dossier pedagogique trois contes

Transcription

dossier pedagogique trois contes
Dossier pédagogique…………………………………
Spectacle Trois contes
Pour moi, il n’y a pas plusieurs arts mais un seul.
Musique, peinture ou littérature ne diffèrent qu’en tant que moyens d’expression.
Maurice Ravel
1
Sommaire
Introduction…………………………. p. 3
I/ Le spectacle Trois contes…………………………. p. 4
A.
B.
C.
Distribution …………………………. p. 4
Présentation du spectacle…………………………. p. 5
Les contes p. 5
La musique p. 5
Les images p. 6
La scène p. 6
Interview d’Emmanuelle Prager et Gérard Lecointe…………… p. 7
II/ Les Percussions Claviers de Lyon…………………………. p. 9
A.
B.
C.
D.
Présentation…………………………. p. 9
Un répertoire ouvert et éclectique…………………………. p. 9
Une démarche de transmission…………………………. p. 11
Les Instruments…………………………. p. 11
III/ Entrées et pistes pédagogiques…………………………. p. 15
A.
B.
C.
D.
E.
Les contes…………………………. p. 15
Au temps de Charles Perrault…………………………. p. 16
La musique de Trois contes…………………………. p. 16
Les images de Trois contes…………………………. p. 20
Liens transversaux…………………………. p. 21
Annexes………………………… p. 23
1.
2.
3.
4.
Assister à un spectacle……… p. 23
La pratique artistique : les ateliers proposés par les PCL…… p. 24
Discographie des PCL……… p. 26
Plages du disque associé au dossier pédagogique……… p. 27
2
Introduction
Trois contes propose une lecture originale de célèbres contes de Charles Perrault : Le Petit Chaperon
Rouge, La Belle au Bois Dormant et Le Petit Poucet.
Ce spectacle allie musique, texte et image.
Lus dans la langue originale de Perrault, ces contes sont illustrés par des images (création vidéo)
fortes, inventives, décalées, et par la musique de Ravel, jouée sur scène par les Percussions Claviers
de Lyon, groupe de cinq musiciens.
Trois contes se présente donc comme un spectacle complet où textes, images et musiques forment
un ensemble cohérent. (cf. I/B « Présentation du spectacle »)
Pour un public d’enfants, une préparation peut aider à la lecture de ce spectacle. Son rôle n’est
évidemment pas d’analyser ou de décrire par avance le spectacle, mais simplement de placer cette
venue au théâtre sous le signe de la disponibilité, de l’ouverture et de la curiosité. Cette préparation
doit cependant laisser le champ libre au plaisir de la découverte ; c’est pourquoi la forme que
prendra cette préparation nous paraît des plus importantes.
Pour notre part, nous animons des ateliers musicaux qui constituent une forme de préparation (cf.
Annexe 2). En lien avec les choix artistiques de Trois contes, nous privilégions durant ces ateliers une
approche d’ordre sensible et musical, en abordant notamment la créativité et l’écoute. Pour autant ce
n’est qu’une forme de préparation parmi d’autres, souvent complémentaire de celle que peuvent
proposer des enseignants en cadre scolaire. Un des objectifs de ce dossier est donc de vous
proposer des pistes dont vous pourrez vous servir pour élaborer la préparation qui correspondra le
mieux à vos élèves et à vous-mêmes.
Vous trouverez ci-dessous la présentation du spectacle (I) et des artistes (II), puis celle des
différentes ‘entrées’ possibles au spectacle Trois contes (III). Nous joignons aussi au dossier un
disque illustrant la partie musicale ; il contient des morceaux issus du spectacle et du répertoire des
PCL (cf. Annexe 4).
Tous ces éléments sont bien sûr à choisir, à panacher, organiser, développer en fonction des
aspirations du (des) enseignants, du profil et de l’âge des élèves, voire de l’intégration de Trois
contes dans un projet pédagogique plus large.
3
I. Le spectacle Trois contes
A/ Distribution ………………………………………………………………
Adaptation, mise en scène : Emmanuelle Prager
Proposition originale, direction musicale, transcription : Gérard Lecointe
Images : Louise Kelh
Lumières : Arnaud Perrat
Costumes : Louise Kelh et Marie Brodart
Régie générale, régie vidéo : Arnaud Perrat
Décors et accessoires : Louise Kelh et Guillaume Ponroy
Postproduction son et vidéo : Compagnie Lyonnaise de Cinéma
Interprètes
La lectrice (à l’écran) : Véronique Bettencourt
Les musiciens : Raphaël Aggery, Sylvie Aubelle, Gilles Dumoulin, Jérémy Daillet et Gérard Lecointe.
A l’écran
Le Petit Chaperon Rouge : Elisa Bremeersch
Le Loup : Renaud Golo
La Belle au Bois Dormant, nourrisson : Laure
Ponroy
La Belle au Bois Dormant, adolescente : Valentine
Bremeersch
La Reine : Solange Dulac
Le Roi : Fred Bremeersch
Le Prince : Guillaume Ponroy
Poucet : Tom Nermel
La Mère : Anita Regrey
Le Père : Christophe Legay
La Femme de l’Ogre : Emmanuelle Prager
L’Ogre : Gérard Lecointe
Charles Perrault : Renaud Golo
Durée : 65 minutes
Spectacle conseillé à partir de 7 ans.
4
B/ Présentation du spectacle……………………………………………….
Voici les textes rédigés par Emmanuelle Prager, Louise Kelh et Gérard Lecointe pour présenter le
spectacle qu’ils ont conçu.
Les contes
Qui a encore en tête que selon Charles Perrault Le Petit Chaperon Rouge est une histoire qui finit
mal ?
Les Contes de Perrault ont acquis avec le temps une notoriété immense et jamais démentie.
Pourtant, ce petit chef d’œuvre du classicisme qui compte parmi les livres les plus célèbres de la
littérature française a été l’objet malléable, au cours des siècles, d’innombrables variations,
remaniements et dérives.
Pour partie responsables de cette méprise, les éditions pour enfants qui ont dénaturé les Contes
d’un poète du grand siècle à force de réécrire, moraliser, édulcorer, transformer les textes originaux,
jusqu’à les fusionner parfois avec les versions des frères Grimm.
Nous voulons rendre à Perrault ce qui est à Perrault. Nous avons remonté le courant, refusé
d’amoindrir les contenus et de simplifier la langue.
Une adaptation, oui, mais fidèle au texte original, en faisant le pari que la sensibilité enfantine saura
recevoir cette œuvre avec jubilation ; a fortiori dans un tel contexte de créativité pour la scène.
Le Petit Chaperon Rouge, La Belle au Bois Dormant, Le Petit Poucet…
Vous entendrez Trois contes dans une langue vive, nerveuse, légère, piquante. Vous entendrez trois
récits enchanteurs et cruels.
La musique
Maurice Ravel s’est inspiré de Charles Perrault (La Belle au bois Dormant, Le Petit Poucet) pour
écrire Ma Mère l’Oye, cinq pièces enfantines pour piano à quatre mains. Et si plus de deux siècles
séparent ces créateurs, on retrouve dans leur œuvre respective la féerie et l'onirisme, l'élégance et le
raffinement, l'ironie tendre ou mordante, l'efficacité, le tranchant du propos.
Il est vrai que Ravel n’a pas composé pour la percussion, à l’époque l’instrumentarium des
Percussions Claviers de Lyon n’existait pas encore. Toutefois, la singularité de son écriture se prête,
par essence, aux possibilités sonores et orchestrales de tels instruments. Ravel transcrit volontiers
ses propres œuvres ; il se moque des affinités exclusives qui enchaînent telle pièce musicale à telle
forme d’expression.
Faire vivre ensemble musique et contes ? Les marier pour la scène ? La partition de Ma Mère l’Oye
ne pouvait à elle seule couvrir l’intégralité des récits. La trame musicale de Trois contes, qui porte et
accompagne les textes et les images, puise dans l'ensemble de l'œuvre du grand compositeur pour
en extraire les pages les plus imagées et les plus signifiantes : Valses nobles et sentimentales,
L’Enfant et les Sortilèges, Tombeau de Couperin, Pavane pour une infante défunte, Daphnis & Chloé,
Une barque sur l’océan, Fanfare pour l’Eventail de Jeanne, Gaspard de la nuit* …
* Avec l’autorisation des éditions UNIVERSAL MUSIC © REDFIELD BV & NORDICE BV (administered by DURAND). Avec
l’autorisation des éditions HEUGEL.
5
Les images
Le travail vidéo, inédit, confié à une artiste plasticienne, reprend l’idée d’illustration au sens de la
tradition éditoriale des contes. De tous temps les contes sont illustrés, contes littéraires compris. Le
très célèbre Gustave Doré, illustrateur de génie, est pour toujours associé au nom de Perrault.
L’artiste s’est amusée à reprendre quelques-uns de ses plans.
Mais au-delà, l’image s’anime, et contrairement aux illustrations qui ponctuent les histoires, les films
vidéo suivent la totalité des récits. On voit les personnages, en chair et en os, ce qui leur arrive.
Les affects, les temps forts, apparaissent sous forme de tableaux, tandis que les actions s’organisent
en séquences, qui s’étirent pour faire place à la musique.
Si c’est un cinéma, c’est un cinéma muet. Les voix des personnages proviennent d’une autre source,
invisible.
Chaque conte a sa lumière. Le Petit Chaperon Rouge baigne dans une surenchère de clarté incisive.
La Belle au Bois Dormant ouvre à la coloration festive, au rayonnement pour son or et ses jeux dans
l’étoffe. Le Petit Poucet appelle les indécisions de l’obscur, la brume et le ciselé de l’hiver.
La scène
Le caractère architectural des instruments est assumé : les matières, les couleurs, les lignes habillent
et organisent l’espace.
Sur le plateau les ocres et le noir dominent. L’explosion de la couleur est dévolue à la représentation
visuelle des contes, sur grand écran, en fond de scène.
Une lectrice, belle femme gracile, troublante et enjôleuse, apparaît grandeur nature à l’avant scène.
On la croirait là, auprès des musiciens, sa présence pourtant ne tient qu’à la magie d’un autre écran.
Elle incarne et livre le récit, actualise l’écriture de Perrault.
Les interprètes, musiciens virtuoses, prennent part à la dramaturgie ; ils sont les principaux acteurs
du lien entre les deux écrans, entre images et récit. Toujours impliqués dans le cours des
événements, tantôt spectateurs attentifs, tantôt témoins engagés, ils savent encore s’émanciper de
leur imposant clavier pour partager les temps forts et figurer les personnages des contes, telles de
vivantes répliques.
6
C / Interview d’Emmanuelle Prager et Gérard Lecointe………………………
* Comment avez-vous procédé pour choisir les pièces musicales de Trois contes ? N’était-il
pas difficile d’adapter aux percussions des pièces de Ravel écrites à l’origine pour le piano?
Gérard Lecointe : « La partition musicale de Trois contes trouve son origine dans Ma Mère
L'Oye de Maurice Ravel, cinq pièces enfantines pour piano à quatre mains inspirées par la féerie
des contes.
Une fois les contes adaptés et mis en images, j'ai réalisé une trame à partir de l’ensemble de
l'œuvre de Maurice Ravel, en choisissant chaque extrait en fonction du récit, de la situation et
des personnages. Ainsi j'ai créé des univers musicaux différents pour chaque histoire.
Le Petit Chaperon Rouge qui expose une enfant à un destin terrible commence avec le thème de
la Pavane pour une Infante Défunte. La suite des extraits choisis (Daphnis et Chloé, Une barque
sur l'océan) contribue à créer une étrangeté musicale, un sentiment de malaise, qui annonce une
fin tragique.
Avec la Belle au Bois Dormant, c'est le règne de la beauté, de l'élégance, de la sensualité, de la
féerie. J'ai donc construit l'accompagnement musical à partir d'œuvres qui contiennent ces
qualificatifs : les Valses Nobles et Sentimentales, Ma Mère l'Oye avec la Pavane de la Belle au
Bois Dormant, et le Tombeau de Couperin.
Quant au Petit Poucet, j'ai fait un lien avec L'Enfant et les Sortilèges. D'autres extraits de Daphnis
et Chloé viennent compléter l'accompagnement d'un conte ou l'action prédomine en regard des
deux précédents. Ainsi, chaque conte a son identité musicale, sa poésie et sa magie propres.
Après avoir réalisé ce travail, j'ai retranscris l’ensemble pour un quintette de percussions. C'est
un véritable travail d'orchestration car j'ai toujours essayé de retrouver, sinon les couleurs, du
moins les intentions du compositeur, pour retranscrire au mieux les phrasés, les inflexions, les
harmonies et les rythmes. Ravel écrivait la plupart de ses œuvres pour le piano, puis il les
orchestrait. Ainsi, il existe une version de Ma Mère L’Oye pour orchestre symphonique. Un travail
minutieux de recherche dans ses propres orchestrations m'a été nécessaire. En soit, c'est
difficile, mais passionnant. »
7
* Pourquoi avoir choisi ces contes ?
Emmanuelle Prager :
« Le Petit Poucet et La Belle au Bois Dormant sont deux des contes qui ont inspiré Maurice Ravel
pour écrire la partition de Ma Mère l'Oye ; connus de tous, ils sont construits sur des thématiques
puissantes et universelles. Charles Perrault, un auteur français du XVIIème siècle, a écrit une
version littéraire de ces récits issus de la tradition orale. Puis notre choix s'est porté sur Le Petit
Chaperon Rouge, du même auteur, afin de créer un équilibre et une diversité stimulante pour un
spectacle en trois parties.
Nous avons choisi d'être aussi fidèle que possible à la version originale des contes, version
littéraire souvent méconnue ou malmenée (contenus édulcorés, langue simplifiée).
Le Petit Chaperon Rouge met en scène la vulnérabilité d'une fillette qui découvre seule le monde.
Il y a l'éclat des lumières d'été, la beauté des paysages champêtres, la candeur, la grâce et la
gravité enfantine.
La féminité et le passage à l’adolescence sont au cœur de La Belle au Bois Dormant, avec le
risque et le désir de grandir, la nécessité de quitter ses parents. Les enjeux esthétiques
s'organisent autour du raffinement, de la distinction, de l'élégance.
Le Petit Poucet contient le ciselé de l'hiver, l'épaisseur des forêts obscures, la dureté d'une
vie de misère, la férocité des riches et des puissants (l'Ogre)... et pour finir le triomphe éclatant
d'un garçon méprisé, bafoué, le plus petit d'entre tous. Par son intelligence et par son courage il
obtient la reconnaissance des siens. »
* Quel est le rôle des musiciens dans le spectacle ?
« Sur scène, les musiciens ne se contentent pas d'interpréter l'œuvre musicale. Par leur attitude
corporelle et leur jeu ils interagissent constamment avec la narration et les images vidéo. Ce sont
eux qui parachèvent le lien entre la musique, les histoires et leur représentation en images. »
* Quelle est la réaction des enfants ? Est-il plus difficile de gagner l’attention des enfants que
celle des adultes ?
« Cette forme d'art vivant, d'alchimie entre plusieurs disciplines, constitue une totalité fascinante
pour les enfants comme pour les adultes. Le public connait a priori le contenu des histoires, mais
il est captivé par l'inventivité et la beauté des images, transporté par la puissance et la finesse
évocatrice de la musique.
Ainsi les enfants sont amenés à entendre des œuvres réputées difficiles, de grands classiques de
notre patrimoine dont ils ne sont pas familiers. Et l'attention ne faiblit pas, le public reste mobilisé
de bout en bout. »
8
II. Les Percussions Claviers de Lyon
A / Présentation………………………………………………………………
Cinq musiciens passionnés et exigeants relèvent depuis
1983 le défi de faire exister un ensemble toujours
innovant dédié aux claviers de la percussion, un
quintette unique qui développe un répertoire sans cesse
en évolution.
Associant marimbas, vibraphones et xylophones, et
toujours dans une volonté d’excellence et d’échange
avec le public, les musiciens, audacieux et virtuoses,
explorent et dépassent les genres, les formes et les techniques, s’approprient et recréent avec talent
les musiques de notre patrimoine, suscitent l’intérêt des compositeurs actuels, et proposent au final
un répertoire éclectique constitué de transcriptions reconnues et de créations.
Leur orchestre à cinq musiciens surprend et séduit les publics de Lyon à Shanghai avec ses rythmes
enlevés, ses mélodies toutes en nuances et construit l’histoire d’un spectacle définitivement inachevé
où se rencontrent Bach, Ravel, Bernstein et les créateurs de notre temps.
……………………………………………………………………………………………………………………….
Les interprètes - musiciens percussionnistes : Raphaël Aggery, Sylvie Aubelle, Jérémy Daillet, Gilles
Dumoulin et Gérard Lecointe.
Direction artistique - Gérard Lecointe
……………………………………………………………………………………………………………………….
B/ Un répertoire ouvert et éclectique…………………………………………
Composé aujourd’hui d’une centaine d’œuvres, le répertoire des PCL est sans cesse en évolution…
Chaque saison fait exister des créations, des spectacles et des transcriptions au gré des rencontres
et des projets avec les compositeurs, les artistes, les œuvres, à la recherche de liaisons entre les
imaginaires, les formes, les écritures, les époques...
L’Art de la transcription et la création contemporaine
En 1983, en créant les PCL, les jeunes musiciens du CNSM de Lyon venaient de proposer une
nouvelle formation avec un instrumentarium en plein devenir, mais dont les publics et les
compositeurs n’avaient pas encore une grande connaissance.
Les PCL ont donc souhaité très tôt travailler avec les créateurs d’aujourd’hui, écrire leur propre
musique et interpréter les œuvres du XXème siècle pour constituer un répertoire éclectique, inscrivant
de nouveaux horizons dans l’évolution artistique et culturelle de la percussion et de la musique de
chambre.
9
Garder la puissance, se délecter dans le factice et l'artificiel au point d'en faire une réalité plus vraie
que nature… sans hésiter à provoquer une virtuosité diabolique pour les percussionnistes…
En réhabilitant le procédé de la transcription, les PCL montrent que l'art de l'illusion a encore de
beaux jours devant lui… Depuis ses débuts, l’ensemble se prête à cet exercice de style où
l'instrumentation, au final, devient le vecteur innovant d'une pensée musicale pour un instant donné
Les transcriptions des PCL, pour la plupart réalisées par Gérard Lecointe, sont reconnues tant par le
public que les professionnels. On y retrouve aussi bien Bach que Debussy, Ravel, ou Bernstein.
Parallèlement c’est aussi les œuvres de compositeurs d’aujourd’hui tels que Denis Badault, Gavin
Bryars, Thierry Pécou, Thierry De Mey … qui se retrouvent sous leurs milliers de coups de baguettes.
Les spectacles musicaux
Grand mouvement artistique de la fin du XXème siècle, le spectacle musical est un espace où le
musicien s’épanouit en trouvant un investissement supplémentaire et novateur à son seul jeu
instrumental, renouvelé au contact de la matière d’autres disciplines artistiques.
Depuis les années 1990, les PCL proposent des spectacles
musicaux. Après Blok en 2004, ce sont aujourd’hui deux
nouveaux spectacles qui sont proposés au public, Les Folies
d’Offenbach et Trois contes.
Les Folies d’Offenbach
De nombreuses collaborations artistiques
Les PCL, oui, et même plus !
Ensemble inédit dans le monde de la musique, les PCL ne se limitent pas à un répertoire de
quintette, mais tissent depuis leur création des liens avec des orchestres, chœurs, solistes,
harmonies et autres ensembles, pour renouveler et élargir les programmes proposés.
Divers projets de collaboration ont ainsi été initiés par l’ensemble depuis plus de vingt-sept ans et
ont permis de proposer au public des spectacles de grande envergure.
Parmi les temps forts : plusieurs concerts avec l’Orchestre National de Lyon, la Maîtrise de l’Opéra
National de Lyon, les chorales ARCIS, un hommage à Reich avec le Chœur Synergy Vocals et
l’ENSEMBLE de Basse-Normandie, Mix avec Doudou N’Diaye Rose et les batteurs de Dakar, les
Eurockéennes de Belfort, le Grand Rex puis la salle Pleyel avec
Émilie Simon, deux belles tournées nationales des Folies
d’Offenbach avec les Solistes de Lyon - Bernard Tétu.
Version concert de West Side Story
avec les Solistes de Lyon - Bernard Tétu
10
C/ Une démarche de transmission…………………………………
Depuis la création de l’ensemble en 1983, les membres des Percussions Claviers de Lyon ont à cœur
de développer des actions pédagogiques et culturelles : des ateliers sont proposés dans les les
écoles, les collèges et lycées, sur le temps scolaire et extrascolaire ; des résidences sont organisées
dans des centres culturels et scènes régionales, avec des actions en direction de tous les publics ;
des master-classes et des ateliers d’improvisation sont proposés aux étudiants en percussion des
écoles de musiques et des conservatoires.
En tournée ou dans leur lieu de création situé à Lyon, l’Hameçon, les PCL transmettent leur passion
par l’accompagnement et la sensibilisation à leur musique mais aussi par le partage du processus
créatif.
D/ Les instruments……………………………………….
Les PCL jouent couramment une multitude
d’instruments
à
percussions,
mais
une
« formation PCL » s’est stabilisée au cours des
27 années d’existence du groupe et paraît
équilibrée dans le cadre du répertoire du
quintette. Elle comprend deux vibraphones
(claviers
jaune
doré
sur
la
photo), deux
marimbas (à droite et à gauche), un marimba
basse (au fond à droite), un xylophone (au fond
à gauche) et trois glockenspiels (petits claviers
argentés
au
fond)
–
tous
instruments
mélodiques.
Cet assemblage d’instruments est une base qui est adaptée en fonction de la musique jouée. Les
autres instruments à percussion dans toute leur diversité peuvent ainsi être ajoutés ou substitués, de
la timbale aux gongs en passant par les bendirs, maracas, batteries ou encore d’autres claviers de
percussion…
Nous ne présentons ici que les claviers, car la documentation sur la famille des instruments à
percussion est riche et facilement accessible. Ces claviers, joués avec deux ou quatre baguettes,
sont conçus de la même manière : des lames en bois ou en métal accordées et rangées
chromatiquement, sous lesquelles se placent des tubes résonateurs en rapport avec la note
correspondante.
11
Le Xylophone
Le xylophone est l’instrument le plus connu de la famille des claviers car il est utilisé par les
compositeurs européens depuis le XIXème. Camille Saint-Saëns l'employa pour la première fois dans
la Danse des fossiles du Carnaval des Animaux en 1874.
C'est cependant au cours des deux premières décennies du vingtième siècle que le xylophone eut
son heure de gloire, en partie grâce à son répertoire de ragtime, galops, charlestons... très populaires
à cette période (cf. disque Rags des PCL).
Le xylophone est un instrument véloce et brillant par son jeu et son timbre. Il se joue généralement
avec des baguettes à têtes dures en bois ou en plastique d'où sa sonorité caractéristique claquante
et aiguë. C'est d'ailleurs pour sa couleur et sa sonorité particulière qu'il a été très souvent employé
par les compositeurs du XXème siècle (Ravel, Stravinsky, Bartok, Prokofiev).
Dans Trois contes, le xylophone est souvent utilisé pour doubler la partie d’un marimba ou d’un
vibraphone et apporter la couleur particulière de son timbre, ou dans un rôle de soliste pour se
détacher des autres instruments.
A écouter sur le CD :
Laideronette (disque plage 1). Après l’introduction, le thème est donné par le xylophone, dont la sonorité est ici
assez douce (proche de celle d’un marimba).
Xylophonia (plage 8). Dans ce morceau les baguettes dures utilisées donnent au xylophone un son plus
caractéristique.
Le Marimba
Le marimba se présente comme le "grand frère" du xylophone : il
possède des lames en bois et des résonateurs analogues, mais sa
tessiture est plus grave.
Ce n'est qu'à la fin du XIXème siècle que le marimba commence à
être connu du public aux USA sous une forme alors répandue dans
toute l’Amérique centrale et utilisée pour la musique populaire.
On construit ensuite un marimba moderne, ressemblant à un
xylophone grave mais joué, comme les marimbas d'Amérique
Centrale, avec des baguettes à têtes douces. Dans les années vingt
à quarante, cet instrument séduit les américains et de nombreux
concerts d’ensembles de marimbas ont alors beaucoup de succès
(jusqu'à cent marimbas à la fois !).
Le marimba connaît depuis une trentaine d'années un essor extraordinaire dans le monde, grâce à
l'intérêt des compositeurs mais surtout grâce à l'évolution de la technique instrumentale sur cet
instrument (technique à quatre baguettes).
Le marimba moderne possède jusqu'à cinq octaves et le bois de ces lames est de padouk ou de
palissandre, les tubes résonateurs sont en métal.
12
Dans Trois contes, deux marimbas jouent souvent les parties principales. La partie aiguë de leur
tessiture peut être utilisée pour tenir un rôle mélodique particulièrement percussif, tandis que la partie
grave permet un jeu plus legato.
Le marimba basse est un instrument légèrement plus grave que les deux autres. En général joué
avec deux baguettes à têtes très douces, il remplit le rôle de basse. Trois timbales, adjointes à la
partie de marimba basse, sont jouées par la même musicienne.
A écouter sur le CD :
Petit Poucet (plage 2). L’introduction est jouée par deux marimbas, dont les lignes conjointes se prolongent
pendant toute la pièce.
Le Jardin Féerique (plage 3). La première partie du morceau est jouée par les deux marimbas et le marimba
basse. La continuité des sons est obtenue par le jeu en roulement, de manière analogue au roulement d’un
tambour.
Le Vibraphone
C'est l'instrument dont la conception est la plus moderne. II naquit en 1916 de l'initiative d'un
fabriquant de marimba qui voulait confectionner un clavier avec des lames en acier.
Aujourd’hui en alliage métallique, les lames sont jouées avec des
baguettes douces, d’une manière analogue au marimba mais le
son obtenu est bien plus long. C’est pourquoi l’instrument
possède une pédale qui, comme au piano, permet de stopper ou
de laisser résonner le son. Un vibrato est produit par la rotation
d’une série de disques placés entre la lame et le tube résonateur.
A partir des années 20, on connaîtra de grands vibraphonistes de
jazz tels que Lionel Hampton, Milt Jackson et surtout Gary Burton
dont la technique phénoménale a apporté aux claviers de
percussion de nouvelles possibilités musicales.
En France, le vibraphone s’est répandu plus tôt que le marimba (à
partir du milieu du XXème siècle) grâce à des compositeurs comme
Edgar Varèse ou Pierre Boulez.
Vibraphone (au second plan, glockenspiel et
xylophone)
Dans Trois contes, les vibraphones jouent des parties mélodiques ou harmoniques. Leur longue
résonance permet de jouer aisément des parties mélodiques, notamment dans le registre aigu.
L’un des musiciens jouant le vibraphone joue également divers instruments à percussion dont le
xylophone et le glockenspiel.
A écouter :
Petit Poucet (plage 2). Après l’introduction jouée par les marimbas, le thème est joué par le vibraphone.
The Little Shephard (plage 7). Le morceau commence par une phrase jouée au vibraphone seul.
13
Le Glockenspiel
Le Glockenspiel (jeu de clochettes) ou en français jeu de timbres vient directement du métallophone
d'Asie et de Polynésie. Ses lames métalliques l’apparentent au vibraphone, mais sa tessiture très
aiguë et sa sonorité brillante l’en distinguent nettement.
Employé pour la première fois par Mozart dans sa Flûte Enchantée, il est devenu essentiellement un
instrument d'orchestre utilisé ensuite par de nombreux compositeurs, rajoutant ainsi à l'orchestre
symphonique un timbre supplémentaire et une nouvelle couleur aiguë.
Dans Trois contes, le glockenspiel est souvent utilisé pour apporter une couleur brillante ou féerique
aux orchestrations. Il est joué sur le même poste qu’un marimba ou qu’un vibraphone.
A écouter sur le CD :
Le Jardin féerique (plage 4). La mélodie est jouée par le glockenspiel, rejoint puis remplacé par un vibraphone.
En savoir plus sur les instruments à percussion : Daphnis et Chloé de Maurice Ravel, édité par le
Scéren-CNDP
En savoir plus sur le groupe : http://www.lespcl.com
14
III. Entrées et pistes pédagogiques
Nous proposons dans cette partie des pistes éventuelles dans le cadre d’une préparation à Trois
contes. Vous y trouverez diverses suggestions à choisir, agrémenter et développer en fonction
notamment de l’âge des élèves.
A. Les contes……………………………………….
Les contes de Charles Perrault sont à la base du spectacle et la sortie des élèves au théâtre est une
bonne occasion d’aborder ces textes, qui comptent parmi les plus belles pages de notre patrimoine.
Ces œuvres sont au programme de français en sixième mais la préparation peut aussi favoriser un
travail en binôme français - musique ou français - histoire etc.
Cependant, si la préparation privilégie une approche picturale ou musicale par exemple, il n’est pas
absolument nécessaire que les élèves aient étudié les contes. Dans le spectacle, les contes sont
donnés en entier, de manière naturelle et compréhensible.
Si le texte ne pose en général pas de problème de compréhension aux élèves, une lecture en amont
peut leur permettre de se familiariser avec la langue de Perrault (choisir une édition en langue
originale – Garnier Flammarion), et d’être plus disponibles aux autres éléments du spectacle : images
et musiques. Cette approche peut s’accompagner d’un travail de lecture à haute voix ou d’un atelier
d’écriture qui rapprocheront les élèves de ces textes anciens.
Une analyse des personnages emblématiques des trois contes les aidera aussi à mieux appréhender
les partis-pris du spectacle : rapport de la Belle à la beauté et à l’adolescence, de Poucet à la famille,
au monde des adultes et à l’adversité etc.
Une étude en profondeur des contes demeure l’entrée la plus courante – et passionnante ! Elle
pourra mettre en valeur les particularités du style de Perrault - dont l’humour, présent dans le
spectacle - et tenter d’expliquer pourquoi ces histoires ont traversé trois siècles sans perdre leur
force. En ce sens, la lecture des morales dont Perrault ponctue chacun de ses contes nous parait
révélatrice.
Enfin, pour mieux comprendre la conception du spectacle, il est intéressant d’aborder l’histoire des
contes, depuis la première édition sous le nom du fils de Charles Perrault jusqu’aux films de Walt
Disney, en passant par les différentes versions plus ou moins censurées. Les choix artistiques du
spectacle tiennent compte de ce parcours et recontextualisent ces textes dans notre temps.
15
B. Au temps de Charles Perrault…………………………….
Une approche historique de la fin du XVIIème siècle peut permettre aux élèves de mieux saisir les
éléments des contes sur lesquels s’appuie Perrault pour enraciner le récit dans son époque, et ainsi
de les distinguer de ceux qui, au contraire, en font des histoires intemporelles. Dans le spectacle,
certains de ces éléments sont respectés fidèlement tandis que d’autres prennent une forme plus
moderne, questionnant les rapports entre l’assujettissement au temps présent et les comportements
universels. Cette problématique, inspirée par la forme du conte elle-même, sera abordée plus
facilement par les élèves s’ils ont en mémoire des repères historiques.
La pauvreté des parents de Poucet, qui les pousse à abandonner leurs enfants, est par exemple à
rapprocher de la famine des années 1693-94 qui s’abattit sur la France. Ces années traumatisantes,
liées à des conditions météorologiques catastrophiques et à de piètres productions agricoles, étaient
encore dans les esprits au moment de la parution des contes.
La condition des paysans, le système féodal, la monarchie et son rapport à la lignée sont également
très présents dans La Belle au Bois Dormant et Le Petit Poucet.
C/ La musique de Trois contes ……………………………………….
Maurice Ravel
Quel que soit l’âge des élèves, l’écoute et/ou l’analyse de la musique de Ravel peuvent être une
bonne préparation à Trois contes.
Dans le spectacle, les pièces qui suivent le déroulement de l’action sont issues d’œuvres de Ravel
très diverses. On trouvera donc facilement parmi celles-ci (cf § ci-dessous « Les Musiques de Trois
contes ») un parcours adapté à une introduction à cet univers musical si imagé et poétique.
Les pages de musique descriptive ouvriront par exemple l’imaginaire des élèves de la manière la plus
simple.
Pour susciter une attention soutenue au rôle de la musique dans le spectacle, on pourra aussi
creuser les notions d’orchestration (cf. § suivant), de caractère (en lien avec le texte), et mettre en
évidence différents choix d’interprétation pour une même pièce.
Il peut être intéressant d’aborder les formes musicales anciennes empruntées par Ravel (pavane,
rigaudon etc.) même si elles ont dans sa musique une importance variable. Simples sources
d’inspiration ou bases de ses compositions, on pourra observer la façon dont Ravel intègre tout ou
partie de ces éléments historiques.
16
La transcription
La transcription est l’adaptation d’une musique pour des instruments différents de ceux pour
lesquels elle a été conçue. Les PCL ont utilisé ce procédé depuis la création de l’ensemble, et joué
ainsi des œuvres de compositeurs comme Debussy, Stravinsky, Prokofiev… et Ravel.
Une transcription pour quintette de percussions se prêtait donc bien à l’œuvre de Ravel, et Gérard
Lecointe l’a entreprise bien avant la conception du spectacle :
« Ravel transcrit volontiers ses propres oeuvres ; il se moque des affinités exclusives qui enchaînent
telle pièce musicale à telle forme d’expression. Si l’émotion de Chopin est née pour le piano, Ravel
considère la musique en soi, indépendamment du registre instrumental qui la fait vivre. (…) Ainsi
j’étais confiant lorsque j’ai pris l’initiative, il y a plus de vingt ans, d’écrire moi-même une transcription
de Ma mère l’Oye pour notre ensemble de percussions claviers. J’étais captivé par la féerie et
l’onirisme de cette suite inspirée de contes pour enfants, et ce charme n’a jamais cessé d’opérer. »
Cette approche du procédé de transcription peut donner lieu à l’écoute de différentes versions d’une
même pièce. Les pièces de Ma Mère l’Oye, par exemple, ont été réalisées pour piano quatre mains et
pour orchestre par Ravel lui-même, puis pour percussions à claviers par Gérard Lecointe (cf. disque
plages 1 à 7).
Ces séances d’écoute peuvent aussi être l’occasion de reconnaissance de timbres, voire d’une étude
des procédés d’adaptation à travers des musiques d’autres compositeurs et d’autres époques.
On trouvera sur le dernier album Point Bak des PCL les trois Nocturnes de Debussy, écrits à l’origine
pour orchestre et chœur de femmes.
Les musiques de Trois contes
Voici les œuvres de Maurice Ravel, adaptées pour quintette de percussions, qui sont jouées ou
diffusées pendant le spectacle, en intégralité ou non :
Ouverture :
Fanfare pour l’Eventail de Jeanne
Le Petit Chaperon Rouge :
- Pavane pour une infante défunte,
- Ma Mère l’Oye (Laideronnette, Impératrice des Pagodes),
- Daphnis & Chloé (Danse guerrière),
- Une Barque sur l’océan
17
La Belle au Bois Dormant :
Valses nobles et sentimentales (n° 1, 2 & 3),
Tombeau de Couperin (Prélude),
Ma Mère l’Oye (Prélude, Danse du rouet, Pavane de la Belle au bois dormant et Jardin Féerique),
Daphnis & Chloé (Nocturne)
Le Petit Poucet :
L’Enfant et les Sortilèges (extraits),
Ma Mère l’Oye (Le petit Poucet),
Le Tombeau de Couperin (Menuet),
Daphnis & Chloé (Danse grotesque & Danse religieuse),
Gaspard de la nuit (Le Gibet),
Valses nobles et sentimentales (n°7)
Les instruments de Trois contes
Ce paragraphe complète celui qui présente les claviers des PCL (§ II.D.).
Dans Trois contes, la « formation PCL » décrite plus haut est étoffée. A ces instruments principaux
s’ajoutent d’autres instruments à percussions, pour des raisons de disposition pratique ou parce
qu’ils étaient présents dans les orchestrations de Ravel.
L’ensemble des instruments est repris dans la liste ci-dessous.
- 2 Vibraphones
- 2 Marimbas
- 1 Marimba basse
- 1 Xylophone
- 4 Glockenspiels
- 3 Timbales
- Grosse caisse symphonique
- Caisse Claire
- 2 Tambours de basque
- 2 Tambours
- Kounkouni
- Cymbales charleston
- 5 Cymbales
- Cymbale chinoise
- 2 Crotales
- 2 Triangles
- 4 Jazzoflutes
- 3 Tam-tams
18
On notera ainsi la présence de quatre glockenspiels répartis sur trois postes ; de cymbales charleston
remplaçant les cymbales frappées prévues par Ravel ; d’un kounkouni, instrument traditionnel
d’Afrique destiné à remplacer la timbale en Ré qu’utilise Ravel, et qui permet au musicien de jouer
tout en se déplaçant.
Eléments discographiques
* Œuvres de Maurice Ravel : Ma Mère l’Oye ; Valses Nobles et Sentimentales ; Le Tombeau de
Couperin ; Pavane pour une Infante Défunte.
Pierre Boulez
Orchestral Works (integral)
3CD
Sony Classical
* Daphnis & Chloé
Pierre Monteux et le London Symphony Orchestra
Decca
* Ma Mère l’Oye, version pour Piano quatre mains
A. & A. Kontarsky
Œuvres pour piano à quatre mains de Cl. Debussy & M. Ravel
Deutsche Grammophon, coll. Galleria
* Transcriptions de Ravel : Ma Mère l’Oye ; Valses Nobles et Sentimentales
Debussy – Ravel
Percussions Claviers de Lyon
BNL 112743
* Transcriptions et adaptation de Debussy : Nocturnes ; Après Masques
Point Bak
Percussions Claviers de Lyon
Eloquentia - Harmonia Mundi
19
D/ Les images de Trois contes…………………………………
L’image est en général le média auquel les enfants sont le plus attentifs pendant le spectacle. En
bord de scène, un mince écran vertical fait apparaître la conteuse, tandis qu’au lointain, un grand
écran illustre l’action et les personnages. Celui-ci propose des images tour à tour proches du cinéma
ou quasiment fixes lorsque l’attention du spectateur est appelée vers les musiciens ou vers la
conteuse.
On pourra aborder les images suivantes de Louise Kelh en sensibilisant les élèves à la composition
de toute image figurative : équilibre des masses, harmonie des couleurs, rapport entre les corps et
entre les regards, choix des matières etc.
NB : Nous vous conseillons de ne pas travailler sur ces reproductions mais de télécharger ces
images pour pouvoir les projeter en grand format 1.
Ces notions pourront également être abordées à propos de la scénographie incluant l’ensemble du
plateau : musiciens, formation instrumentale, écrans vidéo et images.
1
www.lespcl.com/load/troiscontes
20
Les images de Louise Kelh contiennent aussi des références à l’histoire de la peinture qu’il peut être
intéressant de signaler aux élèves. La préparation au spectacle pourra ainsi être l’occasion d’aborder
les toiles suivantes :
- La Vénus endormie, Giorgione (1477-1510) ;
- Saint Joseph charpentier, Georges de la Tour (1593-1652) ;
- Le Sacrifice d'Isaac, Le Caravage (1570-1610).
E/ Liens transversaux……………………………………….
Nous avons proposé ci-dessus des pistes pour chaque discipline, mais l’intérêt du spectacle réside
bien entendu dans la transversalité entre les arts, qui se rencontrent autour des textes de Perrault,
dialoguent, s’unissent pour donner à Trois contes toute sa singularité.
De nombreux liens texte/musique, texte/image, image/musique seront donc à mettre en valeur,
notamment en aval du spectacle.
La rencontre des trois disciplines dans un même spectacle peut par exemple aider les élèves à voir
sous un jour nouveau ces œuvres anciennes.
« [Au temps de Charles Perrault], on était dans la lassitude des œuvres solennelles, […] on trouvait un
charme infini dans des productions assez courtes pour ne paraître qu’un jeu d’esprit, assez
malicieuses pour amuser & entretenir le goût qui portait la France entière à se railler à mi-voix de la
21
gravité languissante du règne & des tristesses séniles de l’ordre social. Les contes c’était la jeunesse,
la gaieté, la bonne grâce… » 1
Cette fraîcheur, présente dans l’œuvre de Perrault et de Ravel, n’est pas toujours perceptible par des
enfants et des adolescents du XXIème siècle. La vivacité des musiques jouées, la modernité des
images du spectacle pourra modifier leur regard sur les contes.
La musique de Ravel en particulier, savante, symphonique, est souvent accueillie facilement par des
élèves qui disent ne pas apprécier habituellement la musique « classique ». Dans Trois contes,
l’interprétation de cette musique par des instruments peu connus, son association à des images de
facture contemporaine permettent aux enfants de la sortir de son contexte et de l’aborder d’une
manière différente.
Certains moments du spectacle mettent en valeur ces correspondances entre disciplines : caractère
d’une musique lié au choix des mouvements de caméra, humour du texte de Perrault qui trouve un
écho dans la fantaisie de certaines pièces de Ravel etc.
Le rapport au temps peut être abordé par cet angle transversal. En effet, toutes les composantes du
spectacle mêlent différentes temporalités : Ravel écrit en son temps de la musique « contemporaine »
en reprenant des formes de danses anciennes, Perrault donne le récit de Contes du temps passé
sous une forme novatrice, Louise Kelh propose un Prince charmant qui rejoint sa Princesse en
voiture, et les PCL jouent une musique du début du 20ème siècle sur des instruments très récents…
Pourtant ces éléments temporels prennent chacun leur place dans la trame narrative : ils semblent
justement se réunir pour servir des contes que l’on dit intemporels…
On se gardera de dégager un traitement systématique de ces liens temporels dans Trois contes, mais
il sera intéressant d’aborder la manière dont les éléments temporels sont au service du texte, de la
compréhension par un public d’aujourd’hui et de l’émotion que les artistes souhaitent lui transmettre.
Crédit photographiques :
Images de Trois contes : © Louise Kelh
Photographie du groupe, des instruments et de West Side Story : © Eric Bernath
Photographie des Folies d’Offenbach : © Ariane Mestre
1
P.J. Sthal, préface des Contes dans l’édition de Michel de l’Ormeraie.
22
ANNEXES
Annexe 1- Assister à un spectacle 1
Permettre l’accès des enfants à des spectacles vivants est une mission essentielle de l’école. Cela
est notamment réaffirmé dans les nouveaux programmes : « … les élèves bénéficient de rencontres
sensibles avec des œuvres qu’ils sont en mesure d’apprécier » ou « l’histoire des arts porte à la
connaissance des élèves des œuvres de référence qui appartiennent au patrimoine ou à l’art
contemporain ».
Or, pour mettre nos élèves en situation d’ « apprécier » effectivement ces œuvres, un parcours sera
nécessaire. En effet, les formes de spectacle auxquelles ils peuvent être confrontés leurs sont parfois
totalement étrangères. L’expression « spectacle pour enfants » ne devrait en effet avoir aucune
signification de caractère esthétique. « Au même titre que l’expression « théâtre populaire », illustrée
par Jean Vilar, elle désigne un public et non un genre théâtral différent ».
Il nous appartient donc de leur permettre une approche à la fois sensible et raisonnée qui leur
permettra « d’entrer » plus facilement dans le spectacle pour en retirer toute l’émotion et la richesse
culturelle qui peuvent s’en dégager.
Il s’agit d’un véritable parcours d’initiation, en amont et en aval, prolongeant largement le cadre strict
des représentations. Le but n’est pas d’ « infantiliser » le spectacle, mais au contraire de donner à
l’enfant quelques clés d’accès à un mode d’expression complexe (d’autant plus, dans le cas qui
nous intéresse, qu’il est au carrefour entre plusieurs modes d’expression artistique). Il ne s’agit pas
pour autant de « tout dévoiler » (ce serait d’ailleurs une prétention bien vaine), mais de laisser
subsister chez le jeune spectateur la part d’interrogation, de mystère, qui donnera toute sa dimension
au spectacle auquel il va assister. « Autrement dit, il reste judicieux de « préparer » [sa] venue sans
jamais risquer de [le] priver du plaisir d’une découvert personnelle du spectacle, sans jamais induire
ou contrarier le libre cours de [son] plaisir et la perspective d’une lecture de la représentation qui doit
toujours être vécue comme une démarche pleinement individuelle ».
Il s’avérera donc utile de procurer aux élèves quelques éléments d’information concernant la
spécificité d’une représentation de spectacle vivant, son déroulement, son sens symbolique et ses
« règles du jeu », ses rituels…
Chaque spectateur a sa liberté, chacun ne s’intéresse pas de la même façon aux mêmes aspects du
spectacle. Tous ne sont pas uniformément touchés par le propos, par l’esthétique, tous ne sont pas
émus au même moment ni avec la même intensité. Malgré cela, il faut apprendre à respecter la
présence de tous, ne pas gâcher le plaisir des autres en affichant ou en refusant ostensiblement le
sien.
1 Cf. L’art de devenir spectateur, édité en 2002 par le Théâtre Nouvelle Génération
23
Annexe 2 - La pratique artistique : les ateliers proposés par les PCL.
-
La démarche
Ces ateliers sont l’occasion pour les participants de rencontrer un ou plusieurs artistes dans une
démarche active et créative. A la fois préparation au spectacle et parcours artistique autonome, ce
type d’ateliers met en œuvre la sensibilité des participants et se construit autour de l’échange.
Dans un premier temps, l’artiste présente aux participants les spécificités des PCL, les instruments à
percussions, le spectacle ou le concert, son dispositif scénique et son univers esthétique.
Puis l’artiste propose un parcours dont le contenu est adapté à chaque production, aux participants
et à leurs affinités : jeux autour du silence, des sons, des mots, de l’image, d’un thème…
La musique reste la matière première de ces ateliers, abordée par le jeu improvisé sur des
instruments de percussion apportés par le musicien. Au-delà d’une sensibilisation aux percussions,
les participants créent un univers sonore au service du parcours musical qu’ils construisent avec
l’artiste.
Par cet échange ludique, ceux-ci abordent la pratique des instruments à percussion, la manipulation
de différents supports, les interactions du travail en équipe et le plaisir du jeu.
Le travail réalisé aboutit à une création collective à l’image des participants et dans laquelle ces
ressources se correspondent et forment un ensemble cohérent.
- Les dispositifs
Ces propositions peuvent prendre la forme courte d’un atelier unique, l’Atelier-découverte, ou une
forme plus développée constituée d’un parcours d’ateliers, l’Atelier-création.
L’Atelier-découverte met l’accent sur la rencontre d’un artiste, la présentation de son spectacle tout
en sensibilisant de manière ludique les participants aux percussions et à la création artistique.
Intervenant : 1 percussionniste pour 25 participants maxi
- Durée : 2h minimum
L’Atelier-création propose en outre une véritable expérience artistique au cours de laquelle chacun
cherche, s’exprime, échange avec les autres participants et avec les artistes. Il aboutit à une
performance courte mais assumée, au sein de laquelle les éléments abordés se répondent et
s’agencent selon l’imaginaire des participants.
Dans le cadre scolaire, ces ateliers peuvent par exemple s’intégrer dans un projet mené par des
enseignants en relation avec les artistes.
24
Intervenants : 2 percussionnistes par classe ou 1 percussionniste et un
compositeur/électroacousticien qui apporte une dimension sonore supplémentaire par l’utilisation
d’un matériel de prise de son et de diffusion.
Durée : 2 à 6 séances de 3h
- Ateliers spécifiques au spectacle Trois contes
L’objet des ateliers est d’aborder le rapport texte – musique dans le même esprit que le spectacle
Trois contes.
Le musicien présente le spectacle, le dispositif scénique, les contes de Perrault, la musique de Ravel,
les instruments et le rôle des musiciens sur scène par rapport aux images.
Le point de départ est un support littéraire (conte, poème ou autre) à partir duquel est effectué un
travail musical : mélodie et rythme d’une phrase, intonations, illustration sonore etc. Dans le cas d’un
Atelier-découverte, la trame d’un conte peut être créée sur le moment à partir d’éléments
caractéristiques. Pour un Atelier-création, le texte est abordé en amont dans son contenu comme
dans son interprétation. Ce support peut être un texte d’auteur ou être créé par les participants lors
d’un atelier d’écriture.
Dans le cadre scolaire, ces ateliers peuvent s’intégrer par exemple dans un projet interdisciplinaire
porté par des professeurs de français et de musique.
Pour les projets les plus développés (un intervenant supplémentaire), il est également possible de
réaliser un travail autour de la vidéo, toujours en lien avec le texte et la musique. Les participants
s’initient alors à la captation vidéo et aux possibilités d’un banc de montage. La restitution du travail
peut alors prendre la forme d’une vidéo comprenant images, texte et musique.
Ces ateliers peuvent s’intégrer dans un projet interdisciplinaire porté par des professeurs de français,
de musique et d’arts plastiques.
Contact :
Maud Binet, chargée des actions culturelles
Gilles Dumoulin, coordinateur artistique et pédagogique des actions.
Percussions Claviers de Lyon, [email protected]
25
Annexe 3 - Discographie des PCL
New York (2010)
(GB Records - distribution France par Codaex)
Créations de Gavin Bryars
Point Bak (2008)
(Eloquentia - Harmonia Mundi)
Créations et transcriptions
Blok (DVD-2007)
(Zhalys distribution)
Un spectacle pour toute la famille
Mix (2004)
(ORNORM 2)
Cordes, percussions africaines
et occidentales accompagnent
Doudou N’Diaye Rose
pour ce vrai MIX des cultures
Circus (2003)
(PAS 1008)
Un univers musical recomposé
The Desert Music (2001)
(ORNORM 1)
(Festival Archipel)
Xu Yi (1999)
(Radio France, MFA)
Echo de la terre Profonde
West Side Story (1992)
(BNL 112830)
L’intégrale de thèmes
de la comédie musicale
Debussy – Ravel (1988)
(BNL 112743)
Suite bergamasque,
Ma mère l’Oye,…
Rags (1987)
(BNL 112733)
De Scott Joplin
à Jeff Penders
26
Annexe 4 - Plages du disque associé au dossier pédagogique
Pièces extraites de Ma Mère L’Oye de Maurice Ravel,
•
Par les PCL (jouées dans le spectacle) :
1 : Laideronnette Impératrice des Pagodes
3’22
2 : Petit Poucet
2’56
3 : Le Jardin Féerique
3’18
4 : Le Jardin Féerique (extrait)
0’56
•
Par l’Orchestre National de France, dir. Eliahu Inbal (orchestration originale) :
5 : Laideronnette Impératrice des Pagodes (extrait)
1’09
6 : Petit Poucet (extrait)
1’06
7 : Le Jardin Féerique (extrait)
0’50
Pièces extraites du répertoire des PCL :
8 : Xylophonia de Joe Green (arrangement de Bob Becker)
3’50
9 : The Little Shephard tiré des Children’s Corner de Claude Debussy (tr. G. Lecointe) 1’44
10 : Fêtes tiré des Nocturnes de Claude Debussy (transcr. G. Lecointe)
6’01
11 : Mutante tiré de Circus de Jean-Luc Rimey-Meille
3’35
12 : Les Regrets du Poisson / Haute Tension tiré de Mixde J-L Rimey-Meille
4’03
13 : Point Bak (1er mouvement) de G. Lecointe
5’03
14 : One Last Bar Then Joe Can Sing de Gavin Bryars
18’02
27