Dieu est avec nous

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Dieu est avec nous
Dieu est avec nous
4 dimanche de l’Avent; 2010.12.19
És. 7, 10-16; Rom 1,1-7; Mtl 1,18-24
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L’Évangéliste Matthieu rapporte de Joseph qu’il était un homme juste. L’emploi
de ce mot ne doit pas être limité à ce qui est légal, éthique ou moral. Dans la Bible, la
justice est presque synonyme de la sainteté, de la perfection; c’est très proche de la
sagesse. Une personne juste, c’est en quelque sorte quelqu’un qui discerne, qui
réfléchit, qui agit selon des valeurs fondamentales et permanentes, selon des valeurs ou
des vertus privilégiées par Dieu.
Certes, le roi Acaz du territoire de Juda, au VIII e siècle avant Jésus, un mécréant,
qui refusa de mettre sa confiance dans le Seigneur Yahvé, ne peut pas être dit un juste.
Mais Dieu aime tellement son peuple choisi, enfoncé alors dans une grave crise
politique à cause des Assyriens, qu’il lui transmet tout de même un message
d’espérance. Dieu prend l’initiative de manifester sa présence, par l’annonce
prophétique d’Ésaïe : " Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et
on l’appellera Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous ". Ce ne peut pas être plus
concret. Yahvé s’avère le plus fort, car il est patient.
Il est vrai que les années ont passé, même les siècles, avant que cette promesse
ne se réalisât. Et quand l’annonce en fut faite à Joseph, il ne comprit pas de prime
abord. Il a été aidé de façon spéciale, pour croire que son enfant, le fils de David selon
la généalogie humaine, serait en même temps le fils de Dieu.
Si Marie et Joseph ont eu peine à reconnaître en leur propre enfant le Messie
annoncé depuis si longtemps, combien plus les autres Juifs du temps de Jésus ? Il en
aurait probablement été ainsi pour nous, si nous avions vécu à cette époque. Une fois
que la vie de Jésus serait complétée, incluant sa résurrection et l’envoi de son Esprit à
la Pentecôte, il serait plus facile de revoir l’ensemble de sa vie et de reconnaître que
Jésus était bien celui qui avait été annoncé. Matthieu fait ressortir dans l’extrait
évangélique que Dieu a réalisé sa promesse.
Marie donne à Jésus une existence humaine complète. Le fils de Dieu ne se
présente pas sur terre dans une enveloppe de corps matériel emprunté ou volé,
comme dans certains films de science-fiction. Marie l’a conçu et l’a mis au monde,
comme toutes les mères. Pour sa part, Joseph, comme père, donne à Jésus une
existence sociale, un enracinement historique, une lignée généalogique. Cette paternité
est très importante autant pour un Juif, car la promesse faite à David se réalise, que
pour un Grec (nous sommes alors en culture helléniste dans l’empire romain), car pour
les Grecs le lien social est un trait essentiel de l’humanité. N’oublions pas qu’un vrai
père est celui qui assume la responsabilité et la fonction paternelles, celui qui
effectivement prend soin d’un enfant, si possible avec la mère.
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Être humain à l’égal de tous les êtres humains, Jésus est aussi dit Dieu à l’égal de
Dieu, et ce sans dualité, mais plutôt dans une seule et même personne. Les théologiens
parleront plus tard du mystère de l’incarnation de Dieu. Mais déjà Paul avait entretenu
là-dessus la communauté chrétienne de Rome : " selon la chair, Jésus est né de la race
de David; selon l’Esprit qui sanctifie, il a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu, "
ce qui est d’une lucidité extraordinaire. Paul ajoute, comme c’est rapporté dans la
deuxième lecture d’aujourd’hui : « et ceci, par sa résurrection d’entre les morts » Oui, la
façon la plus chrétienne de saisir le sens de la naissance de Jésus, c’est de l’éclairer à la
lumière de la résurrection. Noël n’a en quelque sorte pas de signification, si ce n’est
dans la foulée de Pâques. Il importe de faire comme les premiers chrétiens et
chrétiennes; ils ont saisi le sens de Noël après avoir cru en la résurrection de Jésus le
Christ; ils ont saisi le sens de Noël de façon rétroactive, après avoir cru en la
résurrection de Jésus.
Oui, Jésus le Christ est vraiment l’Emmanuel, mot qui veut dire Dieu avec nous.
Non seulement il l’a été il y a deux mille ans, mais il continue de l’être par son Esprit.
Il l’est aussi par le sacrement de l’eucharistie. Il est même présent au monde à travers
ses disciples que nous sommes. C’est pourquoi Jésus le Christ a été, est et sera
indéfiniment l’espoir du monde. Il est le juste par excellence, sur qui est fondée notre
espérance de justice, une justice qui est sainteté. Dans un texte, qui se trouve dans le
Semainier, il est question de Joseph, l’homme juste. L’on y fait ressortir cinq facettes
de sa manière de faire confiance : faire silence, entrer en soi, écouter la Parole de Dieu,
prendre Marie chez lui, agir selon sa foi. Qu’il en soit ainsi pour nous durant cette
dernière semaine avant Noël, selon ce que nous sommes et ce que nous pouvons faire.
Après avoir valorisé la vigilance, l’espérance et la patience les trois dimanches
précédents, optons aujourd’hui pour la confiance. Faisons-le avec une grande foi,
comme des justes. – Amen.
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