Cas n°1
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Cas n°1
Cas n°1 Dominique Cazals-Hatem Hôpital Beaujon CLICHY OBSERVATION CLINIQUE • Femme de 43 ans. • Maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) connue depuis 6 ans. (probable maladie de Crohn)… • Hospitalisée pour épisode de colite aiguë grave, hémorragique, résistante au traitement médical. COLECTOMIE SUB-TOTALE COLON TRANSVERSE • • Atteinte pancolique continue Muqueuse fragile, granitée, hémorragique, ulcérations aphtoïdes HISTOLOGIE Abcès cryptiques, sous-muqueux Ulcérations creusantes + Iléite chronique DIAGNOSTIC PROPOSÉ Pancolite aiguë sévère MICI « difficile à classer » (« unclassified ») Recto-colite hémorragique ou Maladie de Crohn colique ? EVOLUTION 1 mois après le rétablissement de continuité : poussée de rectite aiguë, réfractaire au traitement médical (sur rectum «cicatrisé») ►PROCTECTOMIE + ANASTOMOSE ILEO-ANALE HISTOLOGIE DU RECTUM Hyperplasie lymphoïde nodulaire profonde + Sclérolipomatose + Granulomes épithélioïdes Paroi rectale Ganglion méso-rectum DIAGNOSTIC FINAL PROPOSÉ MALADIE DE CROHN • • • • Expression colique et rectale Pas d’atteinte digestive haute Pas de récidive Pas de pochite (recul de 1 an) MALADIES INFLAMMATOIRES CHRONIQUES INTESTINALES (MICI) Difficultés diagnostiques Maladie de Crohn (MC) Recto-colite hémorragique (RCH) EPIDEMIOLOGIE DES MICI Maladies chroniques, évoluant par poussées 15-35 ans et >60 ans # 3000 nouveaux cas/an (120.000 cas en France), gradient Nord-Sud (Caucasiens, Juifs) Diagnostic: confrontation anatomoclinique TERRAIN DES MICI • Environnement – Flore intestinale ? Infectieux ? – Stress ? – Tabac • Génétique – Antécédents au 1er degré (10% des MICI), jumeaux homozygotes (50%) – Gène CARD15/NOD2 muté dans 40% des MC iléales • Immunitaire – pANCA (AC anti-cytoplasme des PNN): +50-80% RCH – ASCA (AC antisaccharomyces cerevisiae): +50% MC (iléale) MALADIES ASSOCIEES AUX MICI • Peau: pyoderma gangrenosum, érythème N… • Foie: Cholangite sclérosante primitive (<10% des MICI), hépatite auto-immune… • Os: polyarthrite, SPA (HLA-B27)… • Oeil: uvéite, conjonctivite… Aspects cliniques de la RCH / MC CLINIQUE Symptômes Tabac Atteinte RCH CROHN diarrhées sanglantes ténesme Sd de Koenig diarrhées fistule anale améliore active rectum-colon bouche→anus iléon 0 >70-80% colon 90% (distal) 40% (proximal) rectum 100% 20% anus 0 20% Evolution Complications Sérologies guérison chirurgicale rechutes après chirurgie hémorragie aiguë perforation mégacolon toxique fistule, abcès sténose malabsorption pANCA +70% ASCA +50% DISTINCTION RCH / MC • Clinique, évolution, pronostic ≠ • Recours à la chirurgie ≠ – RCH: colectomie totale ou rien (15-20%: colite réfractaire, dysplasie) – MC: résections itératives, limitées (70%: sténoses, fistules…) TRAITEMENT CHIRURGICAL colectomie ► CROHN Anastomose iléo-rectale ►RCH Anastomose iléo-anale avec réservoir iléal en J Pochite dans <10% (↑40% si MC) DIFFICULTES DIAGNOSTIQUES 1. Diagnostic initial de colite 2. Colite aiguë grave réfractaire, « fulminante » 3. Effets des traitements antérieurs, maladie quiescente DIFFICULTES DIAGNOSTIQUES 1. Diagnostic initial de colite 2. Colite aiguë grave réfractaire, « fulminante » 3. Effets des traitements antérieurs, maladie quiescente 1- DIAGNOSTIC INITIAL DE MICI BIOPSIES 1. Eliminer une autre colite 2. Préciser RCH ou CROHN/ MICI non-classée 3. Evaluer l’étendue réelle des lésions / endoscopie (Classification clinique de Montréal, 2005) → Biopsies digestives: – – – multiples, hautes et basses zones pathologiques / saines + iléon 1-DIAGNOSTIC INITIAL DE MICI • < 2 semaines d’évolution (colite aiguë): – pas de signe histologique spécifique de MICI ! • > 6 semaines (colite chronique): histologie évocatrice dans 60-70% des MICI: – Distorsion architecturale – Plasmocytose basale – GRANULOME (Crohn) ± Métaplasie (cell Paneth, pseudo-pylorique) Colites aiguës «non-classées»→ 50% MICI (2-3 ans) HISTOLOGIE ≠ RCH CROHN continue segmentaire homogène hétérogène superficielle transmurale hémorragie abondante rare abcès cryptiques abondants rares réduit préservé 0 30-60% abondante modérée superficielle profonde rares fréquentes superficiels profonds 0 fréquente mucus granulome épithél. plasmocytose ulcération/ fissure sténoses nodules lymphoïdes hyperplasie nerveuse RCH: diffus CROHN: focal 1-DIAGNOSTIC DE MICI: confrontation • CLINIQUE+++ • ENDOSCOPIE: intervalles sains? Distribution dans le cadre colique? Iléon terminal? Estomac-duodénum? (vidéocapsule…) • RADIOLOGIE: entéro-scanner, entéro-IRM: sténoses iléales ? • Sérologie: ASCA / pANCA (sp:90%, se:60%) Conclusion histologique : « lésions de MICI » – très évocatrices de RCH ou de MC – évoquant plutôt une RCH / MC – «difficile à classer» (20-10% des cas) ►EVOLUTION GASTRITE FOCALE ACTIVE (HP-) Prévalence = 40 - 75% des CROHN Chez l’adulte, suggère un CROHN > RCH (VPP=90%, spécificité=80%) DIFFICULTES DIAGNOSTIQUES 1. Diagnostic initial de colite 2. Colite aiguë grave réfractaire, « fulminante » (<5-15%) 3. Effets des traitements antérieurs, maladie quiescente 2-PANCOLITE AIGUË: colectomie subtotale RCH CROHN HISTOLOGIE ≠ RCH CROHN continue segmentaire homogène hétérogène superficielle transmurale hémorragie abondante minime abcès cryptiques abondants rares réduit préservé 0 30-60% abondante modérée superficielle rares superficiels 0 profonde fréquentes profonds fréquente mucus granulome épithélioïde plasmocytose ulcération/ fissure sténoses nodules lymphoïdes hyperplasie nerveuse RCH CROHN RCH CROHN RCH CROHN GRANULOME: 30-60% des CROHN • • • • >5 cellules épithélioïdes ou cellule géante A distance des cryptes rompues +++ Colon distal > proximal Ganglion: +20-40% • Enfant, sujet jeune > sujet âgé 2-PANCOLITE AIGUË «fulminante» RCH ou CROHN ? 2-PANCOLITE AIGUË « fulminante » • 5-15% des colites fulminantes sont «difficile à classer» (A. Price, 1978) – – – – Lésions colon transverse>colon distal, «respect» du rectum Diffuses, continues, ulcérations fissuraires en V Inflammation transmurale possible (plasmocytes) Pas de granulome, pas d’hyperplasie lymphoïde profonde… • Evolution vers une RCH (85%) >> MC (15%) <5% colites restent « indéterminées » COLITE « FULMINANTE » + myolyse 2-PANCOLITE+ ILEITE • Dans 5-17% des pancolites (RCH): iléite de «reflux » → diagnostic ≠ CROHN • Iléon terminal inflammatoire (3 cm) – Lésions continues (valvule - caecum) – Iléite superficielle et minime – Atrophie villositaire, cryptite… ≠ CROHN: • Pas d’ulcération • Pas de granulome • Pas de métaplasie pylorique • Par « reflux » ? Pullulation microbienne ou iléite médicamenteuse …? • Pas de conséquence pronostique DIFFICULTES DIAGNOSTIQUES 1. Diagnostic initial de colite 2. Colite aiguë grave «fulminante » 3. Effets des traitements antérieurs, maladie quiescente 3-TRAITEMENTS • Généraux: corticoïdes, immunosuppresseurs: – Intervalles muqueux « sains » – Lésions focales et non diffuses • Locaux: RCH avec rectum «épargné» ≠ Crohn D é rivé s 5 -AS A: pré pa ra tions re cta le s D istribution intra -colique ►RCH ou CROHN ? La ve m e nts S uppositoire s 3-MALADIE « QUIESCENTE » MC ou RCH ? • Lésions de colite chronique quiescente: • Anomalie architecturale: pseudo-villeuse, glandes atrophiques, bifides … • Métaplasie cell. Paneth, pylorique • Hiatus - fond des cryptes / musculaire muqueuse • Nodules lymphoïdes profonds • Pas de signe d’activité = pas de PolyNN Pas d’ulcérations aiguës, cryptite, abcès ►Confrontation endoscopie: extension, activité, dysplasie… MICI quiescente (RCH) colon gauche rectum iléon MICRO-COLIE (MC) Métaplasie pylorique POINTS à RETENIR • Maladie de Crohn ↔ triade histologique : – ulcérations fissuraires avec intervalles sains – hyperplasie lymphoïde transmurale – granulome épithélioïde distant de cryptes rompus, présent dans 60% des MC. • En l’absence de granulome, une MC n’est affirmée que sur un faisceau d’arguments cliniques, radiologiques et évolutifs. POINTS à RETENIR • Colite aiguë grave «difficile à classer» <15% – Chevauchement de lésions de RCH et de Crohn – RCH >> Crohn – <5% seront des colites « indéterminées » ☞ Ne pas affirmer un diagnostic de RCH ou de CROHN si critères histologiques insuffisants !