Signe de vie N°30 - Institut Pasteur de Lille
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Signe de vie N°30 - Institut Pasteur de Lille
V Signesde N° 30 Mai 2013 journal santé édité par l’institut pasteur de lille ie Notre dossier : Calmette : ses valeurs guident nos chercheurs Espoir pour la santé, partenaire sénégalais Pour un déjeuner rapide et équilibré Fondation reconnue d’utilité publique AU PRINTEMPS, TOUTES ÉPAULES DEHORS E nfin le printemps avec son cortège de bonnes nouvelles : • le retour des fruits de saison qui vont nous faire oublier les mois passés dans l’intimité du quatuor pomme, poire, banane, orange • la parution du livre « A chacun son vrai poids » du docteur Jean-Michel Lecerf qui, loin de me donner le nouveau régime miracle pour rentrer dans mon maillot de bains, me propose enfin une relation apaisée avec mon alimentation • le soleil qui me chatouille les épaules Les épaules, justement parlons-en. Lieu symbolique de la vaccination, certaines ont gardé les stigmates de ces injections et en particulier du BCG. La plume qui griffe ou la bague monovax, le timbre test… Combien d’entre nous se souviennent de cette grande aventure sanitaire du début de scolarité ? C’est la raison pour laquelle en cette année, qui fête les 150 ans de la naissance d’Albert Calmette, découvreur du BCG, l’Institut Pasteur de Lille a demandé à 70 personnalités de dévoiler leur épaule pour un beau livre La passion d’épauler qui fêtera l’événement à l’automne. Plus que leurs épaules, comme autant de clins d’œil, ces 70 personnalités y dévoileront ce qui les rapproche des valeurs et de l’engagement du personnage hors du commun qu’était Albert Calmette. Albert Calmette était un homme visionnaire, pionnier, généreux, qui a marqué de son empreinte les grandes avancées scientifiques du 20e siècle. Il a fait don au monde médical de son invention contre la tuberculose en ne déposant pas de brevet. Aujourd’hui encore, ce sont sur les bases qu’il a édifié que notre fondation se développe. En attendant la parution du livre “La passion d’épauler” nous vous proposons d’en savoir plus sur ce personnage hors du commun dans ce numéro printanier de « Signes de Vie ». 2 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 SOMMAIRE Ça bouge dans l’assiette L’actu au microscope 3 Espoir pour la santé : partenaire de l’Institut au Sénégal 6 Dossier En bref 4 Le LOSC de tout cœur avec Pasteur-Lille 4 A chacun son vrai poids 5 Séminaire : agir contre l’insuffisance cardiaque 5 Conférences et visites : • 5 à 7 : le nouveau visage de la tuberculose • Labos ouverts pour la Fête de l’Europe • 5 à 7 : troubles du sommeil, les solutions pour en sortir 5 Un déjeuner rapide et équilibré : une équation possible Vaccination : • calendrier 2013 • préparez vos vacances avec l’Institut Pasteur de Lille 8 Calmette : ses valeurs guident nos chercheurs Itinéraire d’un chercheur 16 Priscille Brodin, la passion chevillée au corps Kid campus La science expliquée aux enfants 18 Peau et muqueuse : première ligne de défense de l’organisme Edité par l’Institut Pasteur de Lille - DIrECtEur DE La PubLICatIon : Eric Diers rEsPonsabLE DE La PoLItIquE réDaCtIonnELLE : Marie-José Hermant réDaCtrICE : Emmanuelle Deleplace ConCEPtIon graPHIquE : Carole Leclercq CréDIt PHotos : p 1, 3, 4, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 16, 17, 20 ©Photothèque Institut Pasteur de Lille - p5 ©vectomart (Fotolia.com) - p6 ©jillchen (Fotolia.com) - p7 ©Candybox Images (Fotolia.com) - p14 ©sven (Fotolia.com) - p18 ©art Pepper - p19 ©meailleluc (Fotolia.com) p19 ©ia_64 (Fotolia.com) CoMMIssIon ParItaIrE : en cours - Issn : 1288-2690 - PérIoDICIté : trimestriel sur abonnement IMPrEssIon : db PrInt - 53, rue de la Lys - 59431 Halluin cedex L’actu au microscope Espoir pour la santé, partenaire de l’Institut au Sénégal Le 15 Janvier, Jacques Richir et Gilles Riveau représentant respectivement l’Institut Pasteur de Lille et le Centre de recherche biomédicale Espoir pour la santé (EPLS) ont signé un accord-cadre de partenariat qui officialise plus de 20 ans de collaboration. L’ aventure a commencé en 1990. Après la construction du barrage de Diama près de Saint Louis du Sénégal, les autorités sanitaires locales ont vu apparaître une épidémie de bilharziose intestinale alors que cette forme de la maladie était quasi absente dans le pays. Le gouvernement sénégalais par l’intermédiaire de la ville de Saint Louis a fait appel à la ville de Lille, dans le cadre du jumelage qui les unit. C’est l’un des chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille, spécialiste mondial des maladies parasitaires, le Pr André Capron, qui montera, avec l’aide de l’union européenne et de la région Nord-Pas-de-Calais, le programme de recherche francosénégalais ESPOIR. Un programme qui aidera à mettre en place le Plan national sénégalais de lutte contre les bilharzioses et permettra la mise au point à l’Institut Pasteur de Lille, d’un vaccin pédiatrique contre la bilharziose, le Bilhvax dont les résultats des essais cliniques sur l’homme de phase 3 sont actuellement en cours d’analyse. « Quand le programme ESPOIR s’est achevé en 1995, il fallut trouver une existence légale au centre de recherche de Saint Louis afin d’assurer sa pérennité » explique Gilles Riveau, 3 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 chercheur sur le campus et directeur d’EPLS. Nous sommes une ONG mais soyons clairs, il ne s’agit que d’un statut. EPLS n’est pas une structure humanitaire mais bien un centre de recherche biomédicale tout en précisant que, bien évidemment, on ne peut pas faire de la recherche sur la santé des populations sans accompagner les autorités sanitaires à assurer les traitements nécessaires. » EPLS a consacré pendant longtemps toute son énergie à établir des nouveaux moyens de lutte contre les endémies bilharziennes mais, depuis quelques années, le centre de recherche a diversifié ses activités. Il travaille sur le paludisme et la tuberculose (en lien avec d’autres laboratoires de la fondation) ou encore l’influence de facteurs environnementaux et nutritionnels sur la réponse immunitaire. De plus, il participe activement, au Sénégal aux formations des personnels de santé, des étudiants et jeunes chercheurs. Le centre emploie 35 salariés, quasiment tous sénégalais. Longtemps soutenu par des aides publiques, EPLS vit aujourd’hui, comme la plupart des structures de recherche, du fruit de ses activités. L’accord-cadre avec l’Institut officialise les liens forts qui unissent la fondation lilloise et sa fille sénégalaise, pour le plus grand bénéfice de chacune des structures : si la convention facilite les collaborations entre les équipes lilloises et sénégalaises, EPLS profite du rayonnement international de l'Institut Pasteur de Lille, et ce dernier, d’une facilitation au développement de sa recherche en Afrique de l’Ouest. n Qu’est-ce que la bilharziose ? La bilharziose (ou schistosomiase) est une infection parasitaire chronique due à un ver vivant dans la circulation sanguine, et qui tue chaque année près de 300 000 personnes dans les pays tropicaux. La forme larvaire du parasite est présente dans l’eau douce. Elle pénètre par la peau puis contamine le système sanguin. Les œufs pondus par ces vers provoquent des réactions inflammatoires chroniques dans les organes et peut provoquer de très nombreuses pathologies telles que la fibrose du foie ou bien encore le cancer de la vessie En bref Evénement Le LOSC de tout cœur avec Pasteur-Lille Le 29 avril à l’occasion du match Lille-Sochaux, le LOSC a remis un chèque de 12 000€ au docteur Florence Pinet pour l’aider dans ses recherches sur les marqueurs biologiques de l’insuffisance cardiaque. Le mois précédent le joueur Franck Béria était venu rendre visite à l’équipe de Florence Pinet qui cherche des marqueurs biologiques de l’insuffisance cardiaque. Le LOSC a décidé de soutenir les recherches de l’institut Pasteur de Lille sur les maladies cardiovasculaires dans le cadre de ses Grandes Causes. Il faut dire que les problèmes cardio-vasculaires sont un sujet « sensible » pour les sportifs. Pour inciter les supporters à soutenir la fondation eux-aussi, le joueur s’est glissé dans la peau d’un chercheur et le LOSC a offert des pass en tribune VIP à deux de nos donateurs. Franck Béria s’est dit impressionné par le travail, la rigueur et la patience des équipes de l’Institut. « Sur un terrain de foot en 90 minutes tout est plié. Ici c’est un travail de beaucoup plus longue haleine. Mais j’espère qu’il pourra profiter à tous ceux qui sont concernés par la maladie. » Florence Pinet, en collaboration avec le professeur Christophe Bauters du service de cardiologie du CHRU de Lille, recherche des marqueurs biologiques impliqués dans cette maladie. « Quand on est insuffisant cardiaque, on le reste et on peut tout à fait vivre avec une insuffisance modérée . En revanche, il faut éviter le développement de formes graves » explique Christophe Bauters. « C’est la raison pour laquelle nous cherchons des marqueurs biologiques qui nous permettraient, par une simple prise de sang, de sélectionner les patients à risque » poursuit Florence Pinet. En 2010, elle a mis en évidence un nouveau marqueur biologique du remodelage du ventricule gauche, consécutif à un premier infarctus : la phosphorylation de la troponine T. Actuellement les chercheurs essaient de trouver une combinaison de protéines associées à ce marqueur afin de proposer un test sous forme de dosage sanguin et peut-être, à terme, de nouveaux médicaments. n Lecture A chacun son vrai poids Et si on tenait compte de l’IMC pour ce qu’il est : un indicateur. Chacune, chacun est différent, chacun a son histoire, chacun a son poids. Il n’y a pas de norme unique. En matière de poids, il n’est jamais trop tard pour bien faire mais il n’y a pas non plus de recette standard. Et les régimes sont loin d’être “ la ” solution. Ce livre, écrit le docteur Jean-Michel Lecerf, chef du service de nutrition de l'Institut Pasteur de Lille, explique pourquoi. Pour autant, il ne s’agit pas non plus de laisser filer les kilos sans rien faire ou en ignorant les risques pour sa santé. Un livre à dévorer sans modération. n a chacun son vrai poids, éditions odile Jacob, mars 2013. 17,90€ en librairie 4 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 Conférences et visites à l’Institut Pasteur de Lille Vendredi 17 mai 2013, 17h00 Agir contre l’insuffisance cardiaque On parle d’insuffisance cardiaque lorsque le cœur n’est plus capable de pomper suffisamment de sang pour répondre aux besoins en oxygène du corps. Les personnes qui en sont atteintes s’essoufflent et se fatiguent plus facilement. Cette maladie grave survient généralement chez des individus dont la santé est fragilisée depuis plusieurs années par des troubles cardiaques ou respiratoires, ou par de l’hypertension. Comment éviter la maladie, vivre avec une insuffisance modérée, faire progresser la recherche ? C’est à toutes ces questions que répondront les médecins du CHRU de Lille qui travaillent avec nos équipes. Mardi 28 mai 2013, 17h00 Le nouveau visage de la tuberculose C’est à l’Institut Pasteur de Lille en 1921 qu’a été mis au point le premier et toujours seul vaccin actuellement disponible contre la tuberculose, le BCG. Malgré le BCG puis la découverte des antibiotiques, la tuberculose est aujourd'hui encore, avec le sida, l'une des deux principales causes de décès par infection dans le monde. Plus inquiétante encore est la survenue de souches résistantes aux médicaments. Il est donc très urgent de développer de nouveaux vaccins, de nouveaux antibiotiques et de nouvelles méthodes de diagnostic. Par le Dr Camille Locht. 5 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 Samedi 25 mai 2013, de 10h à 12h Labos ouverts pour la fête de l’Europe Venez découvrir des laboratoires du campus impliqués dans des projets européens : maladies parasitaires, maladies infectieuses, découvertes des médicaments. A l’occasion de la fête de l’Europe les chercheurs vous ouvrent leur portes, une occasion rare et de découvrir l’envers du décor, d’assister à des démonstrations et de rencontrer les chercheurs. Attention nombre de places limitées, inscription uniquement par téléphone au 03 20 87 77 91 Mardi 11 juin 2013, 17h00 Troubles du sommeil : les solutions pour en sortir La bonne prise en charge des troubles du sommeil repose avant tout sur le traitement de la cause du trouble du sommeil (syndrome d’apnée du sommeil, syndrome de jambes sans repos, dépression, anxiété….) et la correction des mauvaises habitudes de sommeil. Parfois, malgré le traitement de la cause, l’insomnie peut persister. Il faut alors recourir aux thérapies cognitivo-comportementales. Par le Dr Isabelle Poirot. n Toutes ces manifestations sont gratuites, inscription obligatoire sur notre site internet : pasteur-lille.fr ou par téléphone au 03 20 87 77 91 Vaccination Moins d’injections en 2013 Bonne nouvelle pour ceux qui n’aiment pas les piqûres : les recommandations du calendrier vaccinal 2013 proposent de réduire les injections : • les injections vaccinales au 3e mois et à 16/18 ans sont supprimées, • à partir de 25 ans, le rappel DiphtérieTétanos-Polio passe de 10 à 20 ans, • il est désormais possible de coupler, dès l’âge de 11 ans, la vaccination contre le papillomavirus (HPV- contre le cancer du col de l’utérus) à un autre vaccin (DTP ou hépatite B). Plus d’infos : www.sante.gouv.fr/calendriervaccinal-2013.html Préparez vos vacances avec l’Institut Pasteur de Lille Qu’il s’agisse du vaccin contre la fièvre jaune, la méningite, la fièvre typhoïde, la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, l’hépatite alimentaire, l’encéphalite japonaise, la grippe ou la leptospirose… le Centre international de vaccination de l’Institut Pasteur de Lille, agréé par l'Organisation mondiale de la Santé, réalise, sur rendez-vous, toutes les vaccinations conseillées ou obligatoires avant de partir en voyage. Il propose également des consultations médicales pour les voyageurs (pré et postvoyages). Sur rendez-vous lundi, jeudi et vendredi de 13h à 16h30, mercredi de 9h30 à 13h et de 14h à 17h30 Tél. 03 20 87 79 80 Ça bouge dans l’assiette Un déjeuner rapide et équilibré, une équation possible Pour la première fois en 2013, le marché des snacks, sandwich et fast-food dépasse celui de la restauration traditionnelle. L'inscription du repas gastronomique français au patrimoine de l'Unesco n'y change rien : la restauration traditionnelle recule, en France comme ailleurs. Il faut dire qu’avec une pause déjeuner amputée de plus des 2/3 en 20 ans, nos repas ont bien dû s’adapter. Pour allier rapidité et équilibre, suivons les conseils de Béatrice Dalle, diététicienne à l’Institut Pasteur de Lille. 6 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 L e temps moyen consacré à la pause déjeuner par les salariés français varie, selon les enquêtes entre 22 et 33 minutes contre 1h30 en moyenne il y a 20 ans. Une demi-heure c’est peu mais mieux que la plupart de nos voisins. Une tendance lourde 11% des Français déclarent toutefois déjeuner devant leur poste de travail. Une pratique répandue chez plus de 20% des Belges et des nord-américains. Signe d'une évolution progressive des pratiques, de plus en plus de Français déclarent aussi sauter les repas pendant leurs journées de travail : ils sont aujourd'hui 6%, contre 4% seulement en 2007. Bref, la situation française n’est pas idyllique mais pas catastrophique non plus et, avec quelques règles de bon sens on peut réussir à allier déjeuner rapide et équilibre. Bento, version moderne de la gamelle 46% des salariés n’ayant pas de restaurant d’entreprise apportent leur déjeuner au travail au moins une fois par semaine, et parmi eux ils sont 27% à l’apporter tous les jours, ou presque. La moitié d’entre eux l’ont systématiquement préparé eux même selon une étude réalisée par Malakoff Médéric en mai 2012. Qu’on l’appelle bento à la japonaise, lunchbox à l’anglaise, gamelle à la française, le plat préparé à l’avance chez soi fait un retour en force en ces temps de crise économique. Cette pression sur le porte-monnaie n’a pas forcément des désavantages du point de vue nutritionnel. Comment choisir un plat cuisiné ? «Si on dispose d’un endroit pour réchauffer sa “gamelle”, l’idéal c’est encore de préparer une part de plus quand on cuisine chez soi le soir ou le week-end, explique Béatrice Dalle. Si vous manquez de temps, les plats préparés peuvent être une alternative intéressante, à condition de vérifier qu’ils ne sont ni trop gras, ni trop sucrés, ni trop salés. En évitant d’en manger tous les jours, les pasta box ne sont pas à rejeter, elles restent bien meilleure pour la santé que le hamburger frite ou l’américain merguez. » Vitamines, féculents, produit laitier… le trio gagnant Quand on n’a pas la possibilité de chauffer, il reste les salades et les sandwichs. « Si vous avez la possibilité de chauffer de l’eau, il peut être intéressant de commencer son repas par une soupe en sachet qui permet de réchauffer l’hiver et de caler un peu. » Les salades c’est bien à condition de ne pas abuser de l’assaisonnement et d’y inclure des féculents : pâtes, riz, haricots, mais ou pain car si votre plat est trop léger, le risque de se ruer vers le distributeur de barres chocolatées dans l’aprèsmidi n’est pas à négliger. Et si vous aimez le sucré, n’oubliez pas le petit dessert, ne serait-ce qu’un fruit, qui vous apportera cette note sucrée de fin de repas que vous allez avoir tendance aussi à rechercher dans l’après-midi si vous vous êtes bridés. 7 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 « Un repas complet doit comprendre des vitamines, apportées par les fruits et/ou légumes, qu’ils soient entiers, en morceau, en soupe, voir en jus, des féculents, des sucres lents pour éviter les coups de pompes ou les fringales et un produit laitier. Si vous avez pris du fromage, inutile d’ajouter un yaourt. Mais à côté d’une petite salade, un yaourt nature n’apporte que 50 calories tout en donnant du volume au bol alimentaire et en apportant du calcium. » « Quand on travaille, l’équilibre alimentaire idéal est souvent hors d’atteinte mais on peut faire des aménagements. D’abord l’équilibre se joue sur la journée. On peut compenser le matin ou le soir ce qu’on n’a pu apporter le midi » poursuit la diététicienne. Faire une vraie pause et varier les plaisirs « Quand on mange vite, on n'a pas le temps de se sentir rassasié. La sensation de satiété n'intervient qu'au bout d'un quart d'heure ou vingt minutes. Et quand on mange devant son ordinateur, c'est pire : on ne fait même pas attention à ce un rapide coup d’œil sur l’étiquette permet d’évaluer les qualités nutritionnelles d’un plat. • Teneur en lipides pour 100 g : 5 g à 7 g environ • Quantité de protéines équivalente ou supérieure à la quantité de lipides • Teneur en sodium : 400 mg pour 100 g au maximum soit 1 g de sel soit pour un plat de 300g : 3 g de sel. (Il est recommandé de ne pas dépasser 6 à 8 g de sel par jour). qu'on avale. Résultat, on aura tendance à grignoter dans l'aprèsmidi, même si on a pris soin de manger des sucres lents. » Enfin, pensez à varier les plaisir : le sandwich jambon-beurre tous les jours, ce n‘est pas terrible et c’est lassant. Si vous aimez les sandwichs, variez les pains : complet, aux céréales, polaire… Changez de salades, émincez les légumes de saison, variez les huiles, ajoutez des herbes, des épices, soignez la présentation… afin que, même sans quitter le bureau, la pause méridienne se transforme en moment de détente et de plaisir. En plus, prendre le temps d’une vraie pause, c’est bon pour la concentration… le temps ainsi « perdu » est regagné en efficacité le reste de la journée ! n Comment se résume votre pause-déjeuner ? Je ne prends pas de pause, je déjeune en travaillant Sur le pouce, je ne prends que 15 mn Je fais un break d’au moins 30 à 45 minutes Généralement, je prends au moins une heure Monde France 29% 11% 18% 34% 19% 15% 39% 35% Baromètre Monster : les résultats présentés ci-dessus sont issus des 11 104 votes enregistrés entre le 2 et le 16 janvier 2012 sur les sites de Monster - en Europe, aux Etats-Unis, au Canada, et en Asie. Dossier Calmette : ses valeurs guident nos chercheurs L’Institut Pasteur de Lille a été profondément marqué par la personnalité de son premier directeur, Albert Calmette, découvreur du BCG. En juillet, on fêtera le 150e anniversaire de sa naissance et en octobre les 80 ans de son décès. De 1894 à 1926, le docteur Calmette ne s’est pas contenté de diriger la fondation, il l’a modelé et a profondément révolutionné, à l’image de son maitre Pasteur, le monde scientifique de son époque. L’Institut Pasteur de Lille serait-il devenu ce qu’il est aujourd’hui sans cette empreinte initiale ? Peut-être pas. En tous cas, comme nous l’expliquera le Dr Jacques Richir, administrateur délégué, si les techniques ont considérablement évolué depuis 120 ans, ce sont toujours les mêmes valeurs qui animent les chercheurs d’aujourd’hui. Des valeurs et un souci d’allier prévention et recherche fondamentale au cœur du projet de développement de l’Institut Pasteur de Lille à l’horizon 2020. 8 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 Albert Calmette Des tropiques au Nord, un destin hors normes S cientifique aux intuitions géniales, Albert Calmette n’est pourtant pas à l’origine de la création de l’Institut Pasteur de Lille. La paternité en revient à la municipalité. A la fin du XIXe siècle la diphtérie est la plus grande cause de mortalité infantile. A Lille cette maladie infectieuse respiratoire est responsable du décès d’une centaine d’enfants chaque année. La mairie a toujours gardé un contact privilégié avec Louis Pasteur qui fut de 1854 à 1857 le premier doyen de l’académie des sciences. Depuis, ce dernier a rejoint la capitale et fondé l’Institut Pasteur à Paris en 1888. Alors quand l’un de ses collaborateurs, le Dr Emile Roux, met au point un sérum antidiphtérique, la mairie contacte Pasteur afin d’obtenir du sérum. Mais l’institut parisien n’est pas en mesure de fournir les quantités nécessaires, la production restant artisanale. Pasteur propose d’aider la ville à monter un laboratoire d’hygiène de préparation du sérum antidiphtérique sur place. Calmette avant Lille Si on lui avait dit quelques années plus tôt qu’il passerait quinze ans de sa vie à Lille, Albert Calmette aurait souri, incrédule dans son uniforme de médecin de la Marine. 9 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 Enfant, il rêvait de voyages et sa vie professionnelle exhaussa ses vœux. Mer de Chine, Afrique, Saint-Pierre et Miquelon puis création de l’Institut Pasteur de Saigon… le moins que l’on puisse dire c’est que le début de la carrière du Dr Calmette s’est déroulé sous des cieux plus tropicaux. A Saigon, à la demande de Louis Pasteur, il monte de toutes pièces en 1891, un institut centré sur la recherche, la prévention et le soin contre la rage et de la variole. Il réussit à préparer des quantités suffisantes de vaccins contre la variole et contre la rage pour toute l’Indochine et même les pays voisins. Mais il poursuit également des recherches sur la dysenterie, les venins de serpents, le paludisme et les levures chinoises (fermentation Les connaissances scientifiques en 1894 1815 Laennec invente le stéthoscope. 1854 naissance de la microbiologie, inventée à Lille par Louis Pasteur. 1865 Claude bernard, dans son Introduction à la médecine expérimentale, fixe les règles de la d’une médecine basée sur l’observation et la vérification d’hypothèses. 1879- Louis Pasteur met au point les premiers vaccins vétérinaires contre 1881 le choléra des poules puis le charbon du mouton. 1882 robert Koch isole le bacille de la tuberculose. 1885 Pasteur découvre le vaccin contre la rage. 1889 émile roux découvre la toxine diphtérique et met au point en 1894 le sérum antidiphtérique. Dossier (suite) de l'opium et fermentation alcoolique du riz). Atteint lui-même de dysenterie, Calmette est contraint d’abandonner Saigon, à regret, en 1893. De retour en France, le médecin des troupes coloniales partage son temps entre un poste administratif au ministère et ses recherches à l ’institut Pasteur qui ne dispose pas, à cette époque, des moyens de le salarier. Quand Louis Pasteur lui propose de prendre la direction de la fondation qui portera son nom à Lille, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne saute pas de joie. « Je ne sentais aucun goût pour cet exil dans un pays où je ne connaissais personne, ni pour une fonction qui devait entrainer l’abandon de la carrière militaire et coloniale » écrit-il à ses parents. Mais en bon soldat, Calmette accepte la nouvelle proposition de son maitre. Un institut Pasteur à Lille Le 23 novembre 1894, l’institut Pasteur de Lille est né. S’il porte le nom de Pasteur et ne renie pas sa filiation scientifique, il est administrativement et économiquement, totalement indépendant de l’institut parisien. Le 15 janvier 1895, Albert Calmette s’installe dans des locaux provisoires à la Halle aux sucres. Il commence aussitôt la production de sérum antidiphtérique dont il réalise lui-même les premières injections au pavillon de l’hôpital Saint Sauveur. En deux ans, la mortalité par diphtérie est divisée par 4 à Lille. A Lille, Calmette affine la technique, mise au point à Saigon sur le riz pour transformer l’amidon en alcool de façon plus efficace et moins coû- 10 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 teuse. Il travaille en relations étroite avec la distillerie Colette à Seclin. Colette fait breveter le procédé de fermentation et verse à Calmette 250 000 francs pour sa participation. Une somme que le directeur reverse immédiatement à la fondation sous forme de don. Ce don contribuera à presque la moitié du coût de construction du bâtiment sur le boulevard Louis XIV, le reste de l’investissement nécessaire ayant été obtenu par souscription publique à laquelle ont participé la ville de Lille, d’autres collectivités locales mais aussi le syndicat des peigneurs de laine de Roubaix, la chambre régionale des Houillères… ainsi que de nombreux particuliers. Louis Pasteur ne verra jamais l’institut lillois. Il est déjà très malade quand il donne son accord pour la création et il décède en septembre 1895, deux mois avant la pose de la première pierre. En février 1898, le nouveau bâtiment est opérationnel. Il sera officiellement inauguré le 9 avril 1899. Albert Calmette (à gauche) et Camille Guérin prélèvent le venin de serpent pour préparer les sérums envoyés dans le monde entier Ancien dispensaire où est installé actuellement le musée de l’Institut Pasteur de Lille Albert Calmette, un bâtisseur Albert Calmette n’est pas simplement un chercheur génial, c’est un chef d’équipe et un administrateur hors pair. Dès le départ il mêle étroitement recherche fondamentale et prévention. Une prévention qui passe par la vaccination mais aussi l’hygiène et la qualité de l’environnement. Côté vaccination, l’institut devient, et est toujours aujourd’hui encore, un centre de référence pour la vaccination antirabique. A la vaccination contre la rage, s’ajoute bientôt celle contre la variole, puis le typhus. Calmette reprend rapidement la production de sérums antivenimeux qu’il avait mis au point à Saigon et dont la vente outre-mer apporte des revenus appréciables à la fondation. Cours de bactériologie pour les médecins, enseignements techniques pour les professionnels : industriels, agriculteurs, brasseurs, distillateurs et fabricants de sucre de la région… rapidement Calmette met en place une diffusion des connaissances et des bonnes pratiques. A Saigon, le Dr Calmette s’était intéressé au paludisme et aux morsures de serpent. Dans le nord de la France, il va se préoccuper de la tuberculose, sa « grande œuvre », Aidez les héritiers de Calmette, faites un don à l’Institut Pasteur de Lille www.pasteur-lille.fr de la pollution de l’eau qui rend la population malade, et d’une maladie parasitaire digestive des mineurs, l’ankylostomiase. Pour cette dernière, il met au point un test de dépistage et fait implanter des dispensaires au pied des mines. Concernant l’épuration des eaux usées, il va voir en Angleterre les méthodes d’épuration biologique mises au point et implante, à la Madeleine en 1904, une station d’épuration expérimentale qui fonctionnera parfaitement jusqu’à son explosion sous les bombes pendant la première guerre. La lutte contre la tuberculose Au début du XXe siècle, en France, la tuberculose tue, chaque année, plus de 220 personnes pour 100 000 habitants. Dans les grandes villes comme Lille, la concentration de population et le manque d’hygiène accentuent le phénomène. Pour 200 000 habitants, la ville enregistre le triste record de 600 morts par an et 6000 tuberculeux indigents. L’institut est installé au pied du quartier ouvrier insalubre de SaintSauveur. Celui que Victor Hugo évoquait dans son poème les Châtiments en 1853 par cette célèbre phrase : « Caves de Lille ! On meurt sous vos plafonds de pierre ! ». Albert Calmette ne peut rester insensible à la misère qui frappe à sa porte. Dès 1899, avant même de travailler sur la mise au point d’un vaccin, il conçoit un plan de lutte contre la tuberculose qui passe par des mesures d’hygiène et de prévention dans les usines et à domicile. Grâce à une souscription publique organisée dans la presse locale, 11 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 Souches originales du BCG (musée de l’Institut Pasteur de Lille) il ouvre, le 1er février 1901, dans un bâtiment attenant à l’institut (où est aujourd’hui installé le musée de la fondation) le 1er préventorium français de prophylaxie de la tuberculose qui dispense soins, informations et conseil d’hygiène. En 1904, il fonde la Ligue du Nord contre la Tuberculose. Pendant ce temps, avec le vétérinaire Camille Guérin, il cherche à cerner les mécanismes de l’infection par le bacille de la tuberculose. En 1908, ils décident d’utiliser une souche de tuberculose bovine isolée par le vétérinaire Edmond Nocard pour trouver un vaccin humain car ils sont persuadés qu’elle est, au moins en partie, responsable de contagions humaines. Le principe de la vaccination mis au point par Jenner pour la variole, affiné par Pasteur contre la rage, vise à inoculer un agent infectieux “La passion d’épauler” un livre événement pour l’année Calmette Sortie prévue : novembre 2013 En savoir plus : voir page 20 en très faible quantité afin de permettre à l’organisme de développer des anticorps qui lutteront efficacement contre l’infection la prochaine fois qu’elle se présentera. Pendant 13 ans, inlassablement, toutes les trois semaines, dans son laboratoire de l’Institut Pasteur de Lille, Camille Guérin va réensemencer un bacille dans un milieu de culture préparé à partir de pomme de terre, de bile de vache et de glycérine. Calmette et Guérin tentent les premières vaccinations bovines en 1912. En 1915, les deux scientifiques cessent leurs recherches pour échapper aux perquisitions allemandes. Durant toute la première guerre mondiale, Calmette restera à l’institut Pasteur de Lille et assurera les soins aux blessés civils et militaires. En représailles, le 11 janvier 1918, Emilie Calmette est déportée avec 25 autres femmes de notables de la métropole dans un camp en Allemagne à Holzminden. Elle est rapatriée fin juillet. En 1919, Albert Calmette rejoint, comme sous-directeur, l’institut Pasteur à Paris, tout en continuant à assumer, avec l’aide de Louis Marmier, qui deviendra officiellement directeur en 1926, la direction de la fondation lilloise. Dossier (suite) Mais c’est à Lille, avec Camille Guérin, qu’ils parviendront à mettre au point, en 1921, le premier et toujours seul vaccin existant contre la tuberculose : le BCG, le bacille Calmette Guérin. La première vaccination humaine aura lieu en juillet à Paris. En 1928, en France, 100 000 enfants, dont les propres petits enfants d’Albert Calmette, sont vaccinés avec le BCG. La vaccination se développe à partir de 1924. Calmette distribue alors sa souche à de très nombreux bactériologistes, qui la repiquent de nouveau, donnant ainsi naissance à des centaines de souches « filles » à travers le monde, issues des souches originales encore visibles aujourd’hui au musée de l’institut Pasteur de Lille. En 1930, un drame éclate à Lübeck, en Allemagne : sur 256 enfants vaccinés, 71 décèdent et 230 sont atteints de tuberculose pulmonaire. Calmette et Guérin sont profondément affectés. Albert Calmette dit souffrir de « tortures morales dont personne ne peut imaginer l’atrocité ». Le procès démontrera finalement que le BCG n’est pas en cause mais qu’il a été accidentellement contaminé par le laboratoire qui a préparé les doses sur place à Lübeck. La vaccination massive des enfants est réintroduite dans beaucoup de pays dès 1932. Mais Calmette, qui ne s’est jamais vraiment remis du soupçon porté sur son vaccin, meurt à Paris le 29 octobre 1933. n Prévention et recherche fondamentale encore et toujours au cœur de nos préoccupations Interwiew de Jacques Richir, adjoint au maire de Lille, administrateur délégué et vice-président de l’Institut Pasteur de Lille. Quel est l’intérêt pour la ville d’avoir un Institut Pasteur sur son territoire ? Tout d’abord il faut rappeler que l’Institut Pasteur de Lille a été créé à l’initiative de la municipalité de Lille, avec l’aide de la population, sous 12 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 la forme d’une souscription, et des collectivités départementales. C’est une situation unique en France et dont nous sommes très fiers. Pour une grande métropole européenne comme Lille, la présence dans la ville d’un laboratoire de recherche de renommée internationale c’est un atout pour ce qu’on appelle l’économie de la connaissance. Avoir un centre de recherche de cette qualité en plein centreville, c’est aussi un facteur d’attractivité pour recruter les meilleurs chercheurs internationaux. De plus, notre campus de 1000 personnes profite au développement économique local. Qu’est que l’esprit pasteurien ? Pasteur, c’est un nom mais c’est surtout un état d’esprit, une façon d’aborder la santé au sens large. Comme Pasteur, comme Calmette, nos chercheurs allient recherche fondamentale, aujourd’hui au cœur des cellules, et prévention. Ici on ne travaille pas vraiment sur les maladies mais plutôt sur les agents qui les provoquent et dans le même temps on cherche à faire bénéficier la population des dernières découvertes. Par exemple sur les maladies cardio-vasculaires nos équipes travaillent sur les mécanismes fondamentaux impliqués dans le diabète, le syndrome métabolique, l’insuffisance cardiaque ou encore l’athérosclérose avec pour objectif de mettre au point des tests de dépistage, des vaccins et ou des traitements. Et dans le même temps nos services de nutrition et d’éducation pour la santé aident les professionnels et le grand public Les principales découvertes scientifiques récentes faites à l’Institut Pasteur de Lille 1994 Découverte d’un marqueur génétique pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer 1996 Découverte d’un biomarqueur de tumeurs du poumon, de l’estomac, du foie et de leucémie 1999 Premiers essais du vaccin Bilhvax, vaccin contre la bilharziose 2005 Procédé d’identification d’une infection tuberculeuse latente à mieux prévenir au quotidien ces maladies. Pasteur, c’est aussi un réseau, le réseau international des instituts Pasteur (RIIP) composé de 32 instituts à travers le monde. Les statuts sont les plus divers. Certains ont été créés à l’initiative des gouvernements. D’autres sont, comme nous, des fondations privées reconnues d’utilité publique. Le RIIP a signé, en 2012, un accord de collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé, dans les domaines de la réponse aux épidémies et de la sécurité sanitaire mondiale et a développé de nombreux projets collaboratifs internationaux. Vous travaillez à un prochain de développement de l’institut à horizon 2020 ; de quoi s’agit-il ? Nous avons un projet très ambitieux afin de développer cet institut qui doit rester au cœur des grandes questions de santé de notre temps. Nous avons déjà des équipes de très grande qualité, deux laboratoires d’excellence : Distalz sur la 13 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 maladie d’Alzheimer et ParaFrap sur les maladies parasitaires. Nous sommes étroitement associés au développement de deux autres laboratoires EGID sur le diabète et Oncolille sur le Cancer. Nous voulons pouvoir rassembler ici les meilleures équipes autour des meilleures plates-formes de haute technologie (bio-imagerie, laboratoires de haute sécurité, chimiothèque, génomique…). Nous n’abandonnons pas nos recherches historiques autour de l’infection : ParaFrap et les partenariats que nous multiplions dans ce domaine avec l’étranger (voir encadré) en sont la preuve. Nous travaillons également sur les allergies, l’asthme et les maladies pulmonaires et c’est un domaine qui devrait prendre de plus en plus d’importance car ce sont de vrais problèmes de santé publique. La santé publique sera encore plus dans les années à venir au cœur de notre projet. Depuis longtemps avec notre centre de vaccination, nos bilans de santé, notre service de nutrition, nos travaux en matière 2006 Mise au point d’un vaccin nasal contre la coqueluche inoculable dès la naissance 2007 Découverte de 4 gènes de prédisposition au diabète 2009 Mise au point d’un procédé pour rendre les traitements antibiotiques des tuberculoses résistantes plus efficace 2010 Découverte d’un marqueur biologique de l’insuffisance cardiaque 2011 Découverte de nouveaux facteurs de susceptibilité à la maladie d’Alzheimer 2012 Découverte de la mutation d’un récepteur qui favorise l’obésité Identification de nouveaux déterminants génétiques de la maladie d’Alzheimer et du diabète 2013 Identification de gènes impliqués dans la persistance de la tuberculose Dossier (suite) Une visibilité internationale Les équipes de l’Institut Pasteur de Lille collaborent avec des universités, des laboratoires, des entreprises ou des associations répartis dans plus de 53 pays différents. Plus de la moitié de ces pays sont situés hors des frontières européennes : en Afrique, en Asie, en Amérique ou encore Australie. La fondation accueille de nombreux étrangers : 37% des directeurs de recherche du campus sont des citoyens étrangers. 19% des stagiaires postdoctoraux et 33% des doctorants travaillant à l’Institut viennent de l'étranger. Pays dont des institutions et/ou des sociétés ont développé un partenariat actif avec l’Institut Pasteur de Lille d’épidémiologie, la prévention et l’éducation à la santé sont au centre de nos préoccupations mais nous allons développer plus de recherche dans ce domaine, en partenariat avec la faculté de médecine de Lille. Avec notre chimiothèque, la plus grande collection de produits chimiques destinée à la recherche académique de médicaments en Europe, nous voulons également 14 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 booster la découverte de médicaments pour les chercheurs du campus mais bien au-delà. Enfin l’Institut Pasteur de Lille est et doit rester un pilier en matière de neurosciences autour des maladies dégénératives et des maladies vasculaires cérébrales. Aujourd’hui comme hier, prévention et recherche fondamentale restent au cœur de nos préoccupa- tions. Toutes les équipes sont là mais nous avons besoin de réaménager et reconstruire en partie notre campus pour optimiser leur travail, multiplier les synergies et accueillir les chercheurs de demain. n Le centre de recherche du XXIe siècle Prenez part à ce projet, faites un don à l’Institut Pasteur de Lille www.pasteur-lille.fr L’Institut Pasteur de Lille fait rayonner le nord sur la scène scientifique internationale. Fidèle à Calmette et Pasteur, nous considérons qu’être en bonne santé, ce n’est pas uniquement être bien soigné. Notre rêve, c’est que chacun d’entre nous puisse vieillir en bonne santé. En effet, à quoi cela sert-il de vivre les dernières années de sa vie dans la souffrance ? Pour atteindre cet objectif, nous devons nous munir d’un outil à la hauteur de nos ambitions et créer avec vous l’un des plus grands centres de recherche européens, un centre qui travaille à la fois sur l’identification des facteurs des maladies, et également sur les facteurs permettant de repousser et d’éviter les maladies. Telle est l’ambition de « Pasteur 2020 », un projet régional à résonance internationale auquel vous pouvez participer car : 4 il permettra de trouver les solutions de demain, pour la santé de chacun, 4 il affirmera le rayonnement de la Région, et la fierté d’entendre parler des réussites nordistes, 4 il profitera au développement économique local en stimulant notre campus international de 1 000 personnes, Futurs laboratoires du Docteur Eric Viscogliosi et de son équipe Sujet de recherches : les infections nosocomiales 4 il vous fait bénéficier de déductions fiscales : 66% du montant de votre don dans le cadre de l’impôt sur le revenu, 75% dans le cadre de l’ISF. Votre prochain don servira aux équipes qui travaillent sur les maladies inflammatoires chroniques, celles qui sont liées à un dysfonctionnement de notre système immunitaire. Vous connaissez sûrement une personne touchée parmi vos proches : Asthme, maladie de Crohn, BPCO… Toutes ces maladies ont leurs origines dans notre patrimoine génétique, mais quels sont les déclencheurs ? C’est ce que la fondation cherche à identifier pour trouver des solutions. C’est la première étape de notre projet Pasteur 2020. Pour réussir, les chercheurs ont besoin de vous : votre soutien renforce leur devoir de réussite. Faites un don sur www.pasteur-lille.fr Futurs laboratoires du Docteur Mathias Chamaillard et de son équipe Sujet de recherches : Futurs laboratoires du Docteur la maladie de Crohn Lionel Poulin et de son équipe Sujet de recherches : les cellules dendritiques Futurs laboratoires du Docteur Anne Tsicopoulos et de son équipe Sujet de recherches : l’asthme Salle de culture cellulaire Futurs laboratoires du Professeur Yves Lemoine et de son équipe. Plateforme technologique de transcriptomique et génomique appliquée 15 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 Bureaux pour les futurs chercheurs Futurs laboratoires du Docteur François Trottein et de son équipe Sujet de recherches : immunité innée Itinéraire d’un chercheur Priscille Brodin, Pour soutenir la recherche médicale, faites un don à l’Institut Pasteur de Lille www.pasteur-lille.fr la passion chevillée au corps A bientôt 40 ans, elle est considérée comme une des jeunes chercheuses françaises les plus prometteuses dans le domaine de la tuberculose. Bourreau de travail, elle a choisi de mener ses recherches à 150 kilomètres de sa famille parce que c’est ici, à l’Institut Pasteur de Lille, berceau du BCG que la recherche contre la tuberculose est l’une des plus avancée. P riscille prévient d’emblée, la recherche ce n’est pas un métier c’est une passion. Une passion qui a peut-être des origines génétiques : un grandoncle anthropologue et directeur du musée de l’homme, une famille où la médecine se transmet de génération en génération. Pourtant Priscille choisit la chimie. Sa passion est née aux Etats-Unis, alors que la jeune française y passait une année scolaire à l’âge de 15 ans. Le mari d’une de ses profs lui a ouvert son laboratoire de recherche où elle venait régulièrement participer à « la cuisine » le week-end. 16 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 Diplôme de l’école nationale supérieure de chimie de Montpellier en poche, Priscille ne s’oriente pas vers l’industrie mais la santé humaine. Elle rejoint l’Institut Gustave Roussy à Paris où elle prépare une thèse sur un inhibiteur de l’intégrase, une des enzymes du VIH. La chimiste plonge avec délice dans la pharmacologie et ne va plus « lâcher l’affaire ». Priscille abandonne sans transition le VIH pour travailler sur le bacille de la tuberculose, à travers le prisme de la génomique comparative, à l’Institut Pasteur à Paris à partir de 2001. « En comparant le génome d’une bactérie virulente, à celui d’une bactérie non virulente, on est tombé sur un appareil de sécrétion d’antigènes qui permet de faire sortir les protéines de la bactérie. Cette “ bidouille génétique ” m’a fait connaitre dans le monde scientifique et m’a permis d’intégrer l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Finalement on a testé si l’expression de cet appareil chez le BCG pouvait améliorer son efficacité vaccinale, comme l’avaient fait Calmette et Guérin mais avec des moyens d’investigation plus modernes. » « En 2006, j’étais en mission à Séoul et le directeur de l’INSERM de l’époque, Christian Bréchot, m’a proposé d’y créer une jeune équipe. » Une occasion sur laquelle Priscille a sauté sans hésiter, d’autant qu’une proposition identique a été faite à celui qui allait devenir son mari. « C’était formidable, l’institut n’avait que deux ans d’existence, il y avait encore plein de choses à construire. Nous étions 150 personnes, au total réparties dans une quinzaine de groupes. On m’a donné les moyens de tout monter et de faire fonctionner un groupe pendant 5 ans. » Chef d’équipe à 33 ans Résistant au machisme solidement ancré dans la société coréenne, « il fallait parfois que les propositions soient faites par mon mari pour qu’elles aient une chance d’aboutir », Priscille s’est investie à 200% pour étudier l’action du bacille de la tuberculose à l’intérieur des cellules, et a mis au point une méthode originale d’imagerie : un microscope 3 1/ Agrégat de bacilles tuberculeux (en vert) dans un macrophage dont le noyau est marqué en bleu. 2/ Quelques heures après infection le macrophage se rentre en mitose et l’on voie les chromosomes en métaphase (bleu), le bacille restant quiescent dans la cellule qui exprime un protéine de fluorescence rouge. 3/ Vingt quatre heures plus tard le bacille est toujours là vivant au sein d’une cellule géante multi-nucléée automatisé doublé d’un logiciel d’analyse d’image qui permet d’étudier rapidement l’interaction hôte-pathogène sur des milliers d’échantillons. Souhaitant poursuivre ses recherches en Europe, Priscille a été séduite par l’Institut Pasteur de Lille qui possède une des plus grosses unités de recherche sur la tuberculose de France et la gentillesse légendaire des gens du nord. Elle a posé ses valises sur notre campus en octobre 2010 pour développer à Lille l’outil mis au point à Séoul, le seul du genre actuellement en France en laboratoire de haute sécurité. Le bacille de la tuberculose ne circule pas dans le sang mais on le retrouve dans les poumons, dans les cavités, les ganglions, les cellules qui stockent la graisse et même et surtout dans les macrophages, ces cellules qui sont normalement chargées de nettoyer notre organisme des cellules lésées des particules étrangères ou des bactéries. « Aujourd’hui on ne sait pas quels sont les gènes du bacille qui sont importants, ni quels sont les gènes du macrophage qui lui permettent de se défendre. Nous cherchons à aider le macrophage à se débarrasser du bacille. » Pour mieux comprendre comment le bacille agit sur le macrophage, Priscille et ses collaborateurs les observent pendant plusieurs jours 17 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 d’affilée. « On regarde ce qui se passe cellule par cellule. On peut ainsi observer quels gènes du bacille interviennent et à quel moment précis ». Elle travaille aussi en collaboration avec d’autres chercheurs du campus : les pharmacologues Benoit Deprez et Nicolas Willand, sur la recherche de nouvelles molécules de soin, le biologiste Alain Baulard pour rendre les antibiotiques plus efficaces ou encore l’agronome Philip Supply qui étudie le génome de la tuberculose. Son équipe, composée de jeunes chercheurs français mais aussi d’une Italienne, d’une Coréenne et d’une Brésilienne, est impliquée dans un consortium européen MM4TB-More Medicines for Tuberculosis- regroupant 25 partenaires qui se retrouveront à Lille cet été pour parler de leurs avancées communes. Priscille n’a pas peur de dire qu’elle a une politique de recrutement élitiste : « en recherche c’est comme aux jeux olympiques, pour réussir il fait être dans les premiers. L’important c’est de faire de la recherche de qualité qui puisse avoir un intérêt pour la population car il ne fait jamais oublier que nous avons le privilège de pouvoir travailler grâce à l’argent que nous donne le public. Si d’autres équipes trouvent avant nous les remèdes que nous cherchons tous, je n’aurais pas d’état d’âme à travailler sur une autre pathologie même si je consacre à la tuberculose toutes mes journées et beaucoup de mes soirées depuis plus de 12 ans. » n La tuberculose, fléau mondial En 2011 à travers le monde, 8,7 millions de personnes ont développé la tuberculose et 1,4 million en sont mortes. Plus de 95% des décès par tuberculose se produisent dans les pays à revenu faible et intermédiaire, et la maladie est l’une des trois principales causes de décès chez les femmes âgées de 15 à 44 ans. La tuberculose est une cause majeure de décès chez les personnes vivant avec le VIH et est responsable d’un quart de tous les décès. Si le taux de mortalité par tuberculose a chuté de 41% entre 1990 et 2010, l’apparition d’une tuberculose multirésistante aux antibiotiques classiques (630 000 cas en 2011) est jugée comme très préoccupante, elle est classée, par l’Organisation mondiale de la Santé, parmi les maladies émergentes, au même titre que le SRAS ou la grippe H1N1. Source : Organisation mondiale de la Santé Kid campus Peau et muqueuse, première ligne de défense de l’organisme Notre organisme se défend des agressions extérieures, en surface par la peau et en interne par les muqueuses : les membranes qui tapissent les cavités naturelles du corps en contact avec le milieu extérieur, de la bouche à l'anus en passant par l'appareil respiratoire et les zones génitales. Des cellules en rang serré, des substances qui piègent particules et bactéries, tout est organisé pour empêcher les micros organismes de passer. Revue de détail de cette armée de défense. En rang serré Les cellules épithéliales, celles qui recouvrent la peau et les muqueuses, ont la particularité d’être assemblées en rangs très serrés, de façon à rendre très difficile l’intrusion des particules étrangères, microbes, virus et bien d’autres. Bouclier géant La peau est le plus grand organe du corps, elle représente 16 % de notre poids total. Composée de plusieurs couches de tissus, elle forme une 18 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 barrière de protection de l’organisme contre le milieu extérieur. La première couche de la peau, l’épiderme est composé de trois types de cellules : • les kératinocytes, remplis de kératine (protéine entrant également dans la composition des cheveux et des ongles) et de lipides, • les mélanocytes, qui produisent la mélanine responsable de la pigmentation de la peau, • les cellules de Langerhans, qui peuvent ingérer et détruire des particules étrangères et de micro-organismes ayant pénétré dans la peau. De plus, la surface de la peau est recouverte par une émulsion d’eau et de graisse qui forme un film hydrolipidique. Sa principale fonction est de former une barrière de protection vis-à-vis des bactéries et champignons. Il participe également à la souplesse de la peau. Ainsi protégée, la peau est normalement imperméable à la plupart des agents infectieux. Le risque d'infection survient quand cette barrière est lésée : plaie, piqûre, morsure, brûlure… concerné, le passage des spermatozoïdes. Pendant la période d'infécondité, la glaire cervicale obstrue le col de l'utérus et inversement, en période de fécondité, elle devient perméable aux spermatozoïdes. La muqueuse, cible privilégiée Sauf lésion particulière, les infections auront beaucoup de mal à pénétrer par la peau, c’est la raison pour laquelle elles vont privilégier les cavités internes : les muqueuses. Et quand on évoque l’importance de bien se laver les mains pour éviter la propagation des grippes et autres gastro-entérites c’est pour éviter aux virus de pénétrer dans l’organisme par la bouche ou le nez quand on rapproche nos mains de ces orifices. Humide et collante La muqueuse est humide pour prévenir l’assèchement des tissus. C’est également un lieu de passage, une sorte de tapis roulant muni de nombreux cils qui vont pousser les corps étrangers vers la sortie. La plupart des muqueuses sécrètent une substance visqueuse, appelée mucus aux fonctions différente selon les cavités concernées. A chaque tissu son mucus Le mucus nasal, abondant et liquide lors des rhumes ou desséché sous forme de «crottes de nez», et le mucus de la bouche entraînent avec eux poussières et microbes soit directement vers la sortie (nez et bouche), soit vers la gorge. Le mucus et les détritus sont alors 19 Signes de vie n° 30 - Mai 2013 avalés et détruits dans l'estomac. La muqueuse nasale sécrète en moyenne un litre de mucus nasal par jour évacué dans l’estomac. Le mucus produit dans les poumons contribue, lui aussi, à protéger le système respiratoire en exportant nombre des particules étrangères qui ont réussi à s’introduire par le nez ou la bouche à chaque inspiration. Dans l’œsophage le mucus facilite le transit des aliments tandis que le mucus gastrique protège les parois de l’estomac de l’attaque des sucs gastriques lors de la digestion des aliments. D’ailleurs quand cette dernière muqueuse est altérée on peut ressentir des « brûlures d’estomac ». La muqueuse du colon génère en permanence une couche de mucus jouant à la fois un rôle de protection et de lubrification du transit intestinal. Les maladies inflammatoires de l’intestin sont liées à une altération en quantité et/ou en qualité de ce mucus Les organes sexuels ont eux aussi leur mucus. Chez l’homme le sperme est composé de mucus et de spermatozoïdes. Chez la femme, le mucus du vagin appelé glaire cervicale, est une sécrétion du col de l'utérus qui subit des transformations tout au cours du cycle menstruel. Son premier rôle est de faire barrage aux agressions bactériennes d'origine vaginale qui pourraient contaminer l'utérus. Son deuxième rôle est de favoriser ou de freiner, selon la période du cycle En deuxième ligne, macrophages et globules blancs Composée de la peau et des muqueuses, la première ligne de défense n’est pas efficace à 100%, sinon nous ne serions jamais malades. Si un agent infectieux réussit à s’introduire, alors c’est le système immunitaire à l’intérieur du corps macrophages et globules blancs (voir Signes de n° 19, mars 2011), qui prend le relais. n le saviez-vous ? Le mucus produit par les muqueuses nasales est en principe un fluide clair et visqueux. s’il apparait un peu gris quand vous vous mouchez, c’est que la muqueuse a bien joué son rôle de protection et a piégé les poussières. quant à la couleur vert fluo caractéristique de la grippe, elle est liée à la présence dans le mucus de cellules immunitaires appelées neutrophiles. Ce sont les premières à agir en cas d’infection bactérienne dans les voies nasales. Leur travail nécessite l’assistance d’enzymes qui contiennent du fer… D’où cette couleur ! SORTIE NOVEMBRE 2013 INSTITUT PASTEUR DE LILLE 90 150 ANS D’UNE GRANDE HISTOIRE AU SERVICE DES HOMMES • photos d’épaule • récits de générosité • témoignages Bénéfices reversés au profit de la recherche menée à l’Institut Pasteur de Lille “La passion d’épauler” un livre événement pour l’année Calmette Retrouvez toute la vie d’Albert Calmette, mais aussi les témoignages de 90 acteurs du monde sportif, culturel, économique et scientifique régional qui ont accepté de mettre en avant leur épaule, lieu d’injection des vaccins, sous le regard sensible du photographe Sam Bellet. Plus que leurs épaules, comme autant de clins d’œil à l’histoire de la vaccination, de Calmette, du BCG et de notre fondation, ces 70 personnalités y dévoileront ce qui les rapproche des valeurs et de l’engagement du personnage hors du commun qu’était Albert Calmette. Pour participer à cette aventure, vous pouvez commander le livre en souscription www.pasteur-lille.fr/calmette