le méotien-pontien de la basse v allée du tage (rive droite), portugal

I -
LE MÉOTIEN-PONTIEN DE LA BASSE VALLÉE
DU TAGE (RIVE DROITE), PORTUGAL
ESSAI DE SYNTHESE BIOSTRATIGRAPHIQUE l*)
PAR
M. TeUes ANTUNES et G. ZBYSZEWSKI
RÉSUMÉ
1. Les auteurs ont cherché à déterminer les rapports stratigraphiques
entre les gisements de vertébrés actuellement connus dans le Miocene continental du Ribatejo, sur la rive droite du Tage (fig. 1). On a vérifié
l' incertitude de la provenance exacte des anciennes récoltes. Cependant iI
a été possible de grouper les gisements selon leur âge, d' apres leur position
stratigraphique.
2. Des lavages de sédiments ont donné de nombreux restes de petits
vertébrés, spécialement des rongeurs, provenant de gisements récemment
découverts (Póvoa de Santarém, Pero Filho, niveau inférieur de Azambujeira).
3. L'étude des mammiferes a permis de dater tous les gisements
importants, qui peuvent actuellement être rapportés au «Vindobonien»
(zone de La Grive), au «Vallésiem> (zone de Sabadell) et au «Pontien s.s.»
(zone de Temel).
4. Pour chaque gisement on donne une liste des mammiferes identifiés. Leur correspondance approximative avec les biozones caractérisées
en France et en Espagne est indiquée (Tableau I).
(* ) Communication présentée au V Cangres du Néogêne Méditerranéen
(Lyon-Bordeaux, 1971).
204
5. II est à noter que tous les gisements du Ribatejo, même le plus
inférieur (Póvoa de Santarém), sont plus modemes que l'Helvétien V-b
de la région de Lisbonne.
Addenda (1974) - La découverte de plusieurs gisements d'huitres
sur la bordure SE du bassin (rive gauche du Tage), évidemment en rapport
avec une même ingression majeure de la mer miocene, et la position des
gisements équivalents de la rive droite par rapport aux dépôts bien datés
de Póvoa de Santarém, font condure que tels gisements correspondent à
l'apogée du cyde C5 (cf. ANTuNES et ai.} C. R. Acad. Sei. Paris, t. 277,
26 Novembre 1973).
SUMMARY
1. Authors tried to recognize the stratigraphical relationships between
the hitherto known localities with vertebrate fossils from continental miocene
deposits in Ribatejo, on the right bank of the Tagus (fig. 1). They verified
the inaccuracy of the data about localisation of aneient colIections. Nevertheless it was possible to dassify in groups these localities according to its
relative age, on the basis of lithostratigraphical criteria.
2. Washing and sieving techniques have permitted the recovery of
many remains of little vertebrates (chiefly rodents) from some recently
discovered localities (Póvoa de Santarém, Pero Filho, lower leveIs of
Azambuj eira) .
3. The study of mammalian faunas alIowed us to date alI of the
more jJnportant localities. They correspond respectively to the «Vindobonian» (zone of La Grive), «ValIesiam> (zone of SabadelI), and «Pontian s.s.» (zone of TemeI).
4. For each locality a list of mammals is given, and the approximative correspondance with the mammalian biozones that have been characterized in France and Spain is also presented (see Tableau I).
4. For each locality a list of mammals is given, and the approximative correspondance with the mammalian biozones that have been
characterized in France and Spain is also presented (see Tabl:eau I).
5. AlI localities in Ribatejo, even the lowest (Póvoa de Santarém)
are more modem than the Helvetian V-b from the Lisbon region.
Addenda (1974) - Both (a) the finding of some new localities
yielding oysters near the southeastern border of the Tagus' basin (left
bank) dearly related with the sarne major ingression of miocene seas,
and (b) the position of equivalent localities on the right bank under the
welI-dated beds of Póvoa de Santarém, lead to the condusion that such
localities correspond indeed to the C5 cyde apogee (cf. ANTuNES et ai.}
C. R. Acad. Sei. Paris, t. 277, 26 Novembre 1973).
2°5
L'on connait, depuis les recherches de C. RIBEIRO vers 1870,
r'existence de vertébrés terrestres dans le Miocene continental de
la bass,e vallée du Tage (rive droite). Plus tard, un mémoire
resté dass~que fut publié par ROMAN & TORRES (1907), auquel
font suite quelques publications, notamment celle de E. FLEURY
(1922), d un essai de synthese ;publié 'en 1964 par 1'un d'entre
nous ~G. Z.) (1).
Cependall't, en 1957, l' autre signataire du présent travail
(M. T. A.) avait rencontré un nouveau gis'ement aupres d'Azambujeira, ce qui l' incita à reprendre l' étude des v,ertébrés du Miocene de la basse val1ée du Tage. Cette étude se poursuit actuellement; de ce fait, les résultats pl'ésentés ici ne peuvent pas être
considérés comme définitifs même si r on se base sur les éléments
acquis au cours des levés géologiques éxiécutés depuis 1961 et sur
ceux qui découlent de la découv,erte d' autres gisements.
Les corrélations sont souv:ent difficiles. En effet, les gisemell'ts présentent des diHérences de facies et sont épar.pillés sur
deux l'égions distinctes situées à plusieurs kilometres de distance
1'une de 1'autre, ceHe de Archino-Vila Nova da Rainha-Azambuja
et celle de Santal'ém, au NE de la précédente (fig. 1). Cest ainsi
que les équivalences n' ont pu être établies que dans leurs grandes
ligues, ce qui rend nécessaire des études lithostratigraphiques plus
détaiUées, seul point de départ valable pour des études complémentair,es en d'autres domúnes. L'étude des faunes 'est placée
dans ce contexte.
Etant donnée l' importance aequise par les rongeurs fossiles
en 'tant qu'indicareurs d'âge et de conditions écologiques, nous
avons larvé les sédiments en provenance d'endroits ou iI y avait
des indices favorables (fragments d'os, lignite, etc.) , par exemple
à Pero Bilho et Póvoa de' Santarém.
Vn autre point à noter, la datation proposée jadis pour les
diV'ers gisements se hemte à l'imprécision des vieiUes récoltes
quant au niveau de provenance des fossiles, ainsi qu' à des déterminations inexactes. En nous limitant aux gis'ements ayant livré
un mareriel significatif, soulignons que celui de Quinta do Mar(1) Communication présentée le 10 Septembre 1961 à la
du Comité du Néogene Méditerranéen (Sabadell-Madrid).
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I -AlIuvions
II - Terrasses
III -Mioc,
et Pliocéne
IV - Paléog.
V - Mesozoique
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Fig. 1- Gisements à vertébrés miocenes de Ribatejo (rive droite du Tage).
Région de Santarém: 1 - Pemes, 2 - Póvoa de Santarém, 3 - Foz do Rio Alviela,
4 - Casais da Aroeira, 5 - Quinta do Marmelal, 6 - Pero Filho, 7 - Azambujeira
supérieur (Carvalhal Novo), 8 - Azambujeira inférieur, 9 - Portas do Sol.
RétiOYl de Azambuja: 10- Aveiras de Cima, 11 - Archino, 12 - Aveiras de Baixo,
13-Casais da Formiga, H-Fonte do Pinheiro, 15-Paulino, 16- V, Nova da Rainha.
I '
2°7
melaI contient de l'Hppparion et 'qu'il est sans doute plus moderne
que ne le pensait FLEURY (1922), cet auteur l'ayant considéré
comme V,indobonien e),
Ceci empêchút les corrélations basées sur les mammiferes
avec les gisements assez riches mais pIus anciens (jusqu'à 1'Helvétien inférieur/moyen V-b) de la série surtout marine de Lisbonne, Nos recherches cnt été conduires dans l,e but de combler
un tel hiatus et r on a pu descendre ainsi dans la série pour
atteindre des niveaux vraiment «'vindoboniens» à Azambujeira
(niveau intérieur), Casais da Formiga et Póvoa de Santarém.
Nous pouvons r'econnaitre aujourd'hui que tous les gisements
importants connus précédemment seraient à rapporter au «Vallésien», sauf celui de Carvalhal de Cima (Azambujeira), leque!
avait é~é placé dans le Pontien supérieur (ZBYSZEWSKI, 1964).
Le but de notre communication est de présenter une synbhese de
données tres diverses dans l' ordre suivan t:
- Généralités sur le Miocene continental de -la région de
Santarém-Azambuj-eira et de la l'égion de Archino-Vila Nova da
Rainha-Azamouj a.
- Les gisements et les faunes (3) - corrélations;
- Conclusions généraLes.
GÉNÊRALlTÉS SUR LE MIOCENE CONTINENTAL
Sur la rive droite du Tage, les formations miocenes ont un
développement considérable. Une série inférieure est rapporrée au
Burdigalien et à 1'Helvétien, mais la da>tation est insuffisamment
documentée (4), bien que vers sa partie supérieure (Vila Nova
da Rainha, etc.) iI .y ai:t des assises argilo-sableuses à hultres
(2), En révisant le matérie1 provenant de Quinta do Marmelal, l'un de nous
(M. T. A.) a vérifié que la liste des especes recueillies était bien différente de
celle présentée par FLEURY, dont les déterminations seraient dues à H. G. STEHLIN
d'apres ce que FLEURY lui-même a dit autrefois à ZBYSZEWSKI.
(3) Micromarrimif'eres déterminés par M. P. MEIN, de l'Université de Lyon.
(4) Quant à cette série inférieure, iI faut moter que plusieurs sondages
profonds, réalisés par la «Companhia das Águas de Lisboa» en aval de Valada,
ont permis de définir 4 complexes lithologiques superposés, lesque1s ont 'été parallé-
208
(Gryphaea gryphoides, G. virleti). Celles-ci attestent la présence
d'·eaux saumâtres correspondant sans doute à rune des phases
transgressives de la mer miocene, mieux marquées dans la région
~e Lisbonne.
II n'est ,pas facile de présenter une synthes·e sattisfaisante de
la lithologie des assis'es suivantes, les variations latérales étant
considérables. D' une façon géuérale, les fades carbonatés (calcaires lacustres, souvent avec vestiges de Cyanophycées; calcaires
crayeux à Gharacées; calcaires gris à Gastéropodes; croutes calcaires, etc.) prédominent au N et NW de Santarém sous la forme
d' assises séparées par des couches détriti:ques (sédiments fins prédO'minants); au contraire, les facÍes carbonatés se réduis'ent au S
et SW de Santarém avec passage latéral à des assises de péliotes
présentant quelquefois des concr,étions calcaires.
Le niveau calcaire de Cartaxo-Almoster est le plus développé
dans cette région. II se prolonge au SW jusqu' à Vale do Paraíso,
pres d'Azambuja, oet représente un des reiperes fondamentaux du
complexe.
Les autres niveaux carbonatés de la région de Santarém
peuvent être raccordés avec des niveaux argüeux ou mameux,
tandis que les assises détritiques intermédiaires sem!blent correspondre plus ou moins aux niveaux saMeux grossiers de Vila
Nova da Rainha, etc.
LES GISEMENTS BT LES FAUNES - GORRELATIONS
Dans l'état actueI de nos connaissances lithostratigraphiques,
iI est possible de donuer la liste des gisements de mammiferes
lisés avec une partie des formations marines de la région de Lisbonne. Leur microfaune a été étudiée par J. MARTINS FERREIRA.
Le complexe le plus élevé, surtout sableux, a été considéré comme pouvant
appartenir à I'Helvétien et au Burdigalien supérieur. Le deuxi:eme complexe, surtout
argileux, a été mis en rapport avec le Burdigalien supérieur et moyen. Le troisi'eme,
formé de marnes avec éléments calcaires et quelques intercalations sableuses, a été
attribué au Burdigalien inférieur et à l' Aquitanien. Finalement le complexe inférieur
(sables, gres argileux et argiles brunes et rouges), attribué au Paléoglàne, repose
sur le Crétacé supérieur (ZlB:YSZEWSKI & VEIGA-FERREIRA, 1968).
TABLEAU I
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Mammiferes du Miocene continental de la basse Vallée du Tage (rive droite).
-I<
Note: Les divisions se rapportent aux 6 ensembles faunistiques successifs consi.
dérés dans le texte; les gisements de la région de Santarém sont soulignés,
BoI. da Soo. Geoz. de
Port,~gal,
Vol. XVIII, 197a
2°9
(cE. tableau
I, ou naus les plaçons ,par ordre chronologique),
le plus ancien étant celui de Póvoa de Santarém.
Pour le moment, nous distinguerons 6 ensembles faunistiques
successifs:
A-
Póvoa de Santarém
Ce gisement (5) riche en lignite, de facies stagnatile-palustre
à influences fluviatüe3, a donné de nombr'eux restes de végétaux
(des légumineus,es, des coniferes, etc., des Gharacées), des Gastéropodes dont de nomhreux Bithiniaet rares T heodoxus, des
Lamellibranches (Písidium, CongeYÍ'a, rares Unio), dents pharyngiennes de Cyprinidés (Leuciscus SIP·) , dents de reptiles non identifiés, plaques de chéloniens (T rion;yx et autres), et restes de
mammilferes typiques de la zone de La Grive Saint-Alban, à peine
plus aneiens que ceux du niv,eau dassique dudit gis,ement mais
plus modernes que ceux de Sansan et, à plus forte raison, que
ceux de l'Helvétien V-,b de Lisbonne (ANTUNES, 1969).
B-
Azambuj8ira (niveau inférieur)
Dépôts sabl'eux fddspathiques, plus ou moins grossiers et
argileux, avec de nom'breuses sphérules de limonite. Rares débris
de 'mollusques, fragments d'os fréquents 1'lus ou moins roulés.
Facies fluviatile.
La faune est tres pauvr'e en rongeurs, ce qui rend difficiles
les comparaisons avec Póvoa de Santar,ém. La position de ce
dernier gisement est toutefois nettement moins élevée.
La grande faune comprend comme éléments remar:qua:bles
rAnchitherium en association avec des ,especes presque omniprésentes comme le Suidé Conohyus símorrensís et un Bovidé cf. Protragocerus chanty,ei (T ragocerus amaf.theus des auteurs), mais sans
le moindre vestige d'Hípparion. Cette faune est nettement V01sine de ceUe, classique, de La Grive Saint-ALban, et certainement
ipl'é-vaHésienne.
(5) Ce gisement nous fut signalé par M. Valclemiro B. Pereira, géologue de
«Serviço de Fomento Mineiro».
210
Le gisement de Casais da Formiga semble être plus ou moins
cont,emporain (ANTUNES, VEIGA~FERRElRA & ZBYSZEWSKI, 1971).
C - Quinta do Marmelal, Pera Filho, Aveiras de Baixo, Aveiras de Cima, Vila Nova da Rainha (niveau supérieur),
Archino
Nous réunissons dans ce paragraphe plusieurs gis'ements dont
1'âge ,est pJus ou moins le même. Toutefois naus n'avons pu
étudier directement que ceux de Pera Filho, .&v·eiras de Cima
et Archino. Les autres ont été fouiUés depuis longtemps et les
données concernant les niveaux fossiliferes soM plutôt insuffisantes.
Tel est le cas de l' important gisement de Aveiras de Baixo,
dont la faune, étudiée Ipar ROMAN (1907), compr,end déjà de
1'Hipparion, ce que le maitre lyonnais n'ava1t pu reconnait1'e. II
a eu certainement des doutes sur la pwvenance des dents qui
apparaissaient associées avec des restes d' une faune à cacliet
archai'que (-à cette époque on savait trop peu de choses sur les
faunes «vallésiennes»). La présence d'Hipparion dans ces mêmes
niveaux est prouvée 'en outre par un certain nombre de. pieces
recueillies à Archino et A veiras de Cima.
Par contre, la seule dent coonue de LiJ1triodon spl.e:ndens,
figurée par ROMAN, provient d'une couche plll's basse représenree
par des argiles micacées verdâ,tr.es ou jaunâtres avec nombreus'es
spihérules de limoni,teet qui se suivent bien dans la régiori considérée (Archino, Vila Nova da Rainha, .A.veira:s, Cas'ais da Formiga, 'eIX:.) , comme iI est clairement indiqué dans la mupe de
Aveiras de Baixo donrrée par FONTANNES (1883) d'apres des éléments fournis par P. CHOFFAT. L' espece ,en cause ne fait pas
par.tie du même ensemble à Hipp'al1ion (tant que 1'on sache),
elle serait à inclure par contre dans la faune de Azambujeira
(niveau inférieur).
Dans la région de Sarrtarém-Aza:mbujdra, les gisements de
Pero Filho et de Quinta do Marmelal sont presque cQutemporains et iI doit en être de même par rapport aux aubres gise'ffi'ents
cités. Le 'Premier (Pero Filho) a livré de nombreux Unia ribeiroi,
2 II
queLques Pisidium, des oogones de Characées, dents de Cyprinidés, un peu de lignite ainsi qu'une association de queLques
mammiferes ·de grande taiUe (dont Dicef01·hinus et Conohyus)
avec peu d' es.peces de petits mammiferes. Les Cricetodontidés
abondent cependant. 11 s'agit d'un fades fluviatile, non stagnatile~palustre comme à Póvoa de Santarém.
Hippafion n'a pas été trouvé à Pero Filho, Ce qui n'est pas
étonnll'nt vu le trop petit nombre de restes de grands mammiferes.
Toutefois sa présence à Quinta do Marmelal est incontestable. Un
fémur luiappartient; cet os est bien distinct de son homologue
d'Anchitherium, corome nous (M. T. A.) 1'avons vérifié grâce
aux coUections du Muséum National d'Histoire NatureUe de Paris.
Ce sont des faunes caractérist1ques de la «zone de Sahadell»,
donc de type «vallésien», avec importance considémble d' éléments
sylvicoles (comme Dicerorhinus) ou hygrophiles en général.
D - Azambujeifa (niveau moyen)
En dehors du niv'eau inférieur de Azambujeira, que nous
avens cléj-à cité, iI fau,t mentionner, dans la même colline, ceux
de Carvalhal Novo fouillés par E. FLEURY. Malheureusement ce
dernier est mort sam avoir rien publiéet sans avoir laissé aucune
note sur ces gisements. Gependant, FLEURY avait dit à 1'un
d'entre nous (G. Z.) ,que les pieces recueillies provenaient de deux
lliveaux distincts, le Iplus important fut reconnu lors du creusement d'une mine d'eau et a livré de nombreuses dents d')lipparion,
des restes de T etralophodon, etc., tandis que le deuxieme niveau,
un peu plus bas, n' a livré que quelques dents.
En bit le lot de pieces conservées à l' «Instituto Superior
Técnico» ainsi qu'aux <~Serviços Geológi'COs de Portugal» perroet
aisément de distinguer deux groupes d' apres la patine et d'3Jpres
la gangue. La grande m3Jjorité présente un aspect plus ou moins
ferrugineux à sur.face corrodée, a'vec gll'ngue d' argile verte et
sable grossier à grains roulés (sédiment probablement fluviatile),
par contre queLques pieces sont blanches et inclues dans une gangue
beaucoupplus compacte avec peu d'argile et surtout de la calei,te
(souvent en petits cristaux), correspondll'nt à une sédimentation
la'CUs<~re probable. En outre, les deux loes correspondent sans doute
212
à des faunes tres diverses, voire incompatibles du point de vue
de f.écologie: d'une part 1'association à prédominance d'Hipp~ion,
gazelleset gira:6fidés, dont le cachet est ,plutôt propre à un milieu
de steppes ou de savanes (faune de type pikermien), d' autre part
un ensemble avecqudques pieces d'Hip'parion associées avec des
restes de mam'miferes hygrophiles corome Deinotherium (forestier),
Conohyus (peut-être forestier) et Steneofiber (semi-aquatique).
Tout porte donc à croire qu' on a affaire à deux niveaux distincts, le moins élevé (celui à especes hygrophiles) ne pouvant
corresfondrequ' au sommet des cak'aires de Almoster-Cartaxo.
C' est pour:quoi nous di'stinguerons cet assemblage comme Azambujeira (ni,veau moyen) malgré 1'insuffisan'ce des donnêes concernant la position exacte du gisement.
tA.vec ,queLques réserves, r association des mammiferes semble
devoir être rapportée à la «zone de Sabadell» et peut correspondre
encore au «:Vallésien», vraisemblahlement supérieur.
E ---< Azambujeira (niv'8au suPérieur)
Le caractere le plus remarquable du niveau principal de
Azambu}eira, te! qu'il se présentait à Carvavhal Novo, est 1'abondance d'Hipparion, dont le nombre de restes excede de tres loin
le total de tous les antres fossiles. II semlble bien que deux especes
de taiHe moyenne y :soient représentées mais les difficultés de
détermination nous conseiUent de ne pas aller plus loin.
La faune a un cachet «pikermiem>, bien que cer·tains élé.ments COffiirne Dicerorhin'us puissent convenir à des milieux de
forêt, ou alors ne sont-ils que des slif'viv'ances archaiques, comme
Cricetodon lusitanicus. Le renol1veHement de la faune est incontestable, iI est documenté notamment par l' arrivée de nonveaux
éléments dont un Machairodonte, nn autre rhinoceros, un petit
Bovidé dolichopodial (vraisemiblablement une gazdle), etc.
Dans l' état actueI des connaissances, cette faune semble devoir
être rapportée déjà à la «zone de Tieruel» et peut correspondre
au début du «Turolien» te! qu'il est défini dans le hassin de Cala,ta,yud-Teruel. Autr'e'ment dit, le «Pontien supérieur» des auteurs
débuterait, dans la région étudiée iei, bien plus haut qu'on ue le
pensait.
21
F-
3
Casais da Aroeira
te gis'ement en cause est le plus élevé de la série, il se place
juste en dessus du dernier banc de calcaires (6 eme assise: calcaire
'de Vila Nova da Babeca, d' apres la carte géologique). Deux
dents de rhinoceros, brachyodontes et assez petites, doivent a.ppartenir à Dicerorhinus, mais c'est twp peu pour une discussion
aprofondie.
CONCLUSIONS GÉNERALES
Il 'est possi'ble maintenant de tire! de nouvelles conclusions
en fonction des données paléontologiques 'et stratigraphiques que
l'on vient de présenter.
La plus grande partie de la série miocene qui affleure
sur la rive droite du T age (etqui recouvre la série inférieure de
Ota et Arneiro) eH sam doule p'Ostérieure à I'Helvétien inférteur
lisbonnais.
Même un gisement de ,posHion basse comme celui de Póvoa
de Santarém a livré une faune caractéristique de la zone de La
Grive, bien plus moderne que les gisements à mammiferes de
1'Helvétien V-a de Lishonne (ANTUNES & MEIN, 1971) et même
de 1'Helvétien V-b (ni,veau un peu plus anci:en que le gis'ement de
Sansan et plus encore que le niveau classique de La Grive).
Ceci fait ressortir la nécessité de revoir les corrélations entre
la série miocene sur-tout continentale du R~batejo et la série surtout matine de Lisbonne.
Nous rappellerons ici que les couohes à huitres de Vila Nova
da Rainha ont d' abord été paraUélisées par COTTER (1904) avec
les assises finales du Tortonien VII-b de Lisbonne et plus tard
par ZBYSZEWSKI (1964, p. 107) avec l'Helvétien V-b.
Procédant à la révision du Miocene marin, ANTUNES (1971,
p. 52 et suiv.) a ,présenté une nouvelle interprétation des divers
cyeles sédimentaires, en apportant des rectifi'Cations dans le détail
de l' échelle stratigraphique de CoTTERet en indiquant la position
1-
214
réelle des divers maxima de régression. Or, les couehes à hUltres
de Vila Nova da Rainha eorrespondent sans doute à l'un des
maxlma de transgression (cE. f1g. 2); cependant l'examen du
Andares
Divisões, segundo
Cotter
Ciclos sedimentares (C)
e máximos de regressão (R)
(Acima de R 4 os limites são
menos exactos)
Tortoniano
---------- ?
?
VII- b
{
---.-------
VII- a
----------
w;/~
C6
VI- c
-- ---- ------ ?
VI- b
-------------
VI- a
Helveciano
-----------
C5
V-c
-----------
o/M,~~,W
r--=-<!3
C4
v-a
~-:~2~
----------V- a l C3
V- b
-- -----------
IV-b
-----------
IV-a
Burdigaliano
------------
2Z0R2@
C2
III
----------_.
II
-----------
Aquitaniano
{ -----------
~~X~
C1
Fig. 2 - Correspondance entre les divisions habituellement admises dans le
Miocene de Lisbonne et celles adoptées dans le texte (ANTUNES, 1971): étages,
divisions d'apres Cotter, cycles sédimentaires (C) et maxima de régression (R).
Au dessus de R4 les limites sont moins exactes.
sehéma, eompte-tenu de tout ce qui a été 'exposé, montre que le
cyele sédimentaire C5 ('qui eorrespond aux horizons marins V-cVI-a) semble être trop élevé (6). Ii pourrait done s'agir du cyele C4
(6)
Voir Addenda, apres la Bibliographie.
21
5
(Helvétien inf,érieur V-a3 ) ou bien, ce qui semble moins probable,
du cyde C3 (base de l'Hielvétien inférieur V-aI)'
b~en
2 ~ Les dépôts qui correspondent à la zo;ne de La Grive sont
dévelopPés depuis des niv;eaux aSSez bas, datés à Póvoa de
Santarém, jusqu' aux if'lus élevés (Casais da Formiga, Fonte do
Pinheiro) passant par des intermédiaires (Azambujeira, niveau
inférieur).
eélpaisseur de la série entre les couches à huitres et la limite
des .dépôts à HiPparion (Vila Nova da Rainha, Fonte do Pinheiro)
est de l'ordre de 30 à 35 m.
3 - La limite inférieure des premiers déPôts à Hipparion
(faunes «vallésimnes») est assez bien définie dam la région de
Santarém, elley est postérieure à la déposition des sables et argiles de Azambujeira (niveau inférieur) 'et antérieure à celle des
couches .de Quinta do Marmelal.
Ii en résulte que la limite en question peut être considérée
comme coincidant avec les calcaires de Pero Filho. La même limite
'est cependant moins évidente dans la région de ArGhino~Azambuja
faute de reperes lithologiques bien reconnaissab1es; toutefois elle
y est plus ou moins bien définie grâce à un certain nombre de
trouvailles d' Hipparion.
4 - On peut adm-ettre la correspondance avec la «z,one de
Sabadell» des couches c.omprisesentre les sables grossiers de Casais
da Formiga ,et ,les calcaires de Vale \do Pat"aíso (prolongement de
ceux de Cartaxo-Almoster). L'épaiss'eur 'est ici de l'ordre de 35 m.
Dans la région de Santarém, i! ,en est de même pour lesclQuches
comprisesentre ~es calcaires fie lPeno !Filho if:!t c,eux de Cartaxo-AlmoNer avec épaiss'eur variant entre 8 et 30 m.
5 - Les dépôts pouvant cOl'respondre à la «zone de T eruel»,
situés 4u dessus des calcaires de Vale do Paraís-o-Almoster-Cartaxo,
sont absents dans la région de Vila Nova da Rainha-Azam,bujaet
mal représentés à Santarém-Azambujeira, éliminés en partfe par
l'érosion.
Sur la butte de Casais da Aroeira, ou sont conservés les dépôts
les plus élevés, l'-épaisseur atteint 55 m. L'extension et l' impol"tance
de teIs dépôts du «Pontien supérieur» des auteurs sont done bien
plus réduites qu'il n'était permis de penser.
2T6
BIBLIOGRAPHIE
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I ~,
21
7
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de Portugal. 9'1 p.
ADDENDA (1974) (*)
Cette note (le texte d'une communication présentée au V Congres
du N éogene Méditerranéen, en 1971) n' ayant pas encore été publiée, nous
estimons qu' iI est utile de l' imprimer ici afin de la faire connaítre des
maintenant.
D'autre part, la découverte de nouveaux gisements d'huitres dans la
région de Lavre, sur la bordure SE du bassin du Tage, nous a conduit à
une nouvelle révision des faits au cours d'une tentative de corrélation entre
le Miocene des deux rives du fleuve. Nous avons pu ainsi nous rendre
compte que les gisements d'huitres sont tres localisés stratigraphiquement
(donc à peu pres contemporains) mais distribués sur une aire tres étendue,
quelquefois à plus de 80 km à l' intérieur par rapport aux dépôts marins
de Lisbonne, et sur les deux rives du Tage; parfois ils recouvrent directement le sode ancien. Ils sont évidemment en rapport avec une ingression majeure de la mer miocene, qui a donné lieu à la présence d'eaux
saumâtres dans les régions en cause.
Si I' on tient compte du fait que (1) le gisement de mammiferes
bien daté le plus bas que 1'on connait dans le Ribatejo, celui de Póvoa de
Santarém, est à peine un peu plus moderne que les huitres de Alcanhões
(gisement equivalent à ceux de la ,rive gauche), et que (2) d'autre part
iI est nettement plus récent que 1'Helvétien V-b de Lisbonne, iI faut
condure, malgré ce qui a été dit antérieurement, que les gisements à
huitres correspondent bien à 1'apogée de C5, soit à la portion inférieure de
1'Helvétien VI-a lisbonnais (cf. ANTuNES et ai., C. R. Acad. SC. Paris,
t. 277, p. 2313-2316, 26 Novembre 1973).
À l'heure actuelle nous ne voyons aucune autre possibilité s' accordant
simultanément avec la datation et avec l'existence d'un mouvement transgressif aussi important.
(*) Projecto de investigação LMG 1 do JAe (Estudos estratigráficos, cartográficos e paleontológicos de formações meso-cenozoicas portuguesas (Algarve e
orla ocidental».