Introduction1 1. Non, — vivre l`instant présent “ est une règle de vie

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Introduction1 1. Non, — vivre l`instant présent “ est une règle de vie
Editions Hatier
Plan détaillé
Introduction1
“ Vivre l’instant présent ” consiste à empêcher que le souci du passé ou celui de l’avenir, le regret ou l’angoisse, par
exemple, ne contaminent le moment vécu présentement.
Il s’agit donc d’une règle de vie nécessairement satisfaisante du fait du bonheur qu’elle procure.
Et, cependant, ne vivre que l’instant rend impossible la mémoire de ses engagements et l’élaboration d’un avenir
avec autrui : est-il donc satisfaisant, d’un point de vue moral, de faire de ce précepte une règle de vie qui vaille, dans
l’absolu, un principe auquel on soumettrait prioritairement ses actions ?
D’où le problème : “ vivre l’instant présent ”, est-ce une règle de vie satisfaisante en soi, ou nécessairement égoïste ?
1. Les titres en gras servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie.
1. Non, “ vivre l’instant présent ” est une règle de vie qui n’est pas satisfaisante
A. C’est une règle individualiste par laquelle on fait prévaloir le bien-être personnel sur la moralité.
B. Vivre dans l’instant est le propre de l’animal, non de l’homme (on pourra, dans la transition, critiquer cette
idée pour introduire l’analyse de la notion de temps développée en 2. A.).
2. Oui, “ vivre l’instant présent ” est une règle de vie satisfaisante
A. “ Vivre dans l’instant ” n’est pas “ vivre l’instant présent ”
Seul, l’homme a la capacité de vivre ou de ne pas vivre l’instant présent. Seul, il peut choisir d’être présent à ses
actes, d’évoquer le passé, par la mémoire, ou encore d’anticiper sur l’avenir.
L’animal, au contraire, est nécessairement “ dans ” l’instant, il ne peut choisir de le vivre (il faudrait ici souligner le
caractère subjectif du temps, son lien à la conscience, donc au pouvoir de se représenter librement une situation
passée, présente ou à venir − pouvoir dont l’animal est privé).
B. “ Vivre l’instant présent ” est une règle de vie satisfaisante en soi, dans la mesure où elle permet à l’homme de
ne pas fuir sa vie dans les regrets ou dans la projection permanente de ses actes dans l’avenir (on pourra ici analyser
les notions de regret et d’angoisse).
3. Plus qu’une règle de vie simplement satisfaisante, “ vivre l’instant présent ” relève d’une
philosophie de l’existence
A. Une telle règle n’est pas relative à l’instant vécu − c’est-à-dire aux circonstances ; il ne s’agit pas simplement,
en l’appliquant, de goûter pleinement certains instants (heureux par exemple) et d’attendre que d’autres (moins
heureux) passent.
Le film La vie est belle de Roberto Benigni le montre bien où un homme, pour son fils, superpose une réalité
imaginaire à celle de la vie concentrationnaire.
“ Vivre l’instant présent ” ne consiste donc pas à ne vivre que le présent (et, ce faisant, à effacer passé et avenir) mais
bien plutôt à ne pas subir son présent, et à définir ce que l’on veut vivre en fonction d’une situation présente
donnée − fût-ce pour la nier. D’où la conception du temps qu’il est possible de tirer de cette analyse : l’homme ni
ne subit entièrement le temps ni n’en est entièrement l’auteur.
On admettra donc que le temps naît d’un certain rapport, toujours original, du sujet à une situation donnée − à une
certaine configuration du monde, qu’il appartient à chacun de saisir, à chaque fois, comme unique.
Précisément :
B. Ma capacité de vivre l’instant présent exprime ma liberté, mon pouvoir de créativité, celui d’inventer ma vie,
à chaque instant.
C’est pourquoi, “ vivre l’instant présent ” relève d’un art de vivre, d’une philosophie de l’existence.
C’est bien, comme tel, une règle de vie, non un impératif moral, un devoir.
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Il reste que, loin de replier les hommes sur leurs intérêts particuliers, un tel principe d’existence humanise les
rapports que les hommes ont entre eux ; l’incapacité de vivre sans planification, sans prévision, caractérise au
contraire la vie moderne et entraîne la rationalisation et l’instrumentalisation des rapports interindividuels.
Ouvertures
LECTURES
− Sénèque, De la brièveté de la vie, Gallimard, coll. “ Bibliothèque de la Pléiade ” (Les Stoïciens).
− Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience, PUF, coll. “ Quadrige ”.
− Nietzsche, Considérations inactuelles, Gallimard.
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