Milan Vukmirovic, profession slasher

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Milan Vukmirovic, profession slasher
LE FIGARO.FR LA MATINALE
Pays : France
Périodicité : Quotidien
Date : 30 JUIN 15
Page de l'article : p.177-179
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Milan Vukmirovic, profession slasher
PORTRAIT - Styliste de formation, ce Français jongle d'une activité à l'autre depuis plus de vingt ans. Lors
des défilés européens de mode masculine qui se sont achevés ce week-end, il a signé son premier show
pour Ports 1961.
Voici deux semaines, à Florence en Italie, dans le cadre du salon Pitti Uomo, qui réunit tous les
professionnels de la mode masculine, Milan Vukmirovic a surgi au final du premier défilé de Ports 1961
sous la houlette de directeur créatif. Puis, à la Fashion Week de Milan, il a été au premier rang des shows
printemps-été 2016 d'autres maisons en tant que rédacteur en chef du magazine annuel Fashion for Men,
qu'il a fondé en 2011. Dans l'intervalle, il aura peut-être réalisé des images pour des journaux américains
tels que Détails ou Out Magazine, avec lesquels il collabore comme photographe... Par le passé, ce talent
multicartes a également œuvré à la création de trois boutiques pointues (Colette à Paris, The Webster à
Miami et My Boon à Séoul), ainsi qu'en joaillerie (Dinh Van) et en design (Domeau & Pérès) pour quèlques
éditions à son style.
Un esprit toujours en alerte
Hydre des temps modernes, Milan Vukmirovic est le portrait type du «slasher» qui jongle d'une activité à
l'autre. Et de cumuler les jobs avec une aisance déconcertante. La racine du surnom de ces hyperactifs
vient du caractère typographique utilisé dans des expressions alternatives: la barre oblique, qui se dit
slash en anglais. Pour la plupart, il s'agit de créatifs plutôt jeunes, vifs et curieux. Talentueux et fougueux,
aussi. «Des touche-à-tout qui ne tiennent pas en place», disent leurs détracteurs. «De par mes multiples
expériences, je connais les rouages et j'ai une vision plus complète du secteur, rétorque Milan Vukmirovic.
Aussi ai-je parfois quitté un poste lorsque je me suis aperçu que toutes les conditions n'étaient pas
réunies, entre la création, le commercial, le marketing et la communication, pour mener à bien le projet
pour lequel une société m'avait recruté.» En résumé, il s'empresse d'aller rebondir ailleurs dès qu'il n'y
croit plus. Ou perd ses coudées franches de free lance. «Le profil de "slasher" passe mieux à l'étranger,
où l'on cherche moins à mettre les gens dans une case, dit encore celui qui est aujourd'hui installe à
Miami. Lorsque j'ai été nommé à la tête du style de Jil Sander (en novembre 2000, NDLR), c'était
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impensable pour certains que je décroche ce poste alors que je m'étais fait connaître dans une boutique.
Depuis, le secteur de la mode a considérablement évolué. Il y a aussi d'autres directeurs artistiques
comme Carol Lim et Humberto Leon chez Kenzo qui ont débuté par un magasin.»
Pendant cinq saisons chez dll Sander, Vukmirovic signe des collections honorables qui ne parviennent
cependant pas à combler le vide affectif lié à la démission de la fondatrice. Les critiques sont sévères,
rarement objectives. Et le coup de grâce vient de Jil Sander elle-même qui, toujours actionnaire de la
maison qui porte son nom, décide d'en reprendre les rênes, au printemps 2003, après d'âpres
négociations avec le Prada Group qui détient l'essentiel du capital à l'époque.
Une soif de réussir
Dans le livreta Mode racontée à ceux qui la portent, paru l'automne suivant chez Hachette, la journaliste
Marie-Pierre Lannelongue campe le décor de ce secteur en rapportant l'éviction sans préavis de
Vukmirovic Confirmé dans son poste deux mois plus tôt, lui était en vol pour alter présenter une collection
à NewYork lorsque la fondatrice a subitement accepté de rempiler. À sa descente d'avion, on l'enjoint par
téléphone de rentrer chez lui sans passer par la case bureau' ll s'éclipsera pendant un an pour alter se
réfugier dans la pratique intensive de sports «Ce qui ne tue pas rend plus fort», commente aujourd'hui
celui qui dit aussi qu'il perçoit «tout refus comme un encouragement à persévérer».
En filigrane, on devine que ce gamin qui a grandi à Chantilly vient de loin, qu'il s'est battu et qu'il a bossé
dur pour gagner son indépendance Dans une semi-confidence, il raconte avoir contracté un emprunt
personnel pour étudier le styhsme à Esmod Paris Son habitude de faire plusieurs choses vient d'ailleurs
de ces années. Et d'une urgence de travailler. «J'ai contacté des journaux pour être assistant sur des
shooting en parallèle à mes cours » Ce sera Le Jardin des modes, titre à la pointe des tendances de
l'époque Puis il décroche un premier poste de styliste chez Emmanuel Fouks, où il commence déjà à
mettre son gram de sel partout, jusqu'à la présentation de ses modèles en vitrine.
Colette Roussaux, la fondatrice de la future boutique Colette, tient une devanture voisine Ils finissent par
se lier d'amitié et imaginer ce fameux concept store du 213 rue Saint-Honoré qui deviendra le temple de la
«branchitude» à partir de mars 1997. Trois ans plus tard, lui rejoint Tom Ford au sem du Gucci Group.
Rapidement après, il y aura dll Sander, les Éditions Jalou, où il relance L'Officiel Hommes, la maison
italienne Trussardi bientôt en parallèle, et aussi The Webster, la marque Chevignon ou encore les grands
magasins Shinsegae en Corée.
L'âge aidant, il s'est un peu calmé. «La mode étant une passion, elle a longtemps déborde sur ma vie
privée», dit ce stakhanoviste qui, lorsqu'il n'est pas accaparé par tous ses contrats, se consacre à Fashion
for Men, qui ressemble plus à un portfolio personnel qu'à un magazine avec ses quelque 600 pages.
«Face à la montée en puissance du digital et à la culture de l'instantané, il est important de prendre le
temps pour façonner des belles images, imprimer des démarches originales et laisser une trace des
tendances qui marquent une année», justifie celui pour qui être à l'affût et sans cesse se renouveler ne
veut pas dire tout zapper.
Bio express
1970 - Naissance à La Père (Aisne)
1997 - Inauguration de la boutique Colette
2000 - Nommé directeur créatif de Jil Sander.
2005 - Relance L'Officiel Hommes des Éditions Jalou.
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2007 - Directeur créatif de la maison Trussardi.
2011 - Lancement du magazine Fashion for Men.
2014 - Directeur créatif de la collection homme Ports 1961,
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