LA COTE D`ALBATRE Ascension 2015 Après la traversée du Bassin

LA COTE D'ALBATRE
Ascension 2015
Après la traversée du Bassin Parisien et ses terrains tertiaires, nous
attaquons l'auréole du Crétacé supérieur un peu avant Rouen et direction Ault
dans la Somme où le rendez-vous est fixé à 13 h.
Arrivés sur place, nous descendons la Grande Rue qui arrive directement au
dessus de la plage : il faut dire que le bourg d'Ault est bâti au bord d'une falaise
crayeuse qui atteint 38 m de hauteur. A son pied s'étend une étroite plage de
galets et de sable qui se poursuit vers le large par un platier crayeux découvert à
marée basse et large de 300 à 400 m, et c'est là que nous sommes sensés
prospecter l'après-midi.
Après un petit coup d'œil circulaire, pour appréhender le niveau de la mer
et la météo capricieuse, je remarque que Pierre est déjà à l'œuvre sur le platier.
J'en profite pour me documenter sur la ville et je constate de Victor Hugo avait
l'étoffe d'un géologue puisque dans une lettre datée de 1937, il écrivait :
"Depuis la catastrophe du bas du village, tout le bourg d'Ault s'est réfugié sur la
falaise.... Le bourg d'Ault se défend comme il peut, la falaise s'en va souvent par
morceaux. Une partie du village pend déjà aux fêlures du rocher."
Aujourd'hui encore, sous l'action conjuguée de l'infiltration des eaux de pluie et
des alternance gel-dégel, des fissures se produisent, s'élargissent et éclatent,
provoquant l'émiettement et la désagrégation de la craie. Les vagues des fortes
marées constituent autant de coup de boutoir qui sapent la falaise à sa base et
provoquent chaque année des effondrements d'importances diverses. Les zones
d'érosion les plus fortes se situent dans les valeuses, c'est à dire les vallons
secs perchés au dessus du littoral comme ceux d'Ault et du Bois de Cise. Le
platier, au pied de la falaise est le résultat de ce recul estimé à 18 cm par an : il
est composé en partie d'un cordon mobile de galets de silex, issu de cette
érosion, qui se déplace latéralement sous l'action des courants de dérive
littorale. C'est dans ce cordon de galets que se trouvent les fameux Oursins et
autres Inocérames que nous sommes venus chercher aujourd'hui.
Michel et Martine venant d'arriver, nous décidons, après avoir déjeuné, de
descendre sur le platier maintenant largement découvert par la marée. Une fois
descendu le perré, cet ouvrage bétonné, qui protège le village d'Ault, nous
arpentons la plage au milieu des blocs de craie et des silex en espérant
apercevoir nos premiers oursins.
Voyez vous les oursins sur ces 2 photos ?
A ce petit jeu, c'est sans conteste Pierre qui réalise les plus belles
captures, les oursins semblant littéralement attirés par ses mains. Michel quant
à lui n'ayant pas bien réglé sa mire reste bredouille !
Mais bientôt, tout le monde allait être comblé ! Un magnifique orage
venant de la baie de Somme un peu plus au Nord, arrive sur nous en longeant la
falaise. En quelques secondes, c'est le déluge : impossible d'ouvrir les yeux sous
la violence de la pluie bien soutenue par un vent fort, aucun abri sur la plage
évidemment donc repli stratégique vers les voitures. Entre temps, l'eau a
traversé toutes les couches d'habits, les chaussures de rando ou les bottes sont
pleines et c'est donc un streap tease torride que les habitants de Ault ont pu
observer, enfin pour ceux qui avaient le courage d'affronter la tempête. Inutile
de dire que nous avons foncé vers le VVF de Veules les Roses en rêvant tous à
chaleur de la douche.
Et l'apéro fut bienvenu quand le soleil réapparut
Le lendemain, départ vers l'Ouest avec au programme recherche sur la
plage d'Yport. La marée basse étant prévue dans l'après midi, nous profitons de
la matinée pour découvrir la ville de Fécamp et sa célèbre Bénédictine.
La dégustation de la célèbre liqueur nous a mis en appétit et nous filons
donc vers Yport où nous pique-niquons sur le parking situé face à la plage, puis
une fois bien équipés nous commençons notre prospection sur l'estran. Le début
de l'escapade commence par une recherche sur l'estran calcaire, mais mis à part
quelques traces d'oursins, rien à se mettre sous la dent. Un peu plus loin, un
cordon de galets laisse espérer la découverte de belles géodes de calcédoine.
Les coups de massette sur les galets siliceux produisent des éclats tranchants
comme le verre et les gants et les lunettes de protection ne sont pas superflus.
Pour la calcédoine, rien à redire mais les oursins sont encore aux abonnés
absents et c'est encore Pierre qui en véritable "oursinologue" va découvrir 2
beaux Micraster.
Nous avons donc du nous contenter du panorama : en effet, la météo étant
relativement clémente, nous avons pu apercevoir au loin l'arche d'Etretat.
Poches de dissolution
Sur le haut de la falaise, on peut voir des échancrures plus ou moins
orangées. Elles résultent de la dissolution de la craie à la surface du plateau et
de l'accumulation de sable et d'argiles dans ces parties creuses.
Le samedi matin, nous décidons de retourner à Ault afin de rencontrer
Arnault qui sera sur place avec un groupe de Lyon, nous pourrons ainsi profiter
de sa connaissance du lieu. La météo n'est pas terrible et l'idée de visiter la baie
de Somme tombe "à l'eau" et nous préférons faire une petite balade en bord de
mer au Tréport. Nous sommes même obligés de nous mettre à l'abri des ondées
dans un café au pied du funiculaire qui traverse la falaise pour déboucher en
haut de celle-ci sur une terrasse qui met en valeur le panorama.
Après le repas, Arnaud nous initie à la recherche des oursins en place dans
la craie. Pas facile de les apercevoir, mais à la longue l'œil s'y fait et les
trouvailles s'enchainent : Micraster, Echinochorys, Eponges et boules de
marcassite ! Evidemment, Pierre à lui seul à trouvé autant d'oursins que
l'ensemble de l'équipe réunie !
Il faut bien se rendre à l'évidence, l'ensablement de la plage ne permet
plus de faire les découvertes du temps jadis, mais quel bonheur de circuler au
bord de la mer, cheveux au vent, sur les traces des organismes vivants ici il y a
80 MA environ.