L`HISTOIRE SANS FIN Wolfgang Petersen

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L`HISTOIRE SANS FIN Wolfgang Petersen
L’HISTOIRE SANS FIN Wolfgang Petersen -­‐ 1984, ALLEMAGNE, 90 mn d’après le livre de Michael Ende Wolfgang Petersen Wolfgang Petersen commence à 19 ans une carrière d'assistant metteur en scène à l'Ernst Deutsch Theater de Hambourg. Il étudie la comédie pendant trois ans et s'initie quatre ans à la réalisation à la Film und Fernsehakademie de Berlin. Il tourne en 1970 son premier moyen métrage : Ich werde dich Töten, Wolf, dans le cadre de la série policière Tatort, et signe l'année suivante le téléfilm Blechschaden. En 1973, il reçoit le Bundespreis et une citation à l'Oscar pour son premier long métrage Einer von uns beiden. En 1981, il connaît une consécration internationale grâce au Bateau (six nominations à l'Oscar), ce film de guerre sous-­‐marine est le long métrage étranger le plus populaire jamais distribué aux Etats-­‐Unis et offre à Wolfgang Petersen un passeport pour exporter ses talents de réalisateur outre-­‐Atlantique. Variant les genres, il va du fantastique (L'Histoire sans fin ; 1984) au thriller hitchockien (Troubles ; 1991) en passant par la science-­‐fiction (Enemy ; 1985). A partir des années 90, le cinéaste se retrouve à la tête de productions américaines aux coûts conséquents. 1993 Dans la ligne de mire 1995 Alerte 1997 Air Force One 1999 En pleine tempête. 2004 Troie 2006 Poseidon 2008 Uprising 2009 Old man’s wars Le livre de Michael Ende Roman pour la jeunesse publié en 1979 qui a connu un grand succés lors de sa sortie et a été traduit en plusieurs langues. Plusieurs films s’en sont inspirés, celui de Petersen est le premier. Il n’en adapte que la moitié. (2 longs métrages et deux séries TV) Le livre est basé sur une mise en abyme, de façon à ce que le lecteur s'identifie au héros. Ainsi, le livre (du moins en version originale) est écrit en deux couleurs différentes, pour distinguer ce qui se passe dans le monde réel et ce qui se passe dans le Pays Fantastique. En fait, le livre que lit Bastien peut être assimilé au livre que le lecteur a dans les mains : même description, et métaphoriquement même "pouvoir" : celui de transporter les lecteurs pour un moment dans un monde imaginaire dont ils reviendront changés. Les aventures d’Atreyu dans le livre de Michael Ende sont plus nombreuses et plus complexes, Petersen s’est basé sur les 11 premiers chapitres du livre qui en comporte 26. Les 15 autres chapitres mènent beaucoup plus loin la notion d’identification de Bastien au Royaume du pays fantastique au point d’y basculer littéralement et d’en devenir l’acteur principal (même procédé que « Alice au pays des merveilles »). Un film à gros budget Tournage aux studios Bavaria de Munich. Les décors ont nécessité la participation de 200 artistes et techniciens pendant 2 ans. Il a reçu la collaboration technique, pour ses effets spéciaux et ses trucages très sophistiqués, de grands experts du cinéma américain : Collin Arthur, maquilleur de 2001, l’Odyssée de l’espace, Brian Johnson, ayant remporté l’Oscar pour les effets spéciaux d’Alien et de L’Empire contre attaque. - La tour d’ivoire avec sa terrasse de 2000m2. -­‐ 300 plans à fond bleu, le dragon, long de 15m, couvert de 6000 écailles brillantes… - De nombreux mats painting. - Des plans nécessitant une assistance par ordinateur. L’Histoire sans fin est aujourd’hui considéré comme un " classique " du cinéma pour enfants. -
Les références -
Mélange des genres : conte (Auryn, l’elfe, les gnomes des contes scandinaves, l’objet fétiche et la structure même de l’histoire), mythologie (l’entropie du chaos, le mythe oedipien), l’héroïque fantaisie (baroque des personnages de la tour d’ivoire, les nuages du début (Dark Cristal). Disparité des esthétiques : entre Disney (le nom de la planète, l’aspect kitch et merveilleux de certains décors, ou personnage comme Falkor) et Bosch (l’entropie, le mal à l’œuvre symbolisé par le néant). -
Volonté d’aseptiser (la poursuite de Bastien par les 3 voyous fait penser aux téléfilms, même les scènes les plus sales paraissent « propres », comme celles de la librairie, du grenier, de la poubelle et de l’épouvantable Gmorck ( cf Alice de Svanmajer). -
Hiatus de la résolution Bastien est investi d’une grande mission lorsqu’il sauve Fantasia, il est mis dans la position du créateur qui est par définition un rôle tragique et sous-­‐entend la lutte entre bien et mal et les seuls vœux qu’il veut voir exaucer son une ballade à dos de dragon et une leçon infligée à ses anciens racketeurs ! Pistes pédagogiques : en fonction des films vus dans le cadre du dispositif ou des contes connus, comparer (Princess Bride, Alice, la Belle au Bois Dormant) La narration et ses moyens cinématographiques -
Un dispositif classique pour entrer dans le conte : la découverte d’un livre suite à des péripéties diverses et travelling avant qui finit en très gros plan sur le visage du lecteur et nous fait basculer dans le monde du livre qu’il découvre. Vont se dérouler 2 histoires, l’une dans le réel, l’autre dans un monde imaginaire et 2 conflits, l’un interne et l’autre externe et se réunir dans une seule histoire et une résolution commune aux 2 conflits. Les voix off : celle de Bastien est la voix du narrateur qui fait avancer l’histoire (fonction elliptique). La voix d’un narrateur externe adulte clôt le film à la façon moraliste des films classiques américains destinés au jeune public. -
Le schéma narratif classique du conte : la situation initiale, le facteur déclencheur, succession des péripéties, les éléments de résolution la situation finale. Rencontre avec les adjuvants et les opposants, présence de l’objet magique, le climax et la fin heureuse. -
Le dispositif du film à partir de la première séquence qui se déroule dans le monde de Fantasia met en place l’intrusion progressive de Bastien dans le royaume imaginaire par la construction de l’empathie. -
Les procédés cinématographiques : Construction d’un processus d’identification annoncé au moment du petit-­‐déjeuner par le père « Il faut redescendre sur terre, affronter ses problèmes et ne pas se réfugier dans les rêves » et plus précisément dans la rencontre avec le libraire. Puis, passage par des moments d’empathie très forts (ils mangent, dorment, pleurent et sont effrayés au même moment) pour finir, la mise en place de situations irréelles voire fantastiques (présence subite de l’obscurité dans le grenier, déclenchement d’une tempête et chute des objets ainsi que la communication visuelle avec Atreyu puis sonore avec l’impératrice). Pour rendre cet effet de miroir, le réalisateur utilise des procédés cinématographiques tels que : les raccords image (le collier de Auryn fait raccord avec l’insigne qui décore la couverture du livre, le loup empaillé dans le grenier fait raccord avec la Bête), les raccords de situations quand ils mangent ou dorment, la tempête), les raccords son (Bastien crie à la découverte de Morla et Atreyu l’entend), le fondu enchaîné au moment du miroir de l’oracle et le champ/contre champ quand il communique avec l’impératrice Les retours dans le monde de Bastien se traduisent la plupart de temps par des allers-­‐retours : un plan du monde de Fantasia déclenche le retour (Atreyu mange, pleure la mort de son cheval, rencontre Morla), Bastien dans son grenier, retour à Fantasia et nouveau plan de Bastien. -
Pistes pédagogiques : Analyser avec les élèves les différentes phases de l’implication de Bastien dans l’histoire. - l’identification simple (communauté de sentiments) - l’intrusion progressive du fantastique (le cri, la tempête, le miroir et la sollicitation directe de l’impératrice). Repèrer les fondus enchaînés. Faire la différence entre un montage parallèle et un montage alterné. Repèrer et analyser les séquences filmées en champ /contre-­‐champ (Bastien et le livre qu’il vient de jeter et Impératrice et Bastien) Les personnages -­‐ Le parcours initiatique : Au départ, Bastien est tiraillé entre la dure réalité (il a perdu sa mère, son pére et ses professeurs ne le comprennent pas et il est le souffre douleur de trois jeunes voyous), et la fiction dans laquelle il s’échappe (il lit des livres pour s’oublier en s’identifiant aux héros). Le livre L’Histoire sans fin lui permet, non sans douleur, de trouver une issue heureuse à sa situation. Il franchit par procuration (Atreyu) les étapes pour finir par se libérer, en défiant son pére qui lui recommande de ne pas se laisser aller aux rêves et aux mondes imaginaires et surtout en nommant l’Impératrice du prénom de sa mère (la fillette devient objet de remplacement). Les opposants à son parcours représentent les états dans lesquels il ne doit pas plonger pour s’en sortir : le Néant qui envahit tout est nommé " désespoir " par la bête maléfique, les marécages dans lesquels se noie son cheval se nomment " mélancolie ". Le déroulement du voyage d’Atreyu, comme celui de la lecture de Bastien, visent à résoudre un conflit : le conflit intérieur de Bastien représenté par le conflit d’Atreyu contre le Néant. Les créatures-­‐adjuvants qui jalonnent le parcours d‘Atreyu (et par procuration de son double), servent toutes la résolution finale en guidant l’enfant. Le sage Morla lui permet d’accéder à l’avant-­‐dernière étape de sa libération : pour franchir des portes, il doit retrouver confiance en lui puis se voir tel qu’il est vraiment et défier le sphinx. Les multitudes aventures et rencontres d’Atreyu correspondent donc à la logique du parcours personnel de Bastien qui finira par le remplacer auprès de la petite Impératrice. Dans le film, les étapes du parcours sont jonchées de personnages contradictoires : le libraire est désagréable en apparence mais gentil au fond, le géant de pierre est impressionnant mais inoffensif, l’escargot est une monture rapide, le dragon est porte-­‐
bonheur et adore les enfants, l’impératrice est une petite fille malade etc…Une logique absurde semble régner sur Fantasia. Les thèmes de discussion Les gens qui n’ont plus d’espoir sont faciles à soumettre. A quoi sert le rêve ? A quoi sert l’art ? L’attitude face au racket. Que devient le libraire du film ? Disney et Bosh Analyse de séquence -
L’agression et la librairie La mort d’Artax et Morla