Les Unités de Soins Alzheimer - Maison de Retraite Sainte Geneviève
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Les Unités de Soins Alzheimer - Maison de Retraite Sainte Geneviève
LES UNITES DE SOINS ALZHEIMER I. Le projet et l’organisation La maladie d'Alzheimer et maladies apparentées sont les pathologies responsables de perte d'autonomie les plus pourvoyeuses de difficultés du maintien à domicile des patients âgés atteints et d'épuisement des aidants. C'est la raison pour laquelle ces patients représentent la majorité de la population des EHPAD. Ainsi l’établissement Sainte-Geneviève compte entre 50 et 60% de résidents présentant un syndrome démentiel à des stades divers. Leur prise en charge spécifique nous a paru nécessiter l’ouverture de trois USA, permettant dans le même temps de proposer à de futurs résidents un projet de vie et de soins adapté à tous les stades d’une maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées de manière optimale. En effet, en dehors de troubles cognitifs responsables de la présentation déficitaire des résidents déments (avec incapacités, inaptitudes et perte de performance), la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées sont responsables, de façon inévitable, de troubles du comportement pouvant perturber la vie en collectivité et dont la prise en charge est grandement favorisée par le caractère spécifique de l’USA : - unité fermée au sein de l’EHPAD architecture adaptée population restreinte de quatorze résidents personnel volontaire et formé aux pathologies liées à la démence projet de vie et de soins spécifique Le point de vue adopté par l'équipe soignante de l’établissement Sainte- Geneviève pour lire les troubles du comportement du sujet atteint d'une maladie d'Alzheimer est le suivant: les troubles cognitifs nous paraissent responsables d'une diminution de la capacité à appréhender l'environnement et les interactions sociales, responsable de processus anxieux pour lesquels les mécanismes de défense habituels ne sont plus opérants. Les troubles du comportement seraient par conséquent des processus psychiques régressifs (agitation motrice, comportements moteurs aberrants, cris, agressivité, retrait, morsures, coups...) dont le but inconscient est la baisse de l'inconfort psychique vécu. Rappelons quels sont les troubles du comportement les plus souvent rencontrés lors de l’évolution d’une maladie d’Alzheimer ou maladies apparentées : - troubles psychotiques à type de délires ou hallucinations - agitation psychique ou motrice : déambulation, cris, agressivité - troubles du comportement alimentaire - apathie - troubles du sommeil Toute action de soins ou de prise en charge adaptée visant à diminuer cette angoisse en luttant contre les situations de mise en échec ou en renforçant les mécanismes de défense mis en place, limitera tout comportement perturbé. La vie en USA paraît la plus adaptée pour atteindre cet Maison de Retraite Sainte-Geneviève Taverny (95) http://www.maison-retraite-sainte-genevieve.com Tél. 01 39 60 15 51 - Fax. 01 39 60 27 16 objectif. La compréhension des mécanismes permettant de comprendre ce qui sous-tend ces troubles du comportement entrainera une plus grande tolérance de ces troubles par l'équipe et permettra l'élaboration d'ateliers thérapeutiques permettant de renforcer des mécanismes de défenses plus efficaces contre l'angoisse. Le projet de soins que nous allons présenter s’appuie sur une équipe soignante composée des professionnels suivants: - Le médecin coordonnateur : veille à la prise en charge gérontologique et à une maîtrise adaptée aux réponses de santé. o o o o Coordination de la prise en charge médicale: Faciliter la coordination avec les autres prestataires de soins externes à l’institution, Contribuer à une bonne organisation de la permanence des soins, Contribuer à la formation gérontologique continue du personnel, Donner un avis sur les admissions et critères d’évaluation des soins, Coordination de la prise en charge non-pharmacologique: o Responsable de la prise en charge globale des personnes accueillies pour apporter les réponses adaptées à leurs besoins de santé, o Référent dans la planification des différents ateliers thérapeutiques et occupationnels : Concevoir en équipe des activités adaptées aux attentes, besoins, capacités restantes des participants… et suscitant l’investissement soutenu des professionnels, Veiller à ce que ces activités s’appuient plus sur le « plaisir ressenti » que sur la réussite. L’objectif consiste à annihiler chez l’accueilli : le repli sur soi, la démotivation, le désapprentissage, l’ennui… Contribuer à fixer un « cadre » à chacune de ces activités : l’activité cadrée est une façon de prévenir les dérives telles que : « l’activisme forcé » et « l’intellectualisme béat ». Elle implique un mode d’organisation des prises en charge ; l’obligation (après chaque atelier) de temps de réflexion, de concertation pour envisager les interventions ultérieures. Coordonner l’élaboration en équipe d’outils de suivi (questionnaires, grilles d’observation clinique…) et les éprouvera lors des différents ateliers thérapeutiques. - L’infirmière coordinatrice : o Responsable de la prise en charge globale des personnes accueillies pour apporter les réponses adaptées à leurs besoins de santé, o Responsable de l’organisation des soins et de l’application des préconisations médicales ou d’autres spécialistes, - L’infirmière : o Elle doit envisager son rôle d’une manière spécifique non centrée sur la délivrance exclusive de soins, o Son travail doit reposer sur les dimensions propres au suivi et au maintien d’une certaine autonomie (le plus longtemps possible) pour la personne accueillie. - Le psychologue : Maison de Retraite Sainte-Geneviève Taverny (95) http://www.maison-retraite-sainte-genevieve.com Tél. 01 39 60 15 51 - Fax. 01 39 60 27 16 o Le travail intellectuel et psychoaffectif des professionnels constitue un des éléments essentiels du cadre thérapeutique. Le psychologue aura à charge de le susciter, l’accompagner et l’accommoder aux visées thérapeutiques. o Son rôle dans l’information et l’analyse des pratiques : Un travail de réflexion constant sur les attitudes et comportements professionnels, o Son rôle dans la réflexion autour des ateliers proposés : Aider à la conception d’activités adaptées aux attentes, besoins, capacités restantes des participants… et suscitant l’investissement soutenu des professionnels, Se référer au choix d’un modèle, d’une représentation, d’un mode de fonctionnement psychique (de la personne âgée, des relations familiales, de la dynamique groupale et institutionnelle). Ces outils sont nécessaires à l’intégration dans une trame logique des observations cliniques émanant des ateliers. Sans eux, il ne peut y avoir de cadre thérapeutique concevable. o Son rôle de soutien aux professionnels : Leurs permettre d’élever leurs seuils de tolérance aux troubles comportementaux de certains accueillis, et de prévenir le risque de contre-attitudes agressives, Leurs permettre d’acquérir les éléments de base d’une aide relationnelle simple : Attitude empathique, réassurance, recours à des explications apaisantes pour dédramatiser l’impact des situations d’échec chez les accueillis, o Son rôle de soutien auprès des familles - L’animatrice : o Son rôle est de créer des espaces, des temps: Re-motiver en stimulant le désir, Re-socialiser : remettre en contact en favorisant les échanges entre accueillis, avec extérieur… Re-personnaliser : maintenir ou restaurer par l’action et la relation les capacités en déclin, - Le Psychomotricien (en attente accord Agence Régionale de Santé) : o La mobilisation motrice peut être un moyen de réadaptation sociale. Le psychomotricien articulera son activité autour de deux axes : La réadaptation aux actes de la vie quotidienne, ex : repas thérapeutiques, plan d’accompagnement au maintien de l’autonomie lors de la toilette et de l’habillage, La mise en place d’activités manuelles : ateliers bricolage… - Les aides soignantes et aides médico-psychologiques : o Réalisent des soins liées aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie visant à compenser totalement ou partiellement un manque ou une diminution de l’autonomie de la personne accueillies, o Elle à un rôle d’éveil, d’encouragement et de soutien de la communication et de l’expression verbale ou autres des personnes accueillies, o Participent aux tâches thérapeutiques sous la responsabilité de l’IDE, o Etablissent une relation de qualité pour appréhender les besoins et désirs des personnes accueillies et leurs apporter une réponse adaptée, - Les auxiliaires de vie : Maison de Retraite Sainte-Geneviève Taverny (95) http://www.maison-retraite-sainte-genevieve.com Tél. 01 39 60 15 51 - Fax. 01 39 60 27 16 o Non partie prenante de l’équipe de soin, elles n’en demeurent pas moins des collaboratrices proches, o Sont chargés de l’entretien, de l’hygiène des locaux et participent aux tâches permettant d’assurer le confort des personnes accueillies, o Par leurs présences quotidiennes auprès des résidents, elles constituent un lien de sociabilité évident, II. Admissions et sorties Il est habituel de s’interroger sur une éventuelle admission en USA dès lors que le diagnostic de démence déambulante et/ou perturbante intervient. Nous choisirons donc d’admettre en USA des résidents déments présentant des comportements perturbateurs en fixant un objectif thérapeutique au séjour du résident : amélioration de la qualité de vie par la personnalisation des démarches de soins que le caractère spécifique de l’USA rend possible. L’entrée du résident sera toujours conditionnée par une visite de pré-admission afin de : - vérifier le diagnostic de démence et s'assurer d'un traitement recommandé - préciser les troubles du comportement - établir les habitudes de vie récentes et l’histoire de vie - mesurer les risques gériatriques spécifiques : risques de chutes, dénutrition, fonction rénale et risque iatrogène, troubles thymiques, déficits sensoriels - lister les antécédents chirurgicaux et médicaux, les traitements médicamenteux habituels - établir la grille AGGIR et PATHOS La synthèse de cette visite devra analyser à la fois la perte d’autonomie et les besoins d’aide, les capacités restantes et les troubles du comportement pour ébaucher le projet de soins personnalisé qui sera établi collégialement par l’équipe soignante après l’entrée. Donner un objectif thérapeutique à la vie en USA a pour conséquence de reconnaître qu’il existe des situations cliniques pour lesquelles aucun bénéfice thérapeutique n’est attendu de la vie en USA : démence à un stade très sévère ou terminale, altération majeure de l’état général (en particulier grabatisation). C’est pourquoi, nous avons choisi de préciser dès l’entrée au résident et à sa famille que ces situations pourraient conduire à la sortie de l’USA avec transfert dans l’établissement hors USA. Il est entendu que ces sorties seront anticipées et préparées entre l’équipe soignante, le résident et sa famille. Cependant, ces mouvements de Résidents pourraient être délétères pour le fonctionnement du système fonctionnel qu'est l'USA. C'est pourquoi, une décision au cas par cas sera prise pour chacun des Résidents pour qui la question du bienfait de son maintien en USA se posera. III. Vie quotidienne et soins L’appréciation de la perte d’autonomie et, par conséquent, des capacités restantes du résident, la connaissance de ses habitudes de vie doivent permettre à l’équipe soignante d’intégrer le résident dans la collectivité de vie de l’unité dans laquelle il est désormais hébergé, dans le respect constant de son individualité. En effet, les soins quotidiens prodigués par deux aides-soignantes (aide au lever ou coucher, à la toilette et à l’habillage ou déshabillage, la surveillance de la prise des Maison de Retraite Sainte-Geneviève Taverny (95) http://www.maison-retraite-sainte-genevieve.com Tél. 01 39 60 15 51 - Fax. 01 39 60 27 16 médicaments, l’alimentation), font partie de la vie quotidienne du résident au même titre que des activités de loisirs (musique, chants, danses, télévision, spectacles), de repos, de participation aux actes de la vie quotidienne (préparation des repas, lavage de la vaisselle…), de vie sociale, de rencontres avec la famille ou les amis et les activités de stimulation cognitive ( ateliers-mémoire par le psychologue, jeux pour stimulation gnosique et travaux manuels pour stimulation praxiques par le psychomotricien) ou de rééducation motrice. Le temps inoccupé, pourvoyeur de troubles du comportement chez la personne démente, sera donc limité dans la journée. La nuit, les soins et la surveillance des résidents des USA seront apportés par les aides-soignantes veilleuses de nuit de l’établissement. Une surveillance spécifique des USA est prévue du fait des troubles de l’orientation et des troubles du sommeil fréquents rencontrés en USA : la veilleuse de nuit sera alertée de toute ouverture de porte de chambre en USA par son téléphone type DECT, ce qui lui permettra, en plus de ses rondes de surveillance nocturne systématiques, d’intervenir pour limiter tout éventuel incident dans les parties communes. La prévention de l’aggravation des troubles de l’orientation sera assurée par la régularité des rythmes de la vie quotidienne et la stabilité de l’équipe soignante en place. L’architecture, la signalétique, les différentes lumières de l’unité ont le même objectif. IV. Prise en charge des troubles du comportement Le soin de la personne démente n’a pas pour but de faire disparaître totalement la symptomatologie démentielle par des techniques médicamenteuses ou non ; il a pour but d’améliorer la qualité de vie de la personne atteinte et de lui permettre de vivre dans la collectivité de l’unité. La prise en charge passe par plusieurs étapes : - reconnaissance du caractère pathologique et non personnel du comportement perturbé - reconnaissance de la souffrance du dément et de l’angoisse sous-jacente au trouble du comportement - savoir dans la mesure du possible donner un sens et une fonction au comportement perturbé - se reconnaître comme soignant et accompagnant formé et prêt à prendre en charge les résidents de l’unité Au terme de ces étapes, le soin peut être entrepris ; de manière préventive dans un premier temps : - par la limitation des situations d’échec et la sécurisation de l’environnement - par la reprise de la communication et d’une relation bénéfique au dément - par le repérage des attitudes et des échanges verbaux ou non qui auront un caractère rassurant et stabilisant Ces comportements de l’équipe soignante, appelés soins de bientraitance, seront la base de la prise en charge préventive de l’altération comportementale des résidents. Dans un deuxième temps, l’équipe soignante doit être préparée à la prise en charge de troubles du comportement aigus ou chroniques. Certains sont tolérables, d’autres non. Certains sont gênants, d’autres non. Mais tous doivent être repérés et analysés. Maison de Retraite Sainte-Geneviève Taverny (95) http://www.maison-retraite-sainte-genevieve.com Tél. 01 39 60 15 51 - Fax. 01 39 60 27 16 La prise en charge thérapeutique, en dehors des médicaments validés pour le traitement de la démence passe par des INTERVENTIONS THERAPEUTIQUES : Nous nous réfèrerons aux activités habituellement déployées en fonction des troubles psychocomportementaux et de l’autonomie restante des personnes accueillies dans ce type de structures spécialisées. Ces activités dureront une ½ heure à ¾ heure au regard des capacités de concentration des participants. Elles seront précédées d’un temps de préparation et suivi d’un temps de synthèse entre professionnels. 1. Ateliers de stimulation cognitive : Les activités proposées sont ici des mises en situation ou simulations de situations vécues. Proposables aux différents stades de la maladie d’Alzheimer, elles sont adaptées aux troubles des personnes accueillies. Leurs objectifs est de ralentir la perte d’autonomie dans la vie quotidienne. Le programme peut comprendre un volet pour l’accueilli et un pour les aidants. De fait la prise en charge initiée par les professionnels peut être prolongée par les aidants au domicile. Types d’interventions : 2. Atelier mémoire : Atelier orthophonie : rééducation du langage et de la communication, Ateliers de stimulation physique et sensorielle : Les activités physiques peuvent avoir un effet positif sur le maintien d’une autonomie physique, mais aussi psychique. Elle impacte de fait sur les capacités cognitives, les aptitudes fonctionnelles et certains aspects comportementaux. D’où l’opportunité de recourir aux compétences de kinésithérapeutes, psychomotriciens et ergothérapeutes. Par ailleurs, le manque de stimulation, en raison d’un environnement monotone et de déficits sensoriels, provoque souvent l’aggravation des troubles psycho-comportementaux (confusion, errance nocturne…). Types d’interventions : Atelier relaxation, pour réduire le stress, les angoisses des accueillis, Atelier gym douce, pour le travail de l’équilibre, la souplesse, la mobilité articulaire, Repas thérapeutiques, Atelier massage et soin esthétiques, pour la conscience et la réappropriation du corps, Séances de marche, pour le renforcement musculaire, Musicothérapie, Aromathérapie, Atelier chant, Maison de Retraite Sainte-Geneviève Taverny (95) http://www.maison-retraite-sainte-genevieve.com Tél. 01 39 60 15 51 - Fax. 01 39 60 27 16 3. Ateliers d’expression et communication: Ils visent un réinvestissement de la pensée, de la parole, de l’implication relationnelle et de l’inscription sociale. Types d’interventions : 4. Groupe de conversation, Point presse, Atelier peinture/dessin/écriture/pate à sel… Zoothérapie, Ateliers de vie quotidienne: L’occasion de se re-familiariser avec des actes et situations de la vie quotidienne, antérieurement sources de plaisir : Types d’interventions : Ateliers cuisine, favoriser le désir et le plaisir de manger au regard des habitudes alimentaires, Jardin thérapeutique, Activités domestiques (mettre les couverts, faire le marché…), Jeux de société (cartes, petits chevaux…) NB : la participation des accueillis aux activités quotidiennes est souvent délicate car souvent acquittées par les professionnels. Pour autant ces activités : Le lit, La toilette, L’habillage, Mettre les couverts, Desserte de la table, Vaisselle, …peuvent, après réflexions, s’offrir comme supports de soins thérapeutiques. Pour ces ateliers, les regroupements se feront en fonction du niveau d’évolutivité des troubles propres à chaque accueilli. Les girages et les évaluations des fonctions cognitives ne pourront être les seuls critères de regroupement. Il conviendra de prendre en compte les intérêts, plaisirs, affinités que les accueillis sont susceptibles de partager. Le comportement perturbateur le plus souvent cité est l’agressivité ou l’opposition aux soins. Dans ce contexte, le soignant doit commencer par des préliminaires pour rentrer en communication : approche axiale, les yeux dans les yeux, à petite distance pour capter l’attention. Puis, la voix doit être calme et sûre, sécurisante pour donner des consignes courtes et simples. Le soignant doit se rappeler que le résident dément a une attention et un jugement altérés : il doit donc expliquer chacun de ses gestes au fur et à mesure de leur réalisation ; il doit, au total, donner un climat émotionnel positif (il y a peu d’atteinte de la mémoire émotionnelle au cours de l’évolution d’une démence type Alzheimer). Le soin technique peut alors commencer en Maison de Retraite Sainte-Geneviève Taverny (95) http://www.maison-retraite-sainte-genevieve.com Tél. 01 39 60 15 51 - Fax. 01 39 60 27 16 maintenant la capture sensorielle par la poursuite de l’explication de ses gestes. La personne démente ne peut pas être de force ramenée à notre réalité de soignant (hygiène, pose d’une sonde, une injection…) ; les soins d’hygiène quotidiens devront reproduire au plus près les habitudes du résident ; les soins médicaux, dont on aura au préalable mesuré la nécessité, seront pratiqués dans ce contexte de capture sensorielle et de climat émotionnel positif. Les troubles du comportement alimentaire sont constants lors de l’évolution d’une démence type Alzheimer. Un chapitre lui sera ultérieurement consacré. L’apathie est très fréquente chez les résidents déments. Il s’agit, à proprement parler, d’un trouble du comportement même s’il n’est pas perturbateur. En effet, le résident peut passer des heures entières, immobile dans son fauteuil. Le rôle du soignant est de s’assurer de l’absence de pathologie sous-jacente : douleur, état dépressif, dyspnée d’effort, épilepsie ou confusion postcritique prolongée chez le sujet très âgé. Ensuite, il doit vérifier que le résident ne souffre pas de son apathie et, sans le contraindre, il doit, dans un climat émotionnel rassurant, lui proposer de reprendre une vie sociale ou, tout du moins, une participation à la vie de l’unité. Les ateliers thérapeutiques proposés trouvent là également tout leur intérêt. La déambulation pathologique est un des critères d’entrée en USA. Elle doit être respectée par l’équipe soignante et, de plus, elle est sécurisée et pensée architecturalement. Les chambres individuelles des résidents sont fermées et la décoration est faite de telle façon à rendre les portes moins visibles (peinture des portes identique à celle des couloirs). Ainsi, la liberté d’aller et venir avec obligation de sécurité, même si l’unité est fermée, est respectée suivant les recommandations de la conférence de consensus à ce sujet. Les troubles du sommeil sont fréquents. Leur prise en charge passe d’abord par une étape de diagnostic étiologique : syndrome d’apnée du sommeil, syndrome des jambes sans repos, insomnies isolées ou intégrant un syndrome dépressif, origine iatrogène, inversion du rythme nycthéméral d’origine centrale. Dans un deuxième temps thérapeutique, une option médicamenteuse pourra être suggérée si le trouble du sommeil est mal toléré ou très perturbateur. Les manifestations psychotiques, délires ou hallucinations, devront être connues du personnel soignant. Leur prise en charge est difficile et nécessitera l’intervention du psychologue de l’établissement pour évaluer leur nature, leur intensité et leur impact sur la qualité de vie du résident avant de proposer un traitement médicamenteux anti-psychotique qui sera régulièrement réévalué. Une recherche de syndrome confusionnel précèdera l’intervention du psychologue. En cas de difficulté majeure de prise en charge, l’avis du géronto-psychiatre du réseau travaillant avec l’établissement pourra être demandé. V. Troubles du comportement alimentaire Ils sont constants au cours de l’évolution de la maladie d’Alzheimer. Ils font partie des causes de perte de poids et de dénutrition. 40% des résidents déments présentent une perte de poids significative durant leur suivi, c’est-à-dire une perte de plus de 4% du poids corporel par an. Cette perte de poids est un élément de mauvais pronostic. Une pesée mensuelle sera indispensable, ainsi que lors de tout évènement stressant. Une évaluation du statut nutritionnel par le dosage de Maison de Retraite Sainte-Geneviève Taverny (95) http://www.maison-retraite-sainte-genevieve.com Tél. 01 39 60 15 51 - Fax. 01 39 60 27 16 l’albuminémie et le MNA (Mini Nutritional Assessment) sera utile pour le diagnostic et le suivi de la dénutrition. Si l’apport calorique est insuffisant, les conseils d’une diététicienne seront demandés pour proposer compléments ou suppléments nutritionnels. S’il existe des troubles du comportement au moment des repas (déambulation, mélange d’aliments…) ou des troubles dyspraxiques ou visuels, il sera possible d’aider et d’accompagner le résident pendant les repas ; on pourra aussi proposer de présenter les plats un par un, privilégier les aliments qui se mangent avec les doigts ou proposer les repas à un autre moment plus adapté. Une cause somatique ou iatrogène sera recherchée devant toute perte de poids inexpliquée.. VI. Prévention de la perte d’autonomie locomotrice La moitié des malades atteints de démence type Alzheimer sont confinés au lit après six à huit ans d’évolution, avec tous les symptômes liés à l’immobilisation (plaies de pression, maladie thromboemboliques, infections…). La prévention de cette complication est un élément de notre projet de soins : marche régulière, si possible à l’extérieur, qui permet de lutter contre l’anxiété, de maintenir l’appétit, de diminuer les troubles du transit et du sommeil. Des séances de gymnastique douce seront proposées et animées par un kinésithérapeute au sein de l’unité. Enfin, les tests de la station unipodale, le stand up and go ou, si besoin, le test de Tinetti seront pratiqués. Selon les résultats de ces tests, une prise en charge spécifique sera alors proposée en salle de kinésithérapie. La recherche d’un éventuel syndrome douloureux aigu ou chronique en rapport avec une pathologie musculo-squelettique sera indispensable en cas de trouble de la marche. VII. Sécurité médicamenteuse et surveillance médicale La prise des médicaments est sous la surveillance des aides-soignantes. Les médicaments sont préparés à l’avance par le pharmacien référent de l'établissement (ou de son préparateur en pharmacie) au vu de l’ordonnance du médecin traitant. Comme pour les résidents de l’établissement hors USA, chaque résident aura une fiche traitement contenant : indication de chaque médicament (avec nom DCI et commercial), sa date d’introduction, sa posologie, sa durée, les critères et le rythme du suivi de l’efficacité et de la tolérance du produit et, enfin, les dates de suivi). Le médecin coordonnateur a pour mission de limiter le risque iatrogène par : - la mesure de la clairance de la créatinine - la surveillance des éventuelles interactions médicamenteuses - la prévention des effets secondaires : troubles du transit, troubles de la vigilance… - la limitation des médications psychotropes : benzodiazépines, neuroleptiques (tout particulièrement les phénothiazines) Enfin, le médecin coordonnateur devra favoriser les diagnostics étiologiques des démences pour pouvoir faire bénéficier chaque résident des thérapeutiques médicamenteuses validées dans certaines démences (anticholinestérasiques et mémantine), et s’assurer de leur bonne utilisation en accord avec leur Autorisation de Mise sur le Marché. Une surveillance toute particulière sera portée à la survenue d’épisodes dépressifs majeurs dont le diagnostic est particulièrement délicat chez la personne démente, ainsi qu’à leur traitement, préférentiellement par les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Maison de Retraite Sainte-Geneviève Taverny (95) http://www.maison-retraite-sainte-genevieve.com Tél. 01 39 60 15 51 - Fax. 01 39 60 27 16 La surveillance médicale est assurée par le médecin traitant du résident, choisi par lui ou sa famille et proposé sur une liste de médecins intervenant dans l'établissement. Il donnera toutes indications aux infirmiers quant aux mesures spécifiques de la surveillance des pathologies somatiques chroniques du résident : mesures des constantes vitales (TA, pouls, saturation en oxygène), glycémie capillaire, surveillance de l’état cutané… VIII. Mesures de protection juridique La dépendance cognitive des résidents déments impose au médecin coordonnateur de réfléchir au cas par cas à la nécessité de protéger le résident par des mesures de protection juridique, en l’occurrence la mise en route d’une procédure de mise sous tutelle, ou, dans tous les cas, de vérifier si une telle mesure a déjà été prise. IX. Collaboration avec les familles et l’entourage Les liens du résident avec son entourage, familial ou non, seront maintenus et encouragés. Le maintien d’une vie relationnelle affective stable du résident dément est un atout majeur pour la prévention des troubles du comportement et, par conséquent, pour sa qualité de vie. Les familles seront invitées à participer à la vie de l’unité : partage des repas, sorties éventuelles, décoration des locaux, participation aux animations de loisirs… Enfin, les familles pourront bénéficier d’une information sur l’histoire naturelle de la démence, sur un plan général et sur un plan individuel. Ainsi, les familles, ayant pu anticiper les modifications de l’état de santé de leur proche, seront plus facilement partie prenante du projet de soins individualisé. X. Communication et liaison avec les autres professionnels de santé Sur un plan déontologique, chaque résident a le libre choix des intervenants médicaux et paramédicaux qui prendront en charge sa santé : médecin traitant, lieu d’hospitalisation, kinésithérapeute, biologiste, radiologue, pharmacien…Le médecin coordonnateur de l’établissement aura donc pour tâche de coordonner l’action de chaque professionnel de santé intervenant dans l’EHPAD dans le respect du projet de soins et du code de déontologie. Le dossier de soins informatisé individuel, tenu à jour, rapportera tous les évènements marquants de la vie et de la santé du résident et sera à la disposition de ces professionnels de santé qui devront, eux aussi, transmettre toutes informations et recommandations qu’ils jugeront utiles. Une convention de partenariat a été signée avec le service de médecine gériatrique de l’hôpital Simone Veil- site d’Eaubonne pour proposer dans les meilleures conditions d’éventuelles hospitalisations en mode d’entrée directe. L'objectif est de limiter au maximum ces hospitalisations. L'établissement travaille en collaboration avec le Réseau JOSEPHINE et, en particulier avec l'équipe de gérontopsychiatrie de ce réseau (gérontopsychiatre et infirmière psychiatrique) pour élaborer des prises en charge adaptées et éviter des hospitalisations. Maison de Retraite Sainte-Geneviève Taverny (95) http://www.maison-retraite-sainte-genevieve.com Tél. 01 39 60 15 51 - Fax. 01 39 60 27 16 L’établissement fait partie du réseau Gérontologique Inter-Etablissements du Val d’Oise REGIES 95; des professionnels participent à ses ateliers. XI. Formations de l’équipe soignante La maladie d’Alzheimer et maladies apparentées sont des pathologies complexes, chroniques et d’évolution longue, qui touche des résidents très âgés et le plus souvent fragiles et polymédicamentés. Tout membre de l’équipe soignante, à son niveau, doit pouvoir bénéficier de formations externes lui permettant d’améliorer ses pratiques. Par ailleurs, au sein de l’établissement, le médecin coordonnateur réunit l’équipe soignante de façon hebdomadaire pour discuter des résidents qui pourraient poser problème et pour former les équipes d’infirmiers et d’aides-soignantes à une prise en charge gériatrique de qualité. Le psychologue de l’établissement réunit l’équipe soignante régulièrement pour permettre à chaque membre de l’équipe de pouvoir exposer ses difficultés rencontrées au contact des résidents déments avec troubles du comportement. Enfin, des réunions de formation pourront être organisées avec des intervenants extérieurs experts sur des sujets qui pourraient intéresser l’équipe, en invitant tous les professionnels de santé extérieurs intervenant dans l’établissement. Ce projet de soins en unité de soins Alzheimer concentre tous ses objectifs sur le maintien de la qualité de vie des résidents qui y vivent et propose un complément thérapeutique non médicamenteux à la prise en charge de la démence. Ces pathologies neuro-dégénératives qui sont des maladies longues et pour lesquelles il n’existe pas encore de traitements curatifs, nécessitent une prise en charge difficile pour l’équipe soignante et pour l’entourage du résident. Dans le respect constant de l’individu malade, toutes les actions de soins décrites ci-dessus permettront aux résidents de rester dignes dans leur maladie en limitant, dans la mesure du possible, les souffrances physiques et psychiques occasionnées par leurs pathologies. Maison de Retraite Sainte-Geneviève Taverny (95) http://www.maison-retraite-sainte-genevieve.com Tél. 01 39 60 15 51 - Fax. 01 39 60 27 16