Mise en page 1 - Hôtel de La Résidence Saint

DÉCRYPTAGE
la fEmmE dU mOIS
MURIEL BANCAL
Une passion sénégalaise
UN CœUR dE ChallENgER
À ceci près que l’hôtellerie n’était pas
tout à fait une nouveauté. «Je suis tombée dans la marmite quand j’étais petite»,
s’amuse Muriel Bancal. Entre 1980 et
1983, alors lycéenne, elle remplace tous
les étés sa mère à la direction de l’Hôtel
de la Poste, à Saint-Louis, où officient
une trentaine d’employés. Une expérience inhabituelle à cet âge, qu’elle relativise sans fausse humilité : «J’ai toujours travaillé. Pour moi, c’était naturel
d’aider les parents quand ils partaient en
vacances». Mais cet épisode en dit long
sur son caractère : derrière une réserve
frisant la timidité, Muriel Bancal dissimule des trésors d’énergie. Des qualités
BIO EXPRESS
1963 : naissance à Bordeaux.
1976 : arrivée à Saint-Louis du Sénégal.
1980 : rencontre avec son futur mari.
1988 : rachat de l’hôtel Résidence.
2013 : réouverture du campement lodge
Océan & Savane.
indispensables pour mener toutes ses
barques. Car au fil du temps, tandis que
leurs deux filles grandissent, les activités du couple prennent de l’ampleur. En
1994, ils créent le campement Océan &
Savane sur la Langue de Barbarie ; en
1997, ils fondent l’agence réceptive Sahel Découverte ; et en 2005, ils remettent en service le légendaire bateau Bou
El Mogdad sur le fleuve Sénégal. Le tout
avec l’aide d’associés. De quoi permettre
à cette femme discrète mais attentive
aux autres (elle est très impliquée dans
le tissu associatif) de nourrir ses passions. À la tête des deux hôtels, elle
donne libre cours à son goût pour la
déco – «j’aime faire travailler les artisans
locaux» – et à ses talents de cordon bleu
– encore un legs familial –, imaginant
une savoureuse cuisine métissée. «Cela
me plaît de faire découvrir les produits de
la région. Même si je les marie avec d’autres saveurs, ils restent des produits de
«Notre métier est un formidable lien avec l’extérieur. Nous rencontrons
des gens qui viennent de partout. C’est une vraie bouffée d’oxygène !»
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TOUR hEBdO / N°1550 / JUILLET-AOÛT 2014
Saint-Louis.» Et elle se frotte le plus souvent possible à «tout ce qui sort de l’ordinaire», une façon pudique de désigner
de véritables challenges : organiser en
un tournemain un dîner de rêve les
pieds dans le sable, traiter (royalement)
une princesse qatarie et sa suite, ou régaler un plateau de cinéma ! Même si son
métier est «hyper-prenant» car «nous
sommes en permanence dans notre cadre de travail», elle a accepté à l’automne
dernier le poste de consule honoraire de
France à Saint-Louis, puis plus récemment celui de conseillère au commerce
extérieur. Pas par intérêt personnel
mais plutôt par goût des autres. Car ce
sont les contacts humains qui restent le
moteur de cette médiatrice hors pair qui
adore mettre en relation les savoir-faire
et les projets des uns et des autres. «Notre métier est un formidable lien avec l’extérieur. Nous rencontrons des gens qui
viennent de partout. C’est une vraie boufanne-Claire delorme
fée d’oxygène !» l
Un campement
sauvé des eaux
En octobre 2012, l’océan
menaçant d’engloutir le
campement Océan &
Savane alors situé sur la
Langue de Barbarie, toute l’équipe de Muriel
Bancal s’est mobilisée pour réaliser un tour de
force : le déménagement à l’aide d’une barge
de toutes les installations, bungalows
compris. Le campement sauvé des eaux a
aujourd’hui belle allure, toujours les pieds
dans l’eau, mais au sec et côté fleuve.
© Annejo Brigaud
Q
uand elle s’est installée à SaintLouis du Sénégal en 1976, Muriel Bancal ne s’est pas vraiment
posé la question de savoir combien de
temps elle resterait. De là à s’imaginer
qu’elle serait toujours là trente-huit ans
après ! Âgée de 13 ans, elle suit alors sa
mère qui vient de se remarier. La jeune
collégienne s’adapte vite à sa nouvelle
vie. Quatre ans plus tard, un coup de
foudre fait le reste : elle rencontre son
futur mari, Saint-Louisien de souche, et
scelle du même coup son ancrage en
terre sénégalaise. Et sa vocation hôtelière. Car si le couple travaille tout
d’abord dans le secteur médical, il se
lance très vite dans l’aventure touristique
en rachetant en 1988 l’hôtel Résidence.
«Nous voulions vivre à Saint-Louis. C’est
d’abord ce qui nous a motivés.»
© DR
ARRIVÉE À SAINT-LOUIS PAR
HASARD, RESTÉE PAR AMOUR,
CETTE HÔTELIÈRE DISCRÈTE
EST UNE FEMME ENGAGÉE,
SOUCIEUSE DE FAIRE PARTAGER
SON ATTACHEMENT AUX
FACETTES DE LA CULTURE LOCALE.