L`électorat de François Bayrou
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L`électorat de François Bayrou
1 NOTE D’ANALYSE – mars 2012 NOTE D’ANALYSE DU DÉPARTEMENT OPINION CSA décrypte… Le vote en faveur de François Bayrou UN ÉLECTORAT ENCORE HÉSITANT MALGRÉ UNE REMONTÉE DES INTENTIONS DE VOTE Avec près de 7 millions d’électeurs représentant 18,5% des suffrages exprimés en 2007, le score de François Bayrou a été l’un des phénomènes les plus marquants de la dernière élection présidentielle. A cette époque, le candidat de la Nouvelle UDF était parvenu à rassembler autour de sa candidature une partie de l’électorat de centre-droit, réticent vis-à-vis de Nicolas Sarkozy, et des électeurs du centregauche, sceptiques vis-à-vis de Ségolène Royal. Cinq ans plus tard, où en est l’électorat de François Bayrou ? Ces derniers mois, les intentions de vote en faveur du président du MoDem ont sensiblement augmenté, passant de 7% en septembre 2011 à 15% fin janvier. Un scénario qui a fait resurgir l’hypothèse d’un « match à quatre » entre François Hollande, Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et François Bayrou. Pour autant, les intentions de vote en faveur du candidat du MoDem se caractérisent par de fortes variations, oscillant depuis janvier entre 11% et 15%, et 13% lors de notre dernier sondage « La Course 2012 ». Face à ces fortes évolutions, CSA s’est penché sur le comportement des électeurs de François Bayrou, qu’il s’agisse de ceux qui lui ont apporté leur voix en 2007 ou qui déclarent aujourd’hui avoir l’intention de voter pour lui le 22 avril prochain, avec un enjeu clé : les reports de voix. Vers qui se portera le choix de ses électeurs au second tour dans l’hypothèse où leur favori ne serait pas qualifié ? Intentions de vote en faveur de François Bayrou au 1er tour de l’élection présidentielle 2012 7 9 7 11 13 15 13 11 13 LE RETOUR PARTIEL ET HÉSITANT DES ÉLECTEURS DE 2007 Premier atout du candidat Bayrou : son image. Sa cote de popularité est en hausse régulière. Avec 58% d’images positives, il est actuellement en tête du classement CSA-Les Echos des personnalités politiques. Ce socle d’image est particulièrement bien ancré auprès de ses électeurs 2007 : 89% d’entre eux ont une très bonne image du président du MoDem. Cette progression s’accompagne d’une proximité partisane en hausse de 3 points entre novembre 2011 et janvier 2012 (7%). Si l’on est encore loin des niveaux de 2007 (12%), ce rebond témoigne d’un regain d’intérêt pour le candidat centriste et pour son parti, le MoDem. Enfin, sa campagne est jugée plutôt favorablement par les Français (5,1 en moyenne), le classant en troisième position derrière François Hollande (5,9) et Nicolas Sarkozy (5,51). Contact presse - Hélène TABOURY 01 44 94 34 02 • [email protected] 2 NOTE D’ANALYSE – mars 2012 Depuis son refus de donner une consigne de vote lors de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2007, entraînant ainsi la création du MoDem et le départ de la plupart des parlementaires centristes, François Bayrou cherche à incarner un centre indépendant du clivage traditionnel gauche/droite. En parallèle, la disparition de la Nouvelle UDF a entraîné un émiettement au centre, qui s’est traduit par l’émergence de nouvelles personnalités pas nécessairement issues du centrisme et tentées de conquérir cet électorat. Il en va ainsi de Jean-Louis Borloo, d’Hervé Morin, de Christine Boutin, mais aussi de Corinne Lepage et Dominique de Villepin. Aujourd’hui, seuls ces deux derniers sont encore candidats à la présidentielle. Face à ce nouveau paysage politique, François Bayrou doit donc réussir à fédérer autour de son nom l’électorat centriste. Un pari qu’il semble en passe de réussir puisque depuis septembre 2011, la montée des intentions de vote en sa faveur semble concomitante à la baisse des autres candidats centraux ou centristes. Alors que ces derniers totalisaient 10,5% des intentions de vote en septembre, ils ne représentent aujourd’hui plus que 2%. Dans le même temps, François Bayrou a entamé sa remontée dans les sondages, gagnant 2 points suite au retrait de Jean-Louis Borloo en octobre, puis en décembre lors de sa déclaration de candidature. En dépit de quelques variations, il apparaît donc comme le principal bénéficiaire de l’érosion des candidatures centrales. Cette réduction de l’émiettement au centre se confirme à travers l’évolution des intentions de vote de son électorat de 2007, dont il parvient désormais à reconstituer une large partie. Alors que ses anciens électeurs le boudaient majoritairement en septembre, lui préférant entre autres François Hollande, ils étaient 64% fin janvier à avoir l’intention de voter pour lui. Il se rapproche ainsi des niveaux de Nicolas Sarkozy et de François Hollande qui, depuis septembre, rassemblent chacun environ les deux tiers de leur électorat 2007. Part des électeurs de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou de 2007 qui comptent revoter pour le candidat du même camp au 1er tour de 2012 79 74 74 76 74 74 73 74 66 72 66 60 22 sept-11 39 oct-11 66 41 nov-11 67 63 63 48 46 déc-11 janv-12 François Hollande (Ségolène Royal) 65 64 65 57 57 45 Fin Janv 2012 févr-12 Nicolas Sarkozy Fin févr 2012 mars-12 François Bayrou Contact presse - Hélène TABOURY 01 44 94 34 02 • [email protected] 3 NOTE D’ANALYSE – mars 2012 Cette reconquête de l’électorat de 2007 se fait sur deux fronts. D’une part, dispersé parmi les candidatures centrales en septembre, l’électorat centriste se reporte désormais sur François Bayrou : début mars, seuls 2% d’entre eux continuent de soutenir d’autres candidats centraux. Et d’autre part, parallèlement à cette reconstitution d’un socle de centre-droit, une partie de cet électorat qui envisageait jusque-là de voter Hollande, semble être revenue sur ce choix : de 39% en octobre à 16% en février. A l’inverse, sur sa droite, Nicolas Sarkozy apparaît moins menaçant, ne parvenant à attirer qu’entre 5 et 15% des électeurs centristes de 2007, selon les vagues d’enquête. La progression de François Bayrou s’est donc faite dans une certaine continuité par rapport à 2007, regagnant des points auprès de l’électorat centriste qui jusque-là était tenté soit par un candidat central, soit par le candidat socialiste. Mais si François Hollande a subi une nette érosion des soutiens des anciens électeurs de François Bayrou, celle-ci s’est arrêtée puis inversée. Ils sont aujourd’hui 25% à préférer le candidat socialiste, soit une hausse de 9 points depuis fin février. C’est là le signe d’une forte hésitation de l’électorat centriste de 2007 : ils ne sont que 57% à envisager de voter pour François Bayrou au premier tour de l’élection présidentielle. Intentions de vote au 1er tour de 2012 des électeurs de François Bayrou de 2007 64 48 41 39 15 sept-11 39 7 24 32 10 5 21 16 nov-11 déc-11 François Hollande 16 22 25 8 8 oct-11 57 45 31 22 57 46 janv-12 Fin janv 2012 Nicolas Sarkozy UN ÉLECTORAT PLUS PROCHE DE FRANÇOIS HOLLANDE Si l’électorat de François Bayrou avait connu de fortes transformations en 2007, attirant entre autres davantage de jeunes, sa structure actuelle semble se rapprocher de l’électorat traditionnel centriste, plus âgé et surtout plus éduqué que le corps électoral. Il fait face aujourd’hui à une forte déperdition de ses électeurs les plus jeunes (-14 chez les 18-24 ans et -11 chez les 25-34 ans). À l’inverse, la part des 50-64 ans et des plus de 65 ans diminuent à peine (-2 et -1). Dès lors, la sociologie de son électorat 10 10 févr-12 Fin févr 2012 9 mars-12 François Bayrou potentiel pour 2012 connaît de fortes mutations : alors que les moins de 34 ans représentaient 39% en 2007, ils ne pèsent plus que 21% de son électorat. Le poids des plus âgés et des retraités augmente en revanche sensiblement : +7, 22% pour les plus de 65 ans et +8, 28% pour les retraités. Autre progression remarquable, celle des cadres (+ 10 points), ce qui accentue la part des catégories favorisées au sein de son électorat potentiel. Assez logiquement, le poids des plus diplômés est également plus important (+10) et devient supérieur de 10 points à ce qu’ils représentent dans l’ensemble du corps électoral. Contact presse - Hélène TABOURY 01 44 94 34 02 • [email protected] 4 NOTE D’ANALYSE – mars 2012 Outre cette recomposition de l’électorat de François Bayrou, ses préférences politiques ont elles aussi évolué. Depuis novembre 2011, son électorat de 2007 semble plus fortement marqué par un rejet de Nicolas Sarkozy: une nette majorité des électeurs de François Bayrou en 2007 déclarent en effet compter voter pour François Hollande (62%) dans l’hypothèse d’un second tour face au président sortant, et ce de manière plutôt stable depuis octobre dernier. En 2007 pourtant, l’électorat de François Bayrou s’était divisé de manière sensiblement égale entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Selon le sondage sorti des urnes de l’institut CSA, réalisé le 22 avril 2007 à la sortie des bureaux de vote auprès d’un échantillon national représentatif de 5009 personnes, une majorité relative (47%) avait voté Nicolas Sarkozy, contre 45% pour Ségolène Royal. Seuls 8% enfin s’étaient abstenus. Quant à son électorat potentiel pour 2012, entre un cinquième et un tiers se porteraient sur le président sortant, tandis que François Hollande remporterait environ la moitié des voix. Mais la dernière édition de notre sondage « La Course 2012 » indique peutêtre l’amorce d’une modification de leurs préférences, sans que cela ne profite pour autant pleinement au chef de l’Etat. En effet, les intentions de vote des électeurs de François Bayrou en faveur de François Hollande (37%) enregistrent une baisse certaine au profit de l’abstention (31%), tandis que celles pour Nicolas Sarkozy augmentent légèrement (32%). Report des voix au 2e tour 2012 des électeurs de François Bayrou au 1er tour 2012 54 49 50 26 25 28 24 21 24 oct-11 nov-11 déc-11 51 46 35 19 30 janv-12 François Hollande Cette fragilité se perçoit également à travers les fortes variations de ses intentions de vote, baissant de 4 points en un mois en février pour remonter de 2 points en mars. 52 37 32 31 30 21 18 19 19 Fin janv 2012 févr-12 Nicolas Sarkozy En conclusion, si François Bayrou est parvenu à reconstituer une partie de son électorat de 2007 et a ainsi doublé les intentions de vote en sa faveur en l’espace de quelques mois, elles restent fragiles : seulement 46% de ses électeurs potentiels se déclarent sûrs de leur choix. Un chiffre bien inférieur à ceux de Nicolas Sarkozy (70%) et François Hollande (71%). 60 Fin févr 2012 mars-12 Abstention d’intentions de vote très élevés. Ce qui entraîne de fait une bipolarisation de la campagne et du débat politique. Mais signe encourageant pour François Bayrou, il n’est pas exclu que ses électeurs changent d’avis. En 2007, ils se sont décidés au dernier moment : seuls 15% disent « avoir toujours su pour qui ils voteraient », alors qu’ils étaient 44% pour Ségolène Royal et 53% pour Nicolas Sarkozy. Marek Kubista Chargé d’études au Département Opinion Enfin, sa candidature souffre d’une certaine dépendance vis-à-vis des deux favoris en tête des sondages. François Hollande et Nicolas Sarkozy demeurent à des niveaux Contact presse - Hélène TABOURY 01 44 94 34 02 • [email protected] 5 NOTE D’ANALYSE – mars 2012 Méthodologie. Les données d’enquête présentées dans ce document sont issues des sondages BFMTV/RMC/20 Minutes / CSC « La Course 2012 » réalisés par CSA entre septembre 2011 et février 2012, soit 9 enquêtes. Celles sur la popularité sont issues de l’Observatoire politique CSA/ Les Echos réalisé par CSA entre septembre 2011 et février 2012, soit 8 enquêtes mensuelles. Chaque enquête a été réalisée auprès d’un échantillon d’environ 1000 personnes interrogées par téléphone, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). Les données sur le vote au premier tour de l’élection présidentielle de 2007 sont issues de l’enquête post élection présidentielle réalisée par le CEVIPOF et le Ministère de l’Intérieur. Retrouvez sur www.csa.eu nos précédentes notes d’analyse Des primaires populaires ? Analyse de la participation à la primaire socialiste (nov. 2011) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2011/opi20111031-des-primaires-populaires.pdf Bilan 2011 de la popularité du Chef de l’Etat (décembre 2011) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2011/opi20111231-bilan-de-l-annee-2011-pour-nicolas-sarkozy.pdf Le vote des catégories populaires (janvier 2012) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2012/opi20120111-note-d-analyse-vote-des-categories-populaires.pdf Le vote d’extrême-gauche(janvier 2012) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2012/opi20120201-note-d-analyse-vote-de-l-extreme-gauche.pdf La WebCampagne 2012 (février 2012) http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2012/opi20120217-note-d-analyse-la-webcampagne-2012.pdf NOUS CONTACTER DIRECTION DE LA COMMUNICATION Hélène TABOURY 01 44 94 34 02 • [email protected] DÉPARTEMENT OPINION Jérôme SAINTE-MARIE, Directeur [email protected] Marek KUBISTA, Chargé d’Etudes [email protected] Contact presse - Hélène TABOURY 01 44 94 34 02 • [email protected]