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MONKEY MONEY MARS MA 01 ME 02 20H THÉÂTRE Carole Thibaut Texte et mise en scène Carole Thibaut — Avec Thierry Bosc, Charlotte Fermand, Michel Fouquet, Élizabeth Mazev et un jeune comédien — Scénographie, lumière, vidéo Antoine Franchet — Son Margaux Robin — Costumes Magalie Pichard. © Simon Gosselin Monkey Money met en scène une société fantasmagorique, coupée en deux par un mur qui sépare le monde des riches et le monde des pauvres. Ces mondes, miroirs inversés l’un de l’autre jusqu’aux personnages qui les peuplent, se font face. Du Call center marocain à la forêt des contes, des festivités de la « haute » aux bas-fonds des quartiers troubles, la pièce nous entraîne dans une traversée hallucinatoire d’une société ultralibérale devenue folle, vaste marché humain qui dévore ses propres enfants. Ce projet d’écriture est né d’une immersion dans une entreprise de ventes de crédits en 2012. À la suite de cette expérience, Carole Thibaut s’est penchée sur les questions du capitalisme, du libéralisme et de la crise économique actuelle. Pour cela, elle s’est immergée dans un open space où elle a mené une série d’entretiens avec des salariés de grandes entreprises, avant d’aborder l’écriture de la pièce. Autrice, metteuse en scène et comédienne, militante engagée à l’association H/F, elle place les écritures au cœur de sa démarche artistique. — MA 01 après la représentation : rencontre/débat en compagnie de Carole Thibaut et de Jean-François Ponsot, maître de conférences en sciences économiques, Université Grenoble Alpes. — Production Compagnie Sambre. Coproduction Théâtre du Nord – CDN de Lille. Accueil en résidence Espace Germinal de Fosses et Espace Sarah Bernhardt de Goussainville. Soutiens à la diffusion Festival Théâtral du Val d’Oise, participation artistique du JTN et de l’ENSATT. Soutiens Chartreuse – CNES de Villeneuve-lès-Avignon. Le texte est édité chez Lansman. La Compagnie Sambre est en convention avec la DRAC Île-de-France - ministère de la Culture et de la Communication, avec le Conseil régional d’Île-de-France dans le cadre de la permanence artistique et culturelle et est soutenue par le conseil général du Val d’Oise. © Gérald Lucas En 2012… … J’ai eu l’occasion d’aller passer une journée dans l’immeuble d’une grande entreprise de vente de crédits. Je circulai entre tous les étages, allant de la direction au service contentieux au service recouvrement en passant par les services communication et vente, avec un arrêt par la salle zen, petit jardin japonais d’intérieur, la salle de restauration, le bar, … ! Ce mois-là, il y avait un chalenge « Pirates en cours » au service recouvrement. L’étage était décoré de filets de pêches, masques de pirates, têtes de mort en plastique, fausses pièces dorées, coffres au trésor, perroquets, crochets et jambes de bois ! La personne qui m’avait fait entrer pour la journée dans les bureaux de l’entreprise était au micro et encourageait son équipe à faire grimper le chiffre des recouvrements pour tenter de gagner le chalenge. Elle ressemblait plus à une animatrice d’un club de vacances qu’à une des chefs de service du service recouvrement d’un organisme de vente de crédits ! Les salarié/e/s étaient accroché/e/s à leurs casques téléphoniques et enchainaient les appels ! J’ai passé plusieurs heures à aller d’un poste à l’autre, à suivre leurs échanges téléphoniques, en double écoute ! A la fin de la journée, la personne que je connais bien et qui m’avait fait entrer dans les bureaux, m’a demandé si cela m’avait intéressée. J’ai répondu que oui. Elle m’a demandée si j’avais compris maintenant que son métier était un chouette boulot, où il régnait une bonne ambiance, et où, contrairement aux idées préconçues, on n’arnaquait pas les gens, bien au contraire, on était plutôt victimes des mauvais payeurs et escrocs en tous genres, dont, malgré tout, on essayait encore d’arranger les problèmes. Elle a ajouté : parfois on a même l’impression de remplir le rôle d’un service social ! J’ai dit que oui. Tout à fait. Je comprends bien maintenant ! Et puis je suis sortie de l’immeuble. J’ai marché au hasard des rues, plusieurs heures ! La production de L’enfant était bouclée, la création prévue la rentrée suivante (*). J’écrivais L’île que j’avais prévu de créer à la suite. Ce soir-là j’ai décidé de suspendre ce projet et de commencer à travailler sur celui-ci. Comme une urgence. Une nécessité de raconter ce cœur symbolique du monde d’aujourd’hui. L’île attendra. Carole Thibaut – mars 2013 © Simon Gosselin Dramaturgie et notes Cela se passait en 2012. ! Depuis j’ai visionné et lu des dizaines de documents (essais, documentaires, interviews…) sur l’économie mondiale, le libéralisme, la dérégularisation du marché, la crise, la souffrance au travail. J’ai étudié, entre autres, les théories de Karl Polanyi qui, au début du XXe siècle, avait mis en garde contre les risques de dérive d’une économie mondiale dé-régularisée, et l’impact catastrophique qu’elle pourrait avoir sur l’environnement, la société, l’évolution politique des démocraties, tout ce à quoi nous sommes actuellement confrontés. J’ai mené plusieurs entretiens avec des employés travaillant sur des open space et dans ces call center de différentes entreprises. J’ai mené des recherches sur les grandes familles entrepreneuriales et les grands groupes français. J’ai passé plusieurs jours en immersion au sein d’une grande entreprise de vente de crédits à la consommation. Au début je souhaitais travailler sur l’open space et le système de management faussement ouvert et au fond oppressif qu’il génère. Peu à peu, au fur et à mesure du travail de recherche, est apparue la nécessité de raconter la façon quasi-organique dont les êtres sont pris dans le système, devenant comme des prolongements même du système. Raconter comment cela sort des murs des entreprises et des banques, comment cela met en jeu la vie tout entière, chaque parcelle de nos vies, celles de nos enfants, où que nous soyons, dans quelque milieu. ! Le grain de sable ! Trois livres, entre autres (cf. bibliographie et sources page suivante) ont été des déclencheurs d’écriture, à travers les traces qu’ils m’ont laissées et que j’ai retrouvées ici. ! «Calderon» de Pasolini est une variation magistrale sur La vie est un songe de Calderon où, dans les rêves et réalités successives de Rosaura, on traverse de façon hallucinatoire différentes périodes phares et terribles de l’histoire du XXe siècle, avant d’arriver à ce que Rosaura définit elle-même comme son ultime réalité : le camp de concentration. Dans Monkey money, j’ai gardé l’idée de la traversée onirique de milieux sociaux radicalement différents, et ce par le même personnage-témoin, dont le regard et la présence font ressortir brutalement ces différences comme autant d’obscénités. Pour autant Monkey money est une pièce-récit, structurée, où l’histoire se suit et trouve sa résolution à la fin, dans sa logique narrative ! Terres mortes de Krœtz est une plongée noire, désespérée, folle, cauchemardesque dans l’enfer d’un monde capitaliste à travers l’exil de la campagne à la ville d’un frère et d’une sœur. Monkey money n’est pas une pièce noire, sans espoir, parce que, au delà de la laideur et l’enfer de ce système dans lequel nous sommes plongés et qui nous enserre de tous côtés, existe en moi la croyance, presque irrationnelle, mystique en l’humain, aussi petit, fragile, limité soit-il. Cette étincelle est le garant de ma survie en ce monde. Elle est une croyance religieuse, transcendante, pour moi. ! Dès les premières lignes que j’ai écrites sur ce projet, en 2012, j’ai dit que cette pièce serait porteuse de cette petite lumière humaine, de façon bien plus forte que dans L’enfant par exemple, où, au final, personne ne s’élève au dessus de sa condition de membre du collectif déresponsabilisé (même si au final non plus personne n’est un monstre). Je retrouve ici les traces de L’éloge de la désobéissance, dans ces êtres humains bien ordinaires, ces héros du commun qui vont simplement un jour décider de cesser d’obéir, faire ce petit pas de côté, minuscule grain de sable qui vient gripper les rouages de la machine monstrueuse. Mon livre de chevet actuel, celui vers lequel je reviens chaque jour pour préserver cette petite lumière humaine au milieu de cette plongée dans l’ultra-libéralisme c’est Les Misérables de Hugo, lequel, tout en peignant des temps de chaos et une humanité misérable, parle de l’humain avec un amour et une tendresse réellement mystiques. Ici, je crois en la force de la singularité humaine face à un système qui tend à nous confondre dans un grand tout compresseur. La pièce Dans la société (totalement imaginaire) de cette histoire, un mur sépare désormais le monde des pauvres et le monde des riches. Mais un homme, issu du monde des pauvres, va franchir ce mur et venir perturber la soirée d’anniversaire de la Bee Wi Bank, organisme de vente de crédits appartenant à une grande famille entrepreneuriale. Face au refus du «Vieux Grand Directeur de Tout» d’effacer sa dette, il menace de s’immoler par le feu. Et il demande à K, fille du VGDT et héritière du groupe, de s’occuper de sa propre fille Léa une fois son acte accompli. K, à mille lieux de cela, commence par refuser… La pièce repose, entre autres, sur la notion du double : un personnage du monde des riches va se retrouver sous les traits d’un autre personnage qui lui fait pendant dans le monde des pauvres, et vice-versa, comme des reflets inversés, qui créent le trouble chez ceux qui les croisent. Comme s’ils découvraient soudain, en franchissant le mur, que leurs proches existent aussi dans d’autres vies de l’autre côté du mur, et que les deux mondes ne sont que les reflets monstrueux l’un de l’autre. K nous sert de guide. On la suit dans une traversée hallucinatoire et comme grossie, déformée, du système. Comme si elle entrait dans le corps du système-même. K appartient à une grande famille de l’entreprise française, elle en est l’héritière, littéralement (puisque elle est la fille du Vieux Grand Directeur de Tout), et symboliquement (dans ce que Bourdieu a appelé «Les héritiers»). À ceci près qu’elle est fille, ce qui change pas mal de choses au fond dans le rapport à l’héritage paternel : la fille, dans la tradition de cette famille, n’hérite pas du pouvoir, qui est et reste masculin, et est transmis aux hommes par les hommes, fils, neveux, gendres. Elle est, au mieux, porteuse du pouvoir, qu’elle peut apporter en dot, en faisant «entrer» un homme dans la famille et donc dans la lignée des héritiers. En ce sens son parcours s’inscrit dans l’histoire traditionnelle des femmes, et ce, malgré les apparences d’une vie très libre et moderne. Menant une existence oisive, elle est la fille éternelle du père. La rencontre avec L’homme va venir éveiller chez elle la conscience de sa capacité à agir en tant que sujet, hors de son monde. Lorsque L’homme la rencontre il est surpris et troublé de constater à quel point cette femme, si éloignée de son propre milieu, ressemble à sa femme, qui apparaît dans une scène au début de la pièce, dans le monde des pauvres. L’homme fait partie du monde des pauvres. Père de famille, employé au chômage, il a fini par perdre ses indemnités, a contracté des crédits, ne parvient plus à payer, se retrouve en surendettement. Le parcours en chute libre de cet homme s’inscrit au début, dans une forme de prologue, à travers des écrans et des voix anonymes au téléphone. Cet homme est dans la situation du demandeur, voire du suppliant, du fautif, du mauvais payeur, jusqu’au moment où il refuse cette place qu’on lui assigne. On l’entend au début au téléphone, parmi d’autres appels, dans une centrale d’appels marocaine que supervise la centrale France de la Bee Wi Bank (la banque de la famille). Il s’introduit dans le monde des riches, tente de convaincre Le Vieux Grand Directeur de Tout de leur fraternité humaine réciproque et devant le refus de celui-ci d’effacer sa dette, finit par s’immoler par le feu en pleine soirée d’anniversaire de la Bee Wi Bank. Le vieux, est, dans le monde des riches, le patriarche de la grande famille, Le Vieux Grand Directeur de Tout, le père de K. Ce père, K le retrouvera, dans le monde des pauvres, sous les traits d’un autre vieil homme, le père de L’homme. Ce vieux-là décide, lui, de ne plus manger et de se laisser mourir de faim, par refus de continuer à ingurgiter des parts du système. Il finit dans la rue à vouloir «crever à la lune». Le jeune homme qui fait commerce de tout apparaît, dans le monde des riches, sous les traits du Jeune directeur France, jeune cadre supérieur, brillant et ambitieux. On apprendra qu’il vient de l’autre côté du mur (du monde des pauvres) et qu’il a plus ou moins abandonné sa mère et renié en partie ses origines pour tenter de se construire en homme du monde des riches. C’est lui que Le vieux grand directeur de tout choisit comme fils spirituel et héritier et c’est à lui que K propose le mariage pour l’aider à asseoir son pouvoir au sein de la famille. Dans le monde des pauvres, il est Le fils de l’homme, petit dealer qui fait marché de tout, de la drogue à sa propre sœur qu’il vend dans une cave. Léa, la fille de l’homme, s’inscrit au début dans la logique de cette société, se vendant sur internet par écrans interposés, puis laissant son frère la vendre dans une cave. Elle est l’objet marchand par excellence, objet sexuel fantasmé, vendu, acheté, placardé, à l’infini. Elle finit par être emmenée par K, qui l’achète au frère, avant de tenter avec elle, en la sortant de ce monde, un début d’émancipation qui s’annonce lent et ardu. Léa et L’homme sont les deux seuls personnages de la pièce à ne pas avoir de doubles. Bibliographie et sources (non exhaustif) • L’éloge de la désobéissance (à propos d’un «spécialiste» Adolf Eichmann) de Rony • Brauman et Eyal Sivan • Eichmann à Jérusalem de Hannah Arendt • Les misérables de Victor Hugo • Calderon de Pasolini • Terres mortes de Krœtz • Amerika de Kafka • Twin Peaks de Lynch • La subsistance de l’homme & La grande transformation de Karl Polanyi • Inside Job, film de Charles Ferguson • Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés : Journal de la consultation de Marie Pezé • Le Liseur de Bernhard Schlink • Les enjeux psychiques du travail : Introduction à la psychodynamique du travail» de Molinier Pascale • Le coût de l’excellence de Nicole Aubert • Les sources de la honte de Gaulejac Vincent • La mise à mort du travail, film de Jean Robert Viallet • Les managers de l’âme : Le développement personnel en entreprise, nouvelle pratique de pouvoir ? de Brunel Valérie • L’ère du coaching : Critique d’une violence euphémisée de Guilhaume Geneviève • Du ketchup dans les veines : Pratiques managériales et illusions : le cas McDonald’s de Weber Hélène • La barbarie douce : La modernisation aveugle des entreprises et de l’école de Le Goff Jean-Pierre • La société malade de la gestion : Idéologie gestionnaire, pouvoir managérial et harcèlement social de Vincent de Gaulejac • Souffrance en France : La banalisation de l’injustice sociale de Dejours Christophe Création scénique (notes) Distribution - jeu Les 5 acteurs-trice-s sont des corps, des gueules, avant tout. Ils entrent en scène et déjà ils racontent un monde, avant même d’avoir ouvert la bouche. La pièce a été imaginée en partie à travers chacun d’eux. Ce qui est en jeu ici c’est leur humanité, avant leur savoir-faire d’acteur-trice-s. Mais ils sont aussi des acteur-trice-s d’expérience et de talent : Thierry Bosc, Elisabeth Mazev, réunis pour la première fois sur un plateau, Michel Fouquet pour et par qui a été imaginé L’Homme, Charlotte Fermand jeune et magnifique comédienne découverte lors de la création de Printemps à l’Ensatt. L’équipe est étroitement liée au texte avec un premier travail à la table en mai 2015. Le jeu se veut rapide, vif, droit, sans pathos possible, sans intelligence a postériori, de plein pied dans l’action, dans le verbe. Laissant au seul public toute l’intelligence et l’empathie possible.» La scénographie dessine une ligne narrative partant d’un apparent réalisme à un univers fantasmagorique, qui fait surgir la fable, jusqu’à atteindre dans la dernière scène une esthétique proche du dessin noir et blanc d’un album de contes pour enfants (à la fois enfantin et effrayant) Le call center du début, prologue de la pièce, est joué uniquement à travers des écrans et des voix plus ou moins lointaines. Sur les écrans n’apparaissent pas des personnes mais des fiches et tableaux représentant des personnes (fiches clients, tableaux d’évaluation d’appels, notation d’employés, …). Les voix sont choisi-e-s pour leur singularité et les portraits sociaux qu’elles laissent entendre. Le monde des riches est dessiné à partir de l’esthétique de l’entreprise moderne : un espace ouvert fait de transparences, de lumières blanches et lisses. La vulgarité en est soulignée par la froideur trop brillante et par une propension, lors de la fête d’anniversaire, à abuser des technologies dernier cri : lasers de couleurs, musiques techno très fortes, projecteurs tournants, projections vidéos – slogans, … Les couleurs et matières dominantes au début du spectacle sont donc le verre (Plexi, Crystal, Cyclo transparent), le blanc (notamment pour le sol et les murs), les lumières vives. Lorsque la fête se déplace et que se révèlent à nous les coulisses du monde des riches, l’espace perd de sa brillance et de sa blancheur, se révèle terne et sale, par le jeu des lumières. Les éléments (comme le buffet de la fête) s’isolent, des zones d’ombres apparaissent sur la scène, gagnant de plus en plus de place. Cet espace, on s’en aperçoit alors, n’occupe que l’avant-scène et est coupé de l’arrière scène par un mur immense et blanc, semblant au début immaculé, et sur lequel peu à peu vont venir jouer des effets vidéo d’ombres mouvantes légères. La bascule de la pièce, que représente l’immolation de L’homme au milieu de la fête des Riches, est symbolisée par une trouée dans ce mur, son embrasement et sa disparition. Il donne à voir «l’autre côté» du mur, le monde des pauvres. Le monde des pauvres, révèle une esthétique plus irréaliste, plus onirique, proche du cinéma impressionniste allemand (cf. certains décors de M. le Maudit), de plus en plus graphique, se rapprochant au fur et à mesure du dessin. La vidéo se fait de plus en plus présente, notamment à travers des images en mouvement, non figuratives, ou végétales, travaillées dans l’espace en mapping. Les dernières scènes de la fuite de Léa et de K se déroulent dans un univers désertique et totalement noir et blanc, entre Beckett et certains dessins de bande dessinée ou d’illustrations de livres pour enfants, univers naïf, nu et vaguement terrifiant. Le son fait partie intégrante de cette évolution, travaillé en lien étroit avec l’image, mais sans en être interdépendant (la plupart des vidéos sont silencieuses, le son est toujours travaillé à part). D’un rapport assez étroit au réel au commencement, il s’en éloigne de plus en plus au fur et à mesure de l’évolution de l’espace, transformant les sons du réel, imperceptiblement, en sons plus abstraits, quasi musicaux, étirés sur quelques notes rares. BIOGRAPHIES Michel Fouquet IL entame une formation de technicien cinéma avant de travailler au théâtre sous la direction de Christian Benedetti (Supermarché de B.Srblianovitch, Liliom de F. Molnar, Ivan le terrible d’après Eisenstein, etc.), Gilles Daho (La Défunte de N. Rodriguez) ou Dominique Dolmieu (Les Arnaqueurs et Les Trois chardons de M. Chero). Il rencontre Carole Thibaut en 2013 pour une reprise de rôle en tournée sur L’enfant. Elizabeth Mazev Née à Cannes, Elizabeth Mazev «monte à Paris» à vingt ans avec son ami depuis l’école communale, Olivier Py. Après une année dans l’école de théâtre La belle de Mai, elle écrit un premier texte Mon père qui fonctionnait par périodes culinaires et autres qu’elle joue, mis en scène par Olivier Py. Parallèlement à leur collaboration régulière, elle travaille également sous la direction de François Rancillac, Pierre Ascaride, Jean-Luc Lagarce, Claude Buchvald, Caterina Gozzi, Jean-Pierre Vincent, Giorgio Barberio Corsetti, Bernard Sobel, Grégory Motton, Valère Novarina, François Berreur, David Lescot, Thierry Falvisaner, Jeanne Candel, Thomas Quillardet... Elle a enseigné à l’ERAC, à la faculté de théâtre de Besançon, au studio théâtral de Vitry-sur-Seine et animé des stages auprès de divers conservatoires. Ses textes sont publiés aux Solitaires Intempestifs. Charlotte Fermand Elle a été élève comédienne à l’ENSATT de 2011 à 2014. Elle y rencontre Carole Thibaut qui crée avec sa promotion Printemps en février 2014, ainsi que Jean-Pierre Vincent qui l’y met en scène dans War and Breakfast de Mark Ravenhill en mai 2014. Elle est actuellement élève comédienne à La Comédie Française. Thierry Bosc Il découvre le théâtre au lycée. Au milieu des années 60, il partage ses activités entre la création de sa propre compagnie et ses débuts comme comédien au T.N.P. de l’après Vilar, avec Georges Wilson. En 1970, il fait partie de la toute nouvelle équipe professionnelle du Théâtre de l’Aquarium installé à la Cartoucherie de Vincennes, avec Jacques Nichet, Jean-Louis Benoit et Didier Bezace entre autres. Depuis 1982, il joue notamment sous la direction de Stuart Seide, Matthias Langhoff, Claude Yersin, Jean Pierre, Jean-Paul Wenzel, Christian Caro,, Jean-Louis Hourdin, Jacques Nichet, Dominique Lurcel, Claude-Alice Peyrottes, Gregory Motton et Ramin Gray, Hélène Vincent. Dernièrement, il a joué sous la direction d’Irina Brook (Danser à Lughnasa de Brian Friel et Résonances de K. Burger), Dan Jemmet (Ubu d’après Jarry, adaptation de G. Stevens) Hélène Vincent (Tableau d’une exécution de Howard Barker). Au cinéma, il a notamment tourné avec Costa Gavras, Roger Planchon, Jean-Pierre Thorn, Christine Laurent, Arnaud Des Pallieres, Serge Lalou. Il a rencontré Carole Thibaut sur L’enfant en 2012. Antoine Franchet Apres ses études (mathsup/spe - Ersa - ensatt) il fait son service en tant qu’objecteur de conscience au théâtre de St Cyr l’école et commence à travailler avec Hugo Herrera. Il rencontre Benoît Lambert et sa compagnie, le Théâtre de la Tentative en 1996. Il travaille depuis cette époque comme éclairagiste, scénographe et vidéaste sur ses spectacles et maintenant avec le CDN de Dijon. Il vient de finir avec ce metteur en scène l’opéra Der Kaiser von Atlantis de Ullmann. Margaux Robin Sortie de l’ENSATT en 2014, Margaux Robin travaille aujourd’hui le son avec curiosité et l’expérimente sous toutes ses formes, au théâtre, au cinéma ou sous forme d’installations. Régisseuse son auprès de Patrick Geslin (Cie tout est son contraire) pour son spectacle de rue René Renaît, ou régisseuse générale avec la Cie In Vitro - Marine Mane pour sa nouvelle création, ou encore ingénieure du son et monteuse son auprès de Jeanne Cousseau (INSAS de Bruxelles) pour son adaptation filmique de The Wave de Virgnia Woolf, Margaux Robin est à la recherche de diversité, toujours au plus près de l’énergie de création du spectacle vivant, ou de projets indépendants. Elle a travaillé avec Carole Thibaut pour la création son de Printemps à l’ENSATT en 2014. Magalie Pichard Formée à l’ENSATT puis au Greta, elle est habilleuse au Théâtre de l’Odéon, a travaillé comme habilleuse à l’Opéra Bastille (Carmen, La Bayadère, Alceste, Faust, Madame Butterfly… en 1993 et 1994), au Théâtre des Mathurins (Les Palmes de Monsieur Schultz, Archibald, Cœur de Laitue, Ce que femme veut … entre 1994 et 2002), à la Comédie des Champs-Elysées (L’éducation de Rita, 2002), au Théâtre de la Michodière (Impair et Père, Le canard à l’orange, L’éloge de ma paresse, Daddy Blues, Tout bascule et Un homme parfait entre 2002 et 2005), à la Comédie Française (Le Malade imaginaire, 2002), au Théâtre de l’Odéon (Viol, mise en scène de Luc Bondy, 2005). Elle a travaillé en tant que créatrice costumes sur la quasi-totalité des spectacles mis en scène par Carole Thibaut depuis 1995. Carole Thibaut Autrice, metteuse en scène et comédienne, elle a créé et dirige la Cie Sambre, conventionnée en Ile-de-France par la Région et le ministère de la Culture, avec laquelle elle crée la majorité de ses spectacles depuis vingt ans. Elle est également directrice artistique associée de Confluences - lieu d’engagement artistique (Paris 20e), participe à l’aventure artistique du Théâtre du Nord–CDN de Lille aux côtés de Christophe Rauck et est autrice associée à l’Hexagone Scène Nationale Arts Sciences - Meylan cette saison. Après avoir commencé par mettre en scène des pièces du répertoire (Caligula de Camus, Le misanthrope de Molière, Mademoiselle Julie de Strindberg…) ainsi que des adaptations d’œuvres romanesques ou épistolaires (Les lettres de Vincent Van Gogh à son frère, Liaison dangereuse d’après Laclos, …) elle se tourne à partir de 2001 vers les auteurs contemporains (Armando Llamas avec Comment te le dire, Jon Fosse avec Et jamais nous ne serons séparés, Daniel Keene dont elle crée Puisque tu es des miens (2004) et Croquemitaine (dans Ici, aujourd’hui 2003), Gilles Granouillet dont elle crée Six hommes grimpent sur la colline (2003). A partir de 2007, elle écrit ses propres spectacles (Avec le couteau le pain, Eté, Immortelle exception, Les petites empêchées, …), ce qui ne l’empêche pas de faire des détours par des auteurs amis comme Armando Llamas ou Rémi De Vos dont elle co-met en scène en 2013 et interprète actuellement, avec son complice Jacques Descorde, Occident. Récemment, elle a créé L’enfant - drame rural au Théâtre de la Tempête en 2012, PrintempS pour et avec les élèves de troisième année de l’ENSATT (en 2014 à Lyon), a repris son solo-performance Fantaisies - L’idéal féminin n’est plus ce qu’il était au festival d’Avignon et à la Maison des Métallos à Paris, solo qui tournera encore en 2015, pour la septième année consécutive, à la Scène Nationale de Mâcon et à St Quentin. Curieuse des formes artistiques transdisciplinaires, elle a créé en juin 2014 au festival des Bains Numériques#8 d’Enghien Une liaison contemporaine, installation théâtrale immersive entremêlant écritures et nouveaux médias, qui sera reprise cette saison à La Panacée à Montpellier et à la Maison des Métallos. À l’automne 2015, elle crée Monkey money au Théâtre du Nord. Elle initie régulièrement des rencontres artistiques et thématiques (à Confluences Les rencontres de la Genre humain/e en 2009, qui verra la création de H/F Ile-de-France, ou le 1er marathon lecture 24h/72 autrices en 2013 ou encore en mars 2014 1914 - 2014 # un siècle de résistance/s) ; elle travaille en lien étroit avec des gens de toutes influences et origines culturelles et sociales. Elle est membre fondatrice d’H/F Ile-de-France, pour l’égalité des femmes et des hommes dans les milieux de l’art et de la culture, a été vice-présidente du Synavi jusqu’en 2007 et siège aujourd’hui au Conseil national du Syndeac. Ajoutons rapidement qu’elle a dirigé le théâtre de St Gratien (Val d’Oise) de 25 à 31 ans, avant d’être artiste associée au centre culturel Germinal à Fosses (Val d’Oise) puis au Théâtre de l’Est Parisien, au Festival Textes en l’air (pour lequel elle mène en 2009 une résidence de 3 mois dans l’Isère afin de collecter des histoires de femmes en zone rurale qui donnera naissance à une pièce documentaire les éroïques puis à L’enfant), à L’Etoile du Nord, au Festival Charles Dullin (pour lequel elle écrit en 2010 Jean le Fort une pièce sur le marché de Rungis). Elle aime aussi travailler avec des artistes d’autres disciplines comme en 2008 où, à l’invitation de L’apostrophe, Scène nationale de Cergy, elle écrit Histoires de résonnances, en collaboration avec le compositeur François Méchali, ou encore avec le chorégraphe Philippe Ménard. Elle continue à jouer de temps en temps sous la direction d’autres artistes, comme avec Jacques Descorde pour Combat de Gilles Granouillet en 2013 ou Cut d’Emmanuelle Marie en 2002 et 2007. Elle répond régulièrement à des invitations à l’écriture, comme celle d’Agnès Desfosses avec Debout en 2010 écrit en lien avec les habitant-e-s de Villiers le bel, du festival de la correspondance de Grignan, en 2011, avec Moscou la rouge, du Festival Sidérations au CNES (Centre national des études spatiales) pour lequel depuis 2012 elle crée chaque saison une performance comme Space girls en 2013 ou encore cette année avec À plates coutures, pour la Cie Nosferatu, écrit à partir de l’histoire des ouvrières de Lejaby. Elle a reçu de nombreux prix et bourses (prix Nouveau talent théâtre SACD, Prix de Guérande, Bourse DMDTS, bourses du CNT et du CNL, Prix des Journées de Lyon, Bourse Beaumarchais-Sacd, Prix Durance…) et est régulièrement accueillie en résidences d’écriture à La Chartreuse - CNES. Ses textes sont édités chez Lansman. Elle est nommé à la direction du CDD de Montluçon en juin 2015 et a pris ses fonctions le 1er janvier 2016.