Salut l`artiste, salut l`facteur L`autre visage de Barrense-Dias

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Salut l`artiste, salut l`facteur L`autre visage de Barrense-Dias
Oron et région
Vendredi 10 mars 2006
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VIE LOCALE FERLENS
COURT
Salut l’artiste, salut l’facteur
A Ferlens, voilà 10 ans que le facteur n’est pas le fonctionnaire que l’on pourrait s’imaginer. Baroudeur et artiste avant
tout, Bernard Rinsoz est riche d’un long parcours. Un peu
en décalage, il nous parle de sa passion pour les techniques
de peintures anciennes et de son métier de facteur. Une vie
originale et bien remplie.
Bernard Rinsoz, 50 ans, est une figure
incontournable de Ferlens. Après avoir
parcouru le monde en long et en large,
il a développé différentes techniques
de peinture. L’aquarelle, la fresque, la
tempera (peinture avec un liant d’œuf),
le meuble peint ou le trompe l’œil sont
autant de cordes à son arc. Passionné
par les techniques traditionnelles, il
essaye de faire redécouvrir les vertus
des anciennes manières de faire. Il y a
10 ans, il devient le facteur de Ferlens.
Passionné de rencontres et d’échanges,
il adopte sa nouvelle occupation avec
engouement, tout en craignant l’évolution actuelle de La Poste.
Un jour, dans le village, vous êtes passé
de «salut l’artiste» à «salut l’facteur»…
Bernard Rinsoz: oui. Il y a 10 ans, un
ami du chœur mixte m’a dit qu’il y
allait avoir une place de facteur à
Ferlens, car le bureau de poste fermait.
J’ai postulé et j’ai été pris. C’est vrai
qu’en tant qu’artiste, avoir un revenu
fixe c’était quelque chose d’intéressant.
J’ai tout de suite été séduit. Avec la tournée, je retrouvais l’espace de rencontres que j’avais connu dans mes
voyages. Et j’ai appris à véritablement
découvrir mon village. Je connais tout
le monde, les gens me racontent leur
histoire. En quelques années, j’ai eu
l’impression d’appartenir aux toutes
vieilles familles de Ferlens!
Quel a été l’impact de cette nouvelle
occupation sur votre travail d’artiste?
Ça m’a énormément nourri. Je me lève
chaque matin à 5 h. Je peux voir les
levers du jour, le déroulement des saisons, regarder les oiseaux. J’ai redécouvert la nature. Et puis, il y a le contact
avec les gens, des bons moments à passer. En principe, ma tournée devrait
durer trois heures, mais en réalité j’en
compte deux de plus! Le côté négatif,
c’est que j’ai moins de temps pour la
peinture. Avant, je faisais une exposition par année. Maintenant, entre la
tournée et l’artisanat, c’est du 50-50.
Comment jugez-vous l’évolution de La
Poste aujourd’hui?
Le facteur a un statut public important
dans un village, surtout dans le milieu
rural. On sait que les personnes âgées
aiment bien cette rencontre quotidienne. Le facteur participe à la vie sociale
du village. Aujourd’hui, en supprimant
des postes, on perd de la solidarité. On
va de plus en plus vers l’anonymat, vers
la masse. La Poste était un réseau de travail et de rencontres unique et on le
sacrifie au nom de ce vilain mot qu’est
la «rentabilité».
Avant La Poste, la peinture. De quand
date cette passion?
A 20 ans, j’ai échappé au service militaire et je suis parti en voyage. En tout,
mon voyage a duré dix ans avec des
retours en Suisse pour renflouer les
caisses. Je suis parti en bateau en
Méditerranée, dans l’Atlantique Nord
et l’Atlantique Sud. J’ai aussi fait un
Sa technique est celle des fresques, où la chimie minérale opère
voyage d’Epalinges au Pakistan en
vélo! J’étais parti pour un tour du monde, mais j’ai dû rentrer pour des problèmes de santé. Pendant ces voyages,
à la place de prendre des photos, je faisais de l’aquarelle. C’est comme ça que
j’ai développé ma sensibilité artistique.
Qu’est-ce qu’on fait en rentrant de dix
années de voyage?
On se case! J’ai emménagé dans mon
tout premier appartement. J’avais la
télé, un chien, je me suis inscrit au
chœur mixte du village et je me suis
marié! Les copains n’en revenaient pas.
Je passais de ma réputation de baroudeur à celle du mec rangé. Pendant dix
ans, je n’avais pas arrêté de bouger et
je crois que je voulais me fabriquer des
racines, être de quelque part.
Et au niveau professionnel?
J’ai développé mon intérêt pour différentes techniques picturales. Les
meubles peints, la peinture traditionnel
suisse, les fresques. Un moment clef a
été la rencontre avec le maître
d’apprentissage de mon frère. C’est un
luthier qui connaît énormément de
PR
choses, en particulier sur le plan des
techniques ancestrales. Mais il m’a surtout nourri au niveau spirituel. Il a une
approche très globale du travail d’artisan. Créer un objet, c’est aussi une
création spirituelle.
En quoi les techniques que vous utilisez sont différentes des techniques
modernes?
Je crois que c’est surtout cette attitude
par rapport à l’objet. Par mon travail,
j’essaye de redonner le goût de la tradition ancienne aux gens. Je fais par
exemple des étuis peints pour des violons. A l’époque, un étui c’était un
écrin, un objet d’art. Il y a aussi la
notion de durée qui m’intéresse. La
fresque est la seule technique où le pigment de la peinture n’est pas agglutiné
à un fixatif, comme l’huile où l’acrylique. Avec la fresque, une chimie
minérale s’opère entre le calcaire et la
peinture. Une fresque, c’est éternel!
Bon, je sais qu’avec cette vision je vais
à contre-courant. Je suis ni dans le
temps, ni dans le ton. Mais je crois que
ça en vaut la peine.
Propos recueillis par Florian Kissling
EXPOSITION MÉZIÈRES (VD)
L’autre visage de Barrense-Dias
Dès demain samedi, la galerie du
Jorat, à Mézières (VD), accueille les
peintures du célèbre guitariste brésilien, José Barrense-Dias. Musique et
peinture sont pour lui, et dans son
œuvre, intimement liées.
L’on connaît José Barrense-Dias, surnommé «o canhoto» par ses compatriotes brésiliens, le gaucher, qui signifie également «démon» dans le langage
populaire – le guitariste virtuose mondialement reconnu. Mais l’on connaît
moins José Barrense-Dias le peintre. Et
pourtant, d’aussi loin qu’il se souvienne, il peint. «Avant même de savoir
lire, je feuilletais le seul livre de la maison: un dictionnaire illustré.» Il n’en
fallait pas moins au petit garçon de
Bahia, bouleversé par la mort de sa
mère, pour aller chercher des émotions
vitales dans les mondes qu’il créait, où
peinture et musique étaient, et sont,
indissociables.
Si le peintre est moins connu que le guitariste, c’est que la musique, entre les
concerts, les tournées et l’enseignement,
a pris la place la plus importante de sa
vie, ne lui laissant ni le temps ni l’occasion d’exposer ses tableaux. Poussé par
un ami, étonné de tant d’œuvres restées
dans l’ombre, il les montre pour la première fois en 1993, à la galerie de
l’Estrée à Ropraz – José Barrense-Dias
vit en Suisse depuis 1969.
Lorsqu’on lui demande ses sources
d’inspiration, il répond naturellement
la musique. Elle est en effet visible par-
tout dans ses tableaux, de manière figurative ou imagée. Une fraction de partition dans celui-ci, le Requiem de
Mozart dans celui-là, évoqué dans les
coups de spatules sur l’acrylique.
«J’écoute toujours de la musique quand
je peins. Du classique, de la musique
brésilienne bien entendu, ou du jazz.
Ce sont les notes qui m’indiquent les
couleurs.»
Le monde né des eaux
La série exposée à la galerie du Jorat
est également inspirée d’un poème
indien, qui raconte l’histoire de la
création du monde. «Le poème dit que
la terre est née dans le ventre profond
des eaux. Le créateur en est sorti, puis
a créé les forêts, les oiseaux, etc. Et il
se termine par: “C’est ce jour-là que je
suis né“. Je l’ai mis en musique, et en
peinture.» Dans les tons bleus et verts,
de manière abstraite, tous les tableaux
de José Barrense-Dias représentent cette légende.
L’artiste se dit autodidacte dans l’esprit.
«J’ai essayé de prendre des cours, mais
ma prof de l’époque n’a pas su quoi
faire de moi!» Que faire en effet de
quelqu’un qui sort du lot? Qui ne suit
pas les directives et qui possède déjà
son style? Il devait peindre une nature
morte, un vase et des fleurs. Il s’est
alors rappelé Picasso, lorsqu’on a
demandé à ce dernier la façon de
peindre un pigeon. «Il faut lui tordre le
cou», avait-il répondu. Faisant sienne
Musique et peinture: indissociables dans l’œuvre artistique de José Barrense-Dias
cette réplique, José Barrense-Dias
reproduisit le vase doté d’un goulot torsadé. L’anecdote est significative du
personnage, et de son talent.
Il en va de même pour la musique. Lui
qui possède l’oreille des grands maîtres
a toutefois dû se résoudre à apprendre
un jour le solfège. Non par besoin,
mais «pour devenir comme les autres».
Membre d’un orchestre en représentation pour la première fois, le guitariste
commença à jouer sans ouvrir sa partition, connaissant d’oreille tout le répertoire. «Je me suis rendu compte de ma
différence quand mon voisin saxopho-
PR
niste me dit que je devais faire partie
de cet orchestre depuis bien longtemps, si je n’avais plus besoin de partition! Alors que c’était mon premier
jour!» José Barrense-Dias, à voir et à
entendre.
Priska Rauber
☛ SERVICE: Galerie du Jorat, Mézières
(VD), du 11 mars au 9 avril, du mercredi
au dimanche de 14 h à 18 h. Vernissage le
10 mars à 18 h. Concert de José BarrenseDias, le mercredi 15 mars à 20 h et le
dimanche 2 avril à 17 h. Infos et réservation au 079 247 32 10 ou 021 903 48 73
PUIDOUX ET LES THIOLEYRES
FUSION EN QUESTION
L’idée d’une fusion entre Puidoux et
Les Thioleyres est passé ce mois dans
sa phase de projet. Ce jeudi 16 mars, il
sera débattu et voté. Le Conseil communal de Puidoux et le Conseil général des Thioleyres se réuniront en
effet simultanément. Soit le projet
avance, soit tout s’arrête. Si les édiles
des deux communes semblent optimistes, certaines voix discordantes se
font entendre. Comme celle de PierreAndré Décastel, ancien municipal et
syndic, actuel président du Législatif
de Thioleyres, qui confiait dernièrement au 24H sa déception, bien que
n’étant pas opposé à la fusion. Il
regrette qu’aucun débat démocratique n’ait été mis en place avant la
présentation de l’intention de fusion.
«Le groupe (de travail) ne s’est pas
réuni depuis plus d’un an et n’a jamais
transmis de rapport. On ne peut donc
que se baser sur le préavis municipal
qui ne répond pas à toutes les questions que nous nous posions.» A noter
que l’instigatrice du projet est la
Municipalité des Thioleyres.
Mess.
CANTON DE VAUD
LOI FORESTIÈRE RÉVISÉE
En réponse au postulat et à l’interpellation des députés Jean-Yves Pidoux
et Aloïs Gavillet (député du district
d’Oron), le conseil d’Etat a annoncé
hier la préparation d’un document de
politique forestière et une prochaine
révision de la loi forestière. En accord
avec le Programme forestier suisse,
cette politique cantonale s’appuiera
sur des plans directeurs forestiers. A
l’avenir, la gestion des forêts sera plus
contrastée, avec une part des intérêts
publics dûment reconnus, dont les
coûts seront pris en charge par la
Confédération, les cantons et les
communes, et d’autre part les intérêts
des propriétaires forestiers qui seront
appelés à gérer leur patrimoine suivant le principe de rentabilité. comm.
CANTON DE VAUD
HAUSSE DE LA POPULATION
Les premiers résultats de la statistique annuelle de la population du
canton de Vaud ont enregistré une
augmentation de 6694 personnes en
2005. Cette augmentation correspond
à un taux de croissance de 1%.
Presque tous les districts ont vu leur
population en hausse pour l’année
2005, à l’exception du Pays-d’Enhaut
et de Moudon. Le plus fort taux de
croissance a été mesuré à Rolle suivi,
en deuxième position, par le district
de Nyon. Viennent ensuite Oron
(+ 1,8%) et Echallens. Le district de
Lausanne se situe en fin de liste. Ceci
est dû notamment au fait que la population de la ville est restée stable. A
noter encore qu’en Suisse, la population suisse a augmenté davantage
que la population étrangère. Plus
d’infos sur www.scris.vd.ch. comm.
SUISSE
SORTIE DU NOUVEAU CATALOGUE DE LA
PRESSE SUISSE
Le catalogue de la presse suisse 2006
– édition journaux – est actuellement
disponible. Dans ce manuel, on trouve
toutes les données de base essentielles pour la disposition d’annonces
destinées à la presse. Y figurent également tous les titres connus de
l’Association des sociétés suisses de
publicité (ASSP). Pour chaque titre,
différentes informations sont données: par exemple sur le tirage, la
parution, la surface utilisée ou encore
les différents tarifs appliqués en fonction d’une impression couleur ou
noir/blanc. Ce catalogue offre un
résumé pouvant être utilisé pour de
simples planifications budgétaires.
Commandes ou infos au 021 213 61 41
ou sur www.vsw-assp.ch.
comm.

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