L`influence du sport professionnel sur le sport amateur au Canada

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L`influence du sport professionnel sur le sport amateur au Canada
L’influence du sport professionnel sur le sport amateur au Canada
Le présent résumé a été préparé par le Centre canadien pour l’éthique dans le sport dans
le cadre de la Stratégie canadienne sur l’éthique dans le sport. Ce document repose sur
deux documents de travail antérieurs du CCES : L'interaction du sport professionnel et
du sport amateur: Considération d'éthique (1999) et Document de travail sur l’influence
du sport professionnel dans le contexte de la Stratégie canadienne sur l’éthique dans le
sport (2001).
L’impact du sport professionnel
Le sport, et plus particulièrement le sport professionnel, fait partie de notre quotidien.
Allumez la radio, et vous aurez droit à la température et aux nouvelles du sport. À la
télévision, des chaînes spécialisées diffusent jour et nuit des matches sportifs. Feuilletez
les journaux et vous y trouverez une section des sports. Partout où vous vous tournez,
vous trouverez des informations sur le sport. Toutefois, il s’agit surtout d’informations
sur le sport de divertissement et les concessions de sport professionnel : LNH, NFL,
baseball, et NBA.
Les médias se concentrent principalement sur le sport professionnel. Ils rendent compte
des sports en relatant surtout les résultats, les victoires et les défaites. Les nouvelles sur le
sport sont axées sur le sensationnalisme et la controverse. Elles font amplement cas de la
violence, de l’agressivité, du dopage et de la vie personnelle des grandes vedettes du
sport. Qu’il s’agisse indifféremment de hockey ou d’un autre sport.
Cette façon de témoigner du sport a une incidence importante dans nos vies et dans notre
façon de voir et de conceptualiser nos propres activités sportives.
Mais ce n’est que la facette publique du sport; la facette privée est tout autre. Le vrai
sport se vit au quotidien : les joueurs de hockey mineur qui animent les arénas locaux, les
mamans des jeunes joueurs de soccer qui trimbalent leur ribambelle au terrain de jeu, les
jeunes du secondaire qui font du football ou du cross-country, les vétérans du hockey qui
se forment des ligues, les équipes de softball qui évoluent l’été, les amis et les voisins qui
se réunissent pour jouer, faire de l’exercice et s’amuser.
Le sport professionnel se regarde; le sport amateur se vit.
Le problème est ce que nous regardons – dans le sport professionnel – se répercute sur
notre façon de vivre – le sport amateur.
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Comment aborder le problème?
Lorsque nous nous concentrons sur les résultats, sur les gagnants et sur les perdants, le
message livré consiste à affirmer que les résultats constituent la seule chose qui importe,
et que la valeur du sport se résume à la victoire. Il est vrai que dans le sport, la victoire est
importante. Cependant, lorsque la victoire devient la seule chose qui importe, il faut alors
l’emporter à tout prix. Et c’est là que survient le problème.
Mais ce problème appartient-il exclusivement au sport professionnel? Les athlètes
professionnels en sont-ils uniquement la cause? Y a-t-il des sports professionnels et des
sports amateurs qui témoignent de ces mêmes valeurs sur le sport? Y a-t-il des sports
amateurs qui y échappent?
La tentation est forte de conclure à la hâte que le sport professionnel est mauvais, que le
sport amateur est bon, et que ce qu’il nous reste à faire est de contenir l’influence
qu’exerce l’un sur l’autre. Malheureusement cette approche est inefficace et trop
simpliste.
Un examen du sport nous permet de constater qu’il y a de bons exemples du sport dans
les principaux sports de divertissement, et qu’il y a de mauvais exemples du sport parmi
les sports amateurs. Chercher à établir une distinction entre sport amateur et sport
professionnel prenant appui sur de bons et de mauvais comportements serait complexe et
peu utile.
Il nous faut éviter de considérer le sport professionnel comme une entité monolithique
distincte exigeant une analyse, une modification ou un contrôle. Nous devrions plutôt
nous attacher à cerner les principales questions d’éthique qui nous touchent, et déterminer
dans quelle mesure le sport professionnel contribue à les façonner. Ensuite, nous
pourrons trouver des solutions et des stratégies adaptées sur mesure en fonction de
chaque sport.
Définir des interventions stratégiques
Parce que le problème ne se limite pas à un affrontement entre le « mauvais » sport
professionnel et le « bon » sport amateur, une approche plus subtile, nuancée et
approfondie est nécessaire. L’expérience que nous avons du dopage dans le sport nous
permet de penser qu’une stratégie raisonnablement promise au succès devrait :
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Faire ressortir clairement ce qui rend le sport précieux et qui vaut la peine d’être
appuyé et promu (dans l’intérêt du public);
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Déterminer dans quelle mesure les valeurs et les pratiques propres au sport tel que
nous le voulons sont présentes dans le sport amateur et dans le sport professionnel,
aux divers paliers et dans différents sports;
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Cerner les pratiques qui dans le sport devraient être modifiées ou supprimées et qui
constituent une priorité pour la Stratégie sur l’éthique;
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Recenser des « leviers » et des partenariats qui peuvent influencer le cours de ces
interventions prioritaires;
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Définir des stratégies afin d’influencer les attitudes et les comportements et de créer
un milieu qui appuie le sport tel que nous le voulons.
Comment aller de l’avant?
À partir des récentes consultations menées à l’échelle du pays par les gouvernements
fédéral, provinciaux et territoriaux, il semble y avoir un consensus généralisé pour aller
de l’avant sur ces questions. Voici les points à considérer chemin faisant :
Élaboration d’une politique
Toute discussion sur le sport professionnel et amateur doit se dérouler dans le vaste
contexte de la politique du sport au Canada. Les mesures pour contrer toute influence
indésirable du sport professionnel, comme l’énonce le présent document, se prendront
dans le cadre de la politique canadienne du sport, de la Stratégie canadienne sur l’éthique
dans le sport.
Pour aborder la question du sport professionnel, il faudra coordonner la politique ainsi
que l’intervention des divers acteurs engagés pour déterminer les objectifs communs du
sport amateur et ainsi maximiser l’efficacité des mesures prises.
Une analyse des mécanismes de réglementation fédéraux, provinciaux et municipaux en
place peut également offrir des options de réforme de la politique ou de la réglementation
visant à favoriser la pratique du sport dans le respect de l’éthique ou à réduire la
fréquence des pratiques déloyales dans le sport professionnel (et amateur).
Réforme de la réglementation
À l’heure actuelle, le sport professionnel n’est pas réglementé comme le sont certains
autres secteurs, par exemple l’industrie du transport aérien ou les banques. Il n’existe
aucun organisme de surveillance comme le CRTC. Par conséquent, les activités des
organismes de sport professionnel sont généralement régies par les mêmes lois et
règlements qui s’appliqueraient à toute autre industrie, notamment le droit fiscal, le droit
de la concurrence et le droit criminel.
Les administrations, surtout municipales, font parfois certaines concessions relativement
à l’impôt foncier, aux subventions et à d’autres mesures incitatives semblables visant à
préserver la contribution d’un sport professionnel à l’économie locale. On pourrait
également explorer certains aspects des loteries sportives susceptibles de rapprocher le
sport professionnel du sport amateur. Ce serait une approche plus positive que l’adoption
de mesures réglementaires punitives.
L’une des possibilités d’intervenir dans le présent cas pourrait résider dans les
municipalités, car celles-ci concluent souvent des accords financiers avec des concessions
de sport professionnel en vue de l’aménagement d’installations sportives.
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Une approche approfondie
Comme c’est le cas avec tout problème complexe, il faut adopter une approche
approfondie qui tienne compte des multiples cibles, messages, stratégies et résultats
souhaités en jeu. Une telle approche doit reposer sur la recherche, l’éducation, la
prévention, une politique et la coordination.
Pour être efficaces, les solutions préconisées nécessitent une bonne compréhension des
problèmes, d’où la nécessité de recherches et d’informations précises à partir desquelles
élaborer une politique sociale/sportive éclairée.
Toute mesure visant à mettre fin aux comportements contraires à l’éthique dans le sport
devra reposer sur des interventions fondées sur l’expérience et des stratégies conçues par
des experts. Il y aura d’une part des approches générales axées sur des changements
sociaux, et d’autre part les problèmes spécifiques à des sports en particulier et qui
nécessiteront une compréhension et une connaissance des sports en question.
En accord avec les principes énoncés dans le cadre de politique de la Stratégie
canadienne sur l’éthique dans le sport, une approche positive sera privilégiée, au moment
de chercher les contributions positives du sport professionnel et celles d’autres sports à
promouvoir et à encourager.
Avec un nombre grandissant d’équipes sportives professionnelles qui participent aux
Jeux olympiques, le sport profesionnel et le sport amateur auront davantage l’occasion de
s’influencer mutuellement, et les gouvernements, d’exercer leur influence dans le
processus.
Il est clair qu’une stratégie qui porte sur le sport professionnel est nécessairement une
stratégie qui doit faire appel aux médias, ou qui doit à tout le moins être capable de
prendre en compte l’influence qu’exerce le sport professionnel par l’entremise des
médias. Pour contrer cette influence, il faudrait mettre en œuvre une stratégie médiatique
intense et sans doute très coûteuse afin de faire la promotion du type de sport qui
représente les valeurs et l’éthique que la population canadienne attend du sport.
Ces considérations et d’autres considérations doivent s’inscrire dans la stratégie de
collaboration à grande échelle qui est présentement contemplée en guise de Stratégie
canadienne sur l’éthique dans le sport, d’autant plus que la Stratégie sur l’éthique est
appelée à devenir une composante indissociable de la Politique canadienne du sport.
cces mars 2002
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