2 - Les cercles des jeunes naturalistes
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2 - Les cercles des jeunes naturalistes
La plante a une tige extrêmement courte, si courte qu'on la dit plante acaule, c'est-à-dire sans tige. Tout juste de quoi fixer une rosette de feuilles. Le capitule floral est solitaire au bout d'une hampe ou scape cylindrique et creux, dont la longueur est très variable. La hampe est souvent rouge vin et chaque plant peut produire plusieurs hampes. La hampe sort à l'aisselle d'une feuille. Elle contient un latex blanc, âcre, collant et désagréable parce qu'il tache et que ces taches sont difficile à enlever. Le latex forme une goutte visqueuse au bout de la hampe qu'on arrache ou qu'on brise. Pour bien comprendre la structure du capitule du Pissenlit, tranches-en un gros en plein centre dans le sens vertical. Cette coupe te permet de voir la position des bractées de l'involucre et celle des fleurons. Les fleurs Les feuilles L'extrême variabilité des feuilles du Pissenlit intrigue beaucoup les botanistes. Les feuilles varient d'une région à l'autre et même au sein d'un même peuplement. Impossible donc de se baser sur un seul spécimen, il faut tabler sur une moyenne. Le contour général de la feuille présente une forme oblongue ou spatulée, obtuse ou aiguë à l'extrémité supérieure, amincie en pétiole à la base. Le limbe est très régulièrement lobé, profondément découpé ou pinnatifide, ou simplement sinué-denté. Parfois, la feuille prend des proportions étonnantes; d'autres fois, elle reste étroite, courte et malingre. Elle est pubescente dans le jeune âge. Remarquez la couleur de la graine. Quand on arrache une feuille, des fibres viennent avec la graine; ces fibres très résistantes sont des faisceaux de vaisseaux. Le Pissenlit a ceci de particulier que les feuilles sortent très tôt au printemps avant la floraison; elles sont blanchâtres avant d'avoir pu atteindre la pleine lumière. Les connaisseurs parcourent les champs au printemps, le dos plié à angle droit, un couteau dans une amin et un sac dans l'autre; ils font la cueillette des jeunes feuilles de Pissenlit pour en préparer une salade amère, mais délicieuse. La rosette de feuilles sait se tailler une place sous le soleil et elle pousse volontier les herbes avoisinantes pour s'installer. Le capitule Le Pissenlit appartient à la famille des Composées, c'est-àdire que ses fleurs sont groupées en capitules. Relis, dans le Feuillet 53 sur la Marguerite, l'explication de la structure d'un capitule. À la différence de la Marguerite, le Pissenlit est constitué uniquement de fleurons ligulés; c'est donc une composée liguliflore. Le réceptacle est plat et nu au moment de la floraison: cependant, il s'arrondit en boule au moment de la fructification. Si tu veux étudier la disposition des fleurons sur le réceptacle, examine un réceptacle dont le vent a emporté tous les fruits. Les fleurons du Pissenlit sont très nombreux (100-200). Ils ressemblent beaucoup aux fleurons ligulés du pourtour d'un capitule de Marguerite. Les cinq pétales, d'un beau jaune éclatant, sont soudés en tube et prolongés sur un côté en une longue ligule tronquée à cinq dents. Les sépales, en nombre indéfini, sont réduits à des soies simples, épineuses, longues de 5-6 mm, fixées à la base de la corolle, au sommet de l'ovaire. Comme c'est le cas chez les Composées, les étamines, au nombre de cinq, ont leurs filets libres, mais leurs anthères sont soudées en tube autour du style. Celui-ci est très long et se termine par un stigmate à deux lobes spiralés, couverts de verrues. L'involucre On appelle involucre l'ensemble des bractées ou petites feuilles gris verdâtre qui enveloppent le réceptacle. Ces bractées sont de deux sortes chez le Pissenlit: la série interne comporte des bractées longues, linéaires ou lancéolées, dressées autour des fleurons: les rangs externes sont formés de bractées plus courtes, étalées ou réfléchies, toutes pointues. L'involucre, comme la capitule, suit un ryghme d'épanouissement bien déterminé, que nous étudierons plus loin. Le fruit Le fruit du Pissenlit est un akène renfermant une seule graine. L'akène est en forme de fuseau, brun verdâtre, avec une dizaine de stries longitudinales et de petits tubercules ou épines, tournés vers le haut, sur la moitié supérieure. L'akène se rétrécit brusquement au sommet et se prolonge en un bec deux ou trois fois plus long. Au sommet de ce prolongement, une houpette de soies denticulées constitue l'aigrette ou pappus, véritable parachute extrèmement léger qui permet au moindre vent (un kilomètre et demi à l'heure suffit) de transporter la petite graine à des distances indéfinies. L'ensemble des akènes et des aigrettes ou infrutescence forme une jolie boule de duvet blanc qui bientôt s'éparpille. Avec un appareil aussi merveilleusement conçu, "aussi terriblement efficace", écrit Joseph Wood Krutch, on comprend pourquoi la dissémination des graines de Pissenlit est si facile et la présence de cette "mauvaise herbe" si universellement répandue. Le voyage se termine dès que l'air devient humide: le parachute se ferme et la graine tombe.