confucius, un frere precurseur?

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confucius, un frere precurseur?
A∴L∴G∴D∴G∴A∴D∴L∴U∴
Vénérable Maître, Dignitaires qui décorez l'Orient et vous tous mes bien
aimés Frères, en vos grades et qualités.
A travers le propos qui suit, je vais tenter d'apporter quelque élément de réponse à cette
interrogation:
CONFUCIUS, UN FRERE PRECURSEUR?
QUI ETAIT-IL?
Les Jésuites au XVIème siècle ont été étonnés de trouver l’humanisme raffiné de la
dynastie Ming, là où ils s’attendaient à une forme de barbarie.
Cette doctrine humanitaire, morale et politique, reposant sur une sagesse et une éthique
était le fruit d’un saint homme vivant au VIème siècle avant notre ère. Il s’appelait Kong
Fou-tzeu, K'ung Tzu, Kongfuzi, entre autres prononciations, latinisé par les jésuites en
Confucius. (Ses disciples l’appelaient Maître Kong)
Il est né deux siècles après Homère et la fondation de Rome, un siècle avant
Socrate, en 551 av. J.C. Il est mort en 479. Il était le contemporain de Laotzi (Lao-tzeu),
Bouddha, Zoroastre, Ezechiel, Pythagore et Thalès.
Il a passé la plus grande partie de sa vie dans son pays de naissance, une petite
principauté de l’actuelle province du Shandong au nord est de la Chine (environ 450 km
au sud de Pékin).
Dans sa jeunesse, il participe assidûment aux rites religieux qui en Chine sont alors
très importants, tout comme la musique d'ailleurs. Rites et musique assurent l’équilibre
des individus et l’harmonie de l’ordre social, eux-mêmes calqués sur l’ordre de l’univers.
La mystique de l’harmonie du monde et de la société sera la base de la doctrine
confucéenne.
A 22 ans il ouvre une école dont l’enseignement est basé sur la tradition, disant
alors: « Je n’invente rien, je transmets (les enseignements anciens) » Ces paroles,
faites de simplicité comme toutes les citations et aphorismes du Grand Sage, je les ai
entendues prononcer presque à l'identique, par mes F∴F∴instructeurs.
Confucius fut investi de tâches administratives plus ou moins brillantes par les autorités
locales. La période était aux troubles, à l’agitation, aux guerres, aux luttes pour le pouvoir
et au mépris des valeurs fondamentales. Il abandonne vite ses fonctions, subit des exils
plus ou moins forcés et effectue maints voyages, pérégrinations et errances, à travers les
principautés de l’actuelle Chine. Et nous-mêmes mes F∴F∴, lorsque nous visitons les
autres loges et lorsque nous voyageons et évoluons dans le monde profane, acquerrant
au fil du temps un regard nouveau, ne suivrions-nous pas peu ou prou, les traces de
Maître Kong? Ayant acquis une vaste expérience, il revient alors au pays afin de la
partager avec ses contemporains, à travers son enseignement. Poursuivant ses propres
recherches par l'étude, il continue de voyager, mais en esprit. Quelle similitude avec nos
Maîtres qui instruisent App∴et Comp∴ tout en poursuivant leurs propres recherches.
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Confucius ne sera malheureusement pas très écouté par les princes qui gouvernent son
pays, car le principe de base de la politique qu’il préconise, le règne de la vertu, ne permet
pas d’affronter les nécessités immédiates. L'époque troublée, impose la réaction, qui
s'oppose au couple réflexion / action. Nous savons tous mes F∴F∴ que le long chemin
vers la vertu est semé d'embûches et demande une volonté sur le long terme. Cette voie,
aujourd'hui encore peu goûtée du commun des mortels, l'est moins encore des potentats.
Les Constitutions d'Anderson ont, elles aussi, été publiées au sortir d'une période de
troubles révolutionnaires. La loi morale à laquelle fait référence Anderson est loi d'amour
de l'autre et nous demande de rechercher la conciliation, la concorde et l'harmonie.
Confucius ne dit pas autre chose. L'article II des Constitutions traite du respect dû par le
F∴M∴ à l'autorité de l'état et de sa loyauté vis à vis des citoyens et du chef (roi). Cet
article invite le F∴M∴ à transformer sa pensée et son comportement du point de vue
politique et à privilégier des rapports basés sur le respect de la loi commune. Confucius
espère susciter ce genre de comportement parmi ses contemporains, en prônant l'effort
constant pour rechercher la sagesse et la vertu individuelle qui conduisent à l'harmonie au
sein de la société. Selon lui, l'homme devrait y parvenir par la pratique de l'amitié (jen) et
de l'équité (yi). C'est une morale humaniste du juste milieu, de l'équilibre et de l'amour de
son prochain. Qui a dit que la Franc Maçonnerie spéculative a débuté au XVIIIème siècle?
Confucius, dont les efforts ne sont pas couronnés de succès, est conscient de tous
les périls qui l'entourent. Il comprend que la ruine de l'ordre rituel, conduit la société vers le
déclin et que la perte de la vertu conduit, elle, l'homme vers la déchéance. Ce constat qui
aurait pu le rendre cynique, renforce au contraire sa foi dans l'homme. Le confucianisme
confronté aux écoles de pensée concurrentes, notamment le taoïsme, est même
violemment combattu. Il fut finalement imposé par le fondateur de la dynastie Han. Après
deux millénaires et demie d'études, d'interprétations et d'exégèses, il est difficile de se
faire une idée juste de la philosophie originelle de Confucius, d'autant qu'au XIIème siècle
Maître Song Zhu Xi a synthétisé les enseignements du Grand Sage et intégré les apports
taoïstes et bouddhistes, donnant naissance au néoconfucianisme. Son influence sur la
Chine, ainsi que le Japon, la Corée et le Vietnam, est telle qu'on peut la dire supérieure à
celles additionnées de Socrate et Jésus en Occident
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AVANT DE DECOUVRIR SON ŒUVRE, VOYONS SA METHODE
Si Confucius est Maître (il enseigne à ses disciples ce qu’il sait ou croit savoir), il se
considère lui-même comme étant toujours élève. Peut-être dirions-nous Apprenti?
Confucius a fondé tout son enseignement sur ceux qui l'ont précédé, sur la tradition.
Comme nous aujourd'hui, il se perfectionne en comparant et surtout en opposant ce qu'il
apprend. Cette notion d'opposition tient une place privilégiée dans sa démarche
philosophique.
Il s'abreuve aux sources des livres antiques qui, véhiculant les anciens préceptes,
l'inspirent. Cette référence aux sages prédécesseurs ne nous est évidemment pas
inconnue. Oswald Wirth nous dit: « la raison ne se contente pas de repousser l'erreur
et le préjugé et de constater la vérité objective, elle sait aussi rendre justice aux
penseurs disparus en dégageant les anciennes traditions »
Ces sources sourdent des cinq Livres canoniques classiques restants (Wù Jing), (le
sixième a été perdu). Elles irriguent la pensée du Maître,
- A travers les arts, par le Livre ou Recueil des poésies ou Canon des Poèmes (Shi
Jing ou Cheu king), dans lequel il découvre les clés morales nécessaires à
l’élévation du cœur. Et la poésie peut s'apparenter à la Musique tant elle la
reproduit à travers l'arrangement harmonieux des mots, par lesquels elle est fille de
rhétorique, usant des ressources de la grammaire.
- A travers les arts encore, par le Livre ou Canon de la Musique (celui qui a été
perdu). La musique si importante en Maçonnerie qui parfait les vertus et les exalte,
est à la fois rythme et vibration, son et nombre. Elle est l'expression de l'union du
Ciel et de la Terre. La musique est donc un moyen de communication entre le
monde sensible et l'intelligible. Elle révèle les lois de l'harmonie qui gouvernent
toutes choses et parmi elles l'œuvre de la F∴M∴
- A travers la tradition, par les Livres des Rites ou Mémorial des Devoirs et des
Rites (Li Ji ou Li Ki), qui avaient codifié toute l’expérience humaine de la naissance
à la mort et consigné les situations auxquelles l’homme est confronté dans son
existence.
Ceux qui ont codifié la F∴M∴, les Anderson, Desaguliers et consorts se sont eux
aussi référés aux textes anciens, les Old charges ou vieux devoirs, constitués entre
autres du Régius, du Cook, des manuscrits Grand Lodge One, Shaw, Sloane,
Dumfries, Trinity College qui s'échelonnent de 1390 à 1711.
On peut supposer que comme nous le faisons, Confucius étudie les règles
antiques, certainement présentées sous forme d’allégories symboliques. Il en tire
des pensées, des développements, une continuité adaptée à son temps qu’il
partage avec ses disciples, pour l’exaltation de sa philosophie et l'aboutissement de
sa recherche: retrouver le chemin de la vertu en s’appuyant sur les valeurs
éternelles.
- A travers le mouvement et l’opposition, par le Livre des Mutations (Yi Jing ou Yi
King) qui lui laisse entrevoir la beauté et l’intelligence d’un monde dont l’ordre et la
richesse, tiennent au changement et à l’alternance harmonieuse des contraires, les
extrêmes se compensant. La dualité et la différenciation sont indispensables à la
connaissance, le deux étant nombre de science. La dualité est omniprésente dans
notre vie: le blanc et le noir du pavé mosaïque, esprit et matière, le ying et le yang,
actif et passif, mâle et femelle, soleil et lune, ombre et lumière, etc. etc. On ne peut
jouir du repos que s'il y a eu fatigue, la joie ne se situe que par rapport à la peine et
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vous en connaissez bien d'autres. L’envers sert en quelque sorte de faire valoir à
l’endroit.
- A travers l'histoire enfin, par le Livre ou Canon de l’Histoire (Shù Jing ou Chou
King) et les Anales du Royaume appelées aussi Anales des Printemps et des
Automnes (Lin Jin), qui exposent les voies choisies par les anciens que sont les
saints rois, les sages potentats et une certaine mythologie.
Les sages modèles de Confucius furent Yao et Shun, princes qui ont choisi le
mérite plutôt que l’hérédité et Yu le Grand pour son dévouement total à son peuple.
Il pose les fondateurs en modèles pour mieux critiquer ses contemporains et
montrer la voie vers un monde nouveau (et nécessairement meilleur).
Il utilise ces livres anciens comme autant de moyens de faire passer son message,
mais il les manie avec prudence. Il ne livre pas leurs enseignements tels quels, dans leur
rigueur, sans commentaires. Ecrits pour un autre temps, ils pourraient se révéler ou trop
puissants (destructeurs ou déstabilisateurs) ou trop faibles (inefficaces, inadaptés). Il les
pondère et les accorde à son époque et à ses nécessités. Si ces textes ont pour lui valeur
d’exemple, leur signification n’est pas figée et s’éclaire en fonction des circonstances.
Aujourd'hui et de la même façon, la Bible ne peut plus être prise au pied de la lettre,
pas plus qu’une partie du contenu des Old Charges ou des Constitutions d’Anderson.
Dans leur article III, les Constitutions disent par exemple que les membres d’une loge
doivent être d’age mûr et ne pas être serfs ou alors à l’article V, de nombreux paragraphes
traitant de la gestion du métier et en particulier la relation au seigneur, ne pourraient plus
s’appliquer tels quels. Les valeurs fondamentales que les Constitutions enseignent,
restent toutefois d’actualité et appliquées aux circonstances de la vie moderne, peuvent
même être porteuses d'un message novateur.
Maître Kong dit:
« Le bon maître est celui qui, tout en répétant l’ancien est capable d’y trouver du
nouveau »
Lui-même ne conçoit pas la vie sans enseigner la vertu, ni sans la pratiquer et il fustige
ceux qui parlent si bien du bien, sans s’y exercer.
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PRENONS MAINTENANT CONNAISSANCE DE L’ŒUVRE DE CONFUCIUS
Elle tient en quatre livres appelés…les Quatre Livres ou les Quatre Classiques (Shi
Shù) dont le 4ème est l'œuvre de son disciple Meng Tzeu ou Mencius.
- le Dà Xué ou Ta Hio ou la Grande Etude
- le Zhòng Yòng ou Tchong Ioung ou l’Invariable Milieu (ou Juste Milieu)
Dans ces deux livres, le Maître enseigne à se méfier des excès et des extrêmes.
L’invariable milieu, est décrit comme un état d’équilibre et d’harmonie de l’âme qui
découvre alors la lumière naturelle et pénètre la raison de l’univers. Et Confucius
ajoute plein d’humour:
« Que cette voie (du juste milieu) ne soit pas suivie, je sais pourquoi: l’homme
intelligent va au-delà, l’imbécile reste en deçà »
- le Lyun Yu ou les Entretiens avec les Disciples ou Apprentis
Il s’agit de la source la plus pure de la doctrine de Confucius. Ici le Sage, répond
avec profondeur, simplicité, humour et ironie aux multiples questions de ses
disciples.
- le Meng Tzeu ou Mencius du nom du disciple de Confucius
Ce recueil de citations et commentaires de l’enseignement de Confucius, expose
une pensée souvent proche des philosophes du XVIIIème siècle.
Avec le Mencius on perçoit toute la valeur de l'enseignement d'un bon Maître,
quand les écrits d'un disciple, sont fondus par la postérité dans l'œuvre de ce
Maître.
L'œuvre de Confucius, tenant en 4 livres, nous sommes en présence, par le
quaternaire d'une oeuvre réalisée, solide, achevée et stable.
Confucius n'ayant pas laissé d'écrits autographes, ces 4 livres transmettent la
pensée du Maître telle que l’ont recueillie ses disciples. Il s'agit essentiellement de
Mencius et Xun Zi qui l'ont fait dans une forme d'expression concise et réservée, car le
Maître se défiait lui-même des beaux discours.
Saisissant parallèle, avec les disciples d’un autre Maître de la morale humaniste et
humaine qui nous ont transmis les pensées du Christ dans les 4 évangiles. Est ce
seulement un hasard?
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ESSAYONS DE PENETRER, UN PEU, SON ENSEIGNEMENT
Selon Confucius « Les vertus nécessaires pour diriger les autres sont le
respect de soi, la magnanimité, la loyauté, la fidélité, la diligence et la bienfaisance »
Cette maxime, qui était destinée à l'origine aux rois et princes, s'applique parfaitement à
l'enseignant (nous disons l'instructeur), si nous donnons au mot diriger le sens d'enseigner
le chemin.
Dans la reproduction des paroles du Grand Sage s'expriment un florilège de
sentiments et de ressentis, ainsi qu'une vivance profondément humains: humour parfois
caustique, indignation, nostalgie face à la fragilité et la fugacité de la vie, le doute toujours,
le découragement parfois, le sens du compromis sans se compromettre jamais. Pour sa
protection il en appelle uniquement au Ciel, tout comme nous F∴M∴ qui évoquons et
invoquons cette entité sacrée qui se cache derrière le G∴A∴D∴L∴U∴, lorsque, sur le
difficile parcours qui mène à la lumière, assaillis par le doute et le découragement, nous
avons besoin d'un appui.
Il est possible de comprendre les enjeux et la teneur de la pensée de Confucius, en
lisant les Entretiens de Confucius avec ses disciples, livre dans lequel on voit le Maître
vivre et discuter des problèmes de son temps.
Ces entretiens débutent par ces trois sentences:
- « Apprendre quelque chose pour pouvoir le vivre à tout moment, n’est-ce
pas la source d’un grand plaisir? » On n’apprend pas pour apprendre, mais pour
insérer ce que l’on a appris dans sa vie, pour l’améliorer, pour s’améliorer et le
transmettre. Demandons-nous si dans la vie profane, nous mettons toujours en
pratique les préceptes que nous apprenons ou sur lesquels nous travaillons en
loge.
- « Recevoir un ami qui vient de loin, n’est-ce pas la plus grande joie? »
Savons-nous toujours recevoir en toute fraternité celui qui nous est distant
géographiquement mais aussi en philosophie, en religion, en politique ou en
spiritualité et qui fait, lui, l'effort de nous rejoindre?
- « Être méconnu des hommes sans en prendre ombrage n’est-ce pas le fait
de l’homme de bien? » Belle leçon d’humilité. Si la reconnaissance par les autres
et à fortiori par ses pairs, peut constituer une indication de ce que l'on est sur la
juste voie, l'ignorance par les mêmes, ne signifie pas que l'on fait fausse route.
Gardons en mémoire que la vanité et la recherche des honneurs sont stérilisantes.
Un des maîtres mots des Entretiens avec les disciples est étude, couvrant et
combinant savoir livresque et éveil de la conscience.
Le Maître dit:
« Etudier sans réfléchir est vain; méditer sans étudier est périlleux »
Etudier sans réfléchir est vain: apprendre bêtement par cœur, sans connaître ni l'origine ni
la finalité de l'étude, ne mène à rien. Avant de commencer à étudier, il est important de
savoir d'où l'on vient, qui l'on est et où l'on va.
Méditer sans étudier est périlleux: pour méditer valablement, il faut une connaissance la
plus approfondie possible du sujet de méditation, et comment l'acquérir sans l'étude.
Méditer sur des à-priori, sans fondements conduit à des certitudes, à des prises de
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position, à l'élaboration de dogmes, pouvant avoir des conséquences dramatiques.
Souvenons-nous des théories nazies.
L'accomplissement harmonieux de la personnalité est une recherche exigeante,
assidue et constante. Elle nécessite l'examen permanent de ses actes et la prise en
compte des progrès aussi bien que des reculs et des échecs, tout au long de l'existence.
Cette recherche sans défaillance doit s'exercer en tous lieux.
Les enseignements de Confucius avaient entre autres buts, et peut-être était-ce l'un
des principaux, l'observance des rites. Rappelons-nous, nous l'avons vu au début, qu'il
considère rites et musique, comme assurant l'équilibre des individus et l'harmonie de
l'ordre social.
Elargi par la connaissance, l’esprit doit être discipliné tel le fleuve qui, grossi par la
crue, dévasterait tout alentour si l'on n'avait pas érigé de digues. L’observance des rites,
expression formelle des rapports entre les hommes, parachève l’apprentissage livresque
et actualise les paroles et l’enseignement du Maître, les rendant compréhensibles et
permettant de les recevoir de façon intemporelle.
Le rite tempère la conduite, mesure les gestes, contrôle les sursauts de l’instinct,
freine les préventions et les préjugés. Il régule les êtres et régit l’ordre social.
Confucius donne donc une valeur spirituelle et morale au rite.
Le Maître dit:
« Dans toute cérémonie, mieux vaut l’austérité que l’apparat. Dans celles du
deuil mieux vaut la sincérité dans la douleur que le scrupule dans l’étiquette »
Pour lui le culte n’est correct que s’il touche l’intériorité, la profondeur du cœur.
Le Maître dit:
« Si je ne suis pas moi-même présent, j’estime qu’il n’y a pas de sacrifice »
La religion n’existe donc que par les effets favorables qu’elle produit. L’existence des
dieux, des puissances supérieures ne vaut que pour les sentiments qu’elle inspire: respect
de ce qui est plus grand que soi, révérence, juste distance à son endroit.
Confucius ne récuse pas les croyances de son temps, il les relativise au regard du seul
jugement de l’homme de bien. Toute la tolérance éclairée de la F∴M∴ est contenue dans
cette phrase.
Dans ce qu’il nomme l’homme de bien, la largeur d’idées s’oppose à la mesquinerie
et l’absence de parti pris, au sectarisme. Il ne reconnaît que la noblesse du cœur et de
l’esprit (à une époque où il y a des nobles, le peuple et des esclaves).
Selon lui, seuls peuvent participer au gouvernement du monde, ceux qui se
gouvernent eux-mêmes par le rite, la justice et la bonté. Pour nous M∴, qui entendrions
plutôt "gouvernement du monde" comme construction d'un autre monde, c'est bien là une
démarche Maçonnique. Il vilipende les bien-pensants, les pires ennemis de la vertu.
Le Maître dit:
« Si tu rencontres un homme de valeur cherche à lui ressembler. Si tu
rencontres un homme médiocre cherche ses défauts….en toi-même »
Pour lui, le véritable humain est celui qui s’ouvre lui-même, au point de pouvoir contenir
les autres et qui consent à être pour les autres, ce qu’il est pour lui-même. Cet état, qui
constitue la vertu suprême…l’humanité, est appelé REN.
Le Ren a dans les Entretiens de Confucius avec ses disciples, où il est cité une
centaine de fois, une dimension quasi absolue.
La vertu (Ren) d’humanité met côte à côte, face à face, en rapport, en situation
deux hommes, l’être humain existant surtout en relation: proche, familiale, amicale, en
fraternité et plus loin encore, à l’échelle de l’univers.
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Avec le "programme du Ren" ou de "la véritable qualité de l'homme", Confucius a
voulut former des hommes qui puissent être capables d'instaurer un ordre social parfait.
Voici quelques extraits de ce plan:
Le Grand Sage dit:
« Les anciens qui désiraient que se manifeste le caractère inné le plus
lumineux des humains, commençaient par ordonner leur vie nationale. Pour
ordonner leur vie nationale, ils réglaient d'abord leur vie familiale. Pour améliorer
leur vie familiale, ils développaient au préalable la culture de leur vie personnelle.
Pour cultiver leur vie personnelle, ils réglaient en premier les intimes sollicitations
de leur cœur et clarifiaient leur volonté d'œuvrer sincèrement pour le bien. Avant de
perfectionner leur volonté, ils augmentaient leur connaissance des principes
essentiels, car la connaissance est perfectible au moyen de la recherche des
choses "dans leur origine". Quand on a cherché la nature réelle des choses, la
connaissance arrive à sa propre culmination. Quand la connaissance a culminé, la
volonté se fait parfaite et sincère ».
Nous F∴M∴ savons exactement où nous en sommes à ce stade du plan du Ren. Nous
sommes allés le plus bas possible le long du fil à plomb. Nous avons fait la nécessaire
descente en nous-mêmes. Nous nous sommes révélés notre SOI. Maintenant, nous allons
entamer avec Confucius la deuxième partie du voyage: la remontée.
Le Maître reprend:
« Quand la volonté est sincère, les mouvements intimes du coeur sont
rassérénés. Quand les pulsions du coeur sont tranquillisées, l'homme reste libre de
tout défaut et la vie personnelle est parfaite. Quand il a cultivé sa vie personnelle
parfaite, alors cet homme serein règle la vie familiale. Une fois la vie familiale réglée,
la vie nationale s'ordonne d'elle-même et quand la vie nationale s'est elle-même
ordonnée, alors se réalise dans son intégrité la Paix mondiale. » Nous ajouterions: le
temple universel est construit.
Du plus puissant au plus humble des particuliers, chacun doit avant tout se
perfectionner dans la sincérité, car comme l'a dit Confucius: « L'esprit a beau s'avancer,
il n'ira jamais si loin que le cœur. »
La voie de Confucius procède d’une pensée qui relie l’homme, la famille, la société,
l’état, l'univers et tient en ces mots:
« Exigence avec soi-même, mansuétude pour les autres » Cette sentence est à elle
seule un résumé du serment M∴
D'aucuns ont pu mettre en doute la valeur initiatique des enseignements de
Confucius, au sens le plus orthodoxe du terme. Personnellement je n'adhère pas à cette
vision des choses. Leur valeur initiatique réside dans le fait qu'ils satisfont au sens
étymologique du terme "initiation": initiare – commencer. Ils permettent de commencer à
réfléchir à de plus vastes aspects de la nature humaine et à ce qui guide les hommes
dans leurs actes sérieux et même dans leurs divertissements.
Enfin, les enseignements de Confucius répondent assez bien à cette définition de la
philosophie initiatique: C'est une suite d'actes, par lesquels l'homme accomplit une
conversion, une mutation de son regard qui, parcourant, observant, étudiant et se perdant
dans le vaste monde extérieur, se tourne sur lui-même pour y découvrir la lumière dont
tout homme est porteur, sans en être propriétaire.
Avant de vous proposer quelques morceaux choisis du Grand Sage, cette courte
anecdote qui nous rappellera que même pour le sage la perfection est toujours à venir.
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Lao Tseu aurait rencontré Confucius et lui aurait reproché son humeur arrogante, ses
désirs, son air suffisant et son zèle débordant, lui disant: «cela n’est d’aucun profit pour ta
personne»
MORCEAUX CHOISIS
- C'est de racines bien ancrées que la voie peut croître et s'épanouir. Ceci souligne
l'importance de l'apprentissage, de l'instruction et de la recherche.
- Examine toutes les choses avec lesquelles tu es en contact et sers-toi de la
connaissance que tu en as déjà, pour pénétrer d’avantage leur raison d’être.
- Imiter l’ouvrier qui taille et polit les pierres précieuses, c’est se perfectionner soi-même.
N’est-ce pas maçonnique avant l'heure (mais était-ce avant l'heure?
- Celui qui repasse dans son esprit ce qu’il sait déjà et par ce moyen acquiert de nouvelles
connaissances, pourra bientôt enseigner les autres.
- Le sage commence par faire ce qu’il veut enseigner et ensuite il enseignera.
- A celui à qui on permet seulement d'étudier avec le maître, on ne doit pas encore
permettre d'entrer dans la voie de la vertu,
A celui à qui on permet seulement d'entrer dans la voie de la vertu, on ne doit pas
encore permettre de s'y fixer solidement,
A celui à qui on permet seulement d'affirmer sa vertu, on ne doit pas encore
permettre de décider si la loi générale s'applique ou non, à tel cas particulier.
Nous pouvons ici faire assez aisément le parallèle, avec notre progression Maçonnique.
- Si vous refusez d'instruire un homme qui a les dispositions requises, vous perdez
l'homme. Si vous enseignez à un homme qui n'a pas les dispositions nécessaires, vous
perdez vos instructions. Un homme prudent ne perd ni les hommes ni les enseignements
- Ce qu’on sait et savoir ce qu’on sait, ce qu’on ne sait pas et savoir qu’on ne le sait pas:
c’est savoir véritablement.
- Un cœur qui compatit est le germe du sens de l'humain,
Un cœur qui éprouve de la honte est le germe du sens du juste,
Un cœur empreint de modestie et de déférence est le germe du sens du rituel,
Un cœur qui distingue le vrai du faux est le germe du sens du discernement.
L'homme possède en lui ces 4 germes comme 4 membres et s'il est incapable de
les développer alors il se fait tort à lui-même.
- Peu d’hommes connaissent les défauts de ceux qu’ils aiment et les bonnes qualités de
ceux qu’ils ont en aversion.
- Le sage ne s’afflige pas de ce que les hommes ne le connaissent pas, il s’offusque de ne
pas connaître les hommes.
- Ne soyez pas en peine de ce que personne ne vous connaît. Travaillez à être digne
d’être connu.
- Quand vous voyez un homme sage, pensez à égaler ses vertus. Quand vous voyez un
homme dépourvu de vertu, examinez-vous vous-mêmes, (de peur de lui ressembler)
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- Dépasser les limites n'est pas un moindre défaut que de rester en deçà.
- N'est pas forcément vertueux celui qui parle bien de la vertu.
- Se vaincre soi-même, recouvrer entièrement l'honnêteté du cœur, voilà la vertu parfaite.
- Ne cherchez pas les petits avantages, vous négligeriez les grandes choses.
- On ne réfléchit pas à la portée de ses paroles, de là vient tout le mal.
- Celui qui est dévoué à ses amis et les incite à cultiver la vertu en étant affable et
prévenant, est un disciple de la sagesse. (Nous dirions un frère?)
- Celui qui ne craint pas de promettre de grandes choses aura de la peine à les exécuter.
- Le sage est modeste en paroles et fait plus qu'il ne dit.
- Je n'ai pas le temps de juger les autres, je m'applique tout entier à me juger moi-même
et à me corriger.
- Si vous rendez le bien pour le mal, que rendrez-vous pour le bien? Il suffit de répondre à
l'injustice par la justice et rendre le bien pour le bien.
- Le sage ne rejette pas une bonne parole parce qu'elle est dite par un méchant homme.
- L’archer a un point commun avec le sage. Quand sa flèche n’atteint pas le milieu de la
cible, il en cherche la cause en lui-même.
- Ne pas se corriger après une faute involontaire c'est commettre une faute véritable.
LE PRECEPTE QUI RENFERME TOUS LES AUTRES:
Aimez tous les hommes comme vous-mêmes.
Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas que l'on vous fasse.
J'ai dit Vénérable Maître.
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