L`Algorithme de génération des premiers ( AGP) par Jacques
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L`Algorithme de génération des premiers ( AGP) par Jacques
L’Algorithme de génération des premiers ( AGP) par Jacques Bienvenu On présente ici un nouvel algorithme dont le but n’est pas comme le crible d’Eratosthène de trouver les nombres premiers, mais qui permet de mieux comprendre la manière dont ils se forment. On l'appellera Algorithme de Génération des Premiers ou AGP. La longueur des nombres La suite des nombres entiers est générée de manière additive par le nombre 1 Dans cette suite la succession des nombres premiers semble apparaître au hasard. Comme la définition d’un nombre premier est relative à la multiplication, l’idée principale, ici, est de présenter les nombres entiers non plus comme générés additivement par le nombre 1, mais générés multiplicativement par les nombres premiers et en les classant selon le nombre de premiers qui figurent dans la décomposition d’un entier. On définit d’abord la longueur d’un entier : c’est le nombre de premiers qui entrent dans la décomposition d’un entier n en produit de nombres premiers. Exemples : 12 = 2x2x3 a pour longueur 3. Ainsi : la longueur de 12 est 3. De même la longueur de 5 est 1. Avec cette définition les nombres premiers deviennent les nombres entiers de longueur 1. D’autre part, on propose de placer les entiers dans des intervalles bornés par des puissances r r+1 de 2 consécutives. Donc de la forme Ir = [2 ; 2 [ en remarquant ceci : 2 est le plus petit nombre premier. Donc 2r est le plus petit entier de longueur r. Tout nombre entier de l’intervalle Ir est plus petit que 2r+1 qui est le plus petit entier de longueur r+1. On en déduit que dans les intervalles Ir les entiers ont au plus la longueur r. Nous admettrons provisoirement que les longueurs des entiers de Ir prennent toutes les valeurs de 1 à r. Cela permet de ranger les entiers selon leur longueur dans chaque intervalle. On peut faire les remarques suivantes : les intervalles Ir sont tous disjoints et forment une partition de N. D’autre part le nombre d’éléments de Ir double quand on passe de r à r+1. Notre algorithme consiste à écrire les nombres entiers selon cette partition. Le train sifflera p fois Reportons nous au tableau de l’AGP (page suivante) et observons l’intervalle I4 : chaque longueur de I4 est engendré par des nombres premiers bien précis. La longueur 4 par 2 et 3 ; la longueur 3 par 2 ;3 ;5 ;7, la longueur 2 par 2 ;3 ;5 ;7 ;11 ;13. Les flèches rouges montrent qu’il en est de même pour les longueurs 5 ; 4 ; 3 de I5 et pour les longueurs 2 et 3 de I3. On pourrait présenter de manière imagée l’algorithme ainsi : chaque intervalle Ir est un train. La locomotive ce sont les nouveaux nombres premiers, les wagons sont formés à l’aide des anciens. Le wagon de queue du train I4 est formé par les premiers de l’intervalle I1 à savoir 2 et 3. De plus le wagon de queue comportera toujours deux éléments quelque soit l’intervalle (dans I1000 les nombres de longueur mille sont au nombre de 2). L’avant dernier wagon de I4 (les nombres de longueur 3) est formé des premiers qui se trouvent dans I1 et I2. Le nombre d’entiers de ce wagon est cinq et il est stabilisé. C'est-à-dire que le nombre d’entiers de l’avant dernier wagon (les entiers de longueur 4) du train suivant I5 est aussi égale à cinq comme on peut l’observer sur le tableau. Plus les trains sont longs plus ils y a de wagons comportant un nombre stabilisé d’entiers. Ainsi on montre que dans I100 les trente six derniers wagons ont un nombre d’entiers stabilisé. 1 L’AGP Longueurs 1 Io=[20 ; 21[ 1 I1= [21 ; 22 [ 2 3 2 3 4 I2= [ 22 ; 23 [ 5 7 2x3 2x2 I3= [ 23 ; 24 [ 11 13 2x5 2x7 3x5 3x3 I4= [ 24 ; 25 [ 17 19 23 29 31 2x11 2x13 3x7 5x5 2x3x3 2x2x5 2x3x5 2x2x7 3x3x3 2x2x2x2 2x2x2x3 I5 =[ 25 ; 26[ 37 41 43 47 53 59 61 2x31 2x29 2x23 2x19 2x17 3x19 3x17 3 x13 3x11 5x11 5x7 7x7 2x2x11 2x2x13 2x2x7 3x3x5 3x3x7 2x5x5 2x2x2x5 2x2x2x7 2x2x3x3 2x2x3x5 2x3x3x3 5 2x2x2 2x2x3 {2 ;3 ;5 ;7 ;11 ;13} 2x2x2x2x2 2x2x2x2x3 (2;3) stabilisé à 2 entiers {2 ;3 ;5 ;7} stabilisé à 5 entiers En guise de bilan A la différence du crible d'Eratosthène, l'AGP utilise le théorème fondamental de la décomposition unique des entiers en produit de premiers. Il réalise une partition de N, ce qui fait qu’il offre des perspectives dans le domaine du dénombrement. Ainsi les stabilisations précédentes pourraient trouver là leur intérêt. Surtout l’AGP propose de considérer non pas le nombre premier seul, mais la collection qui se trouve dans chaque intervalle Ir. Il permet d’observer une construction 2 qui montre d’avantage l’ordre que le chaos et il montre bien contrairement au crible d'Eratosthène que les nombres premiers ne se forment pas au hasard. Encadré technique : théorèmes issus de l'AGP Nous nous contenterons de donner ici deux résultats : un théorème préliminaire que nous démontrerons et un théorème, central de cette étude, le théorème de stabilisation, que nous admettrons. Soit l’intervalle Ir = [ 2r ; 2r+1 [. On désigne par L r,m les entiers de Ir de longueur m. L’entier m varie donc de 1 à r (un entier strictement positif). On notera Pr = Lr,1 les nombres premiers de Ir. Card (Lr,m) désigne le nombre de premiers dans L r,m. Théorème préliminaire A) Les nombres premiers q qui sont dans la décomposition des entiers de Lr,m sont tels que : q < 2 r-m +2 B) Si q < 2 r-m +2, il existe au moins un entier de Lr,m, avec 2 ≤ m ≤ r, qui contient q comme facteur. A) En effet : si q ≥ 2 r-m +2. Alors 2m-1q ≥ 2 r+1. Or 2m-1q est le plus petit entier de longueur m qui contient q. Donc il n’y a aucun entier de Lr,m contenant q. On a donc nécessairement q < 2 r-m +2 B) Pour démontrer B nous avons besoin d’un résultat préalable. Le postulat de Bertrand dit que pour tout entier n > 1 on peut toujours trouver un nombre premier compris entre n et 2n. Ce postulat est toujours vrai si on remplace n entier, par x réel et x Error! Objects cannot be created from editing field codes. 2. Cela découle des inégalités suivantes : Soit x réel, x Error! Objects cannot be created from editing field codes. 2 et E(x) la partie entière de x. On a E(x) > 1 et d’après Bertrand il existe un nombre premier p Tel que E(x) < p < 2 E(x) qui entraîne E(x) +1 ≤ p < 2E(x). Comme E(x) ≤ x < E(x)+1. On déduit x < E(x) +1 ≤ p < 2 E(x) ≤ 2x ce qui prouve notre assertion. Soit q < 2 r-m +2. Si 2 r-m +1 ≤ q < 2 r-m +2 alors 2 r ≤ 2 m -1 q < 2 r+1, donc pour 2 ≤ m ≤ r il existe bien au moins un entier de Lr,m qui contient q comme facteur (dans ce cas tous les premiers de Pr-m+1). Si q < 2 r-m +1 alors 2r-m+1/q >1 et 2 r-m +2/q > 2. Donc il existe un nombre premier p entre 2 r-m +2/q et 2 r-m +3 /q. On en déduit pour 2 ≤ m ≤ r que 2 m-2 pq est dans Ir et ce nombre est bien un entier de longueur m qui contient q comme facteur. En d’autres termes les entiers de longueur 2 ≤ m ≤ r d’un intervalle Ir sont engendrés par tous les nombres premiers inférieurs ou égaux à ceux de l’intervalle Ir-m+1. On dira que des nombres premiers engendrent une collection H de nombres entiers si tous ces premiers se trouvent dans la décomposition des entiers de H et s’il n’y en a pas d’autres. ln 2 . On peut donc Théorème (de stabilisation): card (Lr,m)= card (Lr+n,m+n) pour m ≥ (r+1) ln 3 observer que pour r> 4, plus du tiers des longueurs d’un intervalle Ir ont un cardinal qui se stabilise et qui se retrouvent donc dans les intervalles suivants. A titre indicatif pour I100 les 36 dernières longueurs sont stabilisées. On peut calculer les longueurs qui sont stables. Ainsi par exemple pour tout r>7. On peut aisément trouver Lr,r=2, Lr,r-1= 5 ; Lr,r-2 =8 etc. Bibliographie : Jean-Paul Delahaye. Merveilleux nombres premiers. Voyage au cœur de l'arithmétique. Éditions Belin/Pour la science, Paris, 2000, Gilles Godefroy, L’aventure des nombres, Editions Odile Jacob, 1997. Edouard Lucas, Théorie des nombres, Gauthier-Villars,1891, réédition Jacques Gabay,1991, P.382. (Consultable sur le site Gallica de la BNF.) 3