Enzo Scifo : le football en Hainaut mérite plus de soutien

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Enzo Scifo : le football en Hainaut mérite plus de soutien
MARDI 27 NOVEMBRE 2012
SUDPRESSE
FOOTBALL – LES CONFIDENCES D’ENZO SCIFO
35
« Le football en Hainaut
mérite plus de soutien »
De retour à La Louvière pour un soir, le Montois a fait le tour de l’actualité du ballon rond
De Mons à Mouscron en passant par Charleroi, La Louvière, le championnat belge, les « Diables » : l’ancien petit prince du Tivoli a passé
en revue les sujets qui font la « une », sa « une »
Pas ingrat pour un sou, Enzo Nos clubs ne savent plus rivaliScifo sait qu’il doit beaucoup ser avec les ténors. C’est ainsi et
au Hainaut dans sa profession, il faut vivre avec son temps. Cela
sur le terrain à La Louvière où dit, nous pouvons malgré tout
il a fait ses débuts comme garder une emprise sur l’avenir
joueur, puis au Sporting de de nos joueurs, en nous concenCharleroi qui lui a mis le pied trant sur la formation. Réussir
à l’étrier comme entraîneur, leurs débuts pour retarder
l’Excelsior Mouscron, et aul’échéance de leur départ,
jourd’hui le RAEC
quitte à mieux le monMons. Raison pour
nayer. »
« Nous
En conséquence
laquelle il n’hésite
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en profiter. Nous n’en
Louvière Centre l’autre
jeudi, s’est-il adressé à l’autori- sommes plus au temps du footté politique afin qu’elle aide ball de rue, que je sache. Pourles clubs dans la promotion et tant, parfois, à la vue de cerl’épanouissement de leurs taines installations, je me dis
jeunes. « Le Hainaut a produit que nous n’en sommes pas très
éloignés… Avec ce soutien public, couplé à un sponsoring privé, on favorisera l’éclosion de
jeunes talents. » l
UNE PAGE D’EMMANUEL DEMOLDER
LE CHAMPIONNAT BELGE
LES DIABLES ROUGES
« On sous-estime parfois
notre compétition »
Ne comptez pas sur Scifo
pour comparer les époques.
L’expression
« de
mon
temps » ne fait pas partie de
son vocabulaire lorsqu’il
s’agit d’analyser le championnat belge actuel. Enzo
estime que la Jupiler League
est victime aujourd’hui de la
fuite de ses talents vers
l’étranger. Sa solution ? « Elle
n’est pas à rechercher au niveau belge mais plus haut. Je
pense que l’UEFA et la FIFA
doivent légiférer pour faire en
sorte que les jeunes puissent
terminer leur écolage dans
leur club formateur. » Par
ailleurs, le niveau de notre
championnat n’est pas aussi
faible qu’on veut bien le dire.
« On le sous-estime de trop. Le
jeu pratiqué en Belgique, qui
laisse peu d’espaces, est réputé
difficile. On ne s’y impose pas
facilement… » l
RAEC MONS
« Leone ? J’apprécie
l’homme »
« Le talent n’est pas tout, il
faut apprendre à durer »
Scifo est un inconditionnel
des « Diables » où il n’a pourtant pas toujours été considéré à sa vraie valeur. « Sur
papier, la génération actuelle
fait rêver. » La qualif’ pour le
Brésil il n’hésite pas à en
faire le pari, même si… « Le
chemin pour Rio sera compliqué jusqu’au bout. C’est pour
moi la phase la plus difficile
de cette grande aventure, mais
on y sera ! Les progrès réalisés
et les résultats forgés en peu
MOUSCRON
de temps me confortent dans
cette idée. Et une fois sur
place, tout est possible… »
Scifo est admiratif du talent
du groupe de Wilmots, plus
doué selon lui que celui où il
a crevé l’écran lors des
Coupes du Monde 86 et 90
pourtant citées en exemple.
« Mais », prévient-il, « nous savions nous transcender dans
la durée. C’est ce qu’il manque
encore aux Diables d’aujourd’hui. » l
Enzo Scifo garde un excellent souvenir
de son passage chez les « Hurlus »,
malgré les difficultés financières qui
minaient l’Excel et qui ont d’ailleurs eu
raison de sa survie, sous sa forme originelle.
« Vous savez, aujourd’hui je suis blasé.
Jusqu’à mon arrivée au RAEC Mons, je
n’avais entraîné que des clubs en proie
à des problèmes budgétaires. À Mouscron, la pression autour du club, qui
était devenue intenable, n’avait fait que
renforcer les liens entre les joueurs et
avec le staff. »
Rétrospectivement, le Louviérois explique que ces difficultés à répétition
l’ont rendu plus fort.
« C’est la meilleure des formations pour
un joueur ou un entraîneur, c’est la
meilleure école. Je l’affirme d’autant
plus fort aujourd’hui que j’ai la chance
de travailler dans un environnement où
il n’est question que de football. Au Tondreau, grâce à la structure installée par
le président Leone et ses adjoints
(NDLR : voir ci contre), je peux me
concentrer exclusivement sur ma tâche
d’entraîneur. Dans mon cas, vu mon
cursus, il s’agit d’un vrai luxe… » l
Enzo Scifo se sent comme un
poisson dans l’eau à l’Albert de
Mons. De l’avis général, il tire
la quintessence de son groupe
pour tenter de le maintenir
dans la colonne de gauche. À
ce propos, certains parmi les
supporters des « Dragons » se
mettent à rêver d’une place
dans le Top 6 à l’issue de la saison régulière. Scifo freine des
quatre fers. « Soyons clair, au dé-
LA LOUVIÈRE CENTRE
La meilleure école
Scifo durant un match : « Aujourd’hui, le foot est tout pour moi. » l NEWS
l EM.D.
Enzo Scifo, ici en compagnie de ses amis Didier Dehon et Alain Battard, est resté fidèle à ses racines hennuyères.
l D.C.
des pépites comme Hazard, Walem ou moi-même. C’était à
l’époque où on pouvait encore
se permettre de nous garder. Aujourd’hui, ce n’est plus possible.
« Le puzzle est en train
de prendre forme »
Malgré la différence de divisions par
rapport aux clubs qu’il a entraînés, Scifo
garde des contacts suivis avec l’URLC. Il
apprécie le travail réalisé depuis
quelques mois par la direction du Tivoli
« qui a décidé de jouer la carte de la stabilité ». Et de préciser : « Le président Tacal, qui est un ami, est occupé à s’entourer de gens compétents, comme Sébastien Grandjean, un entraîneur qui a sans
problème sa place en D1, et David Lasaracina qui apprend son métier vite et
bien. Ce qu’il faut maintenant aux
« Loups », c’est de continuer à grandir
dans la stabilité et la sérénité. » Comme
beaucoup des spectateurs présents à
cette occasion, Scifo a été très marqué
par la montée manquée contre Audenarde. « Le club est en train de tirer les
bonnes leçons de cet échec. » l
but de saison, on ne parlait pas
de Top 6. Notre objectif, à la direction et à moi, était de faire
mieux que la 10e place de la saison dernière, disons le Top 8. Et
mieux si affinités… »
Pour intégrer les play-offs 1, il
faudrait
selon
Scifo
un
concours de circonstances extrêmement favorables. « Des résultats positifs, sans pépins physiques, bref beaucoup de chance,
et ce dans la durée. Cela ne doit
pas constituer une obsession. Par
contre cela ne doit pas nous empêcher de titiller les équipes situées au-dessus de nous. »
C’est dans ce contexte particulier que se pose la question du
petit mercato. « Pour moi, il sert
avant tout à préparer la saison
prochaine, en s’inscrivant dans
le cadre d’une progression générale. On peut l’utiliser pour la
saison en cours à la seule condition d’y jouer un rôle en vue. À
cet effet, nous allons avoir une
série de réunions avec la direction. »
Une direction avec laquelle Scifo se dit totalement en accord,
et spécialement Dominique
Leone. « Parmi ceux que j’ai
connus, il est le président avec lequel je suis le plus en phase.
Chez lui, j’apprécie avant tout
l’homme, et les joueurs sentent
Leone : « Et ma tribune ? »
l B.
fort cette complicité. Je pense
que cela concourt à la stabilité
du club. »
« QUELLE LAIDEUR ! »
Le ton de l’entraîneur se fait
plus grave lorsqu’il aborde la
problématique du stade et de
la dernière tribune qu’il reste à
construire. Un sujet dont son
président s’est fait le chantre
depuis plusieurs années.« Si on
veut franchir un cap supplémentaire, en attirant notamment
une autre clientèle, il est impératif de fermer le stade, et rapidement. Lorsque je suis assis sur
mon banc et que j’ai en face des
yeux cette tribune, je me dis :
quelle laideur ! Ce dossier, cela
fait trop longtemps qu’il dure.
Chaque saison, Dominique Leone
banque à hauteur de 2,5 millions
d’euros, pour son club. Un débours facilement compensé avec
l’assistance lors des tops
matches, dans un stade terminé.
Pour moi, le calcul est vite
fait ! » l