Un préambule citant Samuel Beckett et une explication de cette

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Un préambule citant Samuel Beckett et une explication de cette
Un préambule citant Samuel Beckett et une explication de cette citation en lien avec le
présent projet:
« Nous ne voyageons pas pour le plaisir de voyager, que je sache, nous sommes cons, mais
pas à ce point. »
Samuel Beckett
Voyager, s’ouvrir à la « rugueuse réalité », quitter l’entre-soi pour goûter à l’autre, le
découvrir, le connaître, le ressentir.
Voyager, loin du simple déplacement d’un point à un autre, loin d’un nombre de
kilomètres parcourus, loin d’une somme de photos collées vainement sur un album, loin
d’un fond d’émotions livrées en prêt-à-porter.
Voyager comme plus qu’une simple distraction, un pauvre divertissement stérile où
l’irrespect le dispute à la méconnaissance.
Voyager, les yeux grands ouverts, comme « un premier pas vers les liens à bâtir entre
les hommes et les sociétés. » Ce premier pas, pour l’heure, se compose le plus fréquemment
en sens unique : les voyageurs des pays riches vers les pays en voie de développement. Ainsi,
des voyageurs français qui se rendent dans les régions tibétaines. Mais a-t-on déjà connu des
personnes tibétaines cheminer dans des régions françaises ? Goûter à leurs plats ? Leurs
vins ? Connaître l’odeur de leurs fleurs ? La grandeur de leurs forêts ? De leur océan ?
Ecouter leurs musiques ? Découvrir leurs paysages, leurs villes, leurs villages ? Leurs
couleurs, leurs reliefs, leurs mouvements ? Se dépayser de leurs habitants ? S’étonner de
leurs pratiques, de leurs passions, de leurs manières d’être ? « Récemment un groupe
d’anthropologues a invité en France des chercheurs Africains pour qu’ils interprètent les
mœurs des Français. Les Africains ont observé avec stupeur, par exemple, que les Français
avaient l’habitude de promener leur chien1 » L’étonnement comme rencontre, voyage en
empathie, sans heurt ni collision, au-delà du seul pittoresque. L’étonnement comme trame
pour bâtir des liens qui ne deviennent pas attaches mais traits d’union, dans le respect de ce
grand Autre et la tolérance : le voyage, c’est la découverte des différences, mais c’est aussi,
et peut-être surtout, celle des similitudes : ces autres, qui parfois me font peur, sont aussi
des hommes, des femmes, qui vont, qui viennent, qui vivent, aiment, respirent.
Bâtir des liens entre les sociétés, c’est aussi, avant tout, bâtir des liens entre les
hommes qui les composent. Donner la possibilité aux hommes d’être « passeurs », d’aller,
librement d’un lieu à un autre ; donner un autre pas, c’est s’offrir la possibilité d’un dialogue,
d’un échange, d’un voyage intérieur.
1
Umberto Eco, Pastiches et Postiches
Synthèse
Ce que nous proposons dans le présent projet est de faire venir cinq jeunes femmes et
hommes du Tibet en France, des guides tibétains de différentes régions tibétaines. Ils sont
porteurs d’un projet de développement touristique original et innovant ayant pour sujet leur
région d’origine, ils sont des passeurs de leur culture et de leur vision du monde. La
rencontre permet au lien humain de se tisser entre les guides tibétains, la culture française,
les clients, les employés de voyagistes français .
L’objectif est de faire se rencontrer les acteurs locaux, ici les guides tibétains, avec les clients
des pays favorisés, afin de partager des savoirs et échanger. Il s’agit de créer les conditions
pour que la relation ne se fasse pas toujours dans le sens voyageurs vers les guides locaux
dans leur pays, mais aussi des guides locaux vers le pays des voyageurs. Ainsi nous
redonnons tous son sens à la notion d’échange et qu’elle se fasse dans les deux sens.
Contexte des zones tibétaines : l’état des lieux et les besoins
Pour des raisons géographiques, des barrières naturelles entourant le Tibet et pour des
raisons politiques, les régions tibétaines de Chine ont été dans leur histoire relativement
coupées des échanges avec le reste du monde. Les tibétains ont peu l’occasion de se
déplacer en dehors de leurs terres natales. Aujourd’hui, plus que jamais, ils subissent cette
enfermement et manquent d’opportunités pour sortir et découvrir le monde. Tandis que les
livres, magazines et documentaires sur le Tibet foisonnent à l’étranger, tandis que la culture
et la langue tibétaine s’expatrient partout dans le monde, des centaines de milliers de
tibétains continuent de vivre et d’habiter au Tibet, des agriculteurs paysans, des pasteurs
nomades, des commerçants, des moines et toute une nouvelle génération de tibétains sont
en train de perdre leur culture sur leur propre terre.
Le développement économique de la Chine bénéficie considérablement aux régions
tibétaines. Certes, mais qu’en est-il du choix des tibétains de suivre leur propre voie de
développement social, intégrant une amélioration des conditions de vie de leur
communauté, la protection de leur patrimoine culturel et de leur environnement.
Le Tibet ne manque pas de richesses et l'intérêt qu'il suscite en occident est incontestable.
Les tibétains ne sont pourtant pas souvent les bénéficiaires du commerce généré par cet
intérêt car la plupart des produits vendus comme "tibétains" ne sont pas fabriqués par des
Tibétains. Il en va de même pour les voyages. Pourtant, qui mieux que les Tibétains peuvent
nous faire découvrir leur incomparable héritage et nous faire profiter de leur savoir être et
leur savoir faire?
Ce projet propose de remédier à ce problème, en soutenant les efforts initiés par de jeunes
porteurs de projets tibétains, en les faisant connaitre, en permettant à leurs idées de projets
dans le domaine touristique de trouver une oreille et une écoute authentique, en les
mettant en relation avec des professionnels qui peuvent leur apporter leur expertise, ou en
leur fournissant conseils et formations.
En particulier dans les régions tibétaines de Chine, le développement d'un marché de
l'industrie du tourisme est en pleine croissance. Cependant, dépourvus de l'accès aux
ressources informationnelles et coupés des importants réseaux commerciaux, les tibétains
ne peuvent parfois pas prévoir les grandes tendances d'évolution du marché, être
compétitifs et maintenir une viabilité face à un environnement où les marchés nationaux et
internationaux deviennent omniprésents et de plus en plus concurrentiels.
En facilitant l'accès aux filières du marché touristique pour des guides qui s’engagent dans
des initiatives de développement local et durable, nous tachons ensuite de les accompagner
sur le long terme vers la mise en place d’activités viables et d'un modèle qui intègre et
redistribue les bénéfices de long terme vers les communautés. Notre engagement auprès
d’eux s’inscrit dans une action sur le long terme.
Pourquoi ce projet est il pertinent ?
1- Le tourisme est une ressource économique pour des régions comme le Tibet permettant
un développement économique local quand il est développé de manière responsable et
intelligente. Pour ce faire il doit être orienté vers :
 la prévention contre un déséquilibre social économique et environnemental.
 la création d’opportunités pour bénéficier de transfert de savoir et de compétences.
2- Evolution des attentes des touristes
 Augmentation du nombre de voyageurs dans le secteur du tourisme responsable et
solidaire (statistique mondiale)
 Besoin de sens, d’éthique
3- Besoin d’accompagnement des projets des guides, créés ou en cours de création, pour
qu’ils s’inscrivent dans une logique de développement durable.
Quels sont les valeurs fondatrices de ce projet
- Redonner tout son sens à la notion de voyage par l’échange et la relation qui pourra se
créer grâce à ce projet > SENS
- Créer l’opportunité pour les guides en cours d'apprentissage du français de s’améliorer sur
le plan linguistique mais aussi culturel. L’utilité de ce « séminaire » en tant que formation
pour les guides tibétains > FORMATION
- Créer les conditions favorables pour élargir l’esprit de partage et l’ouverture des français à
la culture tibétaines > PARTAGE
- Donner aux guides tibétains porteurs de projets le courage et l’envie d’innover dans le
domaine du développement touristique en zones tibétaines > INNOVATION
Le projet
Vision : Voir émerger un réseau de jeunes tibétains porteurs de projets de développement
touristique original et innovant, qui soit dynamique sur toutes les zones tibétaines.
Objectifs :
1- Promouvoir et donner l’envie d’entreprendre aux jeunes guides, dans le domaine
d’un tourisme innovant et intelligent
2- Accompagner les porteurs de projet dans la création d’offres durables
a) Pertinent économiquement
b) En phase avec les attentes des clients
c) Pour un développement local
3- Pérenniser les initiatives de développement d’un tourisme durable
a) Animer un réseau local d’activité de formation au tourisme durable
b) Faire du lien avec l’expertise d’équipes de voyagistes français
c) Pérenniser des liens d’échanges avec des personnes concernées en France
La sélection des guides :
Une première liste de huit porteurs de projets est déterminée:
-
Diki Zomba, pour son projet tourisme et écologie « Rencontres Villageoises », à Gyatsa (Tibet
central)
Tenzin, pour son projet de préservation de la culture locale « La kora de la montagne Gado
Jowo », (Kham)
Puntsok, pour son projet touristique dans sa région d’origine, (Kham)
Adha, pour son projet de Guest House et de formation professionnelle liée à l’activité
touristique « Ballades du côté de Dzongsar », (Kham)
Pempa, pour son projet « Randonnée nature de Lamo à Ganden et découverte de la vie des
nomades du Tibet Central » (Tibet central)
Namchen, pour son projet « Randonnée dans la région de Mewa (Hongyuan) - découverte de
la vie des nomades en Amdo », (Amdo)
Jimpa, pour son projet : »Vie des fermiers dans son village natal avec randonnée dans les
alentours du village » (Amdo)
Nyima Tashi, pour son projet touristique dans sa région d’origine (Kham /Amdo)
Un appel à projet pourra éventuellement être lancé pour élargir cette liste de porteurs de projet à
d'autres guides qui pourraient potentiellement être éligibles grâce à d’autres idées, itinéraires et
activités originales qu’ils aimeraient proposer.
La liste de critères qui permet de sélectionner les cinq guides:
A partir du contenu de leur projet
- un fort potentiel de développement, social et économique.
- une osmose avec le thème de ce projet « le goût de l’autre, de la différence,
l’engagement citoyen, les sensibilités sociales, écologiques, l’aide au
développement »
-
une forme de charisme pour faire passer leur message et expliquer leur projet
A partir de leur engagement
- un réel engagement, à long terme, comme guide
- des efforts tangibles pour apprendre le français
- un engagement à communiquer lors de la poursuite de leur projet
Une fois en France, les guides sont logés dans 2 ou 3 par chambre d’hôtel ou bien sont
hébergés chez l’habitant français pour le côté immersion. Ils découvrent la France, la culture
française et le français.
Ensuite, des rencontres sont organisées :
- en interne avec les personnes des voyagistes français
- en externe avec une rencontre médiatisée entre les guides et les personnes
intéressées par les projets sur les zones tibétaines (table ronde, cocktail)
Une présentation avec les interventions des guides pour expliciter leur projet est offerte et
permet un échange pour répondre aux questions du public. Les échanges sont préparés de
manière à être le plus fructueux pour tous.
Enfin, avant la fin du voyage en France, un ou plusieurs employés de voyagistes français,
revoient de manière personnalisé les projets de chaque guide pour l’améliorer et pour
réinvestir toutes les informations, idées et conseils récoltées lors des rencontres, visites et
découverte de Paris, et lors de la table ronde avec les questions et réponses.
Les projets une fois révisés en France, feront l’objet sur le terrain d’un suivi sérieux de la part
d’une équipe missionnée sur place pour piloter les guides lors de la poursuite de la mise en
œuvre des projets.
Finalement, une lettre d’informations permettra de donner des nouvelles des porteurs de
projets aux personnes concernées en France. De cette manière, des liens durables sont
établis et permettent de suivre les projets et d’apporter son soutien sur le long terme aux
guides.
« Déterritorialisation absolue. On est devenu comme tout le monde, mais à la manière dont
personne ne peut devenir comme tout le monde. On a peint le monde sur soi, et pas soi sur le
monde. »
Gilles Deleuze et Félix Guattari

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