Les universitaires étranglés par les éditeurs

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Les universitaires étranglés par les éditeurs
6/5/2016
Les universitaires étranglés par les éditeurs commerciaux ­ UdeMNouvelles
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Bibliothèques Avis à la communauté
Les universitaires étranglés par les éditeurs
commerciaux
Fermeture complète du tunnel de la rampe
Travaux majeurs devant le pavillon 3744, rue Jean­
LUNDI, 09 NOVEMBRE 2015 17:24 BCRP BIBLIOTHÈQUES
Brillant
Fermeture de la rampe mobile : service de navette
suspendu les fins de semaine
La démission en bloc, fin octobre, de l'équipe éditoriale
de la revue savante Lingua, pour protester contre
l'intransigeance de l'éditeur Elsevier, illustre la tension
grandissante entre les éditeurs commerciaux et les
universitaires.
Comment en sommes­nous arrivés là? Depuis bientôt 30
ans, le coût des périodiques augmente quatre fois plus
vite que l'inflation, et ce, même au Canada malgré le
regroupement des bibliothèques universitaires en
consortium d'achat il y a 15 ans. Quelle université aurait
pu suivre une telle cadence? Résultat : l'accès au savoir,
matière première des universitaires, diminue au fil des
annulations d'abonnements et de la baisse des achats
de livres par les bibliothèques.
Déneigement du campus : la collaboration des
usagers est demandée
EAU POTABLE ­ Levée de l'interdiction de non
consommation de l'eau
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Cinq ans de vulgarisation scientifique avec
Tôt ou tard, les universités devront accorder une véritable
reconnaissance à la publication d’articles dans des revues en
Normand Mousseau
libre accès.
Fermeture complète du tunnel de la rampe
Une cabane à sucre éphémère sur le site
Au cours de ces années, les éditeurs commerciaux ont imposé un nouveau modèle d'affaires pour leurs
périodiques : les forfaits d'abonnements. D'abord avantageux, ces forfaits ont vite forcé les universités à
s'abonner à de nombreux périodiques peu ou pas consultés. Ce constat s'applique très bien à l'Université de
Montréal, comme l'a démontré avec éloquence notre recension de ses périodiques. Ainsi, sur les quelque 50 000
périodiques auxquels sont abonnées nos bibliothèques, seuls 5893 se sont révélés essentiels pour
l'enseignement et la recherche. En théorie, notre budget devrait suffire amplement à couvrir ces abonnements
indispensables, puisqu'ils représentent à peine 12 % de la collection actuelle. Mais, comme les éditeurs vendent
leurs abonnements individuels à des prix prohibitifs, la réalité est tout autre.
Selon Vincent Larivière, professeur à l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information, les éditeurs
commerciaux peuvent imposer leurs conditions, puisqu'ils sont en situation d'oligopole. En effet, plus de la
moitié de tous les articles scientifiques publiés en 2013 l'ont été par seulement cinq éditeurs. Leurs profits sont
d'ailleurs à l'avenant. À titre d'exemple, Elsevier faisait état de profits de 1,5 milliard de dollars sur des revenus
de 3,8 milliards en 2013. À n'en pas douter, les éditeurs commerciaux servent bien leurs actionnaires.
Du point de vue des universités, par contre, la situation est pour le moins choquante, puisqu'une large part des
revenus des éditeurs provient de fonds publics. De fait, les articles résultant de la recherche – soutenue en
grande partie par des fonds publics – sont cédés gratuitement par les auteurs, à qui les éditeurs demandent de
surcroît d'évaluer bénévolement les articles de leurs pairs pour en assurer la qualité. Puis, au bout du compte,
ce sont encore des fonds publics qui paient les abonnements des bibliothèques, qui sont de plus en plus
onéreux. À l'UdeM, la palme revient au Journal of Comparative Neurology, de l'éditeur Wiley, qui nous coûte 30
860 $ US annuellement.
Outremont
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La dépression pourrait augmenter le risque de
diabète de type 2
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Enjeux de société
Que faire pour libérer la science?
Libérer la science de l'emprise des éditeurs commerciaux exigera une mobilisation de l'ensemble des acteurs
concernés. Le geste posé par le comité éditorial de Lingua s'inscrit tout à fait dans cette lignée. Tout le système
étant alimenté par la nécessité, pour les chercheurs, de connaître les résultats de recherche de leurs collègues
et de contribuer eux­mêmes à l'avancement de la science, la diffusion en libre accès des articles publiés par les
chercheurs est une première action à envisager. D'une part, la majorité des éditeurs permettent en effet à leurs
auteurs de diffuser librement sur Internet la version révisée par les pairs de leurs articles, à certaines conditions.
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D'autre part, la majorité des universités disposent d'un dépôt institutionnel – Papyrus, dans le cas de l'Université
de Montréal – qui leur fournit l'infrastructure nécessaire pour le faire. C'est d'ailleurs dans cet esprit que le
Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, les Instituts de recherche en santé du
Canada et le Conseil de recherches en sciences humaines ont adopté une politique harmonisée sur le libre
accès aux publications de recherches découlant des subventions reçues après le 1er mai 2015.
Quelques universités ont déjà instauré des politiques institutionnelles pour inciter leurs chercheurs à mettre leurs
articles dans leur dépôt institutionnel. En raison de fausses perceptions, de la méconnaissance du système et
de l'effort exigé de la part du chercheur, le succès de ces initiatives demeure relatif, à une exception près :
l'Université de Liège, qui ne tient compte que des publications diffusées en libre accès pour les évaluations de
ses professeurs. On trouve aujourd'hui dans son dépôt institutionnel plus de 75 000 publications qui ont fait
l'objet de 5,3 millions de consultations.
S'ajoutent aux dépôts institutionnels des dépôts thématiques, qui représentent la voie à suivre dans certaines
disciplines. À cet égard, arXiv.org est une figure de proue. Inauguré en 1991, ce dépôt regroupe aujourd'hui plus
d'un million de prépublications dans de nombreuses branches de la physique et des mathématiques.
Ma thèse en 150
mots
Le chiffre
498 759
C'est le nombre de
diplômés qui ont
terminé leurs
études dans un établissement
postsecondaire au
Canada en 2013.
Lire la suite...
Une réflexion élargie sur le libre accès s'est amorcée cet automne à l'Université de Montréal. Nous y participons
activement, par l'intermédiaire du Groupe de travail mixte sur le libre accès. Fruit d'une initiative du Comité
consultatif sur les bibliothèques et du Comité de la recherche, ce groupe doit en effet élaborer un plan d'action
institutionnel pour favoriser l'émergence du libre accès à l'UdeM.
La résistance des éditeurs commerciaux à l'égard du libre accès ira manifestement en s'accroissant au fil du
temps : ce qui, au départ, n'était pour eux qu'un bruit de fond menace maintenant leur lucratif marché. Tôt ou
tard, les universitaires n'auront par conséquent d'autre choix que de prendre le contrôle de la diffusion des
résultats de leurs recherches. Encourager l'émergence d'un nouveau modèle d'affaires où les revues en libre
accès sont financées à la base serait un moyen à considérer. Du point de vue technologique, tous les éléments
sont en place au Canada pour créer une infrastructure de diffusion. Érudit, produit d'un consortium de
l'Université de Montréal, de l'Université Laval et de l'UQAM, y joue d'ailleurs un rôle de premier plan. Du point de
vue logistique, par contre, la volonté des intervenants de travailler conjointement se heurte aux difficultés de
financement de ces infrastructures et des revues elles­mêmes. Reste qu'il ne s'agit pas d'une utopie : la moitié
des articles scientifiques brésiliens sont déjà en accès libre.
C'est dans cette optique de reprise en main de la diffusion des connaissances que nous avons adhéré au projet
SCOAP, une initiative du CERN (le laboratoire européen pour la physique des particules basé à Genève) pour
convertir en libre accès 10 périodiques en physique des particules; que l'an dernier nous avons proposé aux
Presses de l'Université de Montréal de mettre sur pied un projet pilote de publication de monographies
scientifiques en libre accès; et que nous sommes partenaires du projet Knowledge Unlatched, une initiative qui
vise à diffuser les livres en libre accès.
Si elles souhaitent obtenir de meilleures conditions de la part des multinationales de l'édition, les universités
canadiennes devront être prêtes à faire front commun : prendre position, mobiliser les professeurs, étudiants,
organismes subventionnaires et gouvernements, voire envisager des mesures pouvant aller jusqu'à un
boycottage tel celui que les universités néerlandaises ont dirigé contre Elsevier en juillet dernier. D'ailleurs, à
notre suggestion, le consortium d'achat des bibliothèques universitaires canadiennes est déjà à pied d'œuvre
pour orchestrer une campagne de communication à cet égard.
Plus globalement, les universités devront oser remettre en question la prédominance du facteur d'impact comme
mesure d'évaluation de la qualité de la recherche et reconnaître la publication dans des revues en libre accès
lorsqu'elles auront à prendre des décisions en matière de promotion des professeurs et des chercheurs.
Comme la portée de ces actions ne se fera sentir qu'à long terme, les éditeurs commerciaux demeurent, pour le
moment, incontournables. L'évolution de l'édition savante dépend d'un effort collectif du milieu universitaire, d'où
le défi. Mais, comme le dit l'adage, tout voyage commence par un premier pas, peu importe la distance à
parcourir.
Richard Dumont, directeur général des bibliothèques
Pour en savoir plus...
Sur l'affaire Lingua
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Sur l'oligopole
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Sur la valeur réelle des grands ensembles de périodiques
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