Gabriel Kreuther Gabriel Kreuther

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Gabriel Kreuther Gabriel Kreuther
« Devenir chef à New York ?
Je ne l'aurais jamais cru,
venant d'un petit village,
Strasbourg était déjà la
grande ville. »
Gabriel Kreuther s'amuse du contraste entre
la métropole américaine et son fief d'origine,
Niederschaeffolsheim. La passerelle entre les deux ?
Le savoir-faire du cuisinier alsacien parti à la conquête
des palais new-yorkais. Après une vingtaine d'années
passées à travailler pour les autres, il ouvre en 2015
son premier établissement : le Gabriel Kreuther.
Rapidement repéré par les médias américains et
salué par les jurys culinaires, il bénéficie d'une étoile
Michelin et des 5 diamants.
Gabriel
Kreuther
« Depuis petit, je me rappelle toujours avoir voulu devenir
cuisinier. » Chez les Kreuther, cette vocation n'est pas
un hasard : avec une maman cuisinière et des oncles
hôtelier, boucher et pâtissier, les métiers de bouche
sont familiers. Pour son apprentissage, il sera aux
côtés de son oncle justement, « il m'a montré toutes les
difficultés du métier pour être bien sûr de mon choix. »
Aucun état d'âme pour le jeune Gabriel : tout à fait
sûr de lui, il se forme tant et si bien qu'il gagnera
le concours du meilleur apprenti de France. Lors de
la remise des prix, il fait une rencontre qui l'entraîne
une première fois aux États-Unis, à Washington pour
rejoindre le chef Edmond Folzenlogel.
TOUT ARRIVE À POINT…
POUR QUI SAIT ATTENDRE
New York
De retour en France pour son service militaire,
Gabriel Kreuther enrichit ensuite ses expériences
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dans des établissements étoilés d'Europe. « Notre
métier, c'est super pour concilier travail et voyage. » À
28 ans, il décide de choisir une dernière destination
avant de poser ses valises. États-Unis, Japon ou
Australie, il cherche à prendre le large. Ce sera du
côté de New York, « dans mon pays de prédilection. »
Epaulé par le chef alsacien Jean-Georges, il passera
cinq ans dans son restaurant : « Ça s'est bien goupillé,
j'ai rencontré ma femme américaine et j'ai décidé de
poser mes valises. »
Il travaillera ensuite pour l'Atelier du Ritz Carlton et
pour le restaurant du MOMA pendant 10 ans. « C'est
bien de sauter d'une aventure à une autre, en plus j'avais
carte blanche. » Avec 60 employés en cuisine, Gabriel
Kreuther sert 900 couverts en moyenne par jour. Des
menus à composer aux recettes à créer, du suivi du
restaurant gastro à la formation des cuisiniers, le
chef alsacien chapeaute l'ensemble. Il y forge une
notoriété qui lui sera précieuse pour ouvrir en juin
2015 son propre restaurant, en plein Manhattan, sur
la 42e rue, entre la 5e et la 6e Avenue dans le Grace
Building.
Ce projet, il a eu le temps de le mûrir et de l'étoffer
sans précipitation. À 46 ans, il est plus serein pour
gérer sa propre affaire. Si quelques poutres rappellent
ses origines, le style est plutôt moderne et design.
Ce qu'il souhaite ? C'est attirer la clientèle jeune et
surtout faire comprendre qu'il n'est pas nécessaire
d'être tiré à quatre épingles pour profiter d'un bon
moment. Côté menus ? « Je cuisine ce que j'ai envie de
manger sans oublier d'où je viens. » Raifort, tartelette
choucroute-esturgeon-caviar, « il y a un esprit alsacien
mais cela reste discret, les gens qui connaissent le
remarquent. » Le succès est rapide, quelques stars
sont déjà de la partie… quant à Gabriel Kreuther,
loin d'être blasé, il planifie déjà l'ouverture d'une
chocolaterie avec son chef pâtissier.
« Il y a un
esprit alsacien
mais cela reste
discret. »
En parallèle, il s'implique aussi dans le concours
du Bocuse d'Or, il a notamment coaché le gagnant
américain du Bocuse d'argent en 2015. Il profite des
quelques rares moments d'accalmie pour voyager et
venir voir ses proches en Alsace, au moins une fois
par an. C'est l'occasion de retourner à la source même
de toutes les saveurs d'enfance dont il s'inspire dans
ses créations.
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Gabriel Kreuther