Rencontres Plurielles BEKRI 2008

Transcription

Rencontres Plurielles BEKRI 2008
Rencontres Plurielles
Printemps Poétique La Suze-sur-Sarthe
26 mars / 4 avril 2008
TAHAR BEKRI
CONTACT
http://tahar.bekri.free.fr
Photo A. Arnaout
Éléments de biographie
Poète né en 1951 à Gabès en Tunisie. Tahar Bekri vit à Paris depuis 1976. Il écrit en français et
en arabe et a publié une vingtaine d'ouvrages (poésie, essai, livre d'art). Sa poésie, saluée par la
critique, est traduite dans différentes langues (russe, anglais, italien, espagnol, turc…).
Tahar Bekri est considéré aujourd'hui comme l'une des voix importantes du Maghreb. Il est
actuellement Maître de conférences à l'Université de Paris X-Nanterre.
Son œuvre, marquée par l'exil et l'errance, évoque des traversées de temps et d'espaces
continuellement réinventés. Parole intérieure, elle est enracinée dans la mémoire, en quête
d'horizons nouveaux, à la croisée de la tradition et de la modernité. Elle se veut avant tout chant
fraternel, terre sans frontières.
Éléments de bibliographie
(les ouvrages suivis de ( P ) sont disponibles à la bibliothèque du Promenoir)
Le Laboureur du soleil, Silex, 1983, L'Harmattan, 1991
Le chant du roi errant, L'Harmattan, 1985 (P)
Le Cœur rompu aux océans, L'Harmattan, 1988
Poèmes à Selma (en arabe), Hiwar, 1989, L'Harmattan, 1996
La sève des jours, Ed. sonore Artalect, 1991, CD, 2003
Les Chapelets d'attache, Amiot, 1993, L'Harmattan, 1994
Les Songes impatients, L'Hexagone, Montréal, 1997, Aspect, Nancy, 2004
Journal de neige et de feu (en arabe), L'Or du temps, Tunis, 1997
Inconnues saisons/Unknown seasons (anthologie personnelle bilingue français-anglais),
L'Harmattan, 1999
Marcher sur l'oubli, entretiens avec Olivier Apert, poésie, L'Harmattan, 2000
L'Horizon incendié, Al Manar, 2002 (P)
Le vent sans abri, Sygnum, Paris, 2002
La brûlante rumeur de la mer, Al Manar, 2004 (P)
Si la musique doit mourir, Al Manar, 2006 (P)
Le Livre du souvenir, carnets, Ed. Elyzad, Tunis, 2007. Diff. en France, Pollen
Je te porte
ô mer
comme porte l'exil ses errances
comme porte l'amitié ses rencontres
comme porte le ciel ses nuages
comme porte le nuage ses pluies
Tahar Bekri
Le chant du roi errant
L'Harmattan, 1985
J'avais un soleil qui caressait la plaine
La nuit l'a dérobé
J'avais un fleuve pour lit pour ma reine
Le désert l'a ensorcelé
J'avais une oasis que je partageais avec la lune
L'ombre l'a brûlée
Tahar Bekri
Le chant du roi errant
L'Harmattan, 1985
Et les pas
Privés de rames
Brûlé par le souvenir
Il arborait des palmeraies absentes
La voix tremblée et la savate lente
Confondu par les vignes vierges
Le long des murs blafards
S'avivaient en bataille ses silences
Tahar Bekri
L'horizon incendié
Al Manar, 2002
Doëlan
Et toujours lui revenaient
Les appels de la mer
Vagues rebelles
Ecumes brumeuses
C'est quoi un pays?
Demandait-il à l'horizon incendié
Le sable sous le vent perdait courage
Te revoir dans l'insomnie si décidée
Tahar Bekri
L'horizon incendié
Al Manar, 2002
Si ton ciel n'aime guère les cerfs-volants
Si ta terre est un champ de mines
Si ton vent est alourdi par la poudre
Et non par le pollen fécond
Si ton mûrier est une potence
Si ta porte est un barrage
Si ton lit est une tranchée
Si ta maison est un cercueil
Si ton fleuve coule de sang
Si ta neige est un cimetière
Comment peux-tu aimer l'eau de la rivière?
Il retrouva l'océan
Entre averses et éclaircies
La lande la fougère
La valse des hirondelles
Les mouettes plus légères
Que les goélands
Par les sentiers
Où ses pas alanguis de bruyère
Disent aux pinèdes
L'écho des feux rajeunis
Ces rochers escarpés
Portant le calvaire
Comme ses souvenirs
Usés par le vent
Habités par la lumière
De tant de silex éblouis
Ces meules parmi les pommiers
Déroulaient ses années
sans les retrouver
Les lueurs renaissantes
Bercées par les écumes
Ravivaient
Le soir
Braises et cendres
Nulle accalmie
Mais le soleil qui se retire
Tahar Bekri
Tahar Bekri
La brûlante rumeur de la mer
Si la musique doit mourir
Al Manar, 2004
Al Manar, 2006
Je te nourris absence
de la course des saisons
l'une chasse l'autre
pollen contre feuilles mortes
cimes nouvelles contre racines captives
qui dira aux veines de la lumière
la pluie naît des nuages errants des ciels féconds
Tahar Bekri
Si la musique doit mourir
Al Manar, 2006