REV IEW - Francis Ponge

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REV IEW - Francis Ponge
ROMANIC REV I E W LSU
AUG 02 1995
LIBF/AHY Volume 85
Number 4
November 1994
Bernard Beugnot
LES AMITIES ET LA LITTERATURE:
FRANCIS PONGE EPISTOLIER
A Bernard Bray, I'ami, et Ie maitre de l'epistolaire
«Avec la lettre, on ne saura plus jamais ou I'on
en est, encore dans la vie ou deja dans Ie texte»
A. Buisine, 1984 1
A
u moment ou s'annonce I'entree des reuvres poetiques dans la «Bi­
bliotheq ue de la J>h~iade», il sera it opportun d'ouvrir un second chan tier
qui requerra avant d'aboutir bien des efforts et des collaborations. On sait
en effet combien les editions des correspondances de Diderot, Rousseau et
Voltaire, de Georges Sand et de Mallarme, ou encore de Proust ont demande
d'annees pour s'approcher de l'exhaustivite. Mais il est possible d'amorcer la
demarche en jalonnant les pistes pour un tel projet et en enon~ant quelques-uns
des principes directeurs qui pourraient Ie regir.
L'edition Claire Boaretto des lettres aJean Paulhan (Paris, Gallimard, 1986)
a inaugure l'entreprise avec un premier massif. Les comptes rendus 2 , esquisse
de l'exploitation qu'en pourrait faire une monographie encore attendue sur
Ponge et Paulhan, soulignent a l'envi Ie caractere tumultueux de cette relation
ou 1a transparence n'est parfois que de surface, OU tantot s'affichent, tantot
se dissimulent de fortes tensions: Ponge fut-il, «Ia mauvaise conscience de
Paulhan» (B. Groethuysen)? Faut-il voir dans les allusions a Paulhan, entre
autres dans la preface des Proemes, «la cicatrice de recentes b!essures» (G.
Quintat)? Y a-toil eu vraiment un role conjoint de leur part dans la revolution
linguistique et l'erosion de !'humanisme (J.L.Brown)? En tout cas, ce qu'ecrit
Paulhan a Rolland de Reneville en 1932 (<<C'est un soud de methode qui me
1. Revue des sciences humaines, 195, 1984, «Lettres d'ecrivains". Avant-propos.
2. Esprit, 123, fevrier 1987, 121 (F. Schulmann); Etudes, 366, 1987, 268 U. de
Chauveron); NRF, 408,1 janvier 1987, 100-102 (G. Quinsat);Studi Francesi, XXXIV,
1990,350-352 (A. Marchetti); Times Literary Supplement, 4369, 26 decembre 1986,
440, "Greatness through Method» (Peter Fawcett); World Literature today, LXI, 1987,
420 Uohn L Brown}, Deplorer, comme Ie font plusieurs, l'appareil de commentaire,
c'est ignorer qu'une correspondance se nourrit d'allusif et n'est lisible et exploitable
que par une mise en contexte serree. II faut au contraire remercier leseditions Gallimard
de ne pas avoir ampute cette riche annotation.
The Romanic Review Volume 85 Number 4 © The Trustees of Columbia University
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BERNARD BEUGNOT
frappe chez Ponge (que d'ailleurs je n'admire pas du tout sans reserve)>> cite
par P. Fawcett) dit assez combien Ie temoignage epistolaire est a manipuler
avec une extreme precaution, loin de la sincerite naIve que parfois on lui prete.
D'ou l'Evidente necessite de disposer de to utes les voix pour les entendre
s'accorder ou dissoner et reconstituer des situations affectives, des attitudes
mentales ou des positions poetiques qui sont changeantes, mobiles, incer­
taines. II reste que cette correspondance, avec ses temps morts, ses brouilles
parfois ou ses silences butes, demeure un instrument de premier ordre qui
apporte sur Ie metier et I'ambition poetiques des eclairages, sinon des revela­
tions, qui vont au del a de son interet anecdotique de chronique d'une amitie
houleuse.
En revanche, la publication de brouillons de lettres qui n'ont pas ete envoyees
eveille des reticences plus justifiees 3 . Sans doute, ,<!'acte decisif consiste non
a ecrire une lettre, mais a I'envoyer» (Clement Rosset)4, mais en l'occurrence
Ia decision est venue de Ponge lui-meme; il fallait done plut6t interroger I'am­
biguite du geste qui confere statut epistolaire a un texte prive plus proche du
journal intime et qui rend Ie public temoin d'un dialogue dont I'une des voix
s'est tue que depIorer chez I'editrice Ie fetichisme de la relique: etait-ce justi­
fication differee, souci de transparence ou geste d'adresse posthume? 11 reste
qu'a travers ces jugements qui ressuscitent de vieux debats autour des editions
de correspondances, deux points sont acquis: i'existence d'importantes ar­
chives epistolaires, en particulier de brouillons, la necessite de peser avec soin ses
choix editoriaux. Malheureusement, en raison peut-etre des multiples corre­
spondancesde Paulhan qui ontvu Ie jour pendantcettedecennie5 , un mouvement
d'inventaire et de recollection des lettres de Ponge ne s'est pas amorce, malgre
la rumeur ephemere d'une edition des lett res echangees avec Camus.
Out I'entreprise inaugurale de C. Boaretto etre revue et reorientee dans Ie
cadre d'une c.::orrespondance generaie, il n'est pas premature auiourd'hui de
la poursuivre et de la completer. Trois raisons imperatives plaident pour une
mise en reuvre urgente: d'abord prevenir fa dispersion, voire la disparition
des fonds; une large publicite contribuerait me me a mettre au jour des docu­
ments que peuvent detenir des correspondants obscurs ou episodiques 6; en­
3. On sait aussi que plusieurs lettres, dont certaines se trouvenr aujourd'hui dans les
archives Paulhan, ant ete retenues par la volante de Ponge. Tout editeur de correspon­
dance a un devoir de reserve a l'endroit de ce qui appartient strictement :l la sphere
privee et devra respecter ceue volonte.
4. "L'Ecriture epistolaire", NRF, 329, 1 juin 1980,90.
5. De 1975 a 1989, on ne compte pas moins de 9 volumes: lettres inedites, lettres
choisies, lettres a Jean Grenier, Roger Judrin, Maurice Le Maitre, Georges Perros,
Andre Sua res, G. de Tarde, Ungaretti.
6. Une entreprise collective d'edition critique pour un auteur quebecois contemporain,
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suite, limiter I'eparpillement des publications isolees au gre des decouvertes
d'inedits dont les chercheurs sont toujours fl'iands, fragmentation nuisible a
une vue d'ensemble; enfin et surtout mettre a la disposition des critiques,
interpretes ou editeurs de l're uvre ces pages qui en sont Ie complement et
souvent Ie commentaire, so us forme de reflexions programmatiques ou retro­
spectives; la lettre ne merite-t-elle pas Ie statut de paratexte au meme titr_e que
tous ceux qu'enumere G. Genette avec I'evident plaisir de la litanie!? La
frontiere est par exemple bien fragile entre les lettres auxquelles leur caractere
prive conserve un statut proprement epistolaire et tels textes qui figurent
parmi les reuvres comme les Pochades en prose (1947 -1948) et Le Porte-plume
d'Alger (1948), fragments de journal rediges pendant Ie sejour en Algerie et
que seule leur etendue distingue des lettres que Ponge adresse a Jean Tortel
pendant Ie meme sejour (Sidi-Madani, 23 decembre 1947, 28 janvier et 3
fevrier 1948)8.
Le principe accepte, restent les procedures. Le prealable indispensable est
la constitution d'un inventaire systematique; aise a mettre sur pied et a gerer
avec les moyens informatiques, il aurait en outre l'avantage s'il faisait l'obJet
d'une bonne publicite dans les revues et catalogues, aupn':s des bibliotheques
comme des marchands d'autographes et de tous les correspondants identifies
ou de leurs heritiers, de prevenir les dangers deja evoques de dispersion ou
de destruction. On dispose de modeles surs etabhs pour Ie XVIle siecie par
Elisabeth Labrousse ou par Paul Dibon 9 , et pour !'epoque moderne par
lO
Jacques Petit ou Bernard Duchatelet .
Hubert Aquin, mort en 1976, lancee voila presque quinze ans et dont les premiers
volumes ont paru au printemps 1992 a permis des sauvetages de cette nature et bien
des reticences initiales ont ete levees avec Ie temps.
7. «Titre, sous-titre, intertitres; prefaces, postfaces, avertissements, avant-propos etc;
notes marginales, infrapaginales, terminalesj epigraphes; illustrations; priere d'inserer,
bande, jaquette et bien d'autres types de signaux accessoires, autographes ou allogra­
phes qui procurent au texte un entourage (variable) et parfois un commentaire» (G.
Genette, Palimpsestes, Paris: Seuil, 1982, 9).
8. Dans les trois volumes du Nouveau nouveau recueil (paris, Gallimard, 1992) que
vient de pubBer J. Thibaudeau sous un titre et selon une ordonnance con<;,us par Ponge
lui-mcme, lettres et fragments de lettres ont ete omis, comme si une tacite, mais
peut-ctre contestable ligne de c1ivage separait les genres.
9. E. Labrousse, Inventaire critique de la correspondance de Pierre Bayle, Paris: Vrin,
1961; Paul Dibon, Inventaire de la correspondance d'Andre Rivet, La Haye, 1971, et
avec H. Bots, Inventaire de La correspondance de Gronovius, La Haye, 1974.
10. J. Petit, Etat des lettres publMes de Paul Claudel, 1975; B. Duchatelet, Repertoire
des lettres de Romain Rolland, 1981.
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Plus que les notes, brouillons, doubles ou carbones que conservent les
archives de F. Ponge, dont on espere qU'elles feront l'objet d'un inventaire et
d'une classification methodiques 11, ce sont les lettres rec;ues et les mentions
eparses qui permettront d'etablir la tiste des correspondants, vraisemblable­
ment tres disperses, et d'en retrouver trace avant que Ie temps et les aleas des
heritages ferment a jamais I'acces aux originaux. Ainsi il s'est pour Ie moment
avere impossible de retrouver les documents manuscrits que detenaient la
famille Mermod de Lausanne ou Ie peintre Rey-Millet. Tandis que les
manuscrits de textes poetiques sont depuis longtemps passes dans des ventes
publiques et continuent de Ie faire, les lettres, a notre connaissance, ne sont
pas en.core entrees dans Ie circuit commercial, preuve qu'elles demeurent dans
les archives privees. Or les editeurs de correspondances tant anciennes que
modernes ont a l'envi insiste sur les difficultes de reperage, de localisation et
d'acce:s que leur posait Ie commerce des autographes et les ralentissements,
. , . . 12
retards et Iacunes qUI s enSUlvalent .
La documentation reunie et regles les problemes legaux13, il y a lieu d'operer
les choix editoriaux. Faut-il envisager une correspondance complete et
generale, c'est-ii-dire incluant Ie moindre billet, com me ont choisi de Ie faire
les editeurs de la correspondance de Zola, et les reponses? On tend aujourd'hui
a y renoncer pour des raisons d'economie, quitte a donner en note I'essentiel
des reponses; pour les lettres adressees a Gide, Claude Martin proposait un
recitcontinu avec un resume et quelques citations l4 . J. de Chauveron n'estime
11. Comme on sa it, ces archives se trouvent a la fois a Paris et en Provence; une
presentation recente en a ere don nee dans Ie Bulletin du bibliophile (B. Beugnot et B.
Veck, "Le scriptorium de F. Ponge», 2. 1993, 411-426). Un premier Guide sommaire
des archil'es qui inclut d'autres fonds, a ere etabli par Jacinthe Martel er B. Beugnot,
1993, 68 p. dactylographiees. Mesdames Odette et Armande Ponge ont egalement
deja constitue un Eichier, qui compte plus de cinq cents noms; figurent aussi dans les
dossiers quelques dizaines de lettres (autographes ou copies) de Ponge lui-meme. En
outre, une lettre a Jean Ballard de mars 19S8, lorsque les Cahiers du Sud om publie
L'abricot, dresse une longue Iiste de destinataires possibles qui sont autam de corres­
pondants potentie!s.
12. Les Editions de correspondances, Paris: A. Colin, 1969.
13. L'on sait que juridiquement une lettre est la propriete inrellectuelle de l'epistolier
et!a propriete materielle du destinataire; elle ne saurait done etre publiee-au risque
d'une opposition ou d'une saisie-sans une double autorisation, triple meme si Ie
manuscrit appartient a un tiers.
14. "Pour une correspondance generale d'Andre Gide» in Melanges offerts a G.
Couton, Presses de l'Universite de Lyon, 1979, 59S-606. II note avec justesse qu' «un
ecrivain celebre rec;:oit plus de letues qu'il n'en ecrit» et que sa propre correspondance
est encombree d'une "poussiere de courtes pieces».
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pas sans raison que publier tous les billets de Jean Paulhan, «c'est vraiment falre
grand cas de petits riens» , encore que les correspondances d'ecrivains soient aussi
bien Ie gibier des historiens et des biographes ou des sociologues que des litteraires,
et qu'un editeur soit mal place pour prejuger des exploitations futures de ce qu'il
pubJie 1S . Si toute selection a son arbitraire et ses risques, l'hesitation est sans
doute legitime devant les quelques lignes dactylographiees de Jean Ballard, di­
recteur des Cahiers du Sud, accompagnant I'envoi d'un cheque des qu'en sont
mentionnes Ie montant et la date? En revanche, Ie billet de felicitations adresse
a Roger Caillois, a I'occasion de son election au fauteuil de Carcopino, va plus
loin que la formalite mondaine; non seulement il porte trace des souvenirs laisses
par la lecture de Carcopino et de Gaston Boissier, mais il montre aussi que les
recueils de Caillois, Pierres (Gallimard, 1966) et L'Ecriture des pierres (Skira,
1970) paru un an plus tot dans la meme collection que La Fabrique du pre, ne
sont pas passes inapen;us du poete du mineral qu'est egalement Ponge 16: «Je
vous serre la main (de I'autre-dans les autres-tenons, n'est-ce pas, chacun une
pierre)>>. Toute lecture intertextuelle de Ponge s'en trouvera facilitee. De meme,
les reponses d'un Jean Tortel, lui-meme poete, tres lie au milieu des Cahiers du
Sud qu'i! a contribue animer, preoccupe lui aussi tant par Ie rapport au langage
et a la rhetorique que par une vision rajeunie du classicisme, sont pieces deci­
sives 17 . Une politique genera Ie ne dispensera pas de prendre des decisions ponc­
tuelles dependant a la fois de la nature et de la qualite-entendons par la la nature
et Ie contenu--de l'echange avec chacun des correspondants et de la disponibilite
des fonds. Si les archives sont de consultation publique commode, comme celJes
de Jean Paulhan, la selection des reponses en sera plus aisement justifiee. L'es­
sentiel, plus que de tout publier, est de tout localiser a I'intention des chercheurs.
Parmi les seules lettres aujourd'hui connues se dessinent deja des ensembles
qui ont leur registre, leur ton, leur objet, leur histoire. Autour d'un premier
cercle constitue par les amis proches, Paulhan et Tortel, Bernard Groethuysen
18
et Gabriel Audisio, Ungaretti rencontre a Paris des 1927 ou Max Bense
a
15. Roger Zuber a montre, lors d'un recent coUoque a Montreal (<<Les voies de
I'invention aux XVle et XVIIe siecles. Etudes genetiques», Paragraphes, 9, 1993), tout
ce que la genetique contemporaine pouvait tirer des manuscrits epistolaires de
Chapelain que Tamizey de Larroque avait allegrement bannis de son edition de
1880-1883.
16. M.-Th. Tcholakian, «La Pierre dans la poesie de Ponge», Etudes
1, 1989, 89-113.
fran~aises,
25,
17. B. Beugnot, «Questions rhetoriques: Ponge et Ies Cahiers du Sud., Revue des
sciences humaines, «Ponge a I'hude», 228, 1992, 51-69.
18. Ses lettres a Paulhan (Cahiers). Paulhan, 5,1989) mentionnent entre 1950 et
1965 plusieurs lettres re~ues de Ponge ou rencontres avec lui. Allusion est aussi faite
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dans les annees 50, il y ales directeurs de revues et editeurs qui ont sollicite
ou accepte des textes. Avec certains d'entre eux ont pu se nouer des liens plus
etroits que simplement professionnels, en raison de I'aide apportee en des
temps de grande difficulte ou de leur contribution au rayonnement de I'a:uvre:
Henri-Louis Mermod, editeur du Camet du bois de pins (1947) et de La Rage
de ['expression (1952) a Lausanne, dedicataire du "Porte plume d'Algep"
Frantz Hellens, directeur du Disque vert a Bruxelles, Philippe Sollers a Paris.
II y a enfin tout Ie groupe des chercheurs, critiques et universitaires qui n'ont
pas manque de soUiciter Ponge pour leurs theses, livres et articles, trouvant
d'ailleurs aupres de lui un accueil souvent genereux et attentif. La liste jointe
en aypendice ne donne surement de ce vaste reseau qu'un aper,<u sommaire.
Loin de n'etre que de circonstance, ces lettres temoignent aussi des reactions
de Ponge aux commentaires, analyses et exegeses de son reuvre l9 ; elles in­
staurent parfois un authentique dialogue entre Ie createur et ses critiques. Aux
positions d'ecriture, attitudes physiques qui sont pour Ponge liees a la gesta­
tion du texte, et sur lesquelles il s'attarde volontiers, ne faudrait-il pas adjoin­
dre I'inventaire des postures epistolaires, c'est-a-dire les manieres dont il se
campe face a ses divers correspondants, ses fa,<ons de nouer des relations?
C'est pourquoi les categories anciennes des manuels epistolaires (lettres
d'affaires, de compliment, de consolation etc.) ne sont en I'occurrence guere
opera to ires, ni eclairantes. Car Ie premier regard suggere que chaque corres­
pondance decouvre, par dela les occasions qui la provoquent et dererminent
son contenu, les registres qui lui sont propres et que s'ecrit a chaque fois en
leur duree variable une histoire singuliere, ce qui legitimerait I'edition des
massifs les plus imporrants par la personna lite du destinataire et Ie nombre
de lettres avant la constellation des correspondants episodiques. II reste qu'en
meme temps Ponge parvient aussi a trouver, a travers la variabilite des cir­
constances et des personnes, un ton qui est sa marque, OU la brusqllerie peut
se conjuguer avec une chaleur d'accueil qui place l'intimite comme en lisiere
ou en attente, avec un tissage frequent entre les reflexions Iitteraires et les
nouvelles personnelles.
L'apport documentaire d'une telle correspondance ne sera pas mince: preci­
sions de dates, genese d'un proiet textuel, aleas d'llne edition, lectures qui
nourrissent la reflexion metapoetique. Telle reponse, autour des annees 20,
a une question de B. Groethuysen-«Dans quelle mesure la phenomenologie
poetique comporte des comparaisons ou des metaphores ?,,-devoile apropos
du Galet la precocite de la reflexion philosophique et son association avec
par Ponge a une lettre d'Ungaretti dans son entretien avec Serge Koster (Francis Ponge,
Paris: Veyrier, 1983, 105).
19. Les lettres a Paulhan et Ie billet
alerte a I'endroit des commentateurs.
a L.G. Gros en
1948 montrent cette curiosite
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une conscience rhetorique deja en eveil, conjonction ou s'elabore «un mode
de connaissance non exacte,,; vingt ans Elu!i. tard, la lettre a Pascal Pia associe
a la decouverte du Mythe de Sisyphe 2 une plongee plus decisive chez les
phenomenologues. Nul doute non plus que nous n'y saisissions I'ceuvre in
statu nascendi ; loin de n'etre que Ie geste d'accompagnement d'un texte deja
eIabore ou son commentaire apres coup, la lettre parfois Ie prepare ou I'an­
nonce, tel est Ie cas pour Ies textes sur I'art, pour les preoccu pations rhetoriq ues,
originelles sans doute, mais entretenues par les rapports avec Paulhan et la
lente genese des Fleurs de Tarbes, reactivees autour des echanges epistolaires
avec Jean Tortel et de la collaboration avec les Cahiers du Sud. Mais plus
encore des etudes neuves pourront voir Ie jour sur la pratique scripturale et
les incitatifs a I'ecriture, sur les rapports de I'epistolaire et du poerique. Tandis
que les dossiers donnent acces aula boratoire des manuscrits, les lettres ouvrent
les portes d'un atelier mental ou s'expriment les questionnements et les in­
quietudes, ou se cherchent et s'avouent les instruments et les outils de I'in­
vention poetique, OU s'observent manieres, processus, voire procedes de l' ecri­
ture. L'usage de la parenthese et des incises dans la lettre a Mauriac de fevrier
1963 n'est pas etranger aux textes poetiques auxquels ces stases, hesitations
et relances quelquefois conferent aussi leur rythme. La lettre n'ignore pas Ie
rapport ombrageux que Ponge a des I'origine entretenu avec les paroles, sus­
pectes de trahison.
L'etendue, aisee a soupr;onner, du reseau des correspondants ne signifie pas
que Ponge ait la plume epistolaire facile ou Ie lien immediat, surtout avec les
personnes qu'il admire ou respecte. On Ie voit ainsi hesiter a ecrire a Camus­
«J'aimerais qu'il me connaisse de visu avant que je lui envoie des paroles a
travers la figure» (A Pascal Pial-avec lequel pourtant les echanges seront
substantiels, intimes, ancres dans Ie plus profond de l'experience, comme Ie
montre la douzaine de lettres des archives Camus.
Rien la peut-etre d'original par rapport a l'ensemble des correspondances
d'ecrivains qui cessent d'etre envisagees comme une simple source de ren­
seignements biographiques ou historiques pour se constituer en objet d'etude
autonome. Au cceur de l'ceuvre qu'elle module, anticipe ou reflete, Ja lettre
est temoin et depot d'une formulation toujours en acte, Ie lieu par exellence
de la communication avec I'a utre qui est au principe de l'entreprise pongienne,
hantee par Ie langage. Rien n'apparai't des lors plus fragile a qui a quelque
peu habite I'epistolaire pongien que I'opposition peremptoire de G. Sartoris:
«Hautain et noblement dedaigneux de la langue epistolaire (la langue con­
ventionnelle, celie des contrats commerciaux, et de l'economie; au contraire la
langue heroi"que retrouvant les significations fondees en nature) 21.
Of>
20. Voir ace sujet, la longue lettre aAlbert Camus du 12 septembre [1943J conservee
a l'Institut et Memoire de l'Edition Contemporaine.
21. NRF, 364, mai 1983, 121 (Compte rendu de Nioque de I'avant-printemps). Repris
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BERNARD BEUGNOT
C'est pourquoi I'usage du brouillon est moins inattendu qu'il n'y parait.
Certes il n'etait pas inconnu d'un Guez de Balzac qui pouvait passer une
semaine a rediger un billet (<<]'ecris de la meme sorte qu'on batit les temples
et les palais», 22 fevrier 1624), de Jean-Jacques Rousseau qui transcrivait
dans un recueilles brouillons qu'i) conservait, tout en y apportant des re­
touches ayant "pour effet d'eloigner davantage son texte de celui de la lettre
missive» (R.A. Leigh)22. Ce n'est pas Ie moindre apport de I'edition des lettres
a Jean Paulhan que d'avoir reveIe, surtout, il est vrai, dans )es moments de
grande tension, une attitude de prudente reserve a I 'endroit du spontane et
du premier jet23. Ponge n'est decidement pas I'homme de l'improvisation, ce
qui ne !,empeche pas de manifester dans ses lettres des «dons de polemiste»
(F. Schulman) deja perceptibles dans ses textes souvent tentes par Ie mani­
feste 24 . Les manuscrits epistolaires apprennent egalement beaucoup sur Ie
ductus de I'ecriture ou Ie geste de datation, moins scrupuleux et fidele que
dans )es dossiers poetiques; encore faudra-t-il ici distinguer les epoques.
I.:habitude prise de dater les etats successifs d'un texte n'aurait-elle pas inflechi
dans Ie sens de la regularite et de la precision la datation epistolaire? A suivre
la liasse manuscrite d'une correspondance se decouvre Ie transfert de reflexes
et d'habitudes que les manuscrits poetiques nous ont rendus familiers: telle
lettre Jean Tortel est parcourue de soulignements, de surimpressions qui
accusent Ie trait pour effacer une premiere redaction, de renvois et d'additions
marginales; telles autres dont Ie contenu est presque uniquement litteraire
separent les articles par des croix comme Ie sont les strophes ou les tentatives
successives de disposition des poemes. C'est dire que la distinction naguere
propose par Roger Duchene entre ecrivain epistolaire et epistolier, celui-ci
spontane, celui-Ia plus ca\cule, soucieux d'un public futur, si elle a sa fecondite
pour les usages de la lettre au XVlIe siecle, ne saurait convenir a Ponge. Ce
n'est pas un projet epistolaire present au moment de la redaction de la lettre,
mais I'examen des manuscrits qLl1 rend evidentes des pratiques qu'elle partage
avec les textes poetiques.
Ponge etablit en effet avec son correspondant un rapport de meme nature
qu' avec son lecteur. I.:analogle n'est pas fortuite entre les theories contem­
poraines de la lettre comme relation perturbee, dialogue impossible ou incer­
tain, productrice de distance plus que de communion et la saisie toujours
difficile de I'objet par la langue poetique. Non qu'd s'agisse de replier I'epis­
tolaire sur Ie poetique, comme si ces deux ordres textuels n'etaient que l'envers
a
dans Cinq pieces {aeiles. Pour un Francis Ponge, Le Temps qu'il fair, 1990.
22. In Les Editions de correspondanee, up. cit., 24.
23. Voir les huit etats de la fettre du 12 septembre 1952.
24. B. Beugnot,«Une poesie du manifeste?», Cahier de ['Herne, 1986, 141-153.
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et \'endroit d'une meme activite scripturale. Mais de l'un a I'autre existent
des similitudes qui parfois brouillent les frontieres. Ponge n'a pas attendu la
Tentative orale (1947)25 pour se poser la question de I'acte de communication
avec son lecteur; elle est deja presente a I'horizon des Notes d'un poeme (sur
Mallarme) en 1926 et J. Tortel y trouve I'une des aretes de sa contribution
aux «Questions rhetoriques» 26; or a chaque envoi la lettre en repete l'expe­
rience fonda trice et cruciale. A la tentative orale repond une tentative episto­
laire, renouvelee de correspondant en correspondant, avec ses dans et ses
retraits, ses expressions chaleureuses d'affection ou d' amitie, ses interruptions
brusques et parfois inexplicables. D'ou la necessite de suivre les rythmes
epistolaires qui scandent ceux d'une relation, non sans parallelismes ou dis­
torsions avec la carriere poetique. Ponge lui-meme y etait sensible qui ecrivait
par exemple a Philippe Jaccottet: «II faudrait trouver un rythme raisonnable,
pour la correspondance (avec les vrais amis), sa voir exactement com bien de
temps on peut rester sans ecrire, afin de ne pas se gener I'un I'autre, ni non
plus se perdre trop de vue" (25 septembre 1958).
Le correspondant assiste de maniere privilegiee au travail scriptural et la
relation est mediatisee par les textes avec tous les malentendus et les tensions
possibles puisqu'il devient Ie critique et Ie juge: "De toute fac;;on une lettre ne
se destine jamais qu'a soi-meme. Pas d'espace plus strictement narcissique
que I'epistolaire OU il s'agit avant tout de se faire iaisir, de s'experimenter
soi-meme en passant par la mediation de l'autre,,2 .
Ce rapport a l'autre est donc aussi, ou surtout, un rapport a soi-memej ainsi
la lettre 43 a Jean Paulhan en 1925, plus qU'elie ne sollicite son avis, Ie prend
a temoin d'une lecture de I'art poetique d'Horace. Mais apprecier les ecarts
ou les complicites suppose la connaissance des deux voix; toute voix episto­
laire est ambigue qui ne s'ecoute pas avec la reponse ou I'echo de celle du
correspondant, "principe polyphonique» (R. Pierrot). Seul un corpus etendu,
sans rever d'une utopique exhaustivite, conduira a cerner la singularite de
celie de Ponge, car, a partir des determinations generales propres au genre,
chaque ecrivain reinvente sa posture et y investit un imaginaire individuel28 .
La lettre a valeur fondatrice; Ie dialogue qu'elle instaure est constitutif du moi
de l'ecrivain au meme titre que I'acte de lecture pour Ie poete: «Assure
moi-meme de mon existence par quelque reponse du public a ce que je lui
aurais adresse par ecrit, et comme par correspondance» (Tentative orale);
25. La meilleure analyse de ce texte se trouve dans V. Kaufmann, Le livre et ses
adresses, Paris: Klincksieck, 1986, IV. Co-realisations.
26. «L'acte d'ecrire», Cahiers du sud, 301, 1950,475-485.
27. A. Buisine, Proust et ses lettres, Presses de l'Universite de Lille, 1983, 16.
28. Voir Ie numero de la Revue des sciences humaines cite
a la note 1.
624
BERNARD BEUGNOT
"Puisque tu me lis, cher [ecteur, done je suis; puisque tu nous [is (mon livre
et moi), cher lecteur, done nous sommes (toi, lui et moi)>> (Pour un Malherbe,
p.203).
Amities et litterature, ces deux termes caracterisent bien I'activite epistolaire
de Ponge, registres tantot independants, tantot concurrents, mais qui entent
l'activite poetique sur des rapports humains ou elle trouve fecondation. 5i la
correspondance montre avec quelle aprete et queUe tenacite courage use Ponge
est reste, au prix de sacrifices et de difficultes multiples, fidele it sa vocation­
constat qui peut interesser les sociologues de la litterature par ce qu'il reve/e
de precarite dans la condition socio-economique de I'ecrivain-elle donne
aussi 1,ln poids considerable et une realite existentielle aux declarations de
1928-1930, Raisons de vivre heureux, Des raisons d'ecrire. A I'entree de
l'univers poetique ne mesied pas un portrait de Ponge en epistolier. Faire
s'epouser I'art de vivre et l'art d'ecrire, n'est-ce pas ressusciter I'antique ideal
de I'orateur, ce disciple de la Parole?
Universite de Montreal
LES AMITIES
ET
LA LlTTERATURE
625
LISTE DES LETTRES PUBLIEES OU IDENTIFIEES 29
Destinataires
ANGLES, Auguste
Dates
14.03.1972
02.08.1980
ARAGON
1947-1948
ARLAND Marcel
ARON Raymond
sd [1947]32
mai 1'968
AUDISIO Gabriel
16.05.1941
22.07.1941
References 30
Fonds
J.
Doucet
33605-33608 31
BN fr na 17628
R. Aron
26.11.1919­ Michel Audisio
18.02.1944 100lettres
BALLARD Jean
30.08.1948­
26.04.1964 Marseille, BibL
mumc.
BERES Pierre
23.08.1984
BERNE-JOFFROY, 14.10.1968 Berne-Jofroy
Andre
1 lerrre
BEUGNOT Bernard 17.02.1977­ B.Beugnot
34
22.01.1984 18 lettres
COR lettre
402 n.2
Inedite. Non envoyee
R.A., Memoires,
Julliard, 1983, pA92
RAE,1952, Appen­
dices au Carnet du
bois de pins
29 lettres 33
PRE
29. Je tiens a remercier tous ceux qui m'ont communique des informations sur leur
correspondance avec Ponge ou m'ont genereusement donne acces aux fonds qu'ils
detenaiem, en particulier la Bibliotheque municipale de Marseille (Mme Fran<;oise
Blasquez) pour Ie fonds des Cahiers du sud, Michel Audisio, fils de Gabriel, Ian Higgins,
Philippe Jaccottet, Serge Koster, Philippe Sollers, Ie regrew~ Jean Torte!' Ces documents
n'auraient pu etre signales ou exploites sans les aimables autorisations de Mesdames
Odette et Armande Ponge. Ne figurent pas dans ce premier inventaire les dossiers
epistolaires des archives Ponge.
30. Sigles: CNH Cahier de L'Herne; COR Correspondance avec J.Paulhan; PRE
Pratiques d'ecriture, Paris: Hermann, 1984; RAE Rage de l'expression, 1952.
31. Tous les documents de la Bibliotheque
reservee.
J.
Doucet sont sous communication
32. Arland avait demande un texte pour Saisons qui cessa de paraitre; il s'agissait du
Valet qui sera public dans les Cahiers du sud. Voir COR lettre 397, juin 1947.
33. Elles concement la collaboration de Ponge aux Cahiers du sud.
34. Ces lettres concement surtout la preparation du numero d'Etudes franr;;aises
626
BERNARD BEUGNOT
Destinataires DatesFondsReferences
BIGONGIARI Piero 01.11.1949
06.02.1956
CAILLOIS Roger
16.01.1971
Archiv. Bigongiari
15 lettres
Cahiers pour un
temps, 1981
CAMUS Albert
03.03.1943
16.08.1944
NRF, fevrier 1989
20.01.1943­ MEC 13 lettres 35
26.08.1956
20.10.1970
DAVRING
Cher Davrinl 6
26.02.1968 J. Doucet 36144 Sur Ie Prix Max
DENOELJean
Jacob
DESJARDINS Anne 18.04.sd
J. Doucet 20460­
20474
26.06.1960 15lettres
FARASSE Gerard
04.09.1969 G. Farasse
13.05.1988 28lettres
GROS Leon-Gabriel 24.02.1948 et
Sud, 41, 1981,
29.03.1948
p.1l3-1l5
192?
GROETHUYSEN
P. Sollers,
Bernard
F. Ponge, 1963
GUILLEVIC Eugene 09.08.1943 J. Doucet 20073­
20075
28.01.1944
3 lettres
HELLENS Frantz
26.04.1923­ J. Doucet 8970­
8972
14.01.1947 3 billets
13.02.1925 J. Doucet 13017­
13040
08.1915?
21lettres
1925-1926 Musee de la litt.,
Bruxelles, 6 lettres
I.
Higgins
04.07.1979
HIGGINS Ian
16.11. 1982 6 lettres
(17,1-2, avril 1981 ) ou fut publie pour la premiere fois Ie dossier de La table, et I'edition
de luxe de celle-ci (Montreal: Editions du silence, 1982,60 ex. autographies). Dans
sa reedition de La table (Gallimard, 1991), J. Thibaudeau qui omet I'edition de 1982,
a pris sur lui de publier la lettre du samedi 10 octobre 1980.
35. Longue lettre du 12 septembre 1943 sur Sisyphe.
36. Publiee dans Davring, 1894-1970, Chateau-Musee de Cagnes, 1971.
LES AMITIES
ET
LARTIGUE
13.07.1947­
23.05.1982
27.10.75­
16.03.84
30.12.1949
MALDINEY Henri
19.10.1973
JACCOTTET
Philippe
KOSTER Serge
LA LITTERATURE
627
Ph. Jaccottet
22 lettres
Koster
12 lettres
Marseille, Bibl.
mumc.
Maldiney, Le legs
1974 37
des choses,
MARIEN Marcel
14.11.1955­ Musee de la litt.,
08.02.1956 Bruxelles
3 billets dont
1 sans date 38
MAURIAC Franc;ois 01.02.1963
P. Mauriac, CDH,
1986 et Cahiers P.M.,
14, 1987
[1948]
MERMOD HenriPoe hades en prose
Louis
(41ettresl
MONNIER Adrienne 15.07.1946 J. Doucet 8577
P.Oster39
sd [1964;
OSTER, Pierre
1988}
mai 1923
PAULHAN Jean
COR 239 lettres
06.03.1968
121 et 15.07. Arch. Paulhan
Magazine litt., dec. 1988
dec. 1988
[1923 }
11.09.1923.- Arch. Paulhan
22.10.1927 45 lettres
PIA Pascal
NRF, fevrier 1989
27.08.1941
PONTREMOLI
RAE, 1952
16.05.1941
Michel
ROCHE Maurice
22.03.1972 M. Roche
37. Des notes preparatoires pour cette lettre figurent dans Ie dossier de La table.
38. Avec une copie dedicacee du tract de fevrier 1974, <,Mais pour qui se prennent
donc ces gens-Iii?». Ces billets concernent la publication du texte Paul Nouge qui sera
repris dans Lyres.
39. La lettre mentionne Ie recued de P. Oster, La grande annee, publie par Gallimard
en 1964. Quant ii la note sur Ie lezard, elle serait des derniers mois de Ponge; elle a
ete publiee dans PONGE. Pieces. Les mots et les chases, Paris: Ellipses, 1988, 197,
note 3.
628
SOLLERS Philippe
BERNARD BEUGNOT
11.08.1960
La fabrique du pre,
1970, p.199
10.07.1959­ Ph. Sollers
03.02.1972 58 lettres 40
THIBAUDEAU, Jean 15.10.1969
14.10.1945
26.05.1979
VECK Bernard (et
08.12.1977­
J .M: GLEIZE pour 13.06.1982
la derniere)
WALTHER, Elisabeth 10.02.1955­
01.03.1973
TORTELJean
Lettres franr;aises,
15, dec. 1991
].Tortel
172lettres
B.Veck
4lettres
E. Walther 41
42lettres
40. 16 de ces lettres sont incompletement datees. On y trouve une «Note premiere»,
Le silence, datee du 15 mai 1951 qui est demeuree inedite et dont une copie figure
egalement dans les archives Ponge.
41. Plusieurs de ces lettres sont conjointement adressees a Max Bense; trois sont ecrites
par Odette Ponge.