La police fait usage de la violence lors d`un renvoi forcé au Nigeria

Transcription

La police fait usage de la violence lors d`un renvoi forcé au Nigeria
La police fait usage de la violence lors d’un renvoi...
http://www.tdg.ch/print/node/352969
Publié par Tribune de Genève (http://www.tdg.ch)
Home > Content
La police fait usage de la violence
lors d’un renvoi forcé au Nigeria
REQUÉRANTS DÉBOUTÉS | Un requérant a été frappé avant le vol.
Aucun observateur indépendant n’était présent.
© SF10VOR10 | Des policiers bloquent un requérant au sol, avant de le porter
dans l’escalier, où il recevra des coups de poing et de matraque.
Nadine Haltiner | 09.07.2011 | 00:00
Officiellement, tout s’est bien passé, assurait jeudi l’Office fédéral des
migrations. Le matin même, peu avant 8 h, il organisait, à l’aéroport de
Zurich, un vol spécial visant à expulser de force 21 requérants d’asile
déboutés vers le Nigeria. Tous avaient refusé de prendre un avion de ligne. Ce
vol, le premier organisé depuis la mort d’un Nigérian le 17 mars 2010 à
Zurich, était censé s’être parfaitement déroulé. Mais les images de l’émission
10 vor 10 montrent, au contraire, de sérieux dérapages.
Le reportage montre l’entrée des requérants dans l’avion. Les Nigérians
1 sur 3
09. 07. 11 02:30
La police fait usage de la violence lors d’un renvoi...
http://www.tdg.ch/print/node/352969
portent des menottes aux mains mais marchent librement. Depuis le décès de
leur compatriote, la Suisse ne peut plus les ligoter entièrement.
Tous montent à bord sans rechigner. Quand, soudain, l’un d’eux refuse et se
met à sautiller. Les policiers stoppent son renvoi et le ramènent dans une
camionnette. Mais la tension monte quand le requérant suivant se jette à terre
devant le fourgon. Près de huit policiers le maintiennent au sol, avant de le
porter dans l’escalier d’embarquement. L’homme se débat. Les agents
peinent à le tenir. Tout à coup, un policier lui donne des coups de poing. Si un
agent interrompt l’expulsion, un autre sort soudain sa matraque et frappe le
Nigérian.
A l’Office fédéral de la migration, on dit regretter ces événements, mais on
renvoie la balle à la police cantonale de Zurich, chargée d’exécuter les renvois.
Là, Marcel Strebel, porte-parole, est étonné: «Nous allons enquêter pour savoir
ce qu’il s’est passé. Les premiers éléments indiquent que cet homme s’est
accroché à la barrière de l’escalier et qu’un policier a voulu le faire lâcher
prise. Ensuite, le requérant aurait menacé un autre agent en s’emparant de
ses parties génitales.»
«C’est inadmissible! lance Jean-Pierre Restellini, président de la Commission
nationale de prévention de la torture. Un policier doit savoir garder la tête
froide dans toutes les situations.»
L’affaire est d’autant plus grave qu’aucun observateur indépendant n’était
présent. Alors que ces vols sont censés être accompagnés depuis peu par la
Fédération des Eglises protestantes, celle-ci n’était pas mandatée. Et les deux
membres de la Commission de prévention de la torture appelés quelques jours
avant pour suivre l’expulsion sont arrivés trop tard.
«Ils n’ont rien vu, regrette Jean-Pierre Restellini. La procédure de renvoi vient
de changer. Jusqu’à présent, les observateurs et les requérants effectuaient
un briefing avant le vol, à l’aéroport. Mais pour éviter que les expulsés
n’attendent longtemps dans une cellule et subissent un stress inutile, la
procédure a été raccourcie. Or, nos membres n’ont pas été avertis. Ils sont
arrivés lorsque les Nigérians étaient dans l’avion.»
Le Nigeria n’aurait pas réagi à ces violences, alors même qu’une délégation du
pays se trouvait à bord. En attendant, les images ont déjà reçu un écho
international. Le Comité antitorture du Conseil de l’Europe en a parlé à
Jean-Pierre Restellini. Ce dernier souhaite désormais trouver avec l’Office
fédéral des migrations une solution humaine à ces renvois.
De son côté, l’Association des juristes progressistes de Suisse exige la
suspension des vols. Mais pour l’heure, un tel arrêt n’est pas prévu. Jeudi,
2 sur 3
09. 07. 11 02:30
La police fait usage de la violence lors d’un renvoi...
http://www.tdg.ch/print/node/352969
l’avion a finalement décollé à 8 h 15 avec 19 Nigérians et 60 policiers à bord.
Le vol a coûté 150 000 francs.
Suisse
Source URL (Extrait le 09.07.2011 - 02:29): http://www.tdg.ch/actu/suisse/police-fait-usageviolence-renvoi-force-nigeria-2011-07-08
3 sur 3
09. 07. 11 02:30