IRAN VILLE DE BAM
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IRAN VILLE DE BAM
IRAN VILLE DE BAM MISSION D’EVALUATION SEISME DU 26 DECEMBRE 2003 Architectes de l’urgence Emergency Architects Siège : 9 rue Borromée , 75015 Paris Tél 00 33 1 56 58 67 27 Administration / Logistique : 15 rue Marc Sangnier, 80000 Amiens Tél : 00 33 3 22 80 00 60 [email protected] SOMMAIRE 1 - Données du Séisme à Bam .......................................................................... P. 3 2 - Rappel historique de la Citadelle de Bam ................................................ P. 3 & 4 3 – Mission d’évaluation 3) a - Déclenchement de la mission .......................................................... P. 5 3) b - Composition de l’équipe / Matériel d’intervention / Visa .............. P. 5 à 6 3) c - Objectifs de la mission ..................................................................... P. 6 3) d – Contacts à Téhéran P. 7 3) e - L’organisation professionnelle des Architectes Iraniens .............. P. 7 3) f - Déroulement du voyage ..................................................................... P. 7à 8 4 - Constat technique ................................................................................. P. 8 à 9 5 - Pertinence de notre intervention .......................................................... P. 9 6 - Rapport avec les autorités ..................................................................... P. 10 à 11 7 - Rapport avec les autres ONG ................................................................ P. 11 8 - Rapport avec les médias ........................................................................ P. 11 9 – Conclusions 9) a - L’objectif de la mission ..................................................................... P. 12 9) b - Qu’est il souhaitable d’envisager de suite à Bam ?....................... P.12 à 13 9) c - Reconstruction de la ville et de la Citadelle .................................... P. 13 9) d - Habitat d’urgence .............................................................................. P. 13 9) e - Position du gouvernement français par rapport à l’Islam ............. P. 13 9) f - Analogie de cette mission avec notre intervention lors de la catastrophe de Bab el Oued .................................................................. P. 13 9) g - Conditions d’intervention .................................................................. P. 14 9) h - Equipe d’intervention qui se tenait prête à partir ........................... P. 14 9) i – Matériel ............................................................................................... P. 14 à 15 9) j - Marquage « Emergency Architects » .............................................. P. 15 Annexes Annexes photographiques : Photos de la ville de Bam et des typologie de construction Annexe 2 : Programme d’Etude de la Reconstruction Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 2 1 - Données du Séisme à Bam Le 26 décembre 2003 à 5 h 30, un séisme de magnitude initialement annoncé à 6,3 puis réévalué par des sismologues Iraniens à 6,8 sur l’échelle de Richter, surprend les habitants de cette région dans leur sommeil. Le bilan se révèle très lourd : § Sur les 240 000 habitants de cette région : § 120 000 ont été affectés et environ 40 000 personnes décèderont. § Plus de 75 % des habitations ont été détruites et la région ressemble à un immense champ de ruines. La Citadelle de BAM, joyau du patrimoine de l’Iran, a également été complètement dévastée. 2 - Rappel historique de la Citadelle de Bam La citadelle historique de la ville de Bam, à environ 1 000 km au sud-est de Téhéran, est considérée comme une des merveilles du patrimoine culturel de l’Iran, étant la plus grande construction en pisé (mélange de terre argileuse et de paille) au monde. L’histoire de l’imposante citadelle d’Arg-e-Bam remonte à plus de 2000 ans. Cible de nombreux sièges et invasions, elle avait été détruite puis reconstruite à de nombreuses reprises, pour la dernière fois à l’époque safavide (XVIe -XVIIIe siècle). Longue de 300 mètres et large de 200 mètres, la citadelle, hérissée de créneaux et de tours d’angle, avait servi de décor au film Le Désert des Tartares (1976) de Valerio Zurlini, adapté du roman de Dino Buzzati, avec Jacques Perrin, Vittorio Gassman, Philippe Noiret, Jean-Louis Trintignant et Max von Sydow. La citadelle était située à l’intérieur de la cité historique de Bam, d’une superficie de 200 km², accolée à la ville nouvelle qui porte le même nom. Elle était le meilleur exemple des constructions urbaines de l’Iran pré-islamique. Oasis en plein désert du Dasht e-Kevir, la ville avait longtemps constitué une étape majeure sur la Route sud de la soie, avant de perdre ce statut avec le développement du transport mécanisé, au début du XXe siècle, puis de renaître avec l’arrivée de touristes ces dernières années. Un important programme de restauration avait d’ailleurs été récemment lancé et une partie de la vieille ville et de la citadelle avaient été restaurées. Dotée de 28 tours de guet, la citadelle était juchée sur un éperon rocheux haut de 60 mètres. Elle ressemblait à un château médiéval européen, mais contrairement aux Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 3 constructions d’Europe en pierre, elle était construite en pisé et en briques d’argile. La citadelle possédait deux grandes tours distantes d’environ 40 mètres, construites il y a environ cinq siècles. Elle comprenait deux bâtiments appelés « Chahar Fasl » (quatre saisons) et la « Maison des maîtres », réservés aux gouverneurs de l’époque. Elle était entourée de quatre murailles dans sa partie sud. La première muraille avait une hauteur de 18 mètres, destinée à protéger les habitants des brigands. Jusqu’à il y a 80 ans, ces deux bâtiments étaient occupés par les responsables locaux de l’armée et de la gendarmerie. Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 4 3 – Mission d’évaluation 3) a - Déclenchement de la mission Comme à chacune de leurs interventions, les Architectes de l’urgence se mobilisent dès l’annonce d’une catastrophe dans les médias. Ils entreprennent alors des recherches plus précises sur l’ampleur du désastre afin d’envisager l’organisation d’une première mission de repérage pour permettre ensuite, en fonction de l’évaluation faite sur place, la mise en place d’une mission d’assistance dans le cadre de la mise en sécurité des sinistrés. Ashmat Froz déclencha l’alerte dès 9 h 00 le 26 décembre 2003. L’Iran ayant fait appel à l’aide internationale, la 1ère démarche fut donc de proposer notre assistance à l’Iran par le biais des Ambassades (Ambassade d’Iran en France et Ambassade de France en Iran). Parallèlement, nous avons effectué une information au sein de notre réseau et appelé les architectes à se mobiliser afin de pouvoir organiser la 1ère équipe d’intervention. Toute l’organisation logistique s’est effectuée rapidement afin de permettre le départ de l’équipe dans les plus brefs délais. Grâce aux différents membres du réseau des Architectes de l’urgence, nous avons cherché à trouver un maximum de contacts sur place dans le but de faciliter l’organisation de la mission. 3) b - Composition de l’équipe / Matériel d’intervention / Visa Composition de l’Equipe : L’équipe de repérage envoyée sur BAM était composée de 3 membres de notre organisation de différentes nationalités : § Patrick COULOMBEL – Président des Architectes de l’urgence – France § Ashmat FROZ - Afghanistan § Alexandre MINEAU – Roumanie Matériel d’intervention : 1 Valise Immarsat M 4 1 téléphone satellite 3 radio HF (talkies walkies) 1 micro ordinateur 3 blousons Emergency Architects 1 téléphone portable Siemens 3 GPS : 1 etrex vista et 2 etrex legend Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 5 2 tentes 5 kg 1 dictaphone Obtention des Visas Les visas ont pu être obtenus rapidement au Consulat d’Iran à Paris grâce à M. Farzad. Cependant, les visas étaient délivrés pour un durée extrêmement courte (7 jours) ce qui limitait notre durée d’intervention puisque qu’il fallait déjà 2 jours pour nous rendre sur place. 3) c - Objectifs de la mission Juger les moyens nécessaires à mettre en œuvre dans une deuxième phase d’intervention pour : 1. Mettre en sécurité les structures ébranlées par le tremblement de terre et encore utilisables, 2. Mobiliser les compétences des architectes iraniens au côtés de la logistique, 3. Etablir un diagnostic architectural et technique de la Citadelle de Bam afin de rapidement mettre en œuvre les mesures de conservation appropriées, 4. Réapprendre à vivre aux populations sinistrées et choquées par ce qu’ils viennent de subir, 5. Débuter un partenariat professionnel avec les Architectes Iraniens. L’équipe envoyée sur place avait pour mission d’évaluer et de remplir les objectifs cidessus énoncés sachant que plusieurs facteurs pouvaient freiner le bon déroulement de la mission : • • • • Non autorisation des autorités locales pour notre intervention Manque de moyens Impossibilité de se rendre sur le site de Bam et d’y séjourner Difficulté de contacts avec les Architectes Iraniens Il y a donc, comme pour chaque mission d’urgence, une part d’improvisation qui est variable en fonction des contacts et des différents interlocuteurs que nous recontrons au fur et à mesure que nous avançons sur le territoire Iranien et tentons de nous inscrire dans le processus d’intervention mis en place par les autorités locales et des Nations Unies. Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 6 3) d – Contacts à Téhéran Un certain nombre de contacts ont pu être pris notamment avec l’Ecole d’Architecture de Téhéran et son Directeur, Dr Fallahi, qui nous a accueilli très chaleureusement et qui serait très favorable à la mise en place d’un partenariat entre les étudiants en Architecture Iraniens et Français ainsi que la mise en place dune collaboration avec l’organisation professionnelle des architectes français (CNOA). Cet échange pourrait être organisé à court terme. 3) e - L’organisation professionnelle des Architectes Iraniens Le Directeur de l’Ecole d’architecture de Téhéran nous a proposé de ne pas prendre contact de suite avec cette organisation et d’établir un partenariat préalable avec l’école de Téhéran nous expliquant que cela était peut être prématuré pour avoir ce rapport avec les institutions. Nous avons suivi ses conseils en insistant très fortement sur notre souhait d’établir un partenariat avec l’organisation professionnelle. 3) f - Déroulement du voyage Initialement, nous aurions du prendre un vol affrété spécialement par Iran Air, le samedi 27 décembre 2003, mais celui-ci fut annulé nous faisant perdre une journée. De plus, des problèmes de retard sur les vols que nous avons pris ensuite dès le dimanche 28 décembre, ont retardé l’arrivée sur Bam de 24 heures. Des Afghans que notre confrère Ashmat Froz connaissait à Kerman nous ont accueillis à notre arrivée sur Kerman lundi 29 décembre soir et nous ont aidé pour notre hébergement et l’organisation de notre départ pour Bam. Le fait d’avoir dans notre équipe un architecte Afghan qui parlait le persan nous a réellement aidé dans le déroulement de notre mission et cela a bien souligné l’importance de la langue dans les échanges lors de ce type de mission. Très peu de personnes s’exprimaient en anglais et nous avons rencontré très peu de personnes parlant le français. Il est absolument indispensable d’intégrer le fait que pour agir efficacement et rapidement, il est primordial de pouvoir communiquer avec tous et dans la langue du pays. Arrivée sur Bam après 3 heures de route de Kerman, nous n’avons pu que constater l’ampleur des dégâts. Bam est une oasis, qui se trouve au milieu du désert à quelques dizaines de Km des montagnes. Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 7 Bam est composé de beaucoup de végétation, de palmiers, cela devait être un endroit tout à fait agréable avant la catastrophe. Les 1ère visions que nous avons eu en entrant dans la ville, furent les engins de déblayement et l’exode de la population sinistrée, parallèlement à l’arrivée de matériel et de denrées en grande quantité pour les sinistrés. Nous avons pu constaté que l’organisation des services de secours semblait bonne. 4 – Constat technique La ville de Bam a été partiellement rasée : • • Effondrement des constructions dont une grande majorité étaient construites en terre dont la Citadelle, Très peu de possibilités d’accès pour aller rechercher des survivants avec les services de secours Nous avons identifié 4 systèmes de construction bien distincts : 1. Système de constructions en terre crue qui sont des ouvrages de maisons individuelles avec parfois un étage et des planchers intermédiaires. Habitat ancien et habitants peu fortunés. Ces constructions ont été détruites partiellement ou complètement. 2. Constructions en briques massonées avec peu de chaînage et des planchers à ossature d’acier et briques en voûtain. Ces constructions ont très mal supporté le séisme. Effondrements massifs de ce type de construction. 3. Constructions à ossature métallique type poteau poutre sans réelle prise en compte de la sismicité de la région dans les constructions. Pas de contreventement, pièces métalliques soudées et non boulonnées avec des dimensionnements faibles. 4. Constructions en béton type poteau poutre avec remplissage, (dimensionnées parfois correctement). Ces bâtiments étaient souvent de taille importante (mosquées, bâtiments administratifs). Les constructions en béton ont globalement bien tenu au séisme. Les parties de remplissage pour ces constructions ainsi que celle à ossature métallique ont néanmoins beaucoup souffert. Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 8 Il y a notamment eu beaucoup d’effondrements des murs de remplissage dans les réseaux poteaux poutres qui ont provoqué de nombreux morts et blessés. Il est important de noter que ce sont les constructions en terre, les plus nombreuses, qui ont le moins bien supporté le séisme et qui se sont totalement effondrées. Les murs, les plafonds faits de voûtains et briques très épais et très lourds, ont provoqué en tombant sur les populations, de nombreux morts, ne laissant pratiquement aucune chance aux habitants puisque les poches de survies ne pouvaient se constituer de part la composition des matériaux. En conséquence, si les personnes ne sont pas mortes immédiatement, elles sont mortes étouffées. 5 - Pertinence de notre intervention Il est fondamental que les architectes soient présents sur ce type de catastrophe de manière à pouvoir témoigner du constat technique et des conséquences sur les populations. Nos objectifs à terme : § essayer d’être partenaires des services de secours et partenaires de la reconstruction de même type dans des secteurs similaires (Iran, Irak, Afghanistan, Pays d’Afrique) qui construisent également en terre, § tenter d’éviter que cela se reproduise ailleurs. Notre intervention était de toute façon limitée car notre équipe était restreinte mais nous nous devions d’être sur place afin de pouvoir rendre compte auprès de la communauté internationale des architectes et leur faire bénéficier de notre expérience. Cette catastrophe bien que dramatique peut, par les leçons que nous pourrons en tirer, être un exemple à ne pas suivre pour éviter que cela puisse, un jour, se reproduire. C’est à nous, Architectes, qu’il incombe de faire en sorte que ces désastres ne se reproduisent pas sur des constructions en cours actuellement ou qui seront réalisées dans l’avenir. Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 9 6 - Rapport avec les autorités Ce rapport a été bon : • Accueil très chaleureux au Consulat d’Iran à Paris tout d’abord et sur place ensuite, y compris dans les villes que nous avons traversé et sur les lieux de la catastrophe à Bam. • Aucun contrôle sur nos bagages et aucun problème pour l’introduction de notre matériel d’intervention et de communication important (système satellite, Immarsat M4, système audio visuel ..), • Aucun problème aux passages aux frontières, toutes les facilités nous ont été accordées, Nous avons été accueillis très favorablement par le coordinateur des Nations Unies qui nous a de suite référencé. Il nous a évoqué un problème par rapport aux moyens à mettre en œuvre pour les systèmes de secours. En effet, au moment ou l‘Etat Iranien a demandé une aide internationale pour du sauvetage et du déblayement, il ne connaissait pas l’ampleur des dégâts et ne savait donc pas de ce dont il avait réellement besoin. Ce qui apparaît évident aujourd’hui, c’est qu’il aurait fallu beaucoup plus de chiens pour aller rechercher des survivants et par contre des tonnes de matériel envoyés n’ont même pas été déchargés des avions car ils n’avaient pas leur utilité (Outillages de désincarcération pour découper les aciers et les bétons, etc …). En effet, les personnes habitant dans les constructions de type aciers ou béton n’étaient pas aussi affectées que celles des constructions en terre et surtout , étant donné l’heure du séisme 5 h 30 du matin, il y avait peu de constructions de ce type (essentiellement bureaux ou mosquées) habitées. Le coordinateur des Nations Unies m’a indiqué qu’il était très intéressé par notre intervention pour éviter cette débauche d’énergie inutile qui désole les secouristes et les sinistrés et qui coûte cher à la communauté internationale mobilisée. Les Architectes de l’urgence pourraient aider dans l’estimation rapide des moyens à mettre en place pour éviter d’envoyer des aides non appropriées et permettre une action efficace avec des moyens adaptés. On a proposé d’intervenir dans le cadre de la mise en sécurité des personnes avec les Nations Unies bien que nous sachions, pour avoir effectuer une 1ère évaluation, Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 10 qu’il n’y avait pratiquement plus aucune construction debout et que nous n’avions donc malheureusement pas à intervenir dans ce contexte. 7 - Rapport avec les autres ONG Nous avons eu la chance de rencontrer sur place d’autres organisations humanitaires notamment françaises, dont Secouristes Sans Frontières, qui sont à la recherche d’architectes pour compléter leurs compétences et les aider à retrouver des survivants. Etant complémentaires, nous essayerons de conjuguer nos moyens afin d’agir ensembles pour le bien des populations sinistrées. Il y avait également sur place environ 70 intervenants différents (organisations non gouvernementales ou militaires) de pays différents dont 5 ONG françaises (MSF, MDM, TSF, Croix Rouge, SSF) sur ces 70 représentées, ce qui est tout a fait honorable en terme de mobilisation humaine et de compétences. Le France donne l’exemple. 8 - Rapport avec les médias Vu l’ampleur du séisme, il est évident que nous devions témoigner. La question primordiale qui revenait régulièrement était de savoir s’il était possible de reconstruire Bam ? En tant que Responsable de la mission, j’ai bien précisé qu’il était possible de reconstruire cette ville mais en respectant les risques encourus par les populations de la région. La reconstruction ne peut s’effectuer qu’en tenant compte des contraintes du site aussi bien naturelles que culturelles ou financières q’impliquent une reconstruction dans les normes anti-sismiques. Les problèmes majeurs dans la reconstruction de la ville et éventuellement de la Citadelle, seront directement liés aux moyens techniques et financiers qui pourront être mobilisés pour éviter que Bam soit à nouveau un jour anéantie. Médias nous ayant contacté : France 3, TF, France Inter, RFI, France Bleu Picardie, France Info, Europe 1, RTL, Journal du Dimanche, Figaro, Le Courrier Picard. Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 11 9 – Conclusions 9) a - L’objectif de la mission était le suivant : Juger les moyens nécessaires à mettre en œuvre dans une deuxième phase d’intervention et d’assistance aux populations sinistrées. Il n’a pas été envisageable d’envoyer une équipe opérationnelle d’intervention pour les raisons suivantes : § Les populations étaient soit décédées, soit en exode, § Les constructions étaient, pour la majorité, complètement détruites et il n’y a donc eu aucune possibilité d’intervention dans le cadre des mises en sécurité. Ce qui s’est passé a Bam a été d’une ampleur exceptionnelle, cette ville qui devait être vraiment magnifique, a été pratiquement rayée de la carte en quelques secondes. La grande majorité des constructions ont été détruites par le séisme et l’urgence n’était pas la mise en sécurité des bâtiments, mais bien évidemment la recherche de potentiels survivants sous les gravats. Le type de constructions, majoritairement effondrées, ne nécessitait pas d’assistance technique de notre part pour la recherche de survivants (constructions en terre). Nous nous devions d’envoyer une équipe pour évaluer la situation et envisager la mise en place d’une action dans le cadre de la mise en sécurité des personnes et du bâti mais notre équipe n’a pu que constater son impossibilité à intervenir dans ce contexte. Nous avons le devoir impératif de témoignage sur ce qui s’est produit, nous avons donc la responsabilité de communiquer sur l’effroyable désastre qui a frappé cette ville de Bam. La force de la nature nous démontre toujours notre impuissance devant les éléments naturels, nous devons intégrer cette donnée dans nos travaux. 9) b - Qu’est il souhaitable d’envisager de suite à Bam ? Après avoir effectué une rapide évaluation de l’état de la ville en général, nous pensons qu’il est indispensable d’établir une cartographie précise de la situation pour pouvoir comprendre ce qui s’est passé et se rendre compte de ce qui a résisté ou mieux résisté que le reste, d’en comprendre les raisons, de façon à utiliser ces informations pour des reconstructions à Bam ou dans d’autres pays exposés au même type de risque. Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 12 Il est tout a fait envisageable de mettre en place cette mission rapidement avec des partenaires Iraniens y compris des étudiants des Ecoles d’architecture et des architectes de tout pays concernés par ce type de problématique. Enfin, une démarche avec l’Iran à long terme sur le développement des relations internationales d’une part entre la France et l’Iran mais également avec la communauté des architectes internationaux que nous représentions et l’Iran, est à notre avis tout à fait souhaitable dans un avenir proche (Voir programme en annexe n° 3). 9) c - Reconstruction de la ville et de la Citadelle La reconstruction de la Citadelle est envisageable avec des moyens (voir photos en annexe). Le challenge que nous avons à relever est la construction d’habitations parasismiques en terre, tenant comptes des contraintes culturelles, sociales et financières liées au Pays. 9) d - Habitat d’urgence La Turquie et le Japon ont proposé des habitats d’urgence en nombre important afin de pouvoir reloger les populations sinistrées, nous ne sommes pas présents sur ce type d’habitat : il est important que nous nous positionnions rapidement sur ce type d’habitat. 9) e - Position du gouvernement français par rapport à l’Islam Nous avons senti une profonde réticence de la part des iraniens sur la loi relative au port du voile à l’école. L’incompréhension est entière sur la pertinence de porter des signes ostensibles religieux à l’école. L’argument qui a le plus souvent été évoqué est que la France, perçue comme une terre d’accueil et le pays des droits de l’homme, semblait changer d’image. 9) f - Analogie de cette mission avec notre intervention lors de la catastrophe de Bab el Oued Notre intervention en Algérie lors de la catastrophe de Bab el Oued en novembre 2001 s’était révélée inefficace en terme d’assistance technique sur le terrain cependant elle nous avait permis de lier des contacts très positifs qui nous ont, par la suite, facilité les démarches pour la mise en place d’autres actions et ont permis une efficacité et une rapidité d’intervention lors du dernier séisme en Algérie de mai 2003. Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 13 9) g - Conditions d’intervention L’hébergement sur place s’est effectué en autonomie dans nos propres tentes, aucune possibilité d’acheter de la nourriture sur place, seule l’eau était disponible. Les nuits froides imposent d’avoir un système de chauffage d’appoint. Par crainte d’épidémies, le port du masque était obligatoire par les autorités iraniennes à Bam. Pour toute intervention ultérieure, il est à prévoir une autonomie complète pour l’ensemble du groupe d’intervention. 9) h - Equipe d’intervention qui se tenait prête à partir AIT AMARA Malik – Algérie BAA Mhedi – Algérie BELLE Corinne – France BOUCHEMAL Abdelhamid – Algérie BRIERE Olivier – France CHAPON Nathalie – France DAS Bernard – France DOISON Alain – France DONAT Daniel – Martinique GARDIN Laetitia – France HALLIER Dominique – France LAMBERT Nathalie – France MICAMACHER Claude – France MOYAL Corine – Maroc OZLEAU Zubeyda – Turquie PEYREBONNE Nicolas – France RECORDON Alain – Suisse SILMANI Younes – Algérie TASDEMIR Seher – Turquie 9) i – Matériel Problèmes liés au matériel embarqué Micro-ordinateur trop lourd Batterie VHF non chargées Téléphone satellite non chargé Matériel à prévoir pour intervention ultérieure Panneaux solaires souples Eolienne Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 14 Malles pour matériel Tentes plus grandes Nourritures et kit de survie Ru balise pour sécuriser les joues dangereuses 9) j - Marquage « Emergency Architects » C’est un identifiant qui est compris de tous et qui doit absolument être conservé pour la suite de nos interventions. Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 15 ANNEXES Annexes photographiques : Photos de la ville de Bam et des typologie de construction Photos de la Citadelle Annexe 2 : Programme d’Etude de la Reconstruction Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 16 La Ville de Bam Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 17 La ville de Bam Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 18 La Citadelle Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 19 Architectes de l’Urgence Programme d’action pour BAM (Iran) 1 - Une première mission d’évaluation Dès le lendemain du séisme de BAM, une première mission d’évaluation a été effectuée sur place par 3 membres de l’Association pour apprécier la nécessité de l’intervention d’équipes de « mise en sécurité ». Malheureusement la nature des constructions et leur effondrement massif ont laissé peu de chance de survie à leurs habitants et la question des risques ultérieurs et de la protection des populations lors des répliques et au delà ne s’est que peu ou pas posé. L’aide que nous pouvons apporter concerne la reconstruction des habitations pour redonner un toit le plus rapidement possible aux rescapés. 2 - Une mission de reconstruction en Afghanistan Notre participation, au lendemain de la guerre et d’un séisme en Afghanistan, à un programme international de reconstruction de 5000 maisons en terre crues nous a donné une expérience qui sera d’une grande utilité dans cette nouvelle mission. Une première mission de diagnostic et d’analyse a permis de définir les besoins et les modes opératoires adaptés à cette situation. Pour l’essentiel, il n’a pas été nécessaire d’importer de nouvelles technologies constructives pour réhabiliter ou reconstruire para-sismique ; il a suffit de réactualiser des systèmes déjà existants sur les édifices ayant résisté aux secousses, en particulier par l’utilisation de renfort de bois là ou l’appareillage de brique de terre crue est défaillante (angles de murs, linteaux et pieds droits de baies, accroches de toitures-terrasses et acrotères). La seconde mission a consisté a accompagner l’auto-construction en fournissant la matière première absente du pays (le bois) et en organisant la formation et l’encadrement des intervenants afghans. 3 - Notre programme d’action pour BAM Notre court séjour et les conditions de travail au cœur d’un peuple consacré à secourir les survivants et à enterrer ses morts n’ont pas permis de systématiser nos observations et ne nous autorisent pas à formuler dès ce jour des préconisations pour la reconstruction. Toutefois nous émettons l’hypothèse qu’il est possible de proposer une action dans la continuité de notre expérience afghane. Il est des édifices qui ont mieux résisté. Il faut les analyser avant de proposer comme un expert universitaire vient de le faire au « Téléphone sonne » sur France Inter le 2 Janvier de Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 20 substituer les savoirs-bâtir traditionnel par des constructions en béton sous le seul prétexte qu’elles ménagent des poches de survie ou des structures légères en acier comme les japonais. Notre expérience algérienne pour le séisme de BOUMERDES ne rend pas convaincante cette argumentation ; et la construction moderne parasismique nécessite des études et des projets beaucoup plus élaborés et adaptés que ces simples propositions hâtives. Nous proposons donc de constituer une équipe d’analyse et de diagnostic composée d’architectes et d’experts rassemblés par les Architectes de l’urgence, de manière paritaire avec l’Université de TEHERAN. Pour un autre objet, plus culturel, « les maisons d’ISPAHAN », une collaboration entre l’Ecole d’Architecture de Paris-Belleville et son DESS « Villes, Architecture et Patrimoine. Maghreb et Proche-Orient » et le Département d’Architecture de l’Ecole des Beaux-Arts de l’Université de TEHERAN a produit des résultats remarquables. La citadelle de BAM et les quartiers intégrés aux murailles sans habitants ont souffert et devront faire l’objet d’actions de conservation ou de restitution. Pour ce qui concerne les habitations : § nous devons comprendre avec des géologues et des sismologues les conditions d’effondrement sous la palmeraie . § nous devons établir un état des destructions quartier par quartier , cartographier cet état. § nous devons établir un catalogue des types d’habitation (plans, coupes, élévations), identifier les pathologies liées au séisme (effondrement partiel ou total), décrire et relever les éléments d’architectures (fondations, murs, baies, voûtes, toitures terrasses, acrotères, menuiseries - portes et fenêtres…). § nous devons type par type, élément par élément faire des propositions dessinées et descriptives parasismiques de reconstruction partielle ou totale. § nous devons quantifier les besoins y compris en identifiant les insuffisances ou absence de ressources locales pour proposer dans le cadre d’une aide et d’une coopération internationale d’y remédier. § nous devons mettre en place des structures d’encadrement pour maîtriser cette aide et aboutir dans un court laps de temps à la reconstruction du secteur qui nous sera confié. 4 - Une logistique adaptée Pour être rapidement opérationnel, il faut pouvoir acheminer des véhicules de type 4x4, des tentes non mixtes pour le couchage, des tentes mixtes pour les réunions de travail et les repas avec chauffage / groupe électrogène. Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 21 Chaque véhicule doit disposer d’un groupe électrogène et d’un téléphone satellite. L’acheminement des véhicules peut être géré de manière autonome par rapport aux équipes. Chaque équipe doit être constituée d’un architecte et d’un étudiant français et d’un architecte et étudiant iranien. Il faut prévoir un véhicule d’experts et l’organisation nocturne séparée de la mixité. On doit concevoir cette action sous une forme de renouvellement par quinzaine des équipes, autant de fois qu’il sera nécessaire en fonction du territoire pris en charge. 5 - Un partenariat international Les Architectes de l’Urgence coordonnent les interventions des institutions et des experts, architectes, enseignants, Ingénieurs structure, laboratoire du CSTB, étudiants susceptibles de participer directement ou à distance à cette mission. Ce sont : - le Département d’Architecture de l’Ecole des Beaux-Arts de TEHERAN, - l’Ecole d’Architecture de PARIS -BELLEVILLE, - L’Ecole d’Architecture de Grenoble - Les Ateliers de l’Isle d’Abeau Architectes de l’urgence / Emergency Architects Mission d’évaluation à Bam – Séisme du 26/12/03 22