PRIME HERBAGÈRE AGRO-ENVIRONNEMENTALE Tirer les
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PRIME HERBAGÈRE AGRO-ENVIRONNEMENTALE Tirer les
Commission montagne Bagnolet, le 25 février 2004 PRIME HERBAGÈRE AGRO-ENVIRONNEMENTALE Tirer les enseignements de la mise en œuvre de la PHAE en 2003 pour l’adapter à la réalité de nos montagnes La Confédération paysanne ne peut que salue r la poursuite du dispositi f « prime à l’herbe » en 2003 pa r la mise en œuvre d’une Prime Herbagère Agro-Environnemen t ale (PHAE) revalorisée en remplacement de la Prime au Maint i en des Systèmes d’Élevage Ex t ensif (PMSEE) arrivée à échéance, même si le montant d’a i de touché par les systèmes d’élevage à base d’herbe est toujours bien i n f érieur aux montants dont bénéficient les élevages à base d’ensilage maïs qui sont souvent les systèmes les p l us productivistes en montagne. Le syndicat paysan déplore pourtan t la volonté du gouvernement d’aider toujours plus les plus grandes exploitat i ons par l’absence de modulation du montant de cette aide en f onction du nombre d’hectares (une modulat i on possible -comme le montre l’exemple des Contrats Territoriaux d’Exploitat i onpuisque, dans ce cadre, le montant des mesures agro-environnementa l es était dégressif avec l’augmentation du nombre d ’ hec t ares engagés), ainsi que l’absence de prise en compte des actifs, principaux acteurs du ma i ntien du tissu rural, particulièrement en montagne. Aujourd’hui, à l’heure du b i lan , une ana l yse des points cr it iques de la mise en œuvre de la PHAE en 2003 doit être réalisée afin d’adapter cette aide à la réalité de nos mon t agnes où les surfaces herbagères -au sens large- ne sont pas toutes constituées de prairies pla t es, bien dé f in i es, avec des sur f aces b i en délimitées. C’est pourquoi, la Con f édération paysanne revendique d’une part une année 2003 « à b l anc » pendant laquelle aucune péna li té ne devra être a ff ectée aux paysans pou r l es défauts du système et, d’autre part, une réforme du système en 2004 à partir du bilan tiré de la m i se en œuvre de la PHAE en 2003 (au printemps dernier on a ex i gé des paysans qu’ils signent dans la précipation, et pour 5 ans , un engagement qu’ils connaissaient mal…) : le moindre engagemen t des paysans dans la PHAE par rapport à la PMSEE (malgré un important é l argissement de la base des bénéfic i a i res constatée dans de nombreux départements) est bien la preuve des faiblesses du nouveau d i spositif qui a sur t out exclu les surfaces les plus diffic il es de montagne ( l andes, etc…) au prof i t des surfaces herbagères f acilement exp l oitables de plaine. Ainsi, pour que l’engagement d’Hervé Gaymard soit respecté (à savoir une réelle revalorisation de 70 % de l’ancienne prime à l’herbe), la Confédération paysanne présente ses propositions pour 2004, à savoir la définition de cahiers des charges PHAE adaptés aux différentes surfaces fourragères, une adaptation des déclarations graphiques, le maintien et la généralisation des surfaces de référence, la prise en compte de la spécificité des baux oraux et le raisonnement de la PHAE à l’exploitation et non la parcelle. L’ensemble de ses propositions ne pourra se mettre en œuvre que si une modification des contrats en cours d’engagement est autorisée. A. Des cahiers des charges PHAE adaptés aux différents couverts Malgré la sérieuse volonté de l’administration centrale -sans cesse réaffirmée auprès des départements- de mettre en œuvre des cahiers des charges adaptés aux différents couverts végétaux, un certain nombre de départements n’a mis en œuvre qu’un cahier des charges PHAE de type « 20.01 » (c’est-à-dire adapté aux seules prairies), au détriment d’un cahier des charges de type « 19.03 » (c’est-à-dire approprié aux surfaces difficiles comme les landes et autres parcours, voire comme les pentes). Cette absence de volonté au niveau local de mise en œuvre de différents cahiers des charges adaptés aux différents couverts végétaux trouve notamment sa source dans l’intérêt des administrations départementales de se simplifier le travail au détriment des paysans et de la réalité du terrain ou, encore, dans la volonté d’un certain syndicalisme dit « majoritaire » au niveau national d’exclure les exploitations situées dans les zones les plus difficiles (qui « n’auront qu’à faire un Contrat d ’ Agriculture Durable », alors que les crédits affectés aux CAD sont très limités et bien en-deça des besoins)… Toujours est-il que cette situation a conduit les paysans dans les départements concernés à ne pas engager leurs surfaces les plus difficiles en PHAE par crainte des contrôles. Enfin, dans certains départements, il aurait été possible de mettre en œuvre un cahier des charges PHAE relatif à la valorisation des pentes, avec un montant d'aide permettant de mieux prendre en compte la réalité des coûts d'entretien de ces surfaces difficiles, entretien ayant un impact important, notamment en termes paysagers. C’est pourquoi, il est pour la Confédération paysanne indispensable de mettre en œuvre en 2004 des cahiers des charges PHAE adaptés aux surfaces difficiles de type « 19.03 » (adaptés aux landes, aux parcours et aux pentes) dans tous les départements dans lesquels cela n’a pas été le cas en 2003 si la volonté du gouvernement est réellement de mettre en œuvre un politique forte en faveur de la montagne ; dans le cas contraire, nous ne pourrions que dénoncer l’exclusion menée vis-à-vis de ces surfaces difficiles. 2 B. Une meilleure prise en compte des réalités montagnardes par l’adaptation des déclarations graphiques aux surfaces difficiles Les spécificités montagnardes font qu’il est parfois difficile de localiser précisemment les parcelles valorisées (notamment lorsque la couverture arborée est abondante) ou d’engager l’intégralité d’une surface (par exemple, en présence de ronciers, de rochers, etc… naturellement présents dans les surfaces montagnardes difficiles, mais dont les paysans concernés ne connaissent pas la superficie exacte). Ces difficultés sont parfaitement connues des administrations locales ainsi que des contrôleurs de l’ONIC, pour lesquels les dossiers concernés apparaissent systématiquement en « anomalie ». C’est pourquoi les arrêtés départementaux relatifs aux « normes usuelles » ne nous semblent pas suffisants ni adaptés à la prise en compte de la réalité montagnarde (bien souvent ces arrêtés se limitent à des considérations du type « une surface ne peut être prise en compte comme surface fourragère que si la surface des ronciers n’excède pas 5 % de la parcelle » alors que, justement, les exploitants n’ont pas connaissance de la surface sur laquelle s’étendent leurs « ronciers »). Il nous semble donc important que puisse être défini par arrêté préfectoral un pourcentage ou un coefficient d’utilisation de ces surfaces (par exemple, 90 ou 95 % en fonction des réalités locales) : ce système permettrait d’une part à l’administration de se couvrir vis-à-vis des contrôles européens et, d’autre part, de couvrir les paysans en cas de contrôle (dans la mesure où il ne savent pas si les ronciers mobilisent 92, 94 ou 97 % de leur surface, l’application d’un pourcentage de minoration « moyen » désengagerait leur responsabilité en cas de contrôle et les inciterait à engager ces surfaces dans le cadre du contrat PHAE). C. Le maintien et la généralisation des surfaces de référence pour la PHAE Les engagements liés à la PHAE sont parfois aussi mal compris des paysans (qui ne savent pas exactement sur quel type d’entretien ils s’engagent pour tel type de surface) que des contrôleurs de l’ONIC et du CNASEA (qui connaissent peu les spécifités montagnardes). C’est pourquoi il est primordial de poursuivre, dans le cadre de la PHAE, le système des surfaces de référence qui prévalait avec la PMSEE : il est en effet indispensable que nous ayons tous une « référence » en terme de définition des surfaces éligibles et du niveau d’entretien demandé, référence sur laquelle nous puissions nous appuyer en cas de litige. Ainsi, pour la Confédération paysanne, les surfaces de référence, en complément à la définition de « pourcentages d’utilisation » tels que définis ci-dessu permettrait de mieux prendre en compte la réalité de nos différents espaces montagnards. D. Les baux oraux : une spécificité montagnarde à prendre en compte Comme pour toute mesure agro-environnementale co-financée par Bruxelles, l’engagement lié à la PHAE doit être de 5 ans, une règle mise en place pour “amplifier” l’impact environnemental de ses mesures en obligeant les paysans à s’engager sur la durée. 3 On observe cependant que cette règle a parfois l’effet inverse des conséquences escomptés : en effet, une des particularités de l’agriculture de montagne est la précarité du foncier. Ainsi, de nombreuses surfaces étant exploitées par le biais de baux verbaux, il est difficile pour les paysans de pouvoir certifier qu’ils pourront respecter leurs engagements pendant 5 ans sur des surfaces dont ils n’ont pas la maîtrise (le problème est identique dans le cas de conventions de pâturage d’une durée inférieure à 5 ans). Cette règle a conduit un certain nombre de paysans à justement ne pas engager ces surfaces en PHAE au détriment de l’entretien de l’espace et de l’environnement. La Confédération paysanne revendique donc la mise en place d’une mesure dérogatoire pour que les paysans puissent modifier leur contrat PHAE en ce qui concerne les surfaces dont ils n’ont pas la totale maîtrise : d’un côté les éleveurs doivent avoir accès à la PHAE sur l’ensemble des surfaces qu’ils exploitent et, d’un autre, ils ne doivent pas être pénalisés pour non respect de leurs engagements sur une surface dont on leur a retiré l’exploitation ! E. Raisonner la PHAE au niveau de l’exploitation, et non de la parcelle La mise en œuvre de la PHAE s’effectue actuellement à la parcelle, ce qui ne nous semble pas prendre en compte la réalité des exploitations : en effet, on ne peut pas justifier d’un point de vue environnemental des parcelles avec des fertilisations très faibles engagées en PHAE et, d’autres, avec des fertilisations d’un niveau très élevé non engagées en PHAE. Ainsi, le raisonnement de la fertilisation au niveau de l’exploitation (en réalisant une moyenne des engrais épandus sur les surfaces en herbe) nous paraîtrait mieux prendre en compte la réalité du raisonnement de la fertilisation au niveau des exploitations (les paysans raisonnant globalement les amendements en fonction des potentialités agro-pédologiques de leurs différentes parcelles), tout en ayant un meilleur impact environnemental. F. Autoriser la modification des contrats PHAE en cours d’engagement Pour mettre en œuvre ces différentes revendications, il est indispensable d’autoriser la modification des contrats PHAE au cours des 5 ans d’engagement, dans certains cas bien précis : - pour l’engagement de nouvelles surfaces, en cas de modification de la structure d’exploitation, pour des éleveurs qui se seraient « auto-censurés » dans l’espoir de réaliser un Contrat d’Agriculture Durable ou du fait de l’absence de cahier des charges « 19.03 » en 2003, ainsi que pour les nouveaux déclarants ; - pour le retrait de surfaces à l’assise foncière précaire dont l’exploitation aurait été retirée à l’exploitant ; - pour le passage de surfaces d’un cahier des charges à un autre avec la généralisation des cahiers des charges 19.03 en 2004. Pour la Confédération paysanne, la mise en œuvre de ses différentes propositions est la condition sine qua non à une réelle revalorisation de 70 % de la prime à l’herbe te l le qu’elle ava i t été annoncée par le m i nistre de l’Agriculture en montrant la rée l le volonté politique vis-àvis de l’ensemble de nos sur f aces et de notre territoire montagnard. 4