Parlement wallon - Groupe PS

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Parlement wallon - Groupe PS
Parlement wallon
Groupe Socialiste
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écrite du Député Edmund Stoffels à Monsieur André Antoine, Ministre du Budget,
des Finances, de l’Emploi, de la Formation et des Sports sur « Nürburgring »
Question
Le Land de Rhénanie-Palatinat se retire du management du Nürburgring, un projet qui connaît
actuellement des turbulences économiques. Il cède son rôle à un partenaire privé. Telle est la
décision communiquée par le Ministre-Président Kurt Beck.
La gestion et la promotion du circuit seront donc confiées à une société constituée pour moitié
au départ du groupe hôtelier Lindner et de Mediinvest. Le Land se contentera de gérer
l'infrastructure.
Les essais de financer les investissements (300 millions d'euros) au départ de capital privé
n'ont pas abouti au résultat espéré. Ce financement est assuré par la banque publique du Land.
La société, qui exploite le circuit, va payer une location au départ de laquelle les mensualités
seront garantis.
M. Beck informe aussi qu'il n'est pas garanti que la F1 continuera à être organisé au
Nürburgring au-delà de 2011 (échéance qui découle des contrats actuels). La réponse à cette
question dépend de négociations qui doivent encore avoir lieu. « Mais » - ajoute-t-il - « il n'y
aura pas de décision à n'importe quel prix ». Toutefois, il estime le PIB local généré par le
Nüirburgring avoisine 53 millions d'euros par an, générant par ailleurs 1.160 emplois.
Ces informations nous intéressent à une double égard.
D'une part, la Région wallonne investit des montants importants dans le circuit de SpaFrancorchamps. Il est donc légitime de se poser la question concernant le retour économique et
d'emplois de cet investissement. Disposons-nous des informations qui nous permettent
d'identifier la part du PIB généré par le circuit ?
D'autre part, avons-nous des informations plus précises en ce qui concerne l'organisation de la
F1 au Nürburgring ? C'est évidemment important pour nous dans la mesure que deux
événements sportifs de cet ordre de grandeur dans un radius trop limité influencent le risque
d'un déficit autrement que l'organisation d'un seul événement. Le Land continuera-t-il, malgré
cette décision de se retirer, à couvrir les déficits engendrés par les exploitants du circuit ? Quel
est - pour notre circuit - l'impact du fait que le Gouvernement de Rhénanie-Palatinat se retire
de l'exploitation du circuit ? Pouvons-nous en tirer un avantage ?
Réponse du 12/01/2010
Je remercie l'honorable Membre pour l'intérêt qu'il porte au rôle que le circuit de SpaFrancorchamps peut endosser pour le rayonnement international de la Région wallonne, mais
aussi pour son impact économique sur sa région.
La Région wallonne, il est vrai, a investi des sommes considérables dans cet outil polyvalent
car il est à la fois un atout sportif, touristique, économique et de marketing. Et ne l'oublions
pas, il s'agit «du plus beau circuit du monde», selon un consensus international.
L'intervention publique est quasi indispensable. Hormis Monaco qui dispose de certaines
prérogatives en la matière, le coût imposé aux organisateurs pour accueillir un grand prix de F1
est exorbitant; d'autant plus que les organisateurs ne peuvent compter que sur la billetterie pour
espérer rentrer dans leurs frais.
Une récente étude française avance le chiffre de 274,4 millions d'euros en guise de frais
plateau pour les 18 dates de la saison 2008. Pendant ce temps, les organisateurs n'auraient
palpé que 197,2 millions d'euros grâce - quasi uniquement - à la vente de billets. En effet,
l'organisateur ne perçoit rien des droits télévisés ni de la publicité ceinturant le circuit.
Les organisateurs de GP ne sont pas sur un même pied d'égalité. Toujours d'après la même
étude, la Malaisie verserait 28,2 millions d'euros afin d'accueillir son GP tandis que le Japon
26,2. Pour Spa-Francorchamps, la somme évoquée serait de 16,2 millions. La Principauté se
verrait gracieusement offrir son week-end de Formule 1.
Malgré le contexte économique que nous connaissons, l'édition 2009 à Spa a perçu une légère
augmentation du nombre de spectateurs, près de 58.000 pour la seule journée du dimanche. Le
point mort ou autrement dit le « break event» pour notre Grand prix, est fixé à 70.000
spectateurs, encore loin de la moyenne de 91.218 spectateurs par GP.
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GP de F1 Spectateurs payants Perte estimée
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2007 66.000 +/- 2.000.000 euros
2008 53.000 +/- 4.000.000 euros
2009 58.000 5.134.000 euros
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A côté de la Formule 1, dont se charge la société Spa Grand Prix, le circuit est géré par la
Société de promotion de Circuit Spa-Francorchamps - SPCSF - qui l'exploite à plein
rendement, soit 220 jours par an, le maximum autorisé par le permis d'exploiter de 09h00 à
18h00.
Prenons l'exemple des courses d'endurance, telles que les 25h VW Fun Cup, les 24 heures de
Spa, les 24 heures 2CV, les 8 heures de Spa en moto, ... sans oublier les nombreux clubs
d'automobiles étrangers qui louent notre circuit pour leurs membres.
L'objectif de la société de promotion est d'ancrer l'ensemble de l'infrastructure « SpaFrancorchamps » (Piste, espaces Horeca, ... ) comme une destination MICE (Meetings
Incentives Congres & Events) à l'instar de Bruxelles, Bruges, ... Autrement dit, de développer
une approche commerciale innovante afin d'optimaliser l'utilisation de Spa-Francorchamps
aussi bien comme outil sportif que comme cadre prestigieux pour l'organisation d'événements,
réceptions, ...
De plus, il me revient que la grande majorité de la clientèle du circuit hors Grand Prix est déjà
à caractère international; tout bénéfice donc, pour notre économie.
C'est une donnée évidemment importante. L'infrastructure de Spa-Francorchamps ne bénéficie
pas qu'à la seule F1, d'autres possibilités commerciales et sportives existent.
Les investissements consentis par la Région wallonne doivent bénéficier d'un rendement
optimal afin d'accroître le potentiel d'attraction de cet outil et, de facto, son impact
économique.
Le Centre International de Recherche et d'Information sur l'Economie publique, Sociale et
Coopérative, le CIRIEC, avait réalisé, entre août 2005 et mars 2006, pour le compte de la
Société de Promotion du Circuit de Spa-Francorchamps, une étude sur l'évaluation des
retombées économiques du Circuit de Spa-Francorchamps.
En substance, l'activité du circuit de Spa-Francorchamps a entraîné, en 2005, des dépenses
génératrices d'activité économique qui varient entre 68,5 millions d'euros et 77,8 millions
d'euros. La part inhérente au GP de F1 varie entre 18,9 millions et 21,2 millions d'euros, soit
environ 25 % du montant.
L'activité du circuit de Spa-Francorchamps a permis de créer, en 2005 toujours, un total de 844
à 1026 emplois équivalents temps plein annuels (de 224 à 290 ETP pour le GP de F1).
En 2005, les recettes fiscales et parafiscales (taxes obligatoires perçues au profit de personnes
privées ou publiques autres que l'Etat ou que les autorités régionales et locales) générées par le
circuit étaient comprises entre 21,8 millions d'euros et 24 millions d'euros. La F1 contribuerait
pour +/- 30% de cet ensemble, soit entre 6,6 millions et 7,2 millions d'euros.
En moyenne, plus de 160 millions de téléspectateurs suivent notre GP à la télévision. Un
produit d'appel incontestable.
Il conviendra, néanmoins, de réactualiser cette étude sur les retombées du GP pour l'économie
locale ainsi que sur la viabilité du circuit sur base des différents scénarios possibles.
Comme l'honorable Membre l'expose en détail, le Gouvernement du land de RhénaniePalatinat ne souhaite plus essuyer les pertes occasionnées par l'organisation d'un GP de F1. Il a,
de ce fait, proposé, début décembre, un nouveau contrat aux termes plus favorables pour lui à
M. Ecclestone, le patron de FOM - Formula One Management - qui gère les droits
commerciaux de ce championnat. Ce dernier n'a toujours pas fait connaître sa décision.
En septembre, c'est l'autre grand circuit allemand, celui de Hockenheim qui avait obtenu
reconduction de son contrat avec la société de M. Ecclestone jusqu'en 2018, non sans l'appui
du land de Baden-Württemberg. Cet accord prévoit la venue du plateau F1 une année sur deux.
Les négociations sont ardues avec la FOM. Pour preuve malgré tous ses atouts, le circuit Gilles
Villeneuve avait disparu du calendrier 2009. Magnicourt a disparu et il s'en est fallu de peu
pour que Silverstone n'apparaisse pas sur le programme de 2010.
La Turquie est également en balance. Le chiffre de 26 millions de dollars, en place de 13,5
millions, serait exigé par la FOM pour la venue du plateau F1.
Force est de constater dans ce dossier, que hormis les promoteurs asiatiques et issus du MoyenOrient, partout en Europe, les organisateurs ainsi que les pouvoirs publics ont pris conscience
du coût astronomique demandé par la FOM et de la quasi impossibilité pour ceux-ci de pouvoir
rentrer dans leurs frais.
Si d'aventure, un accord devait intervenir dans les semaines à venir pour le Nürburgring et
entériner l'alternance entre les circuits allemands, M. Davignon a suggéré que SpaFrancorchamps pourrait profiter de la situation et s'insérer une fois sur deux dans le
programme de la F1, si cette option devait être retenue.
Le risque financier serait dès lors moins lourd à supporter et notre circuit ne pâtirait plus de la
concurrence du Nürburgring qui ne se trouve qu'à quelques kilomètres de distance.
Orphelins du Nürburgring, les nombreux supporters allemands frontaliers auraient tout le loisir
de venir chez nous, ce qui ne constituerait plus une double dépense pour eux.
M. Ecclestone, lui-même, estime qu'organiser deux grands prix distants de 100 km est un nonsens. Mais l'alternance ne recueille pas ses faveurs.
Un Grand prix de Belgique chaque saison, même en concurrence un an sur deux avec le
Nürburgring, pourrait être profitable. Envisageons la probabilité d'un bénéfice la saison sans le
Nürburgring qui viendrait couvrir l'éventuel déficit de la saison où les deux circuits seraient
représentés.
Mais nous devons absolument collaborer avec la FOM afin de ne pas connaître la mésaventure
canadienne de 2009 et connaître une absence qui ne pourra qu'entraîner une chute de l'intérêt et
de valeur de la marque « Spa-Francorchamps ».
Il va sans dire que la renommée de notre circuit est directement liée à la venue du grand
Barnum de la F1 sur nos terres. Une absence serait préjudiciable pour l'ensemble des projets
sportifs et commerciaux de la Société de Promotion du circuit.
En outre, si la Région wallonne a seule consenti d'importants efforts financiers pour que SpaFrancorchamps réponde aux exigences de la F1 et se voie doter d'un outil moderne, les recettes
fiscales générées par le circuit échappent à la Région et viennent grossir l'escarcelle du Fédéral.
Une solution à cet égard devra être creusée.
Réussir le tour de force d'assurer la présence de Spa-Francorchamps constituerait une belle
performance. De nombreux pays: la Grèce, la Corée du Sud,... se pressent au portillon.
Toujours en restant attentive aux données financières, la Région wallonne disposerait d'une
magnifique vitrine durant un week-end comme seule une Coupe du Monde de football ou les
Jeux Olympiques peuvent offrir.
Par ailleurs, le Gouvernement wallon a toujours souhaité liélaboration d'un modèle
économique qui puisse à terme arriver à un équilibre financier pour l'organisation d'un Grand
Prix de F1. Il serait toutefois judicieux, afin d'?uvrer efficacement, l'esprit libéré, de négocier
avec la FOM un bail de longue durée, à l'instar de Hokkenheim (2018) ou Silverstone (2027) et
d'installer un plan financier et commercial sur le long terme.
Nonobstant ce qui précède, Spa-Francorchamps figurera bel et bien, comme prévu dans le
contrat liant la Région wallonne et la FOM jusqu'en 2012, au calendrier 2010. Les différentes
hypothèses relayées, notamment par la presse, ne sont pour l'heure qu'à l'état embryonnaire.

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