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mercredi 16 septembre 2015 LE FIGARO - N° 22 115 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr > FOCUS François Villeroy de Galhau. CADRES LES SALAIRES ONT ENCORE STAGNÉ EN 2014 PAGE 22 POLÉMIQUE SUR LE CHOIX DU GOUVERNEUR PAGE 23 CI-CONTRE : MIGUEL MEDINA/AFP, MAXPPP, FRANÇOIS BOUCHON ET SÉBASTIEN SORIANO/LE FIGARO, YANLEV/FOTOLIA économie France Télévisions pourrait perdre 50 millions d’euros en 2016 L’inexorable dérive des comptes de la Sécu Dans un nouveau rapport au vitriol, la Cour des comptes s’alarme du report au-delà de 2021 du retour à l’équilibre des comptes. Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes, juge « anormale » et « dangereuse » l’incapacité du gouvernement à tenir le déficit de la Sécurité sociale. Il fustige l’absence de réformes structurelles, notamment à l’hôpital ou plus globalement en matière de dépenses de santé. Prévu par l’exécutif pour 2017, le retour dans le vert des comptes sociaux ne devrait pas avoir lieu, dans le meilleur des cas, avant 2021. Dans un nouveau rapport sans concessions sur le financement de la Sécurité sociale, les magistrats de la Rue Cambon listent un certain nombre de réformes, à leurs yeux indispensables à mettre en œuvre, pour tenter de contenir les dépenses. Ils appellent notamment à fermer les maternités sous le seuil réglementaire de 300 accouchements par an, à encadrer la hausse des soins infirmiers ou encore à restructurer véritablement l’hôpital, en supprimant les lits inutiles. è L’EXÉCUTIF RECULE FACE À LA RÉFORME DE L’HÔPITAL è PLUSIEURS REMISES À PLAT SONT INDISPENSABLES è L’ALLEMAGNE PILOTE MIEUX SES DÉPENSES PAGES 20 ET 21 Les syndicats bloquent le retour aux 39 heures chez Smart Delphine Ernotte, la nouvelle présidente de France Télévisions, tire la sonnette d’alarme. Selon elle, le groupe audiovisuel public accusera une perte de 50 millions d’euros en 2016 car l’État n’augmentera pas les ressources pour compenser la baisse de la publicité. PAGE 26 le PLUS du FIGARO ÉCO CONSTRUCTION Deux ex-patrons de l’immobilier lancent des HLM en bois PAGE 23 LA SÉANCE DU MARDI 15 SEPTEMBRE 2015 CAC 40 4569,37 +1,13% DOW JONES 16599,85 +1,40% ONCE D’OR 1105,95 (1104,80) PÉTROLE (lond) 47,250 (46,530) EUROSTOXX 50 3207,60 +1,01% FOOTSIE 6137,60 +0,87% NASDAQ 4860,52 +1,14% NIKKEI 18026,48 +0,34% Le « oui » des salariés à un retour progressif aux 39 heures dans l’usine lorraine de Smart, à Hambach, pourrait rester sans suite. La CGT et la CFDT, réunies en intersyndicale, contestent la validité du référendum et font valoir que la catégorie des ouvriers n’est pas favorable aux mesures présentées par la direction. Celles-ci devaient permettre d’accroître la compétitivité de l’usine du constructeur automobile allemand en vue de la réalisation de nouveaux modèles. PAGE 21 L'HISTOIRE Une chartreuse accueille un Davos chti pour l’économie responsable S tat crux dum volvitur orbis : la croix demeure tandis que le monde tourne… Jamais la devise de la chartreuse de Neuville, fondée au XIVe siècle par le comte de Boulogne-sur-Mer, n’aura été autant d’actualité ! Pour faire face aux métamorphoses de la société, l’association qui a repris en 2008 cette magnifique abbaye tombée en déshérence lance ce mercredi, avec le World Economic Forum, grand organisateur des rencontres de Davos, un incubateur d’initiatives locales responsables. L’ambition est immense : faire en sorte que la croissance bénéficie à tous et génère non seulement de la richesse, mais aussi de l’inclusion et du bien-être. Un enjeu de premier plan, a;lors que se profile le risque d’un retour d’une « croissance sans emploi ». Et que le World Economic Forum, à la rencontre annuelle de Davos, en janvier dernier, identifiait clairement l’aggravation des inégalités comme le principal risque que court la planète dans les années à venir. Réunis pour la journée dans cet écrin de verdure au cœur du pays chti, 120 acteurs du monde économique, de la TPE à la grande entreprise, vont donc plancher pour faire émerger des outils et des méthodes qui permettront le démarrage en avril d’un cycle triennal d’actions sur le thème de la croissance et de l’inclusion sociale. Une forme de retour aux sources pour la chartreuse qui, dans les années 1910, était devenue un phalanstère d’« art social », présidé par Anatole France avec des hôtes comme Paul Fort, Jules Renard ou Guillaume Apollinaire. ■ MARIE-CÉCILE RENAULT Une décision prise par le Congrès américain cet été va conduire General Electric (GE) à créer des emplois… en France. La majorité républicaine a refusé en juin de renouveler la licence de l’US Export-Import Bank (ExIm Bank), créée en 1934 sous la présidence de Franklin Roosevelt pour aider les entreprises américaines à exporter. De l’« assistanat d’entreprise », ont jugé les élus. Pour GE, cet organisme est pourtant vital : les projets internationaux dans l’énergie, pour lesquels le groupe est candidat et qui représentent un total de 11 milliards de dollars, reposent sur des garanties et financements apportés par des agences de crédit à l’export. « Si l’ExIm n’existe plus ou si sa réouverture nécessite une longue bataille, nous devons trouver d’autres solutions », explique John Rice, vice-président de GE. La solution retenue, c’est le transfert d’activité et de 500 emplois en Europe et en Chine pour y bénéficier de garanties export. En France, GE travaille déjà avec la Coface pour les turbines construites dans son usine de Belfort. Le transfert d’emplois ne signifie pas que des salariés américains vont s’expatrier. Mais la charge de travail des sites outre-Atlantique va s’alléger au profit d’autres usines du conglomérat. Belfort, en France, devrait ainsi gagner l’équivalent de 400 postes. Mais cette charge de travail supplémentaire est potentielle, précise un porte-parole de GE. Elle dépend d’appels d’offres auxquels le groupe a répondu et pour lesquels il attend le verdict. La Coface, l’agence française de financement à l’export, a d’ores et déjà accepté d’apporter son appui à des projets du groupe en échange de ce transfert d’activité en France. Quoi qu’il en soit, ces emplois potentiels s’ajouteront aux mille que le groupe s’est engagé à créer en France après le rachat de la branche énergie d’Alstom, promesse faite lors des discussions avec les autorités françaises. GE n’est pas le seul à chercher la parade : Boeing aussi envisage de délocaliser certaines activités de production hors des ÉtatsUnis en raison des incertitudes sur l’avenir de l’ExIm Bank. BRUNO JACQUOT (AVEC REUTERS) Seules 3 petites taxes seraient supprimées dans le budget 2016 L’an dernier, la tentative s’était avérée timide. Cette année, elle ne devrait pas être plus ambitieuse. Alors que François Hollande s’était engagé début 2014 à diminuer le nombre de petites taxes absurdes pesant sur les entreprises, seules sept ont finalement disparu dans le budget 2015, pour environ 4 millions d’euros. Christian Eckert, secrétaire d’État au Budget (notre photo), avait pourtant assuré, en avril 2014, que des petites taxes seraient « supprimées pour environ 1 milliard d’euros » en 2015. Dans les faits, le gouvernement avait inscrit une baisse de 29 millions dans le projet de budget 2015. Mais les députés avaient maintenu la principale taxe qui devait disparaître : une partie de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), pesant sur les installations considérées comme dangereuses pour l’environnement. Elle rapporte à elle seule 25 millions. Cette année, 3 taxes seulement sont à ce stade dans le collimateur. L’exécutif va revenir à la charge concernant la TGAP dans le projet de budget 2016, selon nos informations. Sont aussi visées : la taxe sur les produits cosmétiques (6 millions) et la taxe administrative sur les opérateurs de communications électroniques (3 millions). Un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) a identifié, en 2014, 192 taxes rapportant chacune moins de 150 millions, dont le coût total atteint 5,3 milliards. C. Pl. C BANQUE DE FRANCE LA COFACE AU SECOURS DE GENERAL ELECTRIC mercredi 16 septembre 2015 LE FIGARO 20 L'ÉVÉNEMENT Sécu : la nouvelle alerte de la Cour des c Il s’agit là d’une anomalie profonde, dangereuse DIDIER MIGAUD Sans réforme structurelle, le retour à l’équilibre des comptes ne surviendra » Évolution du déficit de la Sécurité sociale 0 en milliards d’euros -8,9 SOCIAL Treize ans de déficit, et ce n’est pas fini. La Cour des comptes a envoyé mardi sa fusée de détresse annuelle pour rappeler au gouvernement que les comptes de la Sécu sont toujours dans le rouge, et que cela n’est décidément pas normal. « De premiers progrès ont été faits mais les déficits résistent opiniâtrement », observe Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes, en présentant le rapport 2015 sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale. Avant d’insister : « Il faut aller plus loin et plus vite. » En 2014, le déficit s’est certes réduit, mais en grande partie grâce à une hausse des prélèvements de 5,3 milliards d’euros (y compris l’affectation d’une partie plus importante de la TVA à l’Assurancemaladie). Sans cet apport de recettes fraîches, le trou de la Sécu se serait encore creusé. Pis, la baisse du déficit en 2015 pourrait se révéler infime (200 millions d’euros de moins que l’année précédente, à 13 milliards d’euros), même si le gouvernement table sur un meilleur chiffre que prévu. Un point, en particulier, inquiète les experts comptables de la République : le gouvernement semble avoir en partie baissé les bras en matière de réduction du déficit de la Sécu. « Si le retour à l’équilibre des comptes sociaux se poursuit, à un rythme modeste, il est désormais reporté à un terme encore indéterminé, en raison d’une trajectoire une nouvelle fois décalée », se désole même Didier Migaud. Et ce, alors que les comptes devaient retourner dans le vert en 2017, selon la loi de financement rectificative de 2014 votée il y a un peu plus d’un an. Aujourd’hui, cette échéance semble avoir été repoussée sine die. Anticipant une croissance moins forte que ce qu’il espérait un an auparavant, le gouvernement a en effet revu le chemin menant à l’équilibre des comptes de la Sécu. D’après ce nouveau tracé, le déficit devrait encore s’élever à 5 milliards d’euros en 2018. L’horizon du retour à l’équilibre se dérobe donc une nouvelle fois et l’objectif ne devrait pas être atteint avant 2021 dans le meilleur des cas, selon les calculs de la Cour. Une dette à risque « Ce report à un terme de plus en plus éloigné est préoccupant », insiste d’ailleurs Didier Migaud. En effet, les déficits s’additionnent année après année et viennent inexorablement grossir la dette sociale, pour représenter 158,8 milliards d’euros au total en fin d’an- 2008 -12,8 -4 -13,2 Loi de financement rectificative d'août 2014 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015* Loi de financement pour 2015 *Prévisions 2016* 2017* 2018* APHP/HEGP/RADIOGRAPHIE INTERVENT/PHANIE, BOUCHON/LE FIGARO Maladie 2009 DÉFICIT DE LA BRANCHE en milliards d’euros 10 11 12 13 14 2015* Source : Cour des comptes -7,2 Mds (prévisions) -10,6 L’exécutif recule face à la réforme de l’hôpital DÉCRYPTAGE Marc Landré [email protected] A 0,7 -8,9 Source : Cour des comptes 2007 née. Une dynamique d’autant plus préoccupante, que le gouvernement ne la transfère qu’en partie seulement à l’organisme chargé de la faire maigrir en l’écoulant sur les marchés, à savoir la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades). Par conséquent, 20 % de la dette sociale - soit 32 milliards seront entassés à la fin 2015 chez le trésorier de la Sécu, l’Acoss (l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale). Or, cette dernière ne peut qu’emprunter à très Lorsque Philippe Séguin est nommé premier président de la Cour des comptes en 2004, il a deux obsessions : redonner à la vénérable institution son lustre d’antan et lui permettre de ne plus prêcher dans le vide. Aussi instaure-t-il, un an plus tard, un « droit de suite » des recommandations de ses magistrats. « C’est une erreur de penser que tout est fini quand la décision est prise, avouait alors l’ex-ministre des Affaires sociales. Le combat ne fait en réalité que commencer, car il faut l’appliquer. » Didier Migaud, qui a succédé à feu Philippe Séguin début 2010, a repris la révolution insufflée par son prédécesseur et l’a développée. Non sans un certain succès. Selon le dernier pointage de l’actuel premier président, pas moins de 59 % des 240 recommandations effectuées par la Cour dans ses trois précédents rapports sur le financement de la Sécu ont été « mises en œuvre au moins partiellement ». Un taux honorable, bien qu’en repli de 3 points sur un an, mais qui cache des disparités. Si les recommandations liées à l’organisation et la gestion des organismes de Sécu sont plutôt suivies d’effets (dans 82 % des cas), c’est loin d’être le cas de celles relatives à l’hôpital, dont le taux de non-mise en œuvre atteint… 45 %. « Ce constat renvoie à la difficulté persistante à mener des restructurations dans le secteur hospitalier, pourtant indispensables à la réalisation de gains d’efficience et à l’amélioration des prises en charge », regrette aujourd’hui la Cour. Chirurgie ambulatoire Deux exemples sont très révélateurs de l’incapacité des pouvoirs publics à mener des « réformes de nature structurelle », notamment à l’hôpital. Le gouvernement a ainsi très peu suivi la recommandation formulée en 2013 de développer la place accordée à la chirurgie ambulatoire. Et ce, malgré un total d’économies chiffré à 5 milliards d’euros à terme. Des mesures ont bien été prises par l’exécutif, mais de manière trop limitée. Ces dispositions n’ont conduit, selon la Cour, qu’« à mobiliser une part encore très partielle des gains d’efficience possible ». Appliquer 100 % des suggestions sur la chirurgie ambulatoire des magistrats de la rue Cambon reviendrait en effet à fermer des milliers de lits d’hôpitaux, ce que le gouvernement se refuse à faire. L’autre exemple porte sur la recommandation, toujours en 2013, de revoir le remboursement des dépenses des examens de biologie médicale effectués en ville (3,4 milliards en 2012) et de pousser à une réorganisation des laboratoires d’analyse. Mise en œuvre ? Aucune. Le gouvernement a même fait le contraire des indications de la Cour en augmentant le montant des remboursements de l’Assurancemaladie au titre des actes de biologie médicale. Une décision qui prive la Sécu d’un potentiel de 500 millions d’euros d’économies… ■ QUELQUES ABERRATIONS RELEVÉES PAR LA COUR DES COMPTES 6,37 lits d’hôpital par millier d’habitants en France, contre 4,95 en moyenne dans l’OCDE ou 2,71 en Suède +6,6 % de dépenses d’assurance-maladie liées aux soins infirmiers par an depuis 2000 62 610 euros de coût moyen par patient dialysé par an France, contre 40 000 en Allemagne ou 28 278 au Royaume-Uni 13 maternités sous le seuil réglementaire de 300 accouchements par an 23 % de pension de réversion en moins pour une veuve d’un ancien cadre du privé, comparée à celle d’un fonctionnaire Plusieurs remises à plat sont indispensables GUILLAUME GUICHARD ET MARIE THÉOBALD £@guillaume_gui et £@theobaldmarie Redresser les comptes de la Sécu, c’est possible, martèle la Cour des comptes. Elle avance pour cela de nombreuses propositions. 1 Restructurer l’hôpital De vingt ans de réorganisation de l’hôpital et des soins de ville libéraux, la Cour des comptes dresse un bilan « décevant ». Surtout à l’hôpital. Si le nombre de lits par habitant a diminué ces deux dernières décennies (6,37/1 000 habitants), il demeure supérieur à la moyenne des pays développés. Les gouvernements refusent en effet d’utiliser des outils contraignants de restructuration. Il en va ainsi des activités de médecine ou de chirurgie. Sur ce point, les décrets qui fixaient le seuil minimum d’activité à 1 500 actes par an ont ainsi été jetés à la corbeille parce qu’il aurait entraîné, révèle la Cour, la fermeture de 134 structures. Au grand dam des élus locaux. « Une action plus déterminée de recomposition de l’offre de soins apparaît aujourd’hui indispensable », juge Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes. 2 Contrôler la qualité dans les maternités La Cour regrette « l’attentisme » des pouvoirs publics vis-à-vis du secteur des maternités, « qui re- Vieillesse + FSV 2009 10 DÉFICIT DE LA BRANCHE en milliards d’euros 11 12 13 14 2015* Source : Cour des comptes vient trop souvent à attendre des accidents graves -4,4 Mds pour engager des restruc(prévisions) turations ponctuelles ». Comme dans le cas de la -10,4 maternité d’Orthez, qui n’a été fermée fin 2014 qu’à la suite du décès d’une mère. Les résultats de périnatalité (mortalité infantile et maternelle) de tous les établissements devraient être systématiquement analysés. En cas de mauvaise note, les établissements devraient être fermés sans amélioration notable. Non-respect des DÉFICIT DE LA BRANCHE normes de sécurité conjugué en milliards d’euros aux difficultés de recrute- 2009 2015* 10 11 12 13 14 ment liées aux départs masSource : Cour des comptes sifs à la retraite des méde-2 Mds cins, la réorganisation des (prévisions) maternités est au final -1,8 Famille « inéluctable ». Mais la passivité des pouvoirs publics entraîne un « risque patent d’une série de fermetures brutales ». 3 Maîtriser les charges des centres anticancer Malgré une progression de leurs recettes, le déficit des centres de lutte contre le cancer (CLCC) a atteint 14 millions en 2014, contre un solde nul en 2009. Pourquoi ? Les charges de personnel, qui ont augmenté de 3,7 % par an depuis six ans, représentent plus de la moitié des dépenses. Par ailleurs, la Cour recommande d’examiner les possibilités de fusion avec des centres hospitaliers universitaires en raison des complémentarités existantes. 4 Favoriser les greffes plutôt que la dialyse L’insuffisance rénale chronique terminale est traitée soit par une greffe du rein, soit par une dialyse. « Les dépenses engagées pour ces traitements (3,8 milliards) pourraient être mieux maîtrisées », indique Didier Migaud. Et même être réduites d’un quart. Pour cela, la Cour recommande de réorienter l’effort financier vers la préven- p LE FIGARO ÉCONOMIE s comptes La CGT et la CFDT opposées au retour de Smart aux 39 heures pas avant 2021. court terme pour financer le fardeau, ce qui expose la dette sociale « au risque de remontée des taux d’intérêt ». Bref, la facture pourrait grimper en flèche d’un coup si les taux remontaient. Mais après ce tableau dépeint sans concession, la Cour envoie comme chaque année un message d’espoir au gouvernement : reboucher le trou de la Sécu est réalisable. « Des réformes structurelles sont possibles. Elles sont indispensables. Elles ne peuvent être différées », martèle Didier Migaud. Et que les Français ne s’inquiètent pas, ajoute-t-il. Non seulement les réformes proposées par la Cour permettraient de redresser les comptes, mais elles déboucheraient, aussi et surtout, sur « l’amélioration de la qualité et l’efficacité de notre protection sociale ». Infirmiers et kinés dans le viseur Générant à elle seule la moitié du déficit (7,2 milliards en 2015), l’Assurance-maladie est particulièrement visée par les sages de la rue Cambon. Après avoir encouragé le développement de la chirurgie ambulatoire ou dénoncé la gabegie des transports sanitaires, ils visent cette année les dépenses en plein dérapage des soins infirmiers et de masseurs-kinésithérapeutes, ou proposent des économies en matière de dialyse. Surtout, une ligne directrice devrait guider les réformes à venir, défend la Cour des comptes : la responsabilisation des acteurs - médecins, infirmiers, hôpitaux, etc. sur le modèle allemand. À l’heure où les médecins français réclament des revalorisations tarifaires, elle glisse en substance que leurs confrères, outre-Rhin, ont davantage de responsabilités financières et gagnent beaucoup mieux leur vie. « Nous ne sommes pas contre la Sécurité sociale, nous pensons même qu’elle est essentielle, ajoute discrètement un magistrat de la Cour. Nous souhaitons juste qu’elle en ait pour son argent. » ■ G. G. tion, de réformer les tarifs qui poussent actuellement les établissements à utiliser le matériel le plus coûteux pour soigner. Il faudrait aussi, et cela dépend des donneurs d’organe, de développer la greffe, moins coûteuse que la dialyse. 5 Aligner les pensions de veuves Une veuve ne touchera pas la même fraction de la pension de son conjoint décédé si celui-ci a travaillé comme fonctionnaire, salarié du privé ou travailleur indépendant. L’écart, pour une pension élevée, peut se monter à 23 % en faveur de la femme d’un fonctionnaire. À l’inverse, pour les pensions plus modestes, les ex-salariés du privé sont favorisés. Bref, les règles disparates selon les régimes de retraite, créatrices d’inégalités, nécessiteraient une « une harmonisation des règles ». Sans toucher, évidemment, aux pensions déjà versées. 6 Freiner les soins infirmiers Freiner la hausse des dépenses de soins infirmiers (+ 6,6 %) et kinés (+ 4,3 %) et l’aligner sur celle des médecins permettrait d’économiser 320 millions. Comment ? En contrôlant, par exemple, que les actes effectués dans certaines régions, où la dépense flambe, soient vraiment nécessaires et réellement effectués… La Cour appelle donc au renforcement de la lutte contre la fraude dans ce secteur. ■ 21 L’ALLEMAGNE PILOTE MIEUX SES DÉPENSES 12 milliards d’euros d’excédent dégagé, entre 2000 et 2014, par l’assurancemaladie allemande Entre 2000 et 2014, l’assurance-maladie allemande a dégagé 12 milliards d’euros d’excédent, en cumulé, quand son homologue française a réalisé 105 milliards de déficit. Soit un delta de 117 milliards sur deux septennats. Un tel écart s’explique tout d’abord par le fait que l’Allemagne cible mieux ses dépenses. Elle prend en charge un panier d’actes et de biens de santé plus étroit, même si elle rembourse mieux. Ensuite, l’objectif prioritaire est de préserver l’équilibre des comptes, quitte à augmenter les cotisations. Enfin, les honoraires des médecins font l’objet d’enveloppes limitatives négociées, au niveau fédéral puis local, avec les représentants de la profession. Côté assurancevieillesse, aussi, l’Allemagne a dégagé 16 milliards d’excédent entre 2000 et 2014 tandis que la France cumulait 65 milliards de déficit. M. T. Malgré le oui au référendum, l’allongement de la durée du temps de travail dans l’usine d’Hambach, en Lorraine, est mal engagé chez le constructeur. ANNELOT HUIJGEN £@annelothuijgen SOCIAL Avant même d’exister, l’accord entre les syndicats et la direction de l’usine Smart d’Hambach (Moselle) sur un retour aux 39 heures de travail semble déjà mal parti. Il y a trois jours, le référendum consultatif organisé sur le site de la filiale de l’allemand Daimler, le oui l’avait emporté à 56,1 % : à 74 % chez les cadres, agents de maîtrise et employés et à 39 % chez les ouvriers. Dans la foulée de ce résultat, la CGT et la CFDT ont décidé de s’unir en intersyndicale pour s’opposer au texte, s’il devait être signé par la CFE-CGC et la CFTC. Pour être validé, un tel accord d’entreprise doit être paraphé par des syndicats représentatifs d’au moins 30 % du personnel. C’est le cas de la CFE-CGC (20 %), seule organisation favorable au « Pacte 2020 » envisagé, et de la CFTC (26 %) réunies. Mais, selon la loi de modernisation sociale, d’autres syndicats peuvent rejeter un accord, à condition d’avoir obtenu plus de 50 % des voix aux élections professionnelles. La CGT, premier syndicat avec 36 % des voix, et la CFDT représentent ensemble 53 %. « Il n’y aura pas d’accord. On prendra nos responsabilités », a expliqué à l’agence Reuters Didier Getrey, représentant de la CFDT. « Il faut voir comment le projet va être écrit et interprété », ose espérer Mario Mutzette, représentant de la CFE-CGC. Les syndicats et la direction doivent se retrouver ce mercredi. Opposés depuis le départ au projet présenté dans le cadre des négociations annuelles obligatoires, la CGT et la CFDT s’estiment confortées par le fait que celui-ci n’a été approuvé que par 39 % des ouvriers. Le résultat favorable du Après le vote positif du 11 septembre, le passage aux 39 heures doit être paraphé par les syndicats. PATRICK HERTZOG/AFP référendum est dû au plébiscite, 74 % de oui, des cadres et employés. Or, l’intersyndicale pointe que c’est aux ouvriers que « les plus gros sacrifices seront demandés tant en termes d’heures que de salaires », selon des propos tenus lors d’une conférence de presse lundi, rapportés par Le Républicain lorrain. Pas de plan social En échange du maintien des 800 emplois, la direction de Smart propose aux salariés une augmentation de 12 % de la durée du travail, passée progressivement à 39 heures, en échange d’une hausse du salaire de 6 %, soit 120 euros brut par mois, et d’une prime de 1 000 euros. Les cadres auraient perdu, de leur côté, dix jours de RTT. Officiellement, la direction de l’usine, qui n’a pas souhaité s’exprimer, n’a pas de plan B. Le directeur des ressources humaines, Philippe Steyer, avait expliqué : « Les salariés n’ont pas le couteau sous la gorge. Il n’y aura pas de plan social en cas de rejet de ce projet. » Dans un message distribué lundi aux salariés que Le Républicain lorrain s’est procuré, la direction souligne que le dialogue se poursuit : « Il est important et de la responsabilité de chaque partie de respecter le vote de la majorité et de tenir compte du vote minoritaire. Nous sommes une seule équipe soudée qui veut concrétiser le pacte 2020 pour nous mettre en position de force pour de nouveaux projets. » Ces nouveaux projets, c’est notamment l’attribution de la future génération de Smart. L’usine mosellane construit depuis 1997 les véhicules à deux places de la marque. Si Daimler a investi 200 millions d’euros pour y produire depuis l’an dernier la dernière version de ce véhicule, le Pacte 2020 doit garantir l’avenir du site à moyen terme. Car le groupe Daimler a initié un plan sur cinq ans d’amélioration de la compétitivité de ses usines. Or, Hambach est en concurrence avec une usine slovène de Renault, qui assemble déjà la Smart à quatre places et la Twingo du groupe français. ■ ESSO : RESULTATS CONSOLIDES DU PREMIER SEMESTRE 2015 Résultat net de 175 M€ reflétant la hausse des marges de raffinage et des effets stocks positifs. • Remontée du prix du baril de pétrole brut au premier semestre 2015 à 58 $ (52 €) en moyenne, après avoir baissé à 48 $ (41 €) au mois de janvier. • Hausse de 7 % du brut traité (7,7 Mt) par rapport au premier semestre 2014, malgré l’arrêt planifié de plusieurs unités de la raffinerie de Gravenchon. • Hausse de la marge brute indicative de raffinage carburants et combustibles publiée par la Direction Générale de l’Energie et du Climat, à 50 €/tonne (€/t) au premier semestre 2015 contre 15 €/t au premier semestre 2014. • Hausse des ventes de produits raffinés de 3 % mais baisse de 4 % des volumes distribués sur le marché intérieur français. • • Résultat opérationnel de 264 M€ incluant des effets stocks positifs de 174 M€. • • Hors effets stocks et autres éléments d’ajustement, résultat opérationnel de 102 M€ en hausse de 255 M€ par rapport au premier semestre 2014. Résultat net, part du groupe, de 175 M€ contre une perte de 108 M€ au premier semestre 2014. Capitaux propres consolidés de 710 M€ pour un endettement financier net de 208 M€. Pas de versement d’acompte sur dividende. Désormais, le Conseil examinera une fois par an l’opportunité de proposer la distribution d’un dividende, au moment de l’arrêté des comptes annuels. Accédez au communiqué intégral sur le site internet esso.fr rubrique actionnaires 105 milliards d’euros de déficit accumulé, entre 2000 et 2014, par l’Assurance-maladie française Résultats consolidés du gRoupe esso s.a.F. (M€) 1 eR seMestRe 2015 1 eR seMestRe 2014 RetRaité (*) année 2014 RetRaitée (*) Résultat opérationnel (1) Produits et charges financiers Impôts courants et différés Résultat net des activités poursuivies Résultat net des activités arrêtées ou actifs cédés Résultat net part du groupe (2) Pétrole brut traité en raffinerie (millions de tonnes) Chiffre d'affaires (millions d'euros, incluant la taxe intérieure sur les produits pétroliers) Ventes totales de produits raffinés (milliers de m3) Ventes activités de distribution sur le marché intérieur (milliers de m3) 264 7 (98) 173 2 175 7,7 6 414 12 248 7 112 (180) 8 64 (108) 0 (108) 7,2 7 936 11 878 7 399 (581) 6 133 (442) 0 (442) 15,1 15 674 24 589 15 322 (1) Résultat opérationnel (A) Effets stocks (B) Autres éléments d'ajustement (C) Résultat opérationnel ajusté (A)-(B)-(C) (2) Résultat net part du groupe (D) Résultat net des activités arrêtées ou actifs cédés (E) Impôts courants et différés (F) (G) Effets stocks Impôt sur le résultat hors effets stocks et activités arrêtées ou actifs cédés (H) Résultat net hors effets stocks et activités arrêtées ou actifs cédés (D)-(E)-(F)-(G)-(H) 264 174 (12) 102 175 2 (98) 174 35 (180) (10) (17) (153) (108) 0 64 (10) (56) (581) (620) 32 7 (442) 0 133 (620) 15 62 (106) 30 (*) résultats 2014 retraités en application IFRIC 21 au 1er janvier 2015 à des fins de comparabilité A a mercredi 16 septembre 2015 mercredi 16 septembre 2015 LE FIGARO 22 ENTREPRISES Le salaire des cadres a stagné en 2014 C’est la troisième année consécutive de statu quo. 39 % des cadres recrutés après avoir été au chômage subissent une baisse de salaire. « Alors que les jeunes sont recrutés à un salaire inférieur en moyenne de 2000 euros au salaire envisagé, les EMPLOI Les salaires des cadres cadres les plus expérimentés sont embauchés à des rémunérations suont encore fait grise mine en 2014. périeures de 3 000 euros à celles enSelon l’étude annuelle de l’Apec visagées par le recruteur », précise (l’Association pour l’emploi des l’étude. Sans surprise, les fonccadres), leur rémunération tions les plus rémunératrices sont moyenne est restée stable, à celles de direction d’entreprise, et 54 800 euros en brut annuel, en les moins payantes, celles liées à la incluant la part fixe et la part vacommunication-création. riable. Soit quelque 4 566 euros Par ailleurs, même si le taux de brut par mois. L’inflation ayant été chômage des cadres reste faible de 0,5 % l’an passé, le pouvoir moins de 4 %, contre près de 21 % d’achat des cadres a donc reculé. pour les ouvriers non qualifiés -, Et ce pour la troisième année l’inactivité s’avère pénalisante. consécutive. La moitié des cadres 39 % des cadres qui sont recrutés gagne plus que 48 000 euros par par une entreprise après avoir an, l’autre moitié moins. Ce salaire connu une période de chômage dit médian n’a pas non plus évolué subissent une baisse de salaire. Et l’an passé. ce alors que les diminutions de réComme toujours, pour doper sa munérations (via surtout la part fiche de paye, mieux vaut changer variable) restent en de poste et surtout général peu commud’entreprise. « Parmi nes : 7 % des cadres les cadres qui n’ont ont été concernés l’an connu aucun changepassé. ment en 2014, qu’il Rien d’étonnant s’agisse de mobilité indans ces conditions terne ou externe, seuls Salaire annuel brut qu’à peine plus de la 41 % ont été augmenmoyen des cadres, moitié (57 %) des catés », note l’étude de selon l’Apec dres soient satisfaits de l’Apec. Le taux grimleur rémunération. Ils ne sont que pe à 52 % dans l’industrie, secteur 32 % à juger qu’ils obtiendront une où les grandes entreprises, plus augmentation s’ils le demandent. enclines à des augmentations col63 % estiment peu intéressantes lectives, sont plus nombreuses. leurs perspectives pour les années Mais il tombe à 37 % dans les serà venir. Toutefois l’Apec table pour vices. En revanche, 58 % de ceux 2015 sur un rebond de 4 % des emqui ont changé de poste dans la bauches des cadres, avec 177 000 même société ont bénéficié de rerecrutements. Une amélioration valorisations, comme 63 % de qui pourrait soutenir les salaires. ceux qui sont partis dans une Seule consolation, les cadres ne autre entreprise. sont pas les plus mal lotis. En 2013, La situation reste difficile pour le salaire net moyen dans le privé les jeunes diplômés : leur salaire et le public a crû de 0,6 %, à moyen à l’embauche n’a pas évo2 209 euros par mois (2 912 euros lué en 2014, à 30 000 euros. À l’inbrut), selon l’Insee. Du fait de l’inverse, l’expérience reste valoriflation, les actifs ont perdu 0,3 % sée : le salaire d’embauche d’un de pouvoir d’achat. La moitié des cadre ayant un à cinq ans d’expéFrançais gagne moins de rience s’est accru de 1 000 euros, 1 772 euros par mois. ■ pour atteindre 34 000 euros. CÉCILE CROUZEL £@ccrouzel 54 800 euros La moitié des cadres gagne plus de 48 000 euros par an, l’autre moitié moins. DENIS/REA Randstad met le « big data » au service de l’emploi En « recoupant les compétences, on voit que le métier de soudeur peut être exercé par des tuyauteurs et des métalliers » FRANÇOIS BÉHAREL, PRÉSIDENT DE RANDSTAD FRANCE Alors que plus de 3,8 millions de personnes pointent au chômage en France, quelque 330 000 emplois n’ont pas été pourvus en 2014, selon l’observatoire TEC (Tendance emploi compétence) du Medef. C’est 13 % des postes recherchés. Pour mettre fin à ce dysfonctionnement majeur et ancien du marché du travail, le gouvernement a lancé depuis 2013 un plan de 100 000 formations courtes et qualifiantes. Des acteurs privés cherchent aussi à agir. Ainsi l’entreprise de services en ressources humaines (recrutements, intérim, etc.), Randstad vient de lancer un nouvel outil d’appariement de l’offre et de la demande d’emploi, fondé sur un traitement massif de données (big data), mis au point par Oracle et Capgemini. Pour monter ce nouveau système, Randstad s’est appuyé sur sa propre base de 3 millions de CV, sur des données publiques de Pôle emploi ou de l’Acoss, et sur 12 millions d’annonces d’emploi publiées sur Internet. Le but ? Faire émerger des corrélations entre compétences et territoires. Davantage de profils « Avec notre outil, nous savons par exemple que dans tel département 3 personnes sont disponibles pour prendre un poste de soudeur. En recoupant les compétences, toujours grâce à notre outil, on voit que ce métier peut être exercé par des tuyauteurs et des métalliers. 20 personnes supplémentaires sont alors disponibles », explique François Béharel, le président du Groupe Randstad France, dont la société sera en mesure de proposer davantage de profils à ses clients. Elle espère ainsi améliorer sa performance de placement de 30 % à 40 %. Quant à ses clients, ils pourront prendre des décisions en toute connaissance de cause de la main-d’œuvre disponible dans un bassin d’emploi. La base sera également utile pour guider ceux qui cherchent un poste. Elle leur permettra par exemple de savoir dans quels départements un métier est particulièrement recherché par les entreprises. Grâce à la cartographie des compétences - 11 000 ont été recensées -, une personne pourra notamment plus facilement savoir comment utiliser ses acquis pour une réorientation, pour ensuite cibler des formations. Bref, la base Randstad sera un outil d’aide à la décision pour les entreprises, pour ceux qui cherchent du travail, voire pour les pouvoirs publics (par exemple pour mieux bâtir des plans de formation). ■ C. C. Le Nigeria compte sur la France pour échapper à sa dépendance au pétrole En visite d’État à Paris, le nouveau président, Buhari, a lancé un appel aux entreprises françaises. ANNE CHEYVIALLE £@AnneCheyvialle 300 km ALGÉRIE NIGER MALI NIGERIA Abuja Lagos A Infographie CAM. AFRIQUE « Il y a bien plus que le pétrole au Nigeria ! » C’est en substance le message qu’a délivré le président nigérian devant un parterre d’entrepreneurs français et africains. Dans le cadre d’une visite d’État de trois jours en France, Muhammadu Buhari participait, mardi, à un forum d’affaires organisé par le Medef. Il a insisté sur les richesses naturelles de son immense pays, devenu la première économie du continent devant l’Afrique du Sud, dressant un inventaire à la Prévert des ressources minières et agricoles : charbon, gaz, bauxite, manganèse, or, coton, blé, manioc, riz… Sans mentionner le pétrole. Et pour cause, le grand défi du pays qui subit de plein fouet la baisse des cours du baril, tombé de 110 dollars à 46 dollars en dixhuit mois, est d’accélérer la diversification et de sortir de la dépendance au pétrole. Certes, le Nigeria, assis sur les premières réserves d’Afrique, est moins monocentré que l’Angola ou le Gabon, mais l’or noir représente encore 90 % des exportations et assure les deux tiers des recettes de l’État. Difficulté supplémentaire, la baisse des prix ne peut être compensée par le volume car la production a baissé de presque 6 % entre 2010 et 2014. « C’est lié notamment au manque d’investissement, au sabotage récurrent des installations de production et à l’incertitude sur le cadre réglementaire », explicite Anne-Sophie Fèvre, expert Afrique de Coface, l’assureur-crédit. Le recul des prix du pétrole a une incidence directe sur la croissance qui a ralenti au deuxième trimestre à 2,3 %, contre près de 4 % sur le précédent trimestre. « Cela pèse sur les recettes d’exportations, les revenus de l’État et les investissements », complète l’économiste. Du coup, la prévision pour cette année a été revue en baisse : la hausse de PIB ne devrait pas dépasser 4,5 % contre 6 à 7 % précédemment. Le recul des recettes publiques va compliquer l’équation budgétaire du nouveau gouvernement qui devra faire des arbitrages malgré une faible dette de 11 % du PIB. Misant sur l’investissement privé, le président venu à Paris accompagné d’une impression- Le pays subit de plein fouet la baisse des cours du baril, tombé de 110 à 46 dollars en dix-huit mois. nante délégation a lancé un appel aux entreprises françaises, mettant en avant « la population jeune », « le coût bas de la maind’œuvre », « le secteur privé robuste » et une « législation favorable aux investisseurs ». Le chef de l’État a été élu en avril dernier sur la promesse de s’attaquer au fléau récurrent de la corruption. Autre enjeu majeur, la sécurité et la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram, qui a été le thème central de la rencontre, lundi soir, avec François Hollande. Dans une note, la société de conseil PWC cite la détérioration de la sécurité comme l’un des problèmes majeurs du pays. En 2014, le Nigeria arrivait au 170e rang sur 189 pays du classement de la Banque mondiale « Doing business » sur le climat des affaires. « Les investisseurs qui misaient sur le grand potentiel de croissance du Nigeria sont devenus nerveux », écrit PWC. En notant que les conditions de financement à long terme (notation du crédit et risque pays) se sont aussi dégradées. Les investissements directs étrangers sont tombés à leur niveau le plus bas en 2013. Nollywood La tonalité, mardi matin au Medef, était nettement plus optimiste autour de deux tables rondes centrées sur la ville durable et l’agro-industrie. Pierre Gattaz, le président du Medef, a vanté l’immense potentiel du Nigeria, fort d’une croissance moyenne annuelle de 6,8 % sur la dernière décennie et d’un développement AKINLEYE/REUTERS rapide de sa population. D’ici à 2050, le Nigeria sera le troisième pays le plus peuplé du monde derrière la Chine et l’Inde ! Les besoins du pays sont immenses pour nourrir, transporter, équiper, loger, éclairer son immense population. Autant d’opportunités pour les entreprises françaises qui ont une expertise reconnue pour répondre à ces défis. Nombre d’entre elles sont déjà bien implantées, à l’image de Total, Lafarge ou Alstom. Pierre Gattaz a souligné les grands pas déjà accomplis vers la diversification de l’économie. Aujourd’hui, 50 % du PIB vient des services : commerce, services financiers, télécommunications et… le cinéma. Le Nollywood nigérian est devenu presque aussi célèbre que le Bollywood indien. ■ LE FIGARO mercredi 16 septembre 2015 ENTREPRISES 23 Nomination controversée à la Banque de France Des économistes contestent le choix de François Villeroy de Galhau pour diriger l’institution, l’estimant exposé à un risque de « conflit d’intérêts ». FINANCE La perspective de la nomination de François Villeroy de Galhau à la tête de la Banque de France ne fait pas l’unanimité. On pouvait penser la polémique close depuis que, le 6 septembre dernier, l’Élysée avait officialisé le choix du président de la République. Il n’en est rien. Quelque 150 signataires, essentiellement des économistes dont Thomas Piketty, François Bourguignon ou Michel Aglietta, ont publié mardi une tribune dans Le Monde, afin de contester cette désignation. Ce texte relance la controverse à dix jours de l’audition, prévue le 29 septembre, de François Villeroy de Galhau par les commissions des finances de l’Assemblée nationale et du Sénat. Un examen de passage qui est en principe une formalité - il faut que les deux tiers des parlementaires en question s’y opposent pour déjuger le président de la République - mais qui en l’occurrence pourrait tourner à l’épreuve. Les économistes signataires de cette tribune, ainsi que les détracteurs plus discrets de la nomination de François Villeroy de Galhau, n’en font pas un combat ad hominem. L’inspecteur des finances et polytechnicien Villeroy de Galhau a le profil de l’emploi et suffisamment d’années de service au Trésor, une administration d’élite des rangs de laquelle sont souvent issus les gouverneurs de la banque centrale française, pour prétendre à la succession de Christian Noyer dont le mandat s’achève fin octobre. « Lobby bancaire » Mais François Villeroy de Galhau a aussi été, pendant douze ans, l’un des dirigeants de BNP Paribas. Ce qui, expliquent les auteurs de cette tribune, « l’expose à un grave problème de conflit d’intérêts ». « Il est totalement illusoire d’affirmer qu’on peut avoir servi l’industrie bancaire, puis quelques mois plus tard, en assurer le contrôle avec impartialité et en toute indépendance », écriventils. À leurs yeux, pour avoir travaillé chez BNP Paribas, François Villeroy sera sensible aux pressions du « lobby bancaire ». Or, si l’essentiel du pouvoir de politique monétaire et de tutelle du secteur bancaire est désormais du ressort de la Banque centrale européenne, à Francfort, la Ban- que de France conserve un rôle de supervision et de sanction. L’intéressé ne fait aucun commentaire, réservant ses réponses aux parlementaires. Ses partisans font cependant déjà valoir à la fois la réputation d’éthique du personnage, ainsi que les mesures « préventives » qu’il a prises. François Villeroy de Galhau a ainsi évidemment coupé tous ses liens financiers avec BNP Paribas, renonçant au passage à des stock-options. Et il s’est engagé à ne prendre aucune part dans les décisions individuelles qui pourraient directement concerner la première banque française. Il avait quitté la banque de la rue d’Antin dès le mois d’avril, pour se « mettre au service de son pays ». La ficelle était un peu grosse pour suffire à couper court aux reproches qui lui sont faits aujourd’hui. Paradoxalement, sa candidature à la Banque de la France est aussi controversée du fait de ses années dans le secteur public. François Villeroy de Galhau a travaillé pour plusieurs cabinets de gauche et a été le bras droit de Dominique Strauss-Kahn à Bercy. D’où le soupçon lancinant d’une nomination politique. François Villeroy de Galhau a été, pendant douze ans, l’un des dirigeants de BNP Paribas. FRANÇOIS BOUCHON/ LE FIGARO La réputation de François Villeroy de Galhau ne suffit manifestement pas à elle seule à éteindre la polémique. C’est le signe des temps, de cette période postcrise financière qui fait la chasse aux conflits d’intérêts et érige Castorama : des baisses de prix pour rebondir Dans un marché en berne, le groupe a accentué ses promotions et rogné sur ses marges. OLIVIA DÉTROYAT £@Oliviader L’enseigne, qui n’ouvrira pas de magasin en 2015 (ici à Créteil), mise sur le remodelage de ses 102 magasins français pour réinsuffler une dynamique. KENZO TRIBOUILLARD/AFP DISTRIBUTION Alors que Castorama va inaugurer le 13 octobre en grande pompe son nouveau concept à Antibes, « nous restons prudents sur les perspectives en France », a estimé mardi Véronique Laury, directrice générale de Kingfisher, la maison mère du champion français du bricolage. Locomotive pendant des années du groupe anglais qui l’a racheté en 2003, Castorama, qui représente plus d’un tiers des ventes de Kingfisher et 56 % des ventes françaises, ne brille plus sur un marché français du bricolage atone (+ 0,3 % selon la Banque de France). Malgré un léger mieux au printemps (+ 1,7 % entre mai et début juillet), le chiffre d’affaires a stagné sur les six premiers mois de l’exercice 2015-2016 (+ 0,2 % à surfaces égales), à 1,97 milliard d’euros. Couplée à la baisse des ventes de Brico Dépôt, l’autre enseigne tricolore de Kingfisher, qui souffre du ralentissement du marché immobilier, la France recule de 0,3 % sur la période. Cette situation, selon Kingfisher, est due au moral en berne des Français, et qui contraste avec la hausse inattendue de 3,3 % de la filiale britannique. Nouveau concept Depuis le départ fin 2014 de Véronique Laury, qui dirigeait l’enseigne depuis un an, le redressement de Castorama, priorité de Kingfisher, peine à se concrétiser. D’autant que le projet très avancé de rachat de Mr. Bricolage, troisième acteur français et qui aurait permis à Castorama de reprendre la tête du marché devant Leroy Merlin (Adeo), a finalement capoté en avril. Pour rester dans la course face à un leader en grande forme, Castorama et Brico Dépôt ont intensifié leurs promotions. Après avoir déjà baissé les prix sur 1000 références en 2013-2014, Castorama a mené « une activité promotionnelle plus soutenue », explique Kingfisher, qui ne chiffre pas les baisses tarifaires. Ces efforts ont pesé de 0,6 % sur la marge brute de la France et de 5,7 % sur le résultat semestriel d’exploitation, tombé à 167 millions. L’enseigne, qui n’ouvrira pas de magasin en 2015, mise sur le remodelage de ses 102 magasins français pour réinsuffler une dynamique. Les magasins de Val d’Europe (77) et de Carré de Soie, en région lyon- naise, non rentables, seront fermés. Celui de Villetaneuse, qui n’était plus aux standards Casto, est passé sous pavillon Brico Dépôt. Tandis qu’après Brest en avril, Angoulême, Besançon et Antibes rouvriront élargis et sous le nouveau concept. Chaque fois, près de 10 millions d’euros ont été investis, et jusqu’à 35 millions à Antibes. Cette dernière inauguration lèvera le voile sur les évolutions imaginées par Casto pour relancer les ventes. Déjà esquissées à Hénin-Beaumont et Brest, elles se veulent « inspirantes » pour des clients à la recherche d’idées déco : plus d’espaces projets (cuisine, salle de bains, chambre…), parcours client « en circuit » façon Ikea, espaces tests, mais aussi panneaux promotionnels en tête de gondole pour marteler le nouveau positionnement prix. ■ Quand les HLM se laissent tenter par le bois Promicea, créée par Guillaume Poitrinal et Philippe Zivkovic, construit 140 HLM pour 3F. JEAN-YVES GUÉRIN £@jyguerin 5 projets d’immeubles en bois sont étudiés actuellement par Promicea, soit 300 logements IMMOBILIER Les grands patrons de l’immobilier reviennent toujours à leurs premières amours. Guillaume Poitrinal a quitté son job de président du directoire chez Unibail en mars 2013. Philippe Zivkovic, qui a longtemps dirigé BNP Paribas Real Estate, y occupe depuis mi-2014 une fonction non opérationnelle de président du conseil de surveillance. Ensemble, ils ont créé en octobre 2014 Promicea, une société de promotion immobilière, spécialisée dans les petits programmes immobiliers en bois massif. Une aventure entrepreneuriale que Guillaume Poitrinal fait au travers de sa société Woodeum, spécialiste de la construction en bois. Une première opération est en train de sortir de terre : 140 HLM tout en bois à Ris- Orangis, dans l’Essonne, pour le très gros bailleur social 3F. Cet immeuble de quatre étages, dont la construction a commencé en juillet, a été dessiné par Jean-Michel Wilmotte. Il sera livré en août 2016. Au même coût qu’un bâtiment traditionnel. « Le premier avantage du bois massif, c’est la rapidité de construction, argumente Philippe Zivkovic. Nos 140 logements seront bâtis en 13 mois contre 18 mois au minimum avec le matériau habituel, le béton. » Une vitesse d’exécution due au fait que beaucoup d’éléments sont fabriqués en usine. Sur le chantier, il n’y a plus qu’à tout assembler comme un Lego un peu sophistiqué. L’autre atout du bois, c’est son côté écologique. « Les immeubles en bois ont une empreinte carbone beaucoup plus faible que les bâtiments traditionnels en béton », avance Guillaume Poitrinal. Une dimension qui pourrait devenir déterminante si l’empreinte carbone d’un bâtiment devient en 2018 un critère, comme Ségolène Royal l’a spécifié dans sa loi de transition énergétique. Des arguments qui ont convaincu le premier client de Promicea, 3F. « Nous avons choisi cette approche car elle nous permet d’avoir un immeuble qui consomme moins de gaz à effet de serre », affirme son directeur général, Yves Laffoucrière. Patrie du béton Reste que Promicea a du pain sur la planche pour convaincre des vertus du bois massif. En France, qui est la patrie du béton, moins de 10 % des constructions se font en bois. D’autre part, les défricheurs de la construction en bois ne peuvent pas revendiquer le « made in France » : comme la filière bois n’est pas très bien organisée dans l’Hexagone, Promicea est contraint de se fournir dans les forêts autrichiennes. Et l’usine qui fait le prémontage est également localisée dans ce pays. Pour l’instant, cette start-up qui compte moins de dix collaborateurs planche sur cinq autres projets en région parisienne. « Soit 300 logements », affirme Guillaume Poitrinal, qui a d’autres activités que Promicea. Avec des associés, il a notamment monté un fonds d’investissement baptisé Icamap, qui a levé 500 millions d’euros pour investir dans des foncières petites ou moyennes. Il a réalisé sa première opération au premier trimestre en prenant un petit ticket dans une foncière anglaise, Capital & Regional. Pas de doute, il y a une vie après les grosses entreprises. ■ l’indépendance en vertu cardinale. Les détracteurs de l’ancien directeur général délégué de BNP Paribas estiment donc que Benoît Coeuré, actuellement membre du directoire de la BCE, ferait un bien meilleur candidat. ■ EN BREF BOEING DÉBUTE L’ASSEMBLAGE DU PREMIER 737 MAX £ Boeing a débuté l’assemblage du premier 737 Max, la version remotorisée de son best-seller dans son usine de Renton (État de Washington). Le programme est en ligne avec le calendrier établi. Le premier appareil doit sortir d’usine fin 2015 en vue d’un premier vol d’essais début 2016. La première livraison est prévue au troisième trimestre 2017 à Southwest Airlines, sa compagnie de lancement. DIMANCHE : MACRON PRÊT À DISCUTER AVEC HIDALGO £ Emmanuel Macron a appelé mardi à la « responsabilité » la maire de Paris Anne Hidalgo, qui refuse le choix effectué par le ministre de l’Économie pour les zones touristiques internationales où les commerces pourront ouvrir le dimanche et le soir. Douze zones sont concernées à Paris, dont les Champs-Élysées, le boulevard Haussmann, le Marais ou encore Montmartre. Invitée à émettre un avis, la maire de Paris a écrit le 4 septembre un courrier au vitriol au ministre. Ce dernier s’est dit prêt à débattre avec Anne Hidalgo, mais uniquement de manière « constructive ». Les décrets seront publiés à la fin du mois. L’INFLATION EN AOÛT STABLE SUR UN AN £ Les prix à la consommation ont augmenté de 0,3 % en août par rapport à juillet, mais sont restés stables sur un an, a annoncé l’Insee mardi.Le gouvernement a prévu une inflation nulle en moyenne pour 2015. +@ » Reprise des ventes de maisons, après quatre ans de marasme » Énergie : l’électroménager français mal étiqueté www.lefigaro.fr/economie A BERTILLE BAYART £@BertilleBayart mercredi 16 septembre 2015 LE FIGARO 24 ENTREPRISES Uber et les taxis face au Conseil constitutionnel Les Sages se penchent sur le service UberPop. Leur décision est attendue d’ici à une semaine. « L’ensemble du secteur du partage dans le domaine automobile tombe sous le coup » de la loi Thévenoud, a affirmé hier devant les Sages Me Hugues Calvet, l’avocat d’Uber, selon qui la loi contrevient à la liberté d’entreprendre. Une position combattue à la fois par les taxis, par des sociétés de VTC concurrentes d’Uber et par le représentant du gouvernement. HUGUES CALVET AVOCAT D’UBER Nous sommes dans une situation d’incertitude juridique grave, incompatible avec la clarté, la certitude et la prévisibilité d’un texte pénal » TRANSPORTS Et revoilà la bataille des taxis ! Bien loin des scènes de guérilla urbaine qui avaient opposé en juin, dans les rues de Paris ou aux abords des aéroports, chauffeurs de taxis et chauffeurs privés, le débat a rebondi mardi dans le cadre beaucoup plus solennel du Conseil constitutionnel. C’est la désormais célèbre société californienne qui a saisi la juridiction suprême au travers d’une question prioritaire de constitutionnalité. Les Sages devront se prononcer d’ici une semaine sur la loi Thévenoud d’octobre 2014. Et dire si ce texte est fondé à interdire un service comme celui d’UberPop, qui permet à tout un chacun de devenir chauffeur occasionnel. Une formule qui a exacerbé l’exaspération des taxis, vent debout contre ce qu’ils considèrent être une concurrence déloyale, et provoqué par ricochet une riposte ferme du gouvernement au point qu’Uber a suspendu UberPop en juillet. Le verdict des Sages est donc lourd d’enjeux, à la fois pour Uber, pour ses concurrents, pour les taxis, et… pour le gouvernement, confronté à une bataille qu’il peine à contenir. Il pourrait aussi poser des jalons de jurisprudence pour toute l’économie dite « collaborative », en pleine croissance. JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO BERTILLE BAYART £@BertilleBayart Les Sages devront dire si la loi Thévenoud est fondée à interdire un service comme celui d’UberPop. S’agissant du seul transport par voiture, la loi Thévenoud restreint en effet le champ d’activité d’une part aux taxis et aux VTC (voitures de tourisme avec chauffeurs), c’està-dire dans les deux cas à des professionnels dûment titulaires d’une licence, et, d’autre part, au covoiturage, réservé aux particuliers. Mais elle interdit l’organisation par une plateforme numérique de services de transports par des particuliers « à titre onéreux ». Pour ses détracteurs, UberPop n’est pas du covoiturage, comme l’est un BlaBlaCar par exemple. Le principe du covoiturage serait d’être une activité non lucrative : le passager paie une participation aux frais du chauffeur, qui se contente d’amortir le coût d’utilisation de son véhicule. Le chauffeur UberPop, lui, recherche bien un revenu complémentaire. Sauf que, estime-t-on chez Uber, les frontières sont dans les faits moins évidentes, et la loi échouerait donc à distinguer les activités des unes et des autres. La définition du coût d’utilisation manque de précision. Et derrière la vitrine du covoiturage, certains particuliers se livreraient ainsi à une activité quasi professionnelle. Un phénomène qui tend à se développer dans d’autres secteurs d’activités, comme la location d’appartements par exemple. Une bataille sur trois fronts La décision du Conseil constitutionnel, quelle qu’elle soit, rouvrira la bataille sur trois fronts. Sur le terrain, Uber planche déjà à l’évolution de son offre commerciale. La société californienne, avant de suspendre UberPop, l’avait déjà fait évoluer en encourageant vivement l’adoption par ses chauffeurs du statut d’autoentrepreneurs. En justice, elle influera potentiellement sur le procès d’Uber France et de ses dirigeants, convoqués devant le tribunal de grande instance le 30 septembre. Sur le plan politique, enfin, le gouvernement risque de devoir remettre l’ouvrage de la loi Thévenoud sur le métier. Un chantier auquel Emmanuel Macron, le ministre de l’Économie, entendait s’attaquer dans le cadre de sa future loi Macron 2. Sauf que, à ce jour, les syndicats de taxis notamment ont refusé de participer à la table ronde qu’espérait réunir le ministre. ■ Les constructeurs allemands préparent leur riposte à Tesla Alors que l’américain lance son SUV, le Model X, Porsche et Audi dévoilent leurs projets de bolides électriques. EMMANUEL EGLOFF £@eegloff ENVOYÉ SPÉCIAL À FRANCFORT INDUSTRIE La Tesla Model X, premier SUV du constructeur de véhicules électriques haut de gamme, n’est pas présentée au salon de Francfort, qui a ouvert ses portes mardi 15 septembre dans la capitale du Land de Hesse. Le nouveau véhicule commence pourtant ces joursci sa carrière commerciale aux États-Unis. Les commandes sont déjà prises depuis plusieurs mois et les premières livraisons sont prévues à la fin du mois. Avec son Model X le constructeur américain pourrait atteindre son objectif de 50 000 livraisons sur 2015. Un objectif revu par rapport à une précédente estimation de 55 000. Cette légère déception n’empêche pas la plupart des acteurs traditionnels du monde de l’automobile de regarder avec envie les performances du constructeur américain. Au premier semestre de 2015, Tesla occupe tout simplement le premier rang parmi les véhicules électriques aux États-Unis, avec 11 600 ventes. En Europe, il est quatrième, derrière Nissan, Renault et Volkswagen, avec 7 166 immatriculations. Sa présence en Chine est plus modeste, avec un peu plus de 2 000 véhicules vendus sur les six premiers mois de l’année. Mais Tes- la est le seul constructeur étranger à s’immiscer parmi des marques chinoises sur ce segment du véhicule électrique. Une autre dimension Ces performances sont remarquables pour un véhicule vendu à partir de 70 000 dollars et une marque qui n’existait pas il y a dix ans. L’arrivée de la Model X mais aussi de la Model 3, qui sera dévoilée au printemps et vendue deux fois moins cher que l’actuel Model S, pourrait faire entrer Tesla dans une autre dimension en termes de volu- LES DÉCIDEURS â XAVIER ROYAUX McDonald’s Arrivé en 2010 comme vice-président chargé du marketing, de la marque et du produit, cet ancien de Saatchi & Saatchi qui fut aussi DG de BETC-Euro RSCG est promu directeur marketing et intègre le comex France. Il supervisera aussi le département études et stratégies consommateurs. Delphine Smagghe, vice-présidente communication et développement durable, coiffera de son côté le département achats, qualité, logistique. â JOHN KRAFCIK Google Ce vétéran de l’automobile rejoint le projet de voiture autonome du géant Internet américain comme directeur général. Ancien de Ford, il a passé dix ans chez Hyundai Motor America, dont cinq ans comme DG, jusqu’en 2014. Dernièrement il était président de TrueCar, une plate-forme en ligne spécialisée dans les données sur les prix de ventes des voitures. A â ANA GIROS CALPE Suez Après avoir réalisé l’essentiel de son parcours chez Alstom Transport, où elle pilotait la division France, cette ingénieur de 41 ans rejoint Suez pour prendre les rênes de la business unit Europe-Amérique latine. La Tesla Model X sera vendue deux fois moins cher que l’actuel Model S. TESLA mes de ventes. C’est l’ambition d’Elon Musk, le patron de Tesla, qui espère pouvoir produire 500 000 véhicules par an d’ici à 2020. C’est, en tout cas, ce que semblent craindre les constructeurs allemands qui dominent le marché mondial du premium. Audi prépare ainsi pour 2018 le lancement d’un grand SU sportif tout électrique d’une autonomie de 500 km. La presse spécialisée a aussitôt surnommé ce modèle la « tueuse de Tesla » tant elle paraît conçue pour aller affronter la Model X. Quant à Porsche, il profite du salon de PAR Carole Bellemare avec Corinne Caillaud Jean-Claude Maillard, le PDG de Figeac Aéro, reçoit le Prix de l’audace créatrice à l’Élysée â robotisation et création Costume bleu, sild’emplois ». Ses perhouette sportive formances ont aussi d’ancien rugbyman séduit les membres du et voix chantante du jury du trophée créé en Sud-Ouest, c’est un 1996 par Marc Ladreit entrepreneur « bien de Lacharrière et dont dans ses bottes » qui Le Figaro est partenais’est vu remettre re. « Aero Figeac est le mardi à l’Élysée le pur produit de la France Prix de l’audace créatrice des mains Le fondateur de l’entreprise du Lot (à droite) s’est qui gagne et un pied de de François Hollan- vu récompenser par le chef de l’État en présence nez à ceux qui se poside. Jusqu’à renoncer de l’initiateur du prix Marc Ladreit de Lacharrière. tionnent dans le défaitisme », s’est enflamà son discours pour mé le président-fondateur de Fimalac, dont le s’adresser très directement à l’assemblée de chef de l’État, escorté d’Emmanuel Macron et plus de 300 patrons et même à interpeller le d’Axelle Lemaire (Économie numérique), a chef de l’État sur la question du financement aussi pointé la propre réussite. Fervent hymne des entreprises… à l’entreprise, donc… À 58 ans, Jean-Claude Maillard, le patronSa « start-up », Jean-Claude Maillard l’a fonfondateur du sous-traitant aéronautique dée en 1989, à 32 ans, avec 120 000 francs en Figeac Aéro, dans le Lot, a l’humilité et la tranpoche. Cotée sur Alternext en 2013 (12 %), elle quille assurance de l’homme qui a réussi. Provaut aujourd’hui 500 millions d’euros. Et cet gression spectaculaire du chiffre d’affaires ingénieur, fils d’agriculteurs qui débuta chez (204 millions), du résultat d’exploitation Ratier Figeac, voit loin. Réalisant déjà 35 % (31 millions) et des effectifs (1 800 salariés) : des ventes à l’export, il a racheté l’an dernier pour François Hollande, Figeac Aéro est « une une entreprise aux États-Unis, « le plus grand entreprise exceptionnelle ». Il l’avait déjà visimarché du monde ». Le rêve américain, pour tée en avril en lançant le plan « Industrie du l’enfant de Figeac qui vise dès lors le demifutur ». Une firme qui crée, innove et est la milliard en 2018. preuve qu’« il n’y a pas de contradiction entre C. B. Francfort pour dévoiler un concept car tout électrique (nos éditions du 15 septembre). Mercedes, enfin, a annoncé il y a quelques semaines, par la voix de son directeur de la recherche, qu’il travaillait sur un modèle hautement compétitif de véhicule électrique de 400 à 500 km d’autonomie. Là aussi, la comparaison avec Tesla s’impose immédiatement. Ces modèles arriveront cependant sur le marché quelques années après le Model X. Tesla espère avoir alors acquis des positions solides sur ce marché du véhicule électrique, où la valeur des marques peut différer de celle qui a cours pour les motorisations traditionnelles. ■ www.lefigaro.fr/decideurs â THOMAS DEVEDJIAN Eramet Directeur des investissements de Yam Invest et DG de Time for Growth depuis 2014, cet énarque et HEC de 44 ans qui œuvra pour Eurazeo et le FSI (où il supervisait le dossier Eramet) intègre le groupe minier comme directeur délégué et membre du comex. Le fils du député Patrick Devedjian en deviendra en janvier le grand argentier et DGA auprès de Patrick Buffet. â MARC GENEVOIS SAP Chez le numéro un mondial des logiciels de gestion depuis 2002, il succéde au Belge Henri Van der Vaeren à la tête de la filiale tricolore. Depuis un an, Marc Genevois dirigeait les opérations France. â MASSIMO TONONI Banca Monte dei Paschi di Siena C’est cet ancien de Goldman Sachs, passé aussi par les Finances en Italie, qui a été élu mardi par l’AG à la tête de la banque toscane en difficulté. À 51 ans, l’ex-président de Borsa Italiana et actuel président du groupe Prysmian remplacera à Sienne Alessandro Profumo, qui présidait BMPS depuis 2012 et a démissionné cet été. LE FIGARO TECH mercredi 16 septembre 2015 25 Technicolor s’impose dans les effets visuels pour la pub Le français rachète le britannique The Mill et lève 500 millions d’euros d’argent frais pour financer ses récentes acquisitions. ELSA BEMBARON£@elsabembaron AUDIOVISUEL Technicolor poursuit ses acquisitions. Après avoir racheté le leader français des effets spéciaux pour la publicité, Mikros Images, en avril, le groupe met la main sur le numéro un mondial du secteur, le britannique The Mill, pour 259 millions d’euros. Entre-temps, Technicolor a aussi acquis la division Connected Devices de l’américain Cisco (acteur de la maison connectée), pour 550 millions d’euros. « Ces rachats s’inscrivent dans la stratégie de Technicolor, qui se renforce dans ses métiers : la maison connectée d’une part et les effets visuels et l’animation pour les films, les séries, la publicité et les jeux vidéo, d’autre part. Nous achetons des métiers que nous connaissons bien », mentionne Frédéric Rose, le directeur général de Technicolor. Pour financer ces acquisitions, Technicolor fait appel au marché. Le groupe va lancer une augmentation de capital de 225 millions d’euros, assortie d’un emprunt de 375 millions d’euros. « Nous avons reconstruit péniblement le bilan de Technicolor pendant de longues années. Nous privilégions un montage qui maintient une structure financière saine », insiste Frédéric Rose. Le groupe conserve même une marge de manœuvre pour réaliser de nouvelles acqui- LES OPÉRATIONS DE TECHNICOLOR EN MILLIONS D’EUROS 375 225 millions d’emprunt millions d’augmentation de capital 259 millions pour le rachat de The Mill 550 millions pour le rachat de la division Connected Devices de Cisco sitions, toujours dans ses métiers autour des effets visuels. Ainsi, le français est au générique de bon nombre de superproductions américaines. Il s’est fait une spécialité des catastrophes naturelles et des mouvements de foule réalisés en studio ! Dans le dernier Terminator, le « jeune » Arnold Schwarzenegger est entièrement réalisé en images de synthèse. « Une première technologique », précise Frédéric Rose. Dans les prochaines semaines, Batman versus Superman et The Martian, avec Matt Damon, débarqueront sur les écrans. Et avec eux, leur lot d’effet visuels « made in Technicolor ». Réalité virtuelle Dans un registre proche, The Mill s’est imposé dans les effets spéciaux pour la publicité. Des synergies pourront être réalisées avec les autres activités du groupe. Les techniques sont les mêmes, seuls les marchés sont différents. « La prochaine révolution viendra des spots publicitaires. Leur format est en train de changer. L’avenir appartient aux longues histoires, avec des films de deux à cinq minutes diffusés sur le Web. Ces nouveaux clips sont demandeurs de technologies plus avancées », explique Frédéric Rose, qui lorgne en outre la réalité virtuelle. En effet, le groupe s’intéresse à un domaine en pleine expansion, la réalité virtuelle. Les applica- Le Discovery Drone de Silverlit sera vendu au prix d’un jouet (79,99 euros). SILVERLIT tions sont multiples dans le domaine publicitaire. Par exemple, les croisiéristes peuvent organiser des visites virtuelles de bateau, les concessionnaires automobiles peuvent proposer à leurs clients de configurer en temps réel leur future voiture. Pour cela, il suffit d’un casque de réalité virtuelle et d’un contenu réalisé par Technicolor. Avec l’acquisition de The Mill, le groupe mise sur une augmentation de ses activités dans ce domaine. Ces nouvelles activités vont permettre à Technicolor d’engranger rapidement de nouveaux revenus. Un point fondamental alors que le groupe s’apprête à faire face à l’extinction, l’année prochaine, des revenus tirés des brevets sur la norme MPEG-2. Technicolor détient de nombreux brevets, qui génèrent quelque 200 millions d’euros d’excédent brut d’exploitation. « Les analystes redoutaient le “trou d’air du MPEG-2”. Il n’aura pas lieu. Avec ces acquisitions, nous atteindrons en 2017 nos objectifs prévus pour 2020 », se félicite Frédéric Rose. Le groupe sera aussi moins dépendant des licences sur ses brevets. Actuellement, ces dernières génèrent environ 65 % de son résultat d’exploitation, proportion qui devrait passer sous la barre des 40 %. Cela devrait donner plus de lisibilité aux comptes de l’entreprise et satisfaire ainsi les investisseurs. ■ Dans le dernier Terminator, Arnold Schwarzenegger « jeune » est entièrement créé en images de synthèses par Technicolor. PARAMOUNT PICTURES Les jouets connectés en pole position pour Noël Peluches interactives, drones et robots seront les moteurs du marché, au côté de la licence « Star Wars ». KEREN LENTSCHNER £@Klentschner JOUETS Les drones best-sellers de Noël ? L’offre, en tout cas, s’étoffe dans les magasins de jouets. L’italien Mondo rivalise avec le chinois Silverlit : tous deux ont présenté leurs modèles la semaine dernière au Salon du jouet du Carrousel du Louvre, à Paris. Ceux de Mondo, destinés aux enfants de plus de 8 ans, volent jusqu’à 50 mètres de haut. Le X31 peut être piloté à partir d’un smartphone tandis que le Discovery Drone (79,99 euros) de Silverlit est équipé d’une caméra ajustable et d’un appareil photo. « Cette année, ce sont les premiers drones vendus aux prix de jouets », constate Bruno Bokanowski, directeur de la rédaction de la Revue du jouet. Des jouets qui présentent l’avantage d’être transgénérationnels. D’autres jouets high-tech se glisseront cette année dans la hotte du Père Noël. « L’offre s’est vraiment sophistiquée, la technologie apporte aujourd’hui une vraie valeur ajoutée, constate Frédérique Tutt, spécialiste du jouet chez NPD. Jusqu’à l’an passé, le high-tech faisait encore figure de gadget et l’offre se limitait à quelques jouets, notamment le plus emblématique, Furby, la peluche d’Hasbro. » Les jouets connectés restent un marché de niche en raison de leur prix (jusqu’à 200 euros pour le robot de Meccano). Les achats se concentrent donc surtout sur la fin de l’année. Et les Français - plus frileux que les Anglo-Saxons face au high-tech lorsqu’il s’agit de leurs enfants - leur offrent plus tard tablettes et smartphones. Il n’empêche, la catégorie – encore modeste (20 millions d’euros en 2014, soit 0,6 % d’un marché de 3,2 milliards de chiffre d’affaires) - est en pleine expansion. Les ventes depuis le début de l’année sont en progression de 53 %, selon NPD. « Nous voyons apparaître des nouveautés très intéressantes qui devraient contribuer à grossir ce nouveau segment », ajoute Frédérique Tutt. Le high-tech ne se limite plus aux tablettes. Il se propage des peluches aux… établis des petits garçons. Smoby (Simba) fait ainsi le pari d’apprendre le nom des outils ainsi que leur utilisation aux apprentis bricoleurs grâce à une application dédiée. La peluche My Friend Freddy (Vivid Imaginations) raconte des histoires et propose des jeux. Même le très traditionnel Meccano, racheté il y a deux ans par le canadien Spin Master, lance un robot géant à construire, Meccanoid. Il concurrencera le minirobot BB-8 Star Wars de Disney, qui se pilote avec un smartphone ou une tablette. La marque américaine Crayola permet, elle, aux fillettes de donner vie à leurs créations de mode et de les faire défiler sur une tablette. Coup de fouet Quant aux spécialistes des jouets high-tech, ils ne sont pas en reste. Lexibook, champion des tablettes ludoéducatives, lance Marbo, un robot-pingouin qui danse, fait des imitations et enseigne aussi l’anglais. Le chinois VTech, leader des jouets électroniques, propose de son côté Digigo, un portable pour les 4-9 ans qui leur permet d’envoyer facilement textes et messages vocaux à leurs parents. Tous espèrent que les jouets connectés permettront, aux côtés des produits dérivés Star Wars (Lego, Hasbro, Mattel, Jakks Pacific…), de redonner un coup de fouet au marché et de rattraper le retard du début d’année (- 2 % à fin juillet). L’activité a pâti de l’absence des bracelets Loom et des cartes Panini de la Coupe du monde de foot, qui l’avaient dopée l’an passé. NPD table sur une croissance de 1 % du marché du jouet en 2015. ■ LA SÉANCE DU MARDI 15 SEPTEMBRE 2015 JOUR %VAR. -0,57 +0,72 +1,01 +0,13 +0,83 +2,16 +1,77 +0,93 +0,3 +1,43 +0,99 +1,25 +1,45 -3,58 -0,53 +1,22 +0,95 +1,95 +0,73 +1,29 +HAUTJOUR 42,41 106,05 55,43 3,188 28,605 6,27 22,55 55,54 34,11 79,62 27,08 11,385 54,03 17,1 15,17 108,05 144,1 147,35 52,96 50,32 JOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12 41,54 103,9 54,2 3,139 28,18 5,979 21,995 54,21 33,525 78,13 26,38 11,135 52,88 16,465 14,55 106,3 141,3 144,05 51,9 49,315 0,536 0,19 0,267 0,397 0,276 0,707 0,223 0,2 0,183 0,361 0,531 0,298 0,266 0,182 0,332 0,421 0,262 0,126 0,158 0,175 +11,78 +2,43 +33,16 +6,4 +5,98 -31,33 +16,64 +11,81 +13,08 +33,12 +6,64 +5,3 -1,07 -25,72 -22,54 +15,94 -9,97 +5,35 -9,25 +15,01 LVMH .............................................. 149,9 ♣ MICHELIN .............................................. 83,03 ORANGE ..............................................13,825 PERNOD RICARD .................................. 88,99 PEUGEOT .............................................. 15,725 ♣ 61,58 PUBLICIS GROUPE SA ............................. RENAULT .............................................. 74,2 SAFRAN ..............................................68,37 SAINT GOBAIN ..................................41,08 SANOFI ..............................................87,99 SCHNEIDER ELECTRIC ............................. 55,63 SOCIETE GENERALE ♣ .................................. 42,03 SOLVAY .............................................. 100,2 TECHNIP ♣ ..............................................43,785 TOTAL .............................................. 40,985 UNIBAIL-RODAMCO .................................. 220,45 VALEO ..............................................117,65 VEOLIA ENVIRON. .................................. 20,195 VINCI♣.............................................. 58 VIVENDI ..............................................21,105 LE CONSEIL DE ROLAND LASKINE L’action Total est arrivée hier en tête des plus fortes hausses de l’indice CAC 40 à 40,98 euros (+ 3,07 %). Depuis le début de l’année, le titre est toujours en repli de près de 4 %, mais la baisse du cours est moins importante que celle du baril de pétrole de %VAR. +1,49 +1,26 +0,29 +0,32 +0,96 +0,46 +1,41 +2,27 +1,71 +0,41 +1,44 +0,94 +0,2 +1,4 +3,07 -0,59 +1,69 +0,82 +1,19 +0,52 +HAUTJOUR +BAS JOUR 150,55 83,56 13,925 89,34 15,855 61,91 74,78 68,5 41,275 88,93 56,01 42,405 101 44,07 41,16 223 118 20,385 58,3 21,215 146,85 81,9 13,615 88,14 15,49 60,87 73,02 66,86 40,155 87,64 54,87 41,23 99,4 42,17 39,6 219,65 115,8 20,04 57,29 20,92 %CAP.ECH 0,147 0,226 0,215 0,23 0,81 0,163 0,277 0,302 0,297 0,18 0,253 0,345 0,275 0,867 0,344 0,357 0,614 0,496 0,238 0,356 31/12 +13,35 +10,31 -2,3 -3,54 +53,86 +3,25 +22,58 +33,4 +16,61 +16,3 -8,22 +20,12 -10,85 -11,39 -3,61 +3,57 +13,56 +36,87 +27,44 +2,01 LES DEVISES MONNAIE AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG JAPON ................................................................................ YEN SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN MAROC ................................................................................ DIHRAM TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE CHINE ................................................................................ YUAN INDE ................................................................................ ROUPIE ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN SICAV ET FCP 1 EURO= 1,5885 1,4984 0,7346 8,7731 135,44 1,0971 1,132 2,206 10,9184 3,4298 8,8574 7,2107 75,1238 119,3492 AUD CAD GBP HKD JPY CHF USD TND MAD TRY EGP CNY INR DZD L’OR JOUR VEILLE 31/12 COTATION QUOTIDIENNE ASSURÉE PAR TESSI-CPOR www.cpordevises.com LINGOT DE 1KG ENV ..................................................... 31420 31550 -0,57 NAPOLEON ..................................................... 187,9 187,8 +0,59 PIECE 10 DOL USA ..................................................... 515 575 -10,43 PIECE 10 FLORINS ..................................................... 192 192 PIECE 20 DOLLARS ..................................................... 1051 1055 -2,69 PIECE 20F TUNISIE ..................................................... 182 182 -1,62 PIECE 5 DOL US (H) ..................................................... 303 305 +5,21 PIECE 50 PESOS MEX ..................................................... 1205 1200 +1,69 PIECE FR 10 FR (H) ..................................................... 107 105 +1,9 PIECE SUISSE 20F ..................................................... 186 186,1 -0,43 PIECE LATINE 20F ..................................................... 186 184,5 -0,43 SOUVERAIN ..................................................... 240,5 230,1 +0,63 KRUGERRAND .....................................................1027 1040 -2,19 VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS VALEUR DATE DE LIQUID. VALORISAT. SICAV UNI HOCHE C ................................................ 245,29 11/09/15 RETROUVEZ BETELGEUSE ................................................ 45,88 11/09/15 BELLATRIX C ................................................ 299,04 11/09/15 VICTOIRE SIRIUS ................................................ 48,59 11/09/15 SITE D’INFORMATIONS EXCLUSIVES WWW.WANSQUARE.COM [email protected] brent à Londres qui a dévissé de 20 % sur la même période. La résistance du cours de Total à la chute du prix du brut s’explique par la capacité des grands groupes pétroliers à sauver leurs résultats en cédant les actifs et surtout en coupant dans les dépenses d’exploration. L’an dernier, le groupe français a réduit ses investissements de 7 %, à 26,4 milliards de dollars, et, pour 2015, les dirigeants comptent procéder à 2 ou 3 milliards de dollars d’économies supplémentaires. Largement de quoi maintenir le dividende à 2,44 euros et assurer aux actionnaires un rendement net très attractif de plus de 6 %. Le cours de Total est aussi porté par une note de Goldman Sachs qui recommande le titre à l’achat avec un objectif de cours fixé à 47 euros. Pour la banque américaine, le pétrolier français présente même le plus fort potentiel de hausse dans le secteur en Europe. Les analystes s’attendent enfin à l’annonce de bonnes nouvelles lors de la journée investisseurs qui se tiendra à Londres le 23 septembre. ■ A LE CAC ACCOR .............................................. 41,74 ♣ AIR LIQUIDE .................................. 105,35 AIRBUS GROUP ..................................55,06 ALCATEL-LUCENT .................................. 3,16 ALSTOM ..............................................28,465 ARCELORMITTAL .................................. 6,241 AXA .............................................. 22,4 BNP PARIBAS ACT.A .................................. 55,08 BOUYGUES .............................................. 33,9 CAP GEMINI .................................. 79,18 CARREFOUR .............................................. 26,98 CREDIT AGRICOLE .................................. 11,33 DANONE ..............................................53,87 EDF .............................................. 16,955 ENGIE .............................................. 15,05 ESSILOR INTL. ..................................107,45 KERING ..............................................143,6 L'OREAL ..............................................146,75 LAFARGEHOLCIM .................................. 52,71 LEGRAND ..............................................50,08 mercredi 16 septembre 2015 LE FIGARO 26 MÉDIAS et PUBLICITÉ France Télévisions prévoit un déficit de 50 millions d’euros en 2016 CAROLINE SALLÉ £@carolinesalle AUDIOVISUEL Pour renflouer les caisses de France Télévisions, sa nouvelle présidente, Delphine Ernotte, espérait « fromage et dessert ». Autrement dit une augmentation de la redevance et un retour de la publicité après 20 heures. Raté. Ce sera finalement « régime », comme elle l’a elle-même tweeté. Voire même mise à la diète stricte, puisque le groupe audiovisuel public s’attend à un déficit de 50 millions d’euros en 2016. Dans une lettre adressée lundi aux administrateurs de la télévision publique, que Le Figaro s’est procurée, la nouvelle présidente tire la sonnette d’alarme sur les finances du groupe. « La ministre de la Culture a rendu public ce week-end un arbitrage du gouvernement concernant l’audiovisuel public », écrit Delphine Ernotte. Dimanche, Fleur Pellerin annonçait dans les colonnes du JDD que la redevance n’augmenterait que d’un euro pour passer à 137 euros et qu’il n’y aurait pas de retour de la publicité après 20 heures mais une taxe plus élevée sur les opérateurs télécoms. Mais cela compensera tout juste la baisse de la dotation budgétaire de l’État. « Compte tenu des hypothèses budgétaires communiquées par notre actionnaire, les ressources publiques pour France Télévisions seraient au mieux stables en 2016 par rapport à 2015. » Un financement en berne combiné à une baisse des recettes publicitaires entraîneraient une diminution des ressources globales de l’entreprise en 2016, avance la nouvelle présidente. Si cette prévision se confirmait, elle « conduirait à un déficit prévi- sionnel pour 2016 de l’ordre de 50 millions, malgré la prise en compte d’hypothèses d’économies par rapport à 2015 », indique Delphine Ernotte. Effet de ciseau Une mauvaise nouvelle pour le service public, qui devrait afficher une perte de 10 millions d’euros à la fin de l’année après un trou de 38,4 millions d’euros de déficit en 2014. Au printemps dernier, dans son rapport sur l’avenir de France Télévisions, Marc Schwartz avait pointé « l’effet de ciseau entre ressources et charges » qui « amènerait l’entreprise Delphine Ernotte, présidente dans une situation non soude France Télévisions. tenable financièrement, avec un résultat négatif atteignant rapidement plusieurs dizaines de millions d’euros ». Il semblerait que le scénario se vérifie plus vite que prévu. Mais, cette fois, il était connu, aussi bien de l’État actionnaire que de Delphine Ernotte. Le déficit de 50 millions envisagé pour 2016 pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs. D’abord, la montée en puissance de la TNT, renforcée par la possible arrivée en clair de LCI ou de Paris Première, devrait encore affaiblir la régie du groupe et entraîner une baisse supérieure à 5 % de ses recettes publicitaires. Ensuite, l’année étant riche en événements, dont la retransmission des Jeux olympiques d’été, la couverture des primaires et les élections américaines, on peut estimer que les coûts de grille seront revus à la hausse. Enfin, même en tablant sur une augmentation mo- deste des charges structurelles, de l’ordre de 1 à 1,5 %, cela plomberait encore les comptes de plus de 25 millions d’euros. Afin de colmater les brèches, Delphine Ernotte a d’ores et déjà « demandé à l’ensemble des équipes de préparer un plan d’économies, à l’exclusion de tout nouveau plan de départ », dans le prolongement des 70 millions d’euros d’économie réalisés depuis trois ans. Insuffisant néanmoins pour enrayer le déficit chronique de France Télévisions. La dirigeante insiste sur le fait qu’il faut « repenser la stratégie globale » et reposer « la question de notre capacité à remplir l’ensemble de nos missions ». En clair, pour Delphine Ernotte, soit les ressources augmentent, soit le périmètre du service public diminue. Mais pas question de se serrer encore plus la ceinture. ■ aux auditeurs. Depuis dix ans, l’audience de la station a tout simplement doublé, passant de 551 000 à 1,18 million d’auditeurs par jour, ce qui correspond à 2,2 % d’audience cumulée, selon Médiamétrie. La station dirigée par Étienne Mougeotte vient de recevoir le prix de la meilleure radio de l’année 2015 décerné par le magazine CB News. complice de longue date, Claire Chazal, anime une émission culturelle le samedi à 13 heures. Elle y reçoit les artistes qu’elle admire : musiciens, comédiens, danseurs, écrivains, réalisateurs… Va-t-elle accroître sa présence à l’antenne de Radio Classique ? « Nous sommes ouverts à toutes les possibilités. Nous aimerions faire plus de chemin ensemble », avoue Jean-Francis Pécresse. Après une forte progression d’audience, la station semble avoir atteint un palier. « Radio Classique reste une radio de niche. Pour que l’audience progresse encore, il faut aller chercher de nouveaux auditeurs sur le numérique, notamment sur le mobile, et multiplier notre présence sur les réseaux sociaux », ajoute Jean-Francis Pécresse. La station table aussi sur l’obtention de quelques nouveaux émetteurs. « Avec six fois moins d’émetteurs que France Musique, nous réalisons 50 % d’audience de plus. Sans oublier que notre budget est nettement inférieur », souligne le directeur de la rédaction. ■ Radio Classique, élue radio de l’année 2015 La station dirigée par Étienne Mougeotte a doublé son audience. ENGUÉRAND RENAULT £@erenault RADIO Au lendemain de ses adieux dimanche dernier au 20 heures de TF1 du week-end, Claire Chazal retrouve l’équipe de Radio Classique dans laquelle elle évolue déjà depuis 2006. « Il y a une véritable complicité entre les grandes voix de la station : Guillaume Durand, Ève Ruggiéri, Christian Morin, Patrick Poivre d’Arvor et Claire Chazal. Nous avons même accueilli Gérard Leclerc récemment. Toutes ces personnalités apprécient de travailler à Radio Classique car c’est l’une des rares stations où l’on peut s’offrir le luxe de la qualité sans avoir besoin d’aller chercher de sujets racoleurs », explique JeanFrancis Pécresse, le directeur de la rédaction. « Les animateurs ont la possibilité de parler de sujets internationaux, de culture et d’économie en ayant du temps pour approfondir les sujets », ajoute-t-il. Ce ton particulier semble plaire Patrick Poivre d’Arvor, Étienne Mougeotte et Claire Chazal dans les studios de Radio Classique, le 14 septembre. JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO “ La quasi-intégralité des auditeurs recrutés ces dernières années ont moins de 50 ans ” C JEAN-FRANCIS PÉCRESSE, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION DE RADIO CLASSIQUE En arrivant à la tête de Radio Classique fin 2012, Étienne Mougeotte a retrouvé nombre de ses anciens protégés de TF1. Paradoxalement, la présence d’animateurs chevronnés a séduit un auditoire plus jeune et actif. « La quasi-intégralité des auditeurs recrutés ces dernières années ont moins de 50 ans. Ils viennent chercher de l’information de qualité et aiment écouter de la musique classique mais pas élitiste », souligne le directeur de la rédaction. Filiale du groupe Les Échos qui appartient à Bernard Arnault, la station, qui s’est longtemps cherchée, semble avoir trouvé son modèle. En arrivant, Étienne Mougeotte a défini une cohérence entre les tranches d’information et celles dédiées à la musique avec un habillage commun et l’instauration de passerelles entre les deux mondes. Aujourd’hui, l’information occupe l’antenne pendant deux heures trente le matin, et Patrick Poivre d’Arvor anime une tranche d’actualité et de culture le soir entre 19 heures et 20 heures. Sa EN BREF LAGARDÈRE UNLIMITED CHANGE DE NOM £ Alors qu’elle poursuit son redressement, la filiale du groupe Lagardère dédiée au sport est rebaptisée Lagardère Sports and Entertainment. ALTICE VEND DES ACTIFS AU PORTUGAL £ Le groupe de télécoms est en discussion avec le fonds Apax France pour lui céder ses filiales portugaises Cabovisao et ONI, dont il doit se défaire après le rachat de Portugal Telecom. MIGUEL MEDINA/AFP Delphine Ernotte, la nouvelle dirigeante du groupe, a déjà annoncé un plan d’économie.