le pont de pontoise : et au milieu coule une rivière

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le pont de pontoise : et au milieu coule une rivière
Pontoise
LE PONT DE
PONTOISE : ET AU
MILIEU COULE UNE
RIVIÈRE
Avec ce premier épisode d’une série qui en comptera trois, 13 comme une
vous conte l’histoire d’une rivière qui a façonné le territoire cergypontain.
Retour à la source...
Une vue de Pontoise en 1792 (aquarelle de Louis Signy – Musées de Pontoise).
On l’oublie un peu aujourd’hui, mais Pontoise fut d’abord... un pont sur
l’Oise. Nos ancêtres n’ont pas choisi ce lieu au hasard. À l’origine, il offrait
en effet un gué permettant à la chaussée Jules César – la voie romaine
reliant Lutèce (Paris) à Rotomagus (Rouen) – de franchir la rivière. Cette
position en fait très vite un emplacement stratégique, car il barre la route
aux incursions des redoutables Vikings. Le pouvoir royal l’a bien compris, qui
fortifie Pontoise en s’appuyant sur la place forte naturelle du mont Bélien
dominant la rivière de ses 50 mètres. Le village y gagne ses galons de ville
royale. Et comme l’Oise est aussi une voie de transport des marchandises,
Pontoise accueille la très célèbre Foire Saint-Martin, qui fêtera en novembre
2015 sa 845e édition.
Un droit de travers
Avant même le Moyen-Âge, il existait sans doute un pont en bois, dont il ne
reste plus de traces. Mais le premier pont de pierre voit le jour vers la fin du
e
XI siècle et sera conservé jusqu’en 1800. Avec ses 110 mètres de long et ses
13 arches – dont deux laissent passer les bateaux –, c’est un pont bâti, qui
comporte des habitations et des moulins à roue pendante, un système
astucieux permettant à la roue d’être montée ou descendue selon le niveau
de l’eau. Côté Pontoise, une porte fortifiée en protège l’accès. Du côté de
Saint-Ouen l’Aumône, c’est un véritable châtelet, avec ses deux tours
menaçantes. Ces défenses ont une vocation militaire, bien sûr, mais aussi...
fiscale. Car hommes et marchandises doivent payer un « droit de travers »
pour passer sur et sous le pont !
L’Oise canalisée
Le pont est remodelé entre 1800 et 1840, pour permettre le passage de
bateaux plus importants. Mais la révolution industrielle impose la
canalisation de l’Oise, dont le chantier est lancé en 1835. Les préoccupations
militaires sont oubliées. Il s’agit désormais de répondre aux besoins de
l’industrie et de chauffer les Parisiens en leur apportant le charbon du Nord.
Sept barrages et écluses sont construits sur l’Oise, dont un légèrement en
aval de Pontoise. La canalisation de la rivière permet de faire naviguer des
bateaux de 300 tonnes maximum au lieu de 100 initialement. En régulant le
flux, elle rend aussi l’Oise navigable plus de 300 jours par an, contre
seulement 160 auparavant. En 1896, une deuxième canalisation est mise en
service, avec une grande écluse de 125 mètres, et un nouveau barrage en
1913. La voie est désormais libre pour le formidable développement de la
batellerie. Mais c’est déjà une autre histoire ! (à suivre…)
© JEAN-CLAUDE RAULT
GRANDE & PETITES HISTOIRES
Claude Legout, vice-président de la Société historique et archéologique de
Pontoise, du Val d’Oise et du Vexin
Les remorqueurs et les automoteurs ne sont apparus qu’avec la vapeur, puis le
diesel. Auparavant, un seul moyen pour remonter la rivière : le halage humain ou
animal. Des chemins de halage furent aménagés tout au long de l’Oise, aux rives
débarrassées de végétation. La traction était assurée soit « à la bricole » (par des
hommes), soit par des chevaux, ânes, mulets ou bœufs. Songez, par exemple, que
faire passer sous un pont une besogne de 100 tonnes pouvait mobiliser 60 chevaux
et 100 personnes ! Avec les méandres de l’Oise, puis de la Seine, la distance de
Pontoise à Paris par le fleuve est de 80 Km, et non pas 30 comme par l’autoroute !
De plus, il fallait changer de rives en fonction des méandres : remonter de Rouen à
Paris prenait plus de trois semaines, avec 50 changements de rives. La dureté du
métier rendait haleurs et charretiers agressifs : les bagarres n’étaient pas rares...
Rien à voir avec les mariniers bardés d’informatique d’aujourd’hui.
EN SAVOIR PLUS
Fondée en 1877 et reconnue d’utilité
publique en 1918, la Société historique et
archéologique de Pontoise, du Val d’Oise
et du Vexin (SHAPVOV) regroupe érudits
et historiens, le plus souvent anciens
professeurs. Elle publie un bulletin
historique et organise des conférences et
excursions pour tous les passionnés
d’histoire ou les simples curieux. Vous
trouverez de nombreuses informations sur
son site : publications, catalogue de la
bibliothèque, sommaires d’archives...
Société historique et archéologique de
Pontoise, du Val d’Oise et du Vexin
43 rue de la Roche à Pontoise
01 30 32 21 74

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