bar, 38 rue de la Résistance),
des sessions dites Spoken Words ouvertes à toutes
et à tous, en libre accès, que ce soit l’entrée ou
la présence sur scène... Hors frontières, hors barrières, sans barreaux, sans bourreaux... Voilà les
dièses ! De l’essence sur des notes... Des mots sur
de la musique... Bruissement de sens... Sans bémol... Ou presque !
«Jusqu’où tu es chez toi ?» est la thématique globale de la 17ème édition du Festival Avatarium...
Hum... Miam, miam, miam ! De la nourriture pour
l’esprit qui interpelle, et au delà, les habitué-e-s,
ou pas, des sessions Spoken Words... Nous, l’association Avataria et Univers Soul, vous proposons donc le Samedi 21 Mai, à partir de 14h, sur
le site du Puits Couriot, un atelier d’écriture en
compagnie de poétesses et poètes, mais aussi de
musicien-ne-s, fidèles des sessions, question que
nous, ensemble, cuisinons donc ladite nourriture,
question que nous, toutes et tous, tentons de
trouver les ingrédients, d’associer les épices, et
que ce «Jusqu’où tu es chez toi ?» se retrouve être
des mots sur de la musique, de l’essence sur des
notes... Accords de sens... Ou pas !
Cet atelier, Spoken Words donc, verra en début
de la soirée du 21 Mai, en apéro, en casse-croûte,
comme un rendu en vivant et en direct au Musée
de la Mine... Le résultat dépendra de vous, oui, de
nous, en somme !
* inscriptions (jusqu’au Mercredi 18 Mai) par mail
à [email protected], mettez svp en objet du
mail «Spoken words avatarium»
CONFéRENCE
samedi
après-midi
15h30
JULIETTE VOLCLER
L’espace public sonore
en question
«L’espace sonore est en chantier. Dans ce chantier,
nulle alarme de bulldozer, nul marteau-piqueur,
mais des silences, des voix, des sons savamment
travaillés.
Nul ouvrier, mais des designers, des universitaires,
des commerciaux, des fabricants d’armes, des sociétés de droits d’auteur, des compositeurs… Se
met ainsi en place une géographie acoustique, tour
à tour attrayante et répulsive selon les personnes,
les lieux ou les moments. Quand le comportementalisme sonore investit l’espace public : déambulation critique dans la ville émergente à travers une
sélection commentée de sons et vidéos.»
Juliette Volcler : Chercheuse indépendante. Autrice
de l’essai «Le son comme arme. Les usages policiers
et militaires du son» (La Découverte, 2011). Coordinatrice éditoriale de la revue d’actualité et de
critique de la création sonore Syntone.
PROJECTION
jeudi 19 mai
20h30
VOS DÉSIRS
Documentaire - 52 minutes - 2013
de Gabrielle Gerll d’après un texte de Zig Blanquer
Qu’est-ce que la tétraplégie induit dans une relation intime et sexuelle ? En quoi cette particularité
corporelle met-elle en crise le fonctionnement
valide, ses certitudes, ses routines ? De quelle manière peut-elle le nourrir et l’enrichir ?
«Vos désirs» est construit autour d’extraits d’un
texte de Zig Blanquer dans lequel il explore les possibilités de rencontre entre corps handicapés et
valides. À l’aune de son propre corps, il interroge
les normes valides du couple et de la sexualité,
les préjugés qui en excluent les personnes handicapées et soulève des problèmes de fond auxquels
il n’existe pas de réponse toute faite. Balade réflexive qui joue sur les interactions entre la subjectivité de la parole et l’image des corps, «Vos
désirs» cherche à éroder les évidences corporelles
et visuelles. C’est pour le spectateur une invitation
à ouvrir son imaginaire à la singularité des corps
et des sensualités.
Le handicap empêche, c’est sa définition. Mais empêche quoi au juste ?
CONTEXTE
La loi de février 2005 fait entrer, pour la première
fois en France, la question de la sexualité et de
l’épanouissement affectif des personnes en situation de handicap dans le débat public. Si l’on veut
réellement, dans l’esprit de cette loi, considérer
les personnes handicapées en tant que personnes
et non plus uniquement comme des corps dépendants objets de soins, cette question est essentielle
et nécessite de profonds changements sociaux. Actuellement, la question de la légalisation des assistants sexuels est au centre du débat, mais elle
n’épuise en rien les revendications. La détresse affective et sexuelle ressentie par beaucoup, handicapés physiques et/ou mentaux, est plus complexe
et ne peut être réglée uniquement par cette «solution» de la légalisation. Car le problème est peutêtre moins dû au handicap en lui-même (incapacité
de faire telle ou telle chose) qu’une conséquence
de la non-mixité de notre société : ségrégation
sociale limitant les possibilités de rencontres, absence d’éducation sexuelle adaptée, normalisation
valide des pratiques et désirs sexuels, etc.
«Vos désirs» a à coeur, au travers de la subjectivité de Zig Blanquer, de questionner les normes de
comportements sexuels en nous invitant à inventer
des interactions et des plaisirs pour nos corps
handicapés et valides. Pour lui, l’égalité et la mixité ne se conçoivent pas en terme d’adaptation des
handicaps au standard valide par compensation de
manques présupposés. Elles passent plutôt par la
construction d’espaces communs où des fonctionnements différents peuvent co-exister, se rencontrer et s’enrichir mutuellement.
HISTOIRE DU PROJET
«Ce film est né de ma rencontre avec le texte de Zig
Blanquer. C’est sur le web que je suis tombée sur
ces deux cents lignes intitulées
«Vos désirs sont des échos ou des egos ?» et simplement signées «Zig». La rencontre avec son auteur
a achevé de bouleverser du tout au tout les représentations que je pouvais avoir du handicap. Zig,
qui a aujourd’hui 33 ans, est atteint de myopathie
et se déplace en fauteuil électrique. La découverte
de son témoignage m’a saisie intimement. Cette
liberté dans l’affirmation du plaisir et de la jouissance d’un corps «handicapé» était inédite pour
moi. Sa manière d’aller à contre-courant d’une
culture qui réduit les corps à des objets plastiques
calibrés et à des mécaniques performantes m’enthousiasme et m’impressionne très fortement. Zig
Blanquer n’est pas arrivé à cette liberté de ton et
de pensée par hasard. Depuis plus de dix ans, il
questionne les rapports au corps, à la douleur, à
la maladie, à la frustration, à la mort, la mixité
valides-handicapés, la place du geste dans les relations interpersonnelles. Son travail est autant
nourri de son vécu que de sa pratique en tant que
formateur et pair-émulateur.
Ses réflexions déconstruisent une conception apparemment évidente et verrouillée du handicap
comme manque, expérience de vie moindre ou
incomplète. Elles replacent toute la richesse et
la complexité des destinées humaines hors de la
hiérarchie entre handi et valides souvent implicite
dans les discours.
Ce film pour moi est une manière de partager avec
chaque spectateur le plaisir de cette rencontre
avec Zig et de transmettre l’ouverture d’esprit et
les prises de conscience qu’il m’a apportées.»
Gabrielle Gerll
GABRIELLE GERLL
Gabrielle Gerll se consacre depuis 2004 à la réalisation de films documentaires. Cette forme de
cinéma est pour elle le moyen d’interroger le
monde et de participer aux réflexions collectives
sur notre société.
Après une maîtrise de philosophie, elle réalise son
premier film «Hubert» dans le cadre du Master Réalisation Documentaire de l’Université de Poitiers.
Son premier long-métrage documentaire
«Merceron SCOP SA» reçoit le prix du meilleur scénario au festival Filmer le Travail.
De 2005 à 2008, elle travaille pour La Famille Digitale, qui depuis 8 ans édite et distribue des documentaires de création.
Jusqu’où
tu es
chez toi
voici Dans les pages qui suivent
une sélection des textes
et images reçus pour ce journal
du festival avatarium, en rapport
au thème.
Merci aux différent-e-s
contributeurs-trices !
Nicolas Filloque
ma patrie est le pays
où je ne suis pas encore allé
ma patrie est le pays où je ne suis pas encore allé !
quant à mon chez moi ?
et pourquoi éluder la question… s’en sortir par une
pirouette ?
je suis là. sans doute après de nombreuses péripéties. des aventures aussi. j’ai eu des tas de chez-moi
avant celui-ci. des confortables… et d’autres beaucoup
moins…
un chez-moi ? la belle affaire… ma maison dans cette
patrie n’est peut-être même pas construite. en existet-il les fondations ? une tranchée dans un terrain de
terre rouge ?
de simples bouts de bois plantés comme les peupliers…
qui le sait ?
le géomètre ? l’architecte ?
ou les maçons ? les charpentiers ? les carreleurs ?…
une troupe de crève-la-faim s’épuise à entasser des
briques et des pierres.
eux, ils construisent le chez-soi d’un autre.
un propriétaire.
un locataire.
quelqu’un qui a payé ou qui paiera tous les mois.
et celui-ci les connaît-il ? qu’importe, parce qu’il les
ignore. pourtant, il les voit. il voit bien qu’ils sont
chinois. mexicains… qu’ils viennent de loin…
ils sont venus d’un autre continent. ils ont traversé
des déserts. des rivières comme des fleuves. des mers
comme des océans. ils ont marché. pris des trains. des
bateaux…
ils sont noirs. ils sont jaunes. ils sont ce qu’ils sont,
mais tous portent les marques de l’errance. la poussière sur les vêtements et la peau brûlée de soleil.
ils ont laissé leur chez-eux.
sans doute pour toujours.
peut-être le tenaient-ils de leurs parents ? ou l’avaientils bâti de leurs propres mains.
peut-être est-ce un chez-soi en ruines ?
est-ce la faute d’une bombe lâchée par un avion
construit dans l’usine devant laquelle ils passent tous
les matins pour venir travailler à cette maison.
peut-être que le propriétaire ou le locataire gagne
son argent dans cette usine de mort ? cet argent pour
construire la maison et son chez-soi ?
peut-être a-t-il même participé à construire l’avion
qui a lâché la bombe.
et elle… où a-t-elle été fabriquée ?
ici ? là ? près de ce chez-soi ?
pourquoi n’ont-ils aucune haine ? ils sont si calmes.
ont-ils froid ?…
pourquoi aujourd’hui ceux qui les aident n’ont-ils rien
fait avant qu’il ne soit trop tard ? jamais ils n’osent
poser la question.
eux ne se la poseront jamais.
ils aident, voilà tout.
ils aident ceux (noirs, jaunes… rouges, tous poussiéreux)
qu’ils disent venus d’ailleurs. parce qu’eux, finalement,
se croient chez eux. ils ont la double appartenance.
la double nationalité…
sont-ils plus coupables que victimes ? ou victimes plus
que coupables ?
ils ouvrent leurs bras pour les meilleurs d’entre eux.
ils accueillent. ils hébergent dans leur maison. toujours
chez eux !
ils ne partagent pas ! ils aident… que faire d’autre par
les temps immobiles de la réaction. ils aident faute de
mieux.
et ceux venus d’ailleurs viennent-ils d’une autre planète ? non, impossible de le croire ! ils résidaient dans
la patrie du capital. et aujourd’hui ils vivent encore
dans la patrie du capital.
qui en douterait ?
pour les bons blancs (et les colored plus blancs que
blancs), ils viennent donc d’ailleurs ?
pourtant, n’est-ce pas eux les propriétaires et les locataires qui ont affirmé voici deux décennies telle une
déclaration de guerre : le capital est mondial et global.
peut-être même qu’ils disaient s’appeler charlie.
mais, avec le système, le mondial et le global sont à
sens unique ! du fort aux faibles toujours. eux viennent
chez vous et ils prennent tout. ils pillent. ils volent
les récoltes, le pétrole, le gaz, le minerai. et ils tuent.
ils sont partout chez-eux ! il lâchent des bombes sur
vos maisons. ils occupent. ils payent des bandes de
mercenaires et les affublent d’étiquettes. démocrates.
rebelles…
et ils ferment les écoles. ils détruisent les hôpitaux…
il faut partir… comment s’en étonner ?
fuir et encore fuir vers ces périphéries sordides.
barrios. favelas. bidonvilles.
ils n’étaient pas grand-chose. ils seront moins que rien.
on les aide à trouver du boulot. ils formeront les cohortes du corvéable à merci. le patronat allemand des
grandes usines automobiles loue des bus pour aller les
libérer de derrière les barbelés. on leur sert une soupe
et on leur imprime une carte de travail. un numéro. il
n’est plus tatoué sur le bras. mais dans la puce.
arbeit macht frei !
ils veulent travailler parce qu’ils n’avaient plus de travail.
ils veulent manger parce qu’ils avaient faim… depuis
longtemps ? depuis qu’on leur a vendu du coton transgénique ? des céréales monsanto ? du lait nestlé ? des
babioles et de la verroterie… depuis qu’on a mis ce
corrompu au pouvoir parce qu’il aurait été plus démocrate que le précédent mais aussi plus conciliant avec
le pillage.
nous qui combattons pour la liberté, il faudra bien
qu’on se pose aussi quelques questions sur le sens de
cette liberté. non ? fallait-il faire la guerre à la syrie ?
fallait-il l’accepter ? fallait-il faire la guerre à la libye ?
fallait-il accepter de voir nos pires ennemis affublés du
terme honorifique de rebelles ?
pourquoi n’a-t-on rien dit ? rien fait ? ou pas grandchose. y en a même qui voteront encore pour un de ces
partis ayant voté à l’unanimité l’état d’exception.
à force de vouloir éviter le pire, nous l’avons facilité.
il est là. devant nous. notre chez-nous s’appelle état
policier.
eux ils bossent à lever les murs d’une maison que tu
occuperas.
toi. oui, toi.
tu n’as jamais éprouvé la souffrance de l’ouvrier dans
les murs et les toits qui t’abritent.
tu as répété à tue-tête que les vieilles choses, les vieilles
idées n’existaient plus. plus d’utopie. plus de théorie.
plus de classes. cela évitait de te poser d’autres questions. celles de l’engagement, entre autres. te mettre
au niveau du combat tel qu’il est et non tel qu’on rêve
qu’il soit.
collaborateurs ou victimes ?
quoi qu’il en soit, tu te crois innocent. né de la dernière
pluie. sans responsabilité.
tu ne croyais plus à ces grands courants modelant le
monde. des tendances historiques. ses mécanismes…
fallait être naze pour rester attaché à des textes écrits
au 19e siècle… quels cons ! penses-tu à haute voix.
pourtant, dans certains de ces textes, il est expliqué
pourquoi et comment les gens étaient, ont et seront
arrachés à leur maison. qu’ils n’auront plus de chez
soi par la faute des guerres et de la famine. plus de
terre. et que des forces irrépressibles forceront cette
surpopulation à se mettre en chemin. oui, c’est écrit. ce
n’est pas la volonté de quelques individus ou l’avidité et
la méchanceté des réseaux de passeurs. non !
ils n’ont pas l’idée de consommer comme ça un bon
matin.
ils ne sont pas gagnés par l’appétit d’avoir un salaire,
une maison et une voiture par hasard.
je vais vous faire rire en l’écrivant : rapports de production… oui, je suis encore un de ces vieux croutons…
un vrai gauchiste.
et les armes de l’état policier ne sont pas tournées
vers vous (pas pour l’instant) mais vers eux et leurs
congénères dans les banlieues de nos cités. parce que
ces rapports de production les formeront en armée de
libération par l’exploitation et la paupérisation.
la guerre civile s’étend. elle est mondiale et globale,
comme le capital qui dans ses mouvements la crée et
l’aiguise.
les parachutistes et les légionnaires sont dans nos rues.
et éviterons-nous la question de savoir où sont nos
propres combattants ?
il n’y a ni d’ici ni d’ailleurs. et encore moins de frontières. seul existe un affrontement… et une ligne de feu.
notre camp face à celui de nos ennemis. et nous serons
amenés à crever ou à libérer le territoire… mondialement et globalement.
socialisme ou barbarie… voilà la vraie question. la réponse est contenue dans l’énoncé du problème.
jm rouillan
Wim ter Weele (De Kift)
C’EST UNE MAISON
BLEU-BLANC-ROUGE…
Je ne me souviens plus bien quand on s’est séparés, avec la république. Ça s’est plutôt fait au
fur et à mesure. J’ai eu l’impression de devoir la
quitter, au bout d’un moment, sans avoir d’autre
choix. Comme ça arrive dans certaines histoires
de cœur, avec rupture interminable. Je me souviens juste que ça a fissuré tôt. Je n’avais pas dix
ans quand ce monde et moi, avons commencé à ne
plus nous comprendre.
J’ai construit l’essentiel de ce qui fait ma vie à
l’intérieur de Ses frontières, et pourtant la république française fait peu partie de moi. Bien sûr,
il reste toujours des traces, mais bon… Elle ne
m’a jamais donné l’impression qu’on avait quelque
chose à faire ensemble ; je lui ai donc rendu la
pareille. Elle est pour moi un fourre-tout de codes
hypocrites et de logiques où je me retrouve moins
que peu. Et que je tente de combattre tant bien
que mal. Chez elle, c’est pas chez moi. C’est une
question de valeurs et on n’a pas les mêmes.
Je suis né en France d’arrière-grands-parents
français mais elle a décidé que je n’habiterais pas
vraiment ce pays, qu’elle ne s’intéresserait pas à
ce que j’ai en tête ou en poche (paraît que ça
fait pas grand-chose dans les deux cas, hé). Ne
s’intéresserait pas non plus à ce que j’ai à offrir,
car ce n’est pas à vendre. J’ai donc décidé de me
désintéresser de ce qu’elle voulait de moi.
C’est comme ça ; et on s’y fait bien.
Depuis, je continue à zigzaguer pour chercher des
sentiers cachés par le capital et la morale : colères en bande sur les pavés, fêtes et musiques
sans commerce, luttes seul ou à plus, (dé)(con)
structions, alternatives, créativités collectives
et non-rentables… J’habite la contre-culture, la
contestation, l’amitié, les rues, les solidarités, les
brèches et les bulles d’air. C’est sans doute comme
ça que, malgré tout, je continue à me sentir un
peu chez moi dans ce bled, où tout le monde n’est
pas si pourri, faut bien le dire. C’est sans doute
comme ça que j’ai pu bien vivre mon inadaptation
avec (merci à vous) celleux qui la partagent. Ce
doux mélange de «fais-toi toi-même» et de «j’y
suis, j’y peste».
Et c’est là qu’est arrivée cette longue année 2015,
où le fossé s’est agrandi. Encore.
Je ne pensais plus me sentir triste de notre divorce. C’est pourtant ce qui s’est passé, dans ce
qui a fait suite aux attaques de Charlie et l’hyper
casher en janvier. Puis des terrasses et du Bataclan
en novembre. Les racines profondes du racisme
d’état se sont étalées sans honte dans chaque mot
prononcé par les tenantEs du podium, et leurs fidèles en chœur. C’était à la fois assumé, rampant,
flagrant et latent. C’était partout. Un film d’horreur en 3D. Les zombies de la pensée ont envahi le
monde et déversé leur xénophobie jusque dans les
mots «pas d’amalgame» ; ou encore, ont changé le
mot «laïcité» (censé définir la garantie de liberté
de culte) en son exact opposé. Les transformations des mots et des fondements de cette république étaient déjà opérées depuis longtemps ; il
me semble juste qu’elles ont fait leur coming-out
télévisé, devant des millions d’yeux, maintenus ouverts au forceps du choc. Des yeux même souvent
consentants, qui ont guidé leurs jambes à la manif
du 11 janvier… Applaudir les flics, le drapeau, en
chantant ce bête hymne.
Je peine à effleurer ce qu’ont pu ressentir ceux et
celles qui trimbalent sur leur visage et leur nom un
héritage trop méditerranéen. La manière agressive
dont illes ont pu se sentir assignéEs ou renvoyéEs
à un cliché, une religion (qu’illes la pratiquent ou
non), une injonction à l’intégration, souvent vide
de sens. Jusqu’où t’es chez toi quand le pays qui t’a
vu naître te traite en étrangerE à intégrer ? Pour
être inclusE dans ce «chez nous», il faut en exclure
d’autres de ce que tu crois «chez toi». Ça fait partie de l’uniforme de la nation et des frontières, qui
crée une identité de masse et l’oppose à d’autres.
L’idée de la démocratie telle qu’elle découle des
Lumières a créé le passeport de cette France et de
ce grand occident. Refuser des pièces du puzzle de
cette identité provoque le bannissement de leur
monde. Quel que soit le motif de ce refus.
En janvier puis en novembre, l’immédiateté médiatique, la déferlante consensuelle et débile m’ont
empli d’un profond sentiment de solitude face
au bruitisme ambiant. Mes pensées et ressentis
n’étaient pas simplement sous-représentés cette
fois ; c’est plutôt qu’il n’existait même rien d’approchant dont je puisse me saisir. Pas une bribe de
voix publique à mâchouiller. Pas une position alliée
comme soutien moral. Les médias m’ont roué de
coups sous leur matraquage. Ce n’est qu’après le
chahut exhibitionniste des larmes que les opposantEs au «je suis Marianne» ont pu prendre un peu
la parole. Enfin. L’attente m’a semblé interminable.
Mais à peine debout, et encore un peu étourdi
par les uppercuts de la gauloiserie, il fallait déjà
faire face à de nouvelles déferlantes en pleine
mâchoire : crochets des lois Macron et anti-terroristes ou direct du gauche de l’état d’urgence.
Chercher la riposte face à toute une nation avide
de vengeance et qui refuse d’admettre ses responsabilités politiques et sociales.
J’avais déjà bien envisagé tout ce que l’extrémisme
religieux a de dégueulasse. Et la puissance de manipulation qu’offre le tapis rouge de la foi, à qui
contrôle une religion. J’ai, cette fois, découvert la
puissance et la radicalisation des cultes dominants
que sont devenus le charlisme et le bataclanisme.
Ces menaces pour nos libertés qui cherchent à se
réapproprier des valeurs qu’il ne faut pas laisser
à l’extrême-droite. La marseillaise, le drapeau. Ce
que je voudrais voir disparaître.
Je haïssais déjà les fondements de cette société.
2015 m’a appris que ma répulsion pouvait grandir
encore, a regonflé les batteries de ma colère. Celle,
saine, qui permet de tenir debout et de tenir tête.
J’ai compris que je me sentais «chez moi» jusqu’aux
limites de mon supportable, de mes valeurs, de ma
patience. Jusqu’aux limites de la connerie identitaire et de la haine habituelle. La tristesse hostile
des deuils de la capitale m’est apparue comme une
peine que je qualifie de capitale. Leur république
est morte à nouveau. L’état a plongé dans l’urgence de longue durée. Lui qui n’attendait que ce
genre d’occasion pour accoucher ouvertement de
l’extrémisme et du despotisme qu’il porte en son
ventre.
Et moi, je sais encore mieux ce que je n’habite pas
ici, finalement. Et ce qui ne m’habite pas.
Loïc Avorton
illustration de Lizon
Chez moi
Cerbère de nuit
Home sweet home,
Much more than a place.
Cerbère je suis, ce chien docile, fatigué des mille visages, ne possédant
qu’un anus pour trois bouches nourries, chacune aurait suffi pour garder
les trésors des enfers, voici que chacune a faim pour une seule évacuation,
dormir cent jours ne suffirait pas, je suis continuellement dans la digestion,
gardien des morts et de mes excréments et voyez ma colère. Je me serais
contenté d’une toison, d’un entrepôt, j’aurais aimé être dans la cour d’une
ferme, j’aurais aimé un boulot de chien. J’aurais aimé ne pas aimer les
facteurs et les uniformes, les vagabonds et les deux-roues. Etre un con de
chien sous un temps de chien. Une chaîne, trois colliers. Avoir trois noms
j’aurais aimé. Même ridicules, et qu’on m’appelle. Qu’on nous appelle.
En tant qu’enfant adoptée, I always had a trans-idea of you.
Avec le temps, je réalise à quel point, toujours définir les choses
en comparaison avec les autres, c’est me mentir à moi-même.
J’ai besoin des autres mais pas comme ça.
You’re a constant mutation of myself.
I incorporate behaviors, patterns, practices, gestures, feelings, spaces,
memories and it becomes part of my own.
Home is about EMBODYING and INCARNATION.
Ma maison n’est pas en pierre.
Ma maison est un endroit doux, confortable, cruel et conflictuel,
rempli de mes contradictions.
Tu changes avec moi.
En accord avec ma réalité, mes contextes, et mes besoins.
Me voici qui ne suis plus chez moi. Expulsion préventive. Guerre d’Eden.
J’étais l’éternité et j’étais le monde et j’étais la maison et j’étais la porte
de cette maison et sa serrure et la clef. J’étais le mouvement de cette clef.
I’m so many things at the same time.
Pourquoi ai-je toujours besoin de te quitter pour te sentir ?
All together alone with ourselves.
Je suis SEULE capable de faire les choses pour moi-même.
Updating my self with myself and the others, Je crée et recrée sans cesse
ce chez moi.
Mon corps est ma maison.
Home is about sharing common experiences.
Il n’est pas question d’appartenance.
I don’t belong to you and you don’t belong to me neither.
Jusqu’où je suis chez moi ?
Mon chez moi ce sont mes choix.
Besoin d’égoïsme pour survivre.
Je me sens à la maison quand je sens mon corps vivant.
Mon corps est une maison mobile.
Mon quotidien : Instabilité et nomadisme.
M’adapter à volonté à l’étrangeté et l’étranger-ère comme des nouvelles
parties de moi-même.
Allowing myself to become each time someone else in order to grow up
differently.
Identity has to shift constantly, cause’ it’s something that I build related to
my own experiences through space and time.
Construire un contexte qui est le mien, et qui me permet d’être et de devenir
avec le temps.
I want my home to fit my realities.
I wanna trust my intuitions.
Feelings, people, words, songs, food, sex.
My permanent state of trying out to be is suspended by an unconditional
love for life.
Home is about love.
What, Who and How I accidentally love.
Homesick is missing you.
Homeless is without u.
Home is when it hurts.
Home is everywherE...
Each time that i have to say goodbye,
it’s like a little death.
Emilie Sri Combet
Dessin : Ameat Mendel aka MishMish aka ACK
Voyez ma colère, stupide nuit, elle est en alcool. Elle joue. Et j’ai gueules
de musiques. Mes gueules ouvertes et voici la chose, rien à dire, mes kilos
sur le sol, trois langues sentant l’anisette et le porto et le rhum. Gardien
de boîte de nuit, ce qu’on m’a trouvé de plus simple après avoir vu mon
curriculum. Car les limbes, par décret, n’existent plus, le paradis est d’un
ennui à crever à nouveau et les enfers sont peuplés de personnages qui se
surveillent entre eux, d’autant qu’ils ne pensent pas à s’évader, bloqués par
leur pouvoir de méfiance. Je n’ai plus les gueules de l’emploi et pointe au
monde des vivants.
Mon premier jour. Je laisse entrer tous les piétons, je ne laisse sortir
personne. Mais non, me dit-on, c’est presque l’inverse, il faut jauger, juger,
il faut décider en un coup d’œil. Reconnaître le bon vivant. Trois paires
d’yeux, ça devrait suffire pour éviter les ennuis. Mais par la force de mon
identité, non, ils ne pourront pas sortir, je suis le videur qui remplit.
PIerre rochigneux
Dessin de Cécile couettes
Jusqu’où tu es chez toi… Ou comment certain-e-s
se croient plus légitimes que d’autres !
N’êtes-vous
donc pas jolie ?
Dévoilez-vous !
(1958, Campagne de propagande en AlgÉrie)
«On ne peut pas mettre sur le même pied le voile et la kippa. La kippa, c’est
un symbole fort de religion, alors que le voile, c’est un outil politique de
conquête des esprits.». (François Baroin)
«Oh Raymond ! Elle est habillée comme nous !!! Oh Raymond, elle parle comme
nous !!» ma première voisine quand je suis arrivée en France.»
«J’ai mis le foulard pour cacher mes cheveux blancs !»
Rappelons aussi que :
2003 - Réforme des retraites (loi Fillon). Fort mouvement de contestation «Débat» sur le voile à l’école (loi interdiction en 2004)
2010 - Nouvelle réforme des retraites - «Débat» sur la burqa dans l’espace
public - (loi pour l’interdiction, votée en octobre 2010).
2013 - Nouvelle modification du régime de retraite - Lancement de la polémique sur une éventuelle interdiction du voile à l’université.
2016 - Fortes mobilisations contre la loi «travaille». Polémique sur la «mode
islamique» et relance du «débat» sur le voile à l’université par Manuel Valls.
Réponses des personnes concernées mêlant une compilation de phrases
tirées du film et d’une discussion d’un groupe de femmes, suite à la diffusion
du documentaire de Jérôme Host, Un racisme à peine voilé (2004).
«L’émancipation, c’est que chacune dispose de son corps.».
En parlant des profs : «Ils étaient les nouveaux croisés, nous étions les
nouveaux sarrasins.».
«On entretient le sentiment de peur des musulmans avec le voile.».
«Être intégré, c’est être un bon esclave, avoir son certificat du bon indigène.».
«La France veut nous dévoiler pour voiler ses problèmes.».
«On ne donne pas la parole aux femmes qui portent le foulard et sont
concernées par ça .».
«Quand les médias ont commencé à s’en mêler, ça a divisé les familles, créé
des conflits dans les quartiers.».
«On ne nous donnait pas la parole. On entendait parler un écrivain iranien,
ça n’a rien à voir. Moi je suis française !».
«J’ai ressenti de l’humiliation. Je me suis sentie étrangère.». (une élève
renvoyée d’un lycée)
«Je fais ce que je veux avec mes cheveux.» (slogan sur une banderole dans
une manifestation)
«Quand on me demande d’enlever le foulard, on me soumet à qui ? À Chirac ?!».
«Le foulard, c’était la réconciliation des jeunes avec leur histoire, leur
culture, leur religion.»
«Après le gros débat à la télé, il y a des hommes qui ont commencé à obliger
les femmes à le porter. Ça a été tellement médiatisé que ça a changé les
attitudes.»
«On fait tout le temps le grand écart : on l’enlève, on le remet, on l’enlève,
on le remet !»
«Le foulard n’a rien de politique. C’est la foi, l’intime.»
«Je crains pour ma fille. Si elle décide de porter le foulard, ce sera un
obstacle pour l’école, ses choix, sa vie !».
«Notre religion, c’est une religion de paix. L’islam n’a jamais dit de tuer.
L’islam est contre.»
«Et là, quand on rentre dans le bus ou le tram, il y a des femmes qui nous
regardent de travers.»
«Chaque fois, c’est les immigrés, les immigrés. C’est comme ça depuis longtemps. Maintenant c’est le foulard qui pose problème.»
«On va toutes les semaines dans une association avec plusieurs copines, et
là, une femme nous a dit «faut pas parler arabe» !»
À travers cette affiche éditée par l’armée française en pleine guerre d’Algérie, l’administration coloniale entreprend de diffuser massivement l’idée
que son rôle civilisationnel est de libérer la femme indigène du joug d’une
société archaïque. En cela, la République espère faciliter l’intrusion dans la
sphère culturelle du colonisé afin de fragiliser le noyau familial en mettant
sur le banc de touche les frères, les pères et les maris.(...)
À travers ce slogan «N’êtes-vous pas jolie ? Dévoilez-vous !», l’image propose une libération vestimentaire. Et le vêtement devient alors un sujet
politique.(...)
Source affiche et commentaire :
Extrait de l’article T’es le héros du film, qui est à la production ? par Rocé
sur le site Quartier XXI
http://quartiersxxi.org/t-es-le-heros-du-film-qui-est-a-la-production
Jusqu’où tu es dehors
La nuit je ne dors pas.
Je suis, comme on dit, en alerte.
En alerte des emmerdements, des violences.
Celles que je pourrais subir.
Celles que je pourrais infliger en représailles.
Le jour, l’œil du monde veille sur moi.
Je suis étendu sur le sol.
Ou sur les derniers bancs épargnés par les “dispositifs anti-SDF”.
Vous savez, ceux où ne peut pas s’allonger.
La liberté de la rue m’enferme peu à peu dans “l’anormalité”.
L’anormalité, ce terme des bien portants.
Ceux qui sont indifférents.
Ceux qui donnent une petite pièce, qui aide et qui réconforte.
Ceux qui, d’un regard, ont un avis sur ma vie, mon parcours, me jugent.
Après tant d’années, parfois cela ne m’atteint plus.
Parfois, c’est insupportable.
Comme tout le monde, je me protège, mais des fois cela ne suffit pas.
Qui suis-je ? Le sait-on un jour.
Les deux textes qui vous sont
proposés sont des expressions libres
de travailleurs sociaux dans un
centre d’hébergement pour personnes
sans abris. Jusqu’où tu es chez toi ?
Eux, justement, n’en ont pas.
Nous, travailleurs sociaux,
rencontrons à travers notre
profession la richesse d’êtres
humains en décalage avec les
normes socialement admises.
Ces normes qui définissent notre
contrat social, notre regard, notre
rapport à l’autre et qui excluent.
Nous sommes au chevet de la
précarité, de l’humanité extrême
de ces personnes. Nous sommes
au quotidien les témoins de cette
différence qui exclut tant, de cette
norme qui laisse les personnes de
la rue dans l’isolement.
Ces textes témoignent d’une
expérience professionnelle au
contact de ces personnes, une
expérience de vie dont on sort
grandi. Ce travail est aussi un don
de soi au secours de l’autre pour
parvenir au mieux à atténuer
le mal de vivre qui ronge ces
personnes au quotidien.
Nous remercions Avatarium d’exister
et de nous laisser partager notre
témoignage, fait d’expériences et de
rencontres humaines.
Je suis avant tout, et c’est là l’essentiel,
votre semblable, votre frère d’humanité.
Je suis vivant et le héros d’un film qu’on pourrait appeler “survie”.
Je suis bulgare, je suis français, je suis homo, je suis un père, je suis une mère, je suis punk, je suis
un isolé, je me suis isolé, on m’a isolé.
Fuir la guerre, fuir ma famille,
demander asile, gagner ma vie,
trouver des soins en France que mon pays ne peut m’offrir,
fuir une vie qui est invivable, insupportable.
C’est le chemin sur lequel je suis en ce moment.
Je souffre mais je peux être heureux.
On ne choisit pas sa vie, on la subit parfois.
Gardez-vous de penser que cela n’arrive qu’aux autres.
Cela peut être vous, votre frère, votre mère, votre ami d’enfance.
Quand on glisse dans l’errance et dans l’isolement, il est difficile de s’en dégager.
Ce sont des compagnons fidèles, qui collent à la peau.
La rue, c’est lorsqu’on ne questionne plus cette errance et cet isolement.
Ils sont devenus une norme, la norme, ma norme, destructrice, qui emprisonne.
Du répit, parfois, je trouve dans la folie.
Lorsque la vie est invivable, le corps trouve des moyens pour évacuer l’horreur qui vit au fond de
moi.
Cette folie, c’est en quelque sorte ma soupape.
Sinon j’implose de l’intérieur.
Elle protège, m’emporte ailleurs.
Où ma conscience et ma raison n’ont plus les moyens de m’enfoncer vers les profondeurs de mon
horreur.
Les accidents de la vie, la rencontre avec les produits.
Qui vous plongent dans le tourbillon des addictions.
L’alcool, les cachets, le shit, le sub, l’héro entre autres.
Intenses mais font rarement dans le bon sentiment.
Paradoxalement, ils m’aident à survivre.
Et d’ailleurs on ne sait que peu sur la question : qui est arrivé en premier ?
Les problèmes ou les produits ?
Ce que l’on sait c’est que la rue abîme, détruit.
Elle nous déconnecte d’un monde qui va trop vite.
Nous débranche du présent et nous laisse sur le bord du chemin.
Je m’installe sur le bitume et vous regarde vivre, aller et venir.
Je suis enfermé dehors.
Il y a deux sortes de gens, ceux qui jouent et meurent tranquillement.
Et il y a ceux qui ne font rien d’autre que se tenir sur l’arête de la vie, des funambules en quelque sorte.
HH, monitrice-éducatrice
Mes voisins
d’en face,
des hommes
et des chiens
Nous sommes tous nés dans la terre et sur terre, nous avons appris depuis
la nuit des temps à vivre et à habiter la maison de notre corps en tant
qu’organe sensori-moteur. En même temps nous avons appris à habiter le
corps de notre maison pour nous protéger des éléments et ce, depuis la
caverne jusqu’au béton.
Mais il est des vies et des univers où les frontières se brisent, lesquelles
donnent parfois froid dans le dos, au sens propre du terme. Surtout quand
ces lieux deviennent répétition et chronicité permanentes à cause de cette
fatigue d’être soi sous l’épaisseur de la glace : c’est être contraint de vivre
dans la rue. C’est être assigné par la vie en un seul lieu de vie : la rue. Réussir à faire d’elle un espace, un refuge contre un environnement extérieur
considéré comme hostile. Comment est-ce possible ? Par ce phénomène par
lequel notre corps se greffe sur le béton, sous le pont, sur le trottoir, dans
un site désaffecté, ou dans une cage d’escalier ; plus tragique encore, avec
le temps, l’environnement nous absorbe et on fait partie du décor, visible
mais inaperçu.
La rue nous brise l’envie d’être quelqu’un.
Des pas des passants aux ronflements des véhicules mais aussi le bruit du
silence de l’indifférence du monde, c’est le temps qui passe dans la rue. Des
gens qui passent et repassent mais au regard parfois fuyant. Comme si ce
corps imprimé, marqué par les longues nuits de marche et de lutte pour la
vie, renvoyait tout un chacun à sa condition de finitude.
Contrairement aux apparences et malgré tout, ce corps continue de dire
toujours oui à la vie, malgré l’épuisement.
Le jugement des Hommes et la normopathie du monde nous influencent plus
qu’on ne l’imagine. Parfois, de la façon la plus insidieuse qui soit. C’est un
choix de vivre dans la rue, qu’il suffit de vouloir pour pouvoir ; il faut
arrêter de boire pour aller mieux.
Mais tout cela n’a rien à voir, ni avec la volonté et ni avec le choix.
Par ailleurs, la bonne conscience dénonce le dysfonctionnement d’un système
qui jette une partie du monde à la rue. Suffirait-il d’investir des locaux vides
pour que tout redevienne dans l’ordre ? Cela n’est pas seulement l’expression de défaillance au sein d’un système, c’est le système qui est ainsi conçu.
Le système d’une société intégrationniste, assimilationniste et uniformisée.
C’est plutôt la question de la différence qu’il serait intéressant d’intégrer.
Les lieux dits d’insertion sont des univers où l’on vous accueille, mais
où on peut se retrouver dehors à cause des écarts de la différence, des
«contraintes normalisantes» qui par conséquent, manquent de considérations
éthiques. Ce sont enfin des univers qui peuvent parfois être ressentis comme
plus violents que la vie elle-même, que la vie dans la rue.
Alors c’est un système qui fonctionne plutôt à plein régime et répond, plus
que convenablement aux désirs et à la morale bienfaisante de la société.
Autrement dit, nous nous affirmons désireux d’œuvrer pour l’insertion des
personnes mais en même temps nous avons des logiques d’exclusion qui
s’enracinent dans notre difficulté d’accepter l’Autre avec son intériorité et
avec sa différence. Car la vie elle-même est détournée de ses facultés et il
n’y a de vie que là où il y a de l’autonomie et de la performance.
C’est cela une vie digne !
Etre contraint de vivre dans la rue, et s’approprier le dehors comme un
espace de vie contraignant à tous les niveaux, dehors, mais en parvenant,
tant bien que mal, à vivre dedans. C’est une reconfiguration de l’espace
public en espace privé, lequel s’atrophie et devient «espace intime», un chez
soi malgré le ciel ouvert.
C’est que le dedans et le dehors n’imposent aucune réalité spatiale. C’est
relatif. Mais, un jour, la magie s’opère dans l’existence et on décide d’aller
dedans plutôt que rester dehors.
Alors que nous est-il permis d’espérer et de faire ?
Il faut des lieux de refuge et d’accueil inconditionnel, un lieu de retranchement pour la figure de l’errance, un lieu qui ouvrirait vers des issues possibles, de petites voies étroites qui atténueraient pour un peu les angoisses
existentielles et les tensions interminables du jour.
Il faut des lieux qui redonnent un peu de souffle de vie. Des lieux de capitulation et d’armistice avec les nuits obscures de l’errance. C’est une
ouverture vers des voies bienveillantes pour une tentative de «réanimation
sociale» au secours des plus vulnérables. C’est savoir enfin s’inscrire dans
une dynamique éthique et humaine plutôt que dans une visée moralisante et
une philanthropie dévouée.
Il faut des lieux où on revient aux mouvements pour retrouver ces corps
lâchés, ces corps perdus dans les circuits normatifs. Suspendre le temps.
Le temps de l’immédiateté et de l’intervention d’urgence s’adressant à ceux
qui sont en arrêt, ceux qui ont décroché du temps et sont parfois au bord
du monde. Autrement dit, dépasser la tyrannie de l’urgence et briser la
verticalité du temps au milieu de la stupeur et de l’effroi.
Shongoni
De l’encre partout !
Atelier d’écriture, gratuit et nomade
Matin chagrin sur le chemin du turbin
Lit châle-heureux, carrelage carrément froid Toilette de chatte, café rebelle
et zapatiste Dehors, macadam moussu Écriteau «pelouse interdite», au milieu
de la… pelouse ! Qui était là en premier, le panneau ou l’herbe ? Comme
chaque matin, je réveille un matou Au fil de années, il s’enfuit de moins
en moins vite Apprivoisement, vieillesse, lassitude ? Traversée du parc à
pas feutrés La végétation somnole encore Je marche doucement dans cette
nature organisée Aux arbres trop élagués Le saule, dès potron-minet, me
regarde passer D’un œil entrouvert sous sa longue frange, de l’autre, il
pleure car il sait où je vais Les boulots, eux, plus matutinaux sont déjà vêtus
de blanc, comme moi tout bientôt.
À ses yeux, chez lui, il n’y a pas de couleur Mais pour ses amis c’est tout vert.
La maison rêvée se trouve à l’Horizon, le vrai, celui qui ne recule pas quand on
avance. Innocence de l’enfance Grand âge redouté Maturité tant aimée.
Marianne trame un sale taf. Se grave dans le marbre et dans le cadastre.
Dégage les caravanes et saque les voix du Sahara. Bon débarras, casse-toi
de là, mon capital n’est pas à toi. Repasse la douane et reviens pas ; y’a un
charter qu’attend que toi. T’as pas d’chez toi ? Quoi, y’a plus de toit ? C’est
quoi ça, Bachar Al Assad ? Ça m’regarde pas, moi je suis né là, et puis, c’est
l’heure de Thalassa.
Abécédaire de jusqu’où j’suis chez moi
Aménagement évolutif.
Bazar contenu, toujours à l’affût.
Chats : fratrie binôme, adorables et adorés.
Déco & Co post déménagement hard y’ a un an et des patates.
Emmagasiner des trucs : «au cas où, hein..!».
Fenêtre sur cour, light inside.
Grogne lors des levers matinaux contraints.
Hospitalité ok, mais à moments choisis.
Intérieur + refuge = cocoonland
Journées en modus «Hibernatus Conscientus».
Kaléidoscope hétéroclite d’éléments savamment agencés.
Lambinage : plaisir (non) coupable.
Méditation des matins calmes.
Notre nid à présent que toi tu y niches aussi…
Ouvrir les yeux : au début ça picote, puis on s’y fait.
Palettes : multiples, recyclées en lit, canap’, meuble à chaussures, étagères…
Quartier du centre entouré de sens interdits.
Relax ? Heu ouais, quand j’aurai bouclé ça et puis ça et ça et…
Susurrer des prières sous le ciel paré de lune.
Temps, pourquoi es-tu fâché avec moi ?
Univers extérieur, étranger et bourgeois, vu par une précaire infiltrée.
Vétuste ? Non ancien, c’est plus chic.
Warrior city queen !
Xérès vinaigré dans la salade.
Yallah, allez hop, t’es en retard pour changer !
Zaatar offert et dégusté à l’apéro avec huile d’olive et galette.
SanSan Meli-Scriptum
J’aimerais bien avoir un chez moi dans le centre ville stéphanois.
Pourquoi pas en caravane bariolée, ce serait amusant n’est-ce pas?
Toujours en vadrouille sur le macadam, posé dans un hangar indus, ou
même à la campagne avec une salle à manger extérieure, et y inviter mes
amis rieurs à faire des bœufs musicaux interminables, attention, j’ai pas
dit minables !!
Être loin du brouhaha du tram, des voitures aux moteurs partisans.
Ça fait un bail que j’en rêve ou pas.
Mais si j’en rêve c’est un signe,
N’est-ce pas?
Sans frontières, sans papiers,
Sans identités,
La vie serait bien plus simple…
Haïkus des peaux cibles
Depuis des générations,
Dans ma famille,
Transmission entre femmes.
Que depuis un certain temps
Mes identités multiples,
Fouillées et conscientisées !
C’est une femme noire,
qui veut refuser
Ces déterminismes-ci.
Une femme afropéenne,
qui se tient debout,
Faisant fi des injonctions.
SanSan Meli-Scriptum
COHABITATION
La rue.
Figurons qu’étant à l’intérieur d’eux, eux, doués de l’intelligence artificielle
des mythologies aux traverses photo hygiéniques.
Evitant soigneusement de rencontrer et oubliant la naissance et la mort.
Nous restons là, éblouis par cette capacité à fermer l’œil publiquement sur
l’identité.
Nous sommes le jour, la nuit, nous restons, nous voulons les sentir, nous
voulons l’éveil, et plus le jour avance plus les ombres inondent et plus la
fatigue, l’épuisement et le sommeil insistent.
Le temps se faufile encore plus vite et les normes s’installent plus solidement encore.
à l’intérieur,
Être crâne, à deux, l’orage et la foudre en forêt .
Un pied devant l’autre, dedans, pas à pas, dehors, ce sont à nouveau des
déplacements réguliers, des croisements entre le sourire
et les canines.
Se déshabiller, enlever des couches, retirer le corps de son urgence pour
être en capacité de contenir, un substrat de pouvoir, celui de fermer les
yeux ou celui d’agir.
Quelle température adopter pour que les lignes s’oublient, et que le texte
se sauve vers l’autre ?
Pour combler la rigidité de son champ d’interprétation, parfois l’homme se
tend, allonge les bras en direction du ciel.
Une manière d’agrandir le regard, un langage vers une perspective autonome.
La femme, unité de mesures pour une cartographie en secteur d’habitations
à conditionnement social.
Comme dans le rêve, on parle d’actes, alors que nous en vivons les répercussions mémorielles.
L’irréversible soin qui traumatise l’être et l’évapore.
Comme dans le rêve éveillé, c’est-à-dire avec la conscience d’une technologie
du langage nous approchons le symptôme de la rencontre.
Rez de chaussée.
La possibilité de naître chaos à la condition que nous, qui nous pressons,
soumis à notre froideur, constituions en réaction une tribu chimique, symbolique.
premier étage.
En bas, un enfant pleure, longtemps, interminablement, le pas s’accélère
rattrapé par un élan de précautions, les craquements de nos intérieurs,
l’alternative à l’impuissance précise la pensée de se réchauffer, sa voix cassée insiste au loin, on ne peut rien faire, son appel résonne, alors le temps
s’arrête, la lumière blanche et le son ne font plus qu’un, une enveloppe
dure, crue .
nous sommes après, nous sommes dans un étourdissement, une fragilité,
friabilité de l’être, une confusion momentanée .
deuxième étage.
A l’ouest, le temps se faufile dans les interstices de nos cloisonnements,
lieux dits entre le plâtre, normaux. Il y a l’oubli, et autour, l’enveloppe, le
battement de la membrane silencieuse à la pression assourdissante.
Les pleurs de l’enfant cessés nous sommes immobiles.
On assiste impuissant à un résultat d’administration qui concède un état de
révélation physiologique.
Se sentir comme un ensemble organique porté sur une corde ondulatoire
et sourire .
deuxième étage.
A l’Est, grand ouvert, le trou de la fenêtre aspire le paysage, pieds nus,
cernés, jambes tendues, apparemment nous devrions assister au départ des
contours du soleil à l’instant.
Sommes nous capables de le regarder partir sans ciller, d’obstruer les
risques pour nos rétines, oui, nous sommes présents, tant pis si nous
sommes éblouis, claquement d’ailes et dialogues d’oiseaux au-dessus de
nos têtes.
troisième étage.
Au-dessus, les murs de l’immeuble s’écartent, on entend nettement la vie
derrière les murs, l’espace s’étend, nous sommes heureux d’avoir fermé
la porte pour aller dormir sans dérangement, pas de tour de clef car la
fonction de ce lieu de vie nous échappe, nous sommes nombreux à vivre
dans des maisons, nous sommes nombreux habitus identiques morcelés.
ciel.
Nous pensons aux camisoles, nous pensons à tous les gens que nous avons
suivis, ceux qui essayaient de ne pas dormir, ceux qui ne voulaient pas sentir
la fatigue, nous les dessinons, nous voulons qu’ils construisent, nous cherchons des collaborateurs pour réinventer, car nous sommes trop faibles
pour soulever le prétexte social.
Eve Poyet Caterin
17e édition
mercredi 18 mai
vendredi
& samedi
LA GUEULE NOIRE - 20h - 5€
APÉRO OFFERT PAR AVATARIA
Musée de la Mine - Perfs/installations
Dans le cadre de la soirée proposée par
Clin Deuil, Maquillage/crustacés & La multitude, avec
CULTURE AILLEURS
Création performance • Grenoble
DIRTY DENTIST (Free Dark Rock), Les Putes (Danse
Utopie Punk Indécence) Rraouhhh (noise synth punk)
CABANE
Installation-spectacle • Sainté
jeudi 19 mai
Méliès St-François - 20h30 - Prix libre
vos désirs
METALKING
Impro-jecteur • Grenoble
Lush Efon & Jean Bender
Installation • Sainté
Documentaire de Gabrielle Gerll
En présence de la réalisatrice et de Zig Blanquer
VILLAGE CHARBON
Vendredi 20 mai
Ateliers - Samedi
Concerts - Musée de la Mine - 19h - 5€
Gratuits sur inscription - Dès 14h
Anarcho Punk • UK
LA Petite récup’
SPOKEN WORD (15h)
LES ARTS DU FOREZ
LE PLACARD
Noise blues • Bruxelles
Conférence - samedi
ÉthioGroove • France-Ethiopie
L’espace public sonore
COPCAKE
Fastcore • Sainté
CRESS
DEADWOOD
UKANDANZ
Samedi 21 mai
Gratuit - 15h30
Juliette VOLCLER
Concerts - Musée de la Mine - 19h - 8€
Visites guidées du musée
DE KIFT
vendredi et samedi à 19h30
Fanfare Punk • Hollande
MIDNIGHT RAVERS
Mali-Tronica Expérience • Mali-France
LA GALE
Rap-Punk • Lausanne
JK FLESH
avataria.org - [email protected]
Billeteries : Méli Mélodie, Entre-pot Café,
Little Soba, L’Etrange RDV
Heavy Brutal Electronica • Birmingham
Musée de la Mine - Site Couriot - 3 boulevard Franchet d’Esperey - Saint-Étienne