Machiavel ou Gribouille ?
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Machiavel ou Gribouille ?
Machiavel ou Gribouille ? Je déteste écrire sur la politique, tant j’y suis incompétent. Les élections Grecques m’y forcent. Les Grecs qui avaient vendu leur âme pour un plat de lentilles sont en train de redevenir souverains, ce qui est une bonne, une très bonne nouvelle. Tout plutôt qu’un monde dominé par des Juncker, qui vient de déclarer, fidèle à lui même. « Il n y a pas de solution démocratique contre les institutions européennes » Il va apprendre que la souveraineté nationale est antérieure et supérieure aux institutions européennes. Mais ici, c’est de la réaction de François Hollande aux résultats Grecs dont je veux parler, tant elle m’a stupéfié. Les Grecs viennent de se doter d’un gouvernement d’extrême gauche, ce qui est leur droit le plus absolu. Le Président de la République Française a tenu à être le premier à féliciter le nouveau Premier Ministre Grec, ce qui est bien poli de sa part. Le même Président a tenu aussi à faire part de sa satisfaction à la vue d’une nouvelle victoire de la Gauche contre les forces de la Réaction. Ce qui est plutôt inattendu dans la mesure où le nouveau Premier Ministre Grec a été élu …contre la politique imposée à la Grèce par l’Allemagne avec l’assentiment total de monsieur Hollande. Monsieur Hollande se félicite donc bruyamment de…sa propre défaite ou de celle de son allié le plus précieux. On imagine sans difficultés l’enthousiasme à Berlin à la découverte du message de félicitations de monsieur Hollande, tant la campagne de monsieur Tsipras a été violemment anti -Merkel et anti-Allemagne. Ajoutons que l’ancien premier ministre Grec qui vient d’être battu aux dernières élections faisait une politique qui s’apparente tout à fait à celle que monsieur Valls essaie de suivre en France (mais avec quelle timidité!). Monsieur Hollande dit donc à tous ceux qui veulent l’entendre que monsieur Mélenchon est dans le vrai, tandis que monsieur Valls est sans doute vendu aux forces du grand capital et à la finance internationale. Voilà qui va puissamment aider monsieur Valls. Il est toujours réconfortant pour le commandant en second de savoir que le commandant en chef ne songe qu’à négocier un armistice, voire une capitulation en rase campagne avec l’ennemi. En fait, tout se passe comme s’il y avait deux Hollande. Le citoyen Hollande (François de son prénom) semble se réjouir du fait que la politique rétrograde imposée à la Grèce par le Président François Hollande soit remise en cause à la suite d’élections libres et que donc la politique du précédent gouvernement soit rejetée. Or cette politique avait été imposée à la Grèce par l’alliance de tous les autres pays faisant partie de l’Europe, et avec le plein assentiment du Président Hollande. Quant au Président Hollande, (François de son prénom aussi, c’est surement une coïncidence, il ne peut s’agir de la même personne), il préside avec indifférence un pays ou l’accroissement de la misère et du chômage sont patents. Et c’est la où j’ai du mal à comprendre : Ou le citoyen Hollande est contre la politique préconisée par le Président Hollande, tant les résultats sont désastreux, et il aurait du manifester son désaccord en temps utiles. Ou cette politique a été imposée au Président par des forces obscures, et il aurait du démettre plutôt que de se soumettre, suivant la formule consacrée. Après tout « la politique de la France ne se fait pas à la Corbeille » et encore moins à Berlin, Bruxelles ou Wall-Street. Au moins la Corbeille était en France. Ou, le Président sait que le citoyen Hollande dit des âneries mais l’autorise à le faire parce qu’il pense que ca va lui faire gagner des voix à gauche et peut être même à droite lors des prochaines élections, auxquelles il va se présenter, bien sur, alors même qu’il nous avait promis qu’il ne le ferait pas si le chômage était en hausse….les promesses, comme l’avait dit le regrettable Jacques Chirac, n’engagent que ceux qui les croient. Dans le premier cas de figure, c’est une preuve de lâcheté, dans le deuxième cas, cela veut dire que la France a perdu sa souveraineté et que le Président devrait démissionner s’il avait le moindre sens de l’honneur (une notion bizarre qui existait en France encore il y a quelque temps, mais qui a complètement disparu) et dans le dernier cas, cela manifeste un mépris invraisemblable pour l’électeur et donc pour la Démocratie. Il n’en reste pas moins que le citoyen Hollande a l’air d’être tout à fait contre la politique suivie par le Président Hollande, ce qui peut apparaitre comme un peu surprenant. S’il en avait l’occasion, et si le citoyen Hollande était encore à la Chambre des Députés, je suis bien sur qu’il serait à la tête de la révolte contre les lois injustes proposées par le gouvernement du Président Hollande. Apparemment, le drame de monsieur Hollande semble être qu’il ait des convictions mais pas de caractère et qu’il veuille être réélu.Et donc, comme tout Politique qui présente ces caractéristiques, il pense que parler c’est agir et qu’il doit dire ce que l’audience qu’il a devant lui attend. Donc devant des patrons il sera favorable au capitalisme, devant des syndicalistes CGT, il sera Marxiste, à Bruxelles Européen etc. Cela permet de gagner des élections, mais hélas n’aide pas à gouverner En effet, de temps en temps la réalité le coince et il lui faut, horreur absolue, prendre des décisions et arrêter de parler. Comme le disait Richelieu : «Gouverner, ce n’est pas choisir entre une bonne et une mauvaise solution, c’est choisir entre deux mauvaises solutions. » « Gouverner un royaume » disait encore ce grand homme, « c’est s’assurer d’être damné ». Voilà qui peut être très stressant, parce que des décisions que l’on va prendre peut découler des conséquences très douloureuses pour une partie de l’électorat, qui du coup pourrait être amené à ne pas voter pour vous.Et donc, quand il est soumis à une pression très forte par le gouvernement Allemand, le gouvernement Américain ou la réalité économique, monsieur Hollande cède, mais n’en pense pas moins. Et le fait qu’il ait cédé ne l’engage pas vraiment. Il fait savoir en douce que dans le fonds, il n’est pas vraiment d’accord avec le traité qu’il vient de signer, ou l’accord qu’il vient de parapher et pourrait bien sur changer d’avis si les rapports de force venaient à changer. Et donc, des qu’une décision est prise, il faut vite l’annuler par des paroles…ou tenter de le faire. La mauvaise solution pour monsieur Hollande, ce n’est pas celle qui enfoncerait encore un peu plus notre pauvre pays, mais celle qui risque de le faire battre aux élections. Et on ne peut pas s’empêcher de penser que c’est là, la caractéristique essentielle du Président Hollande dont le souci principal semble être d’essayer de faire croire à son électorat que le Président Hollande gouverne contre les convictions du citoyen Hollande et que ces convictions sont «de gauche» cela va sans dire. Et c’est dans ce double langage que l’on trouve une information très intéressante. Pour lui, la seule chose qu’il doit éviter à tout prix c’est que l’extrême gauche ne fasse un tabac en 2017, ce qui le laisserait en troisième position ou pire au premier tour. Son seul but est donc d’arriver deuxième au premier tour, avec Marine Le Pen en tête. Que la France s’effondre d’ici là, que la misère augmente, que le peuple s’appauvrisse et se désespère, que tous les jeunes compétents s’en aillent, que l’unité nationale s’effondre n’a aucune importance par rapport à ce but essentiel, deuxième au premier tour. Bien sur, il va échouer puisque l’extrême gauche va certainement se trouver un leader charismatique dans les mois qui viennent qui remplacera sans coup férir le vieux cheval de retour qu’est Mélenchon. Et l’extrême gauche va faire un tabac en Espagne, en France ou en Italie, comme elle l’a fait en Grèce. En Espagne par exemple, il est à peu prés certain que le parti socialiste va être dynamité par Podemos et pourrait bien disparaitre, comme en Grèce. Les calculs de monsieur Hollande sont donc non seulement misérables mais en plus vont sans doute échouer tant ils sont clairement bas. Et c’est la que l’on ne peut s’empêcher de citer Chateaubriand « Il faut être économe de son mépris en raison du grand nombre des nécessiteux ». Mais j’ai du mal à me retenir quand même.