NRJ Renouvelable

Transcription

NRJ Renouvelable
D o s s i e r
D o s s i e r
4
DANS
NOTRE
DÉPARTEMENT,
LE DÉVELOPPEMENT DURABLE VA
AU-DELÀ
BIEN
DES
DISCOURS
CHARGÉS DE BONNES INTENTIONS.
DU
LITTORAL AUX SOMMETS DES
PYRÉNÉES
EN PASSANT PAR LA
PLAINE, LES PROJETS DÉDIÉS AU
DÉVELOPPEMENT
DES
ÉNERGIES
RENOUVELABLES SE MULTIPLIENT.
EOLIEN,
PHOTOVOLTAÏQUE
OU
RÉSEAUX DE CHALEUR, DE NOMBREUSES RÉALISATIONS PERMETTENT
AU TERRITOIRE DE SE DISTINGUER
AU PLAN NATIONAL.
CERTES,
LE
VENT ET LE SOLEIL CONSTITUENT DE
BELLES
OPPORTUNITÉS.
ENCORE
FAUT-IL SAVOIR COMMENT BIEN
LES UTILISER.
DOSSIER RÉALISÉ PAR CLAUDE FABER
PHOTOS EMMANUEL LAYANI
14 • Terres Catalanes
Énergies renouvelables
Du vent, du soleil,
des idées !
D o s s i e r
D o s s i e r
4
Energies renouvelables 1
Les grands
projets
DU
PÔLE
DERBI
AU PROJET DE
L’ECOPARC CATALAN EN PASSANT
PAR
L’ESPACE
MÉDITERRANÉE,
AUX
ÉNERGIES
ENTREPRISES
LES PROJETS LIÉS
RENOUVELABLES
FUSENT DES CARTONS ET DES
CERVEAUX CATALANS.
Page de gauche :
clin d’œil futuriste à Rivesaltes.
La cîme des éoliennes
émerge des “ombrières”
de l'entreprise de gardiennage
de camping-cars Pacar.
Ci-dessus :
les locaux du CNRS, à Perpignan,
entièrement équipés
de photovoltaïque.
16 • Terres Catalanes
L
e plus spectaculaire, ce sont
les éoliennes. En quelques
années, elles ont pris place
dans le paysage – surtout
du côté de Rivesaltes, Salses
et Opoul-Périllos – provoquant parfois
certains débats plus ou moins houleux.
Et puis, il y a aussi ces toits photovoltaïques, sombres et plus discrets mais
repérables ici et là, si la perspective le
permet. Autant d’indices qui prouvent
bien qu’il se passe quelque chose sur
nos terres livrées aux forces de la nature.
Une centaine de jours d’ensoleillement,
134 jours avec des rafales à 58 km/h, et
une dizaine de journées bousculées par
des vents soufflant à plus de 100 km/h
(dans chaque cas en moyenne et par an,
d’après Météo France) : une manne inestimable à l’heure où le développement
durable est devenu une priorité. « Ces
dernières années, la France a pris beaucoup
de retard par rapport à d’autres pays dans
le domaine de la production des énergies
renouvelables, mais dans notre région, nous
sommes bien placés pour constater qu’une
indéniable dynamique s’est mise en place. »
André Joffre ne fait pas de triomphalisme.
« Je constate tout simplement », dit-il, de sa
position de patron d’un des principaux
bureaux d’études indépendants français
spécialisés dans l’énergie solaire, et
surtout de président du pôle de compétitivité Derbi.
Créé en 2005 et basé à Perpignan, ce pôle
est spécialisé dans le Développement des
Énergies Renouvelables dans le Bâtiment
et l’Industrie. Concrètement, il doit développer l’innovation, la recherche, la formation, le transfert de technologie en vue
de favoriser la création et le développement d’entreprises dans le domaine des
énergies renouvelables (EnR). Après cinq
années d’activité, il incarne sans conteste
cette dynamique évoquée précédemment. Son bilan est largement positif : le
pôle a labellisé 134 projets portés par des
entreprises et des laboratoires, représentant 277 millions d’euros d’investissement et associant plus de 300 partenaires. Depuis sa création, Derbi a mobilisé plus de 40 millions d’euros d’aides
publiques investies dans les différents
programmes issus de domaines d’avenir
comme la conversion de l’énergie solaire,
la conversion énergétique de la biomasse,
Terres Catalanes • 17
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4
1
la relation entre les réseaux intelligents et
la gestion de l’énergie ou encore la production d’électricité d’origine éolienne.
Aujourd’hui, Derbi, qui compte 155
membres (collectivités, grands groupes,
PME, laboratoires, universités…), se
place même en 11ème position au niveau
national sur l’ensemble des 71 pôles de
compétitivité français, en tenant compte
du montant d’aides reçues.
DES PROJETS DE POINTE…
Même si la nouvelle réglementation
risque de freiner bon nombre d’intentions (lire page 25), l’éolien continue de
garder une place importante dans les projets d’avenir. Pour preuve : la Communauté d’agglomération Perpignan Méditerranée annonce la création de l’Ecoparc
catalan, qui vise à couvrir 75 % des
besoins en électricité de l’agglomération
perpignanaise, par la production d’énergie renouvelable. « Ce vaste projet s’inscrit
dans la logique de la convention cadre
signée par Perpignan Méditerranée avec
l’Etat et la ville de Perpignan, qui vise le
respect des principes dictés par le Grenelle
de l’environnement pour la période 20082015, souligne Gilles Foxonet, maire de
Baixas et vice-président de Perpignan
Méditerranée chargé des énergies renouvelables. D’ailleurs Perpignan Méditerranée s'est engagée, à travers la convention
G2015, à être exemplaire dans ce domaine,
avec l'objectif de devenir le premier territoire à énergie positive d'Europe. » Pièce maîtresse du projet : une vaste Zone de développement éolien (ZDE), arrêtée par le
DES RÉALISATIONS
ET DES PROJETS EXEMPLAIRES
• Avec 68 000 mètres carrés de tuiles photovoltaïques sur ses toits, Saint-Charles
International, premier centre européen
d'éclatement de fruits et légumes, va devenir la plus grande centrale solaire intégrée
aux bâtiments du monde.
• La commune de Torreilles va accueillir
une vaste centrale solaire de 161 200 panneaux sur 36 hectares de terrains actuellement en friche, non entretenus ou à
l’abandon. Une première en France.
Production annoncée : 12 mégawatts, soit
la consommation électrique de 5 800 habitants (hors chauffage). La mise en service
est annoncée pour le début 2011. La réalisation de la centrale est réalisée par l’entreprise Poweo. Un espace pour accueillir
le public est prévu avec des circuits de
visites proposés.
• Le choix du solaire… quelques
exemples : le Cellier des Templiers à
Banyuls-sur-Mer, le centre de balnéothérapie Balnéo Vital à Argelès-sur-Mer,
la crèche Pinède au Boulou, le gite
L’Orri de Planès à Planès, le Grand
Hôtel Les Flamants roses à Canet-enRoussillon, l’entreprise Pacar CampingCar à Rivesaltes, le terminal fruitier à
Port-Vendres, l’entreprise Montperal
Energie à Rivesaltes, le futur Hôtel
d’entreprises à Rivesaltes, l’entreprise
Tecsol, le laboratoire Promes-CNRS,
le stade Aimé-Giral, l’école PolyEnr,
l’Hôtel d’agglomération, l’espace aquatique Gilbert-Brutus, la piscine Arlette-
Franco ou encore le pôle enfance
Claude-Simon à Perpignan…
• Tecnosud, le “Cluster” pluridisciplinaire des EnR de Perpignan Méditerranée. Il s’agit d’un “Pôle d’Excellence”
conçu et porté par PMCA comme une
plateforme complète allant de la
Recherche à l’Entreprise, l’innovation et
la R & D : l’Université, le pôle de compétitivité DERBI, l’école d’ingénieurs
PolyEnR (1ère école d’Europe qui forme
des ingénieurs spécialisés en EnR), le
CFA Bâtiment (formation pro), la
Recherche avec le CNRS et les laboratoires CARTECH et PROMESS, l’expertise avec les bureaux d’étude (Tecsol,
Fluides Pépin, etc.), les entreprises EnR
(Tecsol, AEHLIOS, Cansol, Dalkia,
Batiwat, etc.) et demain l’incubateur
pépinière de PMCA.
• Créé en juin 2009, à l’initiative entre
autres de la CCI des Pyrénées-Orientales
et du Pôle Derbi, l’IMEDER (Institut
méditerranéen des énergies renouvelables) est basé à Perpignan. Il veut
fédérer les acteurs et les porteurs de projets dédiés aux EnR des deux côtés de la
Méditerranée. Parmi ses objectifs :
permettre aux PME régionales de participer au Plan solaire méditerranéen, l’un
des projets phares de l’Union pour la
Méditerranée. IMEDER permettra ainsi
aux entreprises françaises de rencontrer
des sociétés marocaines, tunisiennes et
d’autres pays du pourtour méditerranéen.
• A l’occasion de sa 5ème conférence internationale, en mai 2010 à Perpignan, le
Pôle Derbi a présenté le projet de création d'un “Institut d'excellence” sur le
thème du “Solaire thermique haute et
basse température”. Ce projet sera soumis
au gouvernement dans le cadre du grand
emprunt. 32 chaudières fonctionnent au
bois dans le département, soit pour desservir un réseau de chaleur comme à
Eyne (la mairie, des bâtiments communaux et quelques privés) ou encore à
Mosset (la mairie, l’office du tourisme, les
écoles et d’autres bâtiments) ou un seul
bâtiment comme les collèges de Pia,
d’Ille-sur-Têt, de Saint-André et de
Toulouges.
(Informations : www.be66.fr)
préfet en décembre 2009 (1600 hectares)
et qui pourrait accueillir une quarantaine
d’éoliennes sur les communes de Baixas,
Calce, Pézilla-la-Rivière et Villeneuve-dela-Rivière.
…SUR UNE TERRE
D’EXCELLENCE
L’Ecoparc ne mise pas que sur la force
du vent. Le programme prévoit aussi la
création d’un parc de serres agricoles destiné aux cultures maraîchères, proches
de la ZDE, dont l’énergie calorifique sera
fournie par un réseau de chaleur récupérant les déperditions de l’Usine de Traitement et de Valorisation Économique
des déchets de Calce.
Des centrales solaires au sol et une filière
de production de biocarburants grâce à la
photosynthèse de micro-algues sont
également au programme. Autre projet
directement lié au vent, mais avec une
approche différente : l’installation d’une
éolienne rabattable à Rivesaltes, sur le
site Espace Entreprises Méditerranée
(EEM) développé par le Conseil général
des Pyrénées-Orientales. Il s’agit du
prototype d’un modèle conçu par la
société Alizéo. Cette éolienne est avant
tout destinée aux zones cycloniques.
D’une puissance de 1 MW, elle est capable
de supporter des vents de 150 km/h
en position verticale et de 270 km/h en
position rabattue. Abaisser les éoliennes
présente d’autres avantages : leur maintenance est plus simple et la possibilité de
les occulter du champ de vision, les jours
sans vent, pourrait atténuer les réticences.
Avec 68 000 mètres carrés de tuiles
photovoltaïques sur ses toits,
Saint-Charles International
va devenir la plus grande
centrale solaire intégrée
aux bâtiments du monde.
L’éolienne rabattable Alizéo,
à Rivesaltes : un prototype
capable de résister à des vents
de 270 km/h en position inclinée.
« Nous nous sommes battus pour convaincre les actionnaires de choisir notre site et
c'est la somme des conditions climatiques
exceptionnelles du département, du potentiel et des qualités environnementales innovantes et exemplaires de ce parc qui ont
permis cette implantation, explique JeanJacques Lopez, premier vice-président du
Conseil général. Nous espérons accueillir,
à deux pas de l’éolienne, une unité de production Alizéo. » Elle viendra rejoindre
les entreprises présentes à terme sur
les 105 hectares de l’Espace Entreprises
Méditer-ranée, dont une vingtaine est
dédiée aux secteurs des éco-activités et
des énergies renouvelables.
« Tous ces projets confirment que nous
sommes sur un territoire très actif dans
le domaine », souligne Bernard Fourcade,
président de la CCI de Perpignan, qui
héberge Club EnR 66. Depuis 2004, ce
club réunit tous les acteurs institutionnels, les associations et les entreprises
dédiées aux EnR. « Nous sommes sur des
filières d’avenir qui exigent de fédérer et de
soutenir tous les acteurs concernés, ajoutet-il. Nous devons promouvoir nos savoirfaire. N’oublions pas que nous sommes
sur une terre d’excellence. Historiquement,
les P.-O. se sont rapidement illustrées au fil
des décennies avec la création des fours
solaires de Sorède, Mont-Louis, Odeillo
et la centrale électro-solaire de Thémis.
Les énergies renouvelables, c’est donc un
domaine d’activité que nous connaissons
bien. » ❏
Terres Catalanes • 19
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Energies renouvelables 1
Avec de l’eau
et la chaleur
de la terre
O
n connaît les sources d’eaux
chaudes sulfureuses des Pyrénées-Orientales : Saint-Thomas-lesBains (commune de Fontpédrouse),
Dorres et Llo. Des lieux renommés
pour les activités thermoludiques qui
nous confirment que notre planète a le
cœur chaud. Aujourd’hui, des projets
de géothermie consistent à prélever la
chaleur contenue dans le sol et à l’utiliser comme énergie. Dans notre
région, ce type de projet est encore
relativement rare. Mais Sainte-Marie,
l’église paroissiale de Palau-del-Vidre,
bâtie sur les vestiges d’une salle de
l’ancien château (XIVe et XVe siècles),
et récemment rénovée, constitue un
exemple intéressant. Afin de réintégrer un retable du XVe siècle dont la
conservation nécessite chauffage et
climatisation, l’église a été équipée
d’un système géothermique.
• La force hydraulique, tout le monde
connaît. Un bel exemple dans notre
région : le barrage des Bouillouses.
Il fut construit entre 1904 et 1910,
pour assurer le fonctionnement de
l’usine hydro-électrique de La Cassagne,
située en aval, afin de permettre
l’alimentation électrique de la ligne
ferrée du Petit Train Jaune, reliant
Villefranche-de-Conflent à Latour-deCarol. Aujourd’hui, on peut affirmer
que le Train Jaune a porté les couleurs du développement durable bien
avant l’heure !
Le développement durable
intéresse les jeunes générations.
A Odeillo, des élèves
de primaire réalisent
une maquette de tour solaire
avec des bouteilles d’eau.
LE PHOTOVOLTAÏQUE, VOUS Y PENSEZ ?
L
e photovoltaïque vous tente mais
vous vous posez encore certaines
questions. Voici quelques éléments de
réponse qui vont peut-être vous décider
à jouer la carte du solaire.
C’est quoi le principe
du photovoltaïque ?
Certains matériaux semi-conducteurs
comme le silicium possèdent la propriété
de générer de l’électricité quand ils reçoivent la lumière du soleil : c’est l’effet photovoltaïque, découvert par le physicien
Henri Becquerel en 1839. Il est mis en
application dans les cellules photovoltaïques, petits composants électroniques
le plus souvent à base de silicium.
Concrètement : les photons de la lumière
solaire transfèrent leur énergie aux électrons du matériau semi-conducteur qui
créent alors un courant électrique. En
d’autres termes, les cellules photovoltaïques transforment l’énergie solaire en
électricité, sous forme de courant continu.
Que faire
de cette énergie électrique ?
Si vous êtes raccordé au réseau, vous avez
deux options :
• la totalité de votre production est injectée dans le réseau et vendue au tarif réglementé.
• seul le surplus de production sur l’instantané est injecté dans le réseau et vendu
au tarif réglementé et vous consommez le
reste (“autoconsommation”).
Si vous êtes sur un site isolé, non raccordé au réseau, vous pouvez ne rien vendre
de votre production, estimant que celle-ci
sera consommée sur place. Aujourd'hui,
la 1ere option est économiquement la plus
intéressante, même si elle nécessite un
compteur supplémentaire.
A quel tarif l’électricité
photovoltaïque est-elle rachetée ?
Sachez que la compagnie d’électricité qui
deviendra votre “partenaire” (Électricité
de France ou une régie locale de distribution d’électricité) a l’obligation d’acheter
l’électricité que vous injectez sur le réseau
à un tarif fixé par l’État. Depuis janvier
2010, les tarifs d’achat de l’électricité
photovoltaïque se divisent en quatre catégories :
• 58 c€/kWh pour les installations photovoltaïques intégrées au bâti de bâtiment à
usage principal d’habitation, d’enseignement ou de santé.
• 50 c €/ kWh pour les installations de
même type, sur les autres bâtiments (bâtiments de bureaux, industriels, commerciaux, agricoles).
• 42 c€/ kWh pour l’intégration simplifiée
au bâti. Pour être considérée comme intégrée simplifiée au bâti, une installation sur
toiture doit remplir à la fois des critères
techniques et des critères d’usage du bâtiment. Sans trop entrer dans les détails,
quelques critères techniques : le système
photovoltaïque doit être parallèle à la toiture. La face extérieure du système photovoltaïque doit ainsi être parallèle au
plan de couverture mais n’est pas nécessairement au même niveau que lui.
Le système photovoltaïque doit remplacer
des éléments du bâtiment qui assurent le
clos et le couvert et il doit assurer la fonction d’étanchéité.
• 31,4 à 37,7 c €/kWh pour les centrales
solaires au sol, selon le degré d’ensoleillement des régions où elles sont installées.
• 32 c€/kWh pour les installations en surimposition (au-dessus des tuiles).
La distinction entre intégré bâti et intégré
simplifié ne se fera qu'en 2011 (2010 étant
une année de transition).
Comment choisir son installateur ?
Vous avez le choix. Vous trouverez la liste
des artisans et des entreprises adhérents
à la charte QUALIPV pour une installation photovoltaïque sur le site web :
www.qualit-enr.org
N’hésitez pas à demander les références, à
comparer les devis, à vérifier les garanties
décennales, à bien faire étudier les différents systèmes d’installation, etc.
Ça coûte cher ?
Difficile de donner un budget. Cela
dépend du projet et de ses contraintes.
Sachez qu’il faut intégrer le coût d’un
générateur photovoltaïque (matériel et
pose) : environ 5 500 à 7 000 €HT/ kWc
dans le cas d’une installation intégrée au
bâti + le coût des travaux de raccordement au réseau, qui doivent être effectués
par le gestionnaire de celui-ci et facturés
au maître d’ouvrage (entre 500 et 1 000 €
dans certains cas particuliers). Si vous
injectez dans le réseau le surplus de votre
production, le raccordement est en général moins cher (400 à 800 HT) .
Actuellement, le prix des capteurs baissent. Des particuliers obtiennent des installations à 20 000 € TTC (TVA à 5,5 %)
avec du bon matériel pour une puissance
3 kWh.
Pour affiner votre projet
et en savoir plus ?
Vous pouvez vous adresser à l’Espace
Info Energie du Conseil général des
Pyrénées-Orientales : permanence téléphonique, accueil sur rendez-vous, informations techniques, financières, fiscales… et animations sur la maîtrise de
l’énergie et les énergies renouvelables.
Il s’agit d’un service public gratuit.
Tél. 04 68 85 82 18.
Vous pouvez aussi consulter le site :
http://www.photovoltaique.info/
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4
2
Les éoliennes d’Opoul-Périllos
font partie du paysage depuis 2003.
Ça souffle fort
au pays des éoliennes !
ALORS,
POUR OU CONTRE
VRAIMENT LE PAYSAGE
? ET
LES OISEAUX DE PASSAGE
? DÉTÉRIORENT-ELLES
LE BRUIT
? QUE
? ET
DE QUESTIONS ET
DE DÉBATS AUTOUR DE CETTE FILIÈRE.
CATALANES
À
POUR
TERRES
EST PARTI HUMER LE VENT D’OPOUL
MONTALBA,
DEUX COMMUNES AUX PARTIS PRIS
OPPOSÉS.
22 • Terres Catalanes
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4
Energies renouvelables 2
L
e jeune couple est mordu
de randonnées pédestres.
Chaque année, ils viennent
dans la région, prenant un
malin plaisir à délaisser le
littoral. Sacs sur le dos et guide touristique en poche, ils filent dans l’arrièrepays, se faufilant dans les paysages secs
et vallonnés, souvent derrière Rivesaltes.
Ce matin, ce sont les éoliennes sur la
commune d’Opoul-Périllos qui les ont
attirés. « On ne s’était jamais approchés
aussi près », raconte Natasha, impressionnée par la dimension des pales.
David, son appareil numérique en main,
en profite pour photographier sa belle
compagne. Contre-plongée oblige avec
une éolienne en toile de fond, pointant
un ciel bleu azur. A vrai dire, une signalétique déconseille aux randonneurs de
s’approcher trop près. Mais les mises en
garde ou parfois les fossés ne freinent pas
toujours la curiosité.
OPOUL : LE CONSENSUS
Au cœur du village d’Opoul-Périllos, on
ne fait même plus attention à elles. « Les
éoliennes ? Elles font partie du paysage,
affirme une commerçante. On n’en parle
même pas. »
Ce qui n’a pas toujours été le cas. Quand
leur implantation fut évoquée à la fin des
années 90, les craintes habituelles se sont
faites entendre. « Il n’y avait pas de réelle
opposition, juste de l’inquiétude, se souvient Jean-François Carrère, maire de la
commune depuis 1989. Certaines personnes étaient surtout inquiètes pour le
bruit et l’esthétisme. Et puis, elles se sont
rapidement rendues compte qu’elles ne
poseraient pas de problèmes majeurs. »
Au départ, 16 éoliennes étaient envisagées. Seulement six aérogénérateurs de
1,75 MW chacun seront installés, trois
sur la commune d’Opoul-Périllos et trois
autres sur la commune de Salses.
Mis en service en 2003, ce parc éolien
sera le premier à voir le jour dans les
Pyrénées-Orientales. « Mais avant d’en
arriver là, complète le maire, il a fallu
trouver un consensus avec plusieurs organismes convaincus qu’il y aurait un problème avec la faune. » En effet, le Groupement ornithologique du Roussillon
avait immédiatement attiré l’attention
des porteurs du projet sur la forte pré24 • Terres Catalanes
sence de passereaux et surtout d’un
couple d’aigles royaux récemment
installé dans les Corbières. Et d’ailleurs,
le GOR a toujours affirmé son opposition
à la présence des éoliennes dans ce coin
de garrigues et de vignes. De son côté, la
Ligue pour la protection des oiseaux
avait elle aussi tiré la même sonnette
d’alarme.
Après discussions, échanges et débats, la
commune et la société EOLE-RES se sont
engagées à créer des garennes et à développer à proximité des cultures cynégétiques. L’objectif étant d’assurer aux
rapaces un apport de gibiers. La réalisation des garennes, véritables viviers de
lapins, a été confiée à l’Association de
chasse communale agréée (ACCA).
« Nous avons défriché, arraché d’anciennes vignes, labouré et semé du blé,
de la luzerne et de l’avoine, se souvient
Jean Vallès, président de l’ACCA.
Ces terres sont désormais valorisées,
moins exposées à l’abandon et aux risques
d’incendie. »
La Ligue de protection des oiseaux, elle,
s’est vue confier le suivi du couple
d’aigles sur une période de cinq ans. Les
concernant, les avis divergent encore. Le
maire assure que l’on continue de les voir
survoler le secteur. Le GOR affirme le
contraire. D’après lui, le couple ne revient
plus depuis la mise en marche des
éoliennes. « Beaucoup de gens râlent après
les éoliennes, ajoute le maire. Mais avant,
nous avions 0 € de taxe professionnelle.
LE GRENELLE 2
De nouvelles mesures
pour l’éolien
L
es nouvelles dispositions de la loi
dite “Grenelle 2” votée en mai
dernier ont fait et font encore débat.
Les “pro-éoliens” considèrent que le
texte pose trop de contraintes et met
en péril le développement de la filière.
Les principales dispositions :
• Des schémas régionaux de l’éolien
devront être créés par les Conseils
régionaux. Ces derniers définiront sur
les territoires les zones propices, les
zones où il existe des gisements
éoliens, les zones où l’acceptabilité est
présente et, enfin, celles qui comportent des secteurs à préserver. L’Etat
pourra se substituer à la Région si
celle-ci n’avait pas établi son schéma
d’ici juin 2012.
• L’implantation des éoliennes est
désormais soumise au régime d’autorisation au titre des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement, les ICPE (au même titre que
les sites industriels présentant des
risques ou les stations-service), en plus
du simple permis de construire.
• Toute installation éolienne devra se
trouver au moins à 500 m des zones
urbaines d’habitation (définies par les
préfets dans les schémas régionaux).
• Rappelons aussi l’obligation de
démantèlement. Lorsque l’exploitation
est terminée, les paysages devront être
restitués dans un état conforme.
L’entreprise Alizeo a développé
et breveté une technologie d’éolienne
rabattable en moins d’une heure.
Le prototype est implanté
à Rivesaltes, à quelques centaines
de mètres d’éoliennes
plus “conventionnelles”
qui font souvent débat.
Et si les éoliennes rabattables,
moins gênantes sur le plan visuel,
venaient à convaincre
les plus réticents ?
Terres Catalanes • 25
D o s s i e r
D o s s i e r
4
Energies renouvelables 2
Aujourd’hui, elles rapportent environ
80 000 euros à la commune, ce qui nous
permet de rémunérer entre autres les trois
personnes de la cantine. »
MONTALBA-LE-CHÂTEAU :
PAS D’ACCORD
Des visiteurs, il en croise. Ainsi que des
rapaces, dit-il. Julien Lesueur est le responsable technique du parc éolien de
Rivesaltes, regroupant 8 éoliennes mises
en service en juin 2003. « On n’évitera
jamais les débats, explique cet employé de
l’entreprise Hydelec. Mais je peux vous
assurer que les gens ont plein d’a priori. Par
exemple, ils sont souvent surpris par
le bruit relativement faible. Ici, c’est surtout
l’autoroute que l’on entend. » Julien
Lesueur est aussi chargé d’étudier le
développement du site. Et si un jour,
Rivesaltes comptait encore plus d’éoliennes ? « Ce n’est pas gagné, affirme-t-il.
Aujourd’hui, implanter une éolienne relève
du parcours du combattant. Vous devez
batailler contre les riverains, les associations, l’aviation civile et même Météo
France qui s’inquiète de la gêne occasionnée
sur ses radars comme celui d’OpoulPérillos. Sans parler de la nouvelle réglementation (lire page précédente). »
Du côté de Montalba-le-Château,
Antonio Palacios a rapidement fait partie
de ceux qui “bataillent”. Le président de
l’association Chevaux et Chemins est
monté au créneau à l’annonce, en octobre
2008, d’un projet de ZDE porté par la
Communauté de communes RoussillonConflent, sur le plateau de Montalbale-Château. « Je ne suis pas contre l’éolien,
annonce-t-il. Mais je suis contre les
projets qui n’ont aucun sens. Il faut rappeler que nous avons le privilège d’avoir sur
le plateau des sites Natura 2000 et
d’Intérêt communautaire. C’est bien le
signe que nous sommes en présence
d’un bien naturel fragile. »
Antonio Palacios ne manque pas d’arguments : la détérioration d’un paysage
d’une grande beauté, riche de vestiges
archéologiques, la présence d’espèces
animales considérées comme des “sentinelles de l’environnement” (des chauve-
souris, des abeilles noires et des myriades
d’amphibiens), « sans parler du bruit, des
routes pour accéder aux éoliennes et
des lumières nocturnes ». Aujourd’hui,
M. Palacios patiente et croise les doigts.
En juillet dernier, la Dreal LanguedocRoussillon aurait émis un premier avis
négatif sur ce projet, mais rien n’est
encore confirmé officelement, la décision
finale revenant au Préfet.
« Nous pensions ce projet compatible avec
l’environnement, explique M. Robert
Olive, président de la Communauté de
communes Roussillon-Conflent. Je pense
qu’il ne se fera pas. Dommage, cela aurait
présenté une belle opportunité économique aux communes concernées tout en
s’inscrivant dans les logiques de développement durable. Mais je sais que tout
le monde ne partageait pas cet avis… » ❏
Le parc d’éoliennes de Rivesaltes.
« Les gens sont surpris du bruit
relativement faible. Ici, c’est surtout
l’autoroute qu’on entend »
explique Julien Lesueur,
de la société Hydelec.
A Montalba-le-Château,
Antonio Palacio, président
de l’association Chevaux et Chemins,
se bat contre l’installation
d’éoliennes sur le plateau.
26 • Terres Catalanes
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3
La nouvelle vie de
DES
EXPÉRIENCES SCIENTIFIQUES, DES TRAVAUX DE RECHERCHE, DES
EXPOSITIONS POUR LE GRAND PUBLIC…
DE
Thémis
Le champ de 200 miroirs de Thémis,
réfléchissant les rayons du soleil
vers le sommet de la tour,
haute de 101 mètres.
THÉMIS
LA
CENTRALE ÉLECTRO-SOLAIRE
N’A PAS DIT SON DERNIER MOT.
UN
VASTE PROGRAMME
DE RECONVERSION VISE À REDONNER UN NOUVEAU SOUFFLE À CE SITE
EXCEPTIONNEL IMAGINÉ EN SON TEMPS COMME L’UN DES PILIERS DE
LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE DU PAYS.
28 • Terres Catalanes
Terres Catalanes • 29
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Non loin de la centrale de Thémis,
le grand four solaire d’Odeillo
accueille une partie des équipes
du laboratoire de recherche
Promes du CNRS.
Page de gauche :
cuisson de céramique
dans un four à concentration solaire.
E
t dire que la centrale électro-solaire de Thémis a failli
être détruite. En 2003, certains ne voyaient pas l’intérêt de conserver cet étonnant complexe scientifique, avec son
champ de 200 miroirs mobiles réfléchissant les rayons du soleil vers le
sommet d’une tour haute de 101 m,
repérable comme un totem. La détruire.
Comme si sa présence relevait de l’erreur. Pourtant, Thémis n’est pas arrivée
là par hasard. Tout commence à la suite
du choc pétrolier de 1973-74 et 1979.
Face à l’envol inquiétant du prix du
pétrole, l’Etat français s’interroge sur
les solutions énergétiques alternatives
pouvant permettre à la France et à son
économie d’être moins dépendantes
des importations de pétrole. En 1979, le
gouvernement français décide de lancer
la construction de l’une des premières
centrales électro-solaires au monde
dans les Pyrénées-Orientales. Le Conseil
général acquiert alors des terrains sur
la commune de Targasonne, sur le
plateau de Cerdagne (1 650 m).
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Elaboration de verres au four solaire
à axe vertical de 2 kW
pour confiner des déchets radioactifs.
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Un site naturel remarquable ponctué
d’énormes blocs granitiques, avec une
vue panoramique sur la chaine pyrénéenne à couper le souffle et un ensoleillement béni des Dieux. Rapidement, toujours en 1979, le Conseil général conclut
un bail emphytéotique avec Électricité
de France (EDF) pour la construction
d’une centrale électro-solaire thermodynamique à concentration, baptisée
Thémis, qui débutera deux ans plus tard.
Et en 1983, Thémis devient opérationnelle. Disposant de 102 hectares, la
centrale est alors considérée comme
une référence internationale en matière
de conversion de l’énergie solaire en
électricité.
Seulement voilà, l’Etat évoque un
manque de rentabilité. Après seulement
trois années de fonctionnement, Thémis
ferme ses portes. Le Conseil général,
propriétaire du site, cherche alors une
solution. De 1987 à 2004, le site est alors
mis à la disposition du CNRS IN2P3
pour des recherches astrophysiques. Puis
le CNRS se retire. Que faire de Thémis ?
L’abandonner avec ses regrets ? L’effacer
du paysage ? « Pas question », rétorque
Christian Bourquin. Le président du
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3
Conseil général décide en 2004 de lancer
un vaste programme de reconversion
de Thémis en vue d’en faire « l’une
des premières plateformes collaboratives
d’innovation solaire multi-technologique
de niveau international ».
CINQ PROJETS
SCIENTIFIQUES IMPORTANTS
Au programme, recherche et développement, expériences scientifiques, formation, business, tourisme… La nouvelle
vie de Thémis s’annonce ambitieuse.
Ce projet de 5,8 millions d'euros porté
par le Département sera également
cofinancé par la Région et devrait être
reconnu par l'État Institut d'Excellence
dans le cadre du Grand Emprunt.
D’importants travaux vont être lancés
fin 2010 pour transformer, entre autres,
le bâtiment-usine en espace muséographique. Il faut souligner que depuis cinq
ans, Thémis est ouvert au tourisme
industriel. 2500 visiteurs en 2004, plus
de 13 000 en 2009. C’est dire l’intérêt du
grand public pour ce site dédié aux
énergies renouvelables, sachant que
Thémis dispose en plus de la superbe
LES DEUX ILLUSTRES
VOISINS DE THÉMIS
L
e Four solaire de Mont-Louis
a été construit en 1949 par le
professeur Félix Trombe. Il s’agissait
du premier four solaire au monde
à double réflexion, capable d’initier
des recherches scientifiques et des
applications industrielles à très hautes
températures (1 000 à 3 000° C).
Aujourd’hui, il fonctionne toujours et
le public peut assister à des démonstrations et des expériences en direct
à plus de 3 000° C. Les équipes scientifiques du four de Mont-Louis
mènent des travaux de recherche et
d’application en vue de développer la
technologie des fours solaires.
Le grand four solaire d’Odeillo, qui
regroupe 12 fours solaires, a été réalisé
entre 1962 et 1968. Opérationnel
depuis 1969, il accueille une partie des
équipes du laboratoire de recherche
PROMES du CNRS. Il s’agit d’un des
deux plus grands fours solaires au
monde. Démonstrations, visites et animations sont proposées au public.
exposition de la Cité des sciences et de
l’industrie de La Villette, “Soleil, mythes
et réalités”.
Le projet de reconversion prévoit aussi la
création d’un hôtel d’entreprises (avec
bureaux, ateliers, salles de réunion communes, cafétéria…) dédié à l’accueil de
sociétés spécialisées dans les énergies
renouvelables et les éco-activités ainsi
qu’à des laboratoires de recherche. Car
Thémis va conserver plus que jamais sa
vocation scientifique. Cinq importants
projets de recherche et développement
dans le domaine du solaire sont d’ores et
déjà engagés (d’ailleurs, la moitié des
miroirs a été remplacée par des éléments
photovoltaïques pour les besoins de certains programmes) : Thémis-PV (portée
par la société Sunergie), Censol-PV (EDF
Energies Nouvelles), Phoc PV (Nur
Energie), ENEOVIA-Themis (Strategeco
Solar), et l’opération PEGASE du laboratoire Promes du CNRS. « Pour nous,
Themis est avant tout un site expérimental,
explique Alain Ferrière, responsable du
projet PEGASE. Nous visons à exploiter
expérimentalement un démonstrateur de
centrale solaire à tour mettant en œuvre
un système hybride utilisant le solaire
et du gaz. L’objectif étant d’ouvrir la voie
vers des centrales solaires avec un rendement encore meilleur. » Ce projet espère
ainsi ouvrir de nouvelles perspectives au
solaire en France et dans le monde. Et
c’est à Thémis que cela se passe. ❏
Page de gauche :
Julien Eck,
doctorant à PROMES CNRS,
analyse le comportement
des matériaux composites
sous conditions extrêmes
au four solaire 1000 kW d’Odeillo.
Le four solaire de Mont-Louis
propose de nombreuses
démonstrations au public.
Ici, la fusion d’une plaque d’acier
de 1 cm d’épaisseur
grâce à une température
de 3 000 degrés
obtenus en 30 secondes.
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ECRIVAIN,
INGÉNIEUR,
UNIVERSITAIRE, MILITANT
ASSOCIATIF,
DIRECTEUR
DE CENTRE DE LOISIRS
OU SIMPLES PARTICULIERS
DÉSIRANT RÉDUIRE LEUR
Jean-Paul LOPEZ répare les éoliennes
comme un voltigeur
“EMPREINTE” ÉCOLOGIQUE,
TOUS
PARTAGENT
CE
MÊME INTÉRÊT POUR LES
ÉNERGIES RENOUVELABLES.
ET CHACUN À LEUR FAÇON,
ILS AGISSENT
!
Les énergies renouvelables,
ça les passionne !
U
ne pale à réparer à 80 m de
haut ? Une fissure, un problème
de
structure, un fendillement ou
une trace d’impact ? Pas de
problème. Jean-Paul Lopez
est l’homme de la situation.
A 57 ans, cet ingénieur de
formation, expert dans le
domaine de la plasturgie, de
la fibre de verre et du polyester (monsieur “Babau” à
Rivesaltes, c’est lui !), s’est
spécialisé depuis 2008 dans
la réparation des éoliennes.
« Mon premier chantier, ce
furent les éoliennes de Rivesaltes, explique-t-il dans son
bureau atelier sur ladite
commune. Aujourd’hui, j’interviens dans toute la France.
Les éoliennes plus anciennes
ont entre sept et dix ans.
Beaucoup d’entre elles ne sont
donc plus sous garantie. Il
faut une intervention extérieure. » Et quelle intervention ! Jean-Paul Lopez, l’un
des rares en France à proposer un tel service, n’est pas
du genre à se laisser impressionner. Le vertige ?
Connaît pas. Passionné de
montagne, il fut même instructeur auprès des clubs
alpins. Depuis 30 ans, il
escalade du haut, du très
haut, dans des situations
souvent très difficiles. Généralement, il monte par l’intérieur de l’éolienne. Puis, il
redescend par l’extérieur.
Au bout d’une corde, avec
tout le dispositif de sécurité
nécessaire et aussi l’aide de
deux ou trois assistants, le
plus souvent au sol. « J’ai
trouvé le moyen d’allier mes
connaissances en haute technologie et ma passion pour
l’altitude », dit-il tout en
montrant sur son ordinateur des photos de lui en
pleine action. On découvre
l’intérieur très étroit d’une
de ces hélices de 40 à 50 m
de long, dans lequel JeanPaul doit se faufiler comme
une souris.
« C’est beau, non ? » Il ne
s’en cache pas, Jean-Paul est
fasciné par les éoliennes.
Elles lui plaisent, comme
il dit. Il les trouve belles,
sans risque, sans danger.
« A condition de ne pas
en mettre n’importe où »,
précise-t-il. ❏
Ingénieur de formation, passionné d’altitude,
Jean-Paul Lopez est devenu expert
dans la réparation d’éoliennes.
Il intervient dans toute la France.
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Olivier Bétoin : le bois,
Alice Palou et Michel Castillo
c’est l’avenir
pour un habitat écologique et économe
L
’exemple type
de ce que l’on
peut faire avec
du bois. Le Mas
de la Coume (à
deux pas de Mosset) dispose
d’une forêt, coupe le bois, le
transforme (ou plutôt le
déchiquette), le stocke, l’utilise et alimente ainsi une
chaudière pour le chauffage
et l’eau chaude des sanitaires. Et le tour est joué
pour cette ancienne auberge
de jeunesse créée à la
fin des années 1930, qui
accueille aujourd’hui des
stages, des séminaires, des
séjours et des classes vertes.
« Nous avons cette chance :
65 hectares de forêts, explique Olivier Bétoin, directeur des lieux depuis 1982.
Dans les années 30, l’établissement était déjà chauffé
au bois, mais au début des
années 90, nous nous sommes équipés d’une installation automatique utilisant du
bois déchiqueté. A l’époque,
nous faisions partie des
quelques précurseurs dans ce
domaine. » Aucune énergie
fossile n’est utilisée pour
chauffer l’établissement (sauf
pour les tracteurs et les tronçonneuses indispensables
aux travaux). La chaufferie
dessert les deux principaux
bâtiments d’habitation, la
bibliothèque et salle de
détente, la cuisine et salle
à manger et deux maisons
d’habitation. Soit un total
de 1 500 m2 ! « On évite ainsi
36 • Terres Catalanes
D
eux présidents,
deux associations, deux histoires distinctes, mais une
même préoccupation. La
valorisation de l’habitat
sain, économe, écologique
et solidaire. Alice Palou,
présidente d’Adobes (Association pour le Développement de l’Ossature Bois
et de l’Eco Construction
Solidaire), créée en août
d’émettre 20,6 tonnes de
CO2/an (dioxyde de carbone) et 4,4 tonnes de SO2/an
(dioxyde de soufre) », annonce Olivier Bétoin, soulignant par la même occasion
que les avantages sont multiples. Le domaine boisé est
entretenu, les coûts de fonctionnement de l’établissement sont maîtrisés, la
consommation énergétique
reste “propre” et l’installation s’inscrit dans une
démarche
pédagogique.
Olivier Bétoin sensibilise les
jeunes visiteurs aux questions du développement
durable. Et il leur explique,
démonstrations pratiques à
l’appui, le cheminement du
bois et son utilisation.
« C’est une des forces de
notre établissement, explique-t-il. Nous sommes au
cœur de la forêt et nous pouvons leur expliquer comment
mieux gérer et mieux utiliser
cette immense ressource
naturelle primordiale pour
notre avenir. » ❏
2009 à Argelès-sur-Mer, et
Michel Castillo, président
de Volem Casa, basée à
Thuir depuis le début de
l’année 2009, visent un
même objectif. Soutenir les
professionnels de la construction et les particuliers
qui désirent se tourner vers
des modes de construction
plus respectueux de l’environnement. « Adobes propose
des journées d’information et
des stages de découverte et
de formation à certaines
techniques, des chantiers participatifs, dit Alice Palou.
Nous nous adressons par
exemple à des particuliers qui
veulent construire ou rénover
leur maison de façon écologique. »
Le projet de Volem Casa
est quelque peu différent,
comme nous l’explique
Michel Castillo. « Nous
cherchons à convaincre les
élus du territoire de soutenir
un projet de construction
d’habitat économe à destination de familles et de personnes à faibles revenus.
Nous pensons qu’il est possible de construire un petit
parc HLM sur ces critères,
rendant l’éco-construction
accessible à tous. »
Pour l’heure, les deux associations réfléchissent à la
création commune d’un lieu
d’information, de conseils et
d’exposition sur ce sujet.
Une sorte de “maison” de
l’habitat économe ouvert à
tous. « Devant la demande de
plus en plus pressante des
gens, nous sommes convaincus que ce lieu aurait sa
place », affirment-ils d’une
même voix. ❏
Tout comme Adobes,
l’association
Volem Casa soutient
les professionnels
et les particuliers
qui désirent se tourner
vers des modes
de construction
plus respectueux
de l’environnement.
• VOLEM CASA –
www.volemcasa.com
• ADOBES – www.adobes.fr
Terres Catalanes • 37
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Tatiana et Lionel
Avec Hélène Legrais, il était une fois
le premier four solaire
bâtissent une vraie maison écolo
38 • Terres Catalanes
L
쏘 D. R.
T
atiana et Lionel
ne sont pas au
bout de leurs
peines. Depuis
2007, ils consacrent leurs week-ends, leurs
vacances et leurs énergies à
bâtir leur future maison
familiale, pour eux et leurs
deux jeunes enfants. Une
superbe bâtisse de 140 m2 au
cœur d’un joli village de
pierres et du paysage verdoyant du Conflent.
Et quelle bâtisse ! Une maison totalement bioclimatique et écologique. Actuellement, d’autres projets similaires sont en cours dans le
département, mais Tatiana et
Lionel font partie des pionniers. « Tout d’abord, c’est un
acte militant, explique
Tatiana. Quitte à construire,
autant le faire dans le respect
de l’environnement. Ensuite,
nous tenions à la construire
nous-mêmes. C’est donc un
peu long, mais tellement enrichissant. »
La jeune femme, consultante
en écologie, intervient dans
le domaine des plantes pour
le Parc naturel régional et
des bureaux d’études privés.
Lui est ornithologue de
métier. Le couple n’était pas
forcément armé pour se lancer dans un tel chantier.
Ils se sont informés et ont
suivi des stages de formation
pour apprendre à maîtriser
la technique des ossatures
bois, des puits canadiens ou
encore des enduits en terre.
Ils ont aussi bénéficié de
coups de main appréciables.
La construction de la maison
a donné l’occasion d’organiser plusieurs chantiers participatifs réunissant bénévolement des amis et des adeptes
de l’habitat écologique.
« Notre maison intéresse
beaucoup les gens, ajoute
Lionel, car sa conception
repose sur toute une série
d’options techniques simples et
innovantes. » Orientée au
sud avec de grandes ouvertures vitrées (double ou
triple vitrage suivant l’exposition), la maison va profiter
d’un ensoleillement maximal en hiver. En été, un balcon à l’orientation très étudiée protègera sa face sud
des rayons du soleil.
Par ailleurs, la bâtisse repose
sur une épaisse dalle faite
entre autres de cailloux et de
lièges (parfait pour l’isolation et l’emmagasinement de
l’énergie). Les murs se composent d’une importante
ossature en bois (originaire
d’une forêt voisine) dans
laquelle des bottes de paille
ont été glissées. Le tout est
recouvert d’un enduit. Sur
le toit, des panneaux photovoltaïques pour l’électricité
et l’eau chaude.
A l’extérieur, un système de
récupération des eaux de
pluie et des bassins de phytoépuration (un système
d'assainissement filtrant les
eaux usées domestiques avec
des plantes), à deux pas d’un
potager bio. « Nous avons
tout mis en œuvre pour obtenir les meilleurs résultats possibles, explique Tatiana.
D’ailleurs, nous avons prévu
un chauffage au bois mais
normalement, en plein hiver,
la température intérieure
devrait être de 16° C. »
Coût total de la construction : environ 120 000 €
sachant que le couple a
bénéficié d’une subvention
de 17 000 € accordée par le
Conseil régional, l’ADEME,
et le Conseil général, plus le
Crédit d’impôts.
Emménagement prévu à la
fin de l’année. ❏
Tatiana et Lionel Courmont ont construit
pour leur famille une maison
totalement bioclimatique et écologique.
es
auditeurs
de France Bleu
Roussillon connaissent bien
sa voix claire.
Chaque matin, Hélène
Legrais leur en dit un peu
plus sur la terre catalane.
Passionnée d’histoire, et c’est
peu dire, cette journaliste
perpignanaise originaire du
quartier Saint-Jacques raconte un nom de rue, un
épisode historique ou encore
une anecdote de l’Usap.
Une dame élégante qui
cherche en permanence à
combattre l’oubli. « Notre
mémoire collective est un vrai
gruyère, alors moi, je cherche
à combler les trous, » avouet-elle non sans humour.
Aussi, elle raconte et depuis
quelques années, elle écrit.
Des romans pétris de vécu
et d’émotion comme Les
enfants d’Elizabeth (2007),
hommage à la célèbre maternité d’Elne. Avec L’ermitage
du soleil, sorti en mai dernier, Hélène nous rappelle
que la question des énergies renouvelables ne date
pas d’aujourd’hui.
En 1900, un personnage
hors du commun, le père
Manuel Antonio Gomes,
alias “Padre Himalaya”, va
venir installer à Sorède (au
lieu-dit El Coll del Buc) l’un
des tout premiers fours
solaires, d’un diamètre de
7 m. Hélène va en faire un
roman passionnant où les
préoccupations quotidiennes
des gens de Sorède se
mêlent aux grands enjeux
d’un monde moderne qui
s’affirme. « C’est André Joffre,
le président du pôle Derbi,
qui a attiré mon attention
sur cette histoire fabuleuse,
explique-t-elle. Cet homme
d’église mais aussi de sciences,
était un visionnaire, un
pionnier doté d’une personnalité charismatique. » Bref,
un vrai héros de roman
dont on n’a pas fini de
parler dans la région.
A Sorède, on envisage de
reconstruire le four du
Padre Himalaya. ❏
• L’ERMITAGE DU SOLEIL
Hélène Legrais, Ed.
Calmann-Lévy (2010)
Terres Catalanes • 39
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Xavier Py forme de jeunes ingénieurs
aux Energies renouvelables
I
ngénieur des procédés, Xavier Py aurait
pu faire carrière dans
une filière industrielle classique. Mais
après quelques années passées dans un centre de
R&D chez Rhône-Poulenc,
il a choisi. Fouiller, cogiter,
communiquer aux jeunes
ses passions, lui conviendront mieux. « Et puis il y
a tant à étudier dans les
domaines du recyclage, de
la valorisation des déchets
ou encore de la production
énergétique. » Aujourd’hui
professeur à l’Université
de Perpignan, Xavier Py
dirige l’École doctorale
“Énergie Environnement”.
Il fait aussi partie de l’équipe scientifique de PROMES
(Procédés, matériaux et
énergie solaire), un labo
du CNRS.
Actuellement, il bosse dur
sur une question plutôt
complexe : comment fabriquer des matériaux de
stockage thermique pour
des centrales électrosolaires
à partir de déchets industriels ? En d’autres termes
et résumé par lui, « comment faire au mieux avec ce
que l'on a sous la main ? »
De l’énergie, lui n’en
manque pas. En 2009,
Xavier Py a contribué à
la création de PolyEnR,
un nouveau département
de l’École Polytechnique
de Montpellier, sur le site
de TecnoSud à Perpignan,
40 • Terres Catalanes
parrainé par le célèbre explorateur Jean-Louis Etienne. La toute première école
de France à former des
ingénieurs aux énergies
renouvelables. ❏
Professeur à l’Université de Perpignan,
Xavier Py a contribué à la création de PolyEnR,
la toute première école de France à former
des ingénieurs aux énergies
renouvelables.