Untitled

Transcription

Untitled
LES ANCIENS REGISTRES PAROISSIAUX DE MAINCY
PAR M.
TH. LHUILL1ER,
Membre fondateur (Section de Sïelun), Secrétaire général.
Les anciens registres de baptêmes, mariages et sépultures, tenus jusqu'en 1790 par les desservants des paroisses, pour constater l'état-civil des citoyens, présentent une des sources les plus
précieuses à explorer, — et à coup sûr la plus exacte, — pour les
recherches historiques et biographiques locales. C'est là qu'on retrouve la trace du séjour, ou simplement du passage des personnages marquants, des artistes, des savants ; la naissance ou la
mort des illustrations, les diverses phases de la vie des seigneurs.
Aussi un biographe consciencieux ne doit-il rien publier sans recourir à ces sources authentiques. Nous avons eu déjà l'occasion
de le faire remarquer ailleurs, les dictionnaires historiques fourmillent d'inexactitudes : c'est aux membres des Sociétés comme
la nôtre, qui n'embrassent dans leurs études et leurs recherches
qu'un rayon restreint de la grande patrie, qu'incombe la tâche de
redresser ces erreurs. Grâce à de récentes recherches, on connaît
maintenant le véritable lieu et la date exacte de naissance du peinmc
tre Lantara, on sait que Mirabeau n'est point de Nemours, ni M
de Pompadour de La Ferté-sous-Jouarre, que l'abbé de Voisenon était parisien, que le peintre Le Valentin de Boullogne est
réellement né àGoulommiers en janvier 1591.
Les anciens registres baptistaires permettront encore de rectifier, dans notre département, bien d'autres erreurs biographiques
souvent imprimées et répétées.
Quelquefois les prêtres, rédacteurs des actes, ont noté dans
leurs registres des faits étrangers à l'état-civil : la relation d'un
événement mémorable, le souvenir d'un orage terrible, d'une
crue exceptionnelle, d'une contagion, d'une belle récolte ou d'une
disette, des comptes de confréries, des testaments, tous renseignements qu'il ne faut pas négliger pour l'étude du passé.
Nous ne parlerons pas ici des annotations comme celles du vicaire de Saint-Paul, de 1G29 à 1630, et citées par M. Berriat de
Saint-Prix, dans ses Recherches sur la législation et la tenue des
actes de l'état-civil (1).
Malheureusement, dans la plupart des localités, ces actes,
dressés fort irrégulièrement d'abord, en exécution de l'édit de
François Ier, signé à Villers-Cotterêtsen août 4539, et qui contenait
des instructions souvent renouvelées depuis (2), n'ont commencé à
être exactement tenus qu'après une déclaration du roi du 9 avril
1736. C'est cette déclaration, due à la sagesse de d'Aguesseau, qui
servit de base à la loi du 20 septembre 1792 et au titre II (livre 1";
du Code civil.
Depuis 1737, les registres paroissiaux ont subi maintes péripéties, qui sont loin d'avoir aidé à leurs conservation. A quelques
rares exceptions près, les archives communales restèrent longtemps dans un fâcheux état d'abandon, et là où existaient préciment les plus anciens actes, indéchiffrables pour leurs dépositaires,— ces documents furent relégués dans quelque coin humide d'un bâtiment inhabité, à la maison commune ou chez le
maire. Aussi les trouve-t-on souvent incomplets et dans un état
qui prouve combien ils ont eu à souffrir (3).
Un moment vint où l'administration s'émut d'un tel mode de
conservation des papiers communaux. Des instructions toujours
renouvelées, des tournées d'inspection, ont produit de bons résultats; les moindres villages ont compris l'utilité, quelquefois
la valeur de leurs modestes archives; on les a inventoriées, transportées dans un local convenable, et les actes de l'État civil ont
été reliés presque partout.
Les principaux cahiers paroissiaux sont assurément ceux des
villes : des renseignements curieux pour la biographie locale se
trouvent consignés dans les registres de Melun, Meaux, Provins.
Nous ne parlons pas de Fontainebleau, l'état-civil de cette résidence royale présente une importance exceptionnelle. Mais il n'est
pas d'humble localité dont les archives n'offrent un intérêt relatif,
(1) Mém. de la Société des Antiquaires de France, t. XI, p. 245; — et chez
Videcoq, 1842, in-8».
(2) Ord. etèdits de 1579, 1595, 1629, 1667, etc.
(3) La collection des doubles de ces registres, déposés aux greffes des bailliages, se
retrouve dans les greffes civils. Elle est plus incomplète que dans les communes et
pendant longtemps elle n'a pas été mieux traitée. Les plus anciens registres dans
Seine-et-Marne sont ceux de Blandy (1540). mais c'est l'arrondissement de Provins
qui possède le plus d'anciens actes : ceux de Chàteau-la-Grande, Jouy-le-Châtel,
Fontains, Louan, Saint-Martin-Cliennetron, Bannost, Meigneux, remontent tous à
la seconde moitié du xvis siècle.
quelques-unes même sont riches sous ce rapport, et nous citerons,
entre autres, près de nous, la commune de Maincy.
Grâce à la splendide demeure et au séjour de Nicolas Foucquet (1), en ouvrant les registres de Maincy, on voit rayonner,
comme autour de l'ombre du surintendant, quelques-uns des
grands noms de la haute noblesse et les courtisans du siècle de
Louis XIV; — puis les artistes, les officiers de la maison, les parents, amis et visiteurs. Après la disgrâce du malheureux seigneur,
apparaissent les noms des Villars, des Choiseul.
Peu de villes, même importantes, fourniraient de pareils documents offrant le même intérêt.
Cette remarque ne pouvait échapper à un esprit exercé aux recherches : aussi notre savant compatriote, M. Grésy, a-t-il exploré
avec soin les registres de Maincy, mais seulement au point de
vue particulier des artistes peintres, sculpteurs, tapissiers hautlissiers, architectes, qui sont venus travailler à Vaux-le-Vicomte
lors de la construction de son château princier (2).
La publication de M. Grésy (3) fait suivre pour ainsi dire pas
à pas la marche des ouvrages de Vaux-le-Vicomte, et permet de
constater les diverses phases de la construction , que l'on active
ou ralentit selon les circonstances et les événements.
Pourtant, après avoir feuilleté à notre tour les mêmes registres,
nous avons pensé qu'il était possible d'y glaner encore. Venant h
la suite d'un habile moissonneur, au lieu de faire connaître des
artistes inédits, notre rôle plus modeste se réduit à signaler la
présence en cet endroit de quelques autres personnages, connus
pour la plupart à divers titres.
(lj II signait Foucquet, etnon Fouquet comme on l'écrit communément.
(2) Ce château a été souvent gravé; on connaît surtout les plans de Le Vau, d'Israël
Sylvestre, les vues de Peielle, Langlois, Rauch et Schroëder, Aveline; des vues des
grottes, des cascades, des jardins, des parterres, etc. et une vue prise le jour de la
fête donné à Louis XIV. (V. aux Estampes de la Biblioth. imp.).
(2) Château de Vaux-le-Vicomte; — documents sur les artistes qui ont travaillé
pour le surintendant Fouquet; —Melun, 1861, in-8°.
Depuis que ces lignes ont été écrites, nous avons perdu prématurément M. Grésy,
qui s'était occupé tout particulièrement de notre histoire et de nos antiquités locales.
Né à Melun
en 1806, notre érudit et
Membre de la Société
Ministère
regretté compatriote
impériale des Antiquaire-
de l'Instruction publique pour
avait été un des fondateurs de
dent de la Section de Melun.
les
de
n'avait que 61 ans.
France,
correspondant du
travaux historiques, M. Eug. Grésy
la Société d'archéologie de Seine-et-Marne et prési-
Les actes de l'État civil de Maincy, antérieurs à 1790, sont
compris dans sept petits registres remontant à 1603, et contenant
ensemble 1749 feuillets. Les premiers— qui méritent le plus d'attention — sont de simples cahiers in-f" et in-4°, do demi-largeur,
format d'agenda, comme les plus anciens registres de Paris (1).
Leur état de conservation était médiocre quand nous les avons
compulsés, ils n'étaient pas reliés et quelques pages rehaussées de
curieux autographes se détachaient des cahiers. Depuis ils ont été
réparés d'une manière intelligente et réunis en deux volumes.
Là, se trouvent constatés l'existence de l'ancienne paroisse de
Vaux-le-Vicomte et le souvenir de deux hameaux détruits par le
surintendant pour arrondir son domaine, — Jumeau et la Maison-Rouge. Un cahier, spécialement relatif à la petite paroisse de
Vaux, contient les actes de 1630 à 1055, époque à laquelle l'église paraît avoir été supprimée. Alors habitait dans ce village
Marie Jaquet de Grenoble, d'une famille d'artistes sculpteurs et
peintres dont la réputation fut brillante de leur temps (2).
Quelques-uns d'entre eux, sans doute, avaient été attirés là par
les premiers travaux de Foucquet.
M. Grésy ne signale la présence d'ouvriers ou d'artistes étrangers au pays qu'en 1657 (3); pourtant, selon la déclaration de
Foucquet lui-même, il faisait exécuter chaque année de menues
constructions à partir de 1640, et une gravure de Perelle fixe à
l'année 1653 le commencement des grands ouvrages conduits par
Le Vau. Cette date résulte également d'une lettre écrite le
26 juin 1657 par Foucquet à Mazarin(4), et des interrogatoires
publiés en 1668 (5). Et précisément c'est en 1653, le 23 octobre,
que nous voyons Marie de Grenoble, veuve de François de Bel-
(1) Ceux de Saint-Jean-en-Grève, 1515-1521.
(2) C'est à Antoine Jaquet de Grenoble, grand-père de Marie, qu'estrdue la belle
cheminée du château de Fontainebleau. Plusieurs de ses enfants ont été baptisés
à Avon : Noël (peintre), le 16 décembre 1536, Nicolas (sculpteur), le 20 novembre
1560, Laurence, etc. — Une sœur d'Antoine Jaquet avait épousé Noël Millon, à
Fontainebleau.
(3) C'est évidemment une erreur typographique qui a fait dire ailleurs à M. Grésy
(Almanach historique de Seine-et-Marne, 1865) que les travaux avaient commencé en
1633; c'est 1653 qu'il faut lire.
(4) Corresp. de Colbert, publiée par M. Pierre Clément (de l'Institut), t. 3, p. 501 :
« Ma maison estant à dix lieues de Paris, à laquelle j'ay fait travailler 15 ans avant
d'estre surintendant
»
(5) Conclusions des délenses, in-18, p. 90.
land, signer comme marraine. Quatre mois après (8 février 1654),
elle épouse en secondes noces un bourgeois de Paris , François
me
Quentin qui, plus tard, devient receveur du domaine de M Foucquet (1).
L'année suivante, le 20 mai 1655, on baptise un fils de François Quentin et de Marie de Grenoble; « messire Nicolas Foucquet, chevalier, vicomte de Melun et de Vaux, ministre d'État,
surintendant des finances, procureur général du roi , » lui fait
''honneur de le nommer Nicolas; la marraine est « haute et puis« santé dame Marie-Madeleine Janinde Castille, épouse du surin« tendant (2).
Sans les registres de Maincy, on ignorerait la fondation dans ce
village, par Foucquet, d'une tapisserie qui devait amener la création
de-; Gobelins, — et d'une n ai.son de charité, à la fois destinée aux
tapissiers de la manufacture que dirigeait le peintreCh. Le Brun,
r.ux ouvriers occupés aux ateliers du château, et aussi, par extension, aux gens nécessiteux de la paroisse : car si l'on voit mourir
à la Charité de Maincy des Limousins, des piqueur» de grès et
des tapissiers, comme l'a remarqué M. Grésy dans son intéressant
travail, — nous y voyons aussi figurer, du 26 juin 1660 au
27 août 1663, quelques manouvriers et vignerons de Maincy.
Avant les artistes dont la présence a été scrupuleusement constatée, — avant Le Brun et Suzanne Butay, sa femme; — avant
François Wattel; — avant l'architecte Antoine Bergeron, «juré
des maçonneries du Roy; » — avant Mathieu Dangeville, exempt
des gardes du corps (3), commandant à Vaux pour Sa Majesté
après la disgrâce de Foucquet (novembre 1661-1665), apparaissent
tour à tour :
Noble homme Nicolas Chesneau, écuyer, seigneur de La MaisonRouge (4), dont plusieurs fils sont baptisés à Maincy, et qui lui-
(1) Ce mariage a lieu en présence de Anne Trimmereux, mère de l'épouse, et de ses
beaux-frères Corneille, Roger et Nicolas Le Roy.
(2) Marie-Madeleine Jeannin de Castille-Villemareuil, née en 1633, était la seconde
femme de Foucquet et fille de François, maîlre des requêtes, président des enquêtes
du palais, seigneur de Villemareuil, près Meaus.
(3) Il se qualifiait écuyer, seigneur du Pressy-Notre-Dame, écuyer du roi en sa grande
écurie,
1661).
capitaine-exempt
des
gardes servant
près
la Royne-mère (9 novembre
(4) 11 était filsde Guillaume Chesneau, l'un des quatre chauffe-cire héréditaires de
e
la chancellerie de France, qui mourut à Melun à la fin du xvi siècle, selon Létoiie.
C'est sans doute à la Maison-Rouge que Guillaume Chesneau est mort, car il avait,
môme est enterré dans l'église le 16 février '1650; — François
Lotin, écuyer, seigneur de Charny et de Vaux-le-Vicomte avant
le surintendant; Elisabeth Gamain, sa femme (1630-1637); — les
d'Escoubleau de Sourdis, seigneurs de Maincy, qui, en 1656,
doivent également faire place à Foucquet, jusque-là seulement
seigneur de Vaux et vicomte de Melun en partie;—les Fusée
(de Voisenon); — Philibert-Emmanuel de Maniquet, écuyer, seigneur des Bergeries, à Chartrettes (25 février 1616); — honorable homme Loys le Flamant, concierge du château de Melun
en 1615, etc.
Vient ensuite la période la plus intéressante.
En 1636, le 16 octobre, comparait M6 Jehan de Longchamps,
écuyer, garde du corps du roi, qui figure encore au bout d'une
trentaine d'années sur les registres, et prend alors le titre de capitaine du château de Vaux-le-Vicomte, le 19 septembre 1683 (1).
En 1658, signent comme parrains : Jean Waldor, résidant de
l'électeur de Cologne, qui était un dessinateur et graveur de talent;
François Brochet, procureur du roi en la grande panneterie de
France (28 avril); et Me Jacques Hauffroy, porte-manteau du duc
d'Anjou , frère unique de Sa Majesté (30 décembre).
Le vendredi 26 septembre 1659 est célébré, à « Maincy-lôsVaux, » le mariage de M'0 Charles-Louis de Simiane-Claret (2),
avec demoiselle Madeleine Hay de Couëllans, fille d'un conseiller
au Parlement de Bretagne, et de Françoise Foucquet, sœur du
procureur général. Ce dernier n'a pas signé, et, — il faut le noter
en passant, — nous n'avons pas rencontré sa signature dans les
registres, bien que sa présence soit maintes fois constatée (3).
L'acte de mariage de Louis de Simiane est signé par Armand de
dès 1580, acheté ce fief, comportant maison seigneuriale en mouvance de Yaux-lePéuil.
En 1550-1660, un de leurs descendants, originaire du Poitou, Henri Chesneau, avocat, était attaché à la maison de Rostaing; il exalta dans des publications en prose et
en vers, ornées de gravures de sa composition, les vertus et la grandeur du vaniteux
marquis Charles de Rostaing, seigneur de Vaux-le-Pénil.
(1) Foucquet avait confiance en ce fidèle serviteur. On voit dans le manuscrit
publié par M. Pierre Clément, qu'il désirait l'avoir pour valet de chambre pendant sa détention, — ou Wattel, ou Lavallée; il eût Lavallée, à Vincennes.
(2) Parent de Jacques de Simiane, sieur de Vennes, lieutenant-colonel du régiment
des gardes du roi, gouverneur des ville et château de Melun en 1649 (Archives de
l'Hôtel-Dieu de Melun, 11 A, 2). Fils de Louis de Simiane de Claret, marquis de
Courcheneil. — Madame de Sévigné dit grand bien de la société de Madeleine du
Hay, qui maria plus tard son fils à Pauline de Grignan.
(3) On ne voit pas non plus la signature de Le Vau, de Le Nostre, de Pélisson,
Béthune-Charost, gendre de Foucquet; par Bernard du Chemin,
seigneur d'Égrefin; —Jacques Goste, sieur du Charme, président
à mortier au Parlement de Grenoble; — Pierre Chanut, seigneur
de Livry, près Melun, etc.
Ce dernier, conseiller du roi, ancien ambassadeur en Suède et
en Allemagne, était un homme distingué, que le seigneur de Vaux
tenait en grande estime (1).
L'année suivante, le lundi 3 mai 1660, Gilles Foucquet, premier
écuyer de la grande écurie, le plus jeune frère du surintendant (2), qu'on appelait M. de Mézières, reçoit dans la chapelle
du château de Vaux la bénédiction nuptiale avec Anne d'Aumont,
fille de César, marquis d'Aumont et de Clairvaux, gouverneur de
Touraine (3). La Fontaine qui, comme on sait, quittançait chaque
quartier d'une pension que lui payait Foucquet par l'envoi d'une
poésie, lit l'impromptu suivant à propos de ce mariage, conclu si
soudainement, — ajoute le fabuliste, — que les parties venant à
Vaux en diligence ne se doutaient quasi-pas du sujet de leur
voyage :
« Belle d'Aumont, et vous, Mézière,
Quand je regarde la manière
Dont vous vous mariez, l'un venant de la Cour
Et l'autre de Paris, ou bien de la frontière,
J'appelle votre hymen un impromptu d'amour :
Avec le temps vous en ferez bien d'autres,
Et nous en pourrons voir dans neuf mois plus un jour
Un de votre façon qui vaudra tous les nôtres. »
Vers le même temps, figure sur les registres de Maincy le nom
de Gittard, famille originaire de Blandy, illustrée par deux architectes habiles; nous y retrouvons une sœur de Daniel Gittard,
de La Fontaine, etc. On n'y voit pas davantage la trace du passage du roi les 17,
19 juillet, 17 août 1661, etc. — Le Brun lui-même ne comparait que par procuration.
(1) Lettre de Colbert à Mazarin, 28 octobre 1659. — V. aussi le prétendu plan
de révolte de Foucquet, publié par M. P. Clément. Pierre Chanut a laissé une correspondance volumineuse et intéressante (1646-1652), qui forme 7 volumes, conservés
à la Bibliothèque Impériale. M. Charrière proposa, en 1841, de la publier, mais il
n'a pas été donné suite à ce projet.
(2) Il avait cinq frères, avec six sœurs qui, toutes, furent religieuses.— Gilles Foucquet est mort en 1694.
(3) Le marquis d'Aumont, qui est mort le 20 avril 1661, à 61 ans, était seigneur
d'Egrenay,
dans
la
paroisse de
Combs - la-Ville.
Son
père,
mort en 1614,
ainsi que deux enfants, ont été enterrés dans le chœur de l'église d'Evry-les-Châteaux.
que n'ont citée ni M. Taillandier, ni M. Grésy, dans leurs études
sur ce personnage. Aux sept enfants, déjà connus, de Jean Gittard
l'aîné, on peut ajouter Claude, mariée à Doyen (de Maincy), et
qui eut elle-même, en 16G0, un fils dont André Gittard, maître
maçon à Paris, fut le parrain.
Le 29 mai 1660 Claude Courtois, tille d'un maître d'hôtel que
Foucquet avait pris sans façon à Louis XIV, et mar-iée à Samuel
Dubourg, chef de gobelet chez le roi, vient à Maincy, où elle est
marraine.
Quelque temps après, Michel de Lhospital est parrain, en remplacement du peintre Le Brun, d'un enfant du sculpteur Nicolas
Legendre, — lequel à son tour devait se distinguer dans les arts
(9 janvier 1661).
Le 8 «mai 1661, on célèbre encore un mariage dans la chapelle
du château : Louis de Maupeou, chevalier, seigneur de Noisy,
major aux gardes du corps, fils de René de Maupeou, s'unit à
Antoinette Catelan, fille du secrétaire du conseil d'Etat.
C'est vers cette date qu'on a recherché déjà le baptême du dernier fils du surintendant, — sur la foi de biographies erronées, qui
le font naître au château de Vaux. D'autres, il est vrai, le disent
né à Paris, et la Biographie Didot évite d'indiquer le lieu de sa
naissance; mais le titre d'une épître de La Fontaine nous l'apprend : « A Madame Foucquet, sur la naissance de son dernier
fils, à Fontainebleau. »
Au commencement de l'été de 1661, toute la cour vint à Fontainebleau, animée et brillante; Mmo Foucquet n'y eût pas manqué, alors que son prodigue époux multipliait, en faveur de la
jeune reine, les festins, les promenades, les fêtes galantes et les
divertissements de toute sorte.
Il n'était pas difficile de contrôler l'indication du fabuliste, et,
sur les registres de la paroisse d'Avon, dont dépendait le château
royal, se trouve en effet la mention suivante :
« Le 7 juin 1661, Louis, fils de messire Nicollas Foucquet,
ministre d'Estat, surintendant des finances et procureur général
du Roy, et de dame Marie-Magdeleine de Castille, ses père et
mère, a esté baptisé; son parrein a esté messire Louis Foucquet,
Euesque et comte d'Agde, et la marraine dame Catherine de
Rougé, femme de messire François de Créquy, lieutenant général
des armées du Roy, gouverneur de Béthune, qui ont signé :
Louis, évesque et comte d'Agde,
Catherine de Rougé,
Brunei. »
On voit alors se terminer la principale période d'activité des
gigantesques travaux de Vaux-le-Vicomte, auxquels dix-huit cents
ouvriers avaient été occupés à la fois. En même temps s'évanouit
l'animation qui y a brillé un instant. Les dilapidations du ministre
d'Etat, et ces magnificences qui humiliaient le grand roi se terminèrent par la célèbre fête offerte au monarque le mercredi
17 août 1661 (1).
Dix-neuf jours plus tard, Foucquet. était arrêté... Après
avoir été huit ans surintendant, dit Saint-Simon, U paya les
millions que le cardinal Mazarin avait pris, la jalousie de
MM. Le Tellier et Colbert, un peu trop de galanterie et de splendeur.
Sa veuve conserva néanmoins la libre disposition de tous ses
biens. Louis XIV se contenta de mettre à Vaux un commandant
en son nom et de s'attacher Le Nostre, Puget, Wattel et Le Brun,
ainsi que de prendre les tapissiers de Maincy pour les Gobelins (2).
Parmi les personnes du voisinage qui continuent leurs assiduités auprès de Mme Foucquet et qu'on voit encore assister aux
cérémonies de Maincy, on ne peut guère citer que Pierre Chanut,
seigneur de Livry, qui meurt en 1662 ; François Renault, seigneur de Rouillon; Honoré de Gémary, écuyer, seigneur delà
Forêt et d'Egrefin, gentilhomme servant le roi, — et Guillaume
Musnier, bailli de la vicomte de Melun, qui avait eu la confiance
de Foucquet.
A François Quentin succède, en 1666, comme receveur du château, Nicolas Fronteny de La Tour.
Les travaux interrompus reprennent momentanément : Claude
Robillard s'occupe des cascades, qui exigent un véritable talent hydraulique; Jacques Prou, delà menuiserie; AntoineTrummel (3),
(1) Cette fête a été souvent décrite, mais on sait moins qu'au mois de juin précédent, Foucquet. avait déjà reçu la cour à Vaux et que Molière y avait fait jouer
YEcole des Maris. — Loret (Muse histoiiq. liv. XIII, p. 129) rapporte que la reine
d'Angleterre, Monsieur et Madame y assistaient, mais que le Roi n'y vint
pas.
(2) On disait la manufacture de M. le procureur général (Reg. de Maincy;
inhum. du U avril 1661).
(3) Placé à Vaux par Le Nostre, Trummel était marié à Françoise Lescarmatier, fille d'un tailleur de Paris (bapt. 26 août 1664), et non du concierge Charles
des Marcotlières, comme le pensait M. Grésy.
des jardins; on emploie des terrassiers, des maçons, des piqueurs
de grès, etc.
N
Le 23 septembre 1673 est baptisé, à Maincy, Louis-Nicolas de
Salvert, né le 21, fils d'un gentilhomme de la Chambre, conseiller,
avocat du roi au bureau des finances de Soissons. Les parrain et
marraine, qui se font représenter, sont Louis-Nicolas Foucquet fils,
marquis de Belle-Isle, vicomte de Melun, et Mme Foucquet,
« épouse du ci-devant surintendant des finances. »
M. de Salverl, qui avait été désigné par le roi comme conseil
de cette dame, avait son logement à Vaux, car c'est là que son fils
meurt deux ans plus tard.
Le 19 mai 1673, un accord intervient entre ce mandataire et les
créanciers de Foucquet; aussitôt les travaux reçoivent une nouvelle impulsion: des maçons reparaissent, avec un maître couvreur
en ardoises, Clément Herrant; — René Pastre, menuisier de
vacation, natif de la paroisse Saint-Antoine-du-Mont, à Paris,
meurt au château le 1er août 1674.
En 1676, noble homme Jean-Clément Faure, sieur d'Aulnoy,
bourgeois de Paris, est parrain, avec demoiselle Marie Tallié,
femme de François de La Roche, ordinaire de la musique de
Monsieur, frère unique du roi. Le seigneur d'Aulnoy, près Champeaux, était alors receveur de la terre de Vaux-le-Vicomte. Quant
au musicien de La Roche, il paraît aussi avoir fixé là sa résidence,
car il y est mort le 23 décembre 1676, et on l'inhuma dans l'église
de Maincy, le lendemain.
Le fontainier des cascades était changé; à Claude Robillard
avait succédé le frère du procureur fiscal de la vicomté de Melun,
Jean de La Mothe (1). Quelques années après (1683), le fontainier
se nomme Nicolas Huguet. Le capitaine du château, M. de Longchamps, est également remplacé, en 1692, par messire Jacques
de La Barre, qui se qualifie, en outre, d'agent de M. le comte de
Vaux. En 1697 Isaac Moreau, concierge, échange ce titre contre
celui de capitaine. M. Martin Franson devient, en 1699, agent des
affaires du comte, et Pierre Vinchon, capitaine du château.
A cette époque, ou ne voit plus les seigneurs figurer dans les
actes ; c'est simplement une damoiselle de la comtesse, un valet
de chambre du chevalier de Sully, qui comparaissent ; puis
Thierry Débonnaire, capitaine des gardes du maréchal duc de
Villars; Laurent de Barbier, chevalier de Saint-Louis, lieutenant
(1) 28 mars 1677, acte de décès de sa femme.
— Il -
du roi à l'île d'Oleron (1706); Grisolon, le concierge; Charles
Tranchant, le plombier-lbntainier, etc.
Cette dernière fonction, d'ailleurs, avait perdu son importance,
et bientôt elle allait devenir tout à fait sans objet : les superbes
eaux du château de Foucquet qui. naguère, ne le cédaient en rien
à celles de Versailles, réclamaient un entretien ruineux; on les fit
disparaître, et les plombs furent vendus moyennant 490,000 liv.,
par l'un des derniers seigneurs.
Vaux-le-Vicomte était devenu Vaux-le-Villars, et allait bientôt
échanger ce nom contre celui de Vaux-Praslin.
Nous le répétons en terminant, les curieux registres de Maincy
peuvent être considérés comme une exception. Pourtant, l'appendice au premier volume de l'Inventaire des Archives de Seine-etMarne, publié par notre honoré confrère M. Lemaire, a révélé
l'intérêt des actes paroissiaux de beaucoup d'autres localités, entre
autres de ceux d'Avon (déjà compulsés par M. l'abbé Tisserand),
de Blandy, de Nandy, de Coubert, d'Éverly, etc.
On ne saurait donc trop recommander, dans les communes, la
conservation de ces documents, et aux chercheurs, aux biographes
surtout, de ne pas négliger une source aussi précieuse, à laquelle
on a trop peu songé jusqu'ici.
\
/