Monsieur de Pourceaugnac - OPERA MAGAZINE

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Monsieur de Pourceaugnac - OPERA MAGAZINE
Date : FEV 16
Page de l'article : p.40-41
Journaliste : Michel Parouty
Pays : France
Périodicité : Mensuel
Page 1/1
CPER
Théâtre,
17 décembre
de Pourceaupc
Privât
(Monsieur de Pourceaugnac)
Alain Trétout (Oronte)
Juliette Léger (Julie)
Clémence Boue (Nérme)
Stéphane Facto (Lucette)
Guillaume Ravoire (Eraste)
Daniel San Pedro (Sbngam)
Claire Debono (soprano)
Lrwin Aroi (haute-contre)
Matthieu Lécroart (baryton-basse)
Cyril Cortanze (basse)
William Christie (dm)
Clément Hervieu-Léger (ms)
Aurel ie Maestre (d)
Caroline de Vivatse (e)
Bertrand Couderc (I)
Bruno Bouche (ch)
L
e 6 octobre 1669, la cour de Louis XIV
séjourne au château de Chambord. Le
« divertissement » du jour est l'œuvre de
Molière pour le texte, de Lully pour la musique, et la chorégraphie est signée de Pierre
Beauchamp En trois actes, Monsieur de
Pourceaugnac conte, sur le mode de la farce,
les mésaventures d'un provincial de Limoges,
monte à Paris pour épouser Julie, fille
d'Oronte, laquelle est éprise d'Éraste , aidés
de deux intrigants, Sbrigam ct Nérme, les
amoureux auront gain de cause non sans
avoir mené Pourceaugnac au bord de la folie.
La pièce est impitoyablement cruelle, et son
humour n'a pas vieilli. Ce qui justifie parfaitement la transposition dans les années 1950
voulue par Clement Hervieu-Leger, dont la
mise en scène maîtrise aisément le tourbillon
effréné qui emporte chaque personnage. Les
décors d'Auréhe Maestre sont astucieux, mim-
mahstes pour s'adapter aux différents plateaux, pendant la longue tournee prévue
jusqu'en juin, et les costumes de Caroline de
Vivaise sont à I unisson. L'une des qualités
premières du spectacle, et non la moindre,
c'est son homogénéité.
Qui dit « comédie-ballet » (et Monsieur de
Pourceaugnac en est une, comme l'emblématique Bourgeois gentilhomme) dit theâtre et
musique, celle-ci n'étant pas plaquée sur celui-là, mais partie d'un tout auquel elle est liée
de manière organique Avec la partition de
Lully, Monsieur de Pourceaugnac récupère sa
juste dimension et son équilibre Interventions
instrumentales, chorégraphiques (réglées par
Bruno Bouche) et vocales sont là pour varier
et souligner les couleurs, les humeurs, les atmospheres.
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Les quatre chanteurs s'en donnent à cœur joie
lorsqu'il s'agit de jouer la comedie , Matthieu
Lécroart, voix percutante de baryton-basse,
est ainsi un médecin déjanté hilarant. Les
acteurs n'hésitent pas à pousser la note. On
La réflexion sur ce que peut
être, aujourd'hui, un
«opéra-ballet» est réussie.
regrette que Juliette Léger et Clémence Boue,
peut-être impressionnées par la grandeur de
la salle, aient tendance à forcer leur voix, ce
qui ne facilite ni la souplesse de leur jeu ni leur
diction.
Autour de l'Éraste plaisant de Guillaume
Ravoire, un épatant quatuor masculin mène
la danse : Stéphane Facco se livre à un incroyable numéro travesti en Lucette, «feinte
Gasconne» ; Gilles Privât est un Pourceaugnac
aux allures de clown triste, Daniel San Pedro,
le plus bondissant des Sbrigam et Alain
Trétout, un Oronte droit sorti d'un « cartoon »
Du clavecin, William Christie jubile en dirigeant une poignée de musiciens venus des
Arts Florissants La réflexion sur ce que peut
être, aujourd'hui, un «opéra-ballet» loin des
reconstitutions baroquisantes est réussie. Et,
plus que jamais, Molière et Lully sont éternels.
Après Caen, le spectacle a éte représenté à
l'Opéra Royal de Versailles, au début du mois
de jan vi er.
MICHEL PAROUTY
VERSAILLES 6015686400505

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