7 septembre 2006

Transcription

7 septembre 2006
Actualité | France
Cachan : show-biz et sportifs
s'en mêlent
Delphine Chayet .
Publié le 07 septembre 2006
Actualisé le 07 septembre 2006 : 07h58
Plusieurs «people» (ici Josiane Balasko) se sont rendus hier à Cachan, pour soutenir les ex-squatteurs expulsés.
(AFP/F. Dufour).
L'initiative de Lilian Thuram et Patrick Vieira a lancé la polémique. Les deux joueurs de foot
avaient invité soixante-dix ex-squatteurs à assister hier soir au match France-Italie.
SPORTIFS, chanteurs, comédiens ou humoristes : les «people» ont pris le dossier des expulsés de
Cachan en main. Hier, le cercle des artistes engagés aux côtés des occupants du gymnase municipal
s'est élargi. Les anciens du bâtiment F ont ainsi reçu la visite des acteurs Josiane Balasko et Charles
Berling, de l'athlète Stéphane Diagana et de l'humoriste Laurent Baffie, venus dans le Val-de-Marne pour
exprimer leur solidarité et «appeler à un grand débat sur l'immigration» en France.
Mais c'est du monde sportif qu'est venu le soutien le plus remarqué : invités au Stade de France par
Lilian Thuram et Patrick Vieira, soixante-dix occupants du gymnase de Cachan ont pu assister hier soir
au match France-Italie. Une initiative décriée par plusieurs députés de droite. «On peut être un grand
sportif et se révéler un piètre individu sur le terrain de la politique», a protesté le député UMP Yves Jégo,
un proche de Nicolas Sarkozy, tandis que Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, se
déclarait «choqué». «Thuram et Vieira peuvent aller plus loin et loger chez eux les sans-papiers, a-t-il
commenté sur RTL. Il est toujours curieux de voir des milliardaires donner des leçons à la société.»
«Instrumentalisation»
Interrogé à Marcoussis en marge d'une conférence de presse sur le rugby, Jean-François Lamour a, lui,
regretté «un risque d'instrumentalisation du match». Pour le ministre de la Jeunesse et des Sports,
«l'équipe de France ne doit pas se laisser entraîner dans ces dérives».
Le geste, jugé d'une grande beauté par Marie-George Buffet (PCF), a été salué par le secrétaire national
du PS Malek Boutih.
Membre du Haut Conseil à l'intégration, Lilian Thuram avait déjà engagé la polémique avec Nicolas
Sarkozy lors des émeutes de banlieues à l'automne 2005. Le footballeur reprochait alors au ministre de
l'Intérieur l'emploi du terme «racaille». Il s'agit en revanche de la première prise de position politique de
Patrick Vieira.
Depuis mardi, les anciens squatteurs peuvent surtout se prévaloir du soutien de l'abbé Pierre qui déplore,
dans une lettre adressée au président de la République, «une situation désastreuse, déshonorante pour
la France». Le fondateur d'Emmaüs se prononce pour la réquisition des anciens bureaux du Commissariat
à l'énergie atomique, à Limeil-Brévannes. Cet hébergement collectif, proposé par l'association Droit au
logement, est rejeté par le préfet du Val-de-Marne.
Près de trois semaines après l'évacuation, aucune solution ne se dessine donc pour les anciens occupants
du plus grand squat de France. Leurs défenseurs ont cependant remporté hier une petite victoire :
l'octroi, après une décision du ministre de l'Intérieur, d'un titre de séjour temporaire à un couple de
Maliens placés depuis cinq jours dans un centre de rétention en vue de leur expulsion.