Vision de l`enfer Par John Bunyan .wps

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Vision de l`enfer Par John Bunyan .wps
VISION DE L’ENFER
Par John Bunyan
Pour révéler les souffrances que tous les genres de pécheurs
auront à souffrir… et comment les anges déchus et les démons
rôdent constamment auprès de ceux qu’ils veulent dévorer et
comment ils mentent aux enfants de Dieu pour les amener à se
détourner de Lui et à commettre le péché; ainsi ils mourront et
iront en enfer.
SUR LE POINT DE SE SUICIDER
J’avais résolu de me détruire et afin d’arriver à mon but je sortis
un matin tout près de ma maison, à l’arrière par les bois et là je
me proposais d’accomplir cette tragédie ensanglantée. Comme
j’y pensais, j’entendis un chuchotement secret: ne t’enfonce pas
dans une misère éternelle pour satisfaire l’ennemi de ton âme
abattue. Le suicide que tu es sur le point d’accomplir est un coup
mortel qui va te conduire à ta propre damnation.
Cette voix est venue avec tellement de puissance que cela m’a
fait jeter les instruments avec lesquels je me proposais de faire
violence à ma propre vie.
Alors que mes pensées s’agitaient comme je m’asseyais sur le
talus, je fus soudainement entouré d’une lumière glorieuse. Son
intensité était comme quelque chose qui ne s’était jamais vue
auparavant…
Vers moi, une forme glorieuse comme la personne d’un homme.
Bien, dit ce serviteur céleste… J’ai reçu la mission de te conduire
dans le monde inférieur, dans les domaines du prince des
ténèbres, afin que tu puisses y voir le salaire du péché.
CONDUIT EN ENFER
…J’ai vu des multitudes de formes horribles et des apparitions
sombres et ténébreuses s’envoler loin de la présence éclatante
de mon conducteur. J’ai tout de suite trouvé que sa parole était
très vraie car nous fûmes bientôt entourés par des ténèbres, plus
noires que la nuit, qui répandaient une odeur plus suffocante
que celle du souffre enflammé. Mes oreilles étaient remplies de
cris horribles venant des esprits maudits…
Maintenant, dit le serviteur céleste, tu es en enfer, mais ne crains
pas la puissance du destructeur car le trône impérial m,a donné
pour mission de te protéger de tous les dangers. Ici, tu peux
entendre des démons et des âmes damnées, ainsi que les causes
maudites de leur ruine éternelle. Ils répondront aux questions
que tu leur poseras.
Nous avons alors continué notre route parmi les scènes lugubres
et tristes et avons vu deux âmes misérables tourmentées par un
démon qui sans cesse les plongeaient dans le feu et le souffre
enflammé pendant qu’ils s’accusaient et se maudissaient l’un et
l’autre: Maudite soit ta face. Comment ai-je pu un jour poser
mes yeux sur toi! Ma misère vient de toi, car ce sont tes
persuasions qui m’ont amené ici; tu m’as attiré et tu m’as pris au
piège. C’était ta convoitise, ta tricherie, ton oppression envers le
pauvre qui m’ont amené ici. Si tu m’avais donné un bon exemple
autant que tu m’en as donné un méchant, j’aurais pu être au ciel
et là j’aurais été heureux autant que je suis malheureux
maintenant. Mais ô misérable que j’étais suivre tes pas m’a
conduit à cet état pitoyable et a causé ma ruine pour toujours; ô
comme je souhaiterais n’avoir jamais rencontré ta face ou que tu
ne sois jamais né pour faire à mon âme tout le mal que tu lui as
fait!.
L’autre misérable répliqua: Et ne puis-je pas aussi te blâmer?…
Car tu ne te souviens pas comment en un certain temps et lieu, tu
m’as attiré et demandé si je ne t’accompagnerais pas dans un
moment où justement je m’occupais de mes affaires, dans le
domaine légal!… Mais tu insistais, alors tu es autant en faute
que moi. Autant j’étais cupide, autant toi tu étais orgueilleux et
si tu as appris de moi ta convoitise, je suis certain que j’ai appris
de toi mon orgueil et mon ivrognerie et autant tu as appris de
moi à tricher, autant tu m’as enseigné à mentir et à me moquer
de ce qui était bien. Autant je t’ai fait tomber dans certaines
choses, autant tu m’as fait tomber en certaines autres et alors si
tu me blâmes, je peux te blâmer autant. Et si j’ai à répondre pour
certaines de tes mauvaises actions, tu dois aussi répondre pour
certaines des miennes…
J’aimerais que tu ne sois jamais venu ici, car juste le fait de te
voir blesse mon âme, au souvenir du péché fraîchement ramené
à mes pensées. C’était avec toi, oui! Avec toi, que j’ai péché. Oh!
malheur à mon âme! Car depuis je ne peux éviter ta compagnie,
ah!, si je pouvais en être débarrassé!
De ce triste dialogue, j’ai bientôt perçu que ceux qui sont
compagnons sur terre dans le péché le seront aussi en enfer
comme châtiment. Et autant sur terre ils aiment être ensemble,
autant l’inverse sera vrai en enfer. Romains 1:32
LES TORTURES DE L’ENFER
Nous continuâmes notre route au milieu de bien des scènes
terribles. Je vis une femme se faisant constamment rentrer dans
la gorge du souffre enflammé par un esprit de tourment, qui le
faisait avec une telle cruauté que je ne puis m’empêcher de lui
dire: Pourquoi prends-tu tant de plaisir à tourmenter cette
misérable maudite en lui versant de force cette liqueur
enflammée dans la gorge?
Ce n’est qu’une juste rétribution, répliqua le démon. La vie de
cette femme était tellement sordide: elle avait suffisamment
d’or, mais elle n’en était jamais satisfaite. C’est pourquoi
maintenant je lui en verse plein la gorge. Elle ne se souciait ni de
savoir qui elle ruinait, ni de la façon dont elle s’y prenait pour
obtenir son or. Et lorsqu’elle eut amassé un très grand trésor, son
avarice l’empêcha de débourser la moindre somme pour
subvenir à ses propres besoins, même aux plus simples
nécessités de la vie…
Elle n’avait pas de maison pour ne pas avoir à payer de taxes,
elle ne gardait aucun argent sur elle de peur d’être volée; elle ne
faisait aucun placement de peur d’être trompée. Puisque l’or
était son seul dieu sur terre n’est-il pas juste qu’elle en ait le
ventre rempli en enfer?
Oh! Me suis-je dit. Si les hommes pervers sur terre pouvaient
pour un court instant tendre leurs oreilles à cette bouche de
l’enfer et entendre ces horribles cris des âmes damnés, ils ne
pourraient plus être en amour avec leur péché.
Nous n’étions pas rendus beaucoup plus loin que l’on s’arrêta et
vit une âme misérable étendue sur un lit d’acier brûlant ,
presque étouffée par le soufre enflammé, elle criait comme
quelqu’un qui qui se trouve dans une effroyable angoisse et
d’un ton désespéré: Misérable perdu! Perdu pour toujours. Non,
non ma misère n’aura jamais de fin; après des milliers et des
milliers d’années, ce sera encore pour toujours. Oh! Quel état
désespéré! Pour toujours, c’est ce qui est infernal. Oh! Misérable
maudit! Maudit pour l’éternité! Comment ai-je pu me perdre
moi-même? Oh! De quelle stupide folie suis-je coupable, que
celle d’avoir choisi le si court moment de plaisir du péché, au
prix élevé de cette souffrance éternelle! Combien de fois en ai-je
été averti! Que de fois me pressait-on afin que je quitte ces
sentiers de péché qui me conduisaient sûrement aux chambres
de la mort éternelle! Ils me l’ont dit souvent que mes plaisirs
momentanés se changeraient en douleurs éternelles et
maintenant cette triste expérience me le prouve bien. Mais il est
trop tard, car mon état éternel est fixé pour toujours. Pourquoi
sachant que j’avais été créé avec un âme immortelle en ai-je si
peu pris soin? Oh! Ma propre négligence me cloue à la mort et
pourtant je sais que je ne peux, non, je ne peux mourir! Mais je
vis une vie de mort, pire que celle de dix mille morts, pourtant il
y eut un jour où j’aurais pu empêcher tout ça et je ne l’ai pas
fait… Oh! C’est le ver qui ne meurt pas. J’aurais pu un jour avoir
été heureux; le salut m’avait alors été offert et je l’ai refusé. Oh!
Maudit péché, qui avec ses plaisirs mensongers ensorcelle
l’humanité vers la ruine éternelle!
Après ces réflexions, je m’adressai à celui qui se plaignait et je
lui dis que j’avais entendu sa lamentation terrible, par laquelle
je compris que sa misère était grande et sa perdition irréparable.
Je lui dis que je désirais m’en informer davantage, si cela
pouvait possiblement amoindrir ses souffrances.
Non, pas de tout; mes douleurs sont continuelles, sans répit,
aussi minime soit-il. Mais par la question que vous avez posée,
je vois que vous êtes étranger ici; et puissiez-vous l’être à
toujours! Ah! Si j’avais le moindre espoir, comme je
m’agenouillerais, crierais et prierais sans cesse, afin d’être
racheté. Oui, mais oh! C’est en vain, je suis perdu pour toujours
et à jamais. Je vais vous dire ce que les damnés souffrent ici.
Nous vivons deux genres de misère dans ce donjon infernal:
nous vivons ce que nous avons perdu et ce que nous subissons.
Voici d’abord ce que nous avons perdu:
1. Dans ce triste endroit de misère, nous avons perdu la présence
du Dieu béni éternellement. Et c’est ce qui fait de ce donjon
l’enfer. Si seulement une miette de sa faveur entrait ici, nous
serions heureux; mais nous l’avons perdue à notre malheur
éternel.
2. Oui, nous avons aussi perdu la compagnie des saints et des
anges et nous avons à la place des démons pour nous
tourmenter.
3. Ici nous avons perdu le ciel. Il y a entre nous et le ciel un
abîme infranchissable qui nous sépare pour toujours. Ces portes
éternelles qui laissent entrer les bénis dans la gloire et le
bonheur nous sont fermées pour toujours.
4. Pour rendre notre misère plus misérable encore, nous avons
même perdu tout espoir de parvenir à un meilleur état, ce qui
rend notre condition vraiment désespérée. L’homme le plus
misérable sur la terre a encore de l’espoir et c’est ce que nous
avons perdu. Le simple fait d’y penser suffit pour déchirer et
ronger nos âmes misérables pour l’éternité. Et encore, si c’était
tout!
Je vais essayer de vous faire comprendre ce que nous subissons:
1. Premièrement, nous supportons des tourments variés. Il y a ici
un feu qui nous brûle et qui ne s’éteint point, un lac de feu et de
souffre qui nous étouffe, des chaînes éternelles pour nous lier,
des ténèbres épeurant et un ver de conscience qui nous ronge
éternellement. Chacun de ces tourments est dix mille fois pire à
supporter que tous les tourments que l’humanité peut avoir sur
terre.
2. En plus d’être variés, nos tourments sont aussi universels. Ils
affligent chaque partie de nos corps et tourmentent toutes les
puissances de nos âmes, ce qui rend nos souffrances
insupportables.
L’œil est ici tourmenté par la vision de démons qui apparaissent
sous toutes les sortes de formes horribles que le péché peut leur
donner.
L’oreille est continuellement tourmentée par les grands cris
perçants et continuels des damnés.
Les narines sont congestionnées par les flammes sulfureuses.
La langue est infectée par des ulcères brûlants, comme tout le
corps qui en plus est brûlé par les flammes.
Toutes les facultés de nos âmes sont aussi tourmentées.
Notre intelligence est tourmentés par les pensées de nos plaisirs
passés, par les douleurs présentes et futures qui vont durer
éternellement.
3. Une autre chose qui rend terrible notre misère est la violence
de nos tourments. Il est impossible de se l’imaginer.
4. Nos tourments incessants sont une autre cause de notre
misère; nous n’en avons aucun repos. S’il y avait des temps de
relâche! Mais hélas; nos souffrances durent continuellement.
5. La compagnie que nous avons ici est un autre élément de notre
misère: elle se compose de démons de tourments et d’âmes
angoissées. Des cris effroyables et perçants, des hurlements et
des blasphèmes arrogants font le sujet de nos conversations.
6. Le lieu dans lequel nous souffrons augmente aussi notre
misère. Lieu de toutes sortes de misères; une prison, un donjon,
un gouffre sans fin, un lac de feu et de soufre, une fournaise de
feu qui brûle pour l’éternité ainsi que la noirceur des ténèbres.
Retirez-vous de moi maudits; allez dans le feu éternel, est ce qui
résonne perpétuellement dans nos oreilles.
Cette âme misérable avait à peine terminé ce qu’elle disait
qu’elle fut tourmentée par un démon qui lui dit d’arrêter de se
plaindre, que c’était en vain.
Aussi, lui dit-il, sais-tu que tu le mérites? Tu as ri et tu t’es
moqué de ceux qui t’ont parlé de l’enfer. Tu sais qu’à toi-même
le salut te fut offert et que tu l’as refusé. Alors de quel droit
peux-tu te plaindre d’être damné?
Ceci amena le misérable à s’écrier: Oh, arrête de me tourmenter.
Je sais que je suis la cause de ma propre destruction. Et se
tournant vers le démon qui le torturait, il dit: Mais c’est toi qui
m’a tenté de tous les péchés dont je suis coupable.
À ceci le diable répliqua avec dédain: Je reconnais que c’était ma
tâche de t’attirer ici! Et souviens-toi, tu te l’étais fait dire par tes
prédicateurs; ils te l’ont dit assez clairement que nous
cherchions à te perdre, que nous rôdions sans cesse comme des
lions rugissants cherchant qui nous pourrions dévorer et j’ai
souvent eu peur que tu les aies crus, comme plusieurs qui l’ont
fait à notre grand désappointement. Mais toi, tu as voulu faire ce
que nous voulions et comme tu as fait notre travail, il est juste et
raisonnable que nous te payions ton salaire.
Alors le démon le tourmenta de nouveau, ce qui le fit crier si
horriblement que je ne pouvais plus rester à l’entendre.
Alors je continuai ma route et dis à mon conducteur: Que la
condition de ces âmes damnées est lugubre. Ils sont les esclaves
du diable pendant qu’ils sont sur la terre et il les tourmente pour
cela quand ils viennent en enfer.
Passant plus loin, je vis une multitude d’âmes damnées
ensemble, grinçant leurs dents avec une rage et une douleur
extrêmes, pendant que les démons de tourments répandaient,
continuellement et avec une fureur infernale, du feu et du soufre
sur eux. Je demandai alors à un démon qui ils étaient.
Ils sont ceux qui le méritent bien, dit-il. Ceux-ci sont les maudits
misérables qui enseignaient aux autres comment aller au ciel,
pendant qu’eux-mêmes étaient tellement en amour avec l’enfer
qu’ils y sont arrivés. Nous leur réservons des tourments
particuliers afin qu’ils n,en manquent pas car ils ne sont pas
responsables seulement pour leurs propres péchés, mais aussi
pour tous ceux qu’ils ont égarés avec leur fausse doctrine et leur
exemple.
Plus loin j’entendis un misérable se plaindre d’un cœur brisé de
ces hommes qui l’avaient égaré. Je m’étais fait dire, dit-il, par
ceux en qui je me confiais et de qui je dépendais, que si je disais,
Seigneur aie pitié de moi, au moment de mourir, ce serait
suffisant pour me sauver. Mais oh malheur!, je me suis fait
tromper à ma propre perte éternelle. Un démon lui répondit:
Une bonne affaire n’est-ce pas? Tu passes tes jours à la poursuite
du péché en te vautrant dans la saleté; et tu irais au ciel après ta
mort! Seul un fou pourrait croire cela. Non, celui qui veut
sérieusement aller au ciel doit marcher dans la sainteté alors
qu’il vit. Si tu avais pris la peine de lire la Bible, tu aurais appris
que sans la sanctification, nul ne peut voir la face du Seigneur.
Tu as voulu vivre dans tes péchés aussi longtemps qu,il t’en as
été possible; tu ne les as pas délaissés par dégoût, mais bien
parce que tu n’avais plus la capacité de continuer cette vie. Tu
sais que cela est vrai. Comment peux-tu avoir l’insolence de
penser aller au ciel en ayant l’amour du péché dans ton cœur?
Non, non, non, c’est impossible! Tu as souvent été averti de
prendre garde d’être séduit car on ne se moque pas de Dieu; ce
qu’on sème, on le récolte.
Ce discours du démon fut un tourment pour ce pauvre
misérable, disje à mon conducteur et il décrit bien la vie de
plusieurs damnés autant que celle d’hommes qui sont
présentement sur la terre. Mais, une fois dans ce triste lieu,
comme leur jugement diffère de celui qu’ils posaient sur terre!
C’est qu’ils ne prennent pas le temps de réfléchir aux
conséquences du péché, répliqua l’ange. C’est la cause de la
ruine de plusieurs milliers de personnes: elles ne pensent ni à ce
qu’elles font, ni à l’endroit où leurs gestes les conduisent,
jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour y changer quoi que ce soit.
J’ai observé que ces misérables se plaignent surtout du tourment
causé par leur propre sens de culpabilité, ce qui justifie un
châtiment légitime.
Car je me souviens que certains de ces misérables perdus ont
souligné, dans leurs commentaires, le fait qu’au moment où le
salut leur avait été offert, ils l’ont refusé. Ce n’est qu’à ce
moment que la grâce aurait pu les sauver.

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