Vic-le-Comte : moderniser l`outil de travail oui, mais pour quoi faire ?

Transcription

Vic-le-Comte : moderniser l`outil de travail oui, mais pour quoi faire ?
Bulletin n° 4 - 15 février 2013
Vic-le-Comte :
moderniser l’outil de travail oui,
mais pour quoi faire ?
La « stratégie pour la papeterie de Vic-le-Comte » a été présentée au CCE
du 11 décembre dernier. Pour rappel, la Banque de France envisage un
investissement lourd sur Vic-le-Comte, constitué d’une machine à papier
de 2,40 m de laize, d’un nouveau bâtiment pour l’abriter et d’une nouvelle coupeuse plus performante. Les capacités de production de ce nouvel outil impliqueraient la recherche de nouveaux débouchés pour amortir
l’investissement. La Banque envisage donc la création d’une filiale (filiale
« in house ») avec les banques d’Italie et d’Autriche pour augmenter son
volume annuel de commandes. Parallèlement, et dans l’optique d’une
« nécessaire » baisse des coûts, la filiale embaucherait directement ses
salariés, sous un nouveau statut et à des conditions salariales et d’emploi
« proches du marché ». La CGT a pris le temps d’analyser et d’évaluer la
crédibilité de cette stratégie. Deux conclusions ressortent à ce stade.
Première conclusion : la « stratégie » de la direction ne tient pas debout
Le choix d’investissement ne correspond pas aux besoins en production. Pourquoi acheter une machine capable de produire entre 6 000 et
8 000 tonnes de papier par an, alors que le plan de charge de
l’imprimerie est d’environ 3 000 tonnes ? Même si le prix d’achat de la
machine n’est pas fondamentalement différent entre une 2,40 m et
une 1,60 m, qu’en est-il du matériel aval, de l’entretien, des frais de
fonctionnement ?
Mais ce surdimensionnement de l’investissement pose d’autres questions. N’y a-t-il pas un autre projet derrière ce qui nous est présenté ?
Ne s’agit-il pas de se lancer dans une stratégie de conquête de marchés en zone euro et à l’extérieur pour constituer « un actif industriel
valorisable », comme l’écrit la DGFB dans le document remis au CCE
en décembre ? Ce serait la porte grande ouverte à une privatisation :
or, la direction nous jure aujourd’hui le contraire. Comment la croire ?
Le choix d’une « filiale in house » dans lequel certains agents seraient
membres du personnel de la Banque, et d’autres ne le seraient pas, où
trois régimes sociaux (titulaires Banque de France, contractuels
Banque de France, salariés de la filiale) cohabiteraient sur les mêmes
postes de travail avec des droits à l’avancement, aux congés, à la retraite, aux prestations sociales différents, où le périmètre et les prérogatives des institutions représentatives du personnel (comité
d’établissement, délégués du personnel), ne seraient pas définis… Ce
serait ingérable pour l’entreprise, inacceptable pour le personnel et
ses représentants !
Syndicat national CGT de la Banque de France – 75-1647 – 35, rue Radziwill 75049 PARIS CEDEX 01
Téléphone : +33 1 42 92 30 44 – télécopie : +33 1 42 60 67 35 – [email protected]
Le choix d’un « pôle public européen » limité à une production de papier pour trois banques centrales nationales serait dérisoire et attenterait à l’idée même de « pôle public européen » !
Deuxième conclusion : il faut examiner d’autres solutions !
La CGT ne se contentera pas d’attendre les conclusions de la Banque. Elle
sera porteuse d’autres alternatives. Depuis longtemps, notre syndicat a
bâti sa propre vision de la Fabrication des Billets et des mesures à
prendre pour pérenniser les usines de Vic-le-Comte et Chamalières.
Oui, nous voulons investir pour mettre l’outil de production en état de
produire efficacement le papier nécessaire à l’impression des gammes actuelles et futures de l’euro. Oui, la BCE et les banques centrales de la
zone euro ont besoin d’un pôle fiduciaire public pour s’assurer une maîtrise de tous les stades de la conception et de la réalisation des billets.
Elles ne doivent pas se laisser dicter les caractéristiques des billets par
des groupes privés de moins en moins nombreux et de plus en plus puissants.
Mais cela nécessite beaucoup plus que le projet qui nous est présenté : le
conseil des gouverneurs de la BCE et les banques centrales nationales doivent définir une stratégie cohérente de coopération entre les opérateurs
publics (sept imprimeries et deux papeteries) pour réaliser efficacement
la part de la production euro qui revient au secteur public (un peu plus de
60 % du total aujourd’hui), comme il lui appartient de s’appuyer sur ces
fabricants publics dans la conception des billets, la création et le développement des signes de sécurité afin d’éviter les risques de monopole
liés à l’activisme du lobby privé, comme on peut le constater sur la nouvelle gamme euro. C’est cela notre vision du pôle public.
Dans le cadre d’une telle stratégie, la place de la papeterie pourrait être
durablement sécurisée, en maintenant son intégration avec l’imprimerie
de Chamalières qui est la condition de la viabilité économique de
l’ensemble. Les choix d’investissement devraient alors être proportionnés
aux besoins :
cela vaut pour la papeterie, où les choix techniques doivent découler du volume de production qui pourrait être sécurisé dans le
cadre d’une coopération avec les autres opérateurs publics, c’est à
dire investissement sur une machine à papier de 1,60 m de laize
qui, quoi qu’en disent nos dirigeants, serait un engagement financier plus faible que pour une 2,40 m. Ces choix techniques devraient faire l’objet d’une expertise en technologie dans le cadre
des prérogatives du comité d’établissement ou du CCE ;
cela vaut aussi pour l’imprimerie où l’installation d’une troisième
ligne feuille est indispensable pour faire face aux besoins prévisibles.
Cette vision du pôle public à l’échelle de tout l’Eurosystème au service
d’une maîtrise publique de la production des billets, qui permet des économies de dépenses matérielles pour pouvoir dépenser plus en formation
et en recherche-développement, ne nécessite pas de dégrader le statut
des salariés et de les sortir des banques centrales. Les agents du pôle public fiduciaire, y compris les nouveaux embauchés, pourraient parfaitement continuer d’être salariés de leur banque centrale nationale, la
Banque de France dans le cas de Vic-le-Comte. Plus qu’une revendication
de notre syndicat, il s’agit là d’une exigence incontournable.
La production de papier pour le compte de notre filiale, la BCE, et de
tous ses actionnaires les banques centrales nationales pourrait s’inscrire
dans un cadre juridique tout différent de la filialisation que la direction
présente aujourd’hui comme le cœur « incontournable » de son projet.
En un mot, il existe une alternative à la stratégie proposée.
Nous demandons à la direction de la prendre en compte
et de s’expliquer sur ses intentions !
Au cours des prochaines semaines, la CGT ira à la rencontre des salariés,
à Vic-le-Comte comme à Chamalières, afin de débattre
avec tous les agents, cadres et non-cadres, statutaires comme contractuels,
de nos propositions. Nous proposerons prochainement l’organisation
d’une grande journée au stade de Vic-le-Comte pour la sauvegarde
de la Papeterie de la Banque de France,
pour la pérennité de la DGFB au sein de l’entreprise.
Le bureau exécutif
Je veux agir efficacement
pour mon emploi, mon salaire,
mon statut, mes conditions de travail…
Je décide de me syndiquer à la CGT
Prénom : ..................... Nom .........................................
Succursale, direction, service : ....................................................................
................................................Code unité administrative : .........................
Adresse postale : .................... ....................................................................
Bulletin à retourner au syndicat CGT (75-1647), fax : 01 42 60 67 35, [email protected]