le saviez-vous
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43 LE SAVIEZ-VOUS ? Daniel Ryckmans 1. Le traité transatlantique (PTCI, en anglais TTIP) mauvais pour les agriculteurs ! L’Union Européenne, et plus particulièrement le commissaire européen en charge du commerce international Karel De Gucht (il était en poste jusqu’à la mi-octobre), négocie (avec très peu de transparence) depuis des mois le Partenariat Transatlantique pour le Commerce et les Investissements (PTCI, en anglais TTIP (Transatlantic Trade & Investment Partnership)) entre les E.-U. d’Amérique et l’U.E. Il s’agit de créer un grand bloc commercial englobant l’U.E. et les E.U., zone où les tarifs et taxes à l’importation disparaitraient et où les 2 partenaires reconnaitraient les standards commerciaux réciproques. Ce qui permettrait de diminuer les coûts et favoriserait le commerce transatlantique. On parle de meilleures possibilités d’exportation (pour l’Union) de produits agricoles (pommes et poires notamment) et encore plus de denrées alimentaires (jambons, fromages, chocolats, bières, vins et spiritueux). Cela signifierait aussi que la viande hormonée étatsunienne ou encore les volailles traitées au chlore pourraient arriver sur nos marchés et dans nos assiettes, mais aussi plus de soja et de maïs (généralement OGM) et de nouveaux OGM ou des produits avec des résidus phytos jusqu’à maintenant interdits en U.E. Les partisans du projet parlent d’un « gain » de 545 € par ménage européen (grâce à des biens et des services moins chers pour les consommateurs) ou encore de la création de 2 millions d’emplois de part et d’autre de l’Atlantique. Les adversaires font remarquer que les promesses de gains, de créations d’emplois ou de points de PIB gagnés annoncés pour les précédents traités (GATT, création du marché unique, introduction de l’euro,…) n’ont pas été concrétisées, ou alors à des hauteurs bien moindre qu’annoncées… Si les traités de libre commerce peuvent éventuellement promouvoir certaines de nos exportations, ces traités peuvent aussi rendre certaines de nos productions beaucoup plus vulnérables à la concurrence (déloyale, si on pense aux hormones ou aux poulets chlorés par exemple). La plupart des organisations professionnelles et syndicales agricoles sont contre le PTCI (ou en tout cas très critiques), et veulent que l’agriculture européenne et ses agriculteurs/trices soient protégés des effets négatifs de ce projet de traité sur les productions et manières de produire durables, liées au sol, respectueuses des hommes/femmes et de l’environnement. Crédit photo : Gérard Julien / AFP Fiwap-Info N° 143 (Septembre – Octobre –Début novembre 2014) 44 2. Belspo, la politique scientifique belge, supprimée ! Suite à l’accord gouvernemental, le SPP/POD (Service Public fédéral de Programmation scientifique / Programmatorisch federale Overheidsdienst Wetenschappelijk beleid) – mieux connu sous le nom de BELSPO – est supprimé ! En fait, et plus précisément, les services BELSPO de l’avenue Louise (Bruxelles). C-à-d les programmes de recherche, les activités de coordination internationale, les indicateurs scientifiques nationaux (obligation européenne), les activités aéronautique et le spatial ! Le problème, c’est que BELSPO est un Département totalement intégré. Il réunit 3.000 collaborateurs et notamment ceux des 10 établissements et musées fédéraux. BELSPO est le seul SPF "ISO-9001", a été finaliste de "l'organisation publique de l'année" en 2014, a développé des systèmes de mutualisation de services, des synergies, des effets de seuil... Supprimer BELSPO (Louise) aura un impact direct, concret et fatal pour les Etablissement scientifiques dont « Belspo-Louise » assure l'essentiel des services d'appui (personnel, budget, comptabilité, services juridiques, marchés publics)... Mais aussi le financement et l'organisation des activités de recherche qui sont, évidemment, essentielles ! Remplacer BELSPO par une "DG" cachée quelque part dans un SPF quelconque, va provoquer une inflexion fatale à la capacité de mettre en œuvre et de développer une "politique scientifique" au niveau fédéral, c'est à dire une stratégie de recherche complémentaire à celle des Régions et Communautés, orientée sur le coopération entre toutes les compétences scientifiques du pays et le volet international. BELSPO avec son budget opérationnel (600 millions d'€) et les dispositifs fiscaux et para-fiscaux qu'elle organise, gère 47% des crédits publics de recherche en Belgique. C'est dire à quel point cette décision, si elle était mise en œuvre, serait catastrophique, à court, moyen et long terme. Ce démantèlement est lamentable et inquiétant, d’autant plus qu’il y a quelques semaines 5.000 scientifiques belges, néerlandophones, francophones et germanophones, ont signé un appel et une pétition à l’adresse de Charles Michel et Kris Peeters afin de préserver cette structure… permettant à toutes les universités et centres de recherche du Royaume de collaborer entre eux… Photo 1. Collaborations inter universités et centre de recherches du Nord et du Sud de la Belgique grâce à Belspo : Un drone du VITO (Mol) sur une parcelle de pomme de terre de Gembloux (collaboration CRA-W – Fiwap) – projet IPot (photo : Daniel Ryckmans / Fiwap) Pour nous, Filière wallonne de la pomme de terre, cette suppression est grave, car elle pourrait affecter le projet iPOT mené par Belspo, le CRA-W, le VITO, l’ULg et Belgapom ainsi que le projet Belcam, (CRA-W, VITO, UCL, ULg et Belspo), auquel collabore la Fiwap (récolte de données au sol, c-à-d prélèvements aux champs). Fiwap-Info N° 143 (Septembre – Octobre –Début novembre 2014)