Quel soutien pour les adultes avec autisme

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Quel soutien pour les adultes avec autisme
Atelier D : Quel soutien pour les adultes avec autisme ?
Animatrice : Sophie Rucquoy, responsable Direction « Majeurs » – Awiph
Rapporteuse : Sophie Donnay, psychologue – Service Phare (Cocof)
Présentation :
Que peut-il être proposé actuellement aux adultes avec autisme en termes d'insertion sociale ou professionnelle en
Régions wallonne, germanophone, bruxelloise et flamande.
Et que développer dans l'avenir ?
Compte rendu :
Lors de cet atelier, nous avons eu le plaisir d’animer 16 professionnels et 10 parents. La majorité de ces personnes étaient
wallonnes, et une personne avait fait le déplacement de France.
La problématique des adultes avec autisme concernait directement 16 personnes. Sur les 26 personnes, 16 travaillaient
dans l’accompagnement ou étaient plus particulièrement intéressées par l’accompagnement.
Nous avons commencé par un rappel des champs d’intervention accessibles pour l’instant aux personnes adultes avec
autisme, dans les quatre Régions de Belgique : emploi, accompagnement, accueil de jour, centres d’hébergement, de
court-séjour et de répit.
Région wallonne :
- Insertion socioprofessionnelle
Il y a des possibilités d’accéder aux centres de formation professionnelle (CFP) et aux entreprises de travail adapté (ETA)
mais il n’y a pas d’aide spécifique de l’AWIPH pour l’emploi-formation.
Il y a aussi la possibilité de primes dans l’emploi ordinaire (primes de compensation, prime à l’intégration, stages
découverte, contrat d’adaptation professionnelle).
Il existe également des dispositifs de soutien dans l’emploi, entre autres dans le domaine du coaching.
Question : est-ce que tout cela concerne les personnes avec autisme ?
Réponse : c’est à voir au cas par cas, et ces propositions peuvent leur convenir même si cela ne concerne pas
énormément de cas. On a vu certaines de ces solutions comme étant adéquates au niveau de l’emploi pour des
personnes avec autisme, même si ce n’est pas pour la plupart des cas.
- Accompagnement
Il est possible d’accéder à tous les services d’accompagnement polyvalents.
Et il y a un service d’accompagnement spécifique : le SUSA.
- Centre de jour et/ou d’hébergement
Pour les familles, c’est le plus souvent le parcours du combattant pour trouver une place dans un centre spécialisé. Il
existe quelques centres spécialisés en Région wallonne (Les Aubépines à Sart-Risbart, Le Mistral à Saint-Georges-surMeuse, la Structure La Graignette au Village n°1, Bellerive à Hoves…)
Mais il n’est pas nécessaire que le centre soit spécialisé : il y a beaucoup de personnes avec autisme qui sont accueillies
dans des centres non spécialisés spécifiquement pour l’autisme.
Au niveau de l’AWIPH, il y a une convention nominative pour créer des places d’accueil dans certaines institutions : elles
sont pour les personnes prioritaires avec un handicap les mettant en situation d’urgence.
- Répit-Crise
Possibilité d’accès aux différents services de répit (soit de type institutionnel, soit à domicile) dont un, en tous cas, est
spécialisé dans l’autisme : la 2ème base à Gembloux.
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Possibilité d’accès aux dispositifs de court séjour, mais qui ne sont pas spécifiquement orientés sur la question de
l’autisme.
Région germanophone :
- Insertion socioprofessionnelle
Il y a une série d’aides à l’emploi : Entreprises de travail adapté, insertion professionnelle ordinaire mais avec un
accompagnement.
- Accompagnement
Il y a une collaboration étroite avec le Susa et un accompagnement prévu pour les personnes qui vivent seules.
- Centre de jour et/ou d’hébergement
Il y a des centres d’accueil et d’hébergement mais non spécifiques à l’autisme.
En général, il y a une adaptation aux besoins de la personne au lieu d’essayer d’adapter la personne à l’institution.
- Répit-Crise
Il y a des possibilités de court-séjour.
Région de Bruxelles-Capitale :
- Insertion socioprofessionnelle
Il y a des aides à l’emploi, surtout pour les personnes atteintes du syndrome d’Asperger : stages de découverte, contrat
d’adaptation professionnelle puis prime d’insertion. Il y a une cellule d’adaptation en Entreprise de Travail Adapté. Pour
une intégration à long terme, l’accompagnement du service d’accompagnement est nécessaire, car il n’y a pas de service
coaching.
- Accompagnement
Le centre d’accompagnement de référence est le SUSA Bruxelles. Il y a aussi d’autres services. Mais il y a des listes
d’attente partout, d’où la difficulté de trouver un accompagnement.
Il y a aussi une collaboration avec des associations de parents ou autre (infor-autisme, Brique du Gamp,…)
Le développement d’un nouveau décret inclusion devrait permettre de ne pas mouler la personne sur l’institution (il y a
souvent beaucoup d’exigences par rapport aux résidents, etc. afin qu’ils puissent entrer dans le cadre) mais de se baser
beaucoup plus sur les besoins individuels de la personne.
- Centre de jour et/ou d’hébergement
Il n’y a pas de centre spécialisé pour l’autisme à Bruxelles à l’heure actuelle. Les personnes sont accueillies dans d’autres
centres.
Il y a aura prochainement l’ouverture de la Coupole pour l’Autisme à Jette, où il y aura la possibilité d’accueil de 15
personnes en centre de jour et de 15 personnes en centre d’hébergement.
Il y a aussi des petites structures de logement inclusif qui sont en réflexion au niveau politique et un projet d’ouverture
d’une structure expérimentale pour bientôt.
Il y a aussi la possibilité de conventions prioritaires mais cela reste très limité pour l’instant (3-4 personnes accueillies par
année).
- Répit-Crise
Des solutions de répit sont proposées à domicile ou sous forme d’activité hors du domicile pour des personnes qui sont à
domicile depuis de nombreuses années et dans une grande dépendance sans solution.
Il y a aussi l’idée de développer des interventions en situation de crise.
Notons encore qu’à Bruxelles, un certain nombre de personnes avec autisme sont accueillies dans des centres
bicommunautaires.
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Région flamande :
- Insertion socioprofessionnelle
Les compétences ont été transférées au VDAB, avec un accompagnement spécifique. Les personnes avec autisme
peuvent y demander une prime de soutien (VOP = vlaamse ondersteuningspremie).
- Accompagnement
Il peut y avoir des accompagnements à domicile, des logements accompagnés. Les PAB (persoonlijk assistentie budget ;
budget d’assistance personnalisé) sont très développés et permettent une individualisation des besoins. Mais il y a des
listes d’attentes.
- Centre de jour et/ou d’hébergement
Il existe des centres de jour et d’hébergement de divers types (habitations protégées, habitations pour travailleurs, pour
non travailleurs…).
- Répit-Crise
Possibilités aussi de courts séjour. Il y a toute une gamme de services et des lieux spécifiques par rapport à l’autisme.
Suite à cette présentation, nous avons approfondi chaque thématique, voici ce qu’il en est ressorti.
1.
L’insertion professionnelle ou la formation :
Cela ne concerne qu’un nombre limité de personne présentant de l’autisme. Nous avons abordé la thématique des stages
découvertes, des contrats d’adaptations professionnelles, des expériences de renfort dans des associations via du
bénévolat, qui tous peuvent être des pistes d’insertion socioprofessionnelle.
Il a été mis en évidence que l’accès aux centres de formation AWIPH est difficile pour les personnes présentant de
l’autisme et ayant un niveau pédagogique peu élevé.
De plus, pour certains jeunes, les centres de formation existants ne semblent pas adaptés et ces jeunes ne trouvent pas
ensuite un emploi, car il est difficile qu’il y ait une compatibilité entre ce qui est proposé et leurs compétences. Ces jeunes
ont besoin d’être soutenus au point de départ.
L’emploi à tout prix n’améliore pas toujours la qualité de vie, aussi bien, au niveau financier qu’au niveau de l’intégration
sociale. L’emploi ne doit pas être vu comme un but mais il faudrait plutôt y réfléchir comme un moyen, qui donne une
place et valorise, donne accès à un réseau social.
- Il est donc nécessaire de développer des activités valorisantes.
- Il est également important que l’enseignement prépare à la vie d’adulte (préparation à la construction de liens
sociaux, d’activités valorisante, de l’insertion professionnelle).
- Dans tous les cas, il faut que les personnes qui accompagnent dans l’emploi soient formées à l’autisme.
Pour les entrepreneurs qui veulent bien accueillir une personne avec autisme pour un stage, une aide est possible au
niveau du coaching.
2.
L’accompagnement :
Nous avons parlé des rôles des SAI notamment dans l’accompagnement à la recherche de formation et d’emploi.
3.
L’hébergement/ l’accueil de jour :
- On constate souvent une inquiétude des services quand il s’agit d’intégrer des personnes avec autisme.
- Il est important de soutenir les équipes éducatives, de former le personnel et les stagiaires, de maintenir une
communication positive avec les familles.
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- Il est important de pouvoir rassurer les parents par rapport à l’accueil dans une structure non spécialisées ou
dans une structure où il n’y a pas d’encadrement 24h/24 (= services résidentiels de transition). Par la suite, on
est souvent surpris des capacités d’autonomie des personnes qui, dans une structure où elles seraient prises en
charge totalement, se laisseraient plutôt aller. Les services résidentiels de transition (SRT) ne sont en fait pas
de services de transition, mais ils restent là. Ils doivent être en lien avec une institution, avoir une garde la
nuit… Certains particuliers développent ce type de service chez eux sur leur propre initiative.
- Les pouvoir publics devraient avoir une attitude plus tranchée par rapport à l’accueil des personnes les plus
lourdement handicapées. En évitant malgré tout, l’imposition de personnes à tout prix.
- Il faudrait contrôler l’accès en SRA (Service résidentiel pour adulte) afin que les personnes avec un handicap
plus léger n’y rentre pas mais soient orientées vers des SRT (Services résidentiels de transition).
- Rôles des conseils communaux lors de la création de nouvelles structures type SRT : lorsqu’un particulier veut
se lancer dans cette initiative, il faut qu’il se mette en contact avec plusieurs services et voir au niveau
communal.
4.
Court-séjour/ répit :
- Il serait important pour les familles qu’il puisse y avoir plus de possibilités de court-séjours programmés.
- Dans la cadre des services de répit, il y a parfois des disparités entre un service et l’autre au niveau de
l’organisation interne. Quand l’organisation interne n’est pas stable, cela peut avoir un impact sur les
personnes avec autisme les fréquentant.
5.
Divers :
- Nécessité de formation du personnel. Il est nécessaire que les équipes soient soutenues en matière de
formation, que ce soit pour le répit ou dans des lieux d’accueil non spécialisés mais qui accueillent quelques
personnes avec autisme. Il faut aussi une formation de base pour les éducateurs par rapport à l’autisme, et une
formation continue au cours de leur travail.
- Nécessité de continuité dans les interventions
- Importance du rôle des unités mobiles afin d’éviter les exclusions.
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