Buts et intentions de l`association Rouge Pie de l`Est mixte de la

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Buts et intentions de l`association Rouge Pie de l`Est mixte de la
Buts et intentions de l’association Rouge Pie de l’Est mixte de la Belgique
Sauvegarde d’une race bovine mixte belge en voie de disparition, création d’un livre généalogique
(Herd-book), promotion de l’élevage et facilitation de la mise en place de marchés pour les produits
(viande et lait) de qualité différenciée.
Un peu d’histoire…
L’intensification de l’agriculture a été importante au cours de la seconde moitié du vingtième siècle,
tant en termes d’infrastructure et de matériel, que des races utilisées en élevage. En Belgique, la
spécialisation du Blanc-Bleu Belge en une race à viande extraordinaire, et la Holsteinisation du
cheptel laitier ont été quasi généralisées. De nombreux éleveurs ont toutefois continué à utiliser des
races mixtes, non seulement en raison de leur plus grande rusticité et de leur aptitude à valoriser les
conditions d’élevage plus difficiles, mais également en raison de leur capacité d’aider les éleveurs à
passer au travers des crises du lait ou de la viande grâce à leur production conjointe de lait et de
viande. Malheureusement, et ceci aussi faute à une visibilité réduite et un soutien défaillant dans le
passée envers nos races mixtes, les éleveurs se sont souvent tournés vers des races mixtes exotiques,
disposant d’un programme d’encadrement fort dans leur berceau d’origine.
Deux races mixtes ont toutefois réussi en Wallonie à résister à cet afflux de génétique étrangère : la
Blanc-Bleu Belge de type mixte et aussi, à travers quelques éleveurs restés motivés, la Rouge Pie de
l’Est de la Belgique (appelée dans le reste du document Rouge Pie de l’Est). L’histoire a fait
qu’aujourd’hui la situation de ces deux races est totalement différente.
Grâce à la présence historique d’éleveurs de Blanc-Bleu Belge de type mixte dans les commissions
d’éleveurs des structures d’élevage, cette race a toujours disposé d’un encadrement et surtout d’une
disponibilité en taureaux reproducteurs que ce soit d’Insémination artificielle ou de saillie. Ensuite,
les mesures agri-environnementales et des programmes de soutien d’abord wallons puis européens,
ont permis de réellement redynamiser cette race et de la doter d’un programme de sélection fort,
tout en restant menacée d’extinction.
La Rouge Pie de l’Est n’a elle pas connu cette évolution et n’a pas bénéficié d’encadrement au travers
d’un herd-book au cours de toutes ces années. Malgré cela des éleveurs, dont le nombre diminue
chaque année, ont continué à élever ces animaux, en échangeant entre eux des reproducteurs
correspondant au standard recherché. Ce travail s’étant fait en dehors des structures d’élevage,
aucune traçabilité officielle de ces animaux n’existe aujourd’hui, et la race est officiellement
considérée comme disparue.
De nombreux essais de relance ont été menés ces dernières années. Néanmoins, depuis la fin 2012,
une tentative de restructuration de ces éleveurs autour d’un programme d’élevage a été menée par
la Fondation Rurale de Wallonie et l’Association Wallonne de l’Elevage asbl, avec le soutien
scientifique de l’Unité de Zootechnie, Gembloux Agro-Bio Tech de l’Université de Liège. Une
commission raciale s’est créée au sein de l’AWE asbl. Celle-ci a déjà défini le standard de la race et
rassemblé une soixantaine d’éleveurs détenteurs d’animaux Rouge Pie de l’Est.
L’avancée du projet….
Nombreuses réunions d’éleveurs encadrées par la Fondation Rurale de Wallonie et épaulées par un
technicien de l’AWE asbl ont permis de crée une commission raciale et une commission interne
d’inscription de taureaux de reproduction définissant le standard de la race. Les membres de cette
commission se battent pour la reconnaissance et la sauvegarde de cette race rustique belge et
souhaite lancer un mouvement de renouveau pour un élevage de bovins qui s’intègre dans une
structure d’entreprise familiale s’intégrant dans une philosophie de respect pour l’animal et pour
l’environnement en limitant le nombre d’intrants et essayant de baser la production de lait et de
viande sur une alimentation du bétail sain, principalement l’herbe.
Lors de l’hiver 2012-2013, le technicien de l’AWE asbl, accompagné par un groupe d’éleveurs
connaissant bien la race Rouge Pie de l’Est, a visité tous les éleveurs connus comme détenteurs
potentiels de Rouge Pie de l’Est. Lors de ces visites, un recensement de tous les animaux
correspondants au standard de la race sur base de critères stricts a été réalisé. Environ 1000 animaux
(génisses, vaches et taureaux) ont ainsi été recensés en tant que Rouge Pie de l’Est. Au cours du
recensement, des échantillons de bulbes pileux ont été prélevés sur ces animaux pour permettre une
future caractérisation génétique des animaux de la race.
La Rouge Pie de l’Est joue en quelque sorte ses dernières cartes. Sans l’impulsion d’un tel projet, il est
fort probable que l’initiative en cours ne se limite à tenter de maintenir les effectifs actuellement
présents dans les exploitations, sans réelles perspectives d’avenir à long terme.
Objectifs et nature de l’activité à développer
L’objectif de ce projet est de donner des perspectives durables à cette initiative, pour permettre tout
d’abord à la race Rouge Pie de l’Est de réapparaitre dans les registres officiels des races bovines
belges, et ensuite de développer un programme de maintien, de sélection et de valorisation de ses
produits, lui permettant d’assurer son avenir à plus long terme.
Le projet vise d’abord à soutenir les éleveurs wallons détenteurs de Rouge Pie de l’Est pour qu’ils
inscrivent leurs animaux dans les registres d’élevage, et adhèrent au contrôle des performances (en
premier lieu contrôle laitier) mis en place. Une caractérisation génétique de ces animaux sera
réalisée en parallèle, en comparant le profil ADN d’animaux Rouge Pie de l’Est à celui d’autres races.
Cette étape est cruciale pour conforter le caractère local et unique de la race et pour développer un
plan scientifique de maintien de l’identité génétique de la race (standard génétique).
Si ces deux premières étapes sont indispensables pour l’avenir de la race, celle-ci ne pourra se
maintenir sans un plus grand accès à des taureaux de reproduction. Le projet prévoit ainsi de mettre
à disposition des éleveurs de la semence de plusieurs taureaux Rouge Pie de l’Est, certifiés à travers
des analyses génétiques comme étant des individus correspondant génétiquement au standard de la
race.
Spécificités du projet (y compris originalité)
Ce projet vient en support d’une initiative existante et récente menée par des éleveurs wallons
motivés et persuadés des avantages de la race bovine Rouge Pie de l’Est. Mais ces éleveurs ont
besoin d’un soutien technique et scientifique. Dans ce sens l’originalité de ce projet par rapport au
passé de la Rouge Pie de l’Est est le regroupement des éleveurs, des techniques et des scientifiques
autour de celui-ci. Ce même modèle a été utilisé en Blanc Bleu Mixte dans le passé avec beaucoup de
succès. Ainsi, ce projet vise à donner un élan crucial à la relance d’un programme moderne
d’encadrement de cette race, en associant dès le début les efforts des éleveurs détenteurs, la
Fondation rurale de Wallonie, de l’Association Wallonne de l’Elevage, et de l’Université de Liège,
Gembloux Agro-Bio Tech. Par ce partenariat, des technologies de pointes développées pour les races
bovines majeures pourront être appliquées à la Rouge Pie de l’Est, et lui permettre de rattraper une
partie de son retard sur les autres races.
Effets économiques escomptés en Wallonie
La survie des entreprises agricoles, y compris de tailles petites et moyennes, garantit la survie d’un
grand nombre d’entreprises directement ou indirectement liées aux activités agricoles.
L’augmentation du prix des intrants (aliments, énergie…) et la fluctuation des produits,
principalement le lait, conduit à une grande variabilité de la rentabilité des entreprises agricoles
aujourd’hui en danger. Celles-ci doivent évoluer pour s’adapter à cette réalité.
En particulier dans des régions au contexte pédoclimatique plus contraignant comme la HauteArdenne, la mise en place de schémas moins intensifs, valorisant au maximum les ressources de
l’exploitation, est sans doute une des pistes à développer pour assurer la rentabilité de certaines de
ces entreprises. Dans ce contexte la race Rouge Pie de l’Est apporte une opportunité réelle.
En donnant une identité officielle à cette race locale, le projet Rouge Pie de l’Est va faciliter le
développement de marchés pour les produits (lait et viande) de qualité différenciée.
En effet suite à des premiers contacts menés par la Fondation Rurale de Wallonie, cette possibilité
remporte déjà le soutien de nombreux intervenants (éleveurs, transformateurs et consommateurs).
Pour valoriser les bons morceaux de viande, des contacts ont déjà été pris avec l’association des
bouchers de l’est de la Belgique (22 membres), avec des magasins spécialisés (« ROB » à Woluwé St
Lambert et le « Fleischkompetenzzentrum OTTO »). Pour trouver un marché pour les morceaux de
viande plus banals, des discussions avec les politiciens sont en cours, pour stimuler la restauration
collective durable (cantines scolaires, home pour personnes âgées, CPAS etc.) et ainsi favoriser les
circuits court et les produits locaux de qualité.
En ce qui concerne le lait et grâce à la présence de l’Université de Liège, Gembloux Agro-Bio Tech
dans le projet, le lait et les produits laitiers issus de vaches Pie Rouge de l’Est seront considérés dans
leurs projets existants autours de la qualité du lait et de sa valorisation.
Autres apports sociétaux
Ce projet a un volet sociétal, culturel et environnemental marqué.
La moyenne d’âge des éleveurs Rouge Pie de l’Est mixte est élevée. Néanmoins, plusieurs jeunes
agriculteurs s’intéressent à nouveau à cette race locale pour des raisons diverses (étables adaptés à
la Rouge Pie de l’Est mais pas à une race de taille plus grande, volonté de diversifier les rentrées
(viande et lait), intention de passer en agriculture biologique…etc.). Un encadrement correct et un
soutien financier pour faciliter les contrôles de productivité pourraient être le coup de pouce
nécessaire pour développer cette race et ainsi à promouvoir un système agricole rentable, adapté à
son environnement.
Un autre objectif de ce projet est de travailler à une meilleure cohésion professionnelle du milieu de
l’élevage bovin. Pour l’instant, un clivage semble exister entre sélectionneurs et producteurs.
Différentes hypothèses existent pour expliquer ce fait qui est beaucoup plus marqué en Wallonie que
dans des régions limitrophes. Une explication que nous avons citée ci-dessus est un sentiment
d’exclusion potentiel de certains fermiers qui, à tort, croient que leurs animaux ne valent rien car ils
ne correspondent pas aux standards des animaux retrouvés sur les concours en race dite spécialisée
lait ou viande. Or, la philosophie de la politique d’élevage wallonne exprimée par la MRW-DGA et qui
est mise en avant par l’AWE est de travailler à l’inclusion de tous les éleveurs-producteurs. A notre
avis, ce projet a un rôle important à jouer dans cette stratégie.
En outre, la préservation de la biodiversité bovine est importante du point de vue culturel étant
donné qu’elle contribue à la sauvegarde de ce patrimoine biologique wallon.
En dernier lieu, le consommateur est de plus en plus interpellé par la qualité et l’image de marque
que présente l’élevage. Ce projet entend ainsi contribuer à la confiance que nous avons envers notre
agriculture, et en l’avenir de celle-ci, respectueux de l’environnement et donnant des gages de
durabilité.